Comment donc, sous l’empire absolu de la lettre, expliquer les attributs, la fécondité, les limites, la sainteté de la parole ? […] Voilà ce qui explique ces mots de l’apôtre des nations : La foi, c’est l’ouïe. […] Je vais être accusé de déprécier la langue française ; il faut que je me hâte de m’expliquer. […] Cela s’explique par le séjour des Phocéens, qui ont fondé Marseille, et des Romains, qui ont tant multiplié leurs colonies dans les Gaules. […] La cour de Rome s’est expliquée à cet égard en dernier lieu.
Ostrogoths, Visigoths, Huns et Gépides, ne sont plus, à leur tour, que des tourbillons de sauterelles humaines que l’histoire naturelle, livrée aux faits et aux causes secondes, n’explique pas et ne peut expliquer. […] Essayez donc d’expliquer Attila par Hegel ! […] Saint Léon, que l’Église romaine appelle le Grand et que l’Église grecque appelle le Sage, saint Léon, le pontife sauveur, au-dessus de la tête duquel Raphaël a mis des apôtres et des anges pour expliquer le cabrement du cheval d’Attila devant la majesté placide du vieillard, saint Léon n’est pour M. […] Saint Aignan, l’évêque d’Orléans, qui fit encore plus pour sa ville que Léon pour Rome, il en explique la miraculeuse puissance sur les Romains et sur les Barbares « par le ton solennel et mystique que la lecture habituelle des livres saints imprimait au langage des prêtres de ce temps ». […] Il s’arrête dans le prosaïsme du point de vue, mais il n’a pas les chicanes du rationalisme qui veut tout expliquer à sa manière.
La science ne peut pas expliquer la qualité. Expliquer scientifiquement un phénomène, c’est, le rendre exprimable au moyen de trois quantités fondamentales, la longueur, le temps, la masse, dont on ne discute pas la nature. […] Nos procédés de synthèse intellectuelle sont donc des artifices d’analyse psychologique qui ne reproduisent nullement le processus réel de la nature et de la vie, c’est un symbolisme trompeur : nous prenons, comme l’a fait Wundt autrefois, le raisonnement, effet final, pour un principe ; nous expliquons les sensations par des raisonnements plus ou moins inconscients, au lieu d’expliquer le raisonnement même par le développement continu des sensations où la réflexion introduit des discontinuités artificielles. […] D’ailleurs, nous ne pouvons pas plus expliquer ce mode de représentation que la sensation du blanc ou celle de l’odeur de rose. […] La surface leur paraît plus facile à expliquer que les trois dimensions, tandis qu’en réalité elle est elle-même un abstrait de la perception primitive et massive.
Ainsi s’expliquerait la fonction fabulatrice. […] Est-il besoin de dire que le miracle s’explique aisément ? […] On s’explique donc l’existence d’un sentiment tel que la crainte. […] Tout cela explique que l’humanité n’ait pas répugné au culte des animaux. […] Vouloir expliquer chacune de ces éliminations par la précédente serait faire fausse route ; toutes s’expliquent par une opération unique, qui est l’acte lui-même dans sa simplicité.
Taine, car c’est par là que s’explique la suprématie qu’il a conquise devant le public sur tant de philosophes qui se donnèrent avec lui à vulgariser les doctrines positivistes dans les cinquante dernières années. […] En résumé, nous expliquons M. […] Sur un point seulement, il nous inquiète, et quelque jour nous nous en expliquerons : c’est qu’après avoir, pendant des années, jugé les hommes au point de vue esthétique (éloge des tyrans de la Renaissance, des brutes anglaises, etc.), il en arriva, sur le tard, à ne plus guère se préoccuper que du point de vue moral.
Comment expliquer que ces deux systèmes coexistent, et que les mêmes images soient relativement invariables dans l’univers, infiniment variables dans la perception ? […] Plaçons-nous donc dans cette hypothèse, et demandons-nous comment la perception consciente s’explique. […] Ces qualités que vous avez détachées de leur soutien matériel, il faudra maintenant expliquer comment elles vont le rejoindre. […] Ainsi s’expliquera, dans notre hypothèse, la nécessité d’une éducation des sens. […] Il faudra donc expliquer comment deux sensations, supposées distinctes, se fondent en une perception unique, répondant à ce que nous appelons un point de l’espace.
Sans prétendre expliquer la conscience qui est, comme nous l’avons vu, le postulat nécessaire de toute psychologie, M. […] Voici comment on peut les expliquer. […] On s’expliquera ce que la théorie qui précède peut avoir d’insuffisant en se rappelant que M. […] Ainsi s’explique le phénomène du rêve et la croyance à la réalité objective de nos idées et de nos sensations. […] L’expérience vulgaire a fait depuis longtemps cette découverte ; il reste à la science à la préciser et à l’expliquer.
Par cette combinaison d’impulsions psychiques simples à l’intérieur, de rapports mécaniques à l’extérieur, vous pourrez expliquer les phénomènes plus complexes et les adaptations de la volonté aux circonstances variées. […] Ce nouveau principe suffit-il à expliquer tout ? […] Il n’explique donc point pourquoi il y a action et évolution, plutôt que repos et indifférence. […] Les unes l’expliquent par l’action de l’intelligence sur les appétitions, qui résultent elles-mêmes du rapport des circonstances extérieures à notre caractère. […] Même nos fautes, nous les élevons à la dignité de théorie, plutôt que de les expliquer par l’impulsion égoïste de nos passions.
Et j’affirme avec confiance que cette idée de la matière renferme toute la signification qu’on y rattache en général, à part les théories philosophiques ou théologiques119. » On objectera peut-être que la précédente théorie rend bien compte de l’idée d’existence permanente qui forme une partie de notre conception de la matière ; mais qu’elle n’explique pas pourquoi nous croyons que ces objets permanents sont extérieurs, c’est-à-dire hors de nous. […] Et il pense que si sa manière d’expliquer les faits paraît plus incompréhensible qu’une autre, c’est qu’elle est moins accommodée au langage courant, et que par suite elle présente quelquefois des contradictions dans les termes. […] Descartes supposait un medium matériel entre le soleil et la terre pour expliquer leur action réciproque ; mais la loi d’attraction universelle l’explique beaucoup mieux que les tourbillons124. […] S’il est vague, c’est à dessein ; c’est que l’obscur ne s’explique pas clairement.
On a d’abord voulu expliquer tous ces faits par un mécanisme brut, analogue, disait Maudsley, à celui du piston d’une machine à vapeur. […] — Puisque tout sent en nous, diront les partisans de l’inconscient, comment expliquer les cas d’apparente inconscience, où notre moi ne saisit plus rien ? […] Beaucoup de faits qu’on prétendait naguère inconscients ne tarderont pas à s’expliquer, croyons-nous, par l’association d’états de conscience faibles et indistincts avec d’autres états de conscience plus forts et plus distincts. […] L’association des états de conscience faibles entre eux ou avec des états de conscience forts suffit ainsi à expliquer la plupart des états ou actes prétendus inconscients. […] Aux diminutions de la conscience il faut donc ajouter ses déplacements pour expliquer les états d’apparente inconscience.
Quelle influence de milieu peut expliquer le sombre génie d’Eschyle naissant dans la dépravation commençante d’Athènes, ou la douceur de Virgile au milieu de la rudesse des guerres civiles romaines ? […] Taine a tenté d’établir entre l’artiste et l’habitatdp soit de sa jeunesse et de sa famille, soit de sa race, à l’exemple de Sainte-Beuve qui avait déjà essayé d’expliquer par cette cause le talent de certains écrivains. […] Ce sont là autant de présomptions favorables ; mais la preuve des théories que nous venons d’exposer est ailleurs ; elle est dans le cours même de l’histoire générale des lettres et des arts, dont on ne peut venir à bout, sans leur aide, d’expliquer les anomalies et les grands traits. […] Ceux que nous donnons suffisent et sont probants : ils ne peuvent être expliqués ni par la théorie de la race, ni par la théorie du milieu. […] Après ces développements, il sera facile d’expliquer comment il faut entendre qu’une littérature et un art représentent la société dont ils sont issus et écrivent son histoire intérieure.
J’ai tenté d’expliquer ce fait, qui renverserait complétement ma théorie s’il était bien constaté, mais de pareilles intrusions de groupes organiques sont tout à fait exceptionnelles. […] Ce grand fait de la succession parallèle des formes de la vie à la surface du monde s’explique aisément par la théorie de sélection naturelle. […] Il est évident qu’elles se groupent toutes ensemble dans un grand système naturel ; et ce fait s’explique tout d’abord par le principe de filiation généalogique. […] Les données de la théorie nous expliquent encore comment il se fait que toutes les formes de la vie, anciennes et récentes, forment un seul grand système ; car elles sont toutes en connexion par le lien étroit de la filiation généalogique. […] La succession des mêmes types d’organisation dans les mêmes régions pendant les dernières périodes géologiques cesse aussi d’être un mystère, et s’explique tout simplement par les lois de l’hérédité.
Vous expliquerez ce qui est plus difficile à comprendre que les mystérieux procédés du talent, ses richesses ou ses indigences. […] Depuis Pascal et madame de Sévigné, il fut encore des succès faciles et des livres dont on peut expliquer la tranquille possession d’état parmi les œuvres qu’on ne discute plus, sans avoir recours au phénomène du génie. […] Mais la Religieuse portugaise, si ses lettres ne valent pas le bien qu’on en dit… comment expliquer son succès, tout à la fois instantané et durable ? […] Si donc le talent n’explique rien et n’existe pas réellement dans les lettres de la Religieuse portugaise, le piquant problème que nous signalions plus haut à la Critique n’est-il pas le seul qui lui reste aujourd’hui à poser ?
Tous les systèmes qui négligent l’une ou l’autre de ces causes sont incomplets et ne sauraient expliquer la genèse des formes cérébrales et mentales. […] Parallèlement, les traits particuliers de la structure psychique doivent s’expliquer par la fonction radicale qui constitue la vie psychique elle-même : désirer, vouloir. […] Nous expliquons de même, en partie, par les lois vitales le second principe directeur de la pensée : celui de raison suffisante. […] En un mot, il doit y avoir sous toute expérience une expérience radicale et immédiate, dont le mode d’exercice et l’objet expliquent la direction constante de nos pensées et de nos actes. […] En d’autres termes le réel ne s’explique pas seulement par le rationnel pur, mais par le réel ; le réel vient du réel, non de l’abstrait.
C’est là évidemment une théorie très-superficielle et qui efface tous les caractères principaux des faits qu’il s’agit d’expliquer. […] Le poëte veut créer, le métaphysicien veut expliquer. […] D’ailleurs soutenir que toutes ces explications prétendues ne sont que des créations arbitraires, est-ce autre chose que le point de vue sceptique, c’est-à-dire précisément un des systèmes qu’il s’agit d’expliquer ? […] Il y a d’ailleurs dans ce système quelque chose qui n’est pas expliqué : il reste toujours à savoir pourquoi certains hommes sont dans l’erreur. […] Je ne méconnais pas d’ailleurs la distinction établie entre les esprits justes et les esprits faux (quoique cette distinction soit assez difficile à expliquer psychologiquement) ; mais elle me paraît indépendante de la qualité des systèmes.
Tout cela, Maxwell et Boltzmann l’ont expliqué, mais celui qui l’a vu le plus nettement, dans un livre trop peu lu parce qu’il est un peu difficile à lire, c’est Gibbs, dans ses principes de Mécanique Statistique. […] C’est précisément pour expliquer cette obstination que les mathématiciens sont forcés aujourd’hui de déployer toute leur ingéniosité. […] Le principe ainsi entendu pourra tout expliquer, puisque, quels que soient les mouvements visibles, on aura toujours la faculté d’imaginer des mouvements hypothétiques qui les compensent. Mais s’il peut tout expliquer, c’est qu’il ne nous permet de rien prévoir, il ne nous permet pas de choisir entre les différentes hypothèses possibles, puisqu’il explique tout d’avance.
Évidemment l’idéal de la psychologie, ce serait de pouvoir expliquer tous les sentiments par une double méthode d’analyse et de synthèse ; d’être en état de ramener une émotion très complexe à une émotion plus simple, et de remonter ainsi graduellement jusqu’à un fait irréductible ; ou bien au contraire de partir des phénomènes affectifs les plus simples, et de montrer comment, par addition, se forment des agrégats d’émotions de plus en plus complexes, et de reconstituer ainsi théoriquement la réalité. […] Ce sont là, à notre avis, autant de lacunes qui peuvent s’expliquer en partie par l’époque où parut l’ouvrage. […] Tout s’explique donc en dernière analyse par des associations. […] C’est en se fondant sur ces apparences que des philosophes, même éminents, ont pensé qu’un sens particulier était nécessaire pour expliquer leur existence. […] « Nous pouvons expliquer maintenant les phénomènes classés sous les titres de sens moral, facultés ou affections morales. » Quoique plusieurs des psychologues qui nous occupent aient une tendance marquée à esquisser en passant un traité sur les mœurs, nous serons très court sur ce point ; car si la psychologie touche à la morale, la psychologie n’est pas la morale.
Il y a l’introduction vaillante du mysticisme chrétien dans l’histoire, en vue d’expliquer des faits trop grands pour être naturels. […] Il y a le mystère de sa grandeur, expliqué d’une manière insupportable à la philosophie, c’est-à-dire, par l’intervention directe et personnelle de la Providence. […] L’éternelle consigne du Protestantisme et de la Philosophie est d’ôter tout doucement de l’histoire le merveilleux, le mystérieux, le religieux (ces choses synonymes), comme il faut les ôter de l’art, comme il faut les ôter de la vie, et déjà on avait cherché à expliquer, à humaniser, à naturaliser Colomb, au point qu’il n’était presque plus un grand homme. […] Mais cela pouvait s’admettre encore, cela pouvait naturellement s’expliquer. […] Les trois sommets de l’île de la Trinité, aperçus par lui et répétant à leur manière le nom projeté de cette île, qu’il devait appeler la Trinidad avant de l’avoir découverte, l’histoire de la croix plantée de sa main à la Vera-Cruz et dont le bois produisit pendant tant d’années des guérisons si extraordinaires et si désespérées, le compte inouï de tous les grands événements de la première expédition de Colomb, lesquels, tous heureux, tombèrent à point nommé le vendredi, depuis le vendredi du départ jusqu’au vendredi du retour, tous ces faits que le très commode hasard, inventé pour faire substitution et pièce « à la Providence », n’explique et n’éclaire plus, parce que le hasard est essentiellement solitaire et que des faits nombreux et continus lui ôtent son caractère de hasard, M.
Qui pourrait expliquer logiquement par la parole l’impression que la Musique produit en nous ? […] Nietzsche a une façon originale d’expliquer cette exagération. […] C’est ce qui explique la diversité du langage musical. […] Elles expliquent le rythme par la division de la mesure en deux ou trois temps et en leurs multiples. […] Cet étrange phénomène n’a pas été jusqu’ici expliqué.
La grosse difficulté, à notre sens, est d’expliquer tout à la fois pourquoi l’une des deux images est rejetée dans le passé et pourquoi l’illusion est continue. […] Il est douteux qu’on puisse les expliquer tous de la même manière. […] Sur le souvenir qui serait une trace laissée dans le cerveau, nous nous sommes expliqué ailleurs. […] L’auteur ajoute avec raison que les théories courantes du premier phénomène n’expliquent pas pourquoi il s’associe au second. […] C’est également par un « abaissement de ton vital » qu’on a expliqué la « dépersonnalisation ».
A ceux qui le nient, il faut donc démontrer que la chose est possible ; à ceux qui l’accordent, il faut expliquer comment elle l’est. […] La sensibilité, moins encore que l’irritabilité, est aujourd’hui susceptible d’être expliquée mécaniquement. […] Il y a donc là une corrélation réciproque du milieu avec l’organisme et de l’organisme avec le milieu, l’un étant nécessaire à l’autre : cercle qui rend presque impossible à comprendre et à expliquer, dans l’état actuel de nos idées, l’origine première de la vie. […] J’avoue que se servir de la force vitale comme d’un moyen pour expliquer tel ou tel phénomène en particulier, c’est faire appel aux qualités occultes, à un deus ex machina. La force vitale ne peut expliquer aucun phénomène en particulier, parce qu’elle est au-delà des phénomènes27 ; elle est ce sans quoi les phénomènes ne seraient pas possibles.
Pour comprendre et expliquer le mouvement, ils ont dû tenter de se rendre compte des idées de l’espace, du temps, de l’infini et de la nature du mouvement lui-même. […] L’éducation, invoquée par quelques philosophes, n’explique pas plus la loi morale qui la domine que les lois publiques. […] Mais il est de son devoir de rechercher les conditions de cette union, et de les expliquer à la lumière de la loi. […] Elle suffit à expliquer et à conduire l’homme. […] La différence radicale s’explique encore mieux, s’il est possible.
C’est à expliquer, sinon à concilier des jugements si divers, que veut s’employer cette étude, sorte de mise au point impartiale du débat. […] Comment expliquer ce sortilège ? […] Et ceci explique l’antinomie du théoricien et du poète imprimé. Ceci explique pourquoi l’unanimité se rompt des disciples de Mallarmé lorsque, affranchis de sa parole et désenvoûtés de sa présence, ils ne l’écoutent plus que dans ses livres. […] De son propre aveu, ce n’étaient là que des essais, les pierres d’attente d’un édifice toujours futur dont il expliquait à l’occasion le plan et la portée, mais qu’il ne voulut ou plutôt qu’il ne put bâtir.
Le vers proverbial du lyrique latin nous est pleinement expliqué ; nous comprenons l’ïambe furieux d’Archiloque. […] Je conçois très bien et je m’explique facilement la prédilection de la foule pour les amours de Chactas. […] Tout cela s’explique de soi-même et n’a pas besoin de réfutation. […] Casimir Delavigne s’explique par d’autres causes. […] Elle ne viole pas la vérité, mais elle l’explique.
Villemain lui-même, dans ses remarquables travaux, ne notent point, et sur laquelle il est impossible de ne point s’expliquer. […] Le symbole explique le personnage en répétant son geste. […] Vous expliquez tout ? […] Nous nous sommes expliqué déjà sur ce point, et nous nous expliquerons encore plus au long tout à l’heure, mais, disons-le dès à présent, ce que Shakespeare a fait est fait une fois pour toutes.
Nous conclurons donc par les deux propositions suivantes : 1° une pluralité quelconque (atomes, forces, phénomènes) ne peut être le principe d’une unité consciente, ce qui se connaît soi-même ne sera jamais une résultante ; 2° la pluralité des consciences ne peut s’expliquer dans l’hypothèse d’une unité uniforme et continue sans qu’il y ait quelque intermédiaire entre l’unité primitive et les consciences discontinues. En d’autres termes, la pluralité absolue n’explique point l’unité du moi, — l’unité absolue n’explique pas la pluralité des moi. […] Le spiritualisme subsiste, pourvu que l’on admette ces deux vérités fondamentales : l’unité de centre pour expliquer la conscience du sujet, — la pluralité des centres pour expliquer la discontinuité des consciences.
Comment expliquer autrement et le rôle si important de la déduction dans le raisonnement expérimental et le principe fondamental de la proportionnalité entre la cause et l’effet ? […] Pour la peine, au contraire, si l’on a cru qu’elle s’expliquait également bien par des causes différentes, c’est que l’on n’a pas aperçu l’élément commun qui se retrouve dans tous ces antécédents et en vertu duquel ils produisent leur effet commun 84. […] Ce qui lui est ainsi transmis n’est, au cours de son histoire, le produit d’aucun développement, par conséquent ne peut être expliqué si l’on ne sort pas des limites de l’espèce dont elle fait partie. […] Pour pouvoir expliquer l’état actuel de la famille, du mariage, de la propriété, etc., il faudrait connaître quelles en sont les origines, quels sont les éléments simples dont ces institutions sont composées et, sur ces points, l’histoire comparée des grandes sociétés européennes ne saurait nous apporter de grandes lumières. […] Par conséquent, on ne peut expliquer un fait social de quelque complexité qu’à condition d’en suivre le développement intégral à travers toutes les espèces sociales.
Et cette loi mentale est, on s’en souvient, la contre-partie de la loi des réflexes dans l’organisme, qui elle-même s’explique par la conservation de l’énergie dans l’univers. […] Selon nous, il eût fallu d’abord chercher l’explication dans ce même principe qui explique et la conservation et le rappel des idées : l’habitude. […] Ribot explique ces cas curieux en disant que le mécanisme de la mémoire « fonctionne à rebours » : on prend l’image vive du souvenir pour la sensation réelle, et la sensation réelle, déjà affaiblie, pour un souvenir. […] Le même mécanisme explique pourquoi on peut se souvenir sans reconnaître qu’on se souvient et en éprouvant le sentiment de nouveauté ; c’est qu’alors la duplicité normale des images est abolie et on n’en voit qu’une quand il en faudrait voir deux. […] En définitive, pour expliquer la reconnaissance comme la conservation et la reproduction des idées, nous n’admettons ni le pur esprit des métaphysiciens, ni le mécanisme exclusif des physiologistes.
Elle ne connaît, dit-on, que des faits qui ont tous la même valeur et le même intérêt ; elle les observe, les explique, mais ne les juge pas ; pour elle, il n’y en a point qui soient blâmables. […] Cette généralité est elle-même un fait qui a besoin d’être expliqué et qui, pour cela, réclame une cause. […] S’ils expliquent cette morbidité de manières différentes, ils sont unanimes à la reconnaître. […] Cependant, une fois que l’on a dominé cette première impression de surprise, il n’est pas difficile de trouver les raisons qui expliquent cette normalité et, du même coup, la confirment. […] Cette méthode diffère seulement de la précédente en ce que les conditions qui expliquent et justifient la généralité du phénomène sont induites et non directement observées.
