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33. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Mon père, debout, regardait à travers son monocle. […] Mon père me l’expliqua tout simplement. […] s’écria mon père, en tendant la main au nouveau venu. […] Mon père est très flatté et très content. […] Mon père était assez disposé à me laisser rester.

34. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Dieu de leurs pères ! […] — Parlez donc, vous, père, dirent-elles toutes deux. […] Que voulez-vous, mon jeune monsieur, je l’ai entendu dire à mon père et au père de mon père : notre famille est aussi vieille sur la montagne que le rocher fendu qui pleure de vieillesse, comme mes yeux, et que les racines de l’arbre qui ont fendu la roche en se grossissant sous terre. […] — Mon père, reprit l’aïeule, fit ce que faisait son père ; il cultiva un peu plus large de terre noire entre ces rochers. […] — C’est vrai, dit l’aïeule, que le pauvre Hyeronimo en jouait encore mieux que mon mari et que son père !

35. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Les deux premiers, dévorés d’ambition, jaloux de la préférence que leur père montre à leur puîné, décident de s’en défaire. […] Le jeune homme, le vertueux Iredji, est averti par son père même du mauvais dessein de ses aînés, mais il ne veut employer avec eux d’autres armes que la persuasion, et, regardant son vieux père avec tendresse, il lui dit ces belles paroles : Ô Roi ! […] Mais, pour ne pas violer l’hospitalité, il envoie un homme grave demander la fille à son père. Le père n’a garde de refuser ; il accorde sa fille selon les rites du pays, qui paraissent avoir été assez faciles, et la belle Tehmimeh est au comble de son vœu. […] Mon sort était écrit au-dessus de ma tête, et je devais mourir de la main de mon père.

36. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Le frère sera livré par son frère, le fils par son père. […] On a deux passereaux pour une obole, et cependant un de ces oiseaux ne tombe pas sans la permission de votre Père. […] Celui qui aime son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. […] Le chrétien sera loué d’être mauvais fils, mauvais patriote, si c’est pour le Christ qu’il résiste à son père et combat sa patrie. […] Je suis venu mettre la division entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la bru et la belle-mère.

37. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

L’enfant perdit le vieillard son père trois ans après sa naissance. […] Il représentait le père des pères, Dieu, de qui il émanait dans le mystère de la création et dont il tenait la place et l’autorité sur sa descendance. […] Ni tyrans ni esclaves ; un père sans tyrannie pour tous, des enfants sans murmure d’un même père, voilà l’autorité. […] Le souverain est le père et la mère de l’empire. […] Voilà toute la religion de nos pères.

38. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Le père les attend au seuil du château ; il les embrasse avec une grave effusion, elles remercie d’avoir loyalement servi la patrie. […] Bargé père accepte avec empressement ce projet d’union. […] Elle devait s’y attendre : l’adultère ne peut être qu’un épouvantail pour les pères en quête de marier leurs fils. […] Quel devoir de père M.  […] — C’est donc mon père ? 

39. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Mais les fils de famille se trouvaient, à la mort de leurs pères, affranchis de ce despotisme domestique, et l’exerçaient à leur tour sur leurs enfants. Dans le droit romain, tout citoyen affranchi de la puissance paternelle, est lui-même appelé père de famille. […] Ils demandèrent seulement connubia patrum, c’est-à-dire la faculté de contracter les mariages solennels, tels que ceux des pères. […] Les fils acquièrent, les femmes épargnent pour leurs pères et leurs maris ; c’est le contraire de ce qui se fait chez les modernes. — IV. […] Aristote définit les fils, des instrumens animés de leurs pères  ; et jusqu’au temps où la constitution de Rome devint entièrement démocratique, les pères de famille conservèrent dans son intégrité cette monarchie domestique.

40. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

Les cités furent donc dans l’origine des aristocraties mêlées à la monarchie domestique des pères de famille. […] Comment un père de famille pouvait-il soumettre les autres ? […] Mais ne doit-on pas supposer que, dans la fierté originaire d’une liberté farouche, les pères de famille auraient plutôt péri tous avec les leurs, que de supporter l’inégalité ? […] Aurait-on promis la liberté aux premiers pères de famille ? […] Dans cette hypothèse, qu’on explique l’établissement de la monarchie par la force ou par la ruse, les fils auraient été les instruments d’une ambition étrangère, et auraient trahi ou mis à mort leurs propres pères ; en sorte que ces gouvernements eussent été moins des monarchies, que des tyrannies impies et parricides.

41. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Beyle est malade à Paris, et son père qui habite Grenoble, vient de lui refuser une avance sur sa pension. « Je viens de réfléchir deux heures à la conduite de mon père à mon égard, étant tristement miné par un fort accès de la, fièvre lente que j’ai depuis plus de sept mois. […] « … D’abord tout cela, et vingt pages de détails tous horriblement aggravants ; mon père est un vilain scélérat à mon égard, n’ayant ni vertu, ni pitié. […] « Si quelqu’un s’étonne de ce fragment, il n’a qu’à me le dire, et, parlant de la définition de la vertu, qu’il me donnera, je lui prouverai par écrit, aussi clairement que l’on prouve que toutes nos idées arrivent par nos sens, c’est-à-dire aussi évidemment qu’une vérité morale puisse être prouvée, que mon père à mon égard a eu la conduite d’un malhonnête homme et d’un exécrable père, en un mot d’un vilain scélérat. » Ce défi est assez bizarre. […] Et ce n’est point là, comme vous le pourriez croire, un simple accès de fièvre : car, d’abord, il appelle couramment son père dans le reste du journal : « mon bâtard de père » ; puis, relisant vingt ans après la page que j’ai citée, il ajoute en marge : « Ne rougis-tu point, au fond du cœur, en lisant ceci en 1835 ?

42. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

Suite du Père. — Lusignan. Nous trouverons dans Zaïre un père à opposer à Priam. […] — C’est ton père, c’est moi, C’est ma seule prison qui t’a ravi ta foi… Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs. — Ô fille encor trop chère ! […] Tu ne saurois marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas sans y trouver ton Dieu, Et tu n’y peux rester sans renier ton père… Une religion qui fournit de pareilles beautés à son ennemi mériterait pourtant d’être entendue avant d’être condamnée. […] La cause d’un père et celle d’un Dieu se confondent ; les vieux ans de Lusignan, les tourments des martyrs, deviennent une partie même de l’autorité de la religion : la Montagne et le Tombeau crient ; ici tout est tragique : les lieux, l’homme et la Divinité.

43. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Il se moque de ces appellations solennelles qui étaient encore d’usage entre père et fils. […] Des enrichis viennent rendre visite à leur père qui n’est qu’un brave aubergiste, et ils lui donnent du Monsieur. […] Si le père se fâche quelquefois, c’est colère plus apparente que réelle. […] Chez le premier, c’est le fils naturel qui humilie et repousse le père tardivement repenti ; c’est le fils raisonnable qui sermonne, sauve et marie le père prodigue. […] Quand le père veut morigéner son fils, celui-ci l’écoute d’un air narquois et l’interrompt d’un ton gouailleur.

44. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Son père veut le marier ou fait semblant de le vouloir, et sur l’heure ; la suivante de Glycère, Mysis, très attachée à sa maîtresse, apprend cette nouvelle de quelques paroles échappées à Pamphile dans son trouble ; elle le voit hésitant, elle craint qu’il ne cède par égard pour son père, et qu’il n’abandonne cette jeune fille enceinte et tout près d’accoucher. […] Ménédème est père, il a un fils unique fort jeune : « Ah ! […] espères-tu qu’il te sera permis, moi vivant, moi ton père, d’avoir ta maîtresse en lieu et place de femme légitime ? […] Ce sont deux frères (comme le titre l’indique) : l’un, Micion, qui est célibataire et habite la ville, — toujours Athènes ; l’autre, Déméa, marié et père, qui habite les champs. […] Enfin, tout ce que les jeunes gens font d’ordinaire en cachette de leur père, tout ce qui est péché de jeunesse, j’ai accoutumé mon fils à ne pas m’en faire mystère ; car qui s’accoutume une fois à mentir et à tromper son père, celui-là l’osera d’autant plus à l’égard des autres.

45. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Qu’elle songe à réparer un tort involontaire et un oubli, si pardonnable d’ailleurs, à l’égard de son père, c’est bien ; mais il y a excès. […] Aurélie se met en route incontinent pour aller embrasser son père : elle s’embarque à Châlons et va jusqu’à Lyon par la Saône. […]  » Le voyage s’achève, on arrive chez le père : scène touchante. […] Mais le père, informé de tout, la refuse ; et par quelles raisons ? […] Mais Aurélie a entendu les paroles de son père ; et après cela, je le demande, est-elle libre ?

46. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Necker, son père, pour détourner ou suspendre le coup qui la menaçait. […] Mais il en restait un bon père, idolâtre de sa fille. […] Mon père aimait la gloire, et, quelque sage que fût son caractère, l’aventureux en tout genre ne lui déplaisait pas, quand il fallait s’y exposer pour mériter l’estime publique. […] Necker ; elle partit précipitamment pour Coppet, espérant recevoir encore le dernier soupir de son père. […] La France devait à son père deux millions, que M. 

47. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Jésus s’envisageait depuis longtemps avec Dieu sur le pied d’un fils avec son père. […] Il est son Père, son Père est lui. […] Son Père lui a donné tout pouvoir. […] Nul ne connaît le Père que par lui 707. Le Père lui a exclusivement transmis le droit de juger 708.

48. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Avec ces premières unions humaines, c’est-à-dire conformes à la pudeur et à la religion, commencèrent les mariages qui déterminèrent les rapports d’époux, de fils et de pères. […] La première république se trouve donc dans la famille ; la forme en est monarchique, puisqu’elle est soumise aux pères de famille, qui avait la supériorité du sexe, de l’âge et de la vertu. […] Au bout d’un long temps, ceux qui étaient restés dans les plaines, sentirent les maux attachés à la communauté des biens et des femmes, et vinrent se réfugier dans les asiles ouverts par les pères de famille. […] Les pères de famille s’unirent pour résister aux clients, et pour les apaiser, leur abandonnèrent le domaine bonitaire des champs dont ils se réservaient le domaine éminent. […] Les pères de famille veulent abuser du pouvoir paternel qu’ils ont étendu sur les clients, et la cité prend naissance.

49. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Il commença par les débuts de son père, qu’il connaissait depuis le temps de l’École militaire, et depuis Toulon. […] Il avait le culte de son père, un culte qui n’était pas seulement la tendresse d’une race civilisée, mais qui tenait de l’ardeur des peuples sauvages ; il avait du Corse en cela. […] Il avait cinq pouces de taille de plus que Napoléon ; son front était de son père ; son œil, plus enfoncé dans l’orbite, laissait voir quelquefois un regard perçant et dur qui rappelait celui de son père irrité ; l’ensemble de sa figure pourtant avait quelque chose de doux, de sérieux et de mélancolique. […] Comme son père, il avait un art singulier pour plaire quand il le voulait. […] Il avait donc saisi l’occasion de lui être agréable et de réparer l’effet des paroles de son père.

50. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Je me représente un père dans ces anciens temps et chez ce peuple singulier, voulant animer son fils, et le promenant à travers les rues d’Athènes : « Vois-tu, lui dit-il, ces deux statues ? […] Le père fait lire à son fils cette inscription sur le rocher : Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts pour obéir à ses saintes lois  ; et ils redescendent à travers les rochers, en silence. […] Pensez, à leur exemple, que le bonheur est la liberté, et que la liberté est dans la grandeur de l’âme. » Il s’adresse ensuite aux pères de ces guerriers. […] » Il exhorte les pères qui sont encore dans la force de l’âge, à donner de nouveaux défenseurs l’État. […] Il les transporte au moment où leurs pères mouraient sur le champ de bataille.

51. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

. — La mère alla à l’église, la fille se mit en chemin, jusqu’à ce que, au bord de l’eau, un pêcheur, le pêcheur de son père elle trouva. « Ô pêcheur, dit-elle, pêcheur, pêcheur de mon père, pêche donc une fois pour moi, tu en seras récompensé. — Il jeta ses filets dans l’eau, les plombs touchaient le fond. […] — Eh oui, mon père, oui je l’aurai, Malgré ma mère qui m’a portée, Je l’aime mieux que tous mes parents, Vous, père et mère, qui m’aimez tant ! […] Au bout de sa septième année, Son père y vint la visiter. […] — Ma foi, mon père, ça va bien bas.

52. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Hyeronimo regarda sa mère, et le père pleurait sans nous voir. […] — Celui-là que je portais dans mon sein, s’écria-t-elle en étendant sa belle main gauche sur le berceau, allait donc avoir un père ! […] N’est-ce pas, ma tante et mon père ? […] Le même soir je me levai et je le portai embrasser à son père. Huit jours après, je le portai à mon père et à ma tante.

53. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Je suis à toi, Père, sauve-moi ! […] Mais je ne te comprenais pas jusqu’à ce que tu eusses envoyé ta mère parler à mon père, jusqu’à ce que notre mariage fût conclu. […] Le père est déjà préparé ainsi à apprécier mieux le caractère pacifique et laborieux d’Herman. […] Le père s’étonne et se tait ; le pasteur prend avec une douce éloquence le parti de la mère et du fils. […] Retournez auprès de mon père et de ma mère, pour leur dire que leur fils ne s’était pas trompé et que l’étrangère est digne d’être aimée.

54. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Ouvrez vos palais aériens, pères du puissant Toscar. […] Ossian, as-tu la force de ton père ? […] C’est ton père, ô Morar ! […] Pleure, père infortuné, pleure ! […] Son père entendait ses cris redoublés, et son père ne pouvait la secourir !

55. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

) Ô vous qui me reprochez mon père, vous n’avez pas l’idée de son généreux cœur. […] Et il revient plus d’une fois sur ce caractère religieux de son père : « Mes amis se taisaient, mes sœurs pleuraient, mon père priait. » Ce père sensible, honnête, vertueux, qui a de la solennité et de la bonhomie dans l’effusion des sentiments, écrivait un jour à son fils qui était en Espagne, et qui y était allé pour venger l’une de ses sœurs (1764), une lettre qu’on a publiée25 et qui serait digne du père de Diderot, ou de Diderot lui-même faisant parler un père dans un de ses drames : Tu me recommandes modestement de t’aimer un peu. Cela n’est pas possible, mon cher ami : un fils comme toi n’est pas fait pour n’être qu’un peu aimé d’un père qui sent et pense comme moi. […] C’est, selon moi, la plus grande faveur qu’il puisse accorder à un père honnête et sensible, qu’un fils comme toi. […] Père de tes sœurs, ami et bienfaiteur de ton père !

56. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

N’est-il pas, d’ailleurs, le père de son fils, de ce fier soldat si tendre pour elle ? […] Tandis que la mère se réjouit, le père combine et calcule. […] Le soldat se dresse devant son père de toute la hauteur d’un triste mépris. […] Tenancier, le vieil ami de son père. […] Ô trop généreux père !

57. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Cette jeune personne avait reçu de la nature un esprit délicat, et de son père un esprit cultivé. […] « Ma mère avait laissé des romans ; nous les lisions après souper, mon père et moi. […] Le père était de nouveau sorti de Genève. […] Qui sait ce que sont devenus ces fils de Thérèse jetés aux gémonies tout vivants par la barbarie d’un père insensé ? […] Voilà un père, et quel père !

58. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Madame Necker dissimula mal sa jalousie contre une enfant qui l’éclipsait dans son salon et jusque dans le cœur de son père. […] On s’extasiait également sur les théories philosophiques du père et sur les œuvres pieuses de la mère. […] Mademoiselle Necker était de celle de son père et du fils de l’horloger, comme on appelait alors J. […] Elle brûlait du désir de prendre place dans la renommée du siècle, dont le salon de son père était le cénacle. […] le payement du dépôt de son père ?

59. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

On le voit tout jeune auprès de son père et le vengeant. […] Il se compte parmi les cent combattants, que son père le voulût ou non. […] Les filles ne sont point coupables pour ce qu’a fait le père. […] Vous devez bien rendre grâces au Père tout-puissant !  […] Bien que vous soyez mon père, je veux vous donner un conseil.

60. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il pourvut, par une pension, aux besoins de son père. […] Pas une goutte de sang ne pesait sur son âme ; il s’était borné à être ce qu’avait été son père, un grand citoyen. […] car, en songeant à la perte que nous avons éprouvée par la mort de notre père, je suis bien plus disposé à verser des larmes qu’à parler de mes peines. Quel père, hélas ! […] Il parut ainsi avoir pris une voie et y marcher d’un pas si ferme, qu’il fit croire qu’il atteindrait bientôt son père en marchant sur ses traces.

61. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Son père, en particulier, mérite qu’on s’arrête à le ressaisir et à le considérer. […] Ce père, en un mot, avait le sentiment des hautes études. […] Mais en 1827, son père meurt ; il reste avec sa mère et son frère sans fortune, sans ressources. […] Le vieux et respectable Burnouf père fut mis alors en mouvement et vint le presser à son tour. […] Sa fille vint se loger près de la prison ; elle consolait chaque jour son père et les amis de son père, tous menacés de l’échafaud.

62. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

— Six, répond le père. — Ah ! […] dit le père, pour l’été elles ont le petit bois de pins, pour l’hiver, la plaine caillouteuse. […] ” — Pour que l’âne se délicote, père, il faut que le pré soit rudement beau ! […] Vincent insiste tellement que le père part pour aller sonder le cœur du père de Mireille. […] vas-y, répond l’impitoyable père à sa fille ; vas-y, avec ton mendiant, courir les champs.

63. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Du salon on passait dans la chambre conjugale, où couchait M. de Guérin le père, ouvrant aussi sur le jardin. […] Aussi ai-je beaucoup prié en ce jour où vint au monde le plus tendre, le plus aimant, le meilleur des pères. […] « Ce fut mon père… Mon Dieu ! […] On le fit venir au Cayla, il y arriva mourant ; il s’y éteignit dans les bras de son père, de sa sœur et de sa jeune femme. […] Il ne lui restait que son père à consoler, un tout jeune frère bon, aimable, un peu étourdi, et sa sœur Mimi à cultiver.

64. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Il a parlé singulièrement de son père : « Mon père ne m’aimait pas, je ne sais pourquoi ; car nous ne nous connaissions point. Ce n’était pas alors la mode d’être bon père ni bon mari. […] Il citait gaiement la correspondance qu’il avait eue avec son père, le jour qu’il fut nommé colonel du régiment de son nom et duquel son père était le colonel propriétaire : Monseigneur,   J’ai l’honneur d’informer Votre Altesse que je viens d’être nommé colonel de son régiment. […] D’anciens officiers retirés de plusieurs services dans des terres voisines de celles de mon père entretenaient ma passion. […] Dans cette guerre, il fut successivement capitaine, lieutenant-colonel, puis colonel dans le régiment wallon qui portait son nom et qui appartenait à son père.

65. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

. — « Un fils adoptif n’a pas pour son père les sentiments d’un fils » — (Guéhuel et damel). […] Nous trouverons moins d’exemples d’amour paternel que d’amour filial, en ce qui concerne le père du moins. […] Voir encore le dévouement de la fille du massa se sacrifiant, dans le conte ainsi intitulé, pour garder le pouvoir à son père. […] Diêgui condamne le frère de son père à la mendicité après l’avoir réduit à la déchéance. […] Quant à la fille du massa, dans le conte de ce nom elle se sacrifie pour son père plutôt que pour sa race.

66. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XV. Le fils du sérigne »

Il a suivi le chemin que lui avait indiqué son père jusqu’à ce que quelque chose se soit montré à ses yeux. […] Se souvenant des ordres de son père, il a mis le siga dans le sable, mais, immédiatement, le siga saute du trou où il a tenté de l’enterrer. […] Le fils du marabout est revenu chez son père pour lui raconter ce qui lui est arrivé. […] — Mon père, dit-il, j’ai d’abord vu quelque chose qui ressemblait à une case ». — « C’est la misère qu’elle représente, explique le père.

67. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Rodrigue vient de faire la veille des armes, et le roi, voulant honorer et récompenser en lui son père, va le faire chevalier en lui donnant sa propre armure. […] Rodrigue, sous les yeux de son père, en présence de l’infante, de Chimène et d’autres témoins, va, vient, hésite et ne se décide qu’avec un effort visible. […] On a les deux sentiments solennels aux prises et en regard : la fille qui a son père à venger ; le père qui a été vengé par son fils. « Il a tué mon père. […] Dans cette scène, comme on voit que les amants meurent d’envie tous deux que le père mort soit mis hors de cause !

68. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

M. le duc d’Aumale nous donne quelques-unes des lettres latines qu’il écrivait à son père à cette époque. […] Il est vrai « qu’il fut réglé que le jeune gouverneur ne prendrait résolution sur aucun objet important sans l’avis d’un conseil dont son père avait nommé tous les membres ». […] Ici, bien que son père l’entretienne maigrement et refuse même un habit neuf au gouverneur de Bourgogne, le pauvre enfant respire un peu. […] Son père avait eu soin de le flanquer d’un nouveau jésuite, le P. […] Son père, en homme avisé, lui fait épouser Mlle de Brézé, une petite fille chétive et insignifiante, mais nièce du tout-puissant cardinal.

69. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Cette urne est en argent comptant au fond du coffre-fort de ton père. " et où est l’enfant qui l’ignore ? […] Il était juste que des hommes, ruinés par l’exemple des pères, allassent réparer chez eux leurs fortunes, et se venger par le mépris de leurs filles. […] Pourquoi des enfants aimeraient-ils, respecteraient-ils pendant leur vie, pleureraient-ils quand ils sont morts, des pères, des parents, des frères, des proches, des amis qui ont tout fait pour leur bien-être propre, rien pour le leur ? C’est bien dans ce moment, ô mes amis, qu’il n’y a point d’amis ; ô pères, qu’il n’y a plus de pères ; ô frères et sœurs, qu’il n’y a ni frères ni sœurs ! […] La vertu, la vertu, la sagesse, les mœurs, l’amour des enfans pour les pères, l’amour des pères pour les enfans, la tendresse du souverain pour ses sujets, celle des sujets pour le souverain, les bonnes loix, la bonne éducation, l’aisance générale ; voilà, voilà ce que j’ambitionne… enseignez-moi la contrée où l’on jouit de ces avantages, et j’y vais, fût-ce la Chine… mais là… je vous entends.

70. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

» écrit-il avec jubilation à son père. […] Sa sœur Nanerl se marie à peu près en même temps à Salzbourg ; son pauvre père reste seul ; Mozart se dévoue à ses vieux jours et l’appelle auprès de lui à Vienne. […] D’Aponte, né dans la petite ville de Céneda, dans l’État vénitien, est chassé de la maison paternelle par le second mariage de son père avec une jeune Vénitienne de dix-huit ans, que son père épouse en secondes noces. […] Alors mon père voulut que j’allasse enfin me reposer, et m’offrit la moitié de son lit pour dormir ensemble. […] Mon père resta seul près de moi.

71. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Notre condition, si préférable à celle de nos pères par tant de douceurs et de garanties acquises, est moins bonne pourtant sur un point : nos luttes sont plus intestines. […] Il ne propose pas, comme les réacteurs du temps de la restauration, de rétablir le droit d’aînesse, droit forcé et qui s’applique aveuglément ; il ne demande que de laisser au père de famille la liberté de tester, comme cela se pratique aux États-Unis. […] Aujourd’hui que personne ne veut être vieillard, que personne ne l’est et que l’on fait le fringant à 70 ans, est-il encore de tels pères ? […] D’autres font un autre genre d’objections qui couperait l’idée à sa racine, et ils disent : Quand vous accorderiez la liberté de tester au père de famille, l’égalité est si bien passée dans nos mœurs, dans notre manière de voir et de sentir, que l’immense majorité des pères n’en userait que dans le sens du droit établi et dans l’esprit de la loi actuelle ; et rien ne serait changé. […] Le Play nous parle d’une société déjà rassurée et en voie de stabilité, où il y aurait des points fixes dans les mœurs, de puissantes familles donnant le ton et faisant contre-poids aux corrompus ou aux brouillons par une série d’honnêtes gens de père en fils.

72. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Son père ne s’occupa en rien de son éducation ; il fut remis aux soins de sa grand-mère, lady Halifax. […] Quoique plus d’un passage de ces Lettres puisse sembler fort étrange venant d’un père à son fils, l’ensemble est animé d’un véritable esprit de tendresse et de sagesse. […] Non pas que ce fils, objet de tant de culture et de zèle, ait été en rien indigne de son père. […] Tout a été disposé par le plus attentif des pères pour son succès et sa bienvenue sur cette scène nouvelle. […] Mais sa santé, de tout temps délicate, s’était altérée avant l’âge, et son père eut la douleur de le voir mourir avant lui, à peine âgé de trente-six ans (1768).

73. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

C’est à peine si Marius songeait que Cosette avait un père. […] Sans doute le père avec son fils. […] demanda le père. […] « Le sourire du père s’accentua. […] « Le père lui montra les cygnes.

74. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

L’instinct de la justice apprend à l’enfant à chérir sa mère et son père, il devient devoir ; c’est déjà l’âme qui se révèle, ce n’est plus de l’instinct seulement. […] L’autorité dérivée de la nature y repose d’abord dans le père, ou patriarche, par droit d’antiquité ; l’hérédité la consacre dans le fils après le père. […] Anoblissement des pères par les actes héroïques ou vertueux des enfants, dans les générations les plus reculées : spiritualisme profond dans ce législateur qui personnifie la solidarité de race, la responsabilité paternelle, le rémunérateur filial dans l’unité morale de la famille, continuité de l’être moral descendant et remontant du père à Dieu, du père aux fils, des fils aux pères, et qui rend la vertu aussi héréditaire de bas en haut que de haut en bas ! […] Devoir du père et de la mère de protéger, d’élever, de moraliser l’enfant par un dévouement qui s’immole à sa postérité. […] Devoir de l’obéissance dans les enfants, même quand ils sont devenus, par le nombre et par la force, plus forts que le père et la mère ; devoir d’autant plus moral, d’autant plus spiritualiste, d’autant plus vertueux, qu’il est volontaire, et que la force matérielle dans les enfants se soumet plus saintement à la force spiritualiste dans le père.

75. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Le père parut avoir changé d’idée. […] Elle l’avait bien vu venir de loin par le sentier des chèvres, mais elle n’avait rien osé dire, et elle s’était en allée dans le verger, derrière la maison, pour le laisser seul avec son père. […] « Le père m’a pris par la main ! […] « Le père m’a versé à boire ! […] La première parole du toucheur de bœufs fut le nom de la Jumelle. « Ce n’est pas la chute » dit-il, « qui m’a fait mourir, c’est l’idée que tout mon contentement n’était qu’un songe. » Pour bien le convaincre que le consentement du père et celui de la fiancée étaient sérieux, la Jumelle et son père le ramenèrent, en le soutenant du bras, coucher dans leur grange.

76. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Adam s’endort : Dieu tire du sein même de notre premier père une nouvelle créature, et la lui présente à son réveil : « La grâce est dans sa démarche, le ciel dans ses yeux, et la dignité et l’amour dans tous ses mouvements. […] L’homme quittera pour elle son père et sa mère. » Malheur à celui qui ne sentirait pas là-dedans la divinité ! […] Lorsque la mère du genre humain présente le fruit de science à son époux, notre premier père ne se roule point dans la poudre, ne s’arrache point les cheveux, ne jette point de cris. […] Ce désespoir, si bien attribué à une femme, tant par son excès que par sa générosité, frappe notre premier père. […] Ces accents montent au séjour céleste, et le Fils se charge lui-même de les présenter à son Père.

77. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Les pères sont menacés, la main des enfants est levée sur eux ! […] » Ce sera là bientôt le cri d’un père mourant, d’une mère expirante. […] Le père était le roi de la famille antique, son pontife et presque son dieu. […] Seule entre tous les dieux, je sais où sont les clefs du lieu où la foudre de mon père est renfermée. […] — Mais voici qu’il engendre un fils qui voit tous les péchés que son père commet ; il les voit et n’agit pas comme lui… — Celui-là ne mourra pas pour le péché de son père, il vivra. — Et pourtant vous dites ; Pourquoi le fils ne porte-t-il pas le péché du père ?

78. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Mariée par une boutade de son père au prince héréditaire de Bareith, qu’elle ne connaissait pas auparavant, elle en parle toujours avec estime et affection ; elle l’aima, s’attacha tendrement à lui, et n’eut pas d’effort à faire pour mettre son âme en accord avec ses devoirs. […] La première lettre qui ouvre leur correspondance est de Frédéric, et datée de Custrin, où il était alors enfermé (1er novembre 1730), à la veille du conseil de guerre que son père avait convoqué pour le juger : il s’agissait de sa tête, et son père voulait qu’on lui appliquât la loi prussienne comme à un déserteur. […] Son père paraît souvent fort mal de santé durant ces années, et lui sur le point d’être roi. […] Se croyant dégagée de sa promesse par la mort du roi son père, elle passa outre à cette condition et fit épouser à Mlle  de Marwitz un officier du régiment impérial dont le margrave était propriétaire. […] [NdA] Dans une lettre de Frédéric à Maupertuis écrite bien des années après, il lui échappe une allusion à la dureté de son père, qui est assez touchante.

79. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

» Ils lui répondirent : Notre père, votre serviteur, est encore en vie, et il se porte bien ; et, en se baissant profondément, ils l’adorèrent. […] Je suis ton père, pour qui tu supportes mille maux et les violences des hommes. […] » Il dit à ses frères : Je suis Joseph : mon père vit-il encore ? […] Hâtez-vous d’aller trouver mon père. […] Le Πατὴρ θεὸς εἰμι, je suis ton père, est bien inférieur à l’ego sum Joseph.

80. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

Mais ces enfants, perdus ou trouvés, d’un tel père n’en sont pas pour cela (qu’on nous passe le mot !) […] D’abord, voici la grande portée des philosophes purs, des faiseurs de sociétés comme leur propre père, la portée pesante des Saint-Simon, des Charles Fourier, des Cabet, des Proudhon, des Pierre Leroux. […] Voici ce texte ricaneur ; c’est le rire de Voltaire, avec des dents noires : « Je n’ai rien dit du roi Adam, ni de l’empereur Noé, père des trois grands monarques qui se partagèrent l’univers, comme firent les enfants de Saturne, qu’on a cru reconnaître en eux. […] Il ne fut question ni d’enfants, ni de pères, ni de majeurs, ni de mineurs, ni de hiérarchie, ni de famille, mais de boules ; et l’honneur, la vérité, la conscience, ce fut le scrutin. […] Les petits du cynique, élevés honnêtement, balayèrent les ordures de leur père en 1804, au 2 décembre, et ses arrière-petits, à la même date providentielle, en 1851.

81. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

J’y avais baisé, en m’en séparant, les marques des pieds de mon père, de ma mère, de mes sœurs sur le sable. […] Voilà les bois retentissant dès le matin des voix des chiens courants de mon père ! […] Mais cela ressemble tout simplement à la maison de Renève où notre père instruit les quinze enfants de Mirebeau. […] La chambre de M. de Lamartine, votre père, était de ce côté. […] L’hiver, sa chèvre lui tenait chaud la nuit, le père lui ramassait dans le bois des racines.

82. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

C’étaient le jeune Lafon-Labatut, alors à peine âgé de cinq ans, et son père. […] La pauvre femme était morte de la peste en route, à Gibraltar ; le père et l’enfant, après mille traverses, exténués de misère et de besoin, arrivaient donc seuls ; ils furent reçus avec cordialité. […] Raynouard, nous dit le biographe, touché de tant d’infortunes et des grâces naïves du petit Sicilien, lui témoigna le plus vif intérêt, se plaisant à le faire babiller dans son idiome natal, auquel l’accent de sa voix enfantine prêtait encore plus de charme. » Après un temps de repos, les voyageurs partirentpour le Bugue, petite ville du Périgord, où était né le père qui bientôt y mourut. […] La mort du bon curé le laissa sans ressources ; c’est alors qu’il revint à Paris, rappelé par l’ami de son père. […] Un ami, ce même ami de son père, à qui parvinrent les essais du pauvre aveugle, eut l’idée de les faire imprimer.

83. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

Il faut dire par droit Qu’il y ait vice d’adultère, Puisque je n’en suis pas le père. […] Un père et une mère, en mariant leur fils unique, lui abandonnent généralement tous leurs biens sans se rien réserver. […] On le mène chez le curé, qui, instruit de sa conduite envers ses père et mère, trouve le cas trop grave pour en connaître, et le renvoie à l’évêque. […] Dès qu’il est arrivé, il se confesse au saint père, qui lui fait un beau sermon pour lui faire sentir toute l’énormité de son crime ; et voyant la sincérité de son repentir, il lui donne l’absolution. À l’instant, le crapaud tombe du visage de ce jeune homme, qui, suivant l’ordre du pape, vient se jeter aux pieds de son père et de sa mère pour leur demander pardon : et il l’obtient.

84. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

On voit battre dans chaque vers le cœur d’un fils digne d’avoir un tel père. […] Comment pourrais-je donc ne pas me féliciter d’avoir eu un tel père ? […] Il alla vraisemblablement rejoindre son père à Athènes ou à Venouse. […] Malgré l’exemple de son père, il ne songea pas à se donner une épouse honnête et des enfants. […] Il fit aussi quelques rares voyages en Calabre pour y visiter le berceau de son enfance et le tombeau de son père.

85. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Ils sont dans ce père infortuné, enfermé avec ses quatre fils dans les demi-ténèbres de cette tour. Ils sont dans l’enfance et dans l’innocence de ces quatre fils punis pour le crime de leur père. […] Ils sont dans l’étonnement du plus jeune de ses fils, qui, voyant ce regard et n’en comprenant pas encore la signification, demande à son père : Padre, che hai (qu’as-tu, ô père) ? […] Ni le père ni les enfants ne la rappellent, de peur de s’entre-déchirer par ce souvenir. […] Les notes pastorales et prolongées accompagnent sous le rocher les litanies psalmodiées par sa mère en mémoire de son père.

86. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Destiné par son père à être avocat, il résistait et se sentait contre cette profession si honorée une aversion profonde. […] Le premier effet de cette ambition, bientôt si légitimée, était qu’il ne pouvait se déterminer à suivre simplement l’honorable profession de son père et à se ranger à son côté dans la même voie. […] Il obéit pourtant à son père et devint avocat, mais en se réservant de sortir du barreau dès qu’il le pourrait. […] Il rendit de notables services à la cité, et s’attira le respect même de son père qui, par un touchant retour, honorait en lui le fils qui s’était si généreusement émancipé. […] [NdA] Notice du baron Roederer sur sa famille et en particulier sur son père durant ces années de jeunesse, antérieures à la vie politique (1849).

87. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Votre père est mort à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. […] Vous avez eu un bon père, c’est un bonheur que n’ont pas eu tous vos amis. […] Il y a même à la fin une pensée fort délicate : « Vous avez eu un bon père, c’est un bonheur que n’ont pas eu tous vos amis. » Ce retour, à peine indiqué, de Frédéric sur son père si cruel pour lui, cette allusion, s’il l’avait faite réellement, serait touchante ; mais, dans le vrai, Frédéric était trop roi pour laisser voir à personne qu’il se plaignait de son père, et surtout pour l’écrire. […] [NdA] Le père de lord Bolingbrocke n’était pas lord et on ne l’appelait pas milord ; mais il ne faut jamais demander à La Beaumelle une parfaite exactitude.

88. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Le fils de l’homme qui a tué tuera à son tour, le petit-fils recommencera le père et l’aïeul. […] Ces jeunes filles, violées quelques jours avant par trois éphèbes de Lacédémone, s’étaient étranglées pour ne pas survivre à l’outrage ; leur père s’était tué de désespoir ; la catastrophe toute récente saignait encore et criait vengeance. […] Myrtilos, en mourant, invoqua son père, et l’adjura de venger sa mort. […] Leur père les bannit, ils se réfugient à Mycènes, où règne leur neveu Eurysthée, le persécuteur d’Hercule. […] Ces spectres hagards, errants sous les portiques du palais d’Argos, embusqués sous le tombeau du père égorgé, s’agitent obscurément au fond de la scène.

89. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

La Paternité, qui crée la Famille, insultée maintenant et presque avilie dans une société où les mœurs et les comédies qui les réfléchissent montrent le père toujours inférieur aux enfants et éternellement bafoué par eux ; entamée, de plus, par une philosophie qui a créé l’individualisme moderne et par une révolution qui, du premier coup, enleva à la Famille le droit d’aînesse, cette Paternité a eu bientôt contre elle une effroyable et universelle conspiration, et on le conçoit, car plus une société devient irréligieuse, plus elle peut se passer de père et de Dieu ! […] Père lui-même, père chrétien, il savait l’auguste grandeur de cette première des magistratures. — Qu’on me permette une anecdote : Un jour, en 1848, il était allé, sous les balles, chercher un de ses fils aux barricades, et il avait fait rentrer devant lui à la maison ce jeune homme, qui y rentra tête basse et le fusil fumant encore entre ses mains. Pater Familias qui n’avait pas eu besoin de licteur pour se faire obéir d’un enfant révolté, mais qui, au geste de son père, avait eu cet héroïsme, plus difficile que l’autre, d’obéir ! Eh bien, c’est cette force de la Paternité, dont Brucker n’avait pas seulement que l’idée dans la tête, mais dont il avait aussi le sentiment dans la poitrine, c’est cette force de la Paternité qu’il résolut de réapprendre au monde, en la lui peignant… Et puisqu’il avait accepté la forme du roman dans son ouvrage, il y introduisit un père comme on n’en connaissait plus, un père qui relevait la Paternité de tous les avilissements qu’elle subissait, depuis des siècles, dans les mœurs et dans les comédies ! Il mit, pour la première fois, devant les enfants, un père supérieur à ses enfants de toutes les manières, et par la raison, et par le caractère, et par la majesté de l’une et de l’autre, et par les grâces de l’esprit, et par la bonté, cette grâce des grâces, et on put comprendre, en le voyant, que la Famille, même atteinte par de fausses doctrines, pouvait se refaire, de par l’ascendant et l’influence de son chef, et rentrer noblement dans la vérité du respect et de l’obéissance.

90. (1898) La cité antique

Il fallait d’abord qu’il fût agréé par le père. […] Le fils tenait tout du père. […] La religion lui défend donc d’hériter de son père. […] Au père ? […] Après le père, le fils les répéta.

91. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Le père de la philosophie moderne, Descartes, n’était l’aîné que de dix ans du père du théâtre, le grand Corneille. […] L’idéal que nous cherchons dans la représentation d’événements tragiques, nos pères le cherchaient dans la mise en scène de l’histoire de leur foi. […] On dirait que la France est seule au monde, et que dans cette France il n’y a qu’une génération, qui n’a rien appris de ses pères, et qui ne transmettra rien à ses descendants. […] Chimène, à son tour, veut venger la mort de son père par celle de Rodrigue : c’est pour elle le devoir. […] Pour s’exciter à venger son père, elle ne se refuse pas même le sophisme ; mais qu’elle a peu d’efforts à faire, et que tout cet esprit lui est inutile, quand elle cède à son amour !

92. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Le temps est loin en effet, où le duc de Villars s’y voyait nommé pour succéder à son père le maréchal, lequel en était pour la victoire de Denain. […] Il s’agissait de sauver son père, il fallait pénétrer aux sections, solliciter les meneurs, les intéresser, arracher un ordre de délivrance. Cette première fois le jeune enfant l’obtint ; il vit son père tiré vivant du sein du massacre et ramené à l’hôtel Molé aux applaudissements du même peuple mobile qui, la veille, l’aurait insulté, et qui le lendemain le verra mourir. […] Son père ne tarda pas à être ressaisi par la loi des suspects ; compris ensuite dans la mise en jugement du parlement de Paris, il allait monter à l’échafaud. […] Son père mourut.

93. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Né à Versailles le 23 août 1733, d’une mère française et d’un père savoisien, il avait beaucoup de ce dernier. Il était lion par son père, disait-il, et berger par sa mère. […] Aussi je remercie Dieu de m’avoir donné un tel père. Il n’y a pas de jour où je ne pense à lui ; et, quand je ne suis pas trop mécontent de moi-même, il m’arrive quelquefois de lui dire : Es-tu content, mon père ? […] Ducis avait placé le buste du grand William dans sa chambre à coucher, non loin du portrait de son père et de sa mère : Je n’oublierai jamais, dit M. 

94. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il arrive même que ce qui a fait pleurer les pères fait rire les fils. […] Je parle de leur père. C’est que nul auteur n’a été plus le père de ses personnages que Beaumarchais. J’ajoute que nul père n’a été plus occupé de l’avancement de ses enfants. […] Les pires de ses personnages se sentent de l’indulgente humeur de leur père.

95. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Gilbert Augustin-Thierry « Cet homme devait subir toutes les suggestions, y étant prédisposé par l’atavisme… « Atavisme … responsabilité solidaire et indéfinie de toute une race devant Dieu  suivant qu’il est écrit au Décalogue : Je suis le Dieu fort et je sais châtier l’iniquité du père jusque sur les   enfants… » … Ô Justice immanente ! […] La justice immanente et implacable qui gouverne secrètement l’histoire des familles et de leurs générations successives, le conflit de la personnalité humaine et des fatalités de l’atavisme ; « les responsabilités solidaires » transmises par les pères aux enfants, le problème de la suggestion … tels sont quelques-uns des sujets qui s’offrent aujourd’hui aux méditations et aux divinations de l’« artiste penseur ». […] L’accomplissement d’une parole divine (Je châtierai l’iniquité du père sur les enfants) par la loi darwinienne de l’atavisme, voilà la Tresse blonde. […] N’est-ce point son père assassiné qui « suggère » à Oreste, par la bouche d’Apollon, de tuer sa mère Clytemnestre ? […] … Cherchons et regardons autour de nous, que de fois nous voyons les fils expier pour leurs pères et leurs aïeux !

96. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Que votre voix tonne comme celle de votre père, lorsqu’il engage le combat et déploie sa valeur. […] Le sang des ennemis inondait la main de mon père lorsqu’il agitait son épée dans un cercle flamboyant. […] Il s’avance, et avec un sourire il dit à Ossian : « Ô chef des combats, mon père, écoute ton fils. […] Donne-lui l’épée de Caithbat ; car Cuchullin n’est plus digne de porter les armes de ses pères. […] à peine ton père a-t-il eu le temps de te connaître.

97. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Son père, d’ailleurs respectable et attentif, ne le comprit pas et le contraignit ; lui qui sera si ami de la vérité, il lui arriva, tout enfant, de mentir quelquefois à son père par crainte. […] Son père voulut le faire entrer dans la magistrature et l’y faire avancer vivement, parce qu’un grand-oncle, M.  […] Dieu sait que je versai des larmes plein mon chapeau le jour de cette maudite réception où mon père assista à mon insu dans une tribune : si je l’avais vu, cela m’eût coupé tout à fait la parole. […] Une crainte tout à fait puérile donna à Saint-Martin la force de déterminer son père à le laisser quitter la charge que des considérations de famille lui avaient fait prendre. […] Il décida son père à le faire entrer dans l’armée ; on mit en œuvre M. de Choiseul qui s’y prêta.

98. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

M. de Barante père venait d’être nommé préfet à Carcassonne. […] Il se croit guéri, il la demande à son père qui la refuse. Le père est tué par le jeune homme dans un accès de fureur. […] Il épousa Mlle de Villepion, dont le père était dans les finances du duc d’Orléans. […] sM. de Barante père fut révoqué de sa préfecture de Genève à la fin de 1810.

99. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

une jeune fille endormie, surprise par son père et sa mère. du même. […] Son vieux père et sa vieille mère sont debout au pied du lit tout à fait dans l’ombre ; le père plus sur le fond, il impose silence à la mère qui veut parler. à droite sur le devant, c’est un panier d’œufs renversés et cassés. Sur cette inscription qu’on lit dans le livret, une jeune fille endormie, surprise par son père et par sa mère, on cherche des traces d’un amant qui s’échappe ou qui s’est échappé et l’on n’en trouve point ; on regarde l’impression du père et de la mère pour en tirer quelque indice, et ils n’en révèlent rien. […] Encore une fois le père et la mère auraient-ils eu quelque suspicion de la conduite de leur fille ? […] Le père espérerait-il s’y prendre mieux une autre fois ?

100. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Le père refusait de la reconnaître. […] Il peut exister de tels pères, me dira-t-on. […] de tels pères ne seraient plus des pères, leur paternité ne produirait plus le respect, mais la honte ! […] Je suis un heureux père. […] Mon père ne m’avait point donné d’argent.

101. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Denis Diderot était né à Langres, en octobre 1713, d’un père coutelier. […] Philosophe à la mode et personnage célèbre, il eut toujours son bon père le forgeron, comme il disait, son frère l’abbé, sa sœur la ménagère, sa chère petite fille Angélique ; il parlait d’eux tous délicieusement ; il ne fut satisfait que lorsqu’il eut envoyé à Langres son ami Grimm embrasser son vieux père. […] Ce petit événement décida son père à l’amener à Paris, où il le plaça au collège d’Harcourt. […] Diderot dit que c’était une des plus puissantes affections de l’homme : « Un cœur paternel, repris-je ; non, il n’y a que ceux qui ont été pères qui sachent ce que c’est ; c’est un secret heureusement ignoré, même des enfants. » Puis continuant, j’ajoutai : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort peu réglées ; ma conduite suffisait de reste pour irriter mon père, sans qu’il fût besoin de la lui exagérer. […] Je pensai juste. » Là, je m’arrêtai et je demandai à mon religieux s’il savait combien il y avait d’ici chez moi : « Soixante lieues, mon père ; et s’il y en avait cent, croyez-vous que j’aurais trouvé mon père moins indulgent et moins tendre ? 

102. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

moi, ta femme, ton père et tes sœurs !  […] Dieu si bon, si compatissant, si aimant, si Père, n’aurait-il pas eu pitié et tendresse pour un fils revenu à lui ? […] Seule dans le bois avec mon père, nous nous sommes assis à l’ombre, parlant de toi. […] Mon père est allé chercher quelques livres dans une bibliothèque voisine. […] que je regrette tout ce que je laisse ici, et surtout mon père, et ma sœur, et mon frère !

103. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Toi qui permets, ô père ! […] Ce village était le mien, le foyer de mon père après les orages de la première révolution, le berceau de nous tous, les enfants de ce nid maintenant désert. […] Je me rappelais père, mère, sœurs, enfance, jeunesse, amis de la maison, contemporains de mes jours de joie et de fête, arbres d’affection, sources abritées, animaux chéris, tout ce qui avait jadis peuplé, animé, vivifié, enchanté pour moi ce vallon, ces prairies, ces bois, ces demeures. […] Le vieux curé les suivait en récitant quelques versets de liturgie latine sur la brièveté de la vie ; un père et une mère pleuraient, en chancelant, derrière lui. Je marchai vers la fosse avec eux, et je jetai à mon tour les gouttes d’eau, image des gouttes de larmes, sur le cercueil de la jeune fille, et je rentrai sans avoir osé regarder le pauvre père !

104. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Il vaut mieux te mettre la clef en main sans savoir comment on la forge ; c’est à toi de te fier à moi, et c’est à moi d’être ton père et ta mère, puisque je les remplace seule ici. […] — Non, non, dis-je, raconte-moi d’abord tout ce qui s’est passé entre le père et toi ! […] — Oui, mille fois oui, me suis-je écrié, ô mon père ! […] Il n’y avait que le père qui ne pleurait pas, hélas ! […] dit Fior d’Aliza, je vais obéir à mon père et à ma tante, mais cela me rend toute honteuse.

105. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Hors Chactas, son père adoptif, et le père Souël, missionnaire au fort Rosalie, il avait renoncé au commerce des hommes. […] J’avais un frère que mon père bénit, parce qu’il voyait en lui son fils aîné. […] « Cependant mon père fut atteint d’une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau. […] Il voit en passant le château vendu de son père. […] À peine le fils connaît-il le père, le père le fils, le frère la sœur, la sœur le frère !

106. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Il fit un voyage à Mantoue, où il avait des parents et des amis de son père. Le jeune fils du duc de Mantoue le combla d’enthousiasme et de déférence ; mais ce prince, encore enfant, ne pouvait puiser dans le trésor de son père. […] Non, répondit-il, elle appartient à mon père ; Dieu veuille lui accorder une longue vie ! […] M’avançant alors vers ce bon père de famille, je le saluai avec le respect dû à ses années et à son extérieur. […] Au même instant, s’approchant de son père, il lui parla à voix basse.

107. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Produit par Colbert, dont son père avait l’intime confiance, successivement intendant à Pau, à Poitiers et à Caen, puis conseiller d’État, il mourut en 1721 à l’âge de soixante-dix-huit ans. […] On lui avait sacrifié tous ses frères et sœurs pour faire de lui un grand seigneur, un marquis ; et il tourna à la honte des siens, à la confusion de son père. Aïeul dur et serré, père réglé et honnête homme, fils mauvais sujet, c’est l’histoire de bien des familles, c’est presque une loi. […] Le roi ayant créé par édit (janvier 1674) huit charges de maîtres des requêtes ; Colbert, qui était le-patron des Foucault, conseilla au père d’en prendre une pour son fils, promettant de le faire nommer à une intendance. […] Leur père avait 800 liv. de pension du Clergé. » Tout ministre qui avait des filles pouvait être tenté, à voir cet exemple de Coras.

108. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Mais l’obstacle qu’elle trouvait à ce bonheur parfait dans le sacrifice la détermina autrement et lui permit d’entrer dans les vues de son père. […] M. de Moramber le fils, qu’on nomme Riberpré, du nom d’un fief qu’a le père à Éclaron, me vint voir quelques jours après à son retour de la campagne. Il y avait passé deux mois, à un autre lieu près de Beaumont-sur-Oise, où ils ont aussi du bien, et me dit que durant ces deux mois il avait étudié sept heures par jour avec son père. […] Le soir il n’y eut point de souper chez le père de l’époux, avec lequel on était convenu qu’il donnerait plutôt un dîner le lendemain, afin qu’il n’y eût point deux grands repas en un jour. […] Le père, comme pasteur domestique, répéta la substance de l’instruction de M. le curé, et tout était en repos comme de coutume avant onze heures.

109. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Pour amener cette révolution qu’il desiroit tant, il traduisit & fit imprimer, en 1694, quelques sermons choisis de ce père, qui avoit étudié longtemps les règles de l’éloquence. […] Rien cependant n’étoit plus aisé : on pouvoit même tourner contre lui l’exemple des apôtres & des pères. […] Et à l’égard des pères, ne l’ont-ils pas employée également ? […] laissez mon père, le diable me l’a déjà dit plus éloquemment que vous ne pouvez faire. […] Crozat, celui-ci lui dit un jour : Mon père, votre morale m’effraye, mais votre façon de vivre me rassure.

110. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Une femme savante de profession est odieuse ; mais une femme instruite, sensée, doucement sérieuse, qui entre dans les goûts, dans les études d’un mari, d’un frère ou d’un père ; qui, sans quitter son ouvrage d’aiguille, peut s’arrêter un instant, comprendre toutes les pensées et donner un avis naturel, quoi de plus simple, de plus désirable ? […] Son père, savant dans le goût du xvie  siècle, était de plus un homme d’esprit et qui pensait par lui-même ; nous en pouvons encore juger. […] Son père, ravi de cette découverte, se mit désormais à cultiver la jeune fille comme il faisait de ses fils, et elle surpassa bientôt toutes les espérances. […] C’est là, c’est dans ce cadre domestique, paisible, animé, sévère à la fois et riant, que fut élevée la jeune Anne Le Fèvre ; elle avait environ dix-huit ans quand elle perdit ce père dont elle serait devenue l’orgueil et l’honneur. […] avec quelle application elle lisait les livres de son père et de sa mère, notant les endroits délicats ou ingénieux !

111. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

(Campanella)  ; mais si la lettre que je lui écrivis il y a environ quinze jours ou trois semaines ne lui donne ouverture et occasion de travailler autrement, je ne pense pas qu’il soit bastant pour terminer le différend, car il ne m’écrit rien autre chose, sinon que le Père proteste de n’avoir rien dit à mon désavantage et qu’il veut mourir mon serviteur et ami, qui sont les caquets desquels il m’a repu jusqu’à cette heure, et desquels je ne puis en aucune façon demeurer satisfait ; et s’il ne m’écrit de sa propre main de s’être licencié légèrement ou par inadvertance de certaines paroles et imputations contre moi, lesquelles il voudroit n’être point dites, et proteste maintenant qu’elles ne me doivent ni peuvent préjudicier en aucune façon, je suis résolu, sous votre bon consentement néanmoins, de ne pas endurer une telle calomnie sans m’en ressentir. […] Diodati et Gaffarelli, auxquels je voudrois vous prier d’écrire confidemment que vous avez entendu parler des différends qui se passent entre lui et moi, et que, sachant assurément que le Père m’a donné juste sujet de me plaindre de lui, vous les priez de le réduire et persuader à me donner quelque satisfaction par lettre de sa propre main, conçue en telle sorte qu’il montre au moins d’avoir regret de m’avoir offensé à tort et légèrement contre tant de services que je lui avois rendus. […] Mais je vous proteste, monsieur, que, telle satisfaction que me donne ledit Père, je ne le tiendrai jamais pour autre que pour un homme plus étourdi qu’une mouche, et moins sensé ès-affaires du monde qu’un enfant ; et si d’aventure il s’obstine de ne vouloir entendre à tant de voies d’accord que je lui fais présenter par mes amis en rongeant mon frein le plus qu’il m’est possible, et qu’il veuille toujours persister en ses menteries ordinaires et en ses impostures, j’en ferai une telle vengeance à l’avenir que, s’il a évité les justes ressentiments du maître du palais de Rome en s’enfuyant à Paris sous prétexte d’être poursuivi des Espagnols qui ne pensoient pas à lui, il n’évitera pas pourtant les miens. Au reste, je fusse toujours demeuré dans la promesse que je vous avois faite de mépriser les médisances qu’il vous avoit faites de moi, si trois ou quatre mois après je n’eusse reçu nouvel avis de Paris et de la part de M. de La Motte 254 que je vous nomme confidemment, et depuis encore par la bouche du Père Le Duc, minime, qu’il continuoit tous les jours à vomir son venin contre moi ; après quoi je vous avoue que la patience m’est échappée, mais non pas néanmoins que j’aie encore rien écrit contre ledit Père, sinon en général à ceux que je croyois le pouvoir remettre en bon chemin ; ce qui néanmoins n’a servi de rien jusqu’à cette heure, à cause de son orgueil insupportable : et Dieu veuille que vous ne soyez pas le quatrième de ses bienfaiteurs qui éprouviez son étrange ingratitude ! […] C’est pourquoi je vous prie, monsieur, de pardonner si je vous en parle si longtemps : Ipse est catharma, carcinoma, fex, excrementum,  — de tous les hommes de lettres auxquels il fait honte et déshonneur… » Le reste de la lettre est sur d’autres sujets ; elle est datée de « Riète, ce 30 juin 1636. » On y peut joindre cette note que Guy Patin écrivait vers le même temps dans son Index ou Journal : « 1635. — Le 19 mai, un samedi après midi, ai visité aux Jacobins réformés du faubourg Saint-Honoré un Père italien, réputé fort savant homme, nommé Campanella, avec lequel j’ai parlé de disputes plus de deux heures.

112. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Commencée donc par le vice de son père, sa vie s’acheva par les siens, et le désespoir la termina. […] Fait, comme tout homme qui vient en ce monde, de mémoire, d’intelligence et de volonté, le bâtard, si loin qu’il recule en lui, trouve dans sa mémoire l’événement qui lui a retranché toute légitimité naturelle et sociale ; car le séducteur dont il est sorti n’est pas père. […] Le bâtard reniera Dieu, son père suprême, parce qu’il a été renié par l’auteur de ses jours, son père inférieur et provisoire ; et le voilà avec deux bâtardises au lieu d’une ! […] Et lorsque demain, rapprochement irrésistible, nous parlerons des maladies héréditaires qui transmettent à de malheureux fils la peine physiologique due à l’excès et à la faute des pères, tous les malades héréditaires se lèveront-ils contre nous ? […] Le bâtard, en effet, doit se dire, malgré lui, que son père, qui n’en mérita pas le nom, et sa mère, qui déshonora ce titre sublime, ont eu, neuf mois durant, des tentations horribles, en maudissant à part eux, en leur pauvre enfant, le révélateur de leur faute.

113. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

La bonté du cœur, la pitié, la soif de sacrifice peuvent agrandir, élargir brusquement, violemment l’esprit, et en faire jaillir quelque soudaine lumière, comme sortit un cri désespéré de la bouche de ce prince muet qui vit son père menacé d’un coup mortel. […] Des lettres intimes sont parvenues jusqu’à nous, où nous trouvons exprimée, avec la plus déchirante éloquence, la douleur d’un père dont la fille est morte, d’une mère que sa fille a quittée. Mais ce père est Cicéron, cette mère est Mme de Sévigné, et c’est pour cela que leur douleur est immortelle. De tout temps des pères ont pleuré la mort d’un enfant ; de tout temps des mères ont senti les déchirements de la séparation, quand elles ont marié leurs filles : et ces pères, ces mères aimaient autant leurs enfants, étaient aussi dignes de pitié que l’orateur romain et que notre marquise.

114. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

C’est un garçon de vingt ans qui retrouve son père, et un père qui lui ouvre les bras tout grands. […] reconnais ton père. […] Mais Ion ne perd pas la tête : « Et mon père, Madame, qui est mon père ?  […] Mon père, ne me faites pas repentir de ma faiblesse. » — Mais le père : « — Tant pis pour toi ! […] j’ai tué mon père… Jugez-moi !

115. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

C’est le sacrifice d’Abraham demandé à un amant sur son amante, au lieu d’être demandé à un père sur son fils. […] Abandonne-moi aux dieux qui me poursuivent, et enfuis-toi seule vers le royaume de ton père ! […] « Oui », répond Nala, « ce royaume est à ton père ; il le partagera avec moi. […] Elle est enfin rendue à la tendresse du roi son père ; elle envoie de tous côtés des Brahmanes messagers, pour découvrir le sort et le séjour de son époux. […] À leur aspect, le cœur de Nala se brise et s’ouvre ; il jette le cri du père et laisse échapper à demi le cri de l’amant.

116. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Son père, peintre et doreur en blason et en ornements d’église, fut doublement atteint, comme on le peut croire, par la double suppression qui décolorait l’autel et le trône. […] On lit tout haut la lettre : la mère s’évanouit, le père regarde ses enfants et sort dans une horrible anxiété. […] Autrefois dès que tu entendais ma plainte d’amante (et tu l’entendais fréquemment), tu venais à moi, quittant aussitôt le beau palais de ton père. […] Rappelle-toi ce que je t’ai dit sur les notions qui peuvent t’être restées précises sur notre famille et nos chers père et mère. […] Aussi je te bénis au nom de mon père et de ma mère ! 

117. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Elle ne rougissait pas, comme d’autres, de son père galérien ; plus il était avili, plus elle respectait, dans son vieux père, l’auteur de ses jours, et la honte et la misère. […] Cet amour éclata en dehors à la mort du père. […] C’était lui, mon père ! […] Que fait le père ? […] J’avais déjà mon idée, mon père !

118. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Dans la personne des premiers pères se trouvèrent donc réunis la sagesse, le sacerdoce et la royauté. […] Ce sont ces premiers monarques du monde que désigne l’Écriture Sainte en les appelant patriarches, c’est-à-dire, pères et princes. Ce droit monarchique fut conservé par la loi des douze tables dans tous les âges de l’ancienne Rome : Patri familias jus vitæ et necis in liberos esto , le père de famille a sur ses enfants droit de vie et de mort ; principe d’où résulte le suivant, quidquid filius acquirit, patri acquirit , tout ce que le fils acquiert, il l’acquiert à son père. […] Les familles ne peuvent avoir été nommées d’une manière convenable à leur origine, si l’on n’en fait venir le nom de ces famuli, ou serviteurs des premiers pères de famille. […] Nous trouvons cette origine, comme on le verra d’une manière plus précise, dans la nécessité imposée aux pères de famille par leurs serviteurs.

119. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Et avec cela, pour l’instruire, un père qui vaut Machiavel. […] C’est le père du héros, et si j’en crois la lettre qu’il écrit à son fils avant de se tuer, un tout autre homme que monsieur son fils, et que j’aurais mieux aimé voir à la besogne. […] Feuillet achève son héros en le faisant père, aussi bêtement père qu’il est, dans tout le roman, amant et mari… Il meurt de son petit, comme d’une maladie… Le bronze de la volonté, de l’intelligence, de l’égoïsme hautain, qui ne devait être brisé que par des foudres, s’amollit et fuit aux moindres contacts, et devient, qu’on me passe le mot ! […] Il fallait, par exemple, grandir le père jusqu’à la hauteur de l’admirable père de Mirabeau, et le mauvais sujet jusqu’au terrible mauvais sujet son fils. Alors, le vis-à-vis du père et du fils, — du père qui dit fièrement au fils, en plein xixe  siècle : « Reste dans ta province : la dignité, la grandeur et l’utilité de la  vie ne sont que là pour des gens comme nous ! 

120. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle avait été un ange de piété filiale pour son père qu’elle perdit en 1817. […] Donc, si j’avais toujours voulu le bien, avec un si bon père, j’y serais peut-être parvenue ! […] Rappelle-toi ce que je t’ai dit sur les notions qui peuvent t’être restées précises sur notre famille et nos chers père et mère. […] Cependant nous avons quelque espérance ; mais si notre bon père et maman peuvent voir d’où ils sont ce que souffrent leurs enfants, je les plains, nous aimant toujours comme ils nous ont aimés ! […] Aussi je te bénis au nom de mon père et de ma mère ! 

121. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Lorsque Mirabeau arriva, le 25 mai 1775, pour être détenu au fort de Joux, sur la demande de son père qui l’y faisait transférer du château d’If où il avait été enfermé dix mois, il était âgé de vingt-six ans, et en butte, depuis plus de dix ans déjà, aux sévérités et aux persécutions paternelles. […] À le bien voir, et la première impression passée, derrière ces coutures de petite vérole et cette bouffissure, on distinguait du fin, du noble, du gracieux, les lignes primitives de ses pères. […] Il avait les gros yeux de la race, et qui, charmants dans les portraits de ses père, oncle et aïeul, le devenaient aussi chez lui toutes les fois qu’une femme s’oubliait à le regarder : « Ce sont ces certains yeux couchés, disait-il, que, sur mon honneur, je ne saurais appeler beaux, dusses-tu me battre (c’est à Sophie qu’il écrivait cela), mais qui enfin disent assez bien, et quelquefois trop bien, tout ce que sent l’âme qu’ils peignent. » Il tenait pourtant de sa mère (Mlle de Vassan) des caractères qui gâtaient fort et qui ravalaient même, disait son père, la hauteur originelle du type, qui en altéraient certainement la noblesse, mais qui en corrigèrent aussi la dureté. […] Il serait trop long d’essayer à faire comprendre pourquoi son père, le marquis de Mirabeau, envoyait ainsi, de château fort en château fort, son fils déjà marié, père de famille lui-même, capitaine de dragons, et qui s’était distingué dans la guerre de Corse. […] Il tira de sa poche une lettre de son père, qu’il composa sur-le-champ conformément à ses vues, la commenta, et conversa avec la même netteté que s’il eut fait une visite ordinaire.

122. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

D’une bonne et ancienne famille originaire du comté de Kent, ayant un grand-père et un père tories, il naquit à Putney dans le Surrey, le 27 avril 1737. […] Son père se décida à le placer à Oxford et le fit inscrire en qualité d’étudiant ordinaire au collège de la Madeleine. […] De retour dans son pays natal auprès de son père qui s’était remarié, il continue le plus qu’il peut cette vie d’étude et d’exercice quotidien et modéré, il garde, au milieu des dissipations de Londres, ses habitudes préservatrices de Lausanne. […] Il le fit imprimer deux ans après (1761), en le dédiant respectueusement à son père et en le plaçant sous les auspices d’un estimable écrivain, fils de réfugié, Maty, qui y mit une lettre d’introduction. […] Les gentilshommes de campagne se firent inscrire en foule ; Gibbon et son père furent des plus zélés dans leur comté, et ils donnèrent leur nom sans trop savoir à quoi ils s’engageaient.

123. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Après sa prière, il s’est mis à lire du saint Basile ; ce mot de saint est de moi : car, en sa qualité de protestant, Casaubon s’interdit ces mots de sanctus, de divus, ce qui ne l’empêche pas de se nourrir avec délices de ces écrits des Pères. […] Car voilà que, dans le temps même où je me livre à ces pensées, je suis l’objet d’un nouveau don du Père très clément. […] Mais cette chère enfant, ainsi échappée au danger, — cette enfant, l’unique soin de sa mère et la joie de la maison, — meurt quelques mois après, et elle laisse dans l’âme du père une douleur qui s’épanche en plus d’une page. […] Mais tout cela est bien naturel, dira-t-on, et tout homme de science, qui en même temps est père, l’a pu éprouver. […] Sa femme cependant accouche toujours, et comme pour remplacer Jean, cet aîné que le père n’a pas pour cela cessé d’aimer, elle lui donne un petit Jacques, qu’on nomme ainsi parce que le roi veut bien faire aux parents l’honneur de le tenir au baptême.

124. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Il s’agit de revenir à la nature, d’admirer la campagne, d’aimer la simplicité des mœurs rustiques, de s’intéresser aux villageois, d’être humain, d’avoir un cœur, de goûter les douceurs et les tendresses des affections naturelles, d’être époux et père, bien plus d’avoir une âme, des vertus, des émotions religieuses, de croire à la providence et à l’immortalité, d’être capable d’enthousiasme. […] On choisit pour coiffure « des poufs au sentiment », dans lesquels on place le portrait de sa fille, de sa mère, de son serin, de son chien, tout cela garni des cheveux de son père ou d’un ami de cœur ». […] Pour la première fois, on voit des femmes accompagner leur mari en garnison ; des mères veulent nourrir, des pères s’intéressent à l’éducation de leurs enfants. […] L’avènement de la sensibilité est marqué par les dates suivantes : Rousseau, Sur l’influence des lettres et des arts, 1749 ; Sur l’inégalité, 1753 ; Nouvelle Héloïse, 1759. — Greuze, le Père de famille lisant la Bible, 1755 ; l’Accordée de village, 1761. — Diderot, le Fils naturel , 1757 ; le Père de famille , 1758. […] Hippeau, IV, 86 (23 juin 1773), représentation du Siège de Calais à la Comédie-Française : « Au moment où Mlle Vestris a prononcé ces vers : Le Français dans son prince aime à trouver un frère, Qui, né fils de l’État, en devienne le père.

125. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Elle s’était fixée durant les années mêmes qui sont pour toute jeunesse celles de la légèreté, de la joie et de la première fleur, durant ces trois ans et quatre mois de captivité au Temple où elle vit mourir, l’un après l’autre, son père, sa mère, sa tante et son frère. […] Si elle semble, par sa nature, avoir tenu plus de son père que de sa mère, il est une vertu, du moins, qu’elle tint de celle-ci, et qui manqua au pauvre Louis XVI pour le sauver : je veux dire la fermeté, le courage d’agir dans les moments décisifs. […] Elle était franche et vraie ; elle était même un peu rude et brusque d’accueil, comme son père. […] Soumise à son oncle, dans lequel elle voit à la fois un roi et un père, elle ne songe qu’à réunir toutes ses religions et à les pratiquer fidèlement. […] Le 21 janvier et le 16 octobre, jours de la mort de son père et de sa mère, elle s’enfermait seule, ou quelquefois elle faisait demander, pour l’aider à passer ces journées cruelles, quelque personne avec laquelle elle était à l’unisson de deuil et de piété (feu Mme de Pastoret, par exemple).

126. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Au dernier moment, et par respect, dit-il, pour l’ombre de sa mère, de son père, de ses sœurs, il n’a pas hésité : L’acte était sur la table. […] M. de Lamartine loue beaucoup sa mère ; rien de plus naturel au premier abord ; il semble qu’un père et qu’une mère soient de ces êtres qu’on ne puisse trop louer ou du moins trop aimer. […] « On comprend, dit M. de Lamartine, rien qu’à voir ce portrait, toute la passion qu’une telle femme dut inspirer à mon père, et toute la piété que plus tard elle devait inspirer à ses enfants. » Oui, l’on comprend la passion, mais non la piété. […] Selon lui, moyennant une corde lancée d’un toit à l’autre avec une flèche, son père et sa mère correspondaient, et son père put même quelquefois sortir la nuit de sa prison, pour aller passer quelques heures avec sa mère. […] Il semble avoir complètement oublié qu’il est fils, et qu’il s’agit de ses père et mère.

127. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

A peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit 845, dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées. […] L’Esprit Saint ainsi envoyé par le Père leur enseignera toute vérité, et rendra témoignage à celles que Jésus lui-même a promulguées 850. […] N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? […] » Et Jésus insistant avec plus de force encore : « Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. […] Comme je vis par le Père qui m’a envoyé, ainsi celui qui me mange vit par moi.

128. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Il y a un abîme entre nous et les titans, fils d’Uranus et de Ghê ; il n’y a entre les burgraves et nous qu’une série de générations ; nous, nations riveraines du Rhin, nous venons d’eux ; ils sont nos pères. […] Montrer dans le burg les trois choses qu’il contenait : une forteresse, un palais, une caverne ; dans ce burg, ainsi ouvert dans toute sa réalité à l’œil étonné du spectateur, installer et faire vivre ensemble et de front quatre générations, l’aïeul, le père, le fils, le petit-fils ; faire de toute cette famille comme le symbole palpitant et complet de l’expiation ; mettre sur la tête de l’aïeul le crime de Caïn, dans le cœur du père les instincts de Nemrod, dans l’âme du fils les vices de Sardanapale ; et laisser entrevoir que le petit-fils pourra bien un jour commettre le crime tout à la fois par passion comme son bisaïeul, par férocité comme son aïeul, et par corruption comme son père ; montrer l’aïeul soumis à Dieu, et le père soumis à l’aïeul ; relever le premier par le repentir et le second par la piété filiale, de sorte que l’aïeul puisse être auguste et que le père puisse être grand, tandis que les deux générations qui les suivent, amoindries par leurs vices croissants, vont s’enfonçant de plus en plus dans les ténèbres. […] Comme dans toute œuvre, si sombre qu’elle soit, il faut un rayon de lumière, c’est-à-dire un rayon d’amour, il pensa encore que ce n’était point assez de crayonner le contraste des pères et des enfants, la lutte des burgraves et de l’empereur, la rencontre de la fatalité et de la Providence ; qu’il fallait peindre aussi et surtout deux cœurs qui s’aiment ; et qu’un couple chaste et dévoué, pur et touchant, placé au centre de l’œuvre, et rayonnant à travers le drame entier, devrait être l’âme de toute cette action.

129. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Joie du père, qui lui confie le soin de sa vengeance. […] mourir sans avoir vengé son père ? […] du sang de mon père encor toute trempée ! […] Je ne veux pas vivre, si mon père meurt. […] Chez lui, le père se nomme Don Beltran.

130. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Son père était peintre de blason. Le frère de son père, Constant Desbordes, fut, dans toute l’acception du mot, un bon peintre de portraits, ami de Gérard, estimé de M. de Forbin. […] Valmore père, mari de Mme Valmore, de son vrai nom de famille, est Lanchantin. […] Ce général Lanchantin était frère de ce comédien, père de M.  […] « Délie ou plutôt Délia (mon père ne peut retrouver le nom de famille) était fille d’un consul de France à Smyrne ou à Constantinople.

131. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Ces divers points de Rome m’impressionnèrent si vivement que, malgré son laconisme habituel, mon père se plut souvent à me les expliquer. […] À ce geste, à ces accents, à ces larmes, le barbier, croyant à un accès de démence de la jeune fille, laisse tomber son bassin rempli d’eau de savon dans la poitrine du père ; le père se lève, indigné d’être poursuivi jusque dans la mémoire de ses enfants par la poésie de son aversion, il s’emporte contre sa famille et proscrit plus sévèrement le livre de sa maison. […] Le père le montre à son enfant ; on s’informe, on s’attroupe, on s’empresse ; la musique s’interrompt, la danse s’arrête. […] Cependant nous pourrions, ma mère et moi, nous donner moins de tracas ; mon père a laissé en mourant un joli petit avoir, une maisonnette et un jardin hors de la ville. […] Elle était née après la mort de mon père ; le chagrin avait tari le sein de ma mère ; vous comprenez qu’elle ne pouvait penser à allaiter le pauvre petit vermisseau.

132. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Nous ne connaissons point de mot de sentiment plus délicat que celui-ci : « Mon bonheur eût été d’être aimé aussi bien que d’aimer, car on veut trouver la vie dans ce qu’on aime. » C’est encore saint Augustin qui a dit cette parole : « Une âme contemplative se fait à elle-même une solitude. » La Cité de Dieu, les épîtres et quelques traités du même Père, sont pleins de ces sortes de pensées. […] Le recueil de ses lettres est un des monuments les plus curieux de la littérature des Pères. […] Nous nous écrivons souvent, mon cher Héliodore ; nos lettres passent les mers, et à mesure que le vaisseau fuit, notre vie s’écoule : chaque flot en emporte un moment185. » De même que saint Ambroise est le Fénélon des Pères, Tertullien en est le Bossuet. […] « Le style de Tertullien est de fer, disait Balzac, mais avouons qu’avec ce fer il a forgé d’excellentes armes. » Selon Lactance, surnommé le Cicéron chrétien, saint Cyprien est le premier Père éloquent de l’Église latine . […] Il y fait l’histoire de sa vie et de ses souffrances… Il prie, il enseigne, il explique les mystères, et donne des règles pour les mœurs… Il voulait donner à ceux qui aiment la poésie et la musique des sujets utiles pour se divertir, et ne pas laisser aux païens l’avantage de croire qu’ils fussent les seuls qui pussent réussir dans les belles-lettres191. » Enfin, celui qu’on appelait le dernier des Pères, avant que Bossuet eût paru, saint Bernard, joint à beaucoup d’esprit une grande doctrine.

133. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Son père, André d’Ormesson, a laissé par écrit l’histoire de la famille, et M.  […] On peut comparer ces morceaux avec ce que le chancelier Daguesseau a écrit sur son père ; mais ici le langage est plus antique, et le tableau, s’il a moins d’élégance, offre aussi plus de naïveté. […] Dans un récit naïf que le fils de ce premier d’Ormesson a tracé de la vie de son père, on lit à cet endroit : Mon père fut si affligé et étonné de sa mort, qu’il fut près de six mois, comme il nous a dit, qu’il ne trouvait aucun moyen de se consoler. […] n’est-ce pas avoir tiré sa naissance de soi-même et n’avoir eu que son bras droit pour son père ? […] M. d’Ormesson avait hérité, disions-nous, de l’intégrité, de la modération et de l’esprit de justice de ses père et aïeul.

134. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Que, pour échapper à un mariage pour lequel son père a donné parole, il imagine de dire qu’il est marié, à trois mois d’être père, et qu’il fasse ce charmant conte des deux amants surpris dans l’alcôve ; son mensonge s’explique encore ; il est utile, il est dans l’action. […] Sganarelle est tuteur d’Isabelle, que lui a fiancée par testament le père de la jeune fille. […] L’aïeule est devenue l’ennemie des petits-enfants ; le père se fait le tyran de sa fille. […] C’est un présent que mon père vous a fait. […] N’est-il pas vrai, mon père, que vous voulez que madame le garde pour l’amour de vous ?

135. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Emprisonné, proscrit, puis amnistié par les mobilités des circonstances révolutionnaires, il avait été enfin laissé à sec sur la rive, comme un débris après la tempête, dans le petit domaine de ses pères. […] Il se consolait par la chasse, par la lecture et par la société de M. de Vaudran et de mon père, ses voisins, de la destinée contraire qui lui avait fermé le palais épiscopal et qui le condamnait à la vie obscure d’un vicaire de campagne. […] Mon père y apportait cette franchise brève et sobre de pensées et d’impressions qui caractérisaient son âme et son esprit ; M. de Vaudran, des connaissances nettes et intarissables ; le jeune vicaire, la modestie et cependant l’ardeur de son âge. […] C’était le plus souvent M. de Vaudran qui lisait quand le livre était dogmatique ; l’abbé lisait les journaux, les pamphlets acerbes, les anecdotes analogues à son âge ; mon père lisait admirablement les poètes. […] Derrière la colline, au midi, qui sépare le village de mon père d’une vallée plus encaissée et plus pastorale, le village de Bussières, groupé autour de son noir clocher, s’étend dans le fond du paysage.

136. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Quant aux chèvres, aux moutons et à l’âne, ils se gardaient eux-mêmes dans la bruyère, et quand ils tardaient à se rapprocher, le soir le chien que j’envoyais dans la montagne me comprenait ; il les ramenait tout seul à la cabane ; ce bon chien était le père de celui que vous voyez couché aux pieds de son maître ; il l’a si bien instruit, qu’il nous sert comme son père ; c’est un serviteur sans gages, pour l’amour de Dieu. […] — Et vous, me dit-il, vous êtes bien Magdalena Zampognari, fille de Francesca Bardi et de Domenico Cortaldo, vos père et mère, du village de Bel-Sguardo, en plaine ? […] si Hyeronimo vous entendait comme je vous entends, père ! […] quoi, dit-il, ils ont bien eu le cœur de couper les pampres qui montent innocemment de père en fils jusqu’à votre foyer ! […] … c’est plus que ma pauvre tête, ajoutai-je en pleurant ; c’est la vie de toute ma famille, c’est le père nourricier de ma sœur, de mon neveu, de ma fille et de moi !

137. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Mais, pendant ce temps, son père crut devoir le marier. […] Racine fils a su la chose de Racine son père, ou des amis de Racine le père, et Racine la savait de La Fontaine. […] Il y a été poussé, du reste, ce me semble, par son père et par sa femme. […] Et quel était ce père, et quelle était cette mère ? C’étaient le père et la mère… de Chapelain !

138. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Dans L’Orseida, par exemple, un ours fait un personnage galant, et même un personnage de mari et de père. […] « Il y avait à Gênes un jeune homme bien né et riche nommé Cinthio, lequel, resté sans père ni mère, n’avait qu’une sœur douée d’une beauté rare et d’une éducation distinguée. […] (Mon père, c’est moi qui suis cette fille et Olympia est ma mère !).  […] Un gentilhomme de Venise amoureux de la jeune fille veut l’enlever ; il est tué par le père et des bravi apostés. […] Isabelle découvre à Flaminio qui elle est et qui est son père.

139. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Qu’ordonnent l’honneur et le devoir à une fille dont l’amant a tué le père ? De pleurer son père dans la retraite, et de ne plus voir son amant. […] Le père de notre théâtre, le créateur de la tragédie en France, un historien, ou tout au plus un faiseur de dialogues politiques ! […] Mais un poète philosophe a cru faire un coup de génie en nous offrant le comble de la rage et du désespoir, un père ruiné, levant le poignard sur ses enfants. […] Nicomède a contre lui Rome, son père, sa belle-mère, son frère, lequel est aussi son rival : il n’oppose à ses ennemis que la hauteur d’une âme énergique et fière ; il insulte et défie Rome dans la personne de son ambassadeur ; il exhorte son père à être roi ; il accable de mépris et d’ironies sanglantes sa belle-mère et son frère.

140. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Voiriot »

À droite, le père et la mère à un balcon, au-dessous de ce balcon, leurs petits enfants déguisés en marmottes et en marmots. La mère leur jette de l’argent sans les regarder ; elle tourne la tête vers son mari et cette tête ne dit mot non plus que celle du père ; de plus, ces deux figures muettes sans caractère, sans expression, sont encore lourdes, courtes et grises ; si le balcon était percé en dessous et qu’elles fussent achevées, leurs jambes passeraient de beaucoup à travers. […] Mauvais tableau, c’est Voiriot toujours Voiriot ; autres pères, mères et maître à châtier dans l’autre monde.

141. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ricciardo fait des réflexions sur les faiblesses des pères pour leurs enfants. […] Fabio se félicite de l’indulgence de son père qui ne l’a point grondé, et lui a ordonné seulement de ne point s’exposer, vu l’incertitude où sont encore les choses. […] Tebaldo lui dit qu’après bien des discours sur la prétendue intelligence existant entre Fabio et Virginia, il lui a proposé d’accommoder l’affaire et de faire épouser à Fabio une autre fille que Virginia, qui apportera six mille écus de dot ; que le père de la mariée lui fera présent de deux mille écus, sans parler d’un opulent héritage que ce père laissera plus tard à ses enfants. […] Le père vante la bravoure de ce Lelio et fait une description de sa manière de combattre, qui est d’un bout à l’autre une équivoque licencieuse. […] Fabio en est fort surpris, et s’étonne de voir son père rire ainsi au moment où il lui annonce un combat qu’il lui peint si terrible.

142. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Giboyer est père ; il a un fils naturel qu’il n’a pas voulu marquer de son nom. […] L’esprit proteste contre cette prostitution du père livrant sa conscience pour nourrir son fils ; le cœur s’attendrit et ne discute pas. […] » — « Un qui était mon père. » — « Virginio !  […] A l’accent de ses plaintes et de ses reproches, Maxime reconnaît son père, il tombe dans ses bras… Ce mouvement imprévu a transporté et remué la salle. […] On peut lui renvoyer cette exclamation ; Giboyer fils, à ce moment-là, ne se distingue pas bien nettement de Giboyer père.

143. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

D’Aguesseau naquit en 1668 à Limoges, où son père était alors intendant, un père vénérable dont il nous a retracé la vie ; et il reçut de lui une éducation domestique forte et tendre, qui rencontra le naturel le plus docile et le plus heureux. […] Ce goût cicéronien du magistrat à demi Romain, ce faible du chancelier de France qui se croyait à Tusculum dans ses exils de Fresnes et qui voyait partout des reflets consulaires, se retrouve, avec une naïveté revêtue d’élégance et animée d’onction, dans la belle et touchante Vie que d’Aguesseau a donnée de son père. […] C’est dans les pages mêmes du fils qu’il faut apprendre à aimer l’expression modérée, continue et pleine, de cette belle vie antique de M. d’Aguesseau le père ; c’est là qu’il faut voir briller, sous des cheveux de plus en plus blancs, la vertu toujours égale du vieillard dans toute la fleur de sa première innocence. […] Son père avait débuté par la magistrature, par une charge de conseiller au parlement de Metz ; mais la mort d’un frère aîné ayant laissé vacante une charge de maître des requêtes, M. d’Aguesseau en demanda l’agrément, et l’obtint à l’âge de vingt-trois ou vingt-quatre ans. […] On peut lui appliquer ce qu’il a dit de son père, qu’il avait conservé jusqu’à la fin cette précieuse timidité d’une conscience vertueuse et tendre, qui répugne aux partis et même aux paroles sévères.

144. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Elle s’étonne de ce songe et se hâte de traverser ses appartements pour le dire à ses parents, son père chéri et sa mère. […] « “Étranger, observe bien mes recommandations, afin que tu obtiennes promptement de mon père qu’il t’envoie dans ta patrie. […] Une source y coule, et une prairie l’environne ; là sont l’enclos de mon père et son verger florissant, aussi loin de la ville que la voix peut s’en faire entendre. C’est là que tu t’assoiras pour y rester tout le temps que nous mettrons à gagner la cité et à arriver au palais de mon père. « “Quand tu jugeras que nous les aurons atteints, alors dirige-toi vers la ville, et demande la demeure de mon père, le magnanime Alcinoüs.

145. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Si cela est, mon père, dit un jour le P. […] Il compare les mœurs simples de nos pères avec les nôtres. […] La mort funeste de ce bon roi les priva d’un père. […] Vous aviez un juge terrible, vous n’avez plus qu’un père. […] Suarès est le père du congruisme.

146. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je voudrais rapporter quelque honneur au nom de mon père, quelque consolation au cœur de ma mère. […] Mon père… Ah ! […] Et vous, quel est donc votre père ? […] Votre père ? […] Son propre fils, le second Racine, ne laisse aucun doute à cet égard dans le récit qu’il fait des derniers moments de son père.

147. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Son père, sans un tel fils, serait resté un de ces favoris comblés, mais obscurs, que l’histoire nomme tout au plus en passant, mais dont elle ne s’occupe pas. […] À la manière dont Saint-Simon nous parle de son père, et même si l’on en rabat un peu, on voit en celui-ci un homme de qualité, fidèle, assez désintéressé, reconnaissant et, en tout, d’une étoffe morale peu commune à la Cour. […] C’est de ce père déjà vieux et remarié en secondes noces avec une personne jeune, mais non plus de la première jeunesse, que naquit Saint-Simon en janvier 1675. […] Le portrait gravé de Saint-Simon est joint à la présente édition et remplace avantageusement l’ancien portrait qu’on voyait dans la première, lequel n’était pas bon, et avait de plus l’inconvénient de n’être réellement pas le sien, mais celui de son père. […] Il prétend qu’il a plus contribué que personne à mettre mon père en place de ministre et que mon père ne lui a pas tenu les choses qu’il lui avait promises comme pot-de-vin du marché ; or quelles étaient ces choses ?

148. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

J’ai reçu des lettres de mon père, qui me presse de revenir, et je le rejoindrai dans peu. […] Je ne veux plus prendre d’argent à Londres chez le banquier de mon père. […] En revanche, j’en ai reçu une de mon pauvre père, qui est bien tendre et bien triste. […] Je n’ai jamais douté que la haine et l’acharnement de tant de puissants misérables ne finit par perdre mon père. […] L’affaire de son père éclata en Hollande ; nous avons déjà indiqué que M. de Constant père, accusé par des officiers de son régiment, crut devoir, dans le premier instant, se dérober par la fuite à l’animadversion et aux manœuvres de ses ennemis.

149. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Il y a deux pères à venger. […] Shakespeare, fidèle à l’esprit de son temps, devait ajouter Laërtes vengeant son père à Hamlet vengeant son père, et faire poursuivre Hamlet par Laërtes en même temps que Claudius par Hamlet ; il devait faire commenter la piété filiale de Cordelia par la piété filiale d’Edgar, et, sous le poids de l’ingratitude des enfants dénaturés, mettre en regard deux pères misérables, ayant perdu chacun une des deux espèces de la lumière, Lear fou et Glocester aveugle. […] Il est père d’une dynastie de Dives, dont les vieux fabliaux ont conservé la filiation : Elfe, c’est-à-dire le Rapide, fils de Prométhée, puis Elfin, roi de l’Inde, puis Elfinan, fondateur de Cléopolis, ville des fées, puis Elfilin, bâtisseur de la muraille d’or, puis Elfinell, le vainqueur de la bataille des démons, puis Elfant, qui construisit Panthée tout en cristal, puis Elfar qui tua Bicéphale et Tricéphale, puis Elfinor le Mage, une espèce de Salmonée qui fit sur la mer un pont de cuivre sonnant comme la foudre, non imitabile fulmen œre et cornipedum pulsu simularat equorum, puis sept cents princes, puis Elficléos le Sage, puis Elféron le Beau, puis Obéron, puis Mab. […] Dans Huon de Bordeaux, elle se nomme Gloriande et a pour amant Jules César, et Obéron est son fils ; dans Spenser, elle se nomme Gloriana, et Obéron est son père ; dans Shakespeare, elle se nomme Titania, et Obéron est son mari. […] Toute cette ombre vivante et mourante remue, ces larves agonisent, la mère manque de lait, le père manque de travail, les cerveaux manquent de lumière ; s’il y a là dans ce dénuement un livre, il ressemble à la cruche, tant ce qu’il offre à la soif des intelligences est insipide ou corrompu.

150. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Après avoir abjuré le calvinisme où son père étoit resté par une indifférence philosophique & par tolérantisme, il afficha des idées rigoureuses & singulières. […] Quelle opposition de caractère & de goût entre le père & le fils ! […] Moïse est le père de la poësie ; c’est le premier poëte qu’on connoisse. […] Le prince royal, aujourd’hui roi de Prusse, étoit obligé, du vivant de son père, de se cacher pour étudier, & pour s’entretenir avec quelques sçavans. […] Un fameux peintre à portrait l’a représenté appuyé sur un bureau, ayant devant lui les œuvres de son illustre père, & sous ses yeux, ce vers d’Hippolyte, dans la tragédie de Phèdre : Et moi, fils inconnu d’un si glorieux père, Je suis encore loin… *.

151. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Les fils  »

Nous n’avons jamais dit que le fils d’un écrivain, d’un poète célèbre, s’il a lui-même du mérite et du talent, ne pût légitimement hériter et profiler de la part d’honneur et de faveur acquise par un illustre père ; et il est surtout très bien à lui de soutenir le nom en sachant varier le mérite. […] Alexandre Dumas fils profite du renom de son père. […] Il s’agissait uniquement, dans le cas particulier, de savoir si le prince de Broglie a un talent si extraordinaire qu’il doive aspirer à une nomination en quelque sorte extraordinaire et d’exception, qui le fasse siéger à l’Académie à côté du duc, son père ; s’il y a lieu, en un mot, à un cumul dans une même famille.

152. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Une figure légendaire aura plus de consistance, plus d’être, si en elle nous apparaît le fils ou le père d’un héros, qui nous est connu. […] Les pères surtout : car, par une mystérieuse divination des lois de l’hérédité ou, plutôt tout niaisement, parce que, si l’on n’est pas toujours le père, on est forcément le fils de quelqu’un, la curiosité des auditeurs remontait plus volontiers aux ascendants des personnages favoris. De là ce facile bourgeonnement des légendes, ces développements généalogiques qui vont en sens inverse de la nature : car ici les fils engendrent les pères, et les aïeux naissent après les pères. […] Il a six frères, un père : qu’ont-ils fait ? […] Il prendra un père, et trois oncles, dont l’un est un double de Girart de Roussillon et dont un autre, père d’Olivier et d’Aude, raccorde le cycle de Guillaume au cycle royal.

153. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Léon Laya, renouvellent avec fraîcheur et dans un tour bien moderne ce thème, si cher à l’ancienne comédie depuis et même avant Les Adelphes de Térence, de deux pères ou oncles, l’un sévère, l’autre indulgent, et qui, par ce régime contraire auquel ils soumettent leurs fils ou leurs neveux, arrivent en leur personne à un résultat opposé qui juge la méthode et donne en définitive gain de cause à l’indulgence. […] Laya le redit à sa manière, presque dans les mêmes termes : “Mon père a le meilleur cœur du monde ; mais il n’a pas ces allures larges, cette science des hommes qui se résume en un mot : l’indulgence.” […] Mais cette morale n’est pas précisément celle qui répond au but indiqué par l’arrêté ; elle est à l’adresse des pères plus encore que des enfants, et ce ne serait en bonne logique qu’une juste conséquence si un fils aimable, morigéné le matin par son père pour quelques dissipations, et assistant le soir avec lui à la représentation des Jeunes Gens, lui disait, de ce ton de familiarité qu’autorisent les mœurs modernes : “Eh bien, qui de nous deux, ce matin, avait raison ? Cher père, tu le vois bien !”

154. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Le premier chalet et la première usine de cette colonie y portent encore le nom de ma famille qui les a fondés ; les habitants d’aujourd’hui gardent dans leurs souvenirs la reconnaissance qu’ils m’ont plusieurs fois témoignée pour les pères de leur cité qui furent mes pères. […] Heureux ceux qui meurent dans le lit de leurs pères ! […] Son père, gentilhomme franc-comtois, attaché aux Bourbons par leurs droits traditionnels, et surtout par leurs malheurs, fut élu par le peuple à la chambre des députés en 1816, pour représenter le pays. […] Il laissait une veuve encore jeune et trois enfants, deux fils et une fille ; ils furent bientôt après orphelins ; Louis de Ronchaud, qui était l’aîné, n’usa de ses droits que pour prodiguer à son frère et à sa sœur les sacrifices que son père aurait faits à ses enfants. […] Il ne s’en fallut que de quelques voix pour qu’il fût le représentant de la jeunesse de la Franche-Comté, comme son père l’avait été de l’âge mûr.

155. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Bories, de ce bon et excellent père de mon âme. […] » Elle avoue une seconde fois qu’elle cache des pages à l’œil de son père de peur de l’affliger. […] Une fille doit être si douce à son père ! […] Il tombe à genoux devant un gros fragment de rocher qui supporte ses coudes et ses deux mains jointes pour supplier son Père céleste. […] Comment laisser ces tendres pères ? 

156. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Gilles, son père, était greffier à la Grand’Chambre du Palais : les Boileau, selon Dupin, étaient « une famille illustre dans la robe ». […] Gilles, veuf pour la seconde fois, ne se remaria pas, et l’enfant grandit dans un triste logis, sans mère, le père absent, aux mains d’une servante grondeuse et rude. […] La mort de son père, arrivée en 1657, lui permit de suivre librement sa vocation. […] Et vous, au contraire, allez au diable, et en enfer, vous les maudits de mon Père, parce que vous m’avez aimé de tout votre cœur, et que vous avez sollicité et pressé tout le monde de m’aimer.” » Cette prosopopée, sous laquelle le Père demeura comme étourdi, devint un des beaux morceaux de l’Épître sur l’Amour de Dieu. […] Il remplaçait à l’occasion le père absent, corrigeait les versions de Jean-Baptiste, et lui formait le jugement en le faisant causer.

157. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

La première chose à laquelle Rodrigue a pensé après avoir tué le comte, ç’a été de courir chez Chimène ; il n’a pas encore revu son père. […] Dans l’auteur espagnol, c’est mieux : le père a indiqué un rendez-vous exact à son fils dans un lieu écarté : ce qui est tout naturel. Le père, arrivé le premier, attend, s’inquiète, prête l’oreille au galop lointain du cheval… Ce monologue est des plus saisissants. […] Rodrigue, après les premiers mots de compliment à son père, essaye de se lamenter sur son amour, sur la perte de son bonheur. […] — Rodrigue a pris haleine en vous la racontant », réplique don Diègue, par une de ces fanfaronnades qu’on applaudit toujours et qu’on peut passer d’ailleurs à un tel père.

158. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Les fils d’Égyptos, poursuivant leurs cousines, les rejoignirent sur cette terre d’asile, et les redemandèrent pour femmes à leur père. […] Le père revient bientôt annoncer à ses filles la magnanime adoption d’Argos. […] Danaos retourne en hâte vers la ville, pour y chercher du secours : ses filles essayent de le retenir : « Père ! […]Père ! […] Ne me laisse pas seule ici, je t’en supplie, Père !

159. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Vers la fin du règne de Charles II, un oncle de Franklin et son père adoptèrent les dogmes de quelques prédicants non conformistes. […] Son père, qui était teinturier en Angleterre, s’était fait à Boston fabricant de chandelles et de savon. […] Son père s’y opposa. Ce père, simple artisan, était, au dire de son fils, un homme de grand sens et d’un esprit solide, bon juge en toute matière d’intérêt privé ou général qui demandait de la prudence. […] Quand il lisait ce volume dépareillé du Spectateur, il n’était plus dans la boutique de son père.

160. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Mais si l’on a commis contre vous quelque injustice, commencez par bannir tout sentiment de haine de votre cœur, et puis, levant les mains et les yeux en haut, dites à votre Père qui est dans les cieux : « Ô Père ! […] « Ô Père, donnez le conseil à notre esprit et la force à nos bras. » « Quand vous aurez ainsi prié du fond de votre âme, combattez et ne craignez rien. […] Prenez dans chaque famille les jeunes gens les plus robustes et donnez-leur des armes, et exercez-les à les manier, et ils combattront pour vous contre leurs pères et leurs frères ; car je leur persuaderai que c’est une action glorieuse.  […] « Et l’on vit les enfants du peuple lever le bras contre le peuple, égorger leurs frères, enchaîner leurs pères, et oublier jusqu’aux entrailles qui les avaient portés.  « Quand on leur disait : « Au nom de tout ce qui est sacré, pensez à l’injustice, à l’atrocité de ce qu’on vous ordonne, » ils répondaient : « Nous ne pensons point, nous obéissons. » « Et quand on leur disait : « N’y a-t-il plus en vous aucun amour pour vos pères, vos mères, vos frères et vos sœurs ? 

161. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

On entre donc en Pologne, brûlant, saccageant châteaux et abbayes : les deux fils de Tarass Boulba marchent partout en tête, et le cœur de leur père s’applaudit. […] Dès ce moment il est perdu pour sa religion, pour sa race, pour son père. […] Dès ce moment, le père n’a plus qu’une idée, qu’un deuil fixe, opiniâtre, où luit un désir inextinguible : délivrer son Ostap, s’il se peut, ou, sinon, le revoir du moins et puis le venger ; car aux mains de tels ennemis, s’il ne s’échappe, on sait trop quels tourments l’attendent. La douleur du père, son indifférence aux bruyantes orgies de la setch qu’il entend à peine gronder autour de lui, ses courses solitaires à la chasse, où il oublie de décharger son arme et où il passe des heures assis près de la mer, sont décrites avec une énergique vérité. […] Sa constance succomba, et il s’écria dans l’abattement de son âme : « — Père !

162. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

» lui disait mon père. « À l’éternité !  […] Il avait le mot pour rire, ce savant père ! […] Comment se nomme votre père ? […] Son père était riche, il fut pauvre ! […] » Et le père écoutait, ravi, ces chastes transports.

163. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

On serait étonné si j’exposais ici la modicité des patrimoines que j’ai reçus de mes pères, défalcation faite de leurs charges. […] Voici ce manifeste du prince, ou plutôt cette confidence impériale du père avec ses peuples. […] L’exemple et les leçons de mon père me confirment dans cette résolution. […] Parvenu à la huitième lune de la treizième année de son règne, mon père mourut. […] « Dès que je fus sur le trône, je me fis un devoir de suivre l’exemple de mon père.

164. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Je ne vois ici qu’une jeune fille qui repose ou qui fait semblant de reposer sur le sein de son père… et le faire ? […] C’est là un père ! […] Un fils qui a couru les plus grands périls pour retrouver son père ! […] Je veux dire que la vraie scène, c’étoit la scène de séparation du père, de la mère et des enfants ; scène de désolation au milieu de laquelle je n’aurois pas désapprouvé que ce petit revenant descendît du ciel par un angle de la toile, apportant la couronne immortelle à son père. […] Est-ce à la dernière heure de leur père qu’ils assistent, ou vont-ils à la noce d’une de leurs sœurs.

165. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Dans les lettres qu’il écrit au fils du duc de Chevreuse, au duc de Chaulnes, qui s’appelait d’abord le vidame d’Amiens, Fénelon retrouve à dire une partie des mêmes choses ; car il paraît que le fils tenait de son père ce goût de travail renfermé, d’études à l’infini et d’occupations dans le cabinet. Ici Fénelon, parlant à un jeune homme, y mêle un ton d’affection plus gracieux, plus paternel ; ces lettres au vidame d’Amiens, lues à leur date à travers les autres, sont d’un effet aimable : l’énergie et quelque ton de sévérité s’y tempèrent aussitôt d’un sentiment de tendresse que l’ami du père reporte sur les enfants. […] Le vidame d’Amiens était un peu comme son père et avait du penchant à se perdre dans le détail, à s’ensevelir dans les papiers : « Prenez sobrement les affaires, lui dit sans cesse Fénelon ; embrassez-les avec ordre, sans vous noyer dans les détails, et coupant court avec une décision précise et tranchante sur chaque article. » Il le lui redit non moins vivement qu’à son père : « Point d’amusements de curiosité. […] Une lettre souvent citée qui commence ainsi : « Enfant de saint Louis, imitez votre père… », indique en termes généraux quelle largeur de piété et quelle ouverture de cœur il lui souhaitait pour se faire aimer des bons, craindre des méchants, estimer et considérer de tous. […] Quelque louables que soient de telles maximes, elles laissent presque entière la question de politique proprement dite ; une politique vraiment nouvelle, si nécessaire après Louis XIV, aurait eu besoin, pour réussir dans l’application, de tous les correctifs et de toutes les précautions qui plus tard manquèrent : car enfin Louis XVI n’a échoué que pour avoir trop fidèlement pratiqué, mais sans art, cette maxime du vertueux Dauphin son père et du duc de Bourgogne son aïeul.

166. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Un enfant, un écolier, dès le premier pas qu’il fit dans la carrière, triompha du père de la tragédie, du créateur de notre théâtre. […] Après avoir mis sur la scène un père immolant ses fils à sa propre ambition décorée du nom de liberté, il lui restait à nous offrir, pour notre instruction et pour nos plaisirs, le tableau d’un fils qui, sous ce spécieux prétexte, égorge son père. […] Que je suis enchanté de vous avoir pour père ! […] La pièce, quoique faite pour un collège, a des situations très agréables ; les scènes du père avec celui qu’il adore, et avec celui qu’il hait, sont très bien traitées ; les caractères des deux frères sont sagement tracés : le fils idolâtré par son père est vain, fourbe et mauvais cœur ; celui qui ne reçoit de son père que des marques d’indifférence est honnête, vertueux, bon fils. […] Puisque c’est la mère qui fait les sottises, il fallait bien que le père fût un mari faible.

167. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Un jeune homme fut consulté par sa famille sur la manière dont on voulait qu’on fît peindre son père ; c’était un ouvrier en fer. […] On lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main. […] Je vous avais demandé mon père de tous les jours, et vous ne m’avez envoyé que mon père des dimanches… C’est par la même raison que M. de La Tour, si vrai, si sublime d’ailleurs, n’a fait du portrait de M. 

168. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Nos pères sifflaient. […] Giboyer père, c’est Vautrin ramolli et tombé dans le pied plat et dans le marchand d’encre ; Giboyer fils, c’est Julien Sorel, moins l’orgueil tigre, Julien Sorel, petit drôle vertueux et sentimental. […] Les marquis y disent à leur valet : « Je ne me soucie pas d’être un père in partibus infidelium. » On n’y est pas « plus royaliste que le roi ». On y mange son père à « la croque-au-sel ».

169. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

« Et moi aussi, dit Socrate, j’ai une famille, j’ai trois fils, dont l’un est sorti de l’enfance et les deux autres ont encore besoin des secours de leur père ; je n’en ferai cependant paraître aucun pour vous attendrir, et ce n’est ni par mépris ni par orgueil, ces sentiments ne peuvent entrer dans le cœur de Socrate ; mais la gloire de ses juges, la sienne, celle de la république lui défendent de donner un tel exemple, à son âge surtout, et avec le nom qu’il porte ; car, dit-il, que ce nom soit mérité ou ne le soit pas, on est persuadé que Socrate est au-dessus des hommes ordinaires. […] Regardez mon âge ; je ne tiens presque plus à la vie, et déjà je touchais à ma tombe. » Socrate continue ; il parle tranquillement à ses juges ; il peint le plaisir qu’il aura de converser, dans un autre univers, avec les grands hommes de tous les temps, avec ceux qui ont été, comme lui, les victimes d’un jugement injuste, et il fait des vœux pour que ses enfants meurent un jour comme leur père, s’ils ont le bonheur d’importuner aussi les Anitus par leur vertu. […] Tu lui dois ta naissance, celle de ton père, le lien sacré qui a uni ton père à la femme qui t’a donné le jour ; ton éducation, ta vie, ton âme, tout lui appartient ; tu es son fils et son esclave. Qu’elle arme contre toi des bourreaux, qu’elle te jette dans les fers, qu’elle t’envoie aux combats pour recevoir des blessures et mourir, ton devoir est d’obéir ; fuir ou quitter ton rang est un crime ; dans les tribunaux, dans les prisons, sur les champs de bataille, partout les ordres de la patrie sont sacrés ; un citoyen qui se révolte contre elle est plus coupable qu’un fils armé contre son père… » Les lois continuent : « Il ferait beau entendre Socrate racontant sous quel déguisement ridicule il s’est enfui de sa prison !

170. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre III. La Phèdre de Racine. »

J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ; Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux : Où me cacher ? […] mon père y tient l’urne fatale ; Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains : Minos juge aux Enfers tous les pâles humains. […] Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible ?

171. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il voulut que son fils en sortît : « Il me faisait lire, encore tout petit, les Vies de Plutarque tout haut et m’apprenait à bien prononcer. » Ce père, qui avait été reçu avocat lui-même, voulait faire de Gui Patin un avocat. […] Vers ce temps, le seigneur et les nobles du pays, pour récompenser les services de Patin le père d’une manière qui ne leur coûtât rien, lui voulurent donner un bénéfice pour son fils ; mais le jeune homme refusa tout plat, déclarant qu’il ne serait jamais prêtre. […] Brouillé avec sa mère pour ce refus plus qu’avec son père, qui sentait du moins le prix de sa franchise, il eut quelques années pénibles durant lesquelles il se tourna vers la médecine et s’y appliqua de grand cœur. […] Les enfants de Renaudot, qui furent depuis des hommes de mérite et des médecins, s’étant présentés au baccalauréat devant la faculté de Paris, il leur fallut déclarer par acte de notaire et par serment qu’ils renonçaient au trafic de leur père. […] François Patin son frère fut père de l’illustre médecin Gui Patin. » 17.

172. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

L’idée lui est venue de faire recueillir par M. de Montaiglin, qui a été l’ami de son père, la jeune Adrienne. […] Son père est venu la voir six fois en onze ans. […] Le marin méprise un peu, sans trop le connaître, cet être équivoque ; mais il accueille sa requête, en se souvenant de son père. […] Le commandant a fait dresser, par un notaire, un acte de reconnaissance où le nom du père est laissé en blanc. […] Alphonse parti, la tête basse, Adrienne se retourne vers sa vraie famille : « Mon père ! 

173. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Marié depuis l’âge de trente-deux ans (1786), il était devenu père de famille à son tour. […] Je vois cette fille orpheline d’un père vivant. […] En 1807, en 1812 et depuis, ce fils assista aux terribles batailles : « Nul ne sait ce que c’est que la guerre s’il n’y a son fils », écrivait le père à un ami. À ce fils lui-même, à la veille de la bataille de la Moskova, il écrivait : « En ce temps-là malheur aux pères !  […] On doit remercier le fils du comte de Maistre de s’être décidé à publier cette correspondance de son illustre père et les diverses pièces qui y sont jointes.

174. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Parlant du père de son bon camarade Durant, laboureur d’un village voisin, et qui se plaisait à le recevoir les jours où les deux amis allaient en promenade : « Comme il nous recevait, s’écrie-t-il, ce bon vieillard en cheveux blancs ! […] Ainsi, lorsqu’en janvier 1760, sortant de la Bastille, où il avait été détenu onze jours pour avoir récité en société une satire contre le duc d’Aumont, il va trouver le ministre, le duc de Choiseul, et qu’il essaie de l’émouvoir, d’obtenir qu’on lui laisse le privilège du Mercure avec lequel il soutient sa famille, ses tantes, ses sœurs, le discours qu’il se suppose en cette occasion et qu’il refait de mémoire est faux et presque ridicule : Sachez, monsieur le duc, qu’à l’âge de seize ans, ayant perdu mon père, et me voyant environné d’orphelins comme moi et d’une pauvre et nombreuse famille, je leur promis à tous de leur servir de père. […] Ce livre heureux, qui contient l’histoire de l’enfance, de la famille, des premières études et même des premières amours, se termine par la brusque nouvelle de la mort du père, c’est-à-dire par la première grande douleur qui initie au sérieux de la vie. […] il faut être époux, il faut devenir père, pour juger sainement de ces vices contagieux qui attaquent les mœurs dans leur source, de ces vices doux et perfides qui portent le trouble, la honte, la haine, la désolation, le désespoir dans le sein des familles. […] Marmontel, dans les livres suivants, continue d’exposer les faits avec lucidité et de peindre les personnages politiques avec intelligence et mouvement ; mais ce n’est plus le père qui parle à ses enfants, c’est l’historiographe de France qui remplit sa charge et ses derniers devoirs envers Louis XVI.

175. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Le Jupiter grec, mauvais fils d’un mauvais père, rebelle à Saturne, qui a été lui-même rebelle à Cœlus, est un parvenu. […] Hamlet a vu son père mort et lui a parlé ; est-il convaincu ? […] La maternité de la fille sur le père ; sujet profond ; maternité vénérable entre toutes, si admirablement traduite par la légende de cette romaine, nourrice, au fond d’un cachot, de son père vieillard. […] Tel est ce drame, le Roi Lear, Le père est le prétexte de la fille. […] Et quelle figure que le père !

176. (1813) Réflexions sur le suicide

Il pria longtemps son Père dans le jardin des oliviers, et les angoisses· de la douleur couvraient son front. —  Mon Père, s’écria-t-il, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! […] Une fille chérie, une fille qui pouvait comprendre le génie de son père, répandait sur l’intérieur de sa maison un charme habituel. […] Mon père, m’approuvez-vous ? […] mon père, quoi j’ai pu regretter si vivement le jour ! […] Me. de V… avait un père, un époux et une fille.

177. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il se mariait sans le consentement de son père et se faisait déshériter. […] Ce sont des membres de la famille héroïque dont Corneille est le père. […] C’est la foi d’une fille obéissante ; elle croit par respect pour son père et par honneur domestique. […] Parmi les personnages romanesques du théâtre de Voltaire, quelques-uns ont plus d’un père. […] Voltaire est le père du style brillant.

178. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Celle-ci est très probablement « la vieille actrice » dont parle Riccoboni, laquelle avait trouvé dans l’héritage de son père des canevas signés par saint Charles Borromée. […] sont toute une famille de Centaures, père, mère, fils et fille. […] « Après une suite d’aventures compliquées et romanesques, les deux Centaures, père et mère, qui combattaient pour recouvrer la couronne de l’île de Chypre, se tuent de désespoir, et la petite Centauresse, leur fille, monte sur le trône, ce qui devait lui être (qu’on nous permette de le dire) plus aisé que de s’y asseoir. […] Giovanni-Battista Andreini perdit son père vers cette époque.

179. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Mais Piron était fier de son père. […] Son entrée chez moi fut un coup de théâtre ; il crut voir mon père, et moi ma mère. […] Le bruit cessé, mon pauvre père, que Dieu absolve ! […] Celui-ci en fureur voulait battre mon père, qui se défendit. […] Son père étant échevin, Alexis fut choisi pour y figurer et porter une croix.

180. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

C’est cette même Isabelle que son frère doit épouser, et que Démophon son père a promise à Ménechme, en considération de la succession qu’il vient recueillir. […] Paolo s’empressa de retourner à Rome, et de là à Erte pour y chercher son père. […] Celle-ci lui conseille de reprendre les habits de son sexe, et court annoncer au père qu’elle lui conduira sa fille le lendemain. […] Le confident du prince était un nommé Capino qui allait tout préparer pour favoriser la fuite des deux amants, lorsqu’il rencontra Porrus le père supposé de Faunia. […] Il eut trois filles, Gonerille, Régane et Cordélia, de beaucoup la plus jeune des trois et la plus aimée de son père.

181. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

non, mon père ! […] ton père ! […] — « Au secours, père !  […] Pour beaucoup, la tendresse paternelle n’existait pas alors, et tout se passait en formules de respect du fils au père et en sévérités hautaines du père au fils. […] La maladie du père a tout suspendu.

182. (1802) Études sur Molière pp. -355

n’êtes-vous pas de mon avis, mon révérend père ? demandez au révérend père . […] L’on s’explique enfin, l’oncle abandonne ses prétentions, le neveu rend l’or, le père touché, lui fait présent de sa fortune et de sa fille. […] Voilà à peu près la scène d’Harpagon et de Cléante ; mais Magnifico n’est ni le père ni le rival de Célio. […] La confession si comique de Scapin est imitée de Pantalon père de famille, canevas italien.

183. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

Les enfans ne font ici que les seconds rôles, ce sont les pères et les mères qui doivent faire les premiers. […] Les têtes du père et de la mère sont d’ivoire. […] Les robes sont de vrai satin ; le vêtement du père fait bien la soie.

184. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Marié deux fois, il fut aimé jusque de son fils, qui rendit le grand nom de son père un nom funeste ! On a dit que ce régicide ne le devint que parce qu’on avait tué son père, en supprimant son Année littéraire au nom du roi, rendant ainsi, coup pour coup, à la royauté, le coup qu’il avait reçu d’elle… Crime plus grand que dans un autre, dans le fils d’un homme comme Fréron, qui dérogea si épouvantablement à sa naissance et aux vertus de son père, et à qui on pourrait appliquer le mot grandiose et terrifiant de Chateaubriand, parlant d’un autre fils coupable : « Si son père l’eût su dans sa tombe, il serait revenu lui casser la tête avec son cercueil ! » Mais un autre que Fréron le père, se chargea de la punition de son fils.

185. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Son père, gentillâtre campagnard, de nature bourrue, était « la terreur des domestiques, sa mère, le fléau2 ». […] D’autres personnages distingués ont eu recours à leurs père et mère pour expliquer les variations de leur conduite. La croix de ma mère, les cheveux blancs de mon père, la voix du sang, devinrent dans la suite des ficelles dramatiques. […] Offenbach, en faisant chanter à Mlle Schneider le Sabre de mon père, creva les belles phrases du romantisme et rétablit la réalité au théâtre. […] Les volcans préoccupaient les imaginations : on publiait en l’an VIII deux traductions simultanées des Aventures de mon père, de Kotzebue, qui faisait fureur au théâtre.

186. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

votre père est en colère ! […] encore en colère. — La voix de leur père me répond là ! […] pardon, pardon, mon père ! mon vieux père en cheveux blancs ! […] Je vous le jure, mon vieux père.

187. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Si ce livre est du père de M.  […] le père voudrait bien vous voir ; nous avons tous le temps long après vous, nous vous attendons tous les jours ; le père aurait bien des choses à vous dire. […] C’est ainsi qu’elle entra tout animée, demandant : « Quoi donc, mon père ?  […] — Je ne sais pas, mon père », fit-elle en sanglotant. […] Ce matin, je rêvais de Sûzel, et voilà que son père m’apporte des cerises qu’elle a cueillies pour moi.

188. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Le père, Pierre de La Mennais, négociant, avait mérité d’être anobli sur la demande même des États de Bretagne, réunis à Rennes en 1786. […] Son père, absorbé par ses affaires, ne pouvait s’occuper de l’éducation de ses fils. […] Il avait pourtant des heures qu’il devait donner au comptoir de son père. […] On en avait fait mystère jusqu’au dernier moment à son père, qui paraît n’avoir pas été charmé de cette résolution, mais qui s’y résigna. […] Le prodigue de votre Évangile ne quitta qu’une fois la maison de son père, n’offensa ce bon père qu’une fois, après s’être assis au festin de réconciliation, il ne retourna point partager avec les pourceaux leur nourriture immonde : à moi seul était réservé ce comble de l’avilissement et de l’ingratitude.

189. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Ce digne père, homme très remarquable, ayant quitté le service à trente-quatre ans, épousa une fille de finances de Paris, très belle, de plus de sens que d’esprit. […] Dès l’âge de neuf ans, celui-ci était formé par son père aux exercices violents et ne passait pas un seul jour sans chasser. […] Son père ne négligeait point la portion morale, et il imprimait des préceptes mâles et sains dans cette jeune nature. […] Necker, et il retint de son père ce fonds de principes politiques qui, recouvert par tant d’événements et de pensées de tout genre, subsista toujours en lui. […] Il fut décidé par la famille, son père enfin y consentant, que le jeune homme étudierait pour entrer dans l’artillerie.

190. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Sa jeunesse, avant ce temps, se partage en deux portions distinctes, l’une qui va jusqu’à sa tentative de fuite à dix-huit ans et jusqu’à son incarcération, et l’autre qui date de sa réconciliation avec son père. […] Même depuis sa rentrée en grâce auprès de son père, il paraît peu à Berlin ; marié par pure obéissance, il vit comme s’il ne l’était pas ; il habite le plus ordinairement à Ruppin dont il est gouverneur ; il y exerce son régiment et passe de longues heures à lire, à écrire, à faire de la musique, à disserter avec des amis. […] Une circonstance piquante, c’est que le métaphysicien diplomate devient durant ce temps son agent d’affaire et de finances : M. de Suhm est chargé par Frédéric, à qui son père refuse le nécessaire, de négocier quelques emprunts d’argent auprès de l’impératrice Anne ou de son favori Biron, duc de Courlande. […] Je regarde avec des yeux d’indifférence tout ce qui m’attend, sans désirer la fortune ni la craindre, plein de compassion pour ceux qui souffrent (son père à l’agonie), d’estime pour les honnêtes gens et de tendresse pour mes amis. […] Votre père et vous-même y appartenez, et vos fils y auront également part, s’ils marchent sur leurs traces et imitent leurs exemples.

191. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Le vieux, le père, avait là tous les siens, moins sa fille aînée, qui n’avait pu le suivre. […] Le père répondit : — Je regarderai l’Océan. […] Le père reprit : — Et toi ? […] Le 6 septembre 1601, John Shakespeare, son père, était mort. […] Il aimait Stratford-sur-Avon où il était né, où son père était mort, où son fils était enterré.

192. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

et tu vas venger ton père ?  […] — Comme ça, petit père, comme ça l » Et l’enfant donne à son père un baiser sur la bouche ; puis, riant : « Ah ! […] votre barbe, petit père ! […] — Non, petit père. — Et… le lit ? […] — Non, petit père. — Est-ce qu’ils parlent ?

193. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Taine le père tenait une étude d’avoué. […] Le jeune parçon resta jusqu’à sa onzième année dans la maison paternelle ; son père lui enseignait les premiers éléments du latin, et un oncle lui apprenait l’anglais. Le père et le fils, l’automne venu, passaient des après-midi dans la forêt voisine. […] Nous avons vu le père avoué à Vouziers, le grand-père avait été sous-préfet à Rethel.

194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

Ulm a tué, au troisième acte, son père, le roi du Scandinave, dont il était héritier ; il y avait chez lui une effroyable ambition de régner ; est-ce ambition qu’il faut lire ? […] Caïn, après avoir assassiné son père, est tourmenté de remords ; mais le remords est pour cet homme primitif et barbare fort différent de ce qu’il est pour nous. […] Et à chaque fois qu’ils ont cru ainsi intercepter à leur père la vue de cet œil vengeur, Caïn leur répond d’une voie sombre : l’œil est toujours là !

195. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Charles devint, par l’appui de son père, chanoine de Prato, et l’un des notaires apostoliques ; et comme il résidait ordinairement à Rome, son père et ses frères eurent souvent recours à lui pour se procurer, par ses soins et par ses conseils, les manuscrits anciens et les autres précieux restes de l’antiquité, dont la possession était l’objet de leurs désirs. […] Pierre, rassuré par la paix, s’occupa de ce qui avait fait la gloire et la puissance de son père, Côme. […] Il était alors dans sa vingt et unième année, et son père pensa qu’il était temps de l’attacher au lien conjugal ; dans cette vue, il avait négocié un mariage entre Laurent et Clarice, fille de Giacopo Orsini, de la noble et puissante famille de ce nom, qui avait si longtemps disputé à Rome la prééminence à celle des Colonne. […] Laurent, que la faiblesse et l’infirmité de son père avaient mêlé au gouvernement, fut accompagné au Palais-Vieux, siège du pouvoir de la république, par les nombreux amis de sa maison. […] Le plus jeune d’entre eux, semblable à Brutus, fut chassé de la maison de son père, où il avait cherché asile.

196. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

La gouvernante a été congédiée, sous un prétexte quelconque ; Gérard s’est retiré, avec la fière pudeur d’un amoureux pauvre, devant les prétentions affichées du père. […] Son père sait qu’elle l’a aimé et qu’elle l’aime encore ; M.  […] Voilà un père et un médecin qui font tous deux un joli métier. […] Le docteur Rémonin se fait son entremetteur, le père son champion. […] La famille de son père lui fait offrir cinq cent mille francs en échange des lettres qu’elle a de lui ; jamais Lionnette ne se dessaisira de ces lettres.

197. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Supposez que Nestor cherche à modérer les passions d’Antiloque, il citera d’abord des exemples de jeunes gens qui se sont perdus pour n’avoir pas voulu écouter leurs pères ; puis, joignant à ces exemples quelques maximes connues sur l’indocilité de la jeunesse et sur l’expérience des vieillards, il couronnera ses remontrances par son propre éloge et par un regret sur les jours du vieux temps. […] Enfin Alvarez, commandant à son fils comme père, et lui obéissant comme sujet, est un de ces traits de haute morale, aussi supérieure à la morale des anciens que les Évangiles surpassent les dialogues de Platon, pour l’enseignement des vertus. […] Le ciel qui veut ma mort, et qui l’a suspendue, Mon père, en ce moment, m’amène à votre vue.

198. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Selon une tradition, Jésus aurait prononcé cette parole, qui fut dans son cœur, sinon sur ses lèvres : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent ce qu’ils font 1178. » Un écriteau, suivant la coutume romaine, était attaché au haut de la croix, portant en trois langues, en hébreu, en grec et en latin : LE ROI DES JUIFS. […] Que son père, s’il veut, vienne maintenant le délivrer   Il a sauvé les autres, murmurait-on encore, et il ne peut se sauver lui-même. […] Un moment, selon certains récits, le cœur lui défaillit ; un nuage lui cacha la face de son Père ; il eut une agonie de désespoir, plus cuisante mille fois que tous les tourments. […] À mesure que la vie du corps s’éteignait, son âme se rassérénait et revenait peu à peu à sa céleste origine. 11 retrouva le sentiment de sa mission ; il vit dans sa mort le salut du monde ; il perdit de vue le spectacle hideux qui se déroulait à ses pieds, et, profondément uni à son Père, il commença sur le gibet la vie divine qu’il allait mener dans le cœur de l’humanité pour des siècles infinis. […] Tout à coup, il poussa un cri terrible 1191, où les uns entendirent : « Ô Père, je remets mon esprit entre tes mains ! 

199. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Son père, qui était un marchand de vin en gros suivant la Cour, et fort connu des grands, lui fit donner la meilleure éducation : Voiture étudia à Paris, au collège de Boncourt, et de là il alla faire son droit à l’université d’Orléans. […] D’ailleurs Voiture n’avait d’Horace ni la justesse morale, ni l’élévation, ni le noble souci de l’immortalité et ce qui fait qu’on a droit à chanter son Exegi monumentum, rien de solide, ni même cette libéralité d’âme qui achève le goût, et qui fait qu’Horace, par exemple, en toute occasion, a parlé si honorablement de son père : Voiture, on le sait, était embarrassé du sien30. […] Aujourd’hui qu’on veut savoir de chaque époque toute chose mieux que les contemporains, on essaie de contredire la tradition sur ce point ; on objecte que Voiture a lui-même parlé de son père dans une lettre, et n’a pas craint de comparer sa naissance, pour la roture, à celle d’Horace ; qu’il a logé chez son père dans un passage de la cour à Amiens… Je répondrai que la lettre dans laquelle Voiture parle de son père est un billet à Costar, et que tout ce qui est censé adressé par Voiture à celui-ci est suspect d’arrangement. Costar aura bien pu supposer et fabriquer ledit billet, précisément pour réfuter le reproche qu’on faisait à Voiture de n’aimer pas à entendre parler de son père. […] Il faut bien que les contemporains aient cru voir sur le visage de ce charmant homme une certaine grimace quand il parlait de son père ou quand on lui en parlait, pour qu’ils l’aient dit. « Il faisait son possible, dit Tallemant, pour cacher sa naissance à ceux qui n’en étaient pas instruits. » J’en reste donc là.

200. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

« Les Chambres s’étant assemblées deux jours après, M. de Lescar adressa la parole, moi présent, à M. de Cazaux, et, autant peut-être pour le mortifier que pour le corriger, lui fit un narré de tous les désordres de sa vie et conclut par supplier la Compagnie de trouver bon qu’en cas que M. de Cazaux ne rendît pas cette fille à son père, il se servît des voies canoniques dont l’Église se sert contre les adultères publics. « M. de Cazaux, après avoir entendu patiemment et paisiblement M. de Lescar, se leva en pied, et, après l’avoir remercié des égards qu’il avait eus pour lui et de ses prudents et charitables avis, il lui promettait de renvoyer cette fille à son père, pourvu qu’il s’engageât par serment, devant la Compagnie, de ne la point prendre pour lui. […] Ces ménagements lui réussirent au point que les villes, les bourgs et les cantons se convertissaient en corps et demandaient à démolir de leurs propres mains des temples que leurs pères avaient bâtis. […] Il y en a une infinité dans le recueil du Père Montfaucon, qu’il a données à ce Père, qui les a fait graver. Il avait vendu tout cela avant sa mort à différentes personnes, parce qu’il a été mécontent de son fils qui a été obligé de se retirer en Espagne pour une impertinence faite chez Mme la duchesse de Berry… Le Père a toujours été mal depuis ce temps là et s’est défait de toutes ses curiosités.

201. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Le père trouve que son fils lui fait un peu trop de morale, et le fils trouve que son père a un peu trop besoin qu’on lui en fasse. […] Tout paraît bien fini entre le père et le fils. […] Mais ils sont bons époux, bon père et bonne mère. […] C’est fini… oublié… Ton père, va, tu dis vrai, je suis bien ton père. […] Parce qu’elle aime le Père, — oh !

202. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il était en 89 à Strasbourg, dans un petit monde mystique comme cette ville en a eu à diverses époques ; il voyait tous les jours celle qu’il appelle sa meilleure amie, Mme Boechlin ; il formait le projet de se réunir encore plus entièrement à elle en logeant dans la même maison ; il venait même de réaliser ce projet depuis deux mois, en 1791 ; il allait entamer la lecture de Jacob Boehm et suivait tout un roman idéal, tout un rêve de vie intérieure accomplie, lorsqu’une maladie de son père l’appela à Amboise et le rejeta dans la réalité : Au bout de deux mois (de cette réunion dans un même logement), il fallut, dit-il, quitter mon paradis pour aller soigner mon père. […] L’année suivante, à Pâques, tout était arrangé pour retourner près de mon amie ; une nouvelle maladie de mon père vient encore comme à point nommé arrêter tous mes projets. […] Dans l’intervalle, étant retourné à Amboise, il perdit son père le 11 janvier 1793. […] Son père, octogénaire et mourant, se fit apporter au pied de l’autel, et vint joindre ses bénédictions à celles du prêtre. Quinze jours après, le père mourut, et j’assistai à la cérémonie funèbre dans le même lieu où j’avais assisté à celle du mariage.

203. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Fils d’un père illustre, nourri au foyer le plus central des sciences, M. […] Mais ce qui, chez son père, n’avait été qu’une distraction de jeunesse et un goût délassant, devint chez le fils une passion principale, entraînante, une verve durable et continuelle. […] C’est là, du fils au père, avec une heureuse variété d’application, un trait frappant de ressemblance, une reproduction à la fois intime et imprévue. […] Les luttes du gnosticisme se passaient au sein du Père en quelque sorte et remettaient en question Jéhovah ; celles de l’arianisme, qui viennent ensuite, s’agitent entre le Père mis hors de cause et le Fils, et comme au sein du Fils. […] Ampère, n’est pourtant pas restée cachée ; on a lu de lui son mâle récit en vers des aventures du héros Sigour, sa haute et grave contemplation dédiée à son père, et intitulée Uranie.

204. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Son père, Gaston, duc d’Orléans, doué de mille qualités de l’esprit, et de pas une de celles qui tiennent au cœur et au caractère, était l’âme de toutes les intrigues politiques dirigées contre Richelieu, et compromettait sans cesse des serviteurs et des amis, qu’ensuite il abandonnait. […] Son père, plus d’une fois, se moquera d’elle et de ses prétentions à la chevalerie et à l’héroïsme, mais elle vaudra mieux que lui. […] Son père, Monsieur, était à Paris, d’où il croyait ne pouvoir s’éloigner sans de graves inconvénients. […] Son père se défiait d’elle et de sa raison : « Cette chevalerie serait bien ridicule, disait-il le jour où elle partit, si le bon sens de Mmes de Fiesque et de Frontenac ne la soutenait. » C’étaient les deux dames qui accompagnaient Mademoiselle, et qu’on appela, moitié courtoisie et moitié raillerie, ses maréchales de camp. […] Elle rougit pour son père de l’indécision prolongée d’où il avait fallu l’arracher ; elle chercha à l’excuser du mieux qu’elle put, et à le sauver de la honte de n’être pas monté à cheval aussitôt : elle avait eu du cœur pour tous deux.

205. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Son père était pasteur ou ministre du Saint Évangile ; sa mère, native de France, avait préféré sa religion à son pays. […] Le futur historien de l’Empire romain était fort jeune lui-même alors ; son père l’avait envoyé à Lausanne pour y refaire son éducation et se guérir « des erreurs du papisme », où le jeune écolier d’Oxford s’était laissé entraîner. […]  » Dans ses Mémoires il s’étend avec plus de détail, et il nous fait de Mlle Curchod le portrait le plus flatteur et le plus fidèle à cette date : Son père, dit-il, dans la solitude d’un village isolé, s’appliqua à donner une éducation libérale et même savante à sa fille unique. […] Elle me permit de lui faire deux ou trois visites chez son père. […] La nature, qui devient ainsi le garant et l’interprète de l’amour conjugal, se plaît à consacrer de son inimitable pinceau les chastes sentiments d’une femme fidèle ; et tous les regards que jette un père attendri sur des fils qui lui ressemblent, retombent sur leur mère avec une nouvelle douceur.

206. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

— Mais toujours la même chose, mon père. […] — Bonne nuit, mon père. […] … Comme vous ressemblez à votre père ! […] comme vous ressemblez à votre cher père ! […] … vous êtes le portrait frappant de votre pauvre père !

207. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Avec l’éducation donnée, depuis dix ans, à toutes les personnes françaises, avec cette sanguine énergie que nous ont transmise nos pères, comment pourrions-nous accueillir les poètes septentrionaux ? […] Si des jeunes gens contemporains paraissent si avides de gloire et d’exploits, c’est que la violence de leurs pères, exaspérés par la déroute et par la période de l’insurrection, sut leur constituer, en effet, un extraordinaire caractère de frénésie intellectuelle. […] La chimérique mélancolie qui alanguissait les esprits aux environs de 1890, et depuis une dizaine d’années, les passe-temps où ils se plaisaient, aucune de leurs occupations ni des émotions dont ils s’ampoulaient, n’étaient susceptibles de convenir à de frémissants écrivains auxquels leurs pères ont su transmettre un peu de ces haines généreuses qui les animaient avec force pendant la guerre et après la Commune. […] C’est que cette ivresse militaire qui exultait naguère si fortement nos pères s’est transformée chez nous en une sorte de culte de la force, auquel personne ne pourra se soustraire.

208. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Il instruisoit à la fripponerie un vieux père de famille accablé de dettes & qui le consultoit sur la manière de tromper ses créanciers & les juges. Ce père, se défiant de pouvoir à son âge suivre des maximes aussi détestables, amenoit son fils pour qu’il apprît de bonne heure à les mettre en pratique. Le fils, impatient de se former à l’école d’un tel maître, & de se montre habile, débutoit par battre son père lui-même. […] Quelques pères de l’église décorent ce sage du titre de martyr de Dieu.

209. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

C’est particulièrement un descriptif que Dusolier, et je le crois même trop préoccupé (théoriquement) de description ; mais le sentiment le sauve des affreuses matérialités contemporaines… En ce moment encore, ce qui l’attendrit, il est vrai, c’est plus les choses que les personnes » Le salon de son père est plus tendrement traité que son père dans son livre, et pourtant c’est le charme du père qui fait le charme de ce salon.

210. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ces pères gouvernoient ce monarque. […] Son père s’appelloit Bernardo Tasso, & sa mère Portia de Rossi. […] Torquato mit ces paroles dans la bouche de son père. […] A seize ans, il étoit très-versé dans l’étude des pères. […] Les jeunes pères étudians s’acquittèrent parfaitement de cet emploi.

211. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Mon père est inquiet. […] Ton père ? […] La mort de son père ramena subitement Mme de Staël à Coppet. […] Mme de Staël, en vieillissant, devait volontiers se rapprocher des idées anciennes de son père. […] Necker, au milieu de tant de contrastes qu’elle associait, avait encore retenu cela de son père.

212. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

J’ai dit, en rappelant plus haut l’Événement, ce que jusque-là avait été François Hugo : — rien de plus que le fils de son père, comme Louis Racine l’avait été du sien. […] il le traduisit de manière à ce que son père lui-même, qui le regardait écrire par-dessus son épaule, bien souvent n’aurait pas fait mieux. […] La paternité débordée, l’amour insensé de Lear pour ses filles, cet amour d’un père aveuglé dont elles ont crevé les yeux avec de monstrueuses flatteries, et son ressentiment non moins aveugle contre la seule de ses enfants qui soit vraie et qui ait pour son père la piété que l’on a pour Dieu, la lâche, faiblesse des gendres imbéciles, les mauvaises filles mauvaises épouses, par une loi fatale et vengeresse, et l’infamie de l’adultère rendue plus horrible par une incestueuse rivalité. Au contraire, la pieuse fille épousée par l’amour désintéressé et sincère, et les serviteurs, qui sont de la famille encore et en ferment le cercle sacré, fidèles au père et au Roi, autre père ! […] Est-ce la préoccupation du génie de son père qui lui aura caché cette gloire shakespearienne de Balzac ?

213. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Un reproche certain qu’ont mérité nos poëtes modernes, si éminents à tant d’égards, si grandement lyriques, si tendrement élégiaques, c’est d’avoir trop oublié l’esprit, ce qui s’appelle proprement de ce nom, ce qu’avaient précisément nos pères. […] Son père, compositeur de musique et ami de Sacchini, de Gluck, a donné des opéras et d’autres morceaux lyriques appréciés des maîtres. […] Il y avait dans cette famille comme un courant naturel de verve, de gaieté et de musique, qui allait du père aux enfants. […] L’évêque de Verdun, dont il est question dans cette lettre, était M. de Villeneuve, compatriote également de Désaugiers, et qui avait conseillé à son père, au sortir des études, de le placer dans l’Église, si bien que le jeune homme passa six semaines au séminaire de Saint-Lazare. […] J’ai vu son portrait peint par Riesener le père, datant de 1812, et avant cet embonpoint qu’il prit dans la suite : la finesse et la sensibilité y frappent tout d’abord.

214. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Chaumié se refuse à considérer Chénier comme provençal, la Normandie se refuse à son tour à l’abandon de Clément Marot, né à Cahors, il est vrai, mais d’un père normand. […] Et je ne veux citer ni Laforgue né à Montevideo, de père tarbais, ni Mikhaël, toulousain ainsi que Tailhade, ni Signoret ; et encore moins, quoique leur origine soit signalée dans Les Poètes d’aujourd’hui de MM.  […] Ainsi mon frère et moi, nous sommes nés à Valence-sur-Rhône : mais notre père était originaire des environs de Coutances, issu lui-même de Normands appartenant à la même région, donc normand ; notre mère était née à Valence, d’un père lorrain et d’une mère dauphinoise. […] — Anne d’Urfé (le père de l’auteur de L’Astrée) ; Pernette du Guillet ; Louise Labé ; Berchoux ; Ch.  […] Jacques Chaumié avoue lui-même qu’André Chénier, né à Constantinople, était fils d’un père marseillais et d’une mère grecque : il aurait tout aussi bien pu naître à Marseille.

215. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Ses impressions se ramassent dans cette lettre à son père :‌ Rien n’est désespéré quand la sève est là ! […] On ne devient pas une autorité sociale en une génération, mais à force de frapper à la même place, de père en fils, une race finit par acquérir une influence considérable, qui est la grande raison d’être de la vie. […] À peine sur pied, en octobre, il avertit son père :‌ Obtenu d’être évacué demain comme guéri, sans convalescence. […] Le 13 juin 1915, à son père, encore :‌ Il est 4 heures et demie, dans une heure et quart nous partons. […] »‌ Le 13 juillet, à son père :‌ Si tu savais combien tes lettres sont un réconfort pour moi !

216. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

c’est le père tout craché. […] Son père jouait du hautbois, sa mère de la harpe. […] Il fut donc réduit, bon gré, mal gré, à s’en retourner au village de son père. […] — Tu peux la nommer Lise tout court, mon père, elle n’est pas Michailovna pour toi. […] Il plut beaucoup à Théodore : celui-ci, grâce à son père, ne jouait d’aucun instrument.

217. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Que la France ne rendît pas responsable le fils irréprochable du duc d’Orléans du vote de son père, je le concevais ; mais que la France fît de ce malheur un titre au trône, c’était trop criant pour mon cœur. […] Bernadotte, un des soupirants de la jeune femme, obtint de Bonaparte, à force d’intercessions, la liberté du père de son amie, mais la destitution fut maintenue. Le ressentiment de cette sévérité, quoique juste, envers son père, accrut la sourde opposition qui se manifestait déjà dans le salon de madame Récamier. […] N’eût-il été que son père, le tuteur de sa jeunesse, le prodigue adorateur des charmes de sa femme, M.  […] La Providence lui renvoya Ballanche, affranchi de ses devoirs par la mort de son père.

218. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Comme Junon avait des yeux de vache, ainsi un magistrat est intègre, un officier est brave, un père est respectable. […] Il peut être époux, père, amateur de musique ou de jardinage, chasseur ou pêcheur, membre d’une église, bien d’autres choses encore. […] Mais il peut obéir simplement, sans réflexion, parce que son père a parlé, parce que c’est son « devoir » d’obéir et qu’il le remplit sans même y penser, parce que son père a « l’autorité ». […] Il est souvent amusant de voir combien les enfants ont le parti pris d’attribuer, au hasard, à leur père diverses supériorités sur les pères des autres enfants. C’est que le père et l’enfant sont un peu mêlés et confondus.

219. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

« Quel est son père ?  […] Un cénobite de la religion de Wichnou reçoit la notion de l’art dramatique du père des brahmanes. […] Ainsi le sombre azur, qu’on suppose la couleur du dieu père et conservateur des êtres, Wichnou, est aussi la couleur de l’amour. […] Quelle faute ai-je commise pour qu’ils ne connaissent jamais les embrassements d’un père ? […] » Le père, la mère, l’époux, l’épouse, les fils, se reconnaissent, s’embrassent et s’abîment dans leur félicité et dans leur reconnaissance.

220. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Il naquit pourtant au bruit d’un affreux charivari qu’on donnait à quelque voisin, et qui, dans son tintamarre de cornets et de poêlons, ne faisait que mieux résonner à ses oreilles vierges les trente couplets d’une chanson composée par son père. […] A cet âge, il le fallait voir, le cornet en main, coiffé de papier gris, suivre son père dans les charivaris du lieu. […] Mais, après une absence, il revient, et, cédant aux ordres d’un père avare, il épouse Angèle ; il l’épouse, pensant toujours à Marguerite. […] T’en souviens-tu, ma sœur, quand notre pauvre père, la nuit que nous étions à le veiller, disait : « Tiens, petite, je suis plus malade ; garde bien Paul au moins, car je sens que je m’en « vais ?  […] sur le toit alors l’orfraie chanta, et, notre père mort, ici même, tiens !

221. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Ce père et ce roi des poètes a précédé de près de mille ans la naissance de Jésus-Christ. […] Il semble qu’Homère, le plus merveilleux des hommes, fût prédestiné à ne pas connaître son père, comme si la Providence avait voulu jeter un mystère sur sa naissance afin d’accroître le prestige autour de son berceau. […] Chacun des enfants, en venant à l’école de Phémius, lui apportait une toison entière ou une poignée de toison des brebis de son père. […] Son père adoptif l’aimait à cause de sa mère et aussi à cause de lui. Instituteur et père à la fois pour cet enfant, il lui prodiguait tout son cœur et tous les secrets de son art.

222. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Laissant la peinture du monde et des ridicules mondains, La Chaussée prend pour objet la vie intime, les douleurs domestiques : il développe les tragédies des existences privées, le mari libertin ramené à sa femme par la jalousie, le riche ou noble fils de famille épris d’une pauvre fille, le fils naturel en face de son père, etc. […] Les drames de Diderot, ce déclamatoire et insupportable Fils naturel, ce Père de famille 485 qui porte sa paternité comme un sacerdoce, ne sont soutenus que par le nom de leur auteur. […] Dans son triste Père de famille, il note non seulement le décor et le costume, mais la position de chaque acteur en scène, ses changements de place, ses attitudes, ses jeux de physionomie. […] le père de famille eu soi ? […] Le Père de famille, imprimé eu 1758, fut joué en 1761.

223. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

» lui crie son père. […] Nous nous donnons des raisons pour excuser son père. […] Le père, oui ; mais le fils aussi. […] Il y avait la scène à faire suivante : père et fils ; le père plaide pour lui ; le fils plaide pour lui ; le fils dit : « Elle m’aime !  […] Son père renonce.

224. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Son père s’appelait Tixès, sa mère Dryo. […] « — Ô mon père ! […] Son fils, jusque-là muet, recouvra la parole pour sauver son père : « Soldat, ne tue pas Crésus !  […] Les Scythes, pères des Russes, vinrent pour attaquer l’Égypte. […] Il vaudrait autant prendre aujourd’hui Voltaire pour le père de l’histoire moderne.

225. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Je lui dis que c’était une des plus puissantes affections de l’homme. « Un cœur paternel, repris-je ; non, il n’y a que ceux qui ont été pères qui sachent ce que c’est ; c’est un secret heureusement ignoré même des enfants. » Puis continuant, j’ajoutai : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort peu réglées ; ma conduite suffisait de reste pour irriter mon père, sans qu’il fût besoin de la lui exagérer. […] Je pensai juste. » Là je m’arrêtai, et je demandai à mon religieux s’il savait combien il y avait d’ici à chez moi. « Soixante lieues, mon père, et s’il y en avait cent, croyez-vous que j’aurais trouvé mon père moins indulgent et moins tendre ?

226. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Il discute cette généalogie, il nous y intéresse : « Mais n’est-ce pas là, se dit-il, d’étranges détails, des prétentions malsonnantes dans un temps où l’on ne veut que personne soit le fils de son père ? […] Il faut voir le portrait ineffaçable de ce père dur et révéré, au nez aquilin, à la lèvre pâle et mince, aux yeux enfoncés et pers ou glauques comme ceux des lions ou des anciens barbares. […] On voit çà et là, l’hiver, venir de rares hôtes à cheval avec le porte manteau en croupe ; ce sont ceux que le père reçoit tête nue sur le perron. […] L’humeur du père redouté devient plus taciturne et plus insociable avec l’âge ; il ne sort qu’une fois l’an, à Pâques, pour aller entendre la messe à l’église paroissiale de Combourg. […] Il quitte son père pour la dernière fois.

227. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Ainsi l’Érynnys recueillant l’imprécation du père, s’enflammait de sa colère, et prenait pour siens ses griefs. […] Aux approches de la ville, il rencontra Tydée, fils d’OEnée et père futur de Diomède, exilé, lui aussi, de l’Étolie, pour avoir tué son frère Olénias. […] Voici que les malédictions de mon père s’accomplissent !  […] Et si l’un de mes frères, ou l’une de mes sœurs, ou ma belle-mère — car Priam me fut toujours un père plein de douceur — me blâmait dans nos demeures, tu les réprimandais et lu les apaisais par tes paroles bienveillantes. […] Les entrailles dont nous sommes nés tous deux ont une grande puissance, enfants d’une mère malheureuse, d’un père malheureux.

228. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Comment eût-elle hérité de son père selon le sang puisqu’il n’y avait plus entre elle et lui de lien familial ? Il en était de même du fils de cette femme qui reconnaissait pour aïeul, le père ce son père, mais non pas le père de sa mère. […] Si un père n’avait qu’une fille, il pouvait adopter un fils et lui donner sa fille en mariage. […] Si le père d’une fille unique mourait sans avoir adopté ni testé, l’ancien droit voulait que son plus proche parent fût son héritier ; mais cet héritier avait l’obligation d’épouser la fille. […] Il y a plus : si cette fille se trouvait déjà mariée, elle devait quitter son mari pour épouser l’héritier de son père.

229. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

En 1631, son père s’établit à Paris ; il s’occupe de sciences physiques et mathématiques ; et des savants, le Père Mersenne, Roberval, fréquentent sa maison. […] La mort de son père a relâché autour de lui les liens de la famille. […] Jacqueline, dès la mort de son père, a déclaré sa volonté d’entrer à Port-Royal. […] Jésuites sur la morale et la politique de ces Pères. […] Après la mort de son père, elle entra à Port-Royal, le 4 janvier 1652.

230. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

répliqua le père. […] J’ai son consentement, j’ai celui de son père. […] Mon père reçoit beaucoup de monde. […] Je ne sais… Vraiment, cela dépend de mon père. […] Le père la sanctionne.

231. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Ce fut ainsi dans la famille poétique du Tasse, dont le père était déjà un poète de seconde inspiration ; ainsi, dans la famille de Mirabeau, dont le père, et surtout les oncles, étaient des orateurs naturels et sauvages, plus frustes, mais peut-être plus natifs que le neveu ; ainsi de Cicéron et de beaucoup d’autres. […] Les étrangers l’appelèrent le père des alliés de Rome et des tributaires. […] Éprise du génie et de la renommée de son second père, cette jeune Romaine l’aima et en fut aimée avec une passion qui effaça la distance des années. […] Cicéron n’était-il pas son second père ? […] Il quitta ce séjour avec son frère Quintus Cicéron, et avec son neveu, qui le chérissait comme un père.

232. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Les tours que joue maître Renard à son compère le Loup dans le roman du Renard, ont amusé nos pères. […] Nos pères nous donnent, dès ce temps-là, une excellente leçon. […] L’ami, si doux et si modeste dans Lorris, est devenu, dans la tête de son second père, un philosophe de la secte de Diogène. […] — Votre père ni votre aïeul n’auront eu de sergent plus loyal. […] Son père est mort Dieu ait son âme !

233. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Pour l’attacher à l’enfant, le père la mènera un jour promener dans une campagne riante. […] Devenus adolescents, c’est sur leurs jeunes âmes qu’on expérimentait les utopies du père sans enfants. […] Rousseau faisait des constitutions pour les peuples et des plans d’éducation pour les pères de famille, les particuliers sollicitaient de lui des règles de conduite pour leur profession. […] Qui donc lui donnait le droit de le prendre de si haut avec les pères de famille ? […] Telle fut pourtant l’illusion publique, qu’il se trouva des pères qui doutèrent de leur tendresse pour leurs enfants, en la comparant à celle d’un utopiste pour son élève imaginaire !

234. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Les témoignages des historiens, des poètes, n’y font pas faute ; les chants si gracieusement gothiques à la vierge, que le révérend père Chrysostome colin, gardien des capucins de Pontarlier, allait chantant dans ses tournées évangéliques, et qui lui étaient arrivés quasi du xiiie  siècle en droite ligne, au bon père, sont enregistrés avec soin. […] » Le vieux père s’irrite de ce délaissement par orgueil pour son blason, et il convoque un grand tournoi. […] Les trois chevaliers furieux se tournent vers le sire de Joux en l’accusant ; mais lui-même, que ce spectacle renverse, tombe et meurt suffoqué de colère au moment où il leur jette son démenti : Cependant sur leurs haquenées Galopaient les dames de Joux, Fuyant, ainsi que trois damnées, L’ombre d’un père et leurs époux.

235. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Le Portrait de l’auteur, accompagné de sa sœur et travaillant au portrait de son père, est une très belle chose. […] L’ébauche du portrait de son père est devant lui sur un chevalet. […] C’est une chose bien douce pour nous, leur a-t-on répondu, que de retrouver sur la toile l’image vraie de nos pères, de nos mères, de nos enfants, de ceux qui ont été les bienfaiteurs du genre humain, et que nous regrettons.

236. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Le comte Jacques Leopardi naquit, le 29 juin 1798, à Recanati, dans la Marche d’Ancône ; fils aîné du comte Monaldo Leopardi et de la marquise Adélaïde Antici, des plus nobles familles du pays, il reçut une éducation soignée sous les yeux de son père. […] « Mais non, ce n’est pas pour toi que tu te réjouis, c’est pour cette pauvre patrie, à l’idée que peut-être l’exemple des pères et des aïeux réveillera assez les fils assoupis et malades pour qu’ils relèvent tout d’un coup leur regard. […] Obligé, par la sévérité de son père, de demander secours à sa plume, il publia une édition des vers de Pétrarque avec commentaires (Milan, 1826) ; puis une Chrestomathie italienne, ou choix des meilleurs auteurs, vers et prose (2 vol., Milan, 1827-1828). […] Pères ; or ces SS. Pères sont devenus, par un tour de main de l’imprimeur allemand, 55 Pères, et dès lors les plus modestes ont répété que Leopardi avait recueilli les fragments de cinquante Pères de l’Église.

237. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les estampes431 représentent dans une chaumière délabrée deux enfants, l’un de cinq ans, l’autre de trois, auprès de leur grand’mère infirme, l’un lui soulevant la tête, l’autre lui donnant à boire ; le père et la mère qui rentrent voient ce spectacle touchant, et « ces bonnes gens se trouvent alors si heureux d’avoir de tels enfants qu’ils oublient qu’ils sont pauvres »  « Ô mon père432, s’écrie un jeune pâtre des Pyrénées, recevez ce chien fidèle qui m’obéit depuis sept ans ; qu’à l’avenir il vous suive et vous défende ; il ne m’aura jamais plus utilement servi. » — Il serait trop long de suivre dans la littérature de la fin du siècle, depuis Marmontel jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, depuis Florian jusqu’à Berquin et Bitaubé, la répétition interminable de ces douceurs et de ces fadeurs  L’illusion gagne jusqu’aux hommes d’État. « Sire, dit Turgot en présentant au roi un plan d’éducation politique433, j’ose vous répondre que dans dix ans votre nation ne sera plus reconnaissable, et que, par les lumières, les bonnes mœurs, par le zèle éclairé pour votre service et pour celui de la patrie, elle sera au-dessus des autres peuples. […] Vous n’avez ni Parlement, ni États, ni gouverneurs ; ce sont trente maîtres des requêtes, commis aux provinces, de qui dépendent le bonheur ou le malheur de ces provinces, leur abondance ou leur stérilité. » En fait, le roi, souverain, père et tuteur universel, conduit par ses délégués les affaires locales, et intervient par ses lettres de cachet ou par ses grâces jusque dans les affaires privées. […] Je n’ai pas le droit d’élever mes enfants chez moi et de la façon qui me semble bonne. « Comme on ne laisse pas la raison445 de chaque homme unique arbitre de ses devoirs, on doit d’autant moins abandonner aux lumières et aux préjugés des pères l’éducation des enfants, qu’elle importe à l’État encore plus qu’aux pères. » — « Si l’autorité publique, en prenant la place des pères et en se chargeant de cette importante fonction, acquiert leurs droits en remplissant leurs devoirs, ils ont d’autant moins de sujet de s’en plaindre qu’à cet égard ils ne font proprement que changer de nom et qu’ils auront en commun, sous le nom de citoyens, la même autorité sur leurs enfants qu’ils exerçaient séparément sous le nom de pères. » En d’autres termes, vous cessez d’être père, mais, en échange, vous devenez inspecteur des écoles ; l’un vaut l’autre ; de quoi vous plaignez-vous ? […] Je cesse d’être propriétaire, père, chrétien, philosophe.

238. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il refait tous les tableaux sur le patron mélodramatique du Père de famille. […] Les zélés qui, en ces derniers temps, ont parlé de remplacer les Pères par les auteurs païens, ne se doutent guère que l’idée était venue à Diderot de mettre aux mains des enfants de dix à onze ans des extraits des Pères, « comme ayant autant d’esprit que les plus beaux esprits d’Athènes et de Rome. » Et poussant sa pointe, il voulait qu’on fît argumenter les enfants de douze ou treize ans sur les preuves métaphysiques de la religion. […] Les pères endettés pour les mois de nourrice de leurs enfants, s’y réfugieraient contre les gens de justice, et nul n’y pourrait être arrêté que sur un ordre du roi, signé de sa main. […] L’admiration de Chateaubriand pour Homère, et pour ce qu’il appela le premier « la littérature des Pères de l’Église », fit lire Homère et les Pères ; on y prit goût, et la chaîne de la tradition fut renouée127. […] Sans doute, beaucoup de ces pages qui ont ébloui nos pères sont aujourd’hui ternies, comme certains tableaux où, pour avoir trop cherché l’effet de la fresque, l’artiste a manqué les tons solides de la peinture à l’huile.

239. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Par le sang de sa mère, la religion coulait dans son cœur, comme la poésie y affluait par le sang de son père, le sang des troubadours et des Guarini d’Italie. […] Au Cayla, après sa prière, elle passait dans la chambre de son père, soit pour le soigner, soit pour lui servir son déjeuner qu’elle accompagnait d’une lecture. […] Si son père se portait bien et n’avait pas besoin de son aide, elle s’occupait soit à lire, soit à écrire, soit à travailler, ce qu’elle aimait beaucoup (fée par les mains comme elle l’était par l’âme !)  […] Elle y avait laissé son père et elle eut bientôt à y ramener son frère mourant. […] Pendant ce trajet d’existence, elle consacra à la vieillesse de son père une énergie de dévouement et de tendresse qu’elle n’avait plus à partager avec un autre que lui.

240. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Non, encore une fois, dirons-nous à ces fils obstinés, qu’une idée honorable et malheureuse oppresse et possède, vous ne sauriez remettre en bonne odeur une mémoire sanglante ou souillée ; c’est une erreur, à vous, d’y prétendre et de vous y acharner ; vous n’avez qu’une ressource : faites oublier votre père, à tous ceux qui vous voient, par vos mérites et vos vertus. […] Vaubertrand, dont le père, concierge de la prison des Madelonnettes pendant la Terreur, s’est honoré par des actes nombreux d’humanité, et qui, notamment, a donné asile, pendant six mois, à Quatremère de Quincy frappé de proscription, se complaît aujourd’hui, dans un âge avancé, à célébrer le respectable auteur de ses jours55 ; mais c’est une erreur, à lui, bien qu’assurément des plus innocentes, de croire qu’il faille pour cela emprunter toutes les pompes et l’appareil de la rime et de la poésie : une simple notice en prose eût mieux rempli son intention, et les notes de sa brochure en font l’intérêt. […] Son père, procureur au bailliage de Thionville, avait pour clients, à cette frontière, les riches abbés de Trêves et de Luxembourg ; c’est dans la prévision que ces abbés pourraient, un jour, conférer à son fils de bons bénéfices, que ce père prudent le fit entrer, après ses classes, au séminaire de Metz. […] Dom Colignon y resta quelques jours ; mon père avait les yeux fixés sur moi : il semblait me demander des confidences… Je lui racontai les scènes scandaleuses des Pères capucins avec les sœurs de Richstroff ; je lui en exprimai mon indignation ; mais pas un mot des jolies filles de Valmunster. […] Pour cela il lui fallait dissimuler avec son père et obtenir de ses supérieurs de quitter le séminaire en demandant d’aller à Saint-Lazare.

241. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

« Mon père était peintre en armoiries ; il peignait des équipages, des ornements d’église. — Sa maison tenait au cimetière de l’humble paroisse Notre-Dame, à Douai. […] C’est pourtant ce que j’aime le plus au monde, au fond de ce beau temps pleuré. — Je n’ai vu la paix et le bonheur que là. — Puis une grande et profonde misère quand mon père n’eut plus à peindre d’équipages ni d’armoiries. […] Mon père était indécis et nous embrassait. — Enfin on refusa la succession dans la peur de vendre notre âme, et nous restâmes dans une misère qui s’accrut de mois eu mois, jusqu’à causer un déchirement d’intérieur où j’ai puisé toutes les tristesses de mon caractère. […] J’adorais mon père comme le bon Dieu même. […] « Je fus forcée de sacrifier l’avenir au présent, et, dans l’intérêt de mon père, je retournai en province.

242. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Au sortir du couvent, revenue chez son père au quai des Lunettes, elle entretint une Correspondance active et suivie avec Sophie, retournée elle-même à Amiens. […] Phlipon, le père, se souciait peu de lui, et on le fil prier de ralentir ses visites. […] Un Genevois, ami de son père, avait à proposer à l’illustre compatriote la composition de quelques airs de musique ; elle réclama l’honneur de la commission. […] Son père se dérange et se ruine ; elle s’en aperçoit, elle veut tout savoir, et il lui faut sourire au monde, à son père, et dissimuler : « J’aimerais mieux le sifflement des javelots et les horreurs de la mêlée, s’écrie-t-elle par moments, que le bruit sourd des traits qui me déchirent ; mais c’est la guerre du sage luttant contre le sort. » Elle venait de lire Plutarque ou Sénèque, quand elle proférait ce mot stoïque ; mais elle avait lu aussi Homère, et elle se disait, dans une image moins tendue et avec sourire : « La gaieté perce quelquefois au milieu de mes chagrins, comme un rayon de soleil à travers les nuages. […] Son père était artiste et graveur ; elle travailla quelque temps à l’être.

243. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Ce sont des lettres sans fin et de tout l’univers, des questions à répondre, des mémoires à examiner… » Il ressort de cette correspondance qu’il y avait quelque chose qu’il aimait encore mieux que ses ouvrages ou du moins autant : vivre avec ses amis, les posséder, vaquer à ses devoirs et à ses relations de père de famille, de bon voisin, de propriétaire, d’administrateur et d’homme. […] Mais une partie du recueil, qui n’est pas moins neuve et qui est toute à l’honneur de Buffon, ce sont ses lettres à son fils : il s’y montre père, et le plus tendre père, le plus cordialement attentif, le plus rempli de sollicitude. […] Puis, quand ce fils est marié à une jeune femme, qui paraît d’abord douée de simplicité et de candeur, mais qui bientôt s’émancipe et devient la maîtresse avouée d’un prince du sang, colonel du régiment dans lequel le jeune mari était alors capitaine, quelle noble lettre du père à son fils, au premier éclat qui lui en arrive, quelle suite rigide de prescriptions sans réplique ! Le père de famille antique et presque romain se lève ici de toute sa hauteur et commande avec l’autorité de ses cheveux blancs. […] Ce sont là, mon très cher fils, les volontés absolues de votre bon et tendre père.

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