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34. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Au premier rang de cette grande famille des vrais fils de Dieu, il faut placer Jésus. […] Il se croit en rapport direct avec Dieu, il se croit fils de Dieu. […] Mais il est probable que, dès ses premiers pas, il s’envisagea avec Dieu dans la relation d’un fils avec son père. […] La fraternité des hommes, fils de Dieu, et les conséquences morales qui en résultent étaient déduites avec un sentiment exquis. […] Jésus, fils de Sirach, et Hillel avaient émis des aphorismes presque aussi élevés que ceux de Jésus.

35. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Le fils du sérigne. […] Le fils du seigneur Ouinndé. […] Le riche et son fils. […] Le joli fils de roi. […] Le fils du maître voleur.

36. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

Présentement, tout père célèbre qui a fils ou fille, — la différence est maintenant si peu de chose ! — voit ce fils ou cette fille se poser en héritiers plus ou moins présomptifs ou… présomptueux de sa célébrité. Le fils de Racine avait beau être un sot, relativement à son père, tout le monde, est-ce piété filiale ? […] Dumas a un fils. […] Dumas fils.

37. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Il en est resté cette loi éternelle, que les républiques seront plus heureuses que celle qu’imagina Platon, toutes les fois que les pères de famille n’enseigneront à leurs enfants que la religion, et qu’ils seront admirés des fils comme leurs sages, révérés comme leurs prêtres, et redoutés comme leurs rois. Quant à la seconde partie de la science économique, l’éducation des corps, on peut conjecturer que, par l’effet des terreurs religieuses, de la dureté du gouvernement des pères de famille, et des ablutions sacrées, les fils perdirent peu à peu la taille des géants, et prirent la stature convenable à des hommes. […] Ces premiers serviteurs se nommaient chez les Latins vernæ, tandis que les fils des héros, pour se distinguer, s’appelaient liberi. […] Ce que Tacite dit des Germains peut s’entendre de tous les premiers peuples barbares ; et nous savons que chez les anciens Romains le père de famille avait droit de vie et de mort sur ses fils, et la propriété absolue de tout ce qu’ils pouvaient acquérir, au point que jusqu’aux Empereurs les fils et les esclaves ne différaient en rien sous le rapport du pécule. […]   Sous le nom seul du père de famille étaient compris tous ses fils, tous ses esclaves et serviteurs.

38. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

C’est la triple correspondance du père de Mozart avec sa femme, de la femme avec le mari, et enfin du père avec son fils, et du fils avec son père, avec sa mère et avec sa sœur. […] dit-il à son fils ; valent-ils ceux du violon de ton ami le serrurier ? […] La comtesse s’est donné beaucoup de peines pour nous, et toutes ces dames sont folles de mon fils. […] La mère et le fils allaient partir pour Paris. […] Mozart à sa femme et à son fils.

39. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

L’un eut cinquante fils, l’autre cinquante filles. Les fils d’Égyptos voulurent épouser les filles de Danaos. […] Ce sont alors les cinquante fils d’Égyptos s’unissant de force aux filles du pays. […] — « Ne nous livre pas aux fils d’Égyptos ! […] — dit un Demi-Chœur, — détourne loin de nous l’hymen des fils d’Égyptos ! 

40. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

C’est le père du héros, et si j’en crois la lettre qu’il écrit à son fils avant de se tuer, un tout autre homme que monsieur son fils, et que j’aurais mieux aimé voir à la besogne. […] Parler d’honneur à son fils, à cette heure suprême où l’on veut l’armer contre le monde pour le vaincre. […] Mettre en charpie deux caractères et en mêler les fils, ce n’est point là tisser, n’est-ce pas ? […] Alors, le vis-à-vis du père et du fils, — du père qui dit fièrement au fils, en plein xixe  siècle : « Reste dans ta province : la dignité, la grandeur et l’utilité de la  vie ne sont que là pour des gens comme nous ! » et du fils qui dit : « Non ! 

41. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

N’est-il pas, d’ailleurs, le père de son fils, de ce fier soldat si tendre pour elle ? […] Le litige y tient trop de place, la chicane y tend trop de fils. […] Madame Guérin elle-même s’insurge et passe à son fils. […] Tenancier, sur son bureau, au moment où il rangeait de vieux papiers de jeunesse, et ramassée par son fils. […] Tenancier fait lire au fils rassuré, et qui prouve qu’elle s’est arrêtée au bord de la faute.

42. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

On entre donc en Pologne, brûlant, saccageant châteaux et abbayes : les deux fils de Tarass Boulba marchent partout en tête, et le cœur de leur père s’applaudit. […] Toute la tendresse et l’espoir du vieux Cosaque se concentrent dès ce moment sur son noble fils Ostap. […] Son noble fils est resté prisonnier aux mains des vainqueurs. […] « — Bien, fils, bien ! […] Tarass se tenait dans la foule, la tête inclinée, et, levant de temps en temps les yeux avec fierté, il disait seulement d’un ton approbateur : « — Bien, fils, bien !

43. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

C’étaient les deux fils de Jonas, les deux fils de Zébédée, Jacques, fils de Cléophas, Philippe, Nathanaël bar-Tolmaï, Thomas, Lévi, fils d’Alphée ou Matthieu, Simon le zélote, Thaddée ou Lebbée, Juda de Kerioth 819. […] Les fils de Zébédée voulaient qu’il appelât le feu du ciel sur les villes inhospitalières 832. […] A peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit 845, dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées. […] N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? […] » Jésus renchérissant encore : « Oui, oui, dit-il, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous.

44. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Et elle ajoute que la mère de Bettina était sur le rivage et que c’était à elle que son fils, ce jour-là, voulait plaire. Mais n’avez-vous pas senti dans ce simple récit de la mère tout l’orgueil de Latone : C’est un fils des dieux ? […] Une mère ne continue pas d’aimer et de révérer à ce point un fils jusqu’à la dernière heure, quand il a envers elle un tort grave. La mère de Goethe n’en trouvait aucun à son fils, et il ne nous appartient pas d’être plus sévère qu’elle. […] Je te l’ai répété mainte fois, écris l’histoire de Gunderode, et envoie-la à Weimar ; mon fils la désire ; il la conservera, et au moins elle ne te pèsera plus sur le cœur.

45. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Ses progrès dans les lettres et surtout dans la poésie furent rapides ; les vers écrits par lui avant l’âge de dix-huit ans peuvent rivaliser avec ceux de son fils. […] Les grandes mères font les grands fils : il n’y a presque pas d’exception à cette vérité dans l’histoire. […] Le duc d’Urbin, charmé de la figure, du caractère et du talent précoce de Torquato, en fit le compagnon d’étude et l’ami de son propre fils Francisco. […] Il employait son fils à copier, à corriger et même quelquefois à achever son poème. […] L’infortuné Bernardo, consolé au moins par la présence de son fils, n’avait témoigné à sa dernière heure que la joie d’aller rejoindre, dans le sein de Dieu, cette Porcia qu’il avait tant aimée, et de laisser sur la terre, pour perpétuer son nom, un fils dont la tendresse et la gloire naissante le récompensaient de ses longues adversités.

46. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ce fils probe et déjà poli, qui hérite et qui répand de l’éclat sur sa maison, était suivi d’un fils grave et digne encore, ou souvent aussi trop poli et déjà corrompu, de quelque brillant marquis, homme à la mode et qui se dissipait. […] L’aïeul du plus illustre des d’Ormesson, et qui avait comme lui prénom Olivier, était fils d’un commis au greffe du Parlement de Paris, et ne s’appelait d’abord que Lejèvre ; sa mère, Madeleine Gaudard, était fille d’un procureur en la Chambre des comptes de Paris. […] Il aimait plus tard à montrer à son fils ce logis d’où il l’avait vu passer. […] M. d’Ormesson était un homme pratique et d’activité ; il n’était pas lettré comme son fils le sera, comme le seront les Lamoignon ; il vit que son loisir manquerait de pâture et d’occupation. […] M. d’Ormesson obtint du roi confirmation de la survivance de son office de président en faveur de son fils aîné.

47. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Cela n’est pas possible, mon cher ami : un fils comme toi n’est pas fait pour n’être qu’un peu aimé d’un père qui sent et pense comme moi. […] Honneur de mes cheveux gris, mon fils, mon cher fils, par où ai-je mérité de mon Dieu les grâces dont il me comble dans mon cher fils ! C’est, selon moi, la plus grande faveur qu’il puisse accorder à un père honnête et sensible, qu’un fils comme toi. […] Dans les intervalles où je souffrais moins, je lisais Grandisson, et en combien de choses n’ai-je pas trouvé un juste rapport entre Grandisson et mon fils ! […] Évidemment il était le héros et l’espoir de sa famille, fils unique entre cinq sœurs, dont trois seulement étaient restées en France, et qui toutes, soit pour l’esprit, soit pour le cœur, l’adoraient et l’admiraient.

48. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Fils de l’homme est dans les langues sémitiques, surtout dans les dialectes araméens, un simple synonyme d’homme. […] Pour lui, le titre qu’il préférait était celui de « Fils de l’homme », titre humble en apparence, mais qui se rattachait directement aux espérances messianiques. […] On ne pouvait regarder comme le fils de David celui dont on voyait tous les jours le frère, la sœur, le beau-frère. […] Et ces ingrats Nazaréens, qui penserait à eux, si, au risque de compromettre l’avenir de leur bourgade, un des leurs n’eût reconnu son Père et ne se fût proclamé fils de Dieu ? […] L’expression, « Fils de la femme » pour le Messie se trouve une fois dans le livre d’Hénoch, LXII, 8.

49. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Lettres d’une mère à son fils Hyacinthe Corne, Adrien, ou Lettres d’une mère à son fils. […] I Est-ce vraiment un livre sur l’éducation que ces Lettres d’une mère à son fils 17 d’Hyacinthe Corne ? […] madame d’Alonville n’a que l’empirisme de ses observations personnelles pour faire une sagesse à son fils. […] Si elle était plus franchement chrétienne, si Corne n’avait pas oublié cette glorieuse épithète dans son titre, et qu’il eût intitulé son ouvrage : Lettres d’une mère chrétienne à son fils, toute l’économie en aurait été bouleversée. […] Elle aurait empêché la mère d’Adrien, madame d’Alonville, de vouloir faire l’éducation morale de son fils sur le seuil du monde, à la veille des passions qui vont tout à l’heure éclater.

50. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Il a beaucoup d’enfants ; je suis son seul fils. […] Joram était mort ; son fils Ochosias lui avait succédé. […] Voilà mon fils. […] Voilà ton roi, ton fils, le fils d’Ochosias. […] Sa sensibilité, dit son fils, abrégea ses jours.

51. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Il était le fils aîné du troisième fils du surintendant. […] Il en avait eu deux fils, dont un mort en bas âge et un seul survivant, le comte de Gisors, celui dont M.  […] On l’apaisa, et on dédommagea amplement son fils en le nommant colonel du régiment de Champagne, un des six vieux corps de l’infanterie française. […] Rousset, ce fut chez un arrière-petit-neveu du cardinal Mazarin que le petit-fils du surintendant Fouquet alla chercher une digne compagne pour son fils. […] Combien Belle-Isle est malheureux de survivre à son frère, à son fils unique et à sa bonne oreille ! 

52. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Car si le fils de Pélée atteint le but de ses désirs, toutefois la conclusion du poème laisse un sentiment profond de tristesse1 : on vient de voir les funérailles de Patrocle, Priam rachetant le corps d’Hector, la douleur d’Hécube et d’Andromaque, et l’on aperçoit dans le lointain la mort d’Achille et la chute de Troie. […] Dieu envoie son Fils pour juger les coupables ; le juge descend ; il appelle Adam : « Où es-tu ?  […] Le Fils de Dieu remonte au ciel, après avoir laissé des vêtements aux coupables. […] Ces accents montent au séjour céleste, et le Fils se charge lui-même de les présenter à son Père. […] La chute d’Adam devient plus puissante et plus tragique, quand on la voit envelopper dans ses conséquences jusqu’au Fils de l’Éternel.

53. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula. […] Jean fut encore le seul des apôtres qui accompagna le Fils de l’Homme jusqu’à la croix. […] Il lui prédit qu’il aura un fils, et que ce fils s’appellera Jean, qu’il sera le précurseur du Messie, et qu’il réunira le cœur des pères et des enfants . […] La religion du Fils de Marie est comme l’essence des diverses religions, ou ce qu’il y a de plus céleste en elles. On peut peindre en quelques mots le caractère du style évangélique : c’est un ton d’autorité paternelle, mêlé à je ne sais quelle indulgence de frère, à je ne sais quelle considération d’un Dieu qui, pour nous racheter, a daigné devenir fils et frère des hommes.

54. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Son père, comme tous les riches cultivateurs de campagne qui rêvent follement pour leur fils une condition supérieure, selon leur vanité, à la vie rurale, fit étudier son fils à Aix et à Avignon pour en faire un avocat de village. […] « La mère de Mistral, me racontait hier Adolphe Dumas, nous servait à table, son fils et moi, debout, comme c’est la coutume des riches matrones de Provence en présence de leurs maris et de leurs fils. […] moi le fils vagabond du vannier !  […] Il rencontre malheureusement le pauvre fils du vannier, Vincent. […] Voyez Jasmin dans son Fils de maçon tué à l’ouvrage ou dans son Aveugle !

55. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Vox in Rama audita est, dit Jérémie18, ploratus et ululatus multus ; Rachel plorans filios suos, et noluit consolari, quia non sunt. « Une voix a été entendue sur la montagne, avec des pleurs et beaucoup de gémissements : c’est Rachel pleurant ses fils, et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus. » Comme ce quia non sunt est beau19 ! […] L’Andromaque d’Homère gémit sur les malheurs futurs d’Astyanax, mais elle songe à peine à lui dans le présent ; la mère, sous notre culte, plus tendre, sans être moins prévoyante, oublie quelquefois ses chagrins, en donnant un baiser à son fils. […] Hector ne conseille point à son fils d’avoir de ses aïeux un souvenir modeste ; en élevant Astyanax vers le Ciel, il s’écrie : Ζεῦ, ἄλλοι τε θεοὶ, δότε δὴ καὶ τόνδε γενέσθαι, Παῖδ’ ἐμόν, ὡς καὶ ἐγώ περ’ ἀριπρεπέα Τρώεσσιν, Ὧδε βίην τ’ ἀγαθὸν καὶ Ἰλίου ἶφι ἀνάσσειν. […] « Ô Jupiter, et vous tous, dieux de l’Olympe, que mon fils règne, comme moi, sur Ilion ; faites qu’il obtienne l’empire entre les guerriers ; qu’en le voyant revenir chargé des dépouilles de l’ennemi, on s’écrie : Celui-ci est encore plus vaillant que son père !  […] Quand la veuve d’Hector, dans l’Iliade, se représente la destinée qui attend son fils, la peinture qu’elle fait de la future misère d’Astyanax a quelque chose de bas et de honteux ; l’humilité, dans notre religion, est bien loin d’avoir un pareil langage : elle est aussi noble qu’elle est touchante.

56. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Une mère demandait un jour à Fontenelle de lui indiquer un précepteur pour son fils, mais elle exigeait que ce précepteur fût savant, érudit en toute matière, antiquaire, physicien, métaphysicien, enfin qu’il sut tout, et quelque chose encore au-delà. […] Il faut voir, dans les Instructions qu’à son tour il adressa plus tard à son fils, avec quelle affection et quelle tendresse il aborde ce chapitre intéressant. […] Royer-Collard, celle de M. le duc de Broglie en législation, ou encore ces hautes idées de justice primordiale que l’ancien Portalis léguait à son fils. […] Toute cette lettre, au fond, ne signifie autre chose, sinon que Racine fils, qui faisait d’assez beaux vers, ne paraissait nullement un homme d’esprit. […] Évidemment, il s’est quelquefois souvenu en l’écrivant de la Vie d’Agricola par Tacite, mais il se souvient encore plus et avant tout qu’il est fils et chrétien, et c’est ce qui l’inspire.

57. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

La mère, après une douce réprimande à son mari, sort à son tour pour aller consoler son fils. […] La mère, qui entre tenant son fils par la main, parle pour lui à son mari avec une adresse inspirée par la plus habile tendresse. […] Le père s’étonne et se tait ; le pasteur prend avec une douce éloquence le parti de la mère et du fils. […] Retournez auprès de mon père et de ma mère, pour leur dire que leur fils ne s’était pas trompé et que l’étrangère est digne d’être aimée. […] Non, je ne veux pas te laisser partir ; tu es la fiancée de mon fils.”

58. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Je ne m’exagère point l’importance de ces détails dont la plupart ont passé dans la Vie de Racine écrite par son fils ; mais, si l’on n’y doit rien trouver de tout à fait neuf, on sentira du moins une pure et douce saveur originale, je ne sais quel charme d’honnêteté parfaite et d’innocence. […] Racine fils, en effet, si utile et si abondant, n’a pas apporté en bien des points l’entière exactitude qu’on recherche et qu’on aime aujourd’hui. […] M. de Moramber le fils, qu’on nomme Riberpré, du nom d’un fief qu’a le père à Éclaron, me vint voir quelques jours après à son retour de la campagne. […] M. de Moramber ne veut pas qu’on le sache, en donnant plus de quinze mille a son fils qui a de grandes espérances encore de père, de mère, et de sa sœur aînée qui ne se veut point marier… La demoiselle a dix-huit à dix-neuf ans, et le cavalier vingt-cinq à vingt-six. […] Le prince de Condé, fils du grand Condé.

59. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Son fils ne lui résistait pas : c’était encore un enfant. […] Sainte-Beuve désignait même le chant du poème, que j’ai oublié), — et du reste le fils de l’ex-conventionnel était capable des deux langues. […] Ce sont, pour la plupart, des livres couverts de remarques et annotations manuscrites, comme ceux qui composaient la bibliothèque de son fils, aujourd’hui dispersée : on dirait que le père a transmis au fils, en mourant, tous ses goûts avec sa manière d’étudier, la plume ou le crayon à la main. […] Ascagne, Astyanax, bâtant leurs petits pas, De loin lui peignaient-ils ce fils qui n’était pas ? […] Soyez persuadée que nous n’oublierons jamais la bonne mère et le bon fils qu’elle nous a confié.

60. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Le fils demande le nom de l’offenseur. […] ton fils ? Un fils que Rome craint, qui peut venger son père ! […] ô mon fils ! […] Je n’ai plus de fils.

61. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Rappelons seulement pour expliquer la catastrophe des Sept Chefs, qu’avant de partir pour l’exil, il avait lancé sur ses fils ingrats une imprécation. […] Elle s’élançait sur les fils maudits et les poussait à leur perte. […] La malédiction d’OEdipe s’attacha donc à ses fils et elle en fit deux Caïn. […] Aux approches de la ville, il rencontra Tydée, fils d’OEnée et père futur de Diomède, exilé, lui aussi, de l’Étolie, pour avoir tué son frère Olénias. […] Adraste sépara et réconcilia les deux combattants ; il donna Argis au fils d’OEdipe, Déipyle à Tydée, et jura de les rétablir sur leurs trônes.

62. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Dans une Notice récente sur la marquise de Créqui (1855), l’estimable fils de l’exécuteur testamentaire, de l’homme d’affaires et de confiance de la marquise, M.  […] Ce mariage, qui paraît avoir été assez heureux, fut de courte durée, et la laissa veuve à vingt-six ans (1744) avec un fils unique ; une fille qu’elle avait eue était morte peu après sa naissance. La vie de cœur de Mme de Créqui paraît s’être concentrée, durant ses belles années, sur deux personnes, ce fils unique et son oncle le bailli de Froullay. […] Son fils ne lui accordait aucune confiance ; elle apprenait ordinairement par d’autres, et après tous les autres, ce qu’il faisait, ce qu’il écrivait (car il se mêlait d’écrire et de se faire imprimer). […] Vous êtes mère, madame, et philosophe, quoique dévote ; vous avez élevé un fils, il n’en fallait pas tant pour vous faire penser.

63. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

C’est le conseil que madame Huguet donne à son fils Philippe, dans la comédie de M.  […] Il lui reste un fils : Philippe a vingt-huit ans, et, dans l’âme, tous les orgueils et toutes les ardeurs de son âge. […] La mère intervient tremblante, éperdue ; elle supplie son fils de fermer les yeux, d’ignorer l’outrage, et le jeune homme remet au fourreau sa fierté rouillée. […] Elle touche à des pudeurs de l’âme aussi sensibles que les mystères du corps ; elle révèle, — et c’est une mère qui parle à son fils ! […] La plainte le soulage, il s’attendrit, il serre Thérèse contre sa poitrine, puis il tend les bras à Léon, en l’appelant son ami, son fils.

64. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Les fils des pasteurs d’Orient gardent les troupeaux comme le fils des rois d’Ilion ; mais lorsque Pâris retourne à Troie, il habite un palais parmi des esclaves et des voluptés. […] Les fils du lieu emmènent les chameaux, et les filles leur donnent à boire. […] Le domestique amène l’accordée au fils de son maître, ou le fils du maître s’engage à garder pendant sept ans les troupeaux de son beau-père, pour obtenir sa fille. Un patriarche est porté par ses fils, après sa mort, à la cave de ses pères, dans le champ d’Éphron.

65. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Je me représente un père dans ces anciens temps et chez ce peuple singulier, voulant animer son fils, et le promenant à travers les rues d’Athènes : « Vois-tu, lui dit-il, ces deux statues ? […] Une larme s’échappait et coulait le long de ses joues. — « Mon fils, ce Grec que tu vois, c’est Thémistocle. […] Mon fils ! […] Le père fait lire à son fils cette inscription sur le rocher : Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts pour obéir à ses saintes lois  ; et ils redescendent à travers les rochers, en silence. […] C’est là, mon fils, c’est là que les Grecs viennent de remporter une victoire sur les Perses.

66. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Charles-Quint au cloître se montre très soigneux, même quand il s’occupe forcément de politique, de n’empiéter en rien sur l’autorité de son fils. Ce fils, le sombre et jaloux Philippe II, était alors dans les Pays-Bas ; Charles-Quint se permet une seule fois de lui donner des conseils. […] En retour de cette touchante déférence du père pour le fils devenu roi, il ne serait pas exact de dire que celui-ci se montra ingrat ; mais, si Philippe II paraît toujours fils respectueux, il n’est jamais tendre. […] si Napoléon à Sainte-Hélène avait eu son fils…, un fils… Saltem si quis mihi parvulus aula luderet Æneas ! […] Il n’avait qu’un désir étroit et timide au sujet de ce fils, c’est qu’arrivé à l’âge d’homme il prît le froc et se fît moine.

67. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Le Fils de Giboyer. […] Henri Charrier, le fils du banquier, vient tenter ce cœur en détresse. […] Le Fils de Giboyer Nous suivrons pas à pas, nous discuterons scène par scène le fils de Giboyer. […] Giboyer est père ; il a un fils naturel qu’il n’a pas voulu marquer de son nom. […] On peut lui renvoyer cette exclamation ; Giboyer fils, à ce moment-là, ne se distingue pas bien nettement de Giboyer père.

68. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin, marquis et plus tard duc d’Antin, né vers 1665, était fils de Mme de Montespan, et, ce qui fit longtemps son désespoir, il était fils de son père, c’est-à-dire de M. de Montespan, et non pas de Louis XIV ; il était le fils unique né dans le mariage, et avant que Mme de Montespan entrât au lit de Jupiter pour lui donner des demi-dieux. […] C’était lui, fils légitime, dont sa mère rougissait, tandis que les autres, les fils adultérins, s’étalaient par elle avec gloire. […] Sa mère le fit nommer menin de Monseigneur, du Dauphin, fils de Louis XIV. Une gravure du temps nous représente dans cet âge de première jeunesse « M. le marquis d’Antin, fils unique de M. le marquis de Montespan, et l’un des seigneurs nommés pour être assidus auprès de Monseigneur ». […] Moins d’un an après (1712), le duc et la duchesse de Bourgogne et leur fils aîné sont enlevés en quelques jours : il se fait « une terrible moisson de personnes royales » ; et d’Antin lui-même a perdu son fils aîné, âgé de vingt-deux ans.

69. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Gachard comme à celui du meilleur guide, de l’historien qui tient de longue main tous les fils de cette histoire, et qui a su en faire le tissu le plus solide et le plus ferme. […] A la nouvelle du fâcheux accident, Philippe II fut plein d’inquiétude et manifesta le plus grand intérêt pour l’état de son fils. […] Philippe II, il faut le dire, s’il cessa bientôt d’être père dans sa manière de juger son fils, ne cessa pas un instant d’être roi. […] On ne peut rien conclure de ces demi-mots mystérieux, sinon que le père et le fils étaient mal ensemble. […] La vérité, pour qui sent et réfléchit, est que ce père dur et farouche, quoique ayant eu raison au fond dans le jugement définitif et péremptoire qu’il porta de son fils, est très peu intéressant, et le fils, de son côté, on doit l’avouer, ne l’est pas davantage.

70. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mais le fils est à gifler. […] Le père, oui ; mais le fils aussi. […] Il y avait la scène à faire suivante : père et fils ; le père plaide pour lui ; le fils plaide pour lui ; le fils dit : « Elle m’aime !  […] Mon fils est-il acceptable ? […] C’est comme Dumas fils.

71. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il revint donc au service du roi de Saragosse, Moutamin, et ensuite du fils de ce dernier, Mostaïn. […] Le comte sort à la tête de cent chevaliers gentilshommes et se met à défier Diègue, fils de Laïn Calvo : « Laissez mes lavandières, fils de l’alcade citadin… » Il paraît que Diègue était d’une origine immédiatement bourgeoise ou citadine, quoiqu’il prétendît à une descendance royale éloignée. […] J’en atteste le Christ, je n’en aurai nul chagrin. » Rodrigue entendit cela ; il commença de parler : « Vous avez mal fait, seigneur, de vous récuser ; car je serai toujours votre fils, et le fils de ma mère. […] Un fils de Diègue Laynez m’a fait beaucoup de mal ; il m’a pris mes frères, et m’a tué mon père. […] Fils, passez devers Faro, où se tient votre oncle Ruy Laynez ; et moi j’irai à la Cour, où se tient le bon roi.

72. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Crébillon, qui eut un immense succès, est un homme d’imagination-active, sans cesse occupée à emmêler et à démêler les fils d’une action romanesque. […] Prenez un parricide : vous doserez l’horreur à volonté, selon que la mère connaîtra son fils, ou non, et selon que le fils se connaîtra lui-même, ou non475. […] Pharasmane et ses deux fils, Arsame et Rhadamiste, sont amoureux de Zénobie ; mais Zénobie est mariée à Rhadamiste ; l’amour de Pharasmane et d’Arsame est incestueux : voilà l’horreur. […] Il tue son fils : atrocité, — sans le connaître : excuse. […] Sémiramis, Sémiramis aime son fils Ninias.

73. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Il savait que le roi Philippe, si habile séducteur de l’esprit des Grecs, avait compté pour trois prospérités ‘égales qui lui étaient échues le même jour, la défaite des Triballiens rebelles, une victoire à la course des chars, et la naissance du fils que lui donnait Olympias. […] Pour toi, le fils de Jupiter, Hercule, et les fils de Léda ont grandement souffert, et témoigné de ta puissance par leurs œuvres. […] Tous ces hommes ne furent pas des tyrans féroces, comme le fils d’Antipater, Cassandre, meurtrier d’Olympias ; mais tous avilirent Athènes par les hommages qu’ils en recevaient. […] Seulement, au souvenir de la bonne déesse, Déméter ou Cérès, elle associe par un jeu de mots puéril l’apothéose du fils d’Antigone, dont elle subit avec joie la protection et les débauches. […] « Salut, fils du puissant dieu Neptune et de la déesse Aphrodite !

74. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

On chanta les quatre fils Aymon en Ardenne, Raoul de Cambrai en Vermandois. […] Une figure légendaire aura plus de consistance, plus d’être, si en elle nous apparaît le fils ou le père d’un héros, qui nous est connu. […] Le public voulait du nouveau : quoi de plus simple, pour exciter son intérêt, et pour utiliser encore une part de ses émotions antérieures, que de lui présenter les pères ou les fils des héros qu’il aimait ? […] De là ce facile bourgeonnement des légendes, ces développements généalogiques qui vont en sens inverse de la nature : car ici les fils engendrent les pères, et les aïeux naissent après les pères. […] Kajna prend le mot en un sens plus étroit, comme signifiant le fils de Clovis, probablement Clotaire.

75. (1898) La cité antique

Le fils tenait tout du père. […] Si un homme ayant perdu son fils et sa fille ne laissait que des petits-fils après lui, le fils de son fils héritait, mais non pas le fils de sa fille. […] Droit de marier le fils : le mariage du fils intéresse la perpétuité de la famille. […] Claudius signifie fils de Clausus, et Butadès fils de Butès. […] Après le père, le fils les répéta.

76. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Conteurs ayant collaboré au présent recueil »

YÉRIFIMA, fils d’Onouânou, — Gourmantié de Fada. YAMBA, fils d’Oyempâgo. — Elève gourmantié de l’école de Fada. […] SANKAGO, fils d’Abdou. — Elève gourmantié de l’école de Fada. […] TANKOUA, fils de Papandia. — Elève gourmantié de l’école de Fada.

77. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Sa maison est devenue la sienne ; elle s’est faite la mère de sa fille et la fiancée à son fils. […] Vous imaginez-vous un fils de famille épousant une fille-mère, et reconnaissant un fils anonyme, pour faire pénitence des fredaines de sa vie de garçon ? […] Jeannine refuse ; alors il lui offre de reconnaître son fils. […] Périssent ses principes plutôt que son fils ! […] mon fils ; épouse la ! 

78. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

De ces bâtards, de ces fils charmants de l’amour, comme disent les romanciers, Chamfort eut toutes les fortunes qui ne servent à rien, et la destinée, hélas ! […] Les romans de madame Sand, qui ont versé depuis vingt années tant de flots de mépris sur l’institution du mariage, les drames dans lesquels l’illégitimité de la naissance est une poésie de plus sur le front des héros, depuis l’Antony, de Dumas père, jusqu’au Fils naturel, de Dumas fils, ont troublé si bien les têtes qu’ils les ont tournées, et que l’orgueil individuel et solitaire n’a jamais plus été qu’à cette heure « le roi insensé qui s’aveugle avec son diadème sur les yeux ». […] Pires que les fils de Noé, qui ne découvrirent que la honte paternelle, ils ont parlé de ce qu’ils auraient dû voiler de silence par respect de fils, — si des bâtards peuvent être des fils ! […] Et lorsque demain, rapprochement irrésistible, nous parlerons des maladies héréditaires qui transmettent à de malheureux fils la peine physiologique due à l’excès et à la faute des pères, tous les malades héréditaires se lèveront-ils contre nous ?

79. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XV. Le fils du sérigne »

Le fils du sérigne (Ouolof) Samba Atta Dâbo, l’exorciste, m’a raconté ceci : Il y avait un sérigne165 très savant qui envoya son fils voyager : « Pars demain matin de bonne heure, lui recommanda-t-il, et la première chose que tu trouveras sur ton chemin, avale-la. […] Le fils du marabout est revenu chez son père pour lui raconter ce qui lui est arrivé. […] Ils feront comme les débiteurs qui augmentent sans cesse le chiffre de leurs dettes. » C’est ainsi que le sérigne expliqua à son fils ce que ce dernier avait vu.

80. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Si elle hésite à se sacrifier pour son fils, c’est que l’épouse doute que la mère en ait le droit. […] L’une ne veut pas désespérer celui qui peut lui ôter son fils ; l’autre, celui qui pourra l’aider à se venger d’un infidèle. […] C’est pour son fils qu’Andromaque ne décourage pas Pyrrhus ; c’est pour sa haine qu’Hermione leurre de quelque espoir le malheureux Oreste. […] Dans le cœur d’Andromaque, l’amour pour son fils se confond avec l’amour encore vivant qu’elle garde à Hector. […] Vous avez fort contrarié Agrippine, qui a fait la fortune de son fils et qui veut continuer à la gérer ; mais, en revanche, vous avez fait plaisir à Néron ; c’est un excellent fils : il n’est pas homme à secouer le joug, mais il le sent, et il sait gré à ceux qui lui conseillent de régner.

81. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Elles restent court quelque temps et en silence ; tout d’un coup Junon se fixe à l’idée d’aller trouver Vénus et de lui demander qu’elle engage son fils à blesser Médée d’une flèche au cœur pour Jason. […] Mais ce n’est pas de mains ni de force ouverte qu’il est besoin, lui dit-on ; qu’elle veuille bien seulement commander à son fils d’enflammer la fille d’Éétès pour Jason. […] Vénus part à la recherche de son fils, et elle le trouve dans un des vergers de l’Olympe, jouant aux osselets avec Ganymède, deux enfants de mêmes goûts et de même âge. […] Apollonius, d’après ce qui précède, eût été fort capable, on le voit, d’imaginer quelque artifice du même genre ; mais Jason n’avait point de fils. […] Le fils d’Éson resplendissait divinement entre tous les autres par la beauté et par les grâces.

82. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il avait eu quatre fils de son mariage ; l’aîné mourut en bas âge pendant que j’étais à Paris. […] Mais sa politique et sa vie eurent bientôt le même terme, il mourut en 1849, aux îles d’Hyères, et laissa ses fils sans fortune. […] Les biens étaient évanouis, les fils étaient morts dans le dénûment. […] — Elle n’était pas payée et on en a vendu les pierres pour en solder les murs. — Et ses fils, si richement mariés ? […] J’étais touché jusqu’aux larmes de la compassion de ce vieux serviteur partageant son morceau de pain avec le fils déshérité de son maître.

83. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Laurent fit approcher alors Pierre, son fils et son héritier, et lui parla longtemps des intérêts de la république et de sa famille. […] Il amnistia tous ses ennemis, et rappela Soderini à Rome ; il plaça les fils et les filles de Laurent dans toutes les grandes familles royales de l’Italie et de l’Europe ; il donna son nom à son siècle, et il mérita cette gloire. […] Julien de Médicis, dernier fils de Laurent, fut nommé duc de Nemours par François Ier. […] Il ne laissa qu’un fils illégitime, qui fut le célèbre cardinal Hippolyte de Médicis. […] Ses enfants furent des fils de la république ; il partagea entre eux son âme et ses richesses.

84. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

En 1807, Mme Hugo repartit en Italie avec ses fils pour rejoindre son mari, gouverneur de la province d’Avellino, où il extirpait les bandes de brigands, entre autres celle de Fra-Diavolo. […] En 1812, comme les événements devenaient menaçants à l’horizon, et que les trônes groupés autour de l’Empire craquaient de toutes parts, Mme Hugo ramena à Paris ses deux fils cadets, Eugène et Victor ; l’aîné, déjà sous-lieutenant, demeura avec son père. […] Le fond de la philosophie de leur mère était le voltairianisme, et, femme positive qu’elle était, elle ne s’inquiéta pas d’y substituer une croyance pour ses fils. […] Voici comment : madame Hugo était malade d’une fluxion de poitrine, et chacun de ses fils la veillait à son tour. […] Le général Hugo, qui ne mourut qu’en 1828, vécut assez pour jouir avec larmes de ce trophée tout militaire, que dédiait son fils aux vétérans de l’Empire.

85. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

La toile se lève sur l’atelier de Paul Forestier, un jeune peintre, fils d’un vieux sculpteur. […] Son cœur se partage entre son fils Paul et sa pupille Camille, une jeune fille qu’il lui a fiancée dans sa pensée, et dont lui-même, autrefois, a aimé la mère. […] Le père a cédé ; il s’est résigné au veuvage ; il a fait voeu de célibat entre les petites mains fiévreuses de son fils. […] Une scène gravement touchante est celle où le père sermonne son fils, sans le confesser. […] Le père se trouve en face de la maîtresse de son fils !

86. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Mais une partie du recueil, qui n’est pas moins neuve et qui est toute à l’honneur de Buffon, ce sont ses lettres à son fils : il s’y montre père, et le plus tendre père, le plus cordialement attentif, le plus rempli de sollicitude. Ce fils, jeune officier aux Gardes, qui paraît avoir été assez aimable et gracieux, et d’un bon naturel sans rien de supérieur, l’occupe constamment ; il veille sur son avancement, sur sa santé, sur ses plaisirs. […] Puis, quand ce fils est marié à une jeune femme, qui paraît d’abord douée de simplicité et de candeur, mais qui bientôt s’émancipe et devient la maîtresse avouée d’un prince du sang, colonel du régiment dans lequel le jeune mari était alors capitaine, quelle noble lettre du père à son fils, au premier éclat qui lui en arrive, quelle suite rigide de prescriptions sans réplique ! […] M. de Faujas, par amitié pour moi et pour vous, mon cher fils, a bien voulu vous porter mes ordres, auxquels il faut vous conformer. […] Ce sont là, mon très cher fils, les volontés absolues de votre bon et tendre père.

87. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Son fils, M.  […] Armand Lefebvre, qui fut, sous le premier Empire, un excellent secrétaire d’ambassade, et qui légua à son fils, avec son exemple et ses enseignements, une partie de son expérience. Le chevalier Edouard Lefebvre, que nous trouvons mentionné plus d’une fois dans les écrits de son fils, occupa successivement divers postes où il eut occasion de faire ses preuves de capacité et de mérite. […] Sa santé altérée et sa fin prochaine l’empêchèrent d’exécuter ce beau dessein ; mais il laissa à son fils des notes nombreuses, des souvenirs vivants, l’esprit même de la tradition. […] Tous ces morceaux, se rejoignant en effet aujourd’hui, composent une Histoire à peu près complète : la tâche de son digne fils, nous le dirons, devra être de la parfaire entièrement et de la corroborer un jour.

88. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Marie, en effet, avait une sœur nommée aussi Marie 113, qui épousa un certain Alphée ou Cléophas (ces deux noms paraissent désigner une même personne 114), et fut mère de plusieurs fils, qui jouèrent un rôle considérable parmi les premiers disciples de Jésus. […] Leur nom était inconnu, à tel point que quand l’évangéliste met dans la bouche des gens de Nazareth l’énumération des frères selon la nature, ce sont les noms des fils de Cléophas qui se présentent à lui tout d’abord. […] En effet, les quatre personnages qui sont donnés (Matth., XIII, 55 ; Marc, VI, 3) comme fils de Marie, mère de Jésus : Jacob, Joseph ou José, Simon et Jude, se retrouvent ou à peu près comme fils de Marie et de Cléophas (Matth., XXVII, 56 ; Marc, XV, 40 ; Gal., I, 19 ; Epist. […] L’hypothèse que nous proposons lève seule l’énorme difficulté que l’on trouve à supposer deux sœurs ayant chacune trois ou quatre fils portant les mêmes noms, et à admettre que Jacques et Simon, les deux premiers évoques de Jérusalem, qualifiés de « frères du Seigneur », aient été de vrais frères de Jésus, qui auraient commencé par lui être hostiles, puis se seraient convertis. L’évangéliste, entendant appeler ces quatre fils de Cléophas « frères du Seigneur », aura mis, par erreur, leur nom au passage Matth.

89. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Les Fedeli Nous avons dit qu’Isabelle Andreini laissait un fils né en 1579, ayant vingt-cinq ans, par conséquent, à la mort de sa mère. Ce fils, Giovanni-Battista Andreini était marié depuis 1601 à Virginia Ramponi, actrice qui portait au théâtre le nom de Florinda et qui avait fait partie de la troupe des Gelosi, pendant leur dernier séjour en France. […] Cette dédicace donna à la reine le désir de connaître la troupe dirigée par le fils de ses anciens protégés. […] Ils revinrent en 1621, à la mort du connétable de Luynes, lorsque, sous le ministère du chancelier Sillery et de son fils Puysieux, Marie de Médicis eut ressaisi une partie de son influence. […] sont toute une famille de Centaures, père, mère, fils et fille.

90. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Peu après, il avait oublié qu’il avait une femme et même un fils. […] Et c’est pour cela qu’il se dit fils de Jupiter. […] Lemaître qui l’avait appelé autrefois « son cher fils ». […] Ton fils ! […] ô mon fils !

91. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

J’étais sans père ; puis j’ai été fils de Xuthus, et me voilà fils d’Apollon. […] C’est son fils qui doit le tuer. […] Alexandre Damas fils (reprise). […] Alexandre Dumas fils (reprise). […] Alexandre Dumas fils (reprise).

92. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Prométhée, dans la Théogonie, est un Titan, fils de Japet engendré lui-même par Ouranos et Ghéa, le Ciel et la Terre. […] Par des révolutions dynastiques et des usurpations triomphantes, le fils de Cronos s’était emparé royalement du monde. […] Zeus soupçonne la fraude, mais laisse faire le fraudeur, méditant déjà sa vengeance — « Fils de Japet » — dit-il au Titan, — « le plus illustre des rois, ô cher ! […] Avant de l’envoyer au supplice, Zeus dit à Prométhée : — « Fils de Japet, subtil entre tous, tu te réjouis d’avoir dérobé le feu et trompé mon esprit. […] Zeus laissa faire et ferma les yeux, — « Ce ne fut pas contre sa volonté », — dit Hésiode — « que le fils robuste d’Alcmène aux beaux pieds délivra le fils de Japet, mais afin que la gloire d’Hercule, né dans Thèbes, fût encore plus grande sur la terre nourricière.

93. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Démétrius, l’autre fils d’Ivan, beaucoup plus jeune que Fédor, et tout enfant à la mort de son père, annonçait, dit-on, des dispositions ardentes et cruelles : mais il vécut peu. […] Mérimée a essayé d’expliquer autrement encore que par ces circonstances générales l’apparition du faux Démétrius, âgé de vingt à vingt-deux ans, et qui prétendait fils d’Ivan le Terrible et le populaire. […] Hérodote, le premier, nous a donné l’histoire du faux Smerdis, de ce mage qui, à la mort de Cambyse, se fit passer pour Smerdis, fils de Cyrus, et qui régna huit mois. […] Boris mort, son fils détrôné et Démétrius installé au Kremlin, tout change de face, et l’inconstance du peuple s’en prend à Démétrius des qualités mêmes par lesquelles il diffère de Boris. […] Les Polonais imposent un tsar, fils de leur roi Sigismond ; on dirait que la Pologne, sortie de ses plaines, déborde à ce moment sur la Russie.

94. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

L’homme touffu (Dyerma) Un père de famille, à sa mort, laissa deux orphelins, un fils appelé Daouda et une fille du nom d’Aïssata. […] — « Trouve le moyen de me procurer cette jeune fille, déclara le kuohi et ton fils aura pour femme une de mes filles ». […] Fils de celle que j’ai nourrie avec le lait des vaches de notre père, amuse-toi !  […] dit-elle, tu as fait de mon frère ton captif et tu me l’as donné pour garder mon fils ! 

95. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Jéhovah m’a dit : Tu es mon fils, je t’ai conçu aujourd’hui dans mes desseins ! […] Qu’est-ce que le fils de l’homme, pour que tu t’en souviennes ?  […] « Les dents des fils de l’homme sont des dards et des flèches, et leur langue a le tranchant du fer !  […] Écoutez-le prêcher la réconciliation et la concorde à ses fils. […] « Fils de Babylone, la rosée du sol !

96. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

fils de Zeus ! […] Apollon revendique hautement sa complicité ; il a condamné la femme qui a égorgé son mari, et il l’a fait exécuter par son fils. […] Le fils de Latone me prive de mes honneurs, en m’arrachant ma proie, cet homme que m’avait livré le meurtre d’une mère. […] Je jure que ce proverbe ne passera plus en terre d’Israël. — Certes, toutes les âmes sont à moi, l’âme du père comme l’âme du fils. […] — Mais voici qu’il engendre un fils qui voit tous les péchés que son père commet ; il les voit et n’agit pas comme lui… — Celui-là ne mourra pas pour le péché de son père, il vivra. — Et pourtant vous dites ; Pourquoi le fils ne porte-t-il pas le péché du père ?

97. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Plus de frère Laurent, plus d’alouette aussi : en revanche Dante est appelé à corser Shakespeare : Montaigu en prison dévore ses quatre fils ! […] Il semble même que nous rétrogradions à Timocrate : Roméo, en sa vraie qualité de Montaigu, tue le fils de Capulet, et Capulet, pour venger son fils, s’adresse à Roméo, son fils adoptif sous le nom de Dolvedo. […] Selon la poétique établie depuis Crébillon, Malcolm, fils de Duncan, est cru fils d’un simple montagnard. […] Guillemot fils.

98. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Un fils de famille qui mènerait les siennes de la même façon mériterait d’être interdit. […] Leurs fils, MM. de Villemur, de Francueil, d’Épinay, jettent l’argent par les fenêtres aussi élégamment que les jeunes ducs avec lesquels ils soupent. Avec de l’argent et de l’esprit, un parvenu se dégourdit vite, et son fils, sinon lui, sera initié : quelques années d’exercices à l’académie, un maître de danse, une des quatre mille charges qui confèrent la noblesse lui donneront les dehors qui lui manquent. […] La première place dans la conversation et même dans la considération publique est pour Voltaire, fils d’un notaire, pour Diderot, fils d’un coutelier, pour Rousseau, fils d’un horloger, pour d’Alembert, enfant-trouvé recueilli par un vitrier ; et quand, après la mort des grands hommes, il n’y a plus que des écrivains de second ordre, les premières duchesses sont encore contentes d’avoir à leur table Chamfort, autre enfant-trouvé, Beaumarchais, autre fils d’horloger, Laharpe, nourri et élevé par charité, Marmontel, fils d’un tailleur de village, quantité d’autres moins notables, bref tous les parvenus de l’esprit. […] En 1784583, des fils de magistrats allant prendre leur première leçon de droit chez un agrégé, M. 

99. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

La seule chose que nous apprend le livre intitulé : Nos fils, c’est que Michelet n’y a plus de talent, plus de talent du tout. […] Nos fils ! […] Voilà pourquoi Michelet a écrit Nos Fils. […] Il a enduit le livre de Nos Fils de ce beurre frais du sentiment, qui le fera avaler aux mères. […] Dans ce livre de Nos Fils, comme il a bien vu là une occasion de s’attendrir et de sentimentaliser !

100. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Le frère sera livré par son frère, le fils par son père. […] Celui qui aime son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. […] Le chrétien sera loué d’être mauvais fils, mauvais patriote, si c’est pour le Christ qu’il résiste à son père et combat sa patrie. […] Je suis venu mettre la division entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la bru et la belle-mère. […] Sa notion de Fils de Dieu se troublait et s’exagérait.

101. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Il accusait les incrédules de se refuser à l’évidence, et disait que, même a l’instant où le Fils de l’homme apparaîtrait dans sa pompe céleste, il y aurait encore des gens pour douter de lui 915. […] Bien des hommes avant Jésus, ou de son temps, tels que Jésus, fils de Sirach, l’un des vrais ancêtres de Jésus de Nazareth, Gamaliel, Antigone de Soco, le doux et noble Hillel surtout, avaient enseigné des doctrines religieuses beaucoup plus élevées et déjà presque évangéliques. […] Les belles maximes de Hillel résumant toute la Loi en l’équité 926, celles de Jésus, fils de Sirach, faisant consister le culte dans la pratique du bien 927, étaient oubliées ou anathématisées 928. […] Cette tunique de Nessus du ridicule, que le juif, fils des pharisiens, traîne en lambeaux après lui depuis dix-huit siècles, c’est Jésus qui l’a tissée avec un artifice divin. […] Traits incomparables, traits dignes d’un fils de Dieu !

102. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

a écrit près de deux cents volumes que le xixe  siècle, fils du xviiie , ne lit pas. […] Ch. de Barthélémy ne remplacera pas l’édition qui manque, et qui sortirait la gloire et les travaux de Fréron de la crypte des bibliothèques où ils gisent ensevelis, — comme dans la crypte des monastères mérovingiens, les cadavres des fils de Roi assassinés ! […] Marié deux fois, il fut aimé jusque de son fils, qui rendit le grand nom de son père un nom funeste ! On a dit que ce régicide ne le devint que parce qu’on avait tué son père, en supprimant son Année littéraire au nom du roi, rendant ainsi, coup pour coup, à la royauté, le coup qu’il avait reçu d’elle… Crime plus grand que dans un autre, dans le fils d’un homme comme Fréron, qui dérogea si épouvantablement à sa naissance et aux vertus de son père, et à qui on pourrait appliquer le mot grandiose et terrifiant de Chateaubriand, parlant d’un autre fils coupable : « Si son père l’eût su dans sa tombe, il serait revenu lui casser la tête avec son cercueil ! » Mais un autre que Fréron le père, se chargea de la punition de son fils.

103. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

C’est la gloire des fils qui a fait la gloire des ancêtres. […] Collé, fils des circonstances comme tout le monde, s’y méprit lui-même. […] Cela n’est pas rare chez ces bouffons quand ils ont du cœur, et il voulait l’apprendre à son fils d’adoption pour lui en ôter l’horrible surprise. Chesterfield, grand seigneur et dandy anticipé, n’avait à enseigner à son fils que les révérences du corps… C’était un professeur de grâces à se donner. […] (C’était justement dans les Fermes que devait entrer et qu’entrera le fils d’adoption de Collé.)

104. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Les poëtes primitifs, fondateurs, originaux sans mélange, nés d’eux-mêmes et fils de leurs œuvres, Homère, Pindare, Eschyle, Dante et Shakspeare, sont quelquefois sacrifiés, préférés le plus souvent, toujours opposés aux génies studieux, polis, dociles, essentiellement éducables et perfectibles, des époques moyennes. […] Sénèque a prêté son ministère à cette honteuse intrigue ; Agrippine s’est révoltée d’abord, puis a fini par embrasser son fils et par lui offrir sa maison pour les rendez-vous. Agrippine, mère, petite-fille, sœur, nièce et veuve d’empereurs, homicide, incestueuse, prostituée à des affranchis, n’a d’autre crainte que de voir son fils lui échapper avec le pouvoir. […] Agrippine, dans sa belle invective contre Néron, s’écrie que d’un côté l’on entendra la fille de Germanicus, et de l’autre le fils d’Aenobarbus. […] Hippolyte amoureux ressemble encore moins à l’Hippolyte chasseur, favori de Diane, que Néron amoureux au Néron de Tacite ; Phèdre reine mère et régente pour son fils, à la mort supposée de son époux, compense amplement Junie protégée par le peuple et mise aux Vestales.

105. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

« Pierre, l’aîné de ses fils, épousa Lucretia Tornabuoni, de laquelle il eut deux enfants : Laurent, né le 1er janvier 1448, et Julien, né en 1453. […] Jean, le second fils de Côme, épousa Cornelia d’Alessandri, dont il eut un fils qui mourut très jeune, et auquel lui-même ne survécut pas longtemps : il mourut en 1461, à l’âge de quarante-deux ans. […] Il recommanda à Pierre la plus sévère attention sur l’éducation de ses fils, dont les talents prématurés et les heureuses dispositions méritaient ses éloges, et lui faisaient concevoir les plus favorables espérances. […] Ses deux fils, Laurent et Julien de Médicis, donnèrent à Florence de magnifiques tournois, célébrés par les poëtes et particulièrement par Politien, très jeune homme dont les vers révélèrent le génie antique. […] Son infâme tuteur, Louis Sforze, persécuta sa veuve pour usurper sur le fils la puissance ducale ; il fit périr Simonetta, ministre intègre de la pauvre mère.

106. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Il le dit à Elvire, suivante de Chimène, au moment de se rendre au Conseil dans lequel le roi doit nommer un gouverneur à son fils : il ne doute pas que ce ne soit lui-même sur qui tombe le choix. […] Le comte et don Diègue ne songent guère d’abord qu’à se louer, et don Diègue a commencé même assez doucement avec le comte en lui demandant d’accepter son fils pour gendre. […] Il commence donc à la française in medias res, en ne prenant qu’un fils sur trois, en ne donnant à don Diègue qu’un fils unique, et en lui faisant adresser tout de suite, par son père, le mot décisif : Rodrigue, as-tu du cœur ? […] Sa provocation au comte se fait sous les yeux de tout ce monde, Diègue en personne excitant son fils de sa parole et de son regard ; le combat brusqué commence sur la place même, au seuil du palais, et s’achève à deux pas de là. […] On a les deux sentiments solennels aux prises et en regard : la fille qui a son père à venger ; le père qui a été vengé par son fils.

107. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

L’un était un ami, le fils du célèbre comte de Virieu, de l’Assemblée constituante de 1789. […] Sa figure, sans être belle, était perçante ; il était impossible d’apercevoir dans un théâtre ou dans un salon cette figure de fils des preux, fière, gracieuse, accentuée, sans demander quel était ce jeune gentilhomme, et sans se souvenir de lui. […] Elle mourut mécontente de son fils et dans l’abandon. […] Par quelle bouche Dieu parlerait-il au fils si ce n’est par celle de sa mère morte ? […] Il part, s’égare dans les bois, est pris par un parti de Muscogulges et de Siminoles ; il confesse hardiment, et avec la bravade propre aux Sauvages, son origine et sa nation : « Je m’appelle Chactas, fils d’Outalissi, fils de Miscou, qui ont enlevé plus de cent chevelures aux héros muscogulges. » Le chef ennemi Simaghan lui dit : « Chactas, fils d’Outalissi, fils de Miscou, réjouis-toi ; tu seras brûlé au grand village. » « Tout prisonnier que j’étais, je ne pouvais, durant les premiers jours, m’empêcher d’admirer mes ennemis.

108. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

En même temps qu’elle réussissait, sans trop de peine, à faire ainsi de son fils une petite-maîtresse, elle s’attachait à lui inculquer les principes et l’art du courtisan, et elle semble avoir réduit à ce point toute la morale : Écoutez, mon fils, lui disait cette petite-fille amollie du chancelier de L’Hôpital, ne soyez point glorieux, et songez que vous n’êtes qu’un bourgeois… Apprenez de moi qu’en France on ne reconnaît de noblesse que celle d’épée… Or, mon fils, pour n’être point glorieux, ne voyez jamais que des gens de qualité. […] Le lendemain, Mme   Choisy demanda à son fils s’il était allé rendre visite à l’abbé de Bouillon : Je lui dis que non, nous raconte Choisy, et que l’abbé d’Harcourt était de mes amis. […] Une autre recommandation de cette vertueuse mère, et qu’elle ramenait souvent, était de ne point s’attacher, en définitive, aux princes ou membres de la famille royale, mais au roi seul : « Attachez-vous, mon fils, non aux branches, mais au tronc de l’arbre. » Hors de là, point de salut. […] Cette mère égarée tint près d’elle son fils presque toujours habillé en fille jusqu’à l’âge de dix-huit ans. […] Bergeret, qui le reçut, lui parla d’abord de son trisaïeul le chancelier de L’Hôpital, et ne craignit pas de comparer Mme de Choisy, celle même qui avait élevé si singulièrement son fils, aux illustres Cornélies de Rome.

109. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Des Essais de lui, « dans le goût de ceux de Montaigne », qui furent imprimés en 1785 (retouchés, il est vrai, par M. de Paulmy son fils), le firent connaître par des côtés plus variés et plus littéraires. […] René d’Argenson, fils du très honorable membre de la Chambre des députés, en publiant de nouveau une partie des Essais de son grand-oncle (1825), les augmenta de quantité d’articles inédits tirés des manuscrits originaux. […] Le d’Argenson dont il s’agit était le fils aîné de Marc-René, le célèbre lieutenant de police pendant les dix-huit dernières années de Louis XIV, et garde des sceaux sous la Régence. […] Son père, qui eut le génie de l’administrateur et des qualités de véritable homme d’État, méconnut d’abord le mérite assez enveloppé de ce fils aîné et lui préférait de beaucoup le cadet, plus aimable et plus prévenant. […] C’est ainsi encore que sur lui, sur sa propre race, sur les qualités et les défauts des siens, de son frère, de sa femme (passe encore), mais aussi de sa fille, de son fils, sur le plus ou moins de sensibilité de celui-ci, sur son absence d’imagination, ses bornes d’esprit et de talent, et son « raccourcissement de génie », il dit et écrit tout ce qu’il a observé, tout ce qu’il pense ou qu’il conjecture, sauf à être lu de quelques-uns des intéressés et notamment de son fils même, après sa mort.

110. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Robespierre mort, Mme de Flahaut partit d’Angleterre avec son fils, et vint en Suisse, espérant déjà rentrer en France ; mais les obstacles n’étaient pas levés18. […] C’est le cri du cœur de bien des mères sous l’Empire, que Mme de Souza, par un retour sur elle-même et sur son fils, n’a pu s’empêcher d’exhaler. […] Pour la première fois depuis la naissance de Mathilde, elle regrettait de n’avoir pas eu un fils : « Insensée ! […] vos fils dans l’enfance absorbent toutes vos pensées, embrassent tout votre avenir ; et lorsque vous croyez obtenir la récompense de tant d’années en les voyant heureux, ils vous échappent. […] Cherchez sur la figure de l’homme en place si votre fils n’a pas compromis son avancement ou sa fortune ; regardez sur le visage de ces femmes légères qui vont lui sourire, regardez si un amour trompeur ou malheureux ne l’entraîne pas !

111. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Ce discours du vieil Horace, dit Voltaire, est plein d’un art d’autant plus beau qu’il ne paraît pas : on ne voit que la hauteur d’un Romain et la chaleur d’un vieillard qui préfère l’honneur à la nature ; mais cela même prépare le désespoir que montre le vieil Horace dans la scène suivante, lorsqu’il croit que son troisième fils s’est enfui. […] L’auteur veut présenter le tableau terrible d’une reine meurtrière de son époux, immolée sur la cendre de cet époux par son fils même, qu’elle allait défendre contre un ministre qui fut complice de ses crimes. […] Il ne le fait paraître que dans les moments où sa présence peut jeter de l’intérêt ou de l’effroi : c’est pour se plaindre à Messala, complice de Titus, des emportements de son fils ; c’est pour faire partir Tullie, dans le moment que son fils allait promettre de lui tout sacrifier ; c’est pour le charger du soin de défendre Rome, quand ce fils malheureux vient de la trahir. […] C’est Alvarès qui a obtenu la liberté des prisonniers, parmi lesquels se trouvera son libérateur, qui deviendra le meurtrier de son fils. […] Dans Mérope et dans Iphigénie en Tauride, le crime est reconnu avant d’être commis ; Mérope reconnaît son fils Égiste sur le point de l’immoler.

112. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Alexandre Dumas fils ! […] Dumas fils ont trouvé tous les deux, ce livre du Retour du Christ admirable, et ils l’ont dit dans des lettres de beaucoup d’expression. […] Alexandre Dumas fils, plus féroce, a procédé avec la furie d’un homme mystifié, en voulant déférer l’indiscrétion de la dame inconnue aux tribunaux… Oui, le croira-t-on ? […] Alexandre Dumas fils, un homme de lettres et un homme du monde, qui devrait avoir assez de fierté et de hautaine indifférence pour endosser la responsabilité de ses opinions devant tous les genres de publics, a fait, nous dit-on, saisir tous les exemplaires où se trouvait sa lettre. […] Haïssant la Vierge même plus que son Divin Fils, ils croient tuer le fils par la mère.

113. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

. — Le Fils de la terre, roman (1864). — Agamemnon, tragédie en cinq actes (1868). — La Fille de Roland, drame en quatre actes (1875). — Les Noces d’Attila, drame en quatre actes (1881). — Poésies complètes, 1850-1881 (1881). — La Lizardière, roman (1883). — Le Jeu des vertus, roman d’un auteur dramatique (1885). — Mahomet (1888). — Le Fils de l’Arétin (1806). — France… d’abord ! […] Eugène de Bornier, souhaitant, du fond de sa province, bon vent, bonne mer, aux écrits de son fils. […] Feu mon père en fit, à mon avis, Qui sentaient leur Dorat ; à ce compte, tes fils En feront d’excellents, et tout cela fait croire Que notre nom doit vivre au Temple de Mémoire.

114. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

L’homme tué par un meurtrier ne dormait tranquille que lorsqu’il avait pris sa revanche par la main d’un fils ou d’un frère. […] Cet homme l’a chargé d’apprendre aux parents d’Oreste la mort de leur fils. […] Quelque chose pourtant a remué en elle, et c’est un poids soulevé ; sa joie secrète perce dans l’accueil qu’elle fait à l’homme qui lui rapporte un fils mort. […] » — « Tu as tué le père, tu mourras par le fils. » Et il l’entraîne dans le palais, tête pendante, comme un victimaire tenant par la corne une bête d’holocauste. […] Les meurtriers sont couchés à la place où leurs victimes étaient étendues ; la femme qui se dressait sur le corps du père gît terrassée aux pieds de son fils.

115. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Ainsi, dans le Roi Lear, côte à côte et de front, Lear, désespéré par ses filles Goneril et Regane, et consolé par sa fille Cordelia, est répété par Glocester, trahi par son fils Edmond et aimé par son fils Edgar. […] Si, dans un bas-relief, Jéhovah sacrifie son fils, il a pour voisin, dans le bas-relief d’à côté, Abraham sacrifiant son fils. […] Il est père d’une dynastie de Dives, dont les vieux fabliaux ont conservé la filiation : Elfe, c’est-à-dire le Rapide, fils de Prométhée, puis Elfin, roi de l’Inde, puis Elfinan, fondateur de Cléopolis, ville des fées, puis Elfilin, bâtisseur de la muraille d’or, puis Elfinell, le vainqueur de la bataille des démons, puis Elfant, qui construisit Panthée tout en cristal, puis Elfar qui tua Bicéphale et Tricéphale, puis Elfinor le Mage, une espèce de Salmonée qui fit sur la mer un pont de cuivre sonnant comme la foudre, non imitabile fulmen œre et cornipedum pulsu simularat equorum, puis sept cents princes, puis Elficléos le Sage, puis Elféron le Beau, puis Obéron, puis Mab. […] Dans Huon de Bordeaux, elle se nomme Gloriande et a pour amant Jules César, et Obéron est son fils ; dans Spenser, elle se nomme Gloriana, et Obéron est son père ; dans Shakespeare, elle se nomme Titania, et Obéron est son mari. […] Dans la Tempête, le duc de Milan a « un brave fils » qui est comme un rêve dans le rêve.

116. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Les fils  »

Nous n’avons jamais dit que le fils d’un écrivain, d’un poète célèbre, s’il a lui-même du mérite et du talent, ne pût légitimement hériter et profiler de la part d’honneur et de faveur acquise par un illustre père ; et il est surtout très bien à lui de soutenir le nom en sachant varier le mérite. […] Legouvé d’être le fils de l’auteur du Mérite des Femmes, et que même M. Alexandre Dumas fils profite du renom de son père.

117. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Dumas fils, et M.  […] Dumas fils et M.  […] Ton fils ? Ton fils ? […] Le fils !

118. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

J’y fus particulièrement bien reçu, et son fils, Anatole Demidoff, enfant alors, m’a conservé et témoigné depuis des sentiments survivant à toutes les circonstances heureuses ou malheureuses de ma vie. […] Fils de M. de Bombelles, émigré français rentré avec le roi et devenu, depuis la mort de sa femme, évêque d’Amiens, il était resté au service de l’empereur François. […] La Restauration y avait rétabli son fils, en attendant le duché de Parme, après Marie-Louise, veuve de Napoléon vivant relégué à Sainte-Hélène. […] — C’est Hyeronimo qu’elles veulent dire, monsieur, dit le vieillard ; c’est mon fils et mon apprenti. […] C’est son père qui avait planté quelques ceps de vigne sur la pente en pierres au midi, et qui avait enlacé les sarments aux treize mûriers qui nourrissaient ses vers à soie de leurs feuilles ; c’est son fils, mon frère et son fils que voilà, dit-elle, en montrant du geste le vieil infirme, qui défricha en vingt ans et qui sema le champ de maïs dont les grappes d’or, comme des oranges sur le quai de Pise, brillent maintenant pour d’autres que pour nous sous les vertes lisières du bois de lauriers.

119. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Ton esprit, d’en haut, se pencha-t-il sur ton fils désolé, malheureux déjà dans ce voyage à peine commencé de la vie ? […] — Mais non, ce qu’ici nous nommons la vie est chose si peu digne d’être aimée, et toi, ma mère, tu m’es si aimable que ce serait te payer bien mal que de contraindre ton esprit délivré à reprendre ses fers… La mort de sa mère livra le jeune enfant aux mains des étrangers ; son père, homme estimable, n’eut point pour ce fils délicat et timide les attentions qu’il aurait fallu. […] Un matin, en sortant de l’église, le jeune Unwin, fils d’un ministre du lieu, aimable jeune homme de vingt et un ans, s’était approché de Cowper qui allait se promener mélancoliquement seul sous une rangée d’arbres ; il lui avait fait des prévenances et s’était invité lui-même à prendre le thé avec lui pour l’après midi. […] Le fils, qui appartient à Cambridge, est le plus aimable jeune homme, et la fille aussi tout à fait en accord avec le reste de la famille. […] Après le dîner, qui avait lieu à trois heures, si le temps le permettait, on allait au jardin où, entre Mme Unwin et son fils, il s’entretenait jusqu’au thé de sujets sérieux et chrétiens.

120. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Sous ce titre impropre d’Œuvres, il existe six volumes des plus intéressants et des plus authentiques, qu’il serait plus juste d’intituler Mémoires de Louis XIV ; ils se composent, en effet, de véritables mémoires de son règne et de ses principales actions, qu’il avait entrepris d’écrire pour l’instruction de son fils. […] En commençant à vingt-trois ans à vouloir régner entièrement par lui-même, Louis XIV met au nombre de ses occupations essentielles et de ses devoirs, de noter par écrit ses actions principales, de s’en rendre compte, et d’en faire le sujet d’un enseignement à son fils qui, plus tard, pourra s’y former à l’art de régner. L’idée de gloire, qui est inséparable de Louis XIV, s’y mêle, et, comme l’avenir aura un jour à s’occuper de ses actions, comme la passion et le génie des divers écrivains devront s’y exercer, il veut que son fils trouve là de quoi redresser l’histoire si elle vient à se méprendre. […] Louis XIV donne en politique à son fils des préceptes tout pareils et analogues : il lui conseille de retourner un plan vingt fois dans son esprit avant de l’exécuter ; il veut lui apprendre à trouver avec lenteur dans chaque affaire l’expédient facile. […] Il pensait, et il le dit expressément à son fils, que « les empires ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et par le travail ».

121. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Un matin de la fin de novembre, deux des habitants du lieu, le père et le plus jeune des fils, étaient assis dans la salle basse. […] Tout à coup le fils éleva la voix et interrogea le père : — Que penses-tu de cet exil ? […] — Moi, dit le fils, je traduirai Shakespeare. […] Il aimait Stratford-sur-Avon où il était né, où son père était mort, où son fils était enterré. […] Il était si bien mort que Davenant, son fils possible, refit ses pièces.

122. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Ainsi fit le fils du roi, il était jeune. […] En un instant, il pêcha le fils du roi, il était jeune. […] Le fils du roi les va chassant. Le fils du roi les va chassant Avec un p’tit fusil d’argent. […] Visa le noir, tua le blanc, fils du roi, qu’tu es méchant, Ô fils du roi, qu’tu es méchant, D’avoir tué mon canard blanc.

123. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

La mère mourante, et forte de sa mort prochaine, arrache à son fils la promesse qu’il n’épousera pas celle qu’il aime. […] je connais, en ce moment, des fils, qui ne sont pas des monstres, et qui disent avec une familiarité révoltante : « mon ami », quand ils parlent à leur père, et, ce jour-là, ces imbécilles de pères les trouvent charmants ! J’en connais d’autres qui disent insolemment du leur : « le vieux », et sont trouvés charmants par des fils comme eux, vils parricides, sans main ! […] selon ce critique, qui est chrétien pourtant et d’une noble race, fidèle aux anciennes traditions et aux anciennes mœurs, il fallait que l’amour d’Armelle mis dans la balance avec le serment fait à la mère l’emportât dans le cœur du fils, sous peine de disproportion entre le motif du sacrifice et son objet ; et, le pourra-t-on croire ? […] Je n’ai pas voulu déchirer cet opulent et soyeux tissu pour y chercher quelques légers défauts, quelques fils manqués ou rompus dans sa trame.

124. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

a-t-il envie de le prier de prendre un de ses fils pour page ?  […] La régence de son fils ramena du monde de la Cour chez Madame, et d’ailleurs le séjour plus ordinaire à Paris durant cette régence lui permettait moins la retraite que ne l’avait fait le séjour à Versailles. […] Le pouvoir de son fils ne lui apporta que peu d’influence ; elle ne voulut en avoir que pour rendre des services particuliers. […] À d’autres jours, les rumeurs contre son fils montaient jusqu’à elle, et elle se plaignait de l’ingratitude des Français envers lui. […] Madame, âgée de soixante-dix ans, mourut à Saint-Cloud, le 8 décembre 1722, dix jours après sa fidèle amie la maréchale de Clérambault, et un an seulement avant son fils.

125. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

La Miséricorde l’emporte, et il est décrété que le Créateur donnera son propre fils pour le salut des hommes. […] Notre-Dame s’incline et se soumet : Fils, votre vouloir est le mien. […] Quelque temps après, cependant, elle met au monde un fils, auprès de qui Judas grandit, toujours élevé dans la maison ; mais bientôt la jalousie engendre la haine. Un jour, que les deux jeûnes gens jouaient ensemble aux échecs, Judas triche, une querelle s’engage ; Judas tue le fils du roi. […] Il ne s’agit pas de l’émotion actuelle, momentanée, produite sur les gens d’alors par ce colloque émouvant de la mère et du fils.

126. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Méry, Joseph (1797-1866) »

. — Le Fils de l’homme, avec Barthélemy (1829). — Waterloo, avec Barthélemy (1829). — Œuvres poétiques de Barthélemy et Méry, 4 vol. (1831). — Les Douze Journées de la Révolution, avec Barthélémy (1833-1835). — Héva ; la Floride ; la Guerre de Nizam (1843-1847). — Le Chariot de terre cuite, du roi Soudraka, adaptation avec G. de Nerval (1850). — Les Uns et les Autres, souvenirs contemporains (1864). […] Homère, a fait fils de Virgile. […] La part qu’il avait prise au beau poème de Napoléon en Égypte, et à celui du Fils de l’homme, lui avaient acquis toutes les sympathies des Bonaparte de Florence et de Rome.

127. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ampère, menant son fils de onze à douze ans, très-petit pour son âge. […] Ampère demanda pour son fils les ouvrages d’Euler et de Bernouilli. […] Daburon fit observer qu’ils étaient en latin : sur quoi l’enfant parut consterné de ne pas savoir le latin ; et le père dit : « Je les expliquerai à mon fils » ; et M.  […] Nous en avons sous les yeux des preuves sans nombre dans les papiers de tous genres amassés devant nous et qui nous sont confiés, trésor d’un fils. […] Elle lui donna un fils, celui qui honore aujourd’hui et confirme son nom.

128. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Mais le Génie funeste de la race ressaisit son plus noble fils. […] Le père meurtrier arma l’épouse adultère, la mère criminelle suscita le fils parricide. […] Il viendra le fils parricide, exilé aujourd’hui et loin de cette terre. […] Ce n’est pas elle qui a tué, c’est le Génie héréditaire qui s’acharne aux fils de Pélops, et les extermine l’un par l’autre. […] Lâche et basse figure qui s’élève pourtant, un moment, à la hauteur d’un fantôme, lorsque le fils de Thyeste rappelle, sur le fils d’Atrée gisant à ses pieds, le repas maudit.

129. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Dumas fils. […] Dumas fils sa Dame aux Camélias (1852) : non point la comédie classique, joyeuse et générale, mais une comédie dramatique, enveloppant quelque thèse morale dans une peinture exacte des mœurs contemporaines, une comédie émouvante et réaliste, qu’influençait fortement le voisinage du roman de Balzac. […] Ennemi déclaré du parti religieux, au point qu’il lancera son Fils de Giboyer (1802) contre Veuillot et le journalisme catholique, il aura surtout l’horreur des Jésuites, dont il dénoncera l’effrayante politique avec une violence ingénue dans Lions et Renards (1869). […] Dumas (né en 1824), fils du fameux dramaturge et romancier, a commencé par des romans. […] Comédies : la Dame aux Camélias (1852) ; le Demi-Monde (1855) ; la Question d’argent (1857) ; le Fils naturel (1858) ; le Père prodigue (1859) : l’A mi des Femmes (1864) ; les Idées de Mme Aubray (1867) ; la Visite de Noces (1871) ; la Princesse Georges (1871) ; la Femme de.

130. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Mais en chemin il rencontre Jésus traînant après lui la foule ; il le voit, ressusciter le fils de la veuve de Naïm, et il se convertit. […] Au moment d’enter dans les scènes de la Passion, on voit la Vierge Marie, soumise jusqu’alors aux volontés de son fils, essayer de détourner d’elle et de lui le calice, et, dans la dernière visite qu’il lui fait à Béthanie, le supplier de ne pas retourner dans la cité maudite de Jérusalem, où il a tant d’ennemis. […] On y assiste ; dans un tête-à-tête avec son fils, elle lui adresse successivement quatre requêtes, et lui demande au moins de quatre choses l’une : 1° de ne point mourir, lui son fils, de ne point souffrir mort, s’il est possible ; 2° cette première requête refusée, et puisque cette mort est jugée nécessaire, de ne point la souffrir si amère, si honteuse et si cruelle ; 3° cette requête rejetée encore par Jésus au nom des Écritures et des Prophéties, de permettre au moins que sa mère meure la première et n’ait point à voir de ses yeux une mort si terrible ; 4° puisque cette troisième pétition n’est pas plus accueillie que les deux autres, de vouloir bien qu’elle perde au moins connaissance pendant la durée de la Passion, qu’elle soit ravie en esprit et demeure comme une chose insensible, privée d’intelligence et de sentiment. Mais Jésus a refusé cette dernière requête elle-même : quand le fils souffre d’une telle mort, il convient qu’une mère douce et tendre le ressente ; il est juste que le glaive de douleur la transperce. […] C’est alors que la Vierge, ainsi repoussée, en remercie presque son fils et le prie de l’excuser de ses faiblesses ; mais au même moment, tout en paraissant se soumettre, elle revient doucement à la charge en refaisant presque ses mêmes demandes, ses mêmes prières, en les faisant à mains jointes et comme les plus petites, les plus humbles, les plus attendrissantes supplications qui puissent, à pareille heure, sortir des lèvres d’une mère : Notre-Dame Au moins veuillez, de votre grâce, Mourir de mort brève et légère !

131. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

— Notre Foucault, fils aîné de cet original, qui avait pourtant, au milieu de toutes, ses rugosités, des coins de tendresse, fut parfaitement élevé, en vue des offices publics et des bienfaits du roi. […] Il faut voir dans Saint-Simon toutes les aventures, les impertinences, les frasques, et, pour tout dire, les friponneries de ce fils de Foucault, connu d’abord sous le nom de M. de Carcassonne, et finalement décrié sous celui de Magny. […] Aïeul dur et serré, père réglé et honnête homme, fils mauvais sujet, c’est l’histoire de bien des familles, c’est presque une loi. […] Ce fils de Foucault brouillon, fou, fripon, qui se fit chasser de partout, ne laissa pas de vivre jusqu’à quatre-vingt-seize ans, l’âge du plus sage des Nestors. […] Le roi ayant créé par édit (janvier 1674) huit charges de maîtres des requêtes ; Colbert, qui était le-patron des Foucault, conseilla au père d’en prendre une pour son fils, promettant de le faire nommer à une intendance.

132. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Mon sang coule dans les veines de mon fils, et j’espère qu’un jour il se montrera digne petit-fils de Marie-Thérèse. […] Le dernier jour, le jour suprême de la royauté, au 10 août, elle essaie de donner à Louis XVI un élan qui l’eût fait mourir en roi, en fils de Louis XIV ; mais c’est en chrétien et en fils de saint Louis qu’il devait mourir. […] Une fois enfermée au Temple, elle fait de la tapisserie ; s’occupe de l’éducation de sa fille et de son fils, compose pour ses enfants une prière, et s’accoutume à boire le calice en silence. […] Et l’on sait aussi ce dernier mot de Marie-Antoinette devant l’atroce tribunal, lorsque, interrogée sur d’affreuses imputations qui touchaient à l’innocence de son fils, elle s’écria pour toute réponse : « J’en appelle à toutes les mères !  […] Le lendemain, elle écrivit qu’elle ne pouvait s’y décider, puisqu’il fallait, en fuyant, se séparer de son fils : « Quelque bonheur que j’eusse éprouvé à être hors d’ici, écrivait-elle, je ne peux pas consentir à me séparer de lui… Je ne pourrais jouir de rien en laissant mes enfants, et cette idée ne me laisse pas même de regrets ».

133. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Son père, qui était capable de mieux, doué, à ce qu’il paraît, d’une certaine éloquence, et qui parlait d’or , nous dit son fils, s’était enterré dans la campagne à faire les affaires du seigneur du lieu et de la noblesse. Il voulut que son fils en sortît : « Il me faisait lire, encore tout petit, les Vies de Plutarque tout haut et m’apprenait à bien prononcer. » Ce père, qui avait été reçu avocat lui-même, voulait faire de Gui Patin un avocat. […] Vers ce temps, le seigneur et les nobles du pays, pour récompenser les services de Patin le père d’une manière qui ne leur coûtât rien, lui voulurent donner un bénéfice pour son fils ; mais le jeune homme refusa tout plat, déclarant qu’il ne serait jamais prêtre. […] Renaudot, revenant sur cette condition imposée à ses fils et expliquant comment on pouvait tenir le Bureau d’adresses et d’annonces sans se charger pour cela des détails confiés à des commis, reconnaît qu’en effet ses fils ont déclaré devant la Faculté « qu’ils ne se mêlaient point et ne s’étaient jamais mêlés des négociations dudit Bureau ». […] Toutefois, voyant qu’on prétendait abuser contre lui de la déclaration de ses fils, il dut se pourvoir contre et demander qu’elle fût rapportée.

134. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Que deviennent les fils et les filles ? […] « Je n’ai pas seulement créé les pères », fait dire le sage persan au Créateur, « j’ai créé les fils et les générations des fils sur la terre. L’hérédité est la propriété des fils ; les lois doivent la garder plus jalousement encore que celle des pères, car ces possesseurs ne sont pas encore nés pour la défendre eux-mêmes. […] On se demande si les fils nés après l’aîné du lit paternel, doivent être déshérités de tout ou d’une partie par le droit d’aînesse qui les prime dans la vie. […] Le peuple trompe presque constamment la loi française de l’égalité des partages, en privilégiant les aînés de ses enfants sur les puînés, ou les fils sur les filles.

135. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Mais Shakespeare, en 1584, donnait à son fils le nom de Hamlet ! […] Ambrogio se réjouit du retour de son fils et consent au mariage de sa fille. […] Il en eut un fils nommé Garrinter. […] Cependant le roi de Sicile était parvenu à découvrir les traces de son fils. […] --Bien, mon fils, dit le roi avec un grand soupir, quel droit j’y avais, Dieu le sait !

136. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

On a dit et écrit que Philippe, à la naissance de son fils Alexandre, adressa à Aristote une lettre où il se réjouissait non pas tant d’avoir un fils, mais que ce fils fût né à une époque où il pouvait lui donner pour précepteur Aristote. […] Il est plus probable que Philippe écrivit, longtemps après, quelque chose d’analogue au fils de son médecin. […] Philippe, dont le fils Alexandre touchait à l’âge des études sérieuses, rappela Aristote à sa cour pour lui confier la dernière éducation de son fils. […] Il épousa Pythias, jeune Grecque qui mourut peu d’années après son mariage, et dont il n’eut qu’un fils. […] Il en eut un fils auquel il donna le nom de Nicomaque, et qu’il aima tendrement comme il avait aimé la mère.

137. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Fils aîné de la création, consubstantiel à la terre, il est resté plein d’elle en s’en détachant. […] Mais leur intervention exprime, en réalité, une idée plus haute, celle des âmes de la Nature émues du malheur de son plus grand fils. […] Le dieu posera sur son front une main caressante : un fils nommé Epaphos — « Touché doucement » — naîtra de cette conception mystique, et ce fils sera l’ancêtre du libérateur qu’attend Prométhée. […] » — « Elle enfantera un fils plus fort que son père. » — « Et il ne peut détourner de lui cette destinée ?  […] Ce nom d’Éphémères qu’on lui jette toujours à la face, en parlant des hommes, ses fils d’adoption, il le retourne contre ceux qui se proclament immortels.

138. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Il n’a donné à Don Diègue qu’un seul fils, mais ce seul en vaut trois. […] Le vieillard, au désespoir, charge son fils de le venger. […] suis-je votre fils ? […] Il y a tout une dynastie des Heinsius, savants de père en fils. […] Il s’en défend, de bonne foi, mais sans dire de qui il est fils.

139. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Laissant la peinture du monde et des ridicules mondains, La Chaussée prend pour objet la vie intime, les douleurs domestiques : il développe les tragédies des existences privées, le mari libertin ramené à sa femme par la jalousie, le riche ou noble fils de famille épris d’une pauvre fille, le fils naturel en face de son père, etc. […] Dans Esope à la Cour ; dans le Glorieux, et dans les Fils ingrats. […] Le Fils naturel, imprimé en 1757, fut joué en 1771. […] Entretiens sur le Fils naturel (1757) ; De la poésie dramatique, 1758. — Cf. les t.  […] Charles Simon Favart, né à Paris (1710), fils d’un pâtissier, auteur, puis directeur de l’Opéra-Comique, directeur des comédiens du maréchal de Saxe ; sa femme fut une des plus naturelles actrices du siècle.

140. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Alexandre Dumas fils avec la Dame aux camélias. […] Et, il y a trois ans, lors de la reprise des Effrontés, il refusa de céder à ceux qui le priaient de permettre qu’on reprît le Fils de Giboyer, afin de ne pas réveiller des ressentiments assoupis et de ne pas soulever, à l’occasion d’une de ses œuvres, des polémiques irritantes sur la question religieuse. […] » Théophile Gautier fils. […] Il voulait que son fils fût aussi avocat et, en 1838, il le fit entrer chez un avoué de Paris, Me Masson. […] Un jour qu’il dînait à la villa Médicis, dont son ami Hébert, comme lui Dauphinois, — Hébert est fils d’un notaire de Grenoble — était et est encore directeur, il lui dit qu’il voulait se marier.

141. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

On le dit convenable, sensé, assez raisonnable ; il ne l’est même que trop pour nous Français, et on remarque avec ironie qu’il n’a encore fait parler de lui par aucune aventure de jeunesse ; pour un petit-fils de Henri IV et pour le fils du duc de Berry, il est le plus irréprochable des bons sujets. […] Il est très-rare que dans des familles aisées, bourgeoises, moyennes, même religieuses, aucun fils se destine au sacerdoce, ce n’est plus une carrière. […] c’est qu’il n’y a guère que les gens de. campagne, fermiers ou petits propriétaires-laboureurs, qui poussent quelqu’un de leurs fils au petit séminaire, où il est élevé le plus souvent gratis ; ils considèrent cette prêtrise comme un avancement social relativement à leur obscure condition. […] Comme exception au grand fait que je signalais tout à l’heure, on cite M. l’abbé de Cazalès, fils de l’illustre Constituant ; après des études approfondies qu’il est allé suivre à Rome, il a été ordonné prêtre depuis quelque temps.

142. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Henry Standish me parle du marquis de Herfort et de son fils Richard Wallace. […] Un monde un peu fantastique, dans un milieu légèrement magique, autour de cette lunette, qui a dedans des fils d’araignées, d’araignées qu’on fait jeûner, pour que leurs fils soient tout à fait ténus, et deviennent des diviseurs de riens indivisibles : lunette dont la gravitation fait comme le bruit d’une usine céleste. […] » Et son fils Jacques lui répétait plusieurs fois : « Si mon père avait vécu dix ans encore, il nous aurait mis sur la paille !  […] Puis elle passe à des portraits de gens qu’elle a connus, pratiqués, de Rochefort, de Dumas fils, etc. […] Le dîner avec son fils, sa belle-fille, Bauër, Jean Lorrain, et la Guérard, qui est sa Guénégaud.

143. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Je laisserai ce mot pour vous être envoyé jeudi ; car je ne serai revenu que le soir de Port-Royal, où la famille a souhaité que j’accompagnasse le fils ainé de mon cher ami. […] Le fils, qui court sa vingt-unième année, en avait la survivance et y était reçu. […] Racine le fils a été très-bien reçu du roi, mais que M.  […] Je n’étais arrivé là qu’environ une heure après le corps, avec le fils qui avait eu à s’arrêter à Versailles. » Dans cette même lettre, les bontés de Louis XIV pour la famille Racine nous sont confirmées par le menu : « Depuis quelques jours le roi a accordé au fils une pension de mille francs (sic) et autant à la veuve pour elle et ses enfants encore en bas âge. […] Despréaux, le cher Despréaux, qui est fort naturel et fort sincère, me disait dimanche dernier à une thèse do son petit-neveu, fils du président Gilbert, que La Chapelle, ayant affecté de ne point parler de Despréaux, avait mis Despréaux en droit de parler de La Chapelle.

144. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Laurent ne se fia ni à cet acte, ni aux dispositions du roi de Naples, dont le fils, duc de Calabre, faisait trembler l’Italie. […] Le fils et le petit-fils du roi étaient venus au-devant de lui sur la darse ; et la foule se portait sur la route d’un homme si célèbre. […] Politien, son ami et le précepteur de ses fils, composa alors le poëme d’Orphée. […] Il adorait les femmes, mais il respectait son épouse ; trois fils et quatre filles composaient cette famille. Il jouait, comme Henri IV, à ces jeux familiers avec ses fils, dont l’un devait être pape, l’autre duc de Nemours.

145. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Nul doute que, dès le temps de Ptolémée, fils de Lagus, trois siècles avant notre ère, déjà l’antique Orient ne se découvrît à l’esprit grec, comme la statue d’Isis se dévoilait aux initiés. […] Callimaque de Cyrène était fils d’un Grec nommé Battos, et prétendait, par l’analogie même de ce nom, descendre des anciens rois de la Cyrénaïque. […] « Salut cent fois, tout-puissant fils de Saturne, donateur de tous les biens et préservateur des maux ! […] Et toi, écoute, fils de la Lune porte-flambeau, ô Musée ! […] Ces fils de conquérants sont déjà confondus avec les habitants du sol conquis deux fois depuis Cambyse ; ils ont l’indigénat de la servitude.

146. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

En partant, Jésus déclara son hôte bon fils d’Abraham, et comme pour ajouter au dépit des orthodoxes, Zachée devint un saint : il donna, dit-on, la moitié de ses biens aux pauvres et répara au double les torts qu’il pouvait avoir faits. […] Au sortir de la ville, le mendiant Bartimée 1009 lui fit beaucoup de plaisir en l’appelant obstinément « fils de David », quoiqu’on lui enjoignit de se taire. […] Ce personnage était le beau-père de Kaïapha, Hanan ou Annas 1021 fils de Seth, vieux grand-prêtre déposé, qui, au milieu de cette instabilité du pontificat, conserva au fond toute l’autorité. […] Pendant cinquante ans, le pontificat demeura presque sans interruption dans sa famille ; cinq de ses fils revêtirent successivement cette dignité 1023, sans compter Kaïapha, qui était son gendre. […] Comme toute l’aristocratie du temple 1028, il était sadducéen, « secte, dit Josèphe, particulièrement dure dans les jugements. » Tous ses fils furent aussi d’ardents persécuteurs 1029.

147. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Hé bien, voilà, reprit-il, mon cher fils, comme je veux que tu me venges de tous mes ennemis !  […] Santi venait de mourir, laissant son atelier à son fils ; son premier ouvrier, nommé Lucagnolo, gouvernait la maison. […] Il était fils d’un Romain qui vivait de ses rentes. […] Celui-ci lui dit mon nom : c’est donc le fils de maître Jean Cellini, répondit le pape ? […] « Le pape, de mauvaise humeur contre moi, pensait à ce que son fils lui avait dit.

148. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

J’ai entre les mains la correspondance familiale de Robert Hertz, élève de l’École normale supérieure, professeur de philosophie au lycée Douai, fondateur des Cahiers du socialisme, fils d’un israélite allemand. […] D’ailleurs, ils peuvent trouver dans cette situation même une raison de se dévouer, et Robert Hertz, fils d’Allemand, nous fait voir en termes admirables que se connaissant comme un adopté il veut se conduire de manière à mériter son adoption. […] Que subsiste-t-il en eux du vieil Israël pieux, et quel secours celui-ci offre-t-il à ses fils engagés dans la guerre ?‌ […] Par modestie d’abord, et par justice aussi pour les héros inconnus, je désire que le nom de mon fils soit par vous pieusement gardé sans être publié…‌ Je me conforme à regret à cette volonté ; je tairai le nom du héros, qui occupait une haute charge ; je me borne à analyser le petit dossier que l’on me communique.‌ […] Et je veux vous le dire aussi, le Dieu infiniment puissant et miséricordieux, dans lequel nous croyons tous, quoique différents de religion, dans lequel votre fils croyait (il me l’a dit), a pris auprès de lui, je l’espère, l’âme droite et loyale, qui s’est sacrifiée pour le devoir, et il l’a prise pour l’immortalité… J’ai prié du fond de mon cœur hier, aujourd’hui, ce Dieu de miséricorde, de recevoir votre fils auprès de lui, et de vous réunir à lui, quand le temps sera venu pour une réunion éternelle et heureuse… Puisse cette parole d’un ministre de Dieu, non pas calmer votre douleur, mais vous apporter l’espérance, soutenir votre courage, vous aider à supporter le sacrifice.

149. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Par une singularité dont il n’existe pas d’exemple ailleurs, les premiers poëtes tragiques, Phrynicus, Eschyle, Sophocle, eurent pour successeurs immédiats au théâtre leurs fils, oubliés de l’avenir, mais plusieurs fois couronnés par les contemporains. Aristophane lui-même ne plaisanta point de cette hérédité ; et son fils Araros se fit applaudir, après lui, pour des comédies de la même école, sinon du même génie. […] Les épisodes, ce sont les souvenirs des aïeux sans cesse rappelés, comme une obligation pour les fils et un titre d’orgueil pour les citoyens. […] C’est, avec plus de grandeur, et dans toutes les magnificences de l’Orient, le désespoir de la mère de Sisara, telle que la montrent les versets de la Bible, alors qu’elle épie la poussière de la route et le bruit des cavaliers, attendant le retour de son fils. […] « Et c’est la ville dont mon fils a si grand désir de faire la conquête ?

150. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Elle a été élevée avec un jeune homme, appelé Gérard, qui était le fils de sa gouvernante. […] Restait à trouver le gendre aristocratique, le fils du Grand Turc rêvé par l’ancien patron des Trois Sultanes. […] L’habileté de l’auteur ne parvient pas à relier les fils décousus de l’intrigue. […] Ce fils ne semble guère plus compter dons sa vie de luxe qu’un marmouset de vieux saxe sur son étagère. — « Drôle de maison ! […] Il est fils d’un banquier hongrois, il a quarante millions et il s’appelle Nourvady.

151. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Malheur à vous, qui parcourez les terres et les mers pour gagner un prosélyte, et qui ne savez en faire qu’un fils de la Géhenne ! […] La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal. […] , II, 20), entre Zacharie, fils de Joïada, et Zacharie, fils de Barachie, le prophète. […] Le livre des Paralipomènes, où l’assassinat de Zacharie, fils de Joïada, est raconté, ferme le canon hébreu.

152. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

— Certainement, il a un fils ; et quel voleur ce sera avec le temps ! […] Le fils est resté au bois tout un jour avec sa nuit, et il a fini par déterrer le pot. […] D’ailleurs, que peut-on attendre du fils d’un prêtre ? […] Elle eut de lui deux enfants : un fils, Ivan, qui fut le père de Théodore, et une fille, nommée Glafyra. […] Le fils de Maria Dmitriévna s’approcha de l’étranger et lui demanda poliment ce qu’il désirait.

153. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

dit le pauvre homme, mon fils ne m’aime plus !  […] Tout paraît bien fini entre le père et le fils. […] La blague de son fils la suffoque. […] Mauvais fils ! […] Elle ne veut pas que tu lui prennes son fils.

154. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Et le fabuleux Amour, fils aîné de Cypris, ne lance-t-il pas les flèches de son carquois dans le cœur de Gabrielle et de son amant, soumis au dieu des bosquets d’Idalie ? […] « Ici la jeune Agar, par la soif dévorée, « De son fils expirant se détourne éplorée. […] chante la rédemption de l’homme coupable, accomplie sur la terre par le fils de Dieu, revêtu de la nature humaine. […] « L’un d’eux, inaperçu, propre à notre entreprise, « Mène aux murs de Pallas, et jusqu’au fils d’Anchise. […] dès ce moment je l’adopte pour mère ; « Oui je deviens son fils et tu deviens mon frère : « Eh qui peut trop chérir la mère d’un tel fils !

155. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il fit donc cette admirable pièce qui commence avec grandeur, et où il montre le vaisseau de haut bord qui, dans l’orgueil du départ, se rit des flots et se joue même de la tempête ; puis, en regard, la pauvre barque comme il en avait tant vu dans le golfe de Naples, une barque de pêcheur dans laquelle habite toute une famille, et qui, jour et nuit, lui sert d’unique asile et de foyer : le père et le fils à la manœuvre, la mère et les filles aux plus humbles soins. […] J’ai enfermé cette ] lettre avec ce que vous avez jamais écrit de plus ardent et de plus loyal : aussi l’ai-je lue en compagnie de mon cher fils avec un intérêt indicible. […] Vous voyez bien que je sais à peine l’orthographe de tout ce que mon cœur de mère vous écrit. » Il est touchant de rencontrer dans cette correspondance, et sous la plume de l’exilé, tout un hymne patriotique et lyrique à la France conçue et embrassée par un cœur de fils et de citoyen. […] Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités. Vous êtes, monsieur, le fils d’un ange.

156. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Et, en effet, ces poètes, cette constellation de la Lyre de 1830, n’ont point le rire qu’avait le noir Shakespeare dans sa noire Angleterre, ni le rire autochtone de chez nous, fils de Rabelais, fils de Régnier, fils de Molière, fils de Voltaire, et même fils de Boileau, le raisonnable, qui ne riait pas aux éclats, mais qui riait.

157. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Babut, ayant perdu un fils, cherche à faire de sa douleur la consolation des autres. […] Son fils tombé au champ d’honneur, il prêcha un sermon admirable de foi et de force d’âme. […] Gounelle, a perdu son fils. […] Raoul Allier, « Avec nos fils sous la mitraille ».) […] Le vieillard presque aveugle ne voyait pas ceux à qui il venait parler de « nos deuils » :‌ « Vous savez tous vraisemblablement qu’au commencement de la semaine qui vient de s’écouler, j’ai perdu un fils mort pour la patrie, comme tant d’autres, dans la force de l’âge, alors qu’il avait toutes sortes de raisons d’aimer la vie et qu’il la faisait aimer aux autres.

158. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

L’habit passe et repasse du père au fils, et du fils au père. […] Alexandre Dumas fils. […] Dumas fils. […] Le hasard seul avait fait de l’un le fils du comte X…, de l’autre le fils de la paysanne. […] Son fils Philippe aime la petite fille de la victime.

159. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Le fils de Racine, imbu longtemps des confidences de son père, éclairera notre goût par le livre exquis de ses réflexions. […] Là commence à s’exécuter la loi transcrite par le fils de Racine, sur l’obligation d’imiter en poésie moins le vrai simple que le vrai idéal. […] Philippe II, soupçonneux et cruel rival de son fils Carlos, le frappe d’une sentence de mort, que prononce un tribunal vendu. […] Son Andromaque, épouse de Pyrrhus, et déjà mère de Molossus, est victime de la rivalité d’Hermione, première femme du fils d’Achille. […] Par cette cause, le monstre marin, que Neptune déchaîne à la voix de Thésée contre son fils Hippolyte, rend sa mort dramatiquement vraisemblable.

160. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Quant à la personne même qui les a écrites, Saint-Simon, si sévère, si injuste pour l’illustre maréchal, son fils, a tracé d’elle, dans sa vieillesse, un portrait unique : « Cette marquise, nous dit-il, était une bonne petite femme sèche, vive, méchante comme un serpent, de l’esprit comme un démon, d’excellente compagnie, qui avait passé sa vie jusqu’au dernier bout dans les meilleures et les plus choisies de la Cour et du grand monde, et qui conseillait toujours « son fils de ne point donner de scènes au monde sur sa femme, de se vanter au roi tant qu’il pourrait, mais de jamais ne parler de soi à personne. […] Philippe IV était mort en 1665, léguant le fardeau de la monarchie à son fils Charles II, âgé de quatre ans, sous la régence de la reine mère, Allemande, gouvernée elle-même par un confesseur allemand, le Père Nitard, jésuite. […] Son corps fut porté à l’Escurial, dans la sépulture des Princes à côté du Panthéon. » On le traitait jusqu’au bout en fils de roi, bien qu’il y eût fort à dire sur l’authenticité et la légitimité de cette bâtardise ; mais Philippe IV l’avait reconnu — Le marquis de Villars a tracé de lui le portrait suivant, qui, dans un ton simple, est d’une belle langue : « Sa naissance lui avait donné un grand rang et de grands emplois, mais on ne vit point la suite de sa vie répondre à cette éducation : on le vit malheureux dans la plupart de ses entreprises, souvent battu à la guerre, toujours éloigné de la Cour ; son dernier malheur fut d’être devenu enfin la première personne de l’État. […] Cependant la reine mère était revenue de son exil de Tolède à Madrid, et le roi, y mettant un empressement extraordinaire, avait même été au-devant d’elle jusqu’à Tolède, « où il parut bien de la tendresse et bien des larmes entre la mère et le fils. » Ce jeune roi, qui n’était ni bon ni méchant, était nul, fait pour être gouverné. […] Il est bien plus large et bien plus long que le Pont-Neuf de Paris : et l’on ne peut s’empêcher de savoir bon gré à celui qui conseilla à ce prince de vendre ce pont ou d’acheter une rivière… » Ce Mançanarès tout poudreux est revenu fort à propos en idée au savant et délicat Boissonade dans je ne sais plus quel commentaire, pour lui servir à justifier une expression pareille qu’on rencontre chez les auteurs anciens et qui semblait invraisemblable ; ainsi, le pulverulenta flumina de Stace est vrai au pied de la lettre. — Un jour qu’un spirituel voyageur français (Dumas fils) était à Madrid, et que, mourant de soif, on lui apporta un verre d’eau, c’est-à-dire ce qu’on a de plus rare : « Allez porter cela au Mançanarès, dit-il, ça pourra lui faire plaisir.

161. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Marie-Thérèse n’était pas sans le savoir autant et mieux que personne ; elle n’avait consenti qu’avec répugnance à ces démarches violentes et précipitées de son fils ; elle sentait bien que cette affaire n’avait pas été assez liée ni concertée avec les alliés ; qu’une nouvelle guerre de Sept Ans eu pouvait sortir, et que l’Autriche n’y était point préparée. Elle avait, dès le commencement, consigné ses craintes et prédictions par écrit, et si elle avait été libre, elle aurait eu certainement une politique bien différente de celle de son fils. […] Vous connaissez notre adversaire, qui tâche à frapper de grands coups au commencement : jugez de ma situation, y ayant des fils bien chers. […] Voulant sauver mes États de la plus cruelle dévastation, je dois, coûte que coûte, chercher à me tirer de cette guerre, et, comme mère, j’ai trois fils qui ne courent pas seulement les plus grands dangers, mais doivent succomber par les terribles fatigues, n’étant pas accoutumés à ce genre de vie. […] Enfin, elle ne pouvait se dissimuler, comme elle le confessa un jour à M. de Breteui), qu’à côté de son fils elle ne régnait plus et ne pouvait plus régner que de nom.

162. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Donc, ses parents paternels étaient des Champenois, de classe bourgeoise ; de père en fils, depuis très longtemps, ils avaient été commerçants. […] Le mariage, après la venue d’un fils, tourna très mal. […] Racine fils a su la chose de Racine son père, ou des amis de Racine le père, et Racine la savait de La Fontaine. […] Oui, il y a eu un père, et je crois qu’il y a eu une mère aussi, qui ont poussé leur fils du côté de la carrière littéraire. […] ………………………………… L’Amour est fils de la Clémence, La Clémence est fille des dieux.

163. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Alexandre Dumas fils, par M.  […] Dumas fils y recevait M.  […] Dumas fils n’avait d’égale que l’indifférence de M. Dumas fils pour l’œuvre de M.  […] Voilà un fils qui, etc.

164. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Ce nouveau danger du fils est une occasion à la mere de faire éclater son zele, tantôt dans ses inquiétudes, tantôt dans ses espérances et dans sa joïe, et de renouveler son sacrifice autant de fois qu’elle apréhende que son fils ne succombe. […] Ah mon fils ! […] Ce roi… meurt ; et laisse après lui, pour venger son trépas, deux fils infortunés qui ne s’accordent pas. […] La justice a dû l’emporter, quand ce fils étoit sans excuse : mais la tendresse au contraire, doit l’emporter à son tour, quand ce fils ne devient plus qu’un malheureux, que le devoir même a entraîné dans le crime. […] Un instant va décider de mon innocence ou de ma perfidie ; et ma mort va vous venger d’un traître, ou les dieux vont vous rendre un fils digne de vous.

165. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Ainsi, à son fils qui s’occupait alors de peinture, elle écrivait : « Mercredi 21. — Hier mardi, 20 octobre, ton père a reçu ta lettre et le dessin qu’elle contenait, mon cher fils. […] Le temps n’était plus où Mme Valmore écrivait de lui à son fils : « Je suis toute vibrante des larmes rimées de Brizeux, et toi ? […] Elle devait lui coûter cent mille francs, je crois, et le devis s’élève présentement au double, ce qui, avec l’éducation de son fils, lui fait perdre la tête. […] En revenant, ma bonne sœur, je me suis vue entourée, presque ensevelie dans des fils de la ] Vierge. […] Ce bon rêve résume ce que j’ai senti bien des fois dans ma vie, qu’il n’y a rien de pareil ni de comparable à une amitié de sœur… « Je n’entends pas parler de tes fils plus que toi, et je te plains dans tes tristesses de mère.

166. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Devenu homme de lettres, Lesage rencontra un protecteur et un conseiller utile dans l’abbé de Lionne, l’un des fils de l’habile ministre. […] Il y eut toutes sortes de difficultés pour la représentation ; il fallut que Monseigneur, fils du roi, les levât. […] Un autre ouvrage de lui, qui n’était certes pas un des moins bons, ce fut le comédien Montmesnil, son fils, acteur excellent et que ceux qui l’ont vu proclamaient inimitable. […] Mais, un jour, des amis l’entraînèrent à une représentation de Turcaret ; il y vit son fils, reconnut deux fois son bien et son ouvrage, pleura de joie et redevint père. […] Il y eut encore un troisième fils de Lesage, qui se fit comédien et courut l’Allemagne sous le nom de Pittenec ; mais ce dernier ressemblait aux moins bons ouvrages de son père.

167. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Toutes les fois qu’il cause avec son fils et qu’il l’entend parler, en quelque matière que ce soit, il est séduit et presque subjugué ; mais il résiste, proteste en secret, et ne veut pas croire que ce soit là autre chose qu’un masque, un porte-voix et un écho. […] Il serait curieux, et je le ferai peut-être un autre jour, de suivre les variations, les luttes, les contradictions violentes de ce père à la fois irrité, humilié, et, à de rares instants, enorgueilli de son fils, durant ces années d’une célébrité si mélangée et encore douteuse, par où celui-ci préludait à la gloire. Pourtant ce mot de gloire, le père implacable, vaincu dans ses derniers jours, a fini par le proférer de loin sur la tête radieuse de son fils. […] » Et vers le même temps (22 janvier 1789), il écrivait à son frère le bailli, parlant de son fils : « De longtemps ils n’auront vu telle tête en Provence. […] Je l’ai vérifié par moi-même, et, dans quelques conversations et communications, j’ai aperçu vraiment du génie. » Génie et gloire, voilà le dernier mot de ce père si longtemps impitoyable et inexpugnable : c’est la bénédiction finale qu’il envoie à son fils.

168. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Lorsque l’heure de l’étude marquait la fin de la récréation, son père paraissait sur le pas de la porte du jardin sans dire un mot, et il se plaisait à voir tomber les jouets des mains de son fils, sans que celui-ci se permît même de lancer une dernière fois la boule ou le volant. […] » Son fils Rodolphe était venu le rejoindre à Saint-Pétersbourg, et il était entré au service dans les chevaliers-gardes de l’empereur Alexandre. En 1807, en 1812 et depuis, ce fils assista aux terribles batailles : « Nul ne sait ce que c’est que la guerre s’il n’y a son fils », écrivait le père à un ami. À ce fils lui-même, à la veille de la bataille de la Moskova, il écrivait : « En ce temps-là malheur aux pères !  […] On doit remercier le fils du comte de Maistre de s’être décidé à publier cette correspondance de son illustre père et les diverses pièces qui y sont jointes.

169. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Mais, on assure que tu habites les îles des bienheureux, où est le rapide Achille et, dit-on, le fils de Tydée, Diomède. […] Le bataillon resté enseveli sous le belliqueux carnage du fils d’Othryas proclame, ô Jupiter ! […] Telle est cette ode sur Danaé : « Comme le vent frémissait106, soufflant sur le coffre artistement travaillé, et que les flots agités augmentaient la crainte, les joues baignées de larmes, elle jeta sa main autour de Persée et dit : “Mon fils, que j’ai de peine ! […] Je le dis hardiment : j’invoque par mon fils justice pour moi.” » 97.

170. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

J’ai dit, en rappelant plus haut l’Événement, ce que jusque-là avait été François Hugo : — rien de plus que le fils de son père, comme Louis Racine l’avait été du sien. Le fils de l’auteur d’Athalie écrivit le poème de la Religion ; le fils de l’auteur de Notre-Dame-de-Paris et de la Préface de Cromwell faisait des romans et tirait les derniers coups de feu inutiles de cette guerre de 1830 terminée, et à laquelle son père avait pris une si éclatante et fière part. […] Pour François Hugo, en effet, pour le fils d’un homme qui a écrit des drames, lesquels ont plus tapagé dans leur temps que ceux de Shakespeare, ce qui prouve, par parenthèse, en faveur de la gloire dramatique, — la plus bête des gloires !  […] François Hugo n’a pour l’attester que la perte d’un fils de onze ans que Shakespeare avait nommé Hamlet comme l’immortel fils de son génie, mais il n’a nul autre détail sur ce fils de Shakespeare que son nom écrit sur une tombe dans le cimetière du petit bourg de Stratford-sur-Avon et sur la douleur de son père. […] Walter Scott, l’immense conteur d’un temps où Shakespeare, s’il revenait au monde, prendrait la forme du roman, bien plus en harmonie avec toutes les exigences d’une pensée très civilisée, Walter Scott est fils de Shakespeare, et cela achève la gloire de Shakespeare.

171. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

L’événement capital de l’histoire du monde est la révolution par laquelle les plus nobles portions de l’humanité ont passé des anciennes religions, comprises sous le nom vague de paganisme, à une religion fondée sur l’unité divine, la trinité, l’incarnation du Fils de Dieu. […] Aucun israélite ne songeait à convertir l’étranger à un culte qui était le patrimoine des fils d’Abraham. […] Par un cycle de légendes, destinées à fournir des modèles d’inébranlable fermeté (Daniel et ses compagnons, la mère des Macchabées et ses sept fils 92, le roman de l’Hippodrome d’Alexandrie 93), les guides du peuple cherchent surtout à inculquer cette idée que la vertu consiste dans un attachement fanatique à des institutions religieuses déterminées. […] Le Messie ne fut plus un roi à la façon de David et de Salomon, un Cyrus théocrate et mosaïste ; ce fut un « fils de l’homme » apparaissant dans la nue 94, un être surnaturel, revêtu de l’apparence humaine, chargé de juger le monde et de présider à l’âge d’or. […] Ce mélange confus de claires vues et de songes, cette alternative de déceptions et d’espérances, ces aspirations, sans cesse refoulées par une odieuse réalité, trouvèrent enfin leur interprète dans l’homme incomparable auquel la conscience universelle a décerné le titre de Fils de Dieu, et cela avec justice, puisqu’il a fait faire à la religion un pas auquel nul autre ne peut et probablement ne pourra jamais être comparé.

172. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Le « Fils de l’homme », dans cette Apocalypse bizarre, détrône les rois, les arrache à leur vie voluptueuse, les précipite dans l’enfer 512. […] » Jésus avait alors de fines réponses, qui exaspéraient les hypocrites : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin 521 » ; ou bien : « Le berger qui a perdu une brebis sur cent laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres pour courir après la perdue, et, quand il l’a trouvée, il la rapporte avec joie sur ses épaules 522 » ; ou bien : « Le fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu 523 » ; ou encore : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs 524 » ; enfin cette délicieuse parabole du fils prodigue, où celui qui a failli est présenté comme ayant une sorte de privilège d’amour sur celui qui a toujours été juste. […] Le Fils de l’homme est venu, vivant comme tout le monde, et vous dites : C’est un mangeur, un buveur de vin, l’ami des douaniers et des pécheurs. […] Ces derniers faisaient autour de Jésus comme une jeune garde pour l’inauguration de son innocente royauté, et lui décernaient de petites ovations auxquelles il se plaisait fort, l’appelant « fils de David », criant Hosanna 538, et portant des palmes autour de lui.

173. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

L’Incarnation du Fils de Dieu dans Jésus-Christ sauva le monde païen, qui périssait dans la pourriture. […] Pour la première fois, ces barons, qui avaient inventé le mot méprisant, en parlant d’un État ou d’une terre : « tomber en quenouille », respectèrent celle-ci comme une masse d’armes, et ployèrent sous ce gouvernement d’une femme qui était mère du Roi et qui avait le sentiment de la Royauté de son fils. Pour soumettre et adoucir ces hommes altiers, violents, prompts à l’injustice, obstinés à la maintenir quand une fois ils l’avaient commise, Blanche ne se fiait point à elle seule, et elle emportait dans ses déplacements de guerre ou de politique, dans toutes les entreprises de sa régence, son fils en bas âge, comme un talisman. Les deux minutes sublimes de Marie-Thérèse, présentant son fils, dans ses bras, aux nobles enthousiasmés de son État, Blanche de Castille en fit des années ! […] La régence de Blanche, dans un pays aussi profondément salique que la France, et qui fût presque une Royauté, annonçait bien ce que serait la Royauté dans son fils.

174. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Sans doute le père avec son fils. […] Ce père et ce fils sortaient sans doute d’une de ces maisons-là. […] Regarde-moi, mon fils. […] « Et, prenant à son fils le gâteau, il le jeta dans le bassin. […] « Il ressaisit la main de son fils.

175. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Fauris de Saint-Vincens, ami de Vauvenargues et de trois ans plus jeune que lui, était fils d’un conseiller à la Cour des comptes de Provence, et devint à son tour conseiller, puis président à mortier au parlement de la même province ; il ne mourut qu’en 1798 et était connu pour un érudit et un antiquaire des plus distingués, associé correspondant de l’ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres. […] J’ai eu quelque pensée sur M. d’Oraison ; il a un fils qu’il voulait mettre au Régiment du roi ; je le défie de l’y faire entrer, à qui que ce soit qu’il s’adresse ; mais il est riche, il a des amis ; cela ne le touchera guère ; il trouvera bien à le placer : cependant, s’il persistait à le vouloir avec nous, je le prendrais bien sur moi, et je lui tiendrais parole ; mais comment lui dire cela, comment même l’en persuader ? […] Mais comme il est impossible à un fils de famille de prendre des engagements de cette force, c’est une proposition à se faire berner et très digne de risée. […] Ainsi il est d’avis de tenter M. d’Oraison de deux manières : ou du côté de son fils, s’il persiste à le vouloir faire entrer dans le Régiment du roi : Vauvenargues, toute difficile qu’est la chose, s’en chargerait et en ferait son affaire ; — ou du côté d’une de ses filles : il s’engagerait bien à en épouser une dans deux ans, s’il n’était en mesure alors de le rembourser ; il payerait de sa personne, moyennant toutefois certaine condition de dot. Il n’a pas plutôt articulé cette dernière proposition qu’il la trouve ridicule, indigne d’un fils de famille ; il l’a articulée pourtant, et Saint-Vincens est libre d’agir et de risquer l’ouverture, s’il le veut et s’il l’ose.

176. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

— Le Fils de Giboyer, cinq actes en prose (1862). — Maître Guérin, cinq actes en prose (1864). — La Contagion (1866). — Paul Forestier, quatre actes en vers (1868). — Le Post-scriptum, un acte (1869). — Lions et renards, cinq actes en prose (1869). — Jean de Thommeray, cinq actes, tiré d’une nouvelle de Jules Sandeau (1878). — Madame Caverlet, quatre actes (1876). — Le Prix Martin, trois actes, avec Labiche (1877). […] Tout le monde n’ira pas applaudir le Fils de Giboyer, mais tout le monde ira le voir, et ses adversaires mêmes seront ses témoins. […] Et pour qu’à leur tour les Effrontés et le Fils de Giboyer aient obtenu au répertoire leur place définitive, que leur manque-t-il autre chose que ce recul du temps, toujours plus ou moins nécessaire aux comédies de mœurs, qu’il remet au point dans la perspective du passé ?

177. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Cette fois-ci il a voulu nous montrer Andromaque éplorée devant Ulysse qui fait arracher de ses bras son fils Astyanax, et qui a ordonné qu’on le précipitât du haut des murs d’Ilion. […] Laissez votre Andromaque prosternée comme elle l’est, car elle est très bien ; qu’elle saisisse seulement d’une main son fils ou le soldat, comme il vous plaira ; que son autre bras, sa tête, son corps, ses regards, son mouvement, toute son action soient portés vers Ulysse, comme il arrivera, sans y rien changer, lorsque vous aurez écarté ce soldat. […] Tant que son fils est sous ses yeux, il lui reste de l’espoir.

178. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Mme de Sévigné, libre à cet âge, avec un fils et une fille, ne songea pas à se remarier. […] Quand son fils, pour fournir à de folles dépenses, fait jeter bas les antiques bois de Buron, elle s’émeut, elle s’afflige avec toutes ces dryades fugitives et ces sylvains dépossédés ; Ronsard n’a pas mieux déploré la chute de la forêt de Gastine, ni M. de Chateaubriand celle des bois paternels. […] Jusque-là, rêver, c’était une chose plus facile, plus simple, plus individuelle, et dont pourtant on se rendait moins compte : c’était penser à sa fille absente en Provence, à son fils qui était en Candie ou à l’armée du roi, à ses amis éloignés ou morts ; c’était dire : « Pour ma vie, vous la connaissez : on la passe avec cinq ou six amies dont la société plaît, et à mille devoirs à quoi l’on est obligé, et ce n’est pas une petite affaire. […] Le fils, un peu libertin, nous paraît bien plus aimable. Selon moi, on peut se figurer assez bien que la raison et l’enjouement de Mme de Sévigné, si agréablement mélangés en elle, s’étaient divisés et comme dédoublés entre ses enfants : l’un, le fils, avait la grâce, mais non pas très-raisonnable et solide : l’autre, la fille, avait la raison, mais un peu rêche, ce semble, non assez tempérée, non plus enchanteresse et piquante.

179. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Soit qu’Isménias fût trop pauvre pour nourrir la mère et l’enfant, soit que la naissance de ce fils sans père eût jeté quelque ombre sur la réputation de Crithéis, il la congédia de son foyer. […] Phémius avait, pour tout salaire des soins qu’il prenait de cette jeunesse, la rétribution, non en argent, mais en nature, que les parents lui donnaient pour prix de l’éducation reçue par leurs fils. […] Crithéis, qui avait entendu parler de la bonté de ce maître d’école pour les enfants, parce qu’elle songeait d’avance sans doute à lui confier le sien quand il serait en âge, conduisit son fils par la main au seuil de Phémius. Il fut touché de la beauté et des larmes de la jeune fille, de l’âge et de l’abandon de l’enfant ; il reçut Crithéis dans sa maison comme servante ; il lui permit de garder et de nourrir avec elle son fils ; il employa la jeune Magnésienne à filer les laines qu’il recevait pour prix de ses leçons. Il trouva Crithéis aussi modeste, aussi laborieuse et aussi habile qu’elle était belle ; il s’attacha à l’enfant, dont l’intelligence précoce faisait présager je ne sais quelle gloire à la maison où les dieux l’avaient conduit ; il proposa à Crithéis de l’épouser, et de donner ainsi un père à son fils.

180. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Ses trois fils ne furent que des lieutenants des Romains, analogues aux radjas de l’Inde sous la domination anglaise. […] Juda, fils de Sariphée, Mathias, fils de Margaloth, deux docteurs de la loi fort célèbres, formèrent ainsi un parti d’agression hardie contre l’ordre établi, qui se continua après leur supplice 177. […] Sous la conduite de Menahem, fils du fondateur, et d’un certain Éléazar, son parent, on la retrouve fort active dans les dernières luttes des Juifs contre les Romains 185. […] Il est cependant remarquable que Jésus, fils de Sirach, s’y tient strictement (XVII, 26-28 ; XXII, 10-11 ; XXX, 4 et suiv. ; XLI, 1-2 ; XLIV, 9). […] Le mouvement galiléen de Juda, fils d’Ézéchias, ne paraît pas avoir eu un caractère religieux ; peut-être, cependant, ce caractère a-t-il été dissimulé par Josèphe (Ant., XVII, x, 3).

181. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

L’homme qui vivait là était fils ou petit-fils de laboureurs. […] Il a acheté un piano, il a fait élever sa fille comme une dame, il a envoyé son fils dans les grandes écoles, il a fini par quitter lui-même son village, où il faisait figure, pour s’engloutir dans les villes où sa trace s’est perdue et où sa race s’est tarie. […] Nos petites paysannes elles-mêmes ne se sont-elles pas imaginé d’orner leurs cheveux, bien tirés sur les tempes et lissés à l’eau claire, de fleurs artificielles montées sur des fils de laiton, de chapeaux à cinq ou dix francs, jardins affreux, macarons déplorables et d’un bon marché trompeur ! […] Presque tous les provinciaux aisés traversent Paris plusieurs fois l’an, beaucoup de leurs fils font leur éducation à Paris, les autres rencontrent dans les collèges, et dans les lycées, dans les maisons d’enseignement libre et dans celles de l’État, des professeurs formés à Paris ou parlant le plus pur français. […] Elles suivent l’éducation de leurs filles et de leurs fils.

182. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Catelina à occire son propre fils ?  […] Augier et Dumas fils. […] ma mère, a répliqué le fils, que me dites-vous ? […] moi, fils de ce tyran ! […] Dumas fils et de M. 

183. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Léon Laya, renouvellent avec fraîcheur et dans un tour bien moderne ce thème, si cher à l’ancienne comédie depuis et même avant Les Adelphes de Térence, de deux pères ou oncles, l’un sévère, l’autre indulgent, et qui, par ce régime contraire auquel ils soumettent leurs fils ou leurs neveux, arrivent en leur personne à un résultat opposé qui juge la méthode et donne en définitive gain de cause à l’indulgence. […] Mais cette morale n’est pas précisément celle qui répond au but indiqué par l’arrêté ; elle est à l’adresse des pères plus encore que des enfants, et ce ne serait en bonne logique qu’une juste conséquence si un fils aimable, morigéné le matin par son père pour quelques dissipations, et assistant le soir avec lui à la représentation des Jeunes Gens, lui disait, de ce ton de familiarité qu’autorisent les mœurs modernes : “Eh bien, qui de nous deux, ce matin, avait raison ? […] Alexandre Dumas fils, était envoyé au concours, et la commission, dont chaque membre aurait aimé individuellement à n’avoir qu’à louer et à applaudir l’auteur pour la franchise de ses expositions, pour la spirituelle et frappante énergie de ses tableaux, a dû se former un avis au point de vue particulier où elle était placée, en vue de la fonction dont votre confiance, monsieur le ministre, l’avait investie. […] Ces jugements, tout favorables à l’ouvrage, et dans lesquels on s’appuyait de l’aversion non douteuse que devaient produire sur les cœurs droits et les esprits bien faits ces odieux personnages et leurs manèges honteux si fidèlement représentés, venaient se résumer dans un seul mot : “C’est une pièce a où l’on ne mènera certes pas sa fille, mais on pourra y conduire son fils.”

184. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Si l’on en considère les phases et si l’on se place en dehors de la question mère du Moyen Âge qui embrasse tout en Europe, depuis les Mamertines jusqu’à la Renaissance, pour ne voir seulement, comme Labutte, que rétablissement du grand Rollon et de ses fils sur nos rivages, cette histoire, par la nature des choses, relève bien plus de l’artiste que du penseur. […] De Rollon, le fils mystérieux de la fée des mers, jusqu’à Guillaume, le fils effronté d’Arlette, la sirène de la fontaine de Falaise, on compte quatre ducs, dont le dernier est ce Robert le Magnifique ou le Diable, en qui le Moyen Âge tout entier, sentiments, croyance, vertus et vices, se concentre ardemment et se reflète, comme un soleil dans une cuirasse d’or. […] Mais le Christianisme, mais l’Église, le Moyen Âge, le passé dont nous sommes les fils, voilà ce qui importe à tous et ce qu’on retrouve dans ce livre, nous ne dirons pas sous la lumière, mais sous le clair-obscur le plus faux.

185. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Mais comme Taine, ce jeune fils, a soif de paternité, lui, créé à ce qu’il paraît pour n’être jamais qu’un fils en philosophie, il s’est trouvé que le remplaçant du père Hegel a été le père Mill, qui, en ce moment, fait son petit susurrement de philosophe parmi les amateurs, et qui lui-même est apparenté avec Condillac. […] Et c’est ici que le père Condillac est dépassé de beaucoup par son tendre fils. […] Toutes ces constructions de sensations, toutes ces reviviscences d’images, toutes ces études d’hallucination, toutes ces dentelles d’analyses physiologiques faites au microscope, tous ces fils de la Vierge qu’on nous montre entre l’index et le pouce, toutes ces bluettes, en fin, qu’on veut nous donner et qu’on nous donne, c’est pour que nous ne puissions apercevoir du premier regard le but où l’on veut nous conduire, et ce but, c’est de réduire les plus grandes et les plus vivantes choses qu’il y ait dans le cœur et la tête de l’homme : Dieu, l’âme et le devoir, à n’être qu’une vile sensation, un ridicule bruit de sonnette dont on tire le cordon, en attendant qu’avec ce cordon on puisse les étrangler.

186. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

C’est à propos des conseils pieux, donnés par saint Louis à son fils, et qui rappellent le mot tout à l’heure cité d’Énée à Ascagne : « Belles et touchantes paroles ! […] Et toi aussi mon fils ! […] Or, maintenant, voici le fils adoptif92 de Mirabeau, M. […] Ayant perdu par accident un fils aîné, déjà officier, ils continrent toute marque d’affliction. […] C’est un mot poli pour dire « le fils naturel. » 93.

187. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Chamfort était fils naturel. […] Il ne connut que sa mère et fut bon fils. […] Il a un prix à l’Académie pour une épître en vers, fade et facile, Épître d’un père à son fils sur la naissance d’un petit-fils (1764) ; il remporte un autre prix à l’Académie pour l’Éloge de Molière (1769). […] Le sujet est l’amour fraternel entre les deux fils de Soliman, deux fils de lits différents et que tout devrait séparer, ambition, amour, mais qui s’aiment et qui meurent dans les bras l’un de l’autre. […] … — Je ne veux point me marier, disait-il encore, dans la crainte d’avoir un fils qui me ressemble. » — Et il ajoutait avec sa fierté.

188. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Il est vrai que je n’ai pas l’honneur d’être le fils d’un patriarche. […] Et cela, c’est un fils qui revoit sa mère. […] Elle ne voit ni son fils ni son époux. […] C’est là un fils ! […] Un fils qui a couru les plus grands périls pour retrouver son père !

189. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Visconti laissait trois fils, entre lesquels fut partagé son vaste héritage, qui comprenait toute la Lombardie. […] Son fils Jean, que l’oisiveté entraînait à la licence, déroba à son père l’argent qu’il avait épargné pour ses deux enfants. […] Pétrarque attribua tout à la faiblesse de son fils, l’éloigna quelque temps de lui ; puis il pardonna. […] La beauté, la vertu, la docilité de sa fille et le caractère accompli de son gendre adoucirent les regrets de la mort d’un fils peu digne d’un tel père. […] écrit-il auprès de ce berceau vide, cet enfant me ressemblait si parfaitement que quelqu’un qui n’aurait pas su qui était la mère l’aurait pris pour mon fils.

190. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

on dirait mon fils quand sa chemise ouverte laisse voir ses côtes et qu’il s’appuie au châtaignier, en s’essuyant le front, au retour de l’ouvrage. […] — Nous reviendrons, jeune mère, me dirent-ils, en me saluant poliment, et si vous voulez marier votre fille dans un an ou deux, nous la retenons pour mon fils, que voilà, et qui en est déjà aussi fou que s’il la connaissait depuis sept ans, comme Jacob. […] — Il n’y a pas besoin, dit l’homme de loi ; appelez votre fils, votre frère et votre nièce, qui ne sont pas loin ; je vais vous lire la citation moi-même. […] L’avocat noir, mince et râpé, avec sa plume au chapeau, que mon fils Hyeronimo avait vu et entendu en guidant les pèlerins, l’année précédente, avec le capitaine des sbires, était auprès d’eux. […] quoi, dit-il, ils ont bien eu le cœur de couper les pampres qui montent innocemment de père en fils jusqu’à votre foyer !

191. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Le portrait qui succède à celui-là dans le Recueil, et qui est également anonyme, me paraît pouvoir être celui de M. le Duc (fils de M. le Prince), et le suivant est certainement celui de la duchesse du Maine. […] Walckenaer en son La Bruyère), c’était son fils déjà produit et émancipé, le fils qu’il avait eu de Marianne. […] Cependant, tout ce qu’on sait de la position de son fils auprès de la duchesse douairière de Bourbon et de son empire établi, semblerait indiquer que c’est plutôt celui-ci qui, tout à côté du palais princier, a dû avoir l’idée de construire l’élégant et somptueux hôtel. Le père et le fils ont dû l’un et l’autre y contribuer. […] Paulin Paris, ne sauraient s’appliquer qu’à Lassay fils.

192. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mme Valmore, avec ses deux filles, y accompagna son mari, ne laissant en France que son fils. […] Il s’agit tout bonnement d’un jeune musicien, fils d’une pauvre concierge, atteint de transport au cerveau, et qu’elle recommande au plus humain, au plus ami des médecins, à celui qui aurait sauvé, si elle avait pu l’être, sa chère Inès : AU DOCTEUR VEYNE. […] La vôtre, mon cher Samaritain, suivra l’ordre divin qu’elle a reçu d’aller verser l’huile sur toutes les blessures… « Le fils de cette femme est très malade, pauvre comme sa mère, très joli, très musical, très fier et très intelligent, — un Chatterton. […] Froussard, chef d’institution à Grenoble, chez qui son fils était en pension : « J’ai lu l’article littéraire que vous m’avez signalé. […] Ce fils parfait, digne en tout d’une telle mère, et qui ne lui a donné que des consolations, est devenu l’un des plus utiles et des plus méritants employés du ministère de l’instruction publique.

193. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

., où il séjourne trois ans, le marquis en est tiré, à force de violences obligeantes, par M. le duc de…, qui le conjure de servir de guide à son fils dans divers voyages. […] Après le voyage d’Espagne et de Portugal, et durant la traversée pour la Hollande, M. de Renoncour rencontre inopinément dans le vaisseau ses deux neveux, les fils d’Amulem, frère de Sélima ; et cette gracieuse turquerie, jetée au travers de nos gentilshommes français, ne cause qu’autant de surprise qu’il convient. […] Quant à ces fils d’Amulem, à ces neveux de M. de Renoncour, il se trouve que le plus charmant des deux est une nièce qu’on avait déguisée de la sorte pour la sûreté du voyage ; mais le marquis, si triste de la mort de sa Diana, n’a pas pris garde à ce piége innocent, et, à force d’aimer son jeune ami Mémiscès, il devient, sans le savoir, infidèle à la mémoire de ce qu’il a tant pleuré. […] La démarcation entre les deux marquis, entre le marquis simple homme de qualité et le marquis fils de duc, est tranchée fidèlement ; la prérogative ducale reluit dans toute la splendeur du préjugé. […] C’est un écrivain du xviie  siècle dans le xviiie , un l’abbé Fleury dans le roman ; c’est le contemporain de Le Sage, de Racine fils, de madame de Lambert, du chancelier Daguesseau ; celui de Desfontaines et de Lenglet-Dufresnoy en critique.

194. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Fils de Phalanor, et toi aussi, comme un coq guerroyant au logis, tu voyais au coin du foyer domestique se perdre, feuille flétrie, la gloire de tes pieds rapides, si une sédition meurtrière ne t’eut chassé de Gnosse, ta patrie. […] Va, maintenant, Écho, dans la noire demeure de Plu ton, porter au père une glorieuse nouvelle ; et voyant Cléodème, dis-lui son fils, et comment, aux vallons de la célèbre Pise, il a couronné sa jeune chevelure des ailes de la victoire athlétique. » Dans ce mot à mot qui ne déplaît pas, on aperçoit du moins quelque chose de l’original, son trait court et rapide, son mouvement facile et sa brièveté, sinon sa grâce. […] Elle frappe dans l’ensemble, dans les détails, malgré tout ce qui sépare le majestueux évêque français, fils de magistrat, magistrat lui-même, reçu dans la cour et le conseil d’État d’un grand roi, le théologien profond, l’orateur incomparable, dont la voix illustrait les grandes funérailles, et l’harmonieux Trouvère de la Grèce idolâtre, le fils d’un musicien de Béotie, habitant une petite maison de Thèbes, poëte et chanteur, et, à ce titre, hôte bien voulu dans les cités de la Grèce, dans les palais des rois de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et souvent aussi, dans la maison et à la table de riches citoyens, dont il célébrait, pour des présents ou par amitié, les triomphes dans les jeux sacrés de la Grèce. […] « Ce que je dois faire pour te plaire, ô dieu de la foudre, fils de Cronos, pour être aimé des Muses et pour rester sous la garde du calme heureux de l’âme, voilà ce que je demande de toi12. » Une telle foi, un tel amour devaient inspirer d’autres images que les souvenirs de la fable, un autre sublime que celui d’Homère. […] « Ô fils de Saturne et de Rhée, qui tiens sous ta loi le seuil de l’Olympe, la couronne des jeux et le cours de l’Alphée, daigne, adouci par nos chants, transmettre leur héritage à toute leur lignée !

195. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il s’y donnait un peu glorieusement pour fils d’un conseiller au parlement de Normandie, tandis que son père n’était que conseiller au présidial : « petit mensonge d’amour-propre, nous dit M. de Gournay, par lequel il élevait son père d’un échelon dans la magistrature ». […] Il tira sans doute l’épée quand il le fallut ; il vivait de la vie de société et de voisinage ; il s’occupait de ses affaires et de sa famille, il essayait péniblement d’établir sa maison : ayant perdu un fils aîné en bas âge et une fille déjà grandissante, il élevait un dernier fils auquel il devait encore survivre. Il a dressé pour ce fils une Instruction publiée depuis peu11, et qui n’est pas, comme on pourrait croire, une instruction morale, mais un état de biens, une pièce de précaution et de défense en cas de procès de famille : l’esprit normand, par un coin, s’y retrouve. […] Après la mort d’un de ses fils, il trouva pourtant le moyen d’aller à Rome pour se distraire et se consoler, de s’y attacher à M. de Noailles, l’ambassadeur, et d’y rester environ deux ans ; mais il fallut revenir et reprendre la vie de province avec les ennuis du métier. […] Instruction de F. de Malherbe à son fils, publiée pour la première fois en entier d’après le manuscrit de la bibliothèque d’Aix, par M. de Chennevières (1846). — M. 

196. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle s’était choisi trois jours par semaine pour ce salutaire usage : « Après une visite à mon fils, dit-elle (27 novembre 1717), j’ai été me mettre à table, et après dîner j’ai pris ma Bible et j’ai lu quatre chapitres du livre de Job, quatre psaumes et deux chapitres de saint Jean. […] Chacun sert Mammon et non le Seigneur. » Plus tard, elle s’entremettait humainement auprès du Régent son fils pour tirer des galères ceux des réformés qui y avaient été condamnés. […] On l’a vu donner à ce prince mourant des larmes amères, en donner même à sa mémoire, le chercher dans ce superbe palais qu’il remplissait de l’éclat de sa personne et de ses vertus, dire souvent qu’il y manquait, et porter toujours depuis sa mort une plaie profonde, dont toute la gloire de son fils n’a pu lui ôter le sentiment. […] Madame, princesse et de maison souveraine avant tout, et qui, au milieu de toutes ses qualités humaines et de ses débonnairetés, n’oubliait jamais les devoirs de la naissance et de la grandeur ; elle de qui l’on a dit : « Jamais grand ne connut mieux ses droits, ni ne les fit mieux sentir aux autres » ; Madame n’avait rien tant en horreur et en mépris que les mésalliances ; la galerie de Versailles a retenti longtemps du soufflet sonore qu’elle appliqua à son fils le jour où celui-ci, ayant consenti à épouser la fille naturelle de Louis XIV, s’approchait de sa mère, selon son usage, pour lui baiser la main. […] Madame, qui, en ce grave moment, avait tout à obtenir du roi et pour elle et pour son fils (et qui obtint tout en effet), fit l’effort de mettre sa dignité de côté et de s’adresser à Mme de Maintenon.

197. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Deux de ses fils devaient l’être pour lui. […] Son succès lui valut, après un trimestre passé au collège de Reims, d’être appelé au collège Henri IV, où le roi Louis-Philippe venait d’envoyer deux de ses fils. […] Et après Sadowa, il avait conseillé de préparer la guerre, à toute occurrence. — Pendant que son fils Albert, âme héroïque de l’aveu de tous ceux qui l’ont connu, partait avec les turcos pour être des premiers à la frontière, M.  […] Joignez à cela de cruelles douleurs domestiques : la mort d’une femme, de deux filles, de deux fils. […] Mais sa vieillesse commençante avait rencontré la plus dévouée et la meilleure des compagnes ; et, de ses deux fils survivants, il vit l’un, historien et romancier de vive imagination et de sensibilité vibrante, trouver l’emploi de son généreux esprit dans cette chaire d’histoire de l’École polytechnique où il avait lui-même enseigné jadis, et l’autre, sorti premier de Saint-Cyr, s’en aller défendre nos ultimes frontières dans cette Algérie où le père avait dû être envoyé comme recteur au temps de la conquête.

198. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Et le narrateur ajoute avec admiration : « Il me semble toujours voir un bon cultivateur et son excellente compagne en proie au plus affreux désespoir de la perte de leur fils chéri ». […] Un jour que la comtesse Amélie de Boufflers parlait un peu légèrement de son mari, sa belle-mère lui dit : « Vous oubliez que vous parlez de mon fils  Il est vrai, maman, je croyais ne parler que de votre gendre ». […] Ils sont toujours les fils de ceux qui, à Fontenoy, au lieu de tirer les premiers, mettaient le chapeau à la main, et, courtoisement, disaient aux Anglais : « Non, Messieurs, tirez vous-mêmes ». […] — Crébillon fils, la Nuit et le Moment (notamment la scène de Clitandre avec Lucinde). — Collé, la Vérité dans le vin (rôle de l’abbé avec la présidente). — Besenval, 79 (Le comte de Frise et Mme de Blot). — Vie privée du maréchal de Richelieu (scènes avec Mme Michelin). — E. et J. de Goncourt, 167 à 174. […] Hippeau, IV, 86 (23 juin 1773), représentation du Siège de Calais à la Comédie-Française : « Au moment où Mlle Vestris a prononcé ces vers : Le Français dans son prince aime à trouver un frère, Qui, né fils de l’État, en devienne le père.

199. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Findlater, d’après Garnett, donne l’exemple d’une déclinaison et d’une conjugaison en Wotiak, au moyen d’affixes pronominaux :   pi-i — fils de moi pi-ed — fils de toi pi-cs — fils de lui pi-mi — fils de nous pi-dy — fils de vous pi-zy — fils d’eux   bera-i — parole de moi (je parle).

200. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis transportait cette situation au vieux Montaigu, père de Roméo ; il faisait raconter à ce vieux père lui-même, échappé de sa tour, cet atroce supplice infligé par son ennemi, et quand, le récit terminé, Roméo (qui se trouve être un dernier fils de ce Montaigu-Ugolin) dit un peu simplement au vieillard : ……………………… Ah ! […] Mais moi, fils du désert, moi, fils de la nature. […] Il y a aussi de ces autres vers incroyables de dureté : Fils du comte de Kent, quand votre noble audace… Avec cela, des vers à effet, des traits qui ne manquent jamais leur coup au théâtre. […] Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements. […] Un sentiment de famille se mêlait sans cesse à cette joie chrétienne du solitaire, et venait la tempérer par quelques regrets : il se reportait à son enfance, aux années meilleures, à ses jouissances de fils, de père et d’époux : Les mœurs ne s’apprennent pas, c’est la famille qui les inspire.

201. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Cette fois ce n’était pas la jalousie seulement qui faisait le tourment de la reine, c’était une fort légitime inquiétude sur son sort, sur le sort de son fils ; et comme Henri IV avait répudié Marguerite de Valois pour l’épouser, elle craignait d’être répudiée à son tour pour faire place à la princesse de Condé : ainsi, au supplice de l’amour négligé se joignaient le tourment de l’orgueil profondément blessé, le sentiment des droits les plus sacrés, outrageusement menacés, un esprit de vengeance sans retenue. […] La marquise de Verneuil, qui, comme la reine, était jalouse de Charlotte de Montmorency dit au roi en bouffonnant : « N’êtes-vous pas bien méchant de vouloir coucher avec la femme de votre fils ?  […] Il la maria au prince de Condé (qui passait pour être son fils). […] « Vous voulez, disait-elle au roi avant le mariage, la marier à votre fils (car vous m’avez dit qu’il l’était), pour la lui enlever. » Après le mariage, elle disait : « Le roi a voulu abaisser le cœur au prince de Condé et lui élever la tête. » (Mémoires de Sully, t.  […] Le fils et la bru du financier s’illustrèrent par leur esprit.

202. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Jupiter eut un fils, qui …………………………………….. […] N’est-il pas plaisant de voir toujours La Fontaine oublier son mariage, sa femme et son fils ? On sait que M. le président de Harlay s’était chargé de cet enfant, qu’on fit rencontrer le père et le fils quand ce dernier eut vingt-cinq ans, que La Fontaine lui trouva de l’esprit, et apprenant que c’était son fils, avait dit naïvement : ah !

203. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

N’en déplaise à Boucher, qui n’avait pas rougi de prostituer lui-même sa femme d’après laquelle il avait peint cette figure voluptueuse, je dis que si j’avais eu voix dans ce chapitre-là, je n’aurais pas balancé à lui représenter que si, grâce à ma caducité et à la sienne, ce tableau était innocent pour nous, il était très-propre à envoyer mon fils, au sortir de l’académie, dans la rue Fromenteau qui n’en est pas loin et de là chez Louis ou chez Keyser ; ce qui ne me convenait nullement. […] Comme depuis le péché d’Adam on ne commande pas à toutes les parties de son corps comme à son bras, et qu’il y en a qui veulent quand le fils d’Adam ne veut pas, et qui ne veulent pas quand le fils d’Adam voudrait bien ; dans le cas de cet accident, je me serais rappellé le mot de Diogène au jeune lutteur : mon fils, ne crains rien, je ne suis pas si méchant que celui-là. si cette femme s’est un peu promenée au sallon, elle aura vu passer avec dédain devant des productions fort supérieures aux siennes, et pueri nasum… etc., et elle s’en retournera un peu surprise de la sévérité de nos jugemens, plus sociable, plus habile, et moins vaine.

204. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Elle dit à ses fils : « Je dispose d’un trône. […] Notez qu’elle ne connaît pas ses fils. […] Où, diable, Dumas fils a-t-il vu la Simerose de sa préface ? […] Il veut qu’on lui dise : « Tu es bon fils. […] Après tout, pour Dumas fils surtout, il n’est pas encore temps.

205. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il est le fils d’Achille, d’abord, ce qui est flatteur. […] que le fils d’un roi. […] Et mes fils ?  […] Léandre, fils de juge, aime Isabelle, fille de plaideur. […] quatre-vingts fils de roi !

206. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Qui de nous voudrait avoir été ou son père ou son fils ? […] Ne voulait-elle qu’intimider son fils ? […] des viviers pour l’amusement de mon fils. […]  : on s’occupe à la calmer ; elle demande à voir son fils, elle le voit. […] — Un fils dénaturé.

207. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Auguste Colbert, dont M. le marquis de Colbert-Chabanais, son fils, publie en ce moment les Traditions et Souvenir. […] Et puisque j’ai nommé Auguste Colbert, j’indiquerai, au tome III des Mémoires publiés par son fils, la belle Instruction envoyée par lui au ministre de la guerre, ce compte rendu de la situation morale de son régiment au moment de la paix d’Amiens et de la rentrée en France. Je ne craindrai pas de comparer ce document à la belle Instruction donnée par le maréchal de Belle-Isle à son jeune fils, le comte de Gisors, lorsqu’il fut nommé colonel. […] J’en ai toujours voulu à ce biographe de Hoche qui, écrivant sons l’inspiration de in famille, s’était bien gardé de dire qu’il était fils du garde du chenil de Louis XV. — Le cas de Franceschi nous est un nouvel exemple de la soudaine émancipation des enfants du peuple au premier coup de trompette de la Révolution. […] Jean-Baptiste-Marie Franceschi de Lonne, général de brigade, etc., âgé de trente-deux ans cinq mois, né à Lyon le huit septembre mil sept cent soixante-quinze, fils de M. 

208. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

C’était un Normand, d’Avranches, fils d’un orfèvre ; il avait reçu une certaine éducation et était déjà en mesure d’en profiter, lorsque, s’ennuyant de la maison paternelle où il avait une belle-mère avec laquelle il ne s’accordait pas, il alla chercher fortune à Paris. […] Il apprit le grec pour le montrer à son fils ; plus avancé en âge, il apprit même du sanscrit, et il avait des livres en cette langue, ce qui était alors fort rare. […] Barthélémy Saint-Hilaire, ami de ses fils, et qui avait vécu dans sa maison sous la même discipline, lui dédiât sa Politique d’Aristote (1837), et en des termes qui se gravent et ne s’effacent plus ; voici en partie cette dédicace qui prouve quelle idée, quelle empreinte ce père de M.  […] Logé au n°3 de la rue des Maçons-Sorbonne, dans une maison qui avait un jardin, il se plaisait à y réunir les camarades de son fils ou de ses fils ; car il avait deux fils, Émile, l’aîné, le nôtre, et Barthélémy, le cadet. […] Il ne séparait pas la science de la morale, et il n’était pas non plus de ceux qui ensevelissent leurs débuts pénibles et leurs origines ; il avait eu la vie rude et même misérable ; il avait été pauvre, et il lui arrivait de le rappeler à son fils en des termes qui ne s’oublient pas : « Il m’est arrivé de manquer de pain, toi déjà né.

209. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Le fils dit « Monsieur » à son père ; la fille, respectueusement, vient baiser la main de sa mère à sa toilette. […] Lord Chesterfield, dans ses lettres, ne se lasse point de le répéter à son fils, et de le pousser dans ces salons qui lui ôteront « sa rouille de Cambridge ». […] À présent, c’est le parfilage, et, à Paris, dans les châteaux, toutes les mains blanches défont les galons, les épaulettes, les vieilles étoffes, pour en retirer les fils d’or et d’argent. […] Crébillon fils, la Nuit et le Moment, IX, 14. […] Lesage, Gil Blas, discours du maître à danser chargé de l’éducation du fils du comte d’Olivarès.

210. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il y a un peu de cela de temps en temps dans le fils, sauf le talent, qui est neuf et immense. Mais celui qui n’a pas connu le père ne peut pas comprendre le fils. […] Son fils acheva de médiocres études dans un pensionnat de la rue Saint-Louis au Marais. […] Aussi celle de mon père envers son fils fut-elle traitée de faiblesse et généralement blâmée par tous ceux qui s’intéressaient à nous. […] « Mon père, pour épargner à son fils des froissements d’amour-propre en cas du non-succès de ses espérances, le disait absent de Paris.

211. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Guido di Polenta, son père, l’avait forcée à épouser Lanciotto, fils aîné du tyran de Rimini, Malatesta. […] « Quand un peu de clarté eut pénétré dans le cachot de douleur, je parcourus de l’œil les quatre visages de mes fils ; j’y retrouvai avec horreur l’image du mien. […] Ils sont dans ce père infortuné, enfermé avec ses quatre fils dans les demi-ténèbres de cette tour. Ils sont dans l’enfance et dans l’innocence de ces quatre fils punis pour le crime de leur père. […] Ils sont dans ce second regard du père, après la troisième nuit, qui interroge avec terreur le visage de ses fils, et qui reconnaît sur ces quatre suaires vivants de sa passion l’empreinte de son propre visage.

212. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Daudet est surtout très frappé de la quantité et du bouillonnement des idées, dans le livre de son fils. […] Un esclave d’Aristogène, fils de Chrysippe d’Alabanda, député, s’est échappé. […] Ton fils aîné ; mon fils aîné sera l’héritier de tous mes biens présents et à venir. […] Fils, fille, provenant de moi qui voudrait t’inquiéter, te donnera 20 argenteus. A écrit le scribe des hommes de Thèbes, prêtre d’Ammon Horpueter, fils de Smin.

213. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Marc-René d’Argenson, lieutenant de police sous Louis XIV, et garde des sceaux sous le régent, eut deux fils qui parvinrent eux-mêmes sous Louis XV au ministère. […] Dans ces premiers temps où l’esprit de discussion se relevait des coups portés par la police de Louis XIV, le fils de son inexorable lieutenant, du destructeur de Port-Royal et de l’adversaire des parlements, ne fut pas le seul à ressentir de sages besoins de réforme et à désirer y satisfaire. […] Ses dernières années se passèrent dans l’étude, au sein de l’Académie des inscriptions dont il était membre assidu, ou au milieu d’une magnifique bibliothèque, qui, enrichie encore par son fils et depuis acquise au public, est devenue celle de l’Arsenal.

214. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Il y renaît fils de Zeus et de Sémélé, la fille de Cadmus. […] D’anciens rapports le liaient au fils de Myrrha et à Cypris, sa divine maîtresse. […] Un enfant, lacchos, supposé fils de Déméter, y figurait ; la bouche sur son sein, ne signifiant d’abord que la maternité de la bonne déesse. […] Il était l’époux de Perséphone, le voilà son fils, s’engendrant ainsi lui-même et se dédoublant. […] L’Éros des haras et des étables, le bestial Priape qu’on disait fils de Bacchus et d’Aphrodite, y paraît sous la figure d’un nain monstrueusement conformé.

215. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 391-392

Il auroit dû au moins conserver un peu plus d’égards pour ces derniers, s’il est vrai, comme le dit l’Auteur du Rabelais réformé, qu’il fut fils d’un Moine Apostat. […] Deux fils qu’il laissa, furent aussi Ministres, & écrivirent des Controverses, sans y mettre autant d’emportement que leur pere.

216. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Au grand jour, éclatera dans le ciel le signe du Fils de l’homme ; ce sera une vision bruyante et lumineuse comme celle du Sinaï, un grand orage déchirant la nue, un trait de feu jaillissant en un clin d’œil d’Orient en Occident. […] Le Fils de l’homme, assis à la droite de Dieu, présidera à cet état définitif du monde et de l’humanité 782. […] Quand on l’interrogeait sur le temps de son avènement, il refusait toujours de répondre ; une fois même il déclare que la date de ce grand jour n’est connue que du Père, qui ne l’a révélée ni aux anges ni au Fils 791. […] Il répétait sans cesse que ce serait une surprise comme du temps de Noé et de Lot ; qu’il fallait se tenir sur ses gardes, toujours prêt à partir ; que chacun devait veiller et tenir sa lampe allumée comme pour un cortège de noces, qui arrive à l’improviste 793 ; que le Fils de l’homme viendrait de la même façon qu’un voleur, à l’heure où l’on ne s’y attendrait pas 794 ; qu’il apparaîtrait comme un éclair, courant d’un bout à l’autre de l’horizon 795. […] Plusieurs de ceux qui sont ici présents ne goûteront pas la mort sans avoir vu le Fils de l’homme venir dans sa royauté 797. » Il reproche à ceux qui ne croient pas en lui de ne pas savoir lire les pronostics du règne futur. « Quand vous voyez le rouge du soir, disait-il, vous prévoyez qu’il fera beau ; quand vous voyez le rouge du matin, vous annoncez la tempête.

217. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Ce fut, dit-on, le moment que Salomé choisit pour demander en faveur de ses fils les deux sièges à droite et à gauche du Fils de l’homme 1038. […] Il aimait les honneurs ; car les honneurs servaient à son but et établissaient son titre de fils de David. […] La foule qui le précédait et le suivait, en portant des palmes, criait : « Hosanna au fils de David ! […] Jésus, disait-on, s’éloigna à un jet de pierre de ses disciples endormis, ne prenant avec lui que Céphas et les deux fils Zébédée.

218. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

L’autorité dérivée de la nature y repose d’abord dans le père, ou patriarche, par droit d’antiquité ; l’hérédité la consacre dans le fils après le père. […] Autorité paternelle absolue, mais surveillée dans la famille pour que le commandement y soit respecté, et que l’obéissance y soit religieuse : spiritualisme légal qui fait du père un magistrat de la nature, et qui fait du fils un sujet du sentiment ! […] Anoblissement des pères par les actes héroïques ou vertueux des enfants, dans les générations les plus reculées : spiritualisme profond dans ce législateur qui personnifie la solidarité de race, la responsabilité paternelle, le rémunérateur filial dans l’unité morale de la famille, continuité de l’être moral descendant et remontant du père à Dieu, du père aux fils, des fils aux pères, et qui rend la vertu aussi héréditaire de bas en haut que de haut en bas ! […] Devoir du fils, qui, au lieu de se séparer selon J. […] XVI Notre contrat social, à nous, le contrat social spiritualiste, au contraire, celui qui cherche son titre en Dieu, qui s’incline devant la souveraineté de la nature, celui qui ne se reconnaît d’autre droit que dans ce titre magnifique, et plus noble que toutes les noblesses, de fils de Dieu, égal par sa filiation et par son héritage à tous ses frères de la création, celui qui ne croit pas que tout son héritage soit sur ce petit globe de boue, celui qui ne pense pas que l’empire de quelques millions d’insectes sur leur fourmilière, renversant ou bâtissant d’autres fourmilières, soit le but d’une âme plus vaste que l’espace, et que Dieu seul peut contenir ou rassasier ; celui qui croit, au contraire, à l’efficacité de la moindre vertu exercée envers la moindre des créatures en vue de plaire à son Créateur, celui qui place tous les droits de l’homme en société dans ses devoirs accomplis envers ses frères ; celui qui sait que la société humaine, civile et politique, ne peut vivre, durer, se perfectionner en justice, en égalité, en durée, que par le dévouement volontaire de chacun à tous, dévouement du père au fils, de la femme à l’époux, du fils au père, des enfants à la famille, de la famille à l’État, du sujet au prince, du citoyen à la république, du magistrat à la patrie, du riche au pauvre, du pauvre au riche, du soldat au pays, de tout ce qui obéit à tout ce qui commande, de tout ce qui commande à tout ce qui obéit, et, plus haut encore que cet ordre visible, celui qui conforme, autant qu’il le doit et qu’il le peut, sa volonté religieuse à cet ordre invisible, à ce principe surhumain que la Divinité (quel que soit son nom dans la langue humaine) a gravé dans le code, dans la conscience, table de la loi suprême ; celui qui sait que, sous cette législation des devoirs volontaires qu’on nomme avec raison force ou vertu, il n’y a ni Platon, ni J.

219. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Né à la Ferté-Milon, où il fut baptisé le 22 décembre 1639, fils d’un bourgeois du lieu, qui avait un emploi de finance, de famille janséniste par sa mère, Jean Racine resta orphelin de bonne heure, et fut élevé par sa grand’mère Marie Desmoulins. […] Enfin il se maria avec une modeste et médiocre femme, dont il eut cinq filles et deux fils. […] Ce Pyrrhus que nous trouvons coquet, galant, les choquait comme un malappris, et Racine était obligé d’écrire cet avertissement : « Le fils d’Achille n’avait pas lu nos romans : certes ces héros ne sont pas des Céladons ». […] Si les deux peintres rendent la même passion, quoi d’étonnant qu’ils dessinent le même geste, et que les deux pères emploient la même ruse pour s’assurer de la rivalité des deux fils ? […] Voici Andromaque, veuve et mère, obligée de choisir entre la fidélité qu’elle doit à son mari, et la protection qu’elle doit à son fils, honnête femme qui se défend avec ses grâces de femme, ménageant l’amour de Pyrrhus pour lui résister sans le décourager.

220. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Il en eut dix-sept enfants, dont deux généraux : — l’un l’aîné, William d’Alton, mortellement blessé le 26 décembre 1800 à la bataille du Mincio, celui même qui a baptisé la place168 ; — l’autre, de dix ans plus jeune, Alexandre d’Alton, qui fit toutes les guerres de l’empire, se distingua notamment à Smolensk et qui est mort général de division en mars 1859169 ; — d’autres fils encore qui coururent toutes les fortunes ; plus quantité de filles dont quelques-unes épousèrent elles-mêmes des colonels, commandants de place, etc. […] Shée, qui avait perdu son fils tué dans la guerre d’Espagne, en 1811, vieux et prêt à s’éteindre sous la Restauration, avait obtenu de substituer sa pairie à son petit-fils Edmond d’Alton-Shée, le nôtre, lequel né en 1810, se trouva pair par hérédité en 1819 à la mort de son aïeul. […] Carlier, pour la littérature, le jeune homme demeura rebelle au régime auquel la tradition monarchique, servie par d’assez plats directeurs, soumettait sans trop de peine les fils bien pensants de l’aristocratie. […] Alexandre d’Alton, qui était baron de l’Empire, prit à ce moment le titre de comte, titre que son fils, Alfred d’Alton, mort depuis général de brigade, a dû faire régulariser, et qu’il a obtenu par décret en 1860.

221. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

À la troisième scène, la reine Marguerite, veuve de Henri VI, est amenée devant la reine Élisabeth, femme d’Édouard IV, qu’entourent ses parents et ses courtisans : et là, pour tous les malheurs de Lancastre, pour son mari, pour son fils égorgés, elle prononce une terrible malédiction contre York et tous ses partisans : « Qu’à défaut de la guerre, votre roi périsse par la débauche, comme le nôtre a péri par le meurtre pour le faire roi ! Qu’Édouard, ton fils, aujourd’hui prince de Galles, pour Édouard, mon fils, naguère prince de Galles, meure dans sa jeunesse par une aussi brusque violence ! […] — Rivers, et toi, Dorset, vous étiez là, et tu y étais aussi, lord Hastings, quand mon fils fut frappé de leurs poignards sanglants.

222. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Autre exemple : lorsque Créon revient désespéré, apportant le cadavre de son fils dans ses bras, on accourt lui annoncer, comme dernier surcroît de malheur, que sa femme vient de se tuer : et on apporte celle-ci sur le théâtre. […] Ici le fils, et là la mère ! […] j’ai dans mes mains mon fils mort tout à l’heure, ô malheureux !

223. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

A-t-il besoin de revoir un parent, un ami, il fait un vœu, prend le bâton et le bourdon du pèlerin ; il franchit les Alpes ou les Pyrénées, visite Notre-Dame de Lorette ou Saint-Jacques en Galice ; il se prosterne, il prie le saint de lui rendre un fils (pauvre matelot, peut-être errant sur les mers), de sauver une épouse, de prolonger les jours d’un père. […] Le pèlerin arrive à son village : la première personne qui vient au-devant de lui, c’est sa femme relevée de couches, c’est son fils retrouvé, c’est son père rajeuni. […] Une mère perdait-elle un fils dans un pays lointain, elle en était instruite à l’instant par ses songes.

224. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

Mais elle est vraiment insurmontable, si l’on considère avec Bodin les familles comme composées seulement des fils. Dans cette hypothèse, qu’on explique l’établissement de la monarchie par la force ou par la ruse, les fils auraient été les instruments d’une ambition étrangère, et auraient trahi ou mis à mort leurs propres pères ; en sorte que ces gouvernements eussent été moins des monarchies, que des tyrannies impies et parricides. Il faut donc que Bodin, et tous les politiques avec lui, reconnaissent les monarchies domestiques dont nous avons prouvé l’existence dans l’état de famille, et conviennent que les familles se composèrent non-seulement des fils, mais encore des serviteurs (famuli), dont la condition était une image imparfaite de celle des esclaves, qui se firent dans les guerres après la fondation des cités.

225. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Un grand homme n’est pas seulement, comme on dit, fils de ses œuvres : un grand homme est avant tout fils de son siècle, ou plutôt un siècle se fait homme en lui : voilà la vérité. […] En apparaissant trop, elle aurait assumé sur elle et sur son fils les impopularités dangereuses qui s’attachaient à Mazarin. […] Adieu, mon cher fils, aimez en moi votre père comme il vous aime. […] L’étude attentive de ces premières poésies révèle le Racine futur tout entier, un fils de l’antiquité, non un fils de son siècle, un homme de renaissance, non de création, original plus tard, mais original seulement par la perfection. […] Il fait ainsi lui-même, dans un de ses conseils à son fils, l’éloge de son aptitude au rôle de courtisan.

226. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

C’est, en vérité, une parodie burlesque, et à la Rabelais, de l’épreuve héroïque et terrible que fit un jour le vieux don Diègue, père du Cid, sur ses trois fils. […] Piron et son père eurent bien des brouilleries et des querelles ; car ce père si joyeux voulait faire de son fils, malgré l’horoscope, tout autre chose que l’indiquait dame nature ; un poëte, payant et payé en monnaie de singe, n’entrait pas dans ses vues ; il maltraitait son fils et le maudissait de lui trop ressembler et d’avoir le gros lot. […] Il débuta au Théâtre-Français par la comédie en vers des Fils ingrats, en 1728 ; et en 1730, par la tragédie de Callisthène. […] On en raconte une de ce temps-là, après les Fils ingrats et Callisthène. […] Le commissaire demande à Piron qui il est ; celui-ci répond : « Le père des Fils ingrats. » Même question à l’acteur, qui répond qu’il est le tuteur des Fils ingrats ; — au maître à danser, au musicien, qui répondent, l’un qu’il apprend à danser, l’autre qu’il montre à chanter aux Fils ingrats.

227. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 482-483

On voit, dans une de ses Pieces, intitulée la Force du sang, une fille enlevée de chez son pere, au premier acte, qui, au second, paroît dans la maison du Ravisseur ; elle accouche d’un fils, au troisieme ; ce fils, au quatrieme, se trouve âgé de sept ans, & au cinquieme acte, est reconnu par son pere.

228. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

La veuve d’Hector est chez Euripide la concubine de Pyrrhus ; elle en a un fils : Hermione, sa rivale, veut faire périr le fils et la mère dans l’absence de Pyrrhus : voilà tout l’intérêt de la pièce. […] Digne fils de Mithridate, il semble n’avoir hérité que de ses vertus. […] Euripide n’a pas même eu l’idée de mettre aux prises le fils de Pélée avec celui d’Atrée, parce que chez lui le fils de Pélée n’est point du tout amoureux d’Iphigénie. […] Le fils de Thétis et de Pélée est-il fait pour avoir raison comme un mortel vulgaire ? […] Je crois madame de Caylus meilleur juge d’un fait de cette espèce que Racine le fils.

229. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Mais, pour la qualité des fils de la trame, c’est quand même au-dessus de Segrais. […] Jésus, le fils de Marie, daigne nous écouter. […] Il voulait se saisir de son fils. […] Il entre dans la chapelle, et, plein de ferveur, il prie à côté de son fils. […] Je vous recommande la Reine et mon jeune fils.

230. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Saroutaki était fils d’un boulanger de Tauris, capitale de la Médie, qui, n’ayant pas moyen de le pousser, l’envoya à Ispahan chercher fortune. […] Ses filles furent vendues publiquement ; ses fils furent faits eunuques, et donnés en qualité d’esclaves à un seigneur qui avait autrefois servi leur père. […] Je vous tiens pour mon père ; vos fils sont mes frères, faites-moi votre héritier avec eux, je ferai en sorte qu’ils n’y perdent rien ; ou bien, si vous l’aimez mieux, faites bâtir de votre vivant quelque édifice pour la commodité et pour l’embellissement de la ville. » Abas le Grand avait des manières engageantes, qui le faisaient venir à bout de tout. […] Cet eunuque, qui rompit toutes les mesures qu’avaient prises ces seigneurs, fut Aga-Mubarek, fort considéré en cette cour-là, comme nous l’avons marqué, auquel l’éducation du second fils du monarque avait été commise. […] Le fils aîné fut nommé, et l’ombre du harem couvrit le sort du second fils.

231. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Né en 1644 d’une noble famille du Vivarais, fils d’un père homme de mérite et qui avait laissé de bons souvenirs, il entra dans le monde à dix-huit ans (1662), l’année même où Louis XIV, affranchi de la tutelle de Mazarin, préludait à sa royauté sérieuse : « Ma figure, dit-il, qui n’était pas déplaisante, quoique je ne fusse pas du premier ordre des gens bien faits, mes manières, mon humeur et mon esprit qui étaient doux, faisaient un tout qui plaisait à tout le monde, et peu de gens en y entrant ont été mieux reçus. » Mme de Montausier, cette personne de considération, lui témoignait de l’amitié en souvenir de son père, et l’appuyait de son crédit. […] Il assista au combat de Saint-Gotthard, fut blessé à Vienne comme second dans un duel, et revint à la Cour en avril 1665 en veine de succès et même de faveur : le roi, formant une compagnie de gendarmes pour le Dauphin son fils, choisit La Fare parmi toute la jeunesse de sa cour pour lui en donner le guidon. […] Avec la permission du roi, il vendit donc cette charge au fils de Mme de Sévigné avant la fin de la campagne (mai 1677) ; la paix de Nimègue était près de se conclure : il n’eut pas la patience de l’attendre. […] Je poussai jusqu’à son cabinet, et je le trouvai en chemise, sans bonnet, entre son Rémora et une autre personne de quinze ans, son fils l’abbé versant des rasades à deux inconnus ; des verres cassés, plusieurs cervelas sur la table, et lui assez chaud de vin. […] C’est pour toi que le fils de Jupiter, Hercule, et les enfants de Léda ont supporté toutes leurs épreuves, proclamant par leurs actions ta puissance ; c’est par amour pour toi qu’Achille et Ajax sont descendus dans la demeure de Pluton.

232. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Madame Royale (ainsi nommait-on la duchesse mère qui prit en main la Régence) tint toute la première, à l’égard de son fils, une ligne de conduite très peu maternelle : elle aimait le pouvoir, elle ne haïssait pas le plaisir, elle ne songea point à élever son fils en vue d’un prochain partage et exercice de l’autorité ; elle le traita avec froideur, avec roideur, non en mère française, mais en mettant sans cesse l’étiquette entre elle et lui. […] Je ne vois à mettre en regard, et comme pendant, que certain écran que le cardinal d’Estrées avait donné, il y avait quelques mois, à Madame Royale en manière de surprise, et dont Mme de La Fayette, amie de la Régente, avait soigné les détails et fourni le dessin : «  Vous savez, écrivait Mme de Sévigné, la tète pleine de ce galant cadeau, et voulant en donner idée à sa fille (13 décembre 1679), que Madame Royale ne souhaite rien tant au monde que l’accomplissement du mariage de son fils avec l’infante de Portugal ; c’est l’évangile du jour. […] Madame Royale montre à son fils, avec la main droite, la mer et la ville de Lisbonne. […] Elle avait compté toujours que son fils partirait pour le Portugal et que, lui laissant désormais le champ libre, il irait accomplir ce mariage si désiré d’elle, si craint et abhorré des Piémontais. […] Louvois, sentant que la crise approchait, tenta un dernier effort pour avoir raison des résistances de Madame Royale et pour lui arracher une occupation militaire des principales places du Piémont par la France : à ce prix, elle était assurée de l’entière et absolue protection du roi contre tout ce que pourrait entreprendre son fils.

233. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Émile est fils naturel ; il est pis que cela, il est fils adultérin, et en naissant il n’a pas été reconnu par sa mère pas plus qu’il n’est accepté par son vrai père. […]  » Ceux qui sont si empressés à refuser aux hommes engagés dans la vie active et dans l’âpreté des luttes publiques la faculté de sentir et de souffrir n’ont pas lu Émile, où se rencontrent, au milieu d’une certaine exaltation de tête, tant de pensées justes, délicates ou amères nées du cœur : « A l’âge où les facultés sont usées, où une expérience stérile a détruit les plus douces illusions, l’homme, en société avec son égoïsme, peut rechercher l’isolement et s’y complaire ; mais, à vingt ans, les affections qu’il faut comprimer sont une fosse où l’on est enterré vivant. » « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants que je vous devrai (il s’adresse à celle qu’il considère déjà comme sa compagne dans la vie) ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné. » Émile parle de source et, quand il le pourrait, il n’a à s’inspirer d’aucun auteur ancien ; la tradition, je l’ai dit, ne le surcharge pas ; elle commence pour lui à Jean-Jacques, et guère au-delà : c’est assez dans le cas présent. […] Cet Édouard, contre lequel Émile se montre si irrité et qu’il veut châtier, est son propre frère utérin, le fils légitime de sa mère, et l’abbé lui nomme alors cette mère pour la première fois. — « J’ai donc des parents, repris-je vivement avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, mais qui dura moins de temps qu’il n’en fallut pour l’exprimer. » —    Ceci est beau, beau de nature ; car, au moment même où cette joie le traverse, une angoisse cruelle a saisi l’âme d’Émile : il avait déjà provoqué Édouard, déjà le duel est réglé, c’est le lendemain malin qu’il doit se battre, et il apprend que c’est contre un frère ! […] Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu ! que j’acquière quelque renom et que mes parents s’offrent à moi comme la comtesse de Tencin à son fils !

234. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Fils d’un père explorateur hardi dans la région des idées et l’un de ceux qui méritent le plus de compter dans le mouvement intellectuel de notre époque, il a dirigé de bonne heure son activité sur un champ plus positif et plus défini. […] La transmission du pouvoir n’a lieu ni d’après la loi musulmane, ni d’après la coutume générale des autres peuples, en ligne directe, du père au fils, mais par voie indirecte, du défunt au fils aîné de sa sœur aînée. […] « L’enfant, chez les Touareg, suit le sang de sa mère : — le fils d’un père esclave ou serf et d’une femme noble est noble ; — le fils d’un père noble et d’une femme serve est serf ; — le fils d’un noble et d’une esclave est esclave. — C’est le ventre qui teint l’enfant, disent-ils dans leur langage primitif24. » Dans la famille, la femme chez eux est pour le moins l’égale de l’homme.

235. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Ce Saint-Hilaire, lieutenant général lui-même, était le fils du général d’artillerie Saint-Hilaire, qui eut l’honneur d’être frappé du même coup de canon qui tua M. de Turenne. […] Saint-Hilaire la lui montrait du geste, lorsqu’un boulet lui emporta le bras gauche, enleva le haut du col au cheval d’un de ses fils (il en avait deux près de lui en ce moment), et du même coup alla frapper M. de Turenne au côté gauche. […] mon fils, s’écria-t-il, ce n’est pas moi qu’il faut pleurer, c’est la mort de ce grand homme ; vous allez, selon toute apparence, perdre un père ; mais votre patrie, ni vous, ne retrouverez jamais un pareil général.” — En achevant ces mots, les larmes lui tombaient des yeux. — “Que vas-tu devenir, pauvre armée ?” ajouta-t-il ; puis en se remettant tout d’un coup, il reprit : “Allez, mon fils, laissez-moi, je deviendrai ce qu’il plaira à Dieu ; remontez à cheval ; je vous le commande, le temps presse ; allez faire votre devoir ; et je ne désire plus de vie qu’autant qu’il m’en faudra pour apprendre que vous vous en serez bien acquitté.” […] Pour assurer l’entretien du monument, le redorage de la statue, etc., il fit une donation à son fils unique avec substitution, absolument comme on fonderait une chapelle et un service religieux à perpétuité.

236. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Fils d’un personnage consulaire, ami de César, il ne fut esclave ni de la puissance ni des vices du dictateur ; et il s’honora par sa fidélité à des amis malheureux, et par ses regrets pour un frère dont il alla, dans un long et dangereux voyage, honorer les restes ensevelis eu Asie. […] Ce sont les Parques présentes à la fête qui chantent l’hymne conjugal : « Ô soutien glorieux, qui par tes vertus agrandis et protèges la puissance de l’Épire, père illustre par ton fils, apprends ce que les sœurs du Destin mettent au grand jour pour toi ; entends leur véridique oracle. […] « Ses éclatantes prouesses, ses faits glorieux, souvent les mères les attesteront aux funérailles de leurs fils, alors qu’on les verra laisser flotter sur la cendre leurs cheveux blanchis, et de leurs faibles mains meurtrir leurs seins livides. […] Le fils a cessé de pleurer la mort de ses parents ; le père a souhaité le trépas d’un fils premier-né, pour jouir sans contrainte des attraits d’une jeune marâtre. La mère sacrilège, se prostituant à son fils trompé, n’a pas craint de rendre complices de son crime les dieux domestiques.

237. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Si vous n’êtes, d’aventure, que le fils de tout petits bourgeois de province, elle vous attendrira : Le logis des Malapert était étroit comme la vie qu’on y menait, pauvre comme la bourse de l’ancien agent voyer… Dans cette demeure froide et nue, on vivait parcimonieusement et   solitairement. […] Elle avait toute la beauté du sacrifice désintéressé: car cette vie n’était si étroitement ordonnée que pour permettre au fils, à l’héritier, de connaître un jour une forme supérieure et plus élégante de la vie. […] J’ai peu de mémoire, et je n’ai point relu depuis longtemps la plupart de ses romans ; et pourtant je revois, avec une grande netteté, tel verger dans le Mariage de Gérard, telle vieille maison bourgeoise dans Tante Aurélie, tel sentier à travers bois dans Péché mortel ; tel banc sous les grands arbres où un beau garçon et une jolie dame mangent des cerises, dans le Fils Maugars ; tel champ où l’on « fane », dans Madame Heurteloup ; et chaque fois je songe : « Que ne suis-je là ! 

238. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

La différence de ces commencements dut contribuer à celle des caractères qui ont distingué le père et le fils. […] Les premiers Frondeurs qui se déclarèrent en 1648, furent le duc d’Orléans, frère de Louis XIII, oncle du roi, âgé de quarante ans ; le prince de Conti, frère puîné du prince de Condé, âgé de vingt-cinq à vingt-six ans ; le duc de Beau fort, fils de César de Vendôme, et petit-fils d’Henri IV, âgé de trente-deux ans ; le duc de Vendôme (César), fils ainé d’Henri IV, père du duc de Beaufort, âgé de cinquante-quatre ans ; le duc de Nemours ; le duc de Bouillon ; le maréchal de Turenne, âgé de trente-sept ans ; le prince de Marsillac, depuis duc de La Rochefoucauld, âgé de quarante-cinq ans ; le coadjuteur, depuis cardinal de Retz ; le maréchal d’Hocquincourt.

239. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Il fut soupçonné sous l’empire de Vespasien, le pere et le prédecesseur de Titus, d’intelligence avec les parthes, et il fut obligé de se sauver chez eux avec ses fils, dont l’Antiochus de Racine étoit un, pour éviter de tomber entre les mains de Cesennius Poetus qui avoit ordre de les enlever. […] Telle est l’erreur qu’il fait commettre par Mithridate, en lui faisant dire à ses fils, dans l’exposition de son projet, de passer en Italie et de surprendre Rome. […] Qu’autrefois ce grand homme commença par son pere à triompher de Rome mais Titus Quintus Flaminius, celui à qui parle Nicomede, et qui avoit contraint Annibal d’avoir recours au poison, n’étoit pas le fils de celui qui perdit la bataille de Trasiméne contre Annibal.

240. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Son fils, noble héritier du domaine, « grand-duc de Pendennis, sultan de Fairoaks », commence à régner sur sa mère, sur sa cousine et sur les domestiques. […] Mon cher et excellent lecteur, ne savez-vous pas que Brutus fit couper la tête à ses propres fils ? […] Votre fils aîné, Fitz-Hi-Han, est sûr d’un siége au parlement. […] En vrai prince, il a pour ennemi principal son fils aîné, héritier présomptif du marquisat, qu’il laisse jeûner et qu’il engage à faire des dettes. […] Il la convainc de dureté envers son fils, de vol contre ses fournisseurs, d’imposture contre tout le monde.

241. (1757) Réflexions sur le goût

Ce second vers, dira-t-on, est nécessaire pour exprimer tout ce que sent le vieil Horace ; sans doute il doit préférer la mort de son fils au déshonneur de son nom ; mais il doit encore de plus souhaiter que la valeur de ce fils le fasse échapper au péril, et qu’animé par un beau désespoir, il se défende seul contre trois. […] chacun supposera sans peine qu’il aime mieux voir son fils vainqueur que victime du combat : le seul sentiment qu’il doive montrer, et qui convienne à l’État violent ou il est, est ce courage héroïque qui lui fait préférer la mort de son fils à la honte.

242. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Après cette Histoire de la circulation du sang, vous avez l’Instinct et l’intelligence des animaux, une question qu’un fils de Buffon, comme M.  […] Flourens est le fils de Buffon et s’il mérite de porter le nom de Buffonet que Buffon donnait à son fils ! […] Flourens, fils de Buffon, est le petit-fils de Descartes.

243. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Tu sais que Banquo et son fils Fleance respirent ? […] Il n’y en a qu’un de tombé : le fils s’est sauvé. […] Pendant que Macbeth traite ses amis dans la salle du festin, il apprend que Fleance son fils a échappé à l’assassinat. […] Quel est celui qui s’élève semblable au fils d’un roi, et qui porte sur le front d’un petit enfant la couronne fermée d’un prince souverain ? […] Les assassins entrent et tuent son fils sous ses yeux.

244. (1802) Études sur Molière pp. -355

Le mystère du déguisement est découvert, et les deux fils du Docteur épousent les deux filles de Magnifico. […] Harpagon fouille le valet de son fils ; il examine ses deux mains, et lui demande ensuite à voir les autres. […] Je comprends encore moins pourquoi Molière, en ourdissant son canevas, a tendu deux fils qui ne devaient servir à rien. […] Ils ont chacun un fils qu’ils confient à Geta, esclave de Demiphon. […] D’un autre côté, Phedria, fils de Chremès, se laisse prendre par les charmes d’une chanteuse trop exactement gardée par un marchand d’esclaves fort intéressé.

245. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il a lui-même de ces distractions qui trahissent la race et l’origine ; il vous dira dès son quatrième chapitre : « Or, dit le conte, que le beau roi Philippe de France (Philippe le Bel) eut trois fils, etc. » ; absolument comme le ferait un romancier. […] Le dimanche matin, le roi de France, qui avait grand désir de combattre, fit chanter la messe solennellement dans son pavillon et y communia avec ses quatre fils. […] On est toujours les fils de ces Francs de l’époque carlovingienne qui, à certaines journées, se heurtaient dans un duel immense, en dédaignant les avantages que l’habileté seule pouvait procurer. […] Ce messire Jacques d’Audelée avait donc fait depuis longtemps ce vœu tout chevaleresque que, s’il se trouvait jamais en une affaire où serait le roi d’Angleterre ou l’un de ses fils, il serait le premier assaillant et le mieux combattant de son côté, ou qu’il périrait à la peine. […] Donnons-nous au complet le sentiment de cette belle page : Quand ce vint au soir, le prince de Galles donna à souper en sa tente au roi de France et à monseigneur Philippe son fils, à monseigneur Jacques de Bourbon et à la plus grande partie des comtes et des barons de France qui étoient prisonniers ; et le prince fit asseoir le roi de France et son fils, et monseigneur Jacques de Bourbon… (je supprime la suite des noms) à une table très haute et bien couverte, et tous les autres barons et chevaliers aux autres tables.

246. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Le jeune Alfred-Eugène Cazalis, fils de pasteur, étudiant à la Faculté de théologie de Montauban, soldat au iie d’infanterie, qui va mourir à dix-neuf ans pour la France écrit à ses parents :‌ De plus en plus, en face de ceux qui ont lutté et qui sont morts, en présence de l’effort immense qui a été tenté, je pense à la France qui vient, à la France divine qui doit être. […] Jean Rival, né à Grenoble, fils d’un professeur du lycée, étudiant à Lyon, qui va mourir pour la France à dix-neuf ans, écrit à son plus jeune frère :‌ … Mon plus grand réconfort, dans les moments difficiles que j’ai à passer ici, c’est de penser que vous tous, mes petits frères et sœurs, vous faites comme moi votre devoir. […] Maintenant, regardez, écoutez Alfred Cazalis, fils et petit-fils de pasteurs missionnaires.‌ […] Corps flexibles, âmes molles et tendres, en qui la force précocement s’éveille, véridiques et modestes jusqu’à l’humilité, connaissant leur honneur et leur devoir, ces soldats de dix-sept, dix-huit, vingt ans, sont « les fils de France », comme dit l’univers qui les admire. […] (Parole de Mme Cornet-Auquier à son fils.)

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