Les états très faibles ne comprennent rien de la parole intérieure ; nous avons expliqué pourquoi [§ 2, fin]. […] Pour la psychologie classique, la pseudo-sensation n’est guère qu’une faculté de reproduction et d’imitation ; l’empirisme anglais la représente concourant avec l’association pour former toutes nos idées sans le secours d’un entendement chimérique : la faculté des images fournit la matière de ces produits nouveaux, l’association des idées en explique la forme imprévue. […] La parole intérieure considérée comme habitude Pour expliquer cette force étrange, que les origines de la parole intérieure ne pouvaient faire prévoir, il est nécessaire de recourir à des causes d’ordre supérieur. […] En résumé, si une cause sensible et facilement observable, le son de la parole audible, suffit pour expliquer la nature spécifique de l’image qui sert de signe intérieur à la pensée, cette même cause ne peut suffire à expliquer l’extension merveilleuse de la parole intérieure, son indépendance, sa vitalité, le caractère impérieux que prend en nous cette habitude ; l’état fort ne rend pas raison de l’état faible, car l’effet dépasse la cause [ch. […] Un arbre vigoureux est sorti d’une petite graine ; si l’arbre a grandi, c’est que la graine avait été semée dans le sol fertile qui convenait à sa nature ; c’est aussi que la première pousse s’était trouvée baignée d’une atmosphère vivifiante ; pour expliquer aujourd’hui la grandeur et la santé de l’arbre, la graine ne suffit pas ; il faut, de plus, le terrain et l’atmosphère.
Si la science a quelquefois recherché les formes de l’arbre dans son germe, il semble qu’on puisse s’expliquer, par cette organisation de Saint-Cyr, la destinée et l’influence de toutes ces femmes qui allaient devenir la tige en fleurs de la société de leur pays et de l’Europe. […] … Que, si une favorite d’une autre époque, la Léonora Galigaï, la magicienne de Florence, accusée de philtres et de charmes pour expliquer son inexplicable puissance sur Marie de Médicis, répondait que toute sa sorcellerie était l’influence d’une âme forte sur une âme faible, on aurait pu se demander plus tard quelle devait donc être celle d’une femme sur un homme dans toute la maturité de son âme et de son génie, sur un homme qui était le roi du bon sens, de la convenance, de la fierté et de l’ennui, sur un Louis XIV de quarante-cinq ans ? […] On s’explique un peu Élisabeth par Burleigh, et Catherine Il par son peuple, mais on ne s’explique madame de Maintenon que par Louis XIV, le moi solitaire et royal… ce qui redouble la difficulté.
Ils n’ont jamais la même signification et c’est l’excuse du mauvais ; excuse assez faible, car, comme je l’expliquerai plus loin, un seul mot peut, sans qu’aucune confusion soit à craindre, porter jusqu’à dix ou douze sens différents. […] La nécessité n’explique pas tous ces emprunts ; la vanité en explique quelques autres : il a toujours paru aux savants de tous les temps qu’ils se différenciaient mieux de la foule en parlant une langue fermée à la foule.
J’interromprai ici par quelques lignes la suite de mon discours, pour expliquer en quel sens j’ai dit que les theatres avoient été fermez dans Rome, suivant toutes les apparences, quand cette ville fut saccagée par Totila. […] Ce passage peut s’expliquer par ce que dit saint Augustin dans un des discours qu’il prononça aux anniversaires du martyre de saint Cyprien. […] Ces saints ne créerent pas une nouvelle musique pour composer ceux des chants de leur office qu’ils firent lorsqu’ils reglerent ces offices : car il paroît par la maniere dont s’expliquent les auteurs contemporains qu’ils admirent dans les églises plusieurs chants dont on se servoit déja.
La conscience nous avertit en effet que la plupart de nos actions s’expliquent par des motifs. […] Mais cette relation, qui explique le passage, en est-elle la cause ? […] Et c’est pourquoi nous cherchons en vain à expliquer notre brusque changement de résolution par les circonstances apparentes qui le précédèrent. […] Et je le déclarerai plus ou moins intense, plus ou moins important, selon que l’acte final s’expliquera par lui ou sans lui. […] Ayant nié toute influence mécanique des substances les une, sur les autres, il devait néanmoins expliquer comment leurs états se correspondent.
Traiter ces questions, c’est expliquer la mission de l’art ; traiter ces questions, c’est expliquer le devoir de la pensée humaine envers l’homme.
Selon nous, la loi générale des idées-forces, dont la « suggestion » n’est qu’une conséquence particulière, explique psychologiquement les phénomènes caractéristiques de l’hypnose. […] Au point de vue mécanique, tout mouvement ou arrêt de mouvement s’explique par des mouvements antérieurs ; mais, au point de vue philosophique, tout mouvement ou arrêt de mouvement s’explique par les sensations et impulsions internes dont il est la traduction visible pour un spectateur du dehors. […] Comment l’expliquer ? […] On explique aussi par là, dans une certaine mesure, une partie de l’action des remèdes ordinaires. […] L’altération de la mémoire, à son tour, s’explique par celle de la sensibilité.
On a vu qu’elles tenaient aux plus grands événements ; qu’elles les expliquaient, qu’elles étaient expliquées par eux, que désormais il fallait leur donner une place, et l’une des plus hautes places, dans l’histoire. […] Les uns s’expliquent par un élément géométrique primitif, comme les autres par un élément psychologique primitif. […] C’est ainsi que s’expliquent les longues impuissances et les éclatantes réussites qui apparaissent irrégulièrement et sans raison apparente dans la vie d’un peuple ; elles ont pour causes des concordances ou des contrariétés intérieures. […] Pour expliquer chacun d’eux, il faudrait écrire un chapitre d’analyse intime, et c’est à peine si aujourd’hui ce travail est ébauché. […] J’ai tâché de définir ces ressorts primitifs, d’en montrer les effets graduels, d’expliquer comment ils ont fini par soulever jusqu’à la lumière les grandes œuvres politiques, religieuses, littéraires, et de développer le mécanisme intérieur par lequel le Saxon barbare est devenu l’Anglais que nous voyons aujourd’hui.
Nous n’avons pas besoin d’hypothèse là où il y a un fait constant et historique, là où la nature et la force des choses s’expliqueraient encore au défaut des faits, si les faits n’existaient pas. […] C’est là, comme nous l’avons expliqué, le système de Smith ; mais ce système est contredit par l’expérience : on ne trouve à asseoir une telle opinion ni sur les monuments de l’histoire, ni sur les monuments de la fable. […] Je ne contesterai point cette thèse ; car, en d’autres termes, c’est la mienne : seulement on sera parvenu à écarter la révélation ; mais il restera toujours à expliquer comment s’est faite la première manifestation de l’intelligence humaine. […] Schlegel a fort bien remarqué que la question de l’origine du langage devait être traitée historiquement, et non point expliquée par une théorie spéculative. […] Que l’on me permette donc cette dernière question : S’il est impossible de bien expliquer ce qui est, à moins de le montrer en quelque sorte, comment pourrait-on parvenir à le créer ?
Je les explique très bien, et c’est pour cela qu’ils ne m’arrêtent pas. […] Un exemple expliquera ma pensée. […] Dès lors c’est l’anatomie, poussée plus loin, qui a pu expliquer les dissidences anatomiques. […] La vraie science agit et explique son action ou sa puissance : c’est là son caractère, c’est là son but. […] Il y a là des erreurs ou au moins des malentendus qu’il importe d’expliquer.
C’est pourquoi je ne me suis occupé des autres influences qu’autant que la succession des époques ne s’expliquait pas assez clairement par cette influence des œuvres sur les œuvres. […] Elles expliquent les autres, puisqu’elles les préparent, et les autres ne les expliquent point ; et ainsi, de chronologique ou de purement logique, elles transforment le lien de l’histoire en un lien généalogique.
Car une fois qu’on a le sentiment qu’on se trouve en présence de choses, on ne songe même plus à les expliquer par des calculs utilitaires ni par des raisonnements d’aucune sorte. […] Si les phénomènes sociologiques ne sont que des systèmes d’idées objectivées, les expliquer, c’est les repenser dans leur ordre logique et cette explication est à elle-même sa propre preuve ; tout au plus peut-il y avoir lieu de la confirmer par quelques exemples. […] Nous avons fait voir qu’un fait social ne peut être expliqué que par un autre fait social, et, en même temps, nous avons montré comment cette sorte d’explication est possible en signalant dans le milieu social interne le moteur principal de l’évolution collective.
J’aurais pu marquer, par des notes au bas des pages, ces changements divers et mutuels, pour expliquer les modifications survenues dans la pensée générale de tous les partis, et surtout pour en faire remarquer le progrès. […] Ce que les anciens appelèrent l’isonomie, et la conquête successive du droit commun seront expliqués, surtout dans la Formule générale, objet du cinquième volume de la présente publication. […] La légitimité est mieux expliquée dans les mêmes entretiens.
Pour l’expliquer, il ne va pas chercher le midi à quatorze heures d’une métaphysique quelconque. Positif, quoique pittoresque, il croit qu’en peignant bien les hommes l’histoire est faite, et qu’on a dit tout quand on les a bien peints… C’est par Louis XVI qu’il explique le règne de Louis XVI. C’est par l’homme et son entourage qu’il explique surtout ces événements qu’on a appelés des forces irrésistibles ou d’impénétrables fatalités. […] Le plus souvent on a besoin, pour en expliquer les catastrophes et les infortunes, de recourir aux idées des hommes désorientés par le malheur suprême, à ces idées qui sont comme les planches de salut qu’ils saisissent quand ils ne comprennent plus rien aux faits de la vie dans le naufrage de leur raison : logique des événements, justice de Dieu, Providence ou hasard, lois mystérieuses qui régissent le monde !
Eh bien, c’est cette partie de la vie de Bossuet que j’appelle la plus biographique et la plus utile à connaître pour nous expliquer ce grand homme, que Floquet a particulièrement étudiée. […] Il a montré, par une foule de passages qu’il aurait pu multiplier, que les cordes tendres, mélodieuses, divinement brisées, ne manquaient pas plus à Bossuet que la fierté des cris, et il nous explique qu’il les eut et qu’il aima à les faire résonner ! […] Il importait dans sa pensée cette profondeur de rêverie que ne s’expliquait pas Chateaubriand et que Floquet explique, et ces couleurs mornes et désolées qu’il devait retrouver dans ses souvenirs.
Voilà le phénomène qu’il faut décrire et expliquer. […] Il fallait être un autre homme qu’un gazon d’Institut tel que le fut Walckenaer, pour comprendre l’organisation de La Fontaine et pour expliquer sa poésie. […] L’homme du matérialisme positiviste n’existait pas encore en lui, — et du système physiologique à l’aide duquel il explique tout dans le talent des hommes, il n’avait, à ce moment, pris que ce qu’il en faut pour que ce soit une idée juste. […] Tout est là de ce qui est important, nécessaire, digne d’être expliqué.
Bossuet crut devoir expliquer plus amplement la matière, et composer l’instruction sur les États d’oraison, dont le manuscrit fut communiqué à Fénelon. […] Il expliquait avec pénétration le mécanisme abstrait des passions, des instincts, de l’égoïsme humain, et il crut toujours aux hommes : qui voulut le jouer, le joua. […] Son éducation ecclésiastique nous expliquera qu’elle reste chez lui plus chargée de latinisme dans les tours et dans les sens que chez aucun des écrivains mondains. […] Elles se sont groupées en deux parties : l’une qui explique la suite de la religion, et l’autre qui traite des empires. […] Il ne fait pas de catéchismes, pas d’expositions théologiques : il n’explique pas le dogme, il ne le justifie pas.
Le système des facultés n’explique rien, puisque chacune d’elles n’est qu’un flatus vocis qui ne vaut que par les phénomènes qu’il renferme, et ne signifie rien de plus que ces phénomènes. […] Elle explique tous les faits intellectuels, non sans doute à la manière de la métaphysique, qui réclame la raison dernière et absolue des choses ; mais à la manière de la physique, qui ne recherche que leur cause seconde et prochaine. […] L’association fondée non plus sur la contiguïté, mais sur la ressemblance, explique la classification, l’abstraction, la définition, l’induction, la généralisation, le jugement, le raisonnement, la déduction, l’analogie ; toutes ces opérations, se réduisant à associer des idées qui se ressemblent, diffèrent, ou se ressemblent et diffèrent tout à la fois. […] Ceci explique pourquoi l’idée d’un mouvement, quand elle devient très vive, entraîne le mouvement spontanément, d’elle-même, sans intervention de notre volonté, le courant nerveux excité étant aussi intense que dans le cas d’une impression réelle venant du dehors. […] Mais la disposition à passer d’un souvenir, imagination ou idée, à l’action qu’ils représentent, — à produire l’acte et non pas seulement à le penser, — c’est là aussi un principe déterminant dans la conduite humaine. » L’auteur montre combien de faits curieux en psychologie s’expliquent par cette tendance de l’idée à se réaliser : la fascination causée par un précipice, les phénomènes produits par les idées fixes, par le sommeil magnétique, les sensations causées par sympathie.
La littérature italienne présente un spectacle tout différent, qui s’explique aussi, et qui sera la contre-épreuve de ma démonstration. […] En effet, c’est la sensualité qui frappe d’abord chez lui, son amour de la beauté plastique, sa saine compréhension de l’amour physique et son grand sens pratique ; c’est qu’il est naturaliste, dans le sens profond du mot ; ce qui explique alors le fonds de mysticisme qu’il y a aussi en lui, et l’intuition géniale qui en fait le peuple des inventeurs, des précurseurs, des martyrs. — L’étranger s’étonne de la « combinazione », la blâme sans la comprendre ; elle est à la fois un art de la politesse et le dernier refuge des consciences opprimées. […] Le caractère, tel que je viens de le résumer, et les conditions politiques, nous expliquent, dans la mesure du possible, les particularités de la littérature en Italie. […] Sa découverte de l’antiquité semble miraculeuse et ne s’explique que par le génie italien, par les malheurs mêmes de ce génie qui, dépouillé de toute vie nationale, se replie sur lui-même et se crée un monde nouveau dans le domaine de l’esprit. […] On a souvent remarqué que l’Italie n’a guère connu la féodalité, ou du moins ne l’a pas vécue aussi complètement que d’autres pays ; les villes (communi) y échappent, et ce sont ces villes qui commandent à l’évolution générale ; de là une persistance de l’idée romaine qui explique à son tour que la Renaissance se prépare en Italie, et non ailleurs, dès le xive siècle.
Enfin le chapitre de la chaire nous explique l’état de cette prédication chrétienne qui a la charge des âmes et la direction morale du siècle ; et le chapitre des esprits forts combat le libertinage. […] Mais en somme l’artiste épris de la vie, le naturaliste impartial prennent le dessus : on trouve chez La Bruyère de ces traits qui ne s’expliquent que par le respect de la nature, par le besoin de rendre ce qui est456. […] Il n’y a qu’à louer son chapitre de la rhétorique : il s’attache à expliquer l’infériorité de notre éloquence politique et judiciaire à l’égard de celle des anciens. […] « Je ne puis expliquer mon fond, écrivait-il un jour. […] Pendant le procès en cour de Rome, il envoie là-bas le naïf abbé de Chanterac, agent confiant et docile qu’il fait mouvoir de Cambrai, et par qui il lutte contre les intrigues et les emportements de l’abbé Bossuet : il expédie à Rome mémoire sur mémoire, déplaçant la question, éludant les objections, embrouillant tout à force d’expliquer tout, et, sous prétexte d’expliquer, escamotant les doctrines insoutenables pour en substituer d’autres qu’il dérobera bientôt avec une égale aisance ; c’est un polémiste incomparable, perfide, insaisissable.
Seulement cette solution est incomplète et artificielle, j’ai expliqué pourquoi, et ce n’est pas sur l’espace visuel, mais sur l’espace moteur qu’il faut faire porter notre effort. […] Quelqu’un qui saurait la géométrie, l’expliquerait aisément de la manière suivante : Soit O le point de la rétine où se forme à l’instant α l’image du corps A ; soit M le point de l’espace occupé à l’instant α par ce corps A ; soit M′ le point de l’espace occupé à l’instant β par le corps B. […] Cet espace tactile que nous analyserons dans le paragraphe suivant et sur lequel je demanderai en conséquence la permission de ne pas m’expliquer davantage pour le moment, cet espace tactile, dis-je, a trois dimensions. […] Tout cela, ne sachant pas encore la géométrie, nous nous bornons à le constater, mais voici comment ceux qui savent la géométrie expliqueraient le fait. […] Je sais bien qu’il est aisé de s’en tirer et que, si les faits ne se vérifient pas, on l’expliquera aisément en disant que les objets extérieurs ont bougé.
Ferrari donne à chacune d’elles) pour les exposer et les expliquer. […] De même qu’il est resté l’érudit et l’arithméticien subtil de ses Révolutions d’Italie, de même il est resté le fataliste de ces Révolutions qu’il n’a expliquées qu’en disant qu’elles étaient parce qu’elles étaient. […] Les paroles qui commencent son livre sont d’un calme encore plus grand que leur clarté ; « une nature, dit-il, également indifférente à Dieu et à Satan, explique seule les libertés, les servitudes, les partis, les guerres et les révolutions. […] Ferrari pourra répéter sa pensée, il ne la fera jamais plus nette ; mais ce fatalisme, sans honte et presque radieux, lequel n’explique rien, quand la tentative de toute philosophie est d’expliquer au moins quelque chose, ce fatalisme qui, après s’être affirmé, doit, s’il est conséquent, s’ensevelir dans le néant d’un éternel silence, et auquel il n’y a pas à faire même le mince honneur de l’appeler la dernière des philosophies, ce fatalisme-là n’est pas une excuse, au contraire, c’est un mai de plus et un mal suprême — un mal tel, qu’on est en droit de s’étonner que M. […] Cette Histoire de la Raison d’État finit donc par l’art de composer des almanachs politiques, et c’est dans la splendide rêverie de la prophétie scientifique que trébuche et vient s’abîmer cette intelligence si positive, qu’elle ne voulait ni de Dieu, ni du diable, ni de l’homme, pour s’expliquer l’univers !
Cette loi, qui explique la transformation universelle de l’homogène en hétérogène, la voici : Toute force active produit plus d’un changement, — toute cause produit plus d’un effet. […] Elle explique beaucoup mieux les diversités de constitution et de mouvements des planètes, les phénomènes cométaires, les anomalies dans la distribution et le mouvement des satellites, la vitesse de rotation des planètes ; enfin l’analyse spectrale est venue, dans ces derniers temps, corroborer l’hypothèse d’une communauté d’origine entre toutes les parties de notre univers. […] N’explique-t-on pas de même l’histoire par des interventions surnaturelles, par l’action prépondérante des grands hommes ; au lieu de comprendre que le grand homme ne peut que troubler, retarder ou aider l’évolution générale, mais que, prise dans sa totalité, elle reste en dehors de son atteinte. […] Mais ce qu’il importe de bien comprendre, c’est que l’idée d’évolution, soit qu’elle explique les phénomènes cosmiques et biologiques, soit qu’elle pénètre dans le monde de la pensée et de l’histoire, n’explique jamais les causes premières. […] Le timide sectaire, alarmé des progrès de la science, obligé d’abandonner une à une les superstitions de ses ancêtres, et voyant ébranler chaque jour de plus en plus ses croyances chéries, craint en secret que toutes choses ne soient un jour expliquées ; il redoute la science, pratiquant ainsi la plus profonde de toutes les infidélités — la peur que la vérité ne soit mauvaise.
Il suit presque toujours la méthode d’Aristote, & s’explique avec le style de Platon. […] Il explique dans le second Livre, les différentes parties du discours & l’arrangement qu’il faut y garder. […] Dans tous, on sent un maître qui avoit enseigné depuis plus de 40 ans les regles qu’il explique. “C’est lui rendre justice, dit l’Abbé Desfontaines, que de reconnoître qu’il posséde Aristote, Hermogene, Ciceron, Quintilien ; qu’il entend la matiere qu’il traite ; qu’il entend la matiere qu’il traite ; que les principes de ses grands maîtres sont bien expliqués, & qu’il y a de la dialectique dans ce qu’il a écrit sur l’art oratoire, où l’imagination a tant de part. […] Le dessein de l’auteur est d’expliquer ce qui est de bon ou de mauvais goût dans l’éloquence de la chaire & ce dessein est louable ; mais il est mal exécuté.
Nous parlerons fort au long de ces semeia, quand nous expliquerons comment les anciens écrivoient en notes le chant musical, ou le chant proprement dit, et ce chant qui n’étoit qu’une déclamation. […] Je répondrai que c’est une de ces choses dont saint Augustin dit qu’elles étoient connuës de tous ceux qui montoient sur le théatre, et que pour cela même il dédaigne de l’expliquer. […] Si les passages des auteurs anciens que nous rapporterons ci-dessous, prouvent que l’acteur qui recitoit et l’acteur qui faisoit les gestes, s’accordoient très-bien, et qu’ils tomboient en cadence avec une grande justesse, ils n’expliquent point la maniere dont ils s’y prenoient pour suivre exactement l’un et l’autre une mesure commune. […] Outre cela, on peut en faveur de celui qui fait les gestes, rallentir encore sans consequence le mouvement de la mesure, parce que nonobstant ce rallentissement chaque signe, chaque frappé, et chaque levé que fait le batteur de mesure n’en vaut pas moins un temps. " quoique le fait, comme je l’ai déja dit, soit certain, il ne m’est pas possible d’expliquer pleinement la méthode enseignée par l’art rithmique, pour faire agir d’un concert si parfait l’acteur qui parloit, et l’acteur qui faisoit les gestes.
Mignet il n’est question que de celui-là) ne s’explique par aucun des motifs simples et personnels à l’aide desquels des écrivains étroits et déroutés ont jusqu’à présent cherché vainement à l’expliquer. […] … Impossible donc de l’expliquer, ce solitaire en contradiction, quand on n’interroge que lui seul, tandis qu’au contraire, en se jetant à l’Espagne comme à un flambeau, en la prenant, cette Espagne du xvie siècle, et en la mettant, avec son esprit ressuscité, bien en face de cet empereur découronné de sa propre main, de cette fière et mélancolique figure de Sacrifié, mais de Sacrifié hautain et volontaire, vous pouvez peut-être trouver le secret de son sacrifice et saisir enfin la vérité ! […] Certes, quand un peuple a de pareilles légendes sur le plus grand et le plus absolu de ses monarques, on peut demander si, pour en expliquer la vie, il est loisible d’oublier l’action de ce peuple et de s’en tenir aux infiniment petits de l’anecdote et des détails personnels… ?
Tandis que le matérialisme part d’en bas pour expliquer par le mouvement mécanique toute la série des êtres de l’univers, le spiritualisme part d’en haut pour expliquer cette même série par l’acte qui en est le type le plus élevé, l’acte de la pensée et de la volonté. […] C’est ainsi que le physiologiste explique toute la vie morale par l’organisme. C’est ainsi que le chimiste explique toute la vie organique par la composition moléculaire. C’est ainsi que le physicien explique toute combinaison des molécules dites intégrantes par l’action des forces mécaniques. […] Fénelon explique fort bien le caractère de ce mysticisme.
Resterait seulement à expliquer l’origine de la majeure : pourquoi le privilège d’être jugé mien n’appartient-il pas au contraire aux phénomènes étendus ? […] 3° Elle n’est pas lin état imprévu. — C’est ici le lieu de nous expliquer sur la valeur que nous attribuons à ce caractère : L’idée du moi ne saurait être l’idée de l’inétendu : le rapport de ces deux idées n’est pas analytique, et, s’il est synthétique, la synthèse n’est pas primitive ; elle peut et elle doit être expliquée. […] La seconde, qui est plus rare, s’explique par des raisons analogues. […] Comme il ne se répéta pas et que rien ne l’expliquait, je suis disposé à croire que c’était une hallucination auditive. » L’intensité du son explique comment j’ai pu, malgré mon expérience des phénomènes hypnagogiques, avoir l’idée d’un bruit extérieur : je sais que ces faits sont miens, bien qu’imprévus et subits ; leur faiblesse reste pour moi le principal signe de leur intériorité ; l’absence de ce caractère m’a dérouté. […] La localisation de la pensée dans la tête ne peut s’expliquer que par l’association de la pensée avec une sensation localisée, ou périodique ou constante ; reste à déterminer quelle est cette sensation.
Ce coup-d’œil suffit d’abord pour expliquer le principe de la célébrité de l’Histoire de Pantagruel & de Gargantua. Nous n’ignorons pas que les Admirateurs de Rabelais ont prétendu excuser le défaut de plan, de méthode, de suite, de raison, qui choque dans tout son Livre, en croyant trouver dans ses peintures une censure allégorique des mœurs, des usages & des ridicules de son temps ; qu’ils ont vanté avec complaisance certains traits ingénieux qui y pétillent par intervalle ; qu’il n’est pas même jusqu’à son verbiage qui ne leur paroisse mystérieux, & tendre à des allusions, dont leur sagacité regrette de ne pouvoir expliquer l’objet.
La musique va être le langage du « sentiment humain » ; et Richard Wagner tâche maintenant à représenter, à expliquer ; par le langage de la musique, l’homme sensationnel qu’il était. […] Chamberlain, et où est expliquée par des raisons documentaires la musicalité exclusive de Gœtterdæmmerung, contrairement à l’amalgame d’art des trois drames précédents de la Tétralogie. […] Dans le Parsifal il expliquera le monde sensationnel selon sa loi. […] Voilà les philosophes, hommes, prétentieux d’expliquer l’homme ; comme si tout le possible travail des métaphysiques n’avait pas été tenté pendant l’antiquité païenne. […] Cela explique que, depuis, elle erre, de mondes en mondes, espérant la rédemption.
Il y a, dans tout événement psychique, un ou plusieurs éléments inanalysables ou irréductibles, qui ne peuvent eux-mêmes s’expliquer en termes d’événements psychiques, puisqu’il n’est aucun de ceux-ci qui ne les contienne et ne les présuppose : ils peuvent encore moins s’expliquer en termes d’événements physiques, car de ces derniers, en tant que tels, on ne saurait tirer le psychique. […] Mais pouvons-nous davantage expliquer comment les mouvements produits dans notre cerveau par les instruments d’un orchestre arrivent à être synthétisés dans la sensation d’harmonie ? […] Si c’est là ce qu’on entend par sensation, on pourra en effet tout expliquer par la sensation ; mais si, comme on le doit, on réserve le nom de sensation pure à la modification passive de la cœnesthésie, premier moment du processus psychique, il deviendra impossible de ne pas tenir compte de la cœnesthésie entière qui est modifiée, du caractère agréable ou pénible de cette modification d’ensemble, enfin de la réaction immédiate qui en résulte aussi sûrement que, dans le monde physique, la réaction résulte de l’action. On ne pourra plus affirmer alors que la réaction psychique soit un ensemble de sensations passives qui, combinées, donnent l’illusion de l’agir et du vouloir ; aucune combinaison de passivités n’explique d’une manière intelligible le sentiment d’activité, et le vouloir-vivre est aussi clair en nous que la sensation même. […] En méconnaissant le principe fondamental des idées-forces, selon lequel toute conception d’un acte implique la représentation d’un mouvement et celle-ci un mouvement commencé, on se met dans l’impossibilité d’expliquer l’action de la volonté sur les muscles sans recourir finalement, soit à des entités, soit à des miracles.
Elle avoit chez les uns et chez les autres la même étendue et les mêmes principes, de maniere qu’on peut se servir également pour expliquer l’étendue et l’usage de la musique des anciens, soit des auteurs grecs, soit des auteurs latins. […] Tâchons d’expliquer la difficulté. […] Cependant j’espere qu’en m’aidant des faits racontez par les écrivains anciens qui par occasion ont parlé de leurs arts musicaux, je pourrai venir à bout de donner une notion ; si non pleine et entiere, du moins claire et distincte de ces arts, et d’expliquer comment les pieces dramatiques étoient representées sur le théatre des anciens.
Nous ne rassemblons pas ici le reste des refrains épars de ce peuple poétique, chants de guerre ou de fête, chants du marin ou du moissonneur ; mais, l’histoire ne peut oublier ce qui sert à l’expliquer et fit battre des cœurs généreux, même en les égarant. […] Nul doute cependant qu’il n’ait fait aussi des hymnes, ce qui suffit pour expliquer l’épithète de « sérieuses et graves » donnée par Julien à quelques œuvres du poëte de Téos. […] nous habitions autrefois la belle ville de Corinthe ; maintenant l’île d’Ajax, Salamine, nous retient ; et de là, vainqueurs des vaisseaux phéniciens, des Perses et des Mèdes, nous avons préservé le sol sacré de la Grèce104. » Puis encore, et pour mieux expliquer cette présence des Grecs de Corinthe dans l’île de Salamine, c’est-à-dire la sépulture qui conservait sur ce rivage les restes d’une partie d’entre eux, Simonide disait avec une familière énergie : « Quand la Grèce entière se tenait sur la lame d’un couteau, au prix de nos vies, nous l’avons délivrée, nous ensevelis ici.
… Bassesse d’explications qui n’expliquent rien, d’ailleurs, questions résolues par la question même, tautologie, truisme, fatalisme. […] Or, il est véritablement curieux de voir comment — à cette place et à cette heure de l’Histoire — l’auteur de la Vie de Jésus, qui n’a pas eu la profondeur de se taire après son grand coup porté à la divinité du Christianisme, va, l’une et l’autre, les expliquer. VI Il ne les explique pas. […] En sa qualité de critique qui veut expliquer tout, M. Renan veut expliquer Néron, et, pour cela, il appuie sur le côté de Néron qui devait le plus impressionner un homme de lettres comme lui, le côté du Trissotin énorme, du faux artiste effréné, de l’impérial cabotin, et il tombe — et nous avec lui — dans une immense caricature.
Avant-propos On éprouve tous les jours que les vers et les tableaux causent un plaisir sensible, mais il n’en est pas moins difficile d’expliquer en quoi consiste ce plaisir qui ressemble souvent à l’affliction, et dont les simptomes sont quelquefois les mêmes que ceux de la plus vive douleur. […] J’ose entreprendre d’éclaircir ce paradoxe et d’expliquer l’origine du plaisir que nous font les vers et les tableaux.
L’improvisation explique seule de telles velléités. […] Guizot n’eût pris la peine de nous l’expliquer. […] Je ne la raconterai pas, je me contenterai de l’expliquer. […] Guizot nous explique plus clairement que tous les historiens précédents. […] Je suis donc forcé d’expliquer par l’extase ce que je ne puis expliquer par la réflexion.
(1) Pour expliquer convenablement la véritable nature et le caractère propre de la philosophie positive, il est indispensable de jeter d’abord un coup d’œil général sur la marche progressive de l’esprit humain, envisagée dans son ensemble : car une conception quelconque ne peut être bien connue que par son histoire. […] Pour expliquer convenablement ma pensée à cet égard, je dois d’abord rappeler une conception philosophique de la plus haute importance, exposée par de Blainville dans la belle introduction de ses Principes généraux d’anatomie comparée. […] On croyait, il y a encore peu de temps, avoir expliqué la vision, en disant que l’action lumineuse des corps détermine sur la rétine des tableaux représentatifs des formes et des couleurs extérieures. […] J’ignore si, plus tard, il deviendra possible de faire a priori un véritable cours de méthode tout à fait indépendant de l’étude philosophique des sciences ; mais je suis bien convaincu que cela est inexécutable aujourd’hui, les grands procédés logiques ne pouvant encore être expliqués avec la précision suffisante séparément de leurs applications. […] Cette révolution générale de l’esprit humain est aujourd’hui presque entièrement accomplie : il ne reste plus, comme je l’ai expliqué, qu’à compléter la philosophie positive en y comprenant l’étude des phénomènes sociaux, et ensuite à la résumer en un seul corps de doctrine homogène.
Ainsi s’expliquerait l’accélération apparente du mouvement de la lune, qui paraîtrait aller plus vite que la théorie ne le lui permet parce que notre horloge, qui est la terre, retarderait. […] Je m’explique ; je suppose qu’en un certain point du monde se passe le phénomène α, amenant pour conséquence au bout d’un certain temps l’effet α′. […] Nous devons nous estimer heureux que cette contradiction n’ait pas lieu et que les petites discordances qui peuvent se produire puissent s’expliquer facilement. […] Les faits observés ne pourraient-ils pas tout aussi bien s’expliquer si on attribuait à la vitesse de la lumière une valeur un peu différente de la valeur adoptée, et si on admettait que la loi de Newton n’est qu’approchée ?
Toutefois, il faut avouer qu’on n’accroît guère de la sorte la somme de ses connaissances, qu’on n’explique pas encore les phénomènes dont il s’agit de trouver la raison d’être. […] Il n’aurait devant lui qu’une série de cas particuliers, de faits individuels et isolés, que rien ne permettrait de relier ensemble ; la genèse et la nature d’une œuvre littéraire, sa liaison avec ce qui précède et ce qui suit ne seraient pas expliquées. […] Elles sont étranges et plus qu’étranges, les conséquences où aboutirait cette manière par trop simple et commode d’expliquer les choses. […] A cette sensibilité vive que nous avons constatée, il faut ajouter (et la contradiction apparente expliquera l’homme et l’auteur) une volonté fougueuse et faible.
Il faut donc reconnaître que, pour la plus grande part de l’humanité, les joies et les souffrances attachées à la sensation et à ses dérivés sont si fortes qu’elles expliquent tous les efforts tentés pour augmenter et fixer les états de joie, pour diminuer et abolir les états de souffrance. Les bienfaits provisoires, mais immédiats, apportés à tout moment de l’évolution historique, et en toutes occasions, par l’industrie de l’intelligence, expliquent suffisamment que l’humanité ait considéré la connaissance comme un moyen d’améliorer la vie, et bien que la plus grande part des développements précédents aient eu pour objet de faire voir eu cette croyance une illusion, il n’y a pas lieu, du point de vue intellectuel, de penser que cette illusion puisse disparaître. […] Ainsi faut-il expliquer par l’un ou l’autre de ces deux mobiles tout le travail d’association et de dissociation par lequel on a vu que l’esprit engendre la réalité phénoménale. […] Ce caractère d’utilité fondamentale pour l’exercice de toute connaissance subséquente suffirait à expliquer l’autorité en apparence souveraine et l’aspect nécessaire des notions de temps, d’espace et de cause, ainsi que des lois arithmétiques, géométriques ou logiques qui se bornent à décrire les conséquences de ces notions et les relations qu’elles nouent entre elles.
Il ne s’épargne pas, il tente, il essaie, il s’efforce de comprendre ; et, quand il a compris, il s’efforce d’expliquer. […] Cependant les choses diverses que, durant cette excursion, il avait senties ou observées, apprises ou devinées, cherchées ou trouvées, vues ou entrevues, il les avait déposées, chemin faisant, dans des lettres dont la formation toute naturelle et toute naïve doit être expliquée aux lecteurs. […] Mais, au point de vue qu’on vient d’expliquer, ces altérations eussent été des falsifications ; ces lettres, quoique en apparence à peu près étrangères à la Conclusion, deviennent pourtant en quelque sorte des pièces justificatives ; chacune d’elles est un certificat de voyage, de passage et de présence ; le moi, ici, est une affirmation. […] Comme l’auteur l’explique dès les premières pages de ce livre, il voyage solitaire sans autre objet que de rêver beaucoup et de penser un peu.
L’autre son qui s’appelle le son mélodique, est assujeti à des intervalles reglez, et c’est le son que forment ceux qui chantent ou qui executent une modulation, et qu’imitent ceux qui jouent des instrumens à vent ou des instrumens à corde. " Porphyre explique ensuite assez au long la difference qui se trouve entre ces deux especes de sons, après quoi il ajoute " voila le principe que Ptolomée établit au commencement de ses reflexions sur l’harmonie, et qui n’est autre que le principe enseigné generalement parlant par les sectateurs d’Aristoxéne. " nous avons déja dit qui étoit Aristoxéne. […] Ainsi la déclamation s’écrivoit en notes aussi-bien que le chant musical. à en juger même par la maniere dont Boéce s’explique, les anciens avoient trouvé l’art d’écrire en notes la simple déclamation avant que de trouver l’art d’écrire en notes la musique. […] Il n’est pas question d’expliquer ici que quelques-uns de ces sons étoient au fond les mêmes. […] C’est faute d’avoir eu cette notion de la melodie théatrale, et pour l’avoir cruë un chant musical, comme pour n’avoir pas compris que la saltation n’étoit point une danse à notre maniere, mais une simple gesticulation, que les commentateurs ont si mal expliqué les auteurs anciens qui parlent de leur théatre.
C’est ainsi que Monsieur Boindin explique les dernieres lignes du passage de Quintilien, en supposant que le comedien qui portoit ce masque, se tournoit tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, pour montrer toujours le côté du visage qui convenoit à sa situation actuelle, quand on joüoit les scénes où il devoit changer d’affection sans qu’il pût aller changer de masque derriere le théatre. […] Si les écrivains de l’antiquité avoient pû croire que les generations à venir pussent être jamais en peine d’expliquer des choses qui étoient sans difficulté pour eux, soit parce qu’ils les voïoient tous les jours, soit parce que tout le monde avoit alors entre les mains des livres qui expliquoient méthodiquement ces choses-là, ils auroient mieux circonstancié leurs narrations. Mais ils ont cru que la posterité seroit toujours au fait des choses dont ils parloient, ainsi ils n’en ont dit le plus souvent que ce qu’il convenoit d’en dire pour appuïer un raisonnement, pour fonder une comparaison, pour expliquer une circonstance, ou pour rendre raison d’une étimologie. […] Par la même raison, il reste encore aux antiquaires bien des choses à expliquer sur les masques.
… Tous ces haïsseurs de la vieille Église romaine se sont pris de je ne sais quel goût, — ou plutôt d’un goût que je m’explique très bien, — pour un livre qui a la prétention d’être un livre de science sociale en restant du christianisme. […] Mitraud ne s’est pas expliqué sur ce point fondamental avec une netteté suffisante. […] Or, l’auteur des Sociétés humaines touche-t-il une seule fois à cette question de la famille, type et pierre angulaire de toute société, et à l’aide de laquelle un penseur énergique aurait tout expliqué, car Bonald n’a pas tout dit et il a même interverti les termes de sa Trinité domestique ? […] Généralités assez vulgaires qui ne signifient que quand on les explique ou quand on les féconde !
D’autres personnages distingués ont eu recours à leurs père et mère pour expliquer les variations de leur conduite. […] Chateaubriand s’est franchement expliqué à ce sujet : « On a fait un crime à Dumouriez de la vénalité de ses principes, dit-il ; supposé que ce reproche fût vrai, aurait-il été plus coupable que le reste de son siècle ? […] Cette nécessité de tout rapporter au hasard, à la Fatalité, jetait les esprits dans la superstition et dans le catholicisme : il existe encore d’autres causes tout aussi réalistes qui expliquent la renaissance du catholicisme et le caractère religieux du romantisme. […] On ne peut s’expliquer l’exagération du style figuré de Chateaubriand, qui choquait les puristes, si l’on ne possède une idée de la langue courante des journaux et de la tribune13. […] Ces détails prosaïques qui déparent mais qui expliquent le poétique et mélancolique René, sont puisés dans l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, etc., écrit à Londres et imprimé en 1797.
Comme l’on n’a point communement de la musique des grecs et des romains, l’idée que je viens d’en donner, et comme on croit qu’elle fut renfermée dans les mêmes bornes que la nôtre, l’on se trouve embarassé quand l’on veut expliquer tout ce que les auteurs anciens ont dit de leur musique et de l’usage qui s’en faisoit de leur temps. […] J’ose entreprendre d’expliquer intelligiblement tous ces passages et principalement ceux qui parlent des representations théatrales.
Elle nous explique plutôt le pourquoi que le comment du plaisir et de la douleur. […] Par exemple, comment expliquer que certains goûts, certaines odeurs soient désagréables à tous les degrés ? […] Pourtant il y a déjà là des effets difficiles à expliquer par la loi de simple intensité. […] Des organes de ce genre ne se peuvent expliquer par aucune forme de sélection, non plus que par les actions héréditaires de l’habitude ou du manque d’usage. […] Enfin ils expliquent les phénomènes de la reproduction, car la reproduction n’est, en définitive, qu’un mode, soit de division de cellules, soit de nutrition.
Dans l’astronomie, la suite des calculs et des observations qui, de Newton à Laplace, transforment la science en un problème de mécanique, expliquent et prédisent tous les mouvements des planètes et de leurs satellites, indiquent l’origine et la formation de notre système solaire, et débordent au-delà par les découvertes d’Herschel, jusqu’à nous faire entrevoir la distribution des archipels stellaires et les grandes lignes de l’architecture des cieux. — Dans la physique, la décomposition du rayon lumineux et les principes de l’optique trouvés par Newton, la vitesse du son, la forme de ses ondulations, et, depuis Sauveur jusqu’à Chladni, depuis Newton jusqu’à Bernoulli et Lagrange, les lois expérimentales et les théorèmes principaux de l’acoustique, les premières lois de la chaleur rayonnante par Newton, Kraft et Lambert, la théorie de la chaleur latente par Black, la mesure du calorique par Lavoisier et Laplace, les premières idées vraies sur l’essence du feu et de la chaleur, les expériences, les lois, les machines par lesquelles Dufay, Nollet, Franklin et surtout Coulomb expliquent, manient et utilisent pour la première fois l’électricité. — En chimie, tous les fondements de la science, l’oxygène, l’azote, l’hydrogène isolés, la composition de l’eau, la théorie de la combustion, la nomenclature chimique, l’analyse quantitative, l’indestructibilité de la matière et du poids, bref les découvertes de Scheele, de Priestley, de Cavendish et de Stahl, couronnées par la théorie et la langue définitives de Lavoisier. — En minéralogie, le goniomètre, la fixité des angles et les premières lois de dérivation par Romé de Lisle, puis la découverte des types et la déduction mathématique des formes secondaires par Haüy. — En géologie, les suites et la vérification de la théorie de Newton, la figure exacte de la terre, l’aplatissement des pôles, le renflement de l’équateur328, la cause et la loi des marées, la fluidité primitive de la planète, la persistance de la chaleur centrale ; puis, avec Buffon, Desmarets, Hutton, Werner, l’origine aqueuse ou ignée des roches, la stratification des terrains, la structure fossile des couches, le séjour prolongé et répété de la mer sur les continents, le lent dépôt des débris animaux et végétaux, la prodigieuse antiquité de la vie, les dénudations, les cassures, les transformations graduelles du relief terrestre329, et à la fin le tableau grandiose où Buffon trace en traits approximatifs l’histoire entière de notre globe, depuis le moment où il n’était qu’une masse de lave ardente jusqu’à l’époque où notre espèce, après tant d’autres espèces détruites ou survivantes, a pu l’habiter Sur cette science de la matière brute, on voit en même temps s’élever la science de la matière organisée. […] La digestion est expliquée par Réaumur et Spallanzani, la respiration par Lavoisier ; Prochaska constate le mécanisme des actions réflexes ; Haller et Spallanzani expérimentent et décrivent les conditions et les phases de la génération. […] Condillac, pour expliquer l’usage des signes et la filiation des idées, écrit des abrégés d’arithmétique, d’algèbre, de mécanique et d’astronomie333. […] On peut expliquer sa structure, si bizarre qu’elle soit, ses institutions, si contradictoires qu’elles paraissent.
On sait que dans cette théorie, on explique toutes les propriétés des gaz par une hypothèse simple ; on suppose que toutes les molécules gazeuses se meuvent en tous sens avec de grandes vitesses et qu’elles suivent des trajectoires rectilignes qui ne sont troublées que quand une molécule passe très près des parois du vase ou d’une autre molécule. […] Je l’ai expliqué au § précédent, c’est avant tout une classification, une façon de rapprocher des faits que les apparences séparaient, bien qu’ils fussent liés par quelque parenté naturelle et cachée. […] C’est ce qui explique comment on voit les physiciens actuels passer sans aucune gêne du langage de Fresnel à celui de Maxwell. […] Mais après ce que nous venons d’expliquer dans la quatrième partie, nous pouvons aller plus loin. […] Dans le système de Ptolémée, les mouvements des corps célestes ne peuvent s’expliquer par l’action de forces centrales, la Mécanique Céleste est impossible.
Nulle part d’abord il ne nous explique précisément ce qu’il entend par le génie. […] Confondre tant de faits différents, les expliquer tous de la même manière et pour des analogies superficielles qui peuvent se trouver incidemment entre l’un de ces états et la folie, conclure que le génie pris en soi est essentiellement de même nature que la folie, c’est méconnaître toutes les lois de l’observation scientifique. […] Si les hommes de génie sont nécessairement maladifs, que l’on explique comment l’on trouve tant d’exemples de longévité dans les hommes supérieurs, et en particulier chez les savants et les hommes de lettres. […] Lorsqu’il se présente un homme d’une intelligence supérieure, il faut, pour expliquer cette supériorité, faire la part 1° de la spontanéité de l’âme ; car, comment prouver qu’elle soit nulle ? […] Qui expliquera ces étranges phénomènes ?
— Il existe un phénomène, en connexion avec les différences individuelles, très difficile à expliquer. […] Pour moi, j’incline à croire que nous voyons dans les genres polymorphes des variations de structure qui, n’étant ni utiles, ni nuisibles aux espèces qu’elles ont affectées, n’ont pas été rendues définitives par sélection naturelle, ainsi que nous l’expliquerons bientôt. […] La transition d’un degré de différence à un autre plus élevé peut être attribuée simplement, en quelques cas, à l’action longtemps continuée des conditions physiques en deux différentes régions ; mais je n’ai pas une grande confiance en l’action de tels agents ; et j’attribue plutôt les modifications successives d’une variété, qui passe d’un état très peu différent de celui de l’espèce mère à une forme qui en diffère davantage, à la sélection naturelle agissant de manière à accumuler dans une direction donnée des différences d’organisation presque insensibles, ainsi que je l’expliquerai bientôt plus longuement. […] Mais lorsque nous en viendrons à discuter le principe que j’ai nommé de la divergence des caractères, nous verrons comment on peut l’expliquer, et comment les moindres différences qui distinguent les variétés tendent à s’accroître pour former les différences plus profondes qui séparent les espèces. […] Mais, comme nous l’expliquerons plus tard, par suite des phases successives de ce mouvement d’accroissement, les plus grands genres tendent aussi à se briser en des genres moindres.
Ce n’est point faire injure à un siècle ni à une race que d’expliquer ses croyances par ses inclinations primitives et par ses habitudes générales ; ce n’est point faire injure à l’éclectisme que d’expliquer sa réussite par le génie et par les inclinations de son pays et de son temps. […] L’Institut venait de couronner sur la tête de La Harpe la critique régulière et plate, et les esprits les plus fins ne faisaient que retourner ou expliquer le Traité des sensations et la Langue des calculs. […] Chacun prétendit expliquer l’homme et le monde, et par surcroît sauver l’humanité. […] Toutes ces raisons semblent annoncer qu’on énumérera longtemps encore les trois facultés, la première, la seconde et la troisième, et que, jusqu’à la fin du siècle, pour expliquer l’idée de l’infini, on dira qu’elle vient de la raison, faculté de l’infini.
Mais il va de soi qu’elles ne peuvent, à elles seules, tout expliquer ; qu’elles ont besoin d’être complétées par des causes et lois secondaires qui s’appliquent au détail du mouvement. […] Le jour où l’on aura su, ne fût-ce que dans la vie littéraire d’une nation, expliquer l’apparition et la disparition de tant de goûts divers, enchaîner l’une à l’autre les transformations subies par l’idée de beauté et les répercussions exercées par la littérature sur les autres branches de l’activité humaine, on aura certes accompli une œuvre dont la critique et la sociologie pourront tirer une grande utilité.
L’émotion qu’on éprouve en lisant leurs vers fait bien sentir que la nature même s’y explique en sa propre langue. […] C’est ainsi qu’il s’en explique lui-même dans le chapitre que j’ai déja cité.
Et cependant cette œuvre s’explique par son caractère. […] Le malheur, c’est que le pauvre homme veut expliquer la nature sans être savant, et en se passant de la science. […] Il explique ridiculement la création : mais il a bien regardé les créatures.
Des exemples expliqueront ce que je veux dire. […] L’historien regarde alors la fin du xviie siècle pour mieux s’expliquer le xviiie siècle. […] J’ai réduit au minimum les preuves dont on peut étayer ces conclusions39 ; la démonstration, pour écourtée qu’elle soit, me paraît cependant suffire à établir qu’il est possible de déterminer les causes qui expliquent un ensemble de faits.
Rappelons brièvement comment l’Ecole écossaise explique la perception extérieure. A proprement parler, elle ne l’explique point ; tout se réduit à dire que nous percevons le monde externe, parce que nous avons la faculté de le percevoir. […] Quoique l’ensemble de ses arguments ne paraisse pas de nature à produire la conviction, il faut reconnaître qu’il a produit des faits difficiles à expliquer dans l’opinion contraire à la sienne.
Ce ne sont que tautologies éternelles, des explications qui expliquent l’expliqué ou qui n’expliquent pas l’inexplicable !
Ce temps est d’environ six ans : on y joint vers la fin quelque connaissance très superficielle du grec : on y explique, tant bien que mal, les auteurs de l’antiquité les plus faciles à entendre ; on y apprend aussi, tant bien que mal, à composer en latin ; je ne sache pas qu’on y enseigne autre chose. […] Quand on est forcé d’expliquer une idée, par le moyen de plusieurs idées accessoires, il faut au moins que le nombre de ces idées soit le plus petit qu’il est possible. […] Mais comme les définitions consistent à expliquer un mot, par un ou plusieurs autres, il résulte nécessairement de là qu’il est des mots qu’on ne doit jamais définir, puisque autrement toutes les définitions ne formeraient plus qu’une espèce de cercle vicieux, dans lequel un mot serait expliqué par un autre mot qu’il aurait servi à expliquer lui-même. […] Mais il faut avoir grand soin d’expliquer ce sens métaphorique, qui fait une des principales richesses des langues, et par le moyen duquel, sans multiplier les mots, on est parvenu à exprimer un très grand nombre d’idées. […] Les synonymes, en prenant ce mot dans le sens que nous venons d’expliquer, sont très fréquents dans notre langue.
. — « C’est la misère qu’elle représente, explique le père. […] Ils feront comme les débiteurs qui augmentent sans cesse le chiffre de leurs dettes. » C’est ainsi que le sérigne expliqua à son fils ce que ce dernier avait vu.
Il s’est cru dégagé, comme il l’explique dans sa Préface, d’un scrupule excessif et il publie ce livre : l’Histoire de la puissance pontificale 179, lequel, d’ailleurs, ne renversera rien, mais instruira les esprits sérieux qui aiment, sans trop de détail, à se rendre compte de la suite des choses et à s’expliquer les résultats.
Quand un livre qui a la prétention de raconter et d’expliquer les cent dernières années qui viennent de s’empreindre si profondément sur l’Europe ne renferme que les connaissances les plus superficielles, et les moins sûres encore dans leur superficialité, et, de plus, quand c’est l’inconséquence, non pas seulement d’une tête faible, mais d’un distrait, qui se sert de ces connaissances pour en tirer de ces jugements sans cesse contredits et abolis les uns par les autres, la Critique peut passer outre avec moins de dédain que de pitié. […] Quoi donc explique l’estime faite d’un pareil ouvrage en Italie ?
C’est de cette partie que ce même poète a dit : Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué. […] Il faut expliquer tout ce qui le demande, et rien au-delà. […] Dès le premier acte, l’arrivée d’Ériphile est annoncée ; on explique même le sujet de sa venue. […] J’avoue qu’il est quelquefois bien agréable sur le théâtre de voir un homme seul ouvrir le fond de son âme, de l’entendre parler hardiment de toutes ses plus secrètes pensées, expliquer tous ses sentiments, et dire tout ce que la violence de sa passion lui suggère ; mais il n’est pas toujours bien facile de le lui faire faire avec vraisemblance. […] Nous voyons des auditeurs ; et dès-lors le parleur ne nous paraît pas ridicule : ce n’est pas à eux qu’il s’adresse, mais c’est pour eux qu’il s’explique.
Quand plus tard il s’agira pour lui d’aller s’établir en Hollande, il laissera échapper son secret : « Le cartésianisme, dit-il, ne sera pas une affaire (un obstacle) ; je le regarde simplement comme une hypothèse ingénieuse qui peut servir à expliquer certains effets naturels… Plus j’étudie la philosophie, « plus j’y trouve d’incertitude. […] Écoutez-le disant à son frère cadet qui le consulte : « Ce qui est propre à l’un ne l’est pas à l’autre ; il faut donc faire la guerre à l’œil et se gouverner selon la portée de chaque génie… il faut exercer contre son esprit le personnage d’un questionneur fâcheux, se faire expliquer sans rémission tout ce qu’il plaît de demander. » Comme cela est joli et mouvant ! […] Une des conditions du génie critique dans la plénitude où Bayle nous le représente, c’est de n’avoir pas d’art à soi, de style : hâtons-nous d’expliquer notre pensée. Quand on a un style à soi, comme Montaigne, par exemple, qui certes est un grand esprit critique, on est plus soucieux de la pensée qu’on exprime et de la manière aiguisée dont on l’exprime, que de la pensée de l’auteur qu’on explique, qu’on développe, qu’on critique ; on a une préoccupation bien légitime de sa propre œuvre, qui se fait à travers l’œuvre de l’autre, et quelquefois à ses dépens. […] , I, 184) où il explique pourquoi il n’était pas en bonne odeur de religion. — L’illustre Joseph de Maistre, si acharné aux athées, ne s’est pas montré trop rigoureux à l’endroit de Bayle : « Bayle même, le père de l’incrédulité moderne, ne ressemble point à ses successeurs.
Jamais il ne devance les impressions et le jugement du public : il se contente de les expliquer, et je trouve même qu’il se défend un peu trop de les contredire. […] Et pour nous les suggérer, pour nous les rendre vraisemblables, le romancier a tout son temps : il nous explique les choses à loisir, comme il veut, aussi longuement qu’il veut. […] Le poète dramatique n’a pas le temps de les expliquer par le menu, de nous en faire toucher du doigt la possibilité. […] — Moi, mon ami, je ne l’explique pas, et cela m’est parfaitement égal, parce qu’au théâtre je ne songe pas à l’objection. Tout ce que je puis te dire, ô critique pointu, c’est que, s’ils s’étaient expliqués auparavant, ce serait dommage parce qu’il n’y aurait pas de pièce et que la pièce est admirable.
À aucun degré, en aucun sens, sous aucun aspect il ne sert à préparer, encore moins à expliquer une représentation. […] Tandis que la moelle transforme les ébranlements reçus en mouvement plus ou moins nécessairement exécuté, le cerveau les met en rapport avec des mécanismes moteurs plus ou moins librement choisis ; mais ce qui s’explique par le cerveau dans nos perceptions, ce sont nos actions commencées, ou préparées, ou suggérées, ce ne sont pas nos perceptions mêmes. — S’agit-il du souvenir ? […] Tantôt, en effet, par une reconnaissance toute passive, plutôt jouée que pensée, le corps fait correspondre à une perception renouvelée une démarche devenue automatique : tout s’explique alors par les appareils moteurs que l’habitude a montés dans le corps, et des lésions de la mémoire pourront résulter de la destruction de ces mécanismes. […] Aussi n’a-t-il pu expliquer ni comment le souvenir adhère à la perception qui l’évoque, ni pourquoi l’association se fait par ressemblance ou contiguïté plutôt que de toute autre manière, ni enfin par quel caprice ce souvenir déterminé est élu parmi les mille souvenirs que la ressemblance ou la contiguïté rattacherait aussi bien à la perception actuelle. […] Ils lui reprochent d’expliquer par des associations les opérations supérieures de l’esprit, mais non pas de méconnaître la vraie nature de l’association elle-même.
Qui serait le premier étonné de s’entendre expliquer et commenter de la sorte ? […] » Je ne voudrais jamais que telle chose se pût dire de l’auteur, de l’artiste que l’on explique, même après des siècles, et que l’on commente. […] On serait animé par une idée bien flatteuse et par un puissant mobile, par la pensée qu’on l’instruit, lui aussi, qu’on lui fait faire un pas de plus dans la connaissance de lui-même et de la place qu’il tient dans la renommée ; on jouirait de sentir qu’on lui développe un côté de sa gloire, qu’on lui lève un voile qui lui en cachait quelque portion, qu’on lui explique mieux qu’il ne le savait son action sur les hommes, en quoi elle a été utile et salutaire, et croissante ; on oserait ajouter en quoi aussi elle a été moins heureuse et parfois funeste. […] On amènerait Racine jusqu’à comprendre l’éloge de Shakespeare, et on expliquerait devant Bossuet la tolérance. […] Ce qu’il faut lui répondre quand il s’exprime avec une affirmation si absolue, c’est que, entre un fait si général et aussi commun à tous que le sol et le climatu, et un résultat aussi compliqué et aussi divers que la variété des espèces et des individus qui y vivent, il y a place pour quantité de causes et de forces plus particulières, plus immédiates, et tant qu’on ne les a pas saisies, on n’a rien expliqué.
Au lieu d’une méthode factice et abstraite qui prenant la volonté toute constituée, à son âge adulte, ne peut l’expliquer qu’à demi, nous avons ici une méthode naturelle et concrète qui complète l’étude statique par l’exposition dynamique. […] Nous avons déjà vu (ch. 1er, § 3. ci-dessus) qu’il existe en nous une activité spontanée qui se déploie sans cause extérieure qui l’excite, et qui ne peut s’expliquer que par une surabondance, un excès, une effusion de puissance ; qu’elle se montre surtout dans l’activité sans repos de l’enfance et du jeune âge ; qu’elle agit sur nos membres locomoteurs, et que souvent même des cris et émissions de voix sont dus à un trop-plein d’énergie centrale. […] Sur ce point important, laissons-le s’expliquer lui-même. […] La théorie newtonienne de la gravitation explique d’une manière complète et scientifique les phénomènes naturels ; mais à l’idée de gravité substituez une autre idée. celle d’une polarité, par exemple, telle qu’elle existe dans un aimant ; faites en le type et le fond de toutes les forces de la nature, et voyez comme tout se brouille, comme vous substituez à une explication simple un mystère inintelligible.
Ainsi c’est avec raison qu’Aristote dit que ces beautez naissoient séparément, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, que leurs berceaux étoient differents. […] Voici ce qu’a écrit, au sujet des endroits de la poëtique d’Aristote que nous avons taché d’expliquer, un des derniers commentateurs de cet ouvrage, dans ses remarques sur le sixiéme chapitre. […] Or comme Quintilien s’explique dogmatiquement dans l’endroit qui vient d’être cité, il se seroit bien donné de garde de se servir du terme carmen pour dire un chant musical, et d’emploïer ce mot dans un sens aussi opposé à la signification abusive que l’usage lui donnoit.
On n’a pas assez de temps pour se bien expliquer et, même quand on parle trop, il semble toujours que l’on n’a rien dit ! […] Je concède Balzac, et même Stendhal, si l’on veut, dont nous avons expliqué la survivance. […] Il ne s’est pas douté une minute que son explication n’expliquait rien et qu’elle finit même par être fausse, à force d’être vraie ; car, enfin, un médiocre prosateur peut avoir dit tout ce qu’il voulait dire, rien que ce qu’il voulait dire et comme il croyait qu’il fallait le dire et néanmoins ce prosateur peut très bien avoir écrit une page inexpressive, incolore et banale.
Pour notre compte, nous n’aimons pas beaucoup ces titres spirituels qu’il faut expliquer par une préface et qu’on met à la tête de ces choses si simples et qui pourraient être si grandes : — des vers. […] Il nous a expliqué un titre sur lequel l’imagination rêve pour se tromper ; car ce titre ne dit pas nettement ce qu’il veut dire, contrairement au devoir d’un titre, qui est tenu d’être transparent comme un cristal. […] Voulant tout expliquer, dictant à tout ses lois, Sa raison ne vaut pas ses rêves d’autrefois.
Elle juge, elle classe, elle explique. […] Homme de génie il s’est expliqué sur le génie avec génie. Homme partial il s’est expliqué avec partialité. […] Je vais m’expliquer. […] Il a expliqué plus qu’il n’a senti, il a voulu expliquer plus qu’il n’a expliqué ; ses généralisations oratoires et ses tableaux pittoresques datent infiniment plus que les analyses moins ambitieuses de Sainte-Beuve.
— Il a trop d’esprit pour cela : il ne fait qu’ordonner les meilleures théories et expliquer les meilleures pratiques. […] Elle explique toutes les théories de Mill. […] Si nous les possédions toutes, nous pourrions tout expliquer par elles, mais nous ne saurions les expliquer elles-mêmes. […] Dans la première, on l’admet ; dans la seconde, on l’explique. […] Ils peuvent être décomposés et expliqués.
Elle explique toutes les théories de Mill. […] Elle est obligée de supposer ou de reconnaître quelque état primordial d’où elle part et qu’elle n’explique pas. […] 41 Si nous les possédions toutes, nous pourrions tout expliquer par elles, mais nous ne saurions les expliquer elles-mêmes. […] Dans la première, on l’admet ; dans la seconde, on l’explique. […] Ils peuvent être décomposés et expliqués.
Aujourd’hui, en présence d’un succès dû évidement à cette pensée et qui a dépassé toutes ses espérances, il sent le besoin d’expliquer son idée entière à cette foule sympathique et éclairée qui s’amoncelle chaque soir devant son ivre avec une curiosité pleine de responsabilité pour lui. […] Il essaiera peut-être quelque jour, dans un ouvrage spécial, d’expliquer en détail ce qu’il a voulu faire dans chacun des divers drames qu’il a donnés depuis sept ans.
Conclusion Expliquez donc votre pensée. […] — Expliquez donc votre pensée, car nous ne pouvons pas la deviner. […] Expliquez donc votre pensée, car nous ne pouvons pas la deviner.
Ce précieux papyrus, qui était signé par Aristophane de Bysance, affirme bien une fois de plus une influence que personne ne conteste, mais il ne l’explique pas, et, nous disons plus, il ne pouvait pas l’expliquer. […] Ainsi Diane de Poitiers, qui fut aimée de deux générations, et avec une passion plus folle à la seconde qu’à la première ; ainsi madame de Maintenon, qui, sans jeunesse, inspira à Louis XIV blasé un amour durable, et fut plus forte dans ce cœur qui avait tout éprouvé que le spleen de la toute-puissance, sont des exemples éclatants de ce pouvoir étrange que les moralistes cherchent à expliquer, mais qui leur résiste et les étonne.
L’adultère public de ces Rois très-chrétiens, dont l’exemple frappait au cœur la famille et la pourrissait, explique plus, selon nous, que toutes les fautes de la politique, les malheurs de cette race brillante et infortunée. […] Et sa vie tout entière révéla cette pensée, et cette pensée, inspirée par sa mère, explique seule sa vie ! Elle en explique tout : et la confiance, et la gaîté, et l’entraînante coquetterie, et les torts imprudents, comme disent les gens plus légers qu’elle qui l’ont accusée de légèreté, et les malheurs, et les calomnies, et les larmes !
L’adultère public de ces Rois très-chrétiens, dont l’exemple frappait au cœur la famille et la pourrissait, explique plus, selon nous, que toutes les fautes de la politique, les malheurs de cette race brillante et infortunée. […] Et sa vie tout entière révéla cette pensée, et cette pensée, inspirée par sa mère, explique seule sa vie ! Elle en explique tout, et la confiance, et la gaîté, et l’entraînante coquetterie, et les torts imprudents, comme disent les gens plus légers qu’elle, qui l’ont accusée de légèreté ; et les malheurs, et les calomnies, et les larmes !
En conséquence d’un de nos axiomes (les hommes qui veulent expliquer aux autres des choses inconnues et lointaines dont ils n’ont pas la véritable idée, les décrivent en les assimilant à des choses connues et rapprochées), la géographie poétique, prise dans ses parties et dans son ensemble, naquit dans l’enceinte de la Grèce, sous des proportions resserrées. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine.
L’intensité de ces sensations varie comme la cause extérieure dont elles passent pour être l’équivalent conscient : comment expliquer l’invasion de la quantité dans un effet inextensif, et cette fois indivisible ? […] Dans le monde moral, comme dans le monde physique, l’attraction sert à expliquer le mouvement plutôt qu’à le produire. […] Mais le son resterait qualité pure, si nous n’y introduisions l’effort musculaire qui le produirait, ou la vibration qui l’explique. […] Mais c’est cette égalité qui nous paraît contestable : il est facile d’expliquer, en effet, comment une sensation d’intensité lumineuse peut être dite à égale distance de deux autres. […] Or, non seulement vous ne sauriez expliquer en quel sens ce passage est une quantité, mais vous vous apercevrez, en y réfléchissant, que ce n’est même pas une réalité ; il n’y a de réels que les états S et S′ par lesquels on passe.
Ce document, qui paraît provenir originairement du cardinal Loménie de Brienne, consiste en un recueil manuscrit des lettres particulières de Bernis écrites par lui durant son ministère à M. de Choiseul, alors ambassadeur à Vienne, et qui devait être son successeur aux Affaires étrangères : quelques autres lettres de Bernis à la marquise de Pompadour et au roi, écrites sur la fin de son ministère et dans les premiers moments de sa disgrâce, expliquent les causes de sa retraite et de sa chute plus exactement qu’on ne les savait. […] Les fautes, depuis cette époque, ont été entassées de façon qu’on ne pourrait guère les expliquer qu’en supposant de mauvaises intentions. […] Il s’en explique nettement dans une lettre à Choiseul du 6 janvier 1758, et lui découvre sa pensée avant même de s’en être ouvert au roi : Mon avis serait, dit-il, de faire la paix et de commencer par une trêve sur terre et sur mer. […] Choiseul pourtant résiste au conseil ; il croit y voir honte et danger ; il fait des objections et amène Bernis à s’expliquer sur cette paix qui est de nature à rompre l’alliance. […] « Il n’y a qu’un ministre nouveau qui puisse prendre de nouveaux engagements. — Le duc de Choiseul est le seul qui puisse soutenir le système du roi ou le dénouer. » Telle est l’idée juste de Bernis ; mais, en tant qu’il se l’appliquait personnellement et qu’il la retournait contre lui-même, cette idée lui devenait un remords poignant et insupportable, et c’est ce qui explique ce mot de déshonneur qui revient si souvent sous sa plume : Souvenez-vous, écrit-il à Mme de Pompadour (dans la soirée du 26 septembre), qu’il est impossible que ce soit moi qui sois chargé de rompre les traités que j’ai faits.
On a peine, en effet, à s’expliquer ce décri soudain et absolu qui pesa sur lui, sans appel, dès le premier jour ; de plus indignes, assurément, ont eu moins de guignon. […] Il nous explique cela bien doucement quelques années après, à l’occasion de manuscrits considérables qu’il se voit obligé de retenir en portefeuille, « parce que, dit-il ingénument, les libraires qui regardent leur profit s’en sont un peu défiés pour le débit, ne l’ayant eu que fort médiocre pour mes autres ouvrages et même pour ma traduction de Virgile, qui est la plus juste, la plus belle et la plus élégante de toutes celles que j’ai faites, lesquelles néanmoins25 vont fort lentement en comparaison de beaucoup d’autres qui se débitent en foule… » Personne plus que lui ne donne de curieux détails sur son propre discrédit et sur sa baisse de plus en plus profonde. […] Je ne m’en suis vengé que par le mépris, suivant votre conseil salutaire… Ces dernières paroles nous expliquent la vivacité qu’y mettait Chapelain : il y avait guerre entre eux. […] La Monnoye a cherché à expliquer comment un homme, après tout aussi instruit, avait pu commettre une telle balourdise, et comment il avait été conduit à prendre Moschus pour le titre d’une idylle dont L’Amour fugitif faisait partie. Il y a des étourderies qu’on perd sa peine à vouloir expliquer.
Quant au titre principal : Aux lueurs des feux de veillée, il s’explique par les conditions dans lesquelles se racontent généralement ces récits. […] Enfin, la différence des races et l’infériorité des noirs sont expliqués par des contes divers de Laumann, d’Ollone, d’Arcin 13 et de Bérenger-Féraud 14. […] La légende se fait historique ou quasi-historique pour expliquer l’origine de divers téné15. […] Le plus souvent ils donnent la cause originelle des particularités physiques de certains animaux : les zébrures horizontales du pelage de l’hyène (L’hyène et l’homme son compère) ; la déclivité de son arrière-train (Les générosités de l’hyène — La chèvre grasse) ; les rayures abdominales de la biche (La femme-biche) ; ils expliquent pourquoi les grenouilles n’ont plus de queue (La grenouille indiscrète) pourquoi le cheval arbore un si beau panache et l’hippopotame, un moignon ridicule, en guise d’appendice caudal ; d’où vient l’enfoncement des yeux du singe dans leurs orbites (Le singe ingrat). Ils expliquent encore les habitudes qu’ont certains animaux : les tourterelles, d’aller toujours par deux (Les deux jumelles) ; l’hyène, de farfouiller dans la paille bottelée (L’hyène commissionnaire) ; les poules, d’éparpiller leur manger (Pourquoi les poules etc…) ; les motifs qu’a la race caprine de redouter l’eau (La peur de l’eau) ceux qu’elle eut de se résigner à la domestication (Les chèvres domestiquées).
Une définition a priori de la comédie a donc un sens inintelligible et absurde, et deux sens plus aisés à comprendre, que je vais tâcher d’expliquer. […] Dans le récit où Agnès explique à son tuteur comment elle a fait la connaissance d’Horace, n’y a-t-il pas autant d’action, plus même que nous n’en pourrions voir, si la chose se passait sur le théâtre ? […] Il explique les variations, les défaillances et les erreurs du sentiment littéraire chez Uranie. Il explique pourquoi le Marquis et M. […] Il explique enfin comment les sentiments d’Uranie, ainsi que ceux de M.
Supposer du surnaturel pour expliquer ces merveilleux effets, c’est faire injure à la nature humaine, c’est prouver qu’on ignore les forces cachées de l’âme, c’est faire comme le vulgaire, qui voit des miracles dans les effets extraordinaires dont la science explique le mystère. […] De même qu’une classification n’explique qu’une seule série linéaire des êtres et en néglige forcément plusieurs tout aussi réelles qui croisent la première et exigeraient une classification à part, de même toutes les lois n’expriment qu’un seul système de relations et en omettent nécessairement mille autres. […] Personne, grâce à Dieu, n’est plus tenté, de nos jours, d’aborder les religions avec cette dédaigneuse critique du XVIIIe siècle, qui croyait tout expliquer par des mots d’une clarté superficielle : superstition, crédulité, fanatisme. […] Cela s’explique dans toutes les hypothèses naturelles ; car il ne faut point être plus difficile pour les Évangiles que pour les autres récits historiques ou légendaires, lesquels offrent souvent des contradictions bien plus fortes. […] Voilà, certes, une formule qui renferme une très grande part de vérité ; mais comment croire qu’elle explique toute chose ?
L’école de Jean est celle dont on aperçoit le mieux la suite durant le IIe siècle ; or, cette école ne s’explique pas si l’on ne place le quatrième évangile à son berceau même. […] Les affiliés de l’école traitaient Marc de biographe médiocre, et avaient imaginé un système pour expliquer ses lacunes 58. […] Mais ce procédé, dont il ne faut pas nier l’importance, ne saurait tout expliquer. […] Chercher à expliquer ces récits ou les réduire à des légendes, ce n’est pas mutiler les faits au nom de la théorie ; c’est partir de l’observation même des faits. […] Les mouvements antérieurs n’appartiennent à notre sujet qu’en ce qu’ils servent à expliquer ces hommes extraordinaires, lesquels ne peuvent naturellement avoir été sans lien avec ce qui les a précédés.
Inutile d’ajouter que, dans l’expérience, jamais psychologue n’arrivera devant un tel gouffre ; jamais il n’aura le droit de prétendre que ce qu’il n’a pu expliquer soit pour cela inexplicable. Aucun physiologiste ne peut expliquer dans le menu détail pourquoi et comment tel homme meurt, ni réduire tous les facteurs de cette mort en équation complète ; est-ce une raison pour qu’il attribue la mort soit à un acte de libre arbitre, soit à un hasard, soit à un miracle ? […] Il en résulte que, quand j’agis sous l’influence de telles pensées, il reste toujours la pensée même qui n’est pas tout entière expliquée par ses objets ; si bien que l’acte intelligent ne paraît jamais lui-même complètement expliqué par les objets de l’intelligence. […] Or un acte qui, sous un rapport quelconque, n’a pas de raison capable d’expliquer pourquoi il est tel et non tel, n’est-ce pas un acte de liberum arbitrium indifferentiæ ? […] L’indéterminisme ne consiste pas seulement à prétendre que les mêmes effets ne s’expliquent pas par les mêmes causes, mais aussi que des effets toujours changeants et nouveaux ne s’expliquent pas par quelque changement et quelque nouveauté dans les causes.
Mais enfin, si nous voulons porter avec les couronnes l’hommage de notre admiration, il ne serait rien de la dire sans l’expliquer, fût-ce en deux mots. […] En revanche tous les sonnets imponctués, les beaux sonnets, on se souvient, pieusement glosés par Teodor de Wyzewa, irrévérencieusement expliqués par des cuistres joviaux. […] À ne répéter point ce qui fut écrit, et Mendès est si près de tout écrire, quand il veut écrire, faute aussi de pouvoir déjà expliquer historiquement Heredia, dont les origines me sont confuses, je n’ai guère que quelques redressements à proposer de l’opinion qu’on se fait communément de Heredia et des Trophées, opinion en moyenne assez juste et raisonnable. […] » s’est exclamé ironiquement mon maître Heredia, après avoir expliqué la nature passionnée de Leconte de Lisle.
Par exemple, lorsqu’un enfant désire jouer, qu’est-ce qui constitue l’impulsion intérieure par laquelle il est entraîné, et que Spencer, en somme, n’explique pas ? […] C’est ce qui fait qu’on ne peut pas expliquer l’appétition sensible par des complications purement mécaniques d’actes réflexes. […] Au moment où un éclair jaillit de la nue, nous avons beau regarder dans notre conscience, nous n’y trouvons rien qui explique pourquoi nous avons la sensation de lumière soudaine. […] Or, ce qui est à expliquer pour le psychologue, ce n’est pas un mouvement comme celui d’une horloge insensible, c’est un mouvement vital et appétitif, qui se sent lui-même et se rend compte de lui-même à lui-même.
D’ailleurs, nous voïons que ceux qui ne sont pas initiez aux mysteres de ce spectacle, n’entendent gueres ce que les pantomimes veulent dire, à moins que celui auprès de qui ils sont placez ne le leur explique. […] C’est ainsi qu’il s’en explique dans la lettre qu’il écrit au nom de Théodoric roi des ostrogots, à Simmaque préfet de Rome, pour lui ordonner de faire réparer le théatre de Pompée aux depens de ce prince. […] J’alleguerai comme une espece de preuve de ce que je viens d’avancer, le livre d’un auteur italien, Giovanni Bonifacio, intitulé, l’ arte de’ cenni ou l’art de s’expliquer par signes. […] L’équivoque affecté qui se trouve dans les derniers mots de ce passage, s’explique par ce que Tertullien dit de la passion effrenée que les hommes et les femmes avoient alors pour les pantomimes.
Comment parviendra-t-on cependant à expliquer ce qui est inexplicable en soi ? […] Cet état si nouveau dans la société sera soumis à un examen attentif ; et si nous ne pouvons l’expliquer, il aura toujours été utile de le faire remarquer, pour que désormais il entre comme élément de calcul dans toutes les théories politiques. […] Toutes ces choses seront expliquées à mesure que mes idées pourront se développer. […] Ceci n’est pas en contradiction avec ce qui a été dit plus haut ; car une telle suspension de la puissance conservatrice, de l’énergie vitale, pouvait en effet entraîner la destruction et la mort ; c’est même ce qui explique et excuse, au jugement des hommes qui se sont fait un devoir de l’impartialité, les opinions de ceux qui ont admis le 20 mars comme fait nouveau, et qui en ont déduit la nécessité de modifier nos institutions futures.
L’auteur du Traité du verbe nous explique ce que c’est que le symbole : « Agitons que pour le repos vespéral de l’amante le poêle voudrait le site digne qui exhalât vaporeusement le mot aimer. […] Il est très vrai que la plus belle poésie est faite d’images, mais d’images expliquées. […] Mais il ne l’explique pas, il en jouit tout seul. […] Quand on a trouvé que le lieu est un cabaret, tout s’explique assez aisément. […] Comment expliquer cela ?
Cela explique le coup de folie du romantisme, dans la première moitié du siècle. […] Cela expliquera une fois de plus mon attitude. […] Il a eu d’immenses succès, cela s’explique, et je trouve cela très bon. […] Le producteur lui donne et lui explique le produit. […] J’accepte tout l’homme, seulement je l’explique par la science.
. — Par là s’explique la persistance des impressions d’enfance. — En quoi consiste l’attention. — Concurrence entre nos diverses images. — La loi de sélection naturelle s’applique aux événements mentaux. — Autre circonstance qui augmente l’aptitude à renaître. — La répétition. — Exemples. — Pourquoi ces deux circonstances augmentent l’aptitude à renaître. […] Tout était expliqué ; ma mémoire, excellente pour les mots, gardait le souvenir de ces noms associés, sur lesquels mes yeux avaient dû se porter, alors que je cherchais (et cela avait eu lieu deux mois auparavant) un dépôt d’eaux minérales. […] Cet ascendant exclusif et momentané d’un de nos états explique son aptitude plus durable à renaître et à renaître plus intact. […] IV Les mêmes lois expliquent l’événement contraire ; en supprimant ou en affaiblissant les conditions qui augmentent pour une image les chances de renaissance et de prépondérance, on supprime ses chances d’empire et de résurrection. — En premier lieu, tout ce qui diminue l’attention diminue ces chances. […] Un peu de réflexion cependant expliqua l’anomale.
Ainsi, dans le cours que les nouveaux bacheliers étaient tenus, de faire pendant trois mois à titre d’épreuve, on le voit expliquer les Aphorismes d’Hippocrate et l’Ars parva de Galien, d’après des manuscrits qui lui appartenaient. […] Quoiqu’il parût aimer tout de l’antiquité, il en préféra cependant la partie scientifique, et, entre le latin et le grec, il eut plus de goût pour le grec, ce sans lequel, dit Gargantua à son fils, c’est « honte qu’une personne se dise savant. » Ses préférences scientifiques s’expliquent-elles par sa profession de médecin, ou n’est-ce pas plutôt son goût pour les choses positives qui lui avait donné l’idée de se faire médecin ? […] Essayer d’analyser cet ouvrage, ou de l’expliquer, ne serait ni possible ni utile. […] Certains critiques, en voulant trouver le sens historique de l’ouvrage de Rabelais et expliquer toutes ses énigmes, ont ajouté à ses obscurités celles de leurs propres contradictions. […] Telle en est la richesse, que, par une illusion très-facile à expliquer, nous croyons avoir dégénéré, sous ce rapport, de ceux que Pasquier appelle les pères de notre idiome 62.
Il y a là une sorte de nécessité psychologique parfois inexplicable ou même que l’on voudrait ne pas expliquer pour lui laisser son caractère même de nécessité, c’est-à-dire de mystère. […] Les noms qui veulent expliquer sa feuille contiennent presque tous l’idée de pied de poule (ou de coq), ou l’idée de patte de grenouille180, cette dernière idée souvent abrégée en l’idée de grenouille ; ceux qui veulent peindre sa fleur, l’idée d’or ou de jaune. […] De même on s’explique assez facilement la fréquence linguistique du chèvrefeuille (ital. : caprifoglio ; all. : geissblatt ; holl. : geitenblad ; dan. : giedeblad ; suéd. : getblad), tous ces noms modernes ne sont peut-être que la traduction de caprifolium. […] L’idée plaisante que le fourmi-lion est le « lion des fourmis » égaie quelques dictionnaires : que de mal ont pris les grammairiens pour expliquer logiquement les mœurs d’un insecte par une déformation linguistique ! […] Cela s’explique par les relations des pharmaciens et des cueilleuses de simples.
On sait que Darwin explique l’origine des espèces par un accident dans la génération individuelle qui s’est produit en un sens favorable aux conditions de la vie ; la modification accidentelle s’est fixée ensuite par l’hérédité, est devenue générale, spécifique : de là l’espèce biologique. […] Nous ne voulons pas dire que la formation du génie n’obéisse pas au fond à des lois scientifiques parfaitement fixes ; il n’y a rien sans doute dans le génie qui ne puisse s’expliquer par la génération, par l’hérédité, enfin par l’éducation et le milieu, à moins qu’on n’admette l’hypothèse scientifiquement étrange du libre arbitre dans le génie. […] Le plus souvent l’historien est comme le prophète après coup ; il cherche dans les mœurs, dans les lectures favorites, dans les circonstances de la vie les causes qui ont déterminé telle ou telle œuvre, et il ne s’aperçoit pas que toutes ces circonstances s’expliquent par les raisons mêmes qui ont produit l’œuvre : le génie intimement lié avec le caractère moral. […] C’est par le développement graduel de cette indépendance des esprits qu’il faut expliquer, dans le domaine de l’art, la persistance de moins en moins longue des écoles et leur multiplication, le caractère de moins en moins national des arts à mesure que la civilisation à laquelle ils appartiennent se développe et s’agrandit. […] Mais le principe de la répétition universelle n’explique pas l’innovation, l’invention, qui fait apparaître des formes jusque-là inconnues.
Homogénéité et hétérogénéité Nous n’avons jusqu’ici pris en considération, pour classer les formes des sociétés et expliquer le caractère égalitaire de quelques-unes d’entre elles, que la quantité de leurs éléments ; ce n’est nullement à dire que nous déprécions a priori l’importance de leur qualité. […] Par là s’expliquent certaines critiques que les hommes d’action adressent parfois à cette idée : « Conception de théoriciens qui n’ont pas vécu, rêve d’umbratiles ! […] Par là s’explique ce fait que dans les sociétés « métisses », tandis que les races anciennes disparaissent, il ne se forme pas, à vrai dire, de races nouvelles. […] Ainsi s’explique le perpétuel devenir et l’instabilité essentielle de la mode144 : les gens qui veulent être : « distingués » s’empressent de la quitter dès qu’elle devient « commune ». — Mais c’est cette variabilité même des modes qui, en même temps que leur multiplicité, limite l’influence anti-égalitaire de la mode. […] Par là s’expliquent les réflexions, en apparence contraires, qu’inspirent aux observateurs les spectacles contemporains.
Mais tenons-nous-en à l’usage commun de la langue : sans prétendre mesurer à la rigueur à quel point ce que nous nommons cause est vraiment cause, il suffit, pour notre sujet, que notre raison n’est pas satisfaite, tant qu’elle n’a pas expliqué bien ou mal pourquoi les choses sont comme elles sont et ce qui en résulte. […] La critique ne vise plus qu’à expliquer l’œuvre artistique ou littéraire : analyser les éléments qui la composent, rapporter chacun d’eux à son origine et trouver le pourquoi de leur combinaison : faire exactement la part des circonstances biographiques, de l’esprit du siècle, des dispositions de la race, isoler le plus possible ce résidu qui est plus grand dans les plus grandes œuvres, ce je ne sais quoi où l’on aboutit toujours, et qui est le génie individuel et inexpliqué. […] Mais vous éviterez dans cette enquête les fameux écueils signalés dès longtemps par les faiseurs de logiques et de rhétoriques : prendre pour cause ce qui n’est pas cause, ou ce qui est effet de la chose même qu’il s’agit d’expliquer, ou un effet parallèle de la cause même qu’on cherche ; prendre pour effet un simple, conséquent, comme pour cause un simple antécédent ; dans les faits complexes, attribuer à une cause ce qui vient de l’action combinée de causes multiples ; donner pour cause ce qui n’est que la condition, ou l’occasion ; se contenter trop aisément des causes finales.
Ce manque de prévoyance explique la vigueur avec laquelle on bat en brèche tout l’ancien régime, spirituel et temporel : on met en doute les principes de la religion et de la société, la révélation et le privilège. […] La science s’est substituée à la religion, pour expliquer à l’homme ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ce qu’il doit être. […] Aussi n’est-il pas difficile de s’expliquer ce qui advint de la littérature.
L’épilepsie, les maladies mentales et nerveuses 750, où le patient semble ne plus s’appartenir, les infirmités dont la cause n’est pas apparente, comme la surdité, le mutisme 751, étaient expliquées de la même manière. […] Les désordres qu’on expliquait par des possessions étaient souvent fort légers. […] Les faits doivent s’expliquer par des causes qui leur soient proportionnées.
Cela suffisait pour expliquer qu’on eût planté là un livre savant, écrit avec une virilité calme, par un esprit très respectueux des choses de l’Église parce qu’il y avait touché. […] Il n’était pas le résultat de ces accidents historiques toujours obscurs pour l’historien, et que trop souvent il explique comme le grand Frédéric expliquait ses accidents de bataille… par Sa Majesté le Hasard.
Ce qu’ils ont accompli tout dernièrement en Australie, ils l’ont accompli autrefois aux Indes, en Amérique, au Pérou, au Japon, en Chine, partout… Personne ne l’ignore et la philosophie a cru l’expliquer. Mais ce qu’on sait moins, ce qu’on n’explique pas et ce que le livre de Mgr Salvado nous montre avec une évidence nouvelle sur laquelle nous croyons utile d’insister, c’est que l’apport de la vie sociale aux brutes de la horde humaine n’est jamais que le fait du prêtre catholique, et qu’en dehors du prêtre catholique rien n’est possible, même aux gouvernements les plus forts qui veulent créer des sociétés à leur image et les frapper à leur effigie, sous le coup de balancier de leurs colonisations ! […] Pour expliquer le miracle permanent de son influence sur le monde, et de ce pétrissage des cœurs dans sa main qu’on appelle ses prédications, la pensée humaine, déconcertée par les spectacles que lui offre l’Église, invente aussitôt, pour se remettre, des raisons légitimantes et vulgairement logiques d’accepter un succès si certain toujours, et si prodigieux.
En l’absence de ces investigations minutieuses, toute tentative pour expliquer le mécanisme de l’attention eût été prématurée. Comment expliquer un mécanisme dont on ne connaît pas les rouages ? […] Darwin explique le mode expressif de la réflexion par l’analogie. […] Les anciens psychologues se sont bornés à en constater l’existence ; ils ne l’expliquent pas. […] Mais cette instabilité qu’ils expliquent à leur façon, par leur indignité d’un pareil bonheur, par l’impossibilité pour un être fini de devenir infini, s’explique en réalité par des causes psychologiques et physiologiques.
En 1504 ou 1505, Le Fèvre d’Étaples explique la grammaire grecque de Théodore Gaza au collège de Coqueret. […] De fait, les humanistes ne distinguaient pas entre l’antiquité sacrée et l’antiquité profane : ils expliquaient l’Écriture et les Pères avec la même simplicité hardie que Platon ou Justinien. […] L’indignation est la seule passion où il aille de lui-même chercher une source de poésie : c’est le sentiment le plus accessible à la mollesse épicurienne et à la sécheresse intellectuelle ; l’Enfer s’explique par la révolte d’une chair délicate, et d’un esprit juste, devant la souffrance physique injustement infligée. […] Ainsi s’explique que l’influence de Marot ait dépassé, si j’ose dire, sa valeur. […] Ainsi s’explique qu’Amadis et son cycle aient éclipsé les preux demeurés Français de France, Lancelot, Tristan, Perceforêt, dont les Vérard et les Galiot du Pré avaient imprimé les aventures ; et que la tradition de la Table ronde ait fait comme un crochet à travers la chevaleresque Espagne pour passer de notre xiie à notre xvie siècle.
Ce mécanisme explique les conversions tardives, le goût des vieillards pour les formules morales, ainsi que la psychologie des fanatiques qui n’ont jamais pu atteindre le mot net correspondant à un fait nu ; l’emploi du cliché, en particulier, accuse une indécision qui est un signe certain d’inattention et de déchéance. […] Pour l’expliquer, il n’est besoin que de la théorie de l’association ; un proverbe en amène un autre ; un cliché traîne après lui toutes ses conséquences et toutes ses guenilles verbales. […] Schopenhauer, Taine et Nietzsche ont fait de la métaphysique ou de la psychologie en un style plein d’images expressément créées par eux pour expliquer leurs visions ; tous les trois furent de grands visionnaires devant lesquels l’Abstraction elle-même, comme au regard d’un démiurge, se mettait à vivre et à remuer sous ses longs voiles gelés par les hivers philosophiques. […] Je ne sais si je m’explique clairement ; le volume a pour titre : Album poétique ou la Nature et l’Homme et il a été publié à Cap-Haïtien par un magistrat de couleur, M. […] Pour comprendre Balzac, il faut 1° le considérer comme un historien, soucieux avant tout d’être exact, et de bien expliquer la vie ; 2° en référer à sa méthode de travail : « En travaillant trois jours et trois nuits, j’ai fait un volume in-18 intitulé : Le Médecin de Campagne.
Il explique la subordination des tropes ou les différentes classes ausquelles on peut les réduite, & les différens noms qu’on leur a donnés. […] On donne pour tous les sens une définition courte & précise, suivie d’un exemple relatif au sens expliqué, & une exposition plus détaillée, lorsque la matiere le demande. […] Lacombe nous a expliqué le langage, nous ont non-seulement fourni de vieux mots & d’expressions énergiques ; nous leur devons encore un grand nombre de proverbes, dont la plûpart renferment un grand sens sous des expressions triviales. Presque tous nos Dictionnaires françois s’attachent à les expliquer ; mais nous avons des Lexiques Lexiques particuliers où l’on interprête les façons de parler proverbiales. […] Un défaut d’ailleurs remarquable dans le Dictionnaire de le Roux, & dans les autres où l’on rapporte nos proverbes, c’est qu’on s’arrête à expliquer certaines façons de parler, certains proverbes si intelligibles, qu’ils s’entendent d’eux-mêmes ; & qu’on en abandonne à la pénétration du lecteur, d’autres dont l’intelligence est beaucoup plus difficile.
Il croit tout expliquer par elles, et, en définitive, il n’explique rien, car la Révolution de Juillet, qui n’a eu sur les choses littéraires qu’une influence de seconde ou de troisième portée, est elle-même congénère de la révolution littéraire qui l’a suivie. […] Mais la préoccupation politique explique tout, et, nous le répétons, voilà la cause de ces tristes concessions et de ces mollesses du livre de M. […] Spéculant sans doute sur tous ces amours-propres qu’il flatte, l’historien de la Littérature semble être de l’avis du Fabuliste : « Mieux vaut goujat debout qu’empereur enterré », et on le conçoit, si c’est moins l’histoire du passé qu’il écrit que l’histoire d’un avenir qu’il espère… Sans cela, comment expliquerait-on que, dans cette histoire, pleine de titubations singulières, certains talents et certaines renommées tinssent hardiment et presque effrontément la place à laquelle d’autres talents et d’autres renommées auraient droit ? Comment expliquerait-on que les écrivains qui ont le plus rendu de services à la cause de M.
Phénomène étrange, et pourtant facile à expliquer. […] Dans une page poétique des Ennéades, le philosophe Plotin, interprète et continuateur de Platon, nous explique comment les hommes naissent à la vie. […] Quant au rêve, as-tu besoin que je te l’explique ? […] Si tu insistes, si tu exiges qu’on t’explique quelque chose, demande comment ta volonté s’y prend, à tout moment de la veille, pour obtenir instantanément et presque inconsciemment la concentration de tout ce que tu portes en toi sur le point qui t’intéresse. […] L’instabilité s’explique aisément.
Je suis même moins choqué par le populaire de l’eau d’ânon que par microphotographie ou bio-bibliographie ; les deux mots par quoi les bonnes femmes s’expliquent à elles-mêmes le mystérieux laudanum ont au moins le mérite de leur sonorité française ; d’ailleurs laudanum n’est lui-même qu’une corruption dont il a été impossible d’analyser les éléments primitifs118. […] Le ch dur, nous l’avons expliqué, doit être également proscrit.
Ajoutons enfin que l’indépendance de la parole intérieure dans l’état de veille explique jusqu’à un certain point son incohérence dans l’état de sommeil et dans la distraction [§ 9]. […] Avant d’expliquer ce phénomène, il faut en préciser les limites et le rendre sensible par quelques exemples. […] Nous allons essayer d’expliquer cette contradiction. […] Vraisemblablement, tel est le cas des caractères distinctifs de nos idées les plus usuelles ; on s’explique ainsi comment elles gardent pour l’esprit toute leur valeur logique bien qu’elles soient si étrangement affaiblies pour la conscience. […] Les deux raisons que nous venons de développer nous expliquent comment l’absence de spécificité distincte n’est pas un obstacle au fonctionnement normal de la pensée.
J’étais convaincu, au contraire, qu’il y avait une circonstance particulière qui devait expliquer la différence du phénomène, et je cherchai à apprécier cette circonstance. […] Nous voyons, en effet, qu’où la chimie seule trouve des résultats contradictoires, la physiologie les explique en montrant la filiation des phénomènes. […] Comment expliquer cette apparition du sucre ? […] Cela d’ailleurs n’explique pas le cas des diabétiques, car chez eux le sang est alcalin. […] Mais quelques personnes qui suivent ce cours m’ayant demandé de m’expliquer sur la portée des arguments qu’on y propose, il est de mon devoir d’y répondre.
voilà ce qu’il s’agit d’expliquer. […] Que Platon nous explique Socrate, ou que Socrate nous explique Platon, peu lui importe, et je ne saurais blâmer son insouciance. […] Est-ce pour ménager nos yeux qu’ils nous expliquent l’origine de leur génie ? […] Je ne me charge pas de l’expliquer. […] Je ne m’explique pas non plus pourquoi M.
Deux circonstances favorables, les usages de la religion chrétienne, et l’existence, désormais inoubliable, de la théorie nominaliste, nous paraissent expliquer cette clairvoyance plus grande des philosophes modernes. […] Cette erreur d’observation nous explique, sans la justifier, celle qu’il a commise au sujet de l’écriture intérieure. […] On s’explique ainsi comment ni Damiron ni Maine de Biran n’ont su reconnaître l’exactitude empirique du point de départ de Bonald. […] Elle explique sans doute pourquoi dans le Sophiste, aux alentours du passage cité, Platon admet, non par métaphore, semble-t-il, mais à parler rigoureusement, que le discours peut être vrai ou faux, comme le jugement. […] VIII, p. 175 à 180, 187 à 191. — Cette théorie explique certaines formules inexactes, dans lesquels Bonald (donnant ainsi un démenti à sa propre doctrine) dépasse sa vraie pensée : « Toutes nos pensées sont dans nos paroles ; — la parole n’est que la pensée rendue extérieure ; — la parole est l’idée elle-même et toute l’idée » ; etc.
Mais surtout c’est ce qui explique cette absence entière de toute préoccupation d’art, qu’on a déguisée sous les noms spécieux de « spontanéité » ou de « naïveté ». « Les hommes d’alors, a-t-on dit, ne font pas à la réflexion la même part que nous ; ils ne s’observent pas ; ils vivent naïvement, comme les enfants. » [Cf. […] William Edwards, Recherches sur les langues celtiques ; et Zeuss, Grammatica celtica]. — Que, si l’influence de l’élément celtique se retrouve dans le français, il semble que ce soit moins dans le vocabulaire que dans la syntaxe ; — et moins peut-être encore dans la syntaxe que dans la prononciation. — Considérations à ce sujet ; et de l’influence de la conformation des organes, ou de la nature des eaux, des airs et des lieux sur la prononciation. — Que, pour mal définie que soit l’influence celtique, on ne saurait pourtant la révoquer en doute ; — et qu’on ne saurait s’expliquer sans elle la différenciation du français, et de l’italien ou de l’espagnol. […] Comment leur origine explique leur succès par leur nouveauté. — Longue influence des Romans de la Table-Ronde ; — leur diffusion à l’étranger ; — la compilation de Rusticien de Pise, 1270 ; — traductions, continuations, imitations italiennes, allemandes, néerlandaises, anglaises, espagnoles et portugaises. — Le Parsifal de Wolfram d’Eschenbach, et Tristan et Iseult de Gottfried de Strasbourg. — Pénétration réciproque du Cycle d’Arthur et du Cycle de la Croisade. — On met en prose les plus anciens Romans de la Table-Ronde ; — on en compose directement en prose, tels que Merlin, le Grand Saint Graal, etc. ; — ils deviennent sous cette nouvelle forme les sources d’inspiration des Amadis ; — et rattachent ainsi, par eux, le « roman » moderne et la littérature classique à la littérature et au roman du Moyen Âge. […] B. — Caractère artificiel de la poésie provençale ; — et qu’elle n’est qu’un jeu d’esprit ; — dont le thème invariable est l’amour « courtois » ; — mais dont la valeur d’art n’est pas moins grande pour cela : Materiam superavit opus [Cf. dans la littérature grecque les poètes de l’époque alexandrine] ; — et dont les défauts autant que les qualités expliquent la fortune aristocratique. […] Taine, La Fontaine et ses fables] ; — on ne plaisante plus la lourdeur ou la poltronnerie de son voisin ; — mais celles de Brun, l’ours, ou de Couard, le lièvre ; — et par là s’explique peut-être la disparition quasi soudaine des fabliaux : — si, de directe et de brutale, en devenant « allégorique » la satire est devenue plus générale et moins dangereuse. — Par là s’explique également le nombre et la diversité des branches du Roman de Renart : — sur toute l’étendue du territoire l’épopée animale sert de cadre banal, et pour ainsi dire de « passe-partout » à la satire ; — on s’attache d’ailleurs à imiter plus exactement les mœurs des animaux ; — et de tout cela résulte quelque chose d’analogue à « l’ample comédie » de La Fontaine ; — mais d’un La Fontaine qui ne serait pas artiste ; — ni peut-être poète.
Je considère cette règle comme d’une grande importance pour expliquer les lois de l’embryologie. […] Je pourrais ajouter qu’à l’état de nature, quand les conditions de vie viennent à changer, des variations ou des réversions de caractères ont probablement lieu ; mais, comme nous l’expliquerons tout à l’heure, la sélection naturelle détermine à quel degré les caractères nouvellement acquis peuvent se perpétuer. […] Ce fait ne peut s’expliquer que par de grands changements ainsi lentement et inconsciemment accumulés. […] Ceci explique peut-être en partie ce qui a été observé par quelques auteurs : c’est que les variétés domestiques qu’on trouve chez les races sauvages ont plus le caractère d’espèces que les variétés domestiques des contrées civilisées. […] C’est ce qui nous explique pourquoi nous ne savons rien de l’origine ou de l’histoire d’aucune de nos races domestiques.
Albert Blanc, dans laquelle le savant docteur en droit de l’université de Turin intervient d’un bout à l’autre avec ses formules pour expliquer Joseph de Maistre, pour le transformer et l’approprier à sa cause, mériterait un examen plus impartial et plus sévère que celui qu’elle a généralement obtenu. […] Joseph de Maistre est bien assez net, assez clair et vibrant, assez aigu de ton pour s’expliquer lui-même. […] M. de Maistre n’a rien de l’émigré en cela ; il voit l’ennemi en plein, dans toute sa grandeur : « Jamais, écrit-il en 1813, Napoléon n’a été plus grand militaire que dans la manière dont il s’est tiré de la catastrophe de 1812. » Mais ce qui le préoccupe le plus, c’est le tour et la trempe de l’esprit français : il revient à diverses reprises sur ce qu’il a dit tout à l’heure et qu’il a peine à s’expliquer. […] Au lieu d’expliquer les événements de l’histoire par les causes secondes, naturelles, par le rapport exact des faits, et même quand il a cette explication sous la main, il passe outre, il veut quelque chose au-delà ; il s’y complaît.
Si le terme de pédant choquait, je l’explique aussitôt et je le réduis dans ce cas à sa stricte valeur : je veux dire que Rigault est non seulement armé d’esprit, mais pointu d’esprit ; il s’ajuste, il se concerte, il prend ses avantages, et il vous fait ensuite la leçon impitoyablement, agréablement. […] Après avoir exposé à merveille et dans un parfait tableau les libertés de la presse anglaise et les avoir expliquées par le caractère du public à qui elle s’adresse, il reconnaît les différences de notre esprit, à nous, et de nos tendances françaises ; et cependant ses conclusions n’admettent guère, sur cet article capital, de différence de régime d’un pays à l’autre. […] Je suis là-dessus respectueux, mais positif : je ne nie pas la sincérité et la chaleur des convictions, mais j’ai besoin de me les expliquer, et je dis que le fond de ces convictions mêmes se met toujours d’accord en nous à la longue avec nos talents, nos vocations et nos désirs. […] Il est venu à temps, et son succès s’explique par autre chose encore que par son talent même : il était très désiré.
Il aperçoit des gens qui gesticulent et passent, qui pleurent, qui prospèrent, qui nuisent, qui meurent, et rien ne s’explique dans le trouble de son esprit, sinon que très clairement tous soutirent et font souffrir. […] Mais avec sa vision lointaine, abstrayant aux choses la notion d’origine, et n’en ressentant que l’impression brute et le choc émotionnel instinctif, concentré donc en soi et forcé de recourir, quand il lui faut expliquer, à l’introspection de son âme et aux règles idéales de la mécanique spirituelle, transporté cependant d’horreur et d’amour pour ces êtres ainsi aperçus à la fois par le dehors et par leur fonds charnel de bêtes, il semble que Dostoïewski soit à la fois un psychologue idéaliste à la Stendhal, et un être barbarement sociable aimant des hommes le contact de la peau, l’attouchement du souffle et l’âcreté de l’odeur. […] Enfin, qu’une sensibilité vive soit accompagnée d’émotions vives aussi, comme cela est coutumier, et l’exubérante pitié de Dostoïewski s’expliquera, si l’on conçoit, jointes en son âme, la conception de vie que nous avons dite, et une sorte de bonté rêveuse qui semble douer la race slave. […] Ces doctrines ont pour trait général de vouloir expliquer, légitimer tout l’existant, et de conclure ainsi à une sorte d’optimisme résigné.
Les manuels disent bien qu’il faut étudier les maîtres, mais ils oublient d’expliquer comment et ce qu’on peut leur prendre. […] Un critique anonyme a très intelligemment et très loyalement expliqué la vraie signification de ce titre ; « Il ne faut pas, dit-il, prendre à la lettre le titre de ce volume, d’apparence quelque peu puffiste. […] Albalat a lu, la plume à la main, annoté, disséqué les pages de tous nos écrivains français ; et, les textes sous les yeux, il explique comment on peut s’y prendre pour écrire sans recherche, mais avec précision, goût, sobriété et, si possible, de façon originale6. » M. de Gourmont lui-même le reconnaît : « Ce livre, dit-il, est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’ou aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire… L’œuvre garde des parties excellentes ». […] Ce n’est pas le vrai style. » Leur résistance s’explique.
Au reste, je n’ai pas besoin d’expliquer qu’il ne s’agit point ici du système de la perfectibilité, tel qu’il a été entendu dans ces derniers temps ; car alors j’aurais à assigner les limites naturelles de cette perfectibilité, qui ne sont autres que les limites mêmes de la liberté de l’homme. […] Mais cette haute doctrine, qui fait la base de toutes les religions, qui a été si admirablement perfectionnée dans le christianisme, qui a toujours subsisté comme sentiment primitif parmi les hommes, qui est si morale, puisqu’elle explique à la fois le sacrifice, le dévouement et le malheur, cette haute doctrine ne doit pas, en ce moment, attirer notre attention. […] Expliquez, si vous le pouvez, l’inspiration par laquelle ces chefs de dynasties ont saisi le sceptre des imaginations et des esprits. […] Celle qu’il n’a point aperçue, ou qu’il a négligée, donnerait ici lieu à d’importantes observations : je m’en abstiendrai aussi, parce que je ne veux point être accusé d’être guidé par un esprit de système ; mais qu’il me soit permis de puiser, dans le peu que nous connaissons de ce génie allégorique, une hypothèse qui pourra servir à faire mieux sentir, par la suite, plusieurs choses qu’il me serait assez difficile d’expliquer.
Expliquez-moi la pudeur : cet attrait de préférence exclusive, qui a tant de puissance, serait-il un produit de l’art ? […] Voilà ce qui explique pourquoi, dans les livres saints, l’idolâtrie est caractérisée par tous les détails, même les plus repoussants, de la prostitution, et pourquoi le culte du vrai Dieu est caractérisé à son tour par tous les effets et tous les charmes de l’amour. […] Cette communication trop merveilleuse pour qu’on puisse l’expliquer est un de ces mystères profonds qui confondent notre intelligence. […] Il a fallu partir de l’existence de la société pour raisonner avec certitude sur le nouvel ordre de choses qui tend à s’établir, quelque indépendant qu’il soit d’ailleurs de tout ce qui a précédé, comme il a fallu partir du don primitif de la parole pour arriver à expliquer l’émancipation graduelle de la pensée : c’est ce qui nous reste à faire pour achever le tableau de l’âge actuel de l’esprit humain.
Comme toutes les productions humaines, les systèmes philosophiques ont leur cause, et ne s’expliquent que par leur milieu. […] Ce sont donc de grands signes que le choix des mots, la longueur et la brièveté des périodes, l’espèce et le nombre des métaphores ; le tour des phrases explique l’espèce des idées et l’écrivain annonce tout l’homme. […] Cousin sont nées en Ecosse, en Allemagne, au dix-septième siècle ; mais il a su les expliquer, les embellir, les propager, et, en leur acquérant l’empire, il a fait son office d’orateur. […] Cousin essaye d’expliquer et de justifier sa méthode, de former et de résumer son système.
Il suffisait aux Grecs d’un oracle des dieux pour tout expliquer. […] Racine, en imitant les Grecs dans quelques-unes de ses pièces, explique, par des raisons tirées des passions humaines, les forfaits commandés par les dieux ; il place un développement moral à côté de la puissance du fatalisme : dans un pays où l’on ne croit point à la religion des païens, un tel développement est nécessaire ; mais chez les Grecs, l’effet tragique était d’autant plus terrible, qu’il avait pour fondement une cause surnaturelle. […] On peut remarquer un perfectionnement sensible dans les trois tragiques, Eschyle, Sophocle et Euripide ; il y a même trop de distance entre Eschyle et les deux autres, pour expliquer seulement cette supériorité par la marche naturelle de l’esprit dans un si court espace de temps ; mais Eschyle n’avait vu que la prospérité d’Athènes : Sophocle et Euripide ont été témoins de ses revers ; leur génie dramatique s’en est accru ; le malheur a aussi sa fécondité.
Dans les sciences, il a mis des bornes sévères à la manie de tout expliquer, que l’amour des systèmes avait introduite ; dans les belles-lettres, il a entrepris d’analyser nos plaisirs et de soumettre à l’examen tout ce qui est l’objet du goût. […] En quelque matière que ce soit, nous devons désespérer de remonter jamais aux premiers principes, qui sont toujours pour nous derrière un nuage : vouloir trouver la cause métaphysique de nos plaisirs, serait un projet aussi chimérique que d’entreprendre d’expliquer l’action des objets sur nos sens. […] La justesse de l’esprit, déjà si rare par elle-même, ne suffit pas dans cette analyse ; ce n’est pas même encore assez d’une âme délicate et sensible ; il faut de plus, s’il est permis de s’expliquer de la sorte, ne manquer d’aucun des sens qui composent le goût.
Et si fort qu’on chercherait en vain à expliquer le phénomène d’une telle gloire par des causes générales plus ou moins puissantes, et qui, d’ordinaire, expliquent tout. […] Vous m’expliquerez « ce songe. » Mais jusqu’à présent cette lettre a été cherchée en vain dans la Correspondance de Gœthe.
Soury, d’expliquer le Sauveur des hommes par les plus hideuses et les plus déshonorantes maladies… II Je ne supposais pas — à distance — que M. […] » Tout cela pour expliquer que notre fille est muette et que Notre Seigneur était fou !! […] Soury, lorsqu’il nous fit l’histoire de Madame Louise de France, la fille de Louis XV, — cette rachitique qui ne l’était pas, — et dont il expliquait, quoiqu’elle fût une adorable femme d’esprit, la sainteté et la bêtise — deux faits, selon lui, congénères, — par le charriage d’un sang immonde et vicié à travers les plus pures veines qui aient jamais étendu leur réseau autour d’un corps virginal… Il procédait par les pustules chimériques de la religieuse Louise de France, pour arriver à la chimérique folie de son divin Maître.
Je n’en aurais pas pour garants les promesses divines et les expériences de la vie, déposant toutes de l’efficacité de l’aveu pour ce cœur de l’homme qui étouffe toujours, que je n’en douterais plus après avoir lu les toutes-puissantes choses que je trouve dans le livre de l’abbé Monnin, et qui me consacreraient le Curé d’Ars comme un génie, si je n’avais pas bien plus que du génie pour l’expliquer ! […] En effet, il n’y a que cela qui explique sa vie ; il n’y a que la notion de Notre Seigneur Jésus-Christ telle que nous la portons dans nos âmes, qui puisse expliquer cette espèce de règne (car c’en fut un) d’un prêtre caché au bout du monde, dans sa pauvre petite Bethléem de quelques feux et de quelques âmes, et que les foules, à défaut de mages, sont de partout venues visiter !
Sentiment ou principe, notion confuse et enveloppée ou claire et expliquée, ce sera toujours un « préjugé » qui nous dictera la solution : c’est-à-dire que pour mesurer la valeur d’une formule égalitaire, nous la rapportons à un certain idéal général que nous avons une fois admis, et qui nous sert de pierre de touche pour discerner les qualités estimables ou blâmables, les actions prescrites ou interdites. […] Notre métaphysique construite, non seulement nous déclarons que les exigences de l’esprit ou celles de la nature sont par-dessus tout respectables ; mais nous l’expliquons, par la place que nous assignons à la nature ou à l’esprit dans notre système du monde. […] Nos préférences fondées ou non en raison, n’ont plus voix au chapitre : c’est avec un esprit méthodiquement désintéressé que nous devons aborder, comme s’il s’agissait de minéraux ou de végétaux quelconques, l’étude des idées égalitaires ; elles ne sont plus pour nous que des produits qu’il faut expliquer, et non estimer.
Mais sans analyser les résultats de ce temps horrible qu’il faut considérer comme tout à fait en dehors du cercle que parcourent les événements de la vie, comme un phénomène monstrueux que rien de régulier n’explique ni ne produit, il est dans la nature même de la révolution d’arrêter, pendant quelques années, les progrès des lumières, et de leur donner ensuite une impulsion nouvelle. […] J’ai tenté d’expliquer les contrastes singuliers de la littérature italienne, par les souvenirs de la liberté et les habitudes de la superstition ; la monarchie la plus aristocratique dans ses mœurs, et la constitution royale la plus républicaine dans ses habitudes, m’ont paru l’origine première des différences les plus frappantes entre la littérature anglaise et la littérature française.
On a reconnu les sources où s’alimentait son génie ; on a expliqué de quels théâtres antérieurs procède son théâtre. […] Sa philosophie, c’est-à-dire sa manière de concevoir la vie et d’expliquer ce monde, ne doit rien non plus aux étrangers.
elle ne peut pas remplacer le principe de la cause, et l’explication détruit la chose à expliquer. […] La philosophie peut et doit se séparer de la foule pour l’explication des faits ; mais, on ne saurait trop le répéter, il faut que dans l’explication elle ne détruise pas ce qu’elle prétend expliquer ; sans quoi elle n’explique point, elle imagine. […] Si la personne que je suis, si le moi individuel n’explique peut-être pas toute la raison, comment expliquerait-il la vérité, et la vérité absolue ? […] Qu’on explique alors comment le mensonge est la loi de l’art. […] Or, nous explique-t-on l’idée et le mot de désintéressement en ramenant le désintéressement à l’intérêt ?
Je m’explique très bien la réputation des romans d’Henry Bordeaux ; je m’explique beaucoup moins que les romans de Barracand soient si peu connus. […] C’est ce qui explique la mauvaise qualité du roman à notre époque. […] Le manque d’instruction et de lectures explique très bien ce désaccord. […] Cette facilité explique qu’il y ait tant de mauvais sermons, mais n’explique pas qu’il y en ait si peu de bons, et qu’un esprit mieux doué ne s’y montre pas tout à coup supérieur. […] Je ne m’explique pas très bien, à ce propos, le mot de Gœthe, que cite M.
Or, il importe, pour la clarté de notre sujet, que nous descendions un instant dans cette machine vivante qui va devenir le théâtre des actions délétères que nous nous proposons de définir et d’expliquer. […] Cela explique comment j’ai pu empêcher des animaux d’être empoisonnés en laissant la ligature appliquée pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures. […] Je désirerais au contraire, si j’ose ainsi dire, pouvoir affirmer l’art par la science en essayant d’expliquer par la physiologie ce qui n’a été jusqu’à présent qu’une simple intuition de l’esprit. […] C’est ce qu’il s’agit d’expliquer. […] C’était inévitable, car appliquer les sciences physiques à la physiologie, c’est expliquer par les lois des corps inertes les phénomènes des corps vivants.
Je crois donc qu’il faut renoncer à tout expliquer par cette assimilation paresseuse. […] Elle cherchera, par exemple, à expliquer pourquoi M. […] Et cela s’explique très bien : elle les prend par l’amour-propre. […] Ils expliqueront beaucoup de choses que nous ne faisons encore que sentir ; ils n’expliqueront pas tout. […] Mais il y a lieu de le féliciter de ne nous avoir pas expliqué ce qu’il entendait par ses « cadences ».
Mais Aristote trouve qu’ils ne les ont bien expliquées ni l’une ni l’autre. […] Et s’ils en ont une, pourquoi l’a-t-on oubliée dans des systèmes qui ont la prétention d’expliquer l’âme tout entière ? […] À une seule, qui les explique toutes, si elle ne les justifie. […] Ceci nous explique sans la moindre peine pourquoi la morale de Platon est à la fois si vraie et si sublime, si profonde et si pratique. […] La biographie d’Aristote, on le sait, peut nous expliquer fort bien les défauts qui nous choquent dans ses œuvres.
Ainsi s’explique l’erreur des genres littéraires, « che ancora corre nei trattati e perturba i critici egli storici dell’ arte ». […] Dès lors son œuvre littéraire s’explique tout entière, et ses « plagiats » apparaissent sous un jour particulier. […] Les songes et présages s’expliquaient aussi, dans la tragédie antique, par une psychologie qui n’est plus la nôtre, … à moins que le spiritisme ne nous y ramène. […] Ibsen nomme cette pièce « un épilogue dramatique », ce qui en justifie le caractère un peu fantastique, et explique la diversité des lieux aussi bien que la légère imprécision du temps. […] Mais ce choix s’explique peut-être par les affinités lyriques.
Sceptique dilettante, il réduit sa magnifique intelligence à tout observer, à tout comprendre et à tout expliquer. […] Stendhal a longuement expliqué pourquoi Mathilde aime Julien. […] Il ne s’est pas expliqué, ce me semble, sur ses raisons. […] Cette dualité de sa nature peut expliquer, je crois, même dans tout le détail, toutes ses considérations économiques et expliquer pourquoi il n’est jamais arrivé à aucune conclusion satisfaisante. […] Il accordait que, pour expliquer un grand homme d’Etat, la méthode peut avoir du bon ; mais pour expliquer les poètes et les artistes, elle lui semblait bien téméraire.
Impossible de s’expliquer cette conservation et cette reproduction des idées quand on se les représente comme purement spirituelles, sans relations avec le mouvement et avec la force motrice. […] La première théorie, avons-nous dit, explique la conservation des images par une prolongation de mouvements dans le cerveau. […] Et c’est par ces résidus qu’on peut expliquer en partie non seulement la reproduction d’un objet individuel, mais encore celle d’une idée générique et typique. […] Nous avons vu plus haut la belle hypothèse de Spencer sur la « genèse des nerfs », que plusieurs découvertes récentes ont paru confirmer ; Spencer aurait pu employer des considérations analogues pour expliquer comment l’organe de la mémoire s’est peu à peu formé dans le cerveau et dans tout le système nerveux. […] De même que les lois biologiques ou vitales, qu’on reconnaît nécessaires pour l’explication du souvenir, sont simplement, à nos yeux, le premier degré des lois psychiques, de même les lois sociologiques en sont le plus haut développement, et la considération de ces dernières lois nous semble également nécessaire pour expliquer le souvenir.
La biologie ne déforme pas moins la vie pour expliquer la vie que la sculpture ne déforme Moïse pour expliquer Moïse. […] Mais il est plus facile de blâmer que d’expliquer et de comprendre. […] Pour expliquer cruche, il suffit de citer bête, butor, andouille, brute, pioche, daim, tourte, jocrisse, mots qui, avant d’être à la fois des adjectifs et des substantifs, furent d’abord exclusivement des substantifs. […] Ce pléonasme apparent s’explique par l’affaiblissement de la signification de certains mots. […] Cependant, c’est sans doute ainsi qu’on expliquerait certains mots tels que : marjolaine, échalotte, ancolie, érable, camomille, étincelle, licorne, et d’autres que l’on a signalés parmi ceux qui échappent aux explications phonétiques.
Voilà cette vie, qui peut faire rêver, mais qu’après tout on explique. […] Impossible à nier, cette particularité dans le génie de Pindare peut seule expliquer ce que j’ose appeler la mort de ses œuvres, que les traductions les mieux faites et la connaissance plus profonde et plus répandue de la langue grecque ne parviendront pas à ranimer, Il faut en prendre son parti : Pindare, malgré des qualités nettement supérieures, est un poète dont le sens intime est perdu. […] Cet oubli tombé sur l’œuvre de Pindare, cet oubli qui lui fait demander aujourd’hui à toute la France la charité d’une traduction, dans les trente-neuf chapeaux de ses confrères d’Académie ajoutés au sien, il ne s’en explique pas la cause. Il ne cherche pas même à se l’expliquer. […] Ces traductions choisies, mais qui sont faites avec la fidélité de l’expression, le respect du tour, la conservation pieuse de la couleur, auraient dû dégriser à ce qu’il semble Villemain de cette admiration démesurée pour Pindare, étonnante chez lui comme une ivresse si elle ne s’expliquait par quelque chose qui explique tout, — l’analogie de nature entre le critique et le poète, proportion gardée entre la force de l’un et de l’autre.
Mais ici on a tout recherché et tout mis en ligne de compte pour expliquer le résultat. […] Au reste, il ne s’agit pas de charger en rien Ney, le brave des braves, mais d’expliquer la suite des faux pas, des malentendus dont un ou deux, ou trois encore, eussent été réparables, mais qui, en s’ajoutant tous, en s’accumulant opiniâtrement et sans relâche jusqu’à la fin, comblèrent la mesure et firent mentir dans ses calculs les plus profonds et les plus justes le génie moderne des combats. […] Ce phénomène de guerre des plus singuliers est expliqué par l’historien à l’entière et triste satisfaction du lecteur.
Troplong, dans un premier chapitre publié il y a déjà quelques mois (31 août 1855), avait très-bien marqué ce qui manque aux historiens latins, même aux plus distingués, pour nous expliquer à fond leur société et pour nous donner la clef de ses progrès ou de son abaissement. […] Ils se flattent d’expliquer par des causes très-générales ou par des moralités simples des résultats très-compliqués, très-divers ; ils accusent confusément le luxe, la cupidité, l’amour du pouvoir. […] L’amour du pouvoir (potentiæ cupido) suffit à lui seul pour expliquer toutes les révolutions de Rome, les dissensions des patriciens et des plébéiens, la turbulence des tribuns, la prépotence de consuls, le farouche Marius sorti des rangs du bas peuple (e plebe infima), Sylla le plus cruel des nobles, Pompée plus hypocrite qu’eux deux, et non pas meilleur ; enfin César, Antoine, Auguste, et tout le sang romain versé dans les champs de Pharsale et de Philippes.
Je sais que pour quelques-uns de ces honnêtes gens la chose s’explique naturellement : c’est à la fin, après la « conversion », qui au bon vieux temps ne manquait guère, qu’ils se sont avisés de rimer des vers édifiants ; mais il en est comme Marot et Jean-Baptiste, qui ont mené de front les deux genres. […] Je pense que cela s’explique par l’association fatale d’images qui dans la réalité sont toutes proches, en sorte que celle qui est ignoble bénéficie du voisinage de l’autre et devient plaisante parce qu’elle la rappelle. […] Ai-je vraiment expliqué le cas de M.
S’il n’y avait ici qu’une préoccupation d’études, qu’une adoration de savant qui finit par faire une idole de l’éternel objet de sa pensée, nous trouverions cela touchant et assez frais, car la pensée a aussi son enfance comme la vie ; et, si ce n’était pas suffisant pour expliquer une admiration si naïve ou si profonde, nous penserions à ces moines du mont Athos qui finirent par voir la lumière incréée, à force de regarder attentivement leur ombilic. […] Pauthier et Bazin, qui sont d’un temps plus rassis, n’ont point de ces façons de corybante à tympanon et à cymbales ; mais, avec les airs modérés et prudents, le grand uniforme de la philosophie officielle du xixe siècle, ils glissent en dessous de leurs grosses statistiques bien de petites phrases où perce la préférence marquée d’une tradition qui n’explique aucune des traditions diverses des races aux dépens de la grande Tradition qui les explique toutes, et c’est au point que sans cette tradition anti-chrétienne, chère aux voltairiens de tous les âges, ils n’oseraient peut-être pas, malgré la chinoiserie de leurs manières de voir et de sentir, nous vanter la Chine et ne rien ajouter aux raisons connues que ses plus anciens partisans avaient déjà de l’admirer.
Vous le voyez, il fallait du renfort peut-être pour expliquer cette élection, désintéressée de tout, comme on le sait, excepté de littérature, et à laquelle jusque-là personne n’avait pensé, pas même le nouvel académicien ! […] C’est le roman moderne, subtil, maladif, affecté, allemand, le roman des affinités électives, transporté de Goëthe dans l’Évangile, pour expliquer les sentiments que l’Évangile avait assez expliqués, en les voilant de son texte inviolable et sacré, pour la gloire de sainte Marie-Madeleine et l’édification de ceux qui croient en elle !
Celle-ci, que notre siècle, pour qui rien n’est difficile à expliquer, grâce à son double caractère d’incrédulité et d’ignorance, qualifierait simplement de fantaisies et de caprices, contient, ce me semble, une espèce de mystère. Les derniers travaux de quelques médecins, qui ont enfin entrevu la nécessité d’expliquer une foule de faits historiques et miraculeux autrement que par les moyens commodes de l’école voltairienne, laquelle ne voyait partout que l’habileté dans l’imposture, n’ont pas encore débrouillé tous les arcanes psychiques. Or, je défie qu’on explique le capharnaüm diabolique et drolatique de Brueghel le Drôle autrement que par une espèce de grâce spéciale et satanique.
» Reste à expliquer, relativement à la peinture elle-même, quelque chose d’inexplicable. […] Pourquoi expliquer ce que M. Fromentin a bien expliqué lui-même dans ses deux charmants livres : Un été dans le Sahara et le Sahel ? […] Eux aussi, ils savent que rien n’est plus fatigant que d’expliquer ce que tout le monde devrait savoir. […] Vous voyez, mon cher M***, qu’il était bien inutile d’expliquer ce que chacun d’eux pense comme nous.
L’abat-jour vert de Raïa occulte la vision en haut… — Mais il est absurde d’analyser Solness ou d’expliquer ce que chacun sait d’après maintes études connues : l’identité d’Ibsen et de son constructeur d’églises, ses demeures refusées des hommes que se soumettra peut-être Strindberg… Drame très intelligemment mis à la scène par Lugué-Poe. […] Ce que nous allons expliquer était impossible au théâtre antique, la lumière verticale ou jamais assez horizontale soulignant d’ombre toute saillie du masque et pas assez nettement parce que diffuse. […] Par suite de ce système (et c’est notre seule critique), ceux-ci n’expliquent les traversées que des villes ou villages qu’ils ont parcourus, et ignoraient, par exemple, au moment de la publication du Guide, la traversée de Rueil d’après M. […] Nous le savons par l’observation du public des quatre années de l’Œuvre : si l’on tient absolument à ce que la foule entrevoie quelque chose, il faut préalablement le lui expliquer. […] Quand au « sens analytique dominé far le sens psychologique », cette phrase explique une fois de plus la vogue de M.
De plus, comment expliquerez-vous que la civilisation ait illuminé l’Égypte avant d’éclairer la Judée ? […] Si la notion de Dieu, la religiosité, est vraiment, comme l’a montré M. de Quatrefages, le caractère distinctif de l’espèce humaine, on s’explique aisément pourquoi, de tous les animaux, l’homme seul est progressif. […] La pensée, la sensibilité, la vie, s’expliquent ainsi, aux différens échelons de la hiérarchie des êtres, par la déchéance d’un seul et même principe. […] La tentation est d’autant plus forte, qu’ailleurs le philosophe grec semble pressentir la théorie de Kœlliker et expliquer par une légère modification dans la constitution des petites parties les différences qui séparent ensuite les animaux terrestres des animaux aquatiques. […] Il faut bien expliquer cette unité d’harmonie, ce consensus qui est la vie de l’individu.
Mme de Staël est une grande personne ; et le lecteur curieux, admis à l’entendre causer dans l’intimité, doit être un peu impatienté, ce me semble, de ne pouvoir l’aborder sans l’intervention continuelle d’une sorte de trucheman, d’un tuteur et d’un mentor qui l’explique, la commente, au risque de forcer parfois sa pensée, qui lui coupe peut-être la parole si elle est tentée d’en dire trop sur quelque point. […] Ainsi, au lendemain du premier signal d’opposition donné par Benjamin Constant au sein du Tribunat, pourquoi n’avoir pas indiqué, puisqu’elle a été publiée ailleurs43, la lettre inquiète, tumultueuse, adressée par Mme de Staël à Rœderer (9 janvier 1800), pour s’expliquer, pour se justifier, pour offrir encore la trêve et la paix, pour dire que ce n’est pas la guerre qu’on a entendu déclarer. […] C’est ce qui explique bien des avances et même des soumissions qu’elle fit en plus d’une rencontre au souverain du monde, allant aussi loin qu’elle pouvait sans s’abaisser. […] Elle est comme lui intolérante de toute opposition, insultante dans la dispute, et très disposée à dire aux gens des choses piquantes, sans colère et seulement pour jouir de sa supériorité. » Ce n’est pas juste, et cela jure avec l’idée de bonté qui se trouvait dominer, en définitive, dans les jugements comme dans les actions de Mme de Staël ; mais enfin l’opinion d’un tel témoin n’est pas à négliger, sauf à être expliquée.
Ont-ils donc un sortilège en eux, un maléfice, un charme qui ne s’explique point, ou qui s’explique par autre chose encore que par des mérites littéraires ? […] Il s’en explique dans Aziyadé avec un peu d’effort et quelque pédanterie ; mais cet effort même de l’expression marque bien qu’il connaît la rareté inestimable du don qui est en lui : … Vous êtes impressionné par une suite de sons ; vous entendez une phrase mélodique qui vous plaît. […] Le drame, c’est le plus uni et le plus douloureux de tous : le drame unique, éternel, de la séparation des êtres qui s’aiment… Ainsi l’exotisme explique également, dans les romans de Pierre Loti, la nouveauté et l’intensité des sensations, et le caractère universel et largement humain des sentiments.
Un mot du divin Platon, cité en grec, revient dans le refrain d’une chanson philosophique qui explique que « nous sommes des animaux » et que la suprême sagesse est de vivre comme un porc. […] Je les aime, non à cause de cela, mais parce que j’ai arrêté mes regards sur leur misère, fourré mes doigts dans leurs plaies, essuyé leurs pleurs sur leurs barbes sales, mangé de leur pain amer, bu de leur vin qui soûle, et que j’ai, sinon excusé, du moins expliqué leur manière étrange de résoudre le problème du combat de la vie, leur existence de raccroc sur les marges de la société et aussi leur besoin d’oubli, d’ivresse, de joie, et ces oublis de tout, ces ivresses épouvantables, cette joie que nous trouvons grossière, crapuleuse, et qui est la joie pourtant, la belle joie au rire épanoui, aux yeux trempés, au cœur ouvert, la joie jeune et humaine, comme le soleil est toujours le soleil, même sur les flaques de boue, même sur les caillots de sang. […] Se figure-t-il avoir expliqué tout en supprimant tout ? […] Ne pas croire en Dieu, c’est nier le mystère de la vie et de l’univers et le mystère des instincts impérieux qui nous font placer le but de la vie en dehors de nous-mêmes et plus haut ; c’est nier le plaisir que nous fait cette chose insensée qui est la vertu ; c’est nier le frisson qui nous prend devant « le silence éternel des espaces infinis » ou le gonflement du cœur par les soirs d’automne, et la langueur des désirs indéterminés ; c’est déclarer que tout dans notre destinée et dans les choses est clair comme eau de roche et qu’il n’y a rien, mais rien du tout, à expliquer.
Elle ne nie pas les trois amants qu’il lui jette au visage, elle les avoue et elle les explique : celui-ci par l’ennui, cet autre par l’abandon, le troisième par la convoitise de la grande fortune qu’il va lui apporter, en devenant son mari. […] Pour expliquer une métamorphose si monstrueuse, il ne faudrait guère moins que cette baguette de la sorcière antique qui changeait ses amants en bêtes immondes. […] Elle-même, répondant au notaire, qui cherche à la deviner, lui explique clairement son énigme. […] Elle n’avoue rien, elle ne s’explique pas, elle n’essaye point, comme une femme vulgaire ferait à sa place, de balbutier d’inutiles mensonges ; mais elle s’enveloppe lentement dans les plis d’un manteau de reine, essuie tranquillement les regards moqueurs ou irrités qui la visent, et s’éloigne d’un pas résolu.
Dans l’histoire romaine, il a, pour préluder, choisi La Guerre sociale (1844), et il a présenté par ce côté peu expliqué jusqu’ici le duel gigantesque de Marius et de Sylla. […] Mérimée a essayé d’expliquer autrement encore que par ces circonstances générales l’apparition du faux Démétrius, âgé de vingt à vingt-deux ans, et qui prétendait fils d’Ivan le Terrible et le populaire. Pour ne pas confondre ses conjectures avec l’histoire, il a mis dans la Revue des deux mondes (du 15 décembre dernier), sous forme de scènes historiques, tout ce qui se rapporte à la première jeunesse et à l’éducation de ce brillant aventurier tel qu’il le conçoit ; il a expliqué comment l’idée, la tentation put venir peu à peu à un jeune Cosaque de l’Ukraine ressusciter en lui Démétrius, en même temps que la crédulité naissait aux autres en le regardant. […] Démétrius, le jeune homme qui se donna pour tel, parut d’abord en Lituanie vers le temps où, par une coïncidence qui n’est pas entièrement expliquée, les Cosaques zaporogues se soulevaient en son nom.
Ils inventent en causant : ce mot explique leur vie. […] J’ajoutai qu’en ce moment j’avais recours à lui, ne pouvant achever seul ; si je ne faisais clairement cette exposition, mon travail restait inutile ; il serait sot de montrer les fautes sans indiquer les moyens de les éviter ; ayant affirmé que la méthode de l’école est mauvaise, je devais expliquer la bonne ; pour dégager les gens d’une voie, il fallait les engager dans une autre, et pour cela j’avais compté sur lui. […] Vous êtes prompt en besogne ; au besoin, vous pourriez répondre à ces bonnes gens qui arrêtent un homme sur le trottoir, le priant de leur expliquer, au pied levé, ce qu’il pense de Dieu, du monde, de l’âme et du reste. […] Le premier est la traduction exacte : c’est celle que la doctrine de Condillac explique ; le second est la traduction complète ; c’est celle que donnent les progrès de l’observation.
A mesure qu’on s’élève dans l’échelle des opérations mentales, les sentiments attachés aux idées deviennent de plus en plus complexes ; aussi, pour expliquer les sentiments supérieurs, par exemple les émotions esthétiques, morales, sociales, ce n’est plus au mouvement d’un seul nerf, c’est à tout un ensemble d’excitations et de motions qu’il faut avoir recours. […] Ces principes posés, passons succinctement en revue les catégories supérieures de sentiments et d’émotions ; nous les verrons s’expliquer par les mêmes lois.
Les analyses qui précèdent et expliquent ces réveils frénétiques d’égoïsme sont parfaitement déduites et dans une psychologie très-déliée, surtout pour les deux premiers cas : « C’était enfin une lutte perpétuelle entre mon cœur qui me disait : Crois, — aime, — espère…, et mon esprit qui me disait : Doute, — méprise, — et crains ! […] Sue que de l’expliquer ainsi, d’en bien saisir la transition, et de le montrer à son origine presque naturel et ingénieux. […] Sue, on m’excusera de m’en bien expliquer. […] Je trouve pourtant que le gentilhomme Du Serre est par trop machiavélique dans ses procédés de fascination : du moins l’auteur a trop cherché à nous expliquer, par des moyens physiques et physiologiques, et même à l’aide de l’opium, ce qu’il eût été mieux de laisser à demi flottant sous le mystère. […] Sue s’aperçoit qu’il est allé trop loin en un sens, vite il fait chanter les oiseaux de Rigolette. » — Je ne prétends pas que l’homme de talent, une fois lancé dans l’exploitation de cette veine socialiste et humanitaire, n’ait pas trouvé en effet des scènes dramatiques et pathétiques, n’ait pas touché avec l’habileté dont il est capable quelque fibre vive et saignante ; cela seul peut expliquer l’étendue de son succès.
Le poète nous explique en cinq ou six cents vers que la Révolution ne pouvait se faire que par l’échafaud, mais que, maintenant qu’elle est faite, il ne faut plus verser de sang Il croit au progrès, à la future fraternité des hommes Il maudit les rois et les empereurs Cela ne l’empêche pas de dire ensuite à Dieu : « Seigneur, expliquons-nous tous deux », et de lui demander pourquoi « il laisse mourir Rome », c’est-à-dire la civilisation latine, et grandir « l’Amérique sans âme, ouvrière glacée ». […] Après la libération du territoire : je ne me trouve pas délivré je ne le serai que lorsque nous aurons repris Metz et Strasbourg Aux historiens : Ne cherchez pas à expliquer les traîtres ; on croirait que vous les excusez Vous n’arrêterez pas la Démocratie montante Toutes les fois qu’un crime se préparera contre le peuple, ma conscience rugira… En deux mots, maintenant : « Tout est obscur. […] C’est Homais à Pathmos… De vieux bergers à barbes de fleuves qui conversent avec Dieu ; des rois qui sont des brigands ; des brigands qui sont des héros ; des courtisanes qui sont des saintes ; des prêtres affreux : des petits enfants qui savent le grand secret et des gotons qui l’expliquent couramment rien qu’en montrant leurs jambes ; l’humanité mise en antithèses, pareille à un immense guignol apocalyptique ; l’histoire, coupée en deux, net, par la Révolution ; l’ombre avant, la lumière après… telle est sa vision des choses. […] Ainsi — et ce point réservé que nul poète ne fut plus grand par l’imagination et par l’expression — sous quelque aspect que nous considérions Victor Hugo, nous lui voyons des égaux ou des supérieurs, Comment donc expliquer les témoignages uniques de vénération officielle dont il est l’objet ?
Toutes ces causes politiques de la grandeur romaine sont expliquées par Montesquieu avec une clarté supérieure, et chacune au meilleur moment, lorsqu’un acte décisif, un revers réparé, une crise civile étouffée, fournissent aux explications comme des preuves à l’appui, et confirment les remarques de l’écrivain par l’autorité des exemples. […] L’auteur de la Cité de Dieu explique la grandeur romaine par le dévouement. […] Cette littérature lui découvre les ressorts de ces sociétés, explique et compare leurs constitutions, leurs lois, les causes de leur fragilité ou de leur durée, l’invite à se faire juge de toutes ces choses par sa raison, désormais appelée à faire partie d’une puissance nouvelle qui se nommera l’opinion publique. […] Les erreurs de l’Esprit des lois sont : ou des faits invraisemblables que Montesquieu tient pour vrais et explique comme tels, ou des faits certains dont il ne donne pas l’explication vraie, ou des maximes générales qu’on pourrait appeler des erreurs en grand, par exemple la théorie de l’influence du climat. […] Par cette négligence des grands monuments de l’antiquité chrétienne s’explique un défaut sensible de l’Esprit des lois : c’est cette sorte d’indifférence où glisse, faute de principes certains, l’impartialité de Montesquieu.
Je conclus que la souveraineté de la raison n’est pas un principe contraire à celui de la souveraineté du peuple, que ces deux doctrines s’expliquent l’une par l’autre. […] On aurait aimé qu’il s’expliquât sur les plaintes des réformateurs, qu’il appréciât le mérite de leurs plans, qu’il expliquât enfin comment, dans sa pensée, ce débat pouvait se résoudre. […] Il n’y pas, je crois, d’homme d’État qui dût voir avec indifférence que la métaphysique dominante dans le monde savant prît son point de départ dans la sensation ou en dehors decelle-là, car les idées abstraites qui se rapportent à l’homme finissent toujours par s’infiltrer, je ne sais comment, jusque dans les mœurs de la foule. » Quelque peu métaphysicien qu’il fût, il avait bien pénétré le sens de certaines doctrines, en particulier du panthéisme, et il expliquait parfaitement le secret de son empire dans le siècle où nous vivons. […] Il n’y en a pas dans ce monde qui me paraisse plus difficile à expliquer, Dieu, et après lui la religion qu’il nous a donnée, devant être comme le centre auquel les vertus de toute espèce doivent aboutir, ou plutôt d’où elles sortent aussi naturellement les unes que les autres, suivant les occasions et les différentes conditions des hommes.
Ce passage nous en explique deux autres, où les politiques croient à tort qu’Homère désigne la monarchie : c’est lorsque Agamemnon veut abaisser la fierté d’Achille, et qu’Ulysse persuade aux Grecs, qui se soulèvent pour retourner dans leur patrie, de continuer le siège de Troie. […] Thucydide en explique la raison en nous apprenant que la crainte des pirates empêcha longtemps les peuples grecs d’habiter sur les rivages . […] Les guerres éternelles des cités anciennes, leur éloignement pour former des ligues et des confédérations, nous expliquent pourquoi l’Espagne fut soumise par les Romains ; l’Espagne, dont César avouait que partout ailleurs il avait combattu pour l’empire, là seulement pour la vie ; l’Espagne, que Cicéron proclamait la mère des plus belliqueuses nations du monde. […] Les principes qui peuvent faire cesser cet étonnement, et nous expliquer l’héroïsme des anciens peuples, sont nécessairement les suivants : I. […] Comment expliquer cette prétendue alliance, quand Romulus lui-même, sorti du sang des rois d’Albe, vengeur de Numitor auquel il avait rendu le trône, ne put trouver de femmes chez les Albains.
Peut-être ses origines normandes expliquent-elles ses instincts nomades. […] On s’explique à la rigueur, sans l’approuver le moins du monde, l’anathème de M. […] C’est aussi ce qui explique quelques animosités littéraires contre M. […] Cet éminent académicien s’entendrait mieux avec les dadaïstes, qui se proposent, explique M. […] Édouard nous l’explique à deux ou trois reprises.
Vous trouverez que ces deux réactions les expliquent tous. Elles expliquent aussi quel écho a éveillé dans cette jeunesse l’appel de M. […] Cela ne suffirait pas à expliquer l’ensorcellement. […] Ollier m’a expliqué les avantages de ce procédé de recrutement ! […] Le monde physico-chimique, par exemple, explique le monde biologique, lequel explique à son tour le monde psychologique et moral.
Tout d’un coup, après un discours, au milieu d’une description, au cours d’une analyse, un frisson lyrique parcourait leurs phrases, et communiquait aux cœurs un frémissement qu’il ne s’agissait pas d’expliquer, mais de sentir. […] « La philosophie moderne, qui n’admet que ce qu’elle explique, n’a garde d’admettre cette obscure faculté appelée instinct39 » ; elle aime mieux nier l’évidence. […] S’il faut tout expliquer par le plus simple, il est plus simple de croire à l’existence de la seule matière, douée des qualités que l’on attribuait autrefois à l’esprit. […] Longtemps après sa mort, il demeure présent en Allemagne, où Wolff reprend, explique, systématise sa doctrine. […] Dans son Essai sur la formation des êtres organisés (1754), il entreprend la tâche difficile d’expliquer à la fois la nature et la vie : il faut avoir le courage de recommencer, puisque toutes les tentatives antérieures ont échoué.
La physiologie est la science de la vie ; elle décrit et explique les phénomènes propres aux êtres vivants. […] Et à ce sujet l’anatomie ne pouvait rien nous apprendre ; elle pouvait tout au plus localiser ces manifestations, mais non les expliquer. […] Nous aurons plus tard à expliquer ces faits. Le retour à l’activité vitale s’explique encore de la même manière que la reviviscence. […] Nous n’admettons pas de force vitale exécutive ; nous nous sommes longuement expliqué à ce sujet.
Elle en implique ou en explique à la fois les lacunes et les défauts, la puissance et la beauté. […] Par la recherche de l’expression ornée et de l’agrément, par l’amour du régulier et du fini, s’explique que nous trouvions souvent les ouvrages classiques trop beaux et trop parfaits, du moins trop faits : il nous fâche que l’auteur ait mis tant d’art et de complaisance à nous plaire, et nous avons peur qu’il ne nous cache de l’objet pour nous éviter de la fatigue. […] On s’explique du reste la mauvaise humeur et la polémique chicanière de Boileau. […] Mais si l’on songe que jusque-là, dans l’Art poétique et ailleurs, Boileau n’avait jamais regardé les œuvres littéraires que dans leur relation au genre, sorte de type analogue aux idées platoniciennes, seul élément d’estimation, et seul principe de classification, dont chaque ouvrage tirait et sa raison d’être et sa valeur, selon qu’il le réalisait plus ou moins complètement : si l’on songe qu’il n’avait jamais demandé que la connaissance des règles et le génie pour la création des chefs-d’œuvre poétiques, et ne croyait pas avoir besoin d’une autre considération pour expliquer que la Pucelle n’égale pas l’Iliade, on comprendra tout le chemin que Perrault fit faire à Boileau.
Il faut croire que ses ouvrages en fourmillent, et voilà ce qui explique et justifie le mot de madame de Staël que nous avons déjà cité : « La poésie du style de Jean Paul ressemble aux sons de l’harmonica, qui ravissent d’abord et nous font mal au bout de quelques instants. » II. […] Expliquons-nous par des exemples. […] Nous avons voulu montrer l’origine et les progrès du style symbolique, plutôt pour expliquer que pour juger. […] Ainsi il nous semble qu’on pourrait expliquer par là comment la nouvelle école, et M.
Personne ne s’avisoit d’expliquer encore ces expériences par la pesanteur de l’air. […] On voit par ses écrits qu’il l’a plûtôt dévinée que comprise, et que loin de pouvoir l’expliquer distinctement à ses contemporains, il ne la concevoit pas lui-même bien nettement. […] Harvée venu soixante ans après Servet a pû nous expliquer encore plus distinctement que lui les principales circonstances de la circulation. […] Presque tous l’enseignent aujourd’hui, du moins comme l’hypothese qui peut seule bien expliquer les faits astronomiques dont nous avons une connoissance certaine.
Déjà nous ne prétendons pas que l’ensemble des différentes formes sociales que nous discernons constitue la cause unique du phénomène que nous voulons expliquer : a fortiori ne le dirons-nous pas d’une de ces formes prise à part. […] Mais ce sont là des phénomènes assez récents et qui n’ont pas encore eu le temps de produire sur les masses leur effet psychologique. — Toute l’histoire de la Russie, jusqu’à nos jours, explique suffisamment pourquoi, malgré la centralisation, elle devait longtemps rester réfractaire à l’égalitarisme occidental. […] Par là s’explique la politique classique des rois qui firent l’unité de la France, « rois niveleurs », ennemis des grands et amis des petits. […] Et peut-être le succès de cette notion, qui avait pris « la consistance et la chaleur d’une passion politique », s’explique-t-il par le spectacle de la centralisation croissante au milieu de laquelle on vivait. — Ainsi l’unification des sociétés aurait en elle de quoi incliner les esprits vers ce rationalisme, épris des idées générales et des règles universelles, qui conduit à l’égalitarisme.
Lorsque Reid, ayant décrit l’émulation et l’envie, les explique par un penchant naturel qui rend pénible à l’homme la supériorité d’autrui, nous nous jugeons aussi avancés qu’avant d’ouvrir son livre. […] Ramenez ainsi tous les plaisirs, toutes les peines et tous les désirs à quelque fait observable et unique ; vous aurez expliqué le cœur de l’homme, et vous aurez fait une œuvre de science. […] Étant donnés l’ascension des ballons, l’élévation de la colonne barométrique, le glissement de l’eau sur les plans inclinés, le physicien ne les explique point par une force d’ascension, par une horreur du vide, par une force d’inclinaison, mais par un fait observable, la chute des corps pesants. Étant donnés la sympathie, l’égoïsme, la vertu, l’amour, l’ambition, la crainte et toutes les passions, Spinoza les explique non par une liste d’inclinaisons primitives, mais par ce fait que la joie est un accroissement d’action et de perfection.
Les jeunes gens et les jeunes filles s’expliquent sur tout cela avec une simplicité tout italienne, et nous rappellent ces dames romaines dont parle Stendhal, qui, fermant leur porte à tous les visiteurs, font dire pour excuse que la signora est innamorata. […] Niccolo Barbieri dit Beltrame, dans sa Supplica, nous explique une amélioration que nous aurions, sans lui, quelque peine à comprendre. […] Niccolo Barbieri dit simplement à ce sujet : « Ces fictions ne peuvent corrompre l’âme des comédiennes, puisque c’est l’usage de l’art. » À une époque plus rapprochée de nous, le marquis d’Argens, remarquant aussi le contraste existant entre la liberté presque illimitée de la scène italienne et les mœurs souvent correctes des actrices de cette nation, l’expliquait par la considération même dont les comédiennes jouissent en Italie.
Si trop de développements n’étaient pas nécessaires, je pourrais expliquer ce qu’il y avait d’éminemment national dans notre littérature du siècle de Louis XIV ; et cette digression ne serait peut-être pas sans quelque utilité et sans quelque intérêt ; mais elle me mènerait trop loin, et elle séparerait par un trop grand intervalle des idées dont le rapprochement fait toute la clarté. […] Un phénomène si nouveau dans l’histoire des langues sera expliqué plus tard. […] Je dis que la même langue n’a jamais eu deux siècles littéraires ; car, sans vouloir déprécier les services qu’a rendus l’école d’Alexandrie, on peut remarquer qu’elle a produit seulement une imitation servile de la littérature des anciens âges de la Grèce, lorsqu’elle ne s’est pas bornée à les expliquer et à les commenter.
Que ce soient les lignes de la face, ou les protubérances du crâne, ou la conformation de la main dont il soit question pour expliquer l’homme, son génie, son caractère, sa nature et sa destinée, c’est toujours la même induction physiologique que l’on fait, c’est le même procédé qu’on emploie, c’est la même idée qu’on affirme. […] Il y a, en d’Arpentigny, les impatientants contrastes que nous ayons déjà signalés dans un esprit, parent du sien du reste, qui croyait comme lui à la physiologie, qui a voulu expliquer l’amour par elle comme lui a voulu expliquer l’intelligence, et qui, comme lui, avait vécu de cette vie militaire dont l’influence est un bénéfice pour tous les ordres d’esprits.
Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories. […] Le peuple, menacé au xvie siècle dans tout ce qui était sa vie, sentait absolument cette identité que les historiens devraient montrer davantage pour expliquer une action qui ne fut point une révolte dans le sens que les révolutions modernes ont donné à ce terrible mot, et pour l’expliquer aux penseurs politiques de nos jours qui ont rayé, il est vrai, les questions de foi de leurs programmes, c’est-à-dire toute l’économie de la vie morale, mais qui, en présence des intérêts matériels, comprendront peut-être que la Ligue, c’est-à-dire la société même, courût aux armes pour se sauver !
l’expliquer pour le diminuer en l’humanisant, cet incroyable Christianisme, qu’on veut faire croyable à la raison, et dont la gloire est d’être pour elle incroyable. […] l’expliquer, l’atténuer, le simplifier, en faire un événement historique comme un autre, ayant ses origines dans des événements antérieurs presque semblables à lui, et coulant sur des pentes douces et souterraines dans l’Histoire bien avant qu’on l’y voie en plein, voilà le but que l’auteur de cette Religion romaine s’est proposé, et plus il avance dans son livre, plus l’intention d’abord cachée, la visée hostile, se dégagent des faits papelardement articulés. […] Je l’affirme avec sécurité, l’histoire du Christianisme écrite par un homme qui n’a pas dans la tête la raison métaphysique de la nécessité du surnaturel pour expliquer le monde, sera toujours manquée, — avec plus ou moins d’éclat, s’il a du talent.
A toutes les causes qu’il y a dans le régime actuel pour être mal élevé, le clergé en ajoute donc une toute spéciale à son usage, et c’est ce qui explique en partie l’incroyable grossièreté de plume des feuilles ecclésiastiques en France. […] Ainsi on peut expliquer qu’il n’ait rien eu encore à opposer de comparable, comme talent et science, aux chefs principaux de l’Université, aux Guizot, Cousin, Villemain.
Dans ses meilleurs contes, là où il se montre réellement inventeur et original, il sait, par les rapprochements fortuits les plus saisissants, par une combinaison presque surnaturelle de circonstances à la rigueur possibles, exciter et caresser tous les penchants superstitieux de notre esprit, sans choquer trop violemment notre bon sens obstiné ; ce qu’il nous raconte alors peut sans doute s’expliquer par des moyens humains, et n’exige pas à toute force l’intervention d’un principe supérieur ; mais, bien que notre bon sens ne soit pas évidemment réduit au silence, et qu’il puisse toujours se flatter de trouver au bout du compte le mot de l’énigme, il y a quelque chose en nous qui rejette involontairement cette explication pénible et vulgaire, et qui s’attache de préférence à la solution mystérieuse dont le leurre nous est de loin offert comme derrière un nuage. […] Aussi personne jusqu’ici, ni critique, ni poète, n’a-t-il senti et expliqué à l’égal d’Hoffmann ce que c’est qu’un artiste.
Voilà un bon sentiment, qui s’explique encore à l’heure qu’il est, et qui s’expliquait surtout il y a trente ans.
Tout cela s’explique par le résumé des faits passés. […] On gronde l’ami (le roi) d’avoir trop d’amitié pour cette glorieuse. » Tout ce que madame de Sévigné dit, au milieu de 1675, des griefs de madame de Montespan, s’applique également à cette époque et à celle de 1673, puisqu’elle a dessein d’expliquer d’où vient cette brouillerie de deux ans.
Ainsi s’explique qu’un Descartes, un Pascal, un Rousseau, — pour ne citer que ceux-là, — aient beaucoup accru la force et la flexibilité de la langue française, soit que l’objet de leur analyse fût plus proprement la pensée (Descartes), soit que ce fût aussi le sentiment (Pascal, Rousseau). […] Par là, par les deux ou trois tendances que nous venons d’indiquer, s’explique peut-être ce qu’il y a eu de constamment génial et de constamment créateur dans la philosophie française.
Mais comment expliquer le silence du critique sur les mutilations que Maturin a subies ? […] La curiosité qui l’entraînait était vague et maladive, et c’est ce qui explique en partie l’extrême rapidité de son voyage. […] À notre avis, le génie de M. de Lamartine suffit à expliquer ce bonheur singulier. […] Comment expliquer cette illusion ? […] Et c’est ce qui explique l’ubiquité de son esprit, car il n’a jamais vu dans sa vie que l’Angleterre et l’Espagne.
» Alors Ludovic : « C’est juste ; il faut que je m’explique. […] dit la mère au père, explique-lui. » Mais notre ibsénien n’en a pas le courage. […] Dumas lui-même qui vous l’expliquera le mieux, dans sa bouillonnante lettre à M. […] Car, si le sang de son père explique l’orgueil de ses démarches, le sang de sa mère en explique l’impudeur. […] La vielle… C’est plus difficile à expliquer.
Elle ne s’expliquait jamais sur le défunt. […] Je ne puis guère vous expliquer ces choses-là ; je ne sais pas dire deux paroles de suite comme il faut. […] Je ne peux pas vous expliquer ça : c’est des mouvements intérieurs qui répandent l’aise partout. […] Déjeuner avec une tasse de café au lait était un goût aristocratique, expliqué par le prix excessif auquel montèrent les denrées coloniales sous Napoléon. […] Senart, secrétaire du comité du salut public, était bailli de Saché avant 1781, ce qui explique ces dévastations.
L’histoire ne peut être expliquée, brièvement, de l’Œuvre de Bayreuth18 ; il faut que l’Association Wagnérienne, — le miracle de notre époque, — soit, précisément, connue. […] Vouloir expliquer ces œuvres elles mêmes, serait folle tentative. […] Cherchons donc, plutôt, à nous expliquer par quelle particularité de son caractère personnel, et par quel effort moral de ce caractère, le grand musicien a pu concentrer son génie dans cette action extraordinaire que nous révèle son œuvre artistique. […] On s’est expliqué à ce propos dans les journaux belges. […] Villiers l’a réécrit de mémoire, ce qui explique les transformations.