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872. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Si elle se transforma, si elle se romanisa, si elle s’imprégna de l’esprit romain au point que le Druidisme, c’est-à-dire ce qui devait être le plus profond en elle, disparut en deux générations, c’est que sa volonté, à elle, était dans cette transformation.

873. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Rationalistes, sceptiques, éclectiques, et, par-dessus le marché, païennes de tendance, de portée et de volonté, — c’est-à-dire, sous des noms différents, ennemies de l’Église catholique et n’ayant de préoccupation et d’intérêt que pour les travaux qui la diminuent, — les Académies, et en particulier l’Académie française, dont il est seulement question ici à propos du livre de M. 

874. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

» Mais, pour cela, il n’attendit pas que ses larmes — s’il en versa — fussent essuyées, et que la Volonté, cette lente conquérante, eût fait la paix, la paix de la mort, sur les ruines de son cœur dévasté.

875. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Ses Six filles de Louis XV, à Jules Soury, n’ont pas l’honnête volonté d’être impartial du brave Bonhomme, qui n’en peut mais, ce bon garçon, s’il a été trempoté par son temps dans cette philosophie du sens commun dont les compotes deviennent si vite des pourritures… Jules Soury est un regain de Michelet.

876. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Ils ont payé de leur talent et de leur gloire réelle et durable les tapages de leurs systèmes et le fanatisme de leurs cénacles, et le dernier des imitateurs qui, sans personnalité supérieure, a de la main, du métier, de la volonté (cette chose qu’on a fait entrer depuis quelque temps dans la poésie), peut obtenir et nous donner du Ronsard, du Wordsworth ou du Victor Hugo, à faire illusion même au maître qu’il imite.

877. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il y a un esprit et une volonté qui les conçoivent et qui les écrivent.

878. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

En sanctifiant notre corps, ils assujettissent les passions de la chair à notre volonté. […] « Vous vous souvenez de la définition que donne Ribot de la volonté ? […] — « Retournons, si vous le voulez, aux leçons de Ribot sur la volonté. […] Il y a des esprits et aussi des époques de l’existence où le caractère instinctif de la volonté est prédominant ; à d’autres époques et chez d’autres esprits, le côté régulateur de la volonté ou la faculté d’inhibition prend le dessus. […] Ils désirent l’union complète, à condition toutefois qu’ils imposeront leur volonté au grand tout.

879. (1924) Critiques et romanciers

Il est magnifique « de force, de puissance, de volonté, d’implacable héroïsme ». […] Et, s’il écartait avec modestie et nonchalance tout cela, fallait-il obéir tout à fait à cette indication de sa volonté ? […] La volonté sera plus ou moins nette : le but sera petit ou grand, sera médiocre ou splendide : la raison procédera de même. […] Logique des idées ou volonté active des héros, l’histoire néglige ordinairement les petites gens. […] Et il se fait que le roman triomphe de l’auteur et, plus fort que lui, parvienne à lui imposer ses volontés différentes.

880. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Sans doute le hasard est un grand faiseur de renommées, plus puissant dans ses caprices de roi souverain que l’habileté, la volonté et même le génie ; mais le hasard, c’est l’imprévu, et, par conséquent, il ne peut jamais entrer dans nos calculs. […] Voilà deux moralistes sévères dont toute la vie, dont toute la volonté s’est employée à fonder la morale sur une base indestructible, d’une solidité à l’épreuve de tous les assauts du scepticisme ; et ils ont fait justement le contraire de ce qu’ils voulaient ! […] Il le dirige, en ce sens que tous les mouvements qu’il fait sont suivis par la province ; mais ce serait lui faire beaucoup trop d’honneur que de lui en attribuer l’initiative, comme à une volonté pensante. […] Quand on considère que ce désir ardent d’avoir sa place au soleil n’est qu’une forme, et une des plus hautes, du besoin d’exister et de vivre, on ne peut le condamner que si l’on pense, avec Schopenhauer, que la suprême sagesse est, pour l’individu, d’anéantir en soi la volonté de vivre. […] Leur passion dominante est le besoin de produire, qui doit être assez impérieux pour résister d’abord, dans leur jeunesse, quand il s’agit pour eux de choisir une carrière, à la volonté de leurs parents ; plus tard, à l’indifférence de la foule, à l’ironie de l’élite intellectuelle et même à l’opposition de toute la critique.

881. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Elle fait entendre à Titus qu’après tout il n’est pas le maître, que Rome a sa volonté, que le Sénat a la sienne, conforme à celle du peuple, et que Titus risque gros à suivre son penchant amoureux. […] Huszar encore nous détourne avec soin de cette idée, que nous pourrions avoir, que les hommes de Corneille sont des héros de la volonté. Il nous indique très finement que ce ne sont que de pseudo- volontaires. « Ils ne veulent que parce qu’ils veulent vouloir, parce qu’ils trouvent plaisir à démontrer le pouvoir terrible de leur volonté. » N’objectez point que vouloir vouloir c’est précisément la volonté. […] Huszar vous démontrerait bien facilement que la volonté consiste à vouloir sans qu’on le veuille. […] Supposez, ce qui est vraisemblable, du reste, qu’avec la santé un peu de volonté lui est revenu et que sa famille l’a exaspéré et qu’il n’est pas devenu amoureux de sa godiche de petite nièce.

882. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Que la volonté de Dieu soit faite !  […] S’il avait vécu assez longtemps pour qu’un peu de ma prose parvînt jusqu’à lui, j’aurais voulu, après quelque article où il m’aurait traité de simple Galuchet, le prendre à part et lui dire : — Non, je vous jure, ce ne sont point « mes passions » qui m’ont ravi la foi : je ne leur obéis pas toujours ; et, en tout cas, le prêtre m’absoudrait si j’avais la volonté de mieux vivre. […] Vous reprendrez : « Alors le mal est dans votre coeur et dans votre volonté. » Mais, voyons, est-ce que, sérieusement, vous me regardez comme un méchant ?

883. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Avec des idées pures, vous ne soulèverez jamais le moindre grain de volonté, le plus petit sénevé d’énergie. […] Mais pour mieux affirmer la volonté de ne présenter ici que de simples linéaments de doctrine, on s’est abstenu de citer des vers et des noms propres. […] Ces sauvages sont dans le vrai, et il suffit de s’observer soi-même un instant pour reconnaître qu’il y a en nous une parole interne à peu près constante, laquelle donne lieu, du reste, à une excitation très sensible des organes vocaux, et provoquerait l’émission d’une parole susceptible d’être entendue si la volonté n’en arrêtait pas les effets. » Dunan.

884. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

« Nous sommes faits pour obéir à la volonté de Dieu — et pour accomplir ses saints commandements. —  Car de tous ses ouvrages grands ou petits,  — l’homme est la principale créature. —  Tout ce qu’il a fait a été fait pour l’homme, comme vous le verrez prochainement115. » C’est là un poëme, vous ne vous en doutiez guère ; appelez-le sermon, c’est son vrai nom ; il continue, bien divisé, bien allongé, limpide, et vide ; la littérature qui l’entoure et lui ressemble témoigne de son origine par son bavardage et sa netteté. […] Le second ne peut pas gouverner ses peuples par d’autres lois que par celles qu’ils ont consenties ; et ainsi ne peut mettre sur eux des impositions sans leur consentement154. » Dans un État comme celui-ci, c’est la volonté du peuple qui est « la première chose vivante, et qui envoie le sang dans la tête et dans tous les membres du corps politique… Et de même que la tête du corps physique ne peut changer ses nerfs, ni refuser à ses membres les forces et le sang qui doit les alimenter, de même le roi qui est la tête du corps politique ne peut changer les lois de ce corps, ni enlever à son peuple sa substance lorsque celui-ci réclame et refuse… Un roi de cette sorte n’a été élevé à sa dignité que pour protéger les sujets de la loi, leurs corps et leurs biens, et le peuple ne lui a délégué de pouvoir que pour cet objet ; il ne lui est pas permis d’en exercer un autre155. » Voici donc, dès le quinzième siècle, toutes les idées de Locke ; tant la pratique est puissante à suggérer la théorie ! […] Fortescue va plus loin : il oppose, pied à pied, la loi romaine, héritage des peuples latins, à la loi anglaise, héritage des peuples teutoniques : l’une, œuvre de princes absolus, et toute portée à sacrifier l’individu ; l’autre, œuvre de la volonté commune, et toute portée à protéger la personne. Il oppose les maximes des juris-consultes impériaux qui accordent « force de loi à tout ce qu’a décidé le prince », aux statuts d’Angleterre « qui, bien loin d’être établis par la volonté du prince, sont décrétés du consentement de tout le royaume, par la sagesse de plus de trois cents hommes élus, en sorte qu’ils ne peuvent nuire au peuple ni manquer de lui être avantageux. » Il oppose la nomination arbitraire des fonctionnaires impériaux à l’élection du shérif qui, chaque année, pour chaque comté, est choisi par le roi entre trois chevaliers ou écuyers du comté désignés par le Conseil des Lords spirituels et temporels, des justices, des barons de l’Échiquier et d’autres grands officiers.

885. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

En le créant, le poète a fait un personnage hors de la nature, et il n’a pas réussi à le rendre acceptable, en dépit de cette toute-puissante volonté. […] On voudrait voir l’imagination du poète se développer et prendre plus de forces, on se fâche de ne pouvoir, avec la meilleure volonté du monde, trouver dans tout ce qu’elle a donné jusqu’ici autre chose que des essais et des études ; en un mot, on voudrait qu’elle pût renoncer à apporter des productions incomplètes, qui se ressentent de trop près, non pas des principes, mais de l’imitation des maîtres. […] Janin et il y aurait bien de la mauvaise volonté à ne pas faire attention à un homme qui possède là ce que nos plus grands écrivains, nos plus illustres politiques, ont peine à exciter autour d’eux, à savoir l’attention. […] Ce n’est pas un conseiller que l’on accepte, un orateur dont on recueille les dires avec volonté de les conserver, mais c’est un causeur qu’on écoute, le sourire sur les lèvres, et si l’on n’est pas prévenu, on convient nécessairement que pour dire de si bonne grâce, toutes les choses sans grande portée qu’il débite, il faut avoir des facultés qui ne sont pas celles de tout le monde.

886. (1914) Une année de critique

C’est que la personnalité, si elle n’est pas une illusion, se manifeste surtout dans la volonté, qui peut imposer au flot des phénomènes la loi de la durée. Mais la volonté n’est que duperie, aux yeux de celui pour qui la conscience coïncide toujours avec une douleur. […] Lucien Corpechot nous fait assister aux progrès de leur art, qui avait besoin, pour atteindre son plein épanouissement, de la volonté des hommes et de l’agrément du sort, des circonstances sociales et de l’intervention du génie : la France eut Louis XIV, et. […] Cette intervention de la volonté dans la passion peut surprendre, mais il faut louer M.  […] Impossible de mieux distinguer qu’à cette occasion les contrariétés d’un homme dont la volonté modifia la nature, mais chez qui la nature prend de brusques revanches.

887. (1913) Poètes et critiques

Que sa bonté, que sa volonté de faire le bien l’inspiraient heureusement ! […] Charles Chabot, décrivait, au lendemain de la mort8, avec un charme de simplicité attendrie tout à fait pénétrant, il y a un acte de volonté admirable, un trait de morale en action que je m’en voudrais de ne pas signaler, une fois de plus, devant ceux d’entre vous qui nous en ont gardé la tradition. […] Il se promène ; il aspire la douceur miraculeuse de la nature ; il encourage de ses yeux vifs et tendres la volonté d’éclore qu’il devine dans le bouton ; il caresse d’un sourire ses plants de fraisiers, dont les fraises naguère lui ont rendu la vie ; il s’est levé dès le point du jour, Seigneur, pour surveiller votre création. […] Dans l’adolescent, d’esprit agile et d’énergique volonté, qui triomphait avec aisance au Concours général, l’enseignement secondaire avait façonné, avant tout, un argumentateur éloquent et robuste. […] Après nous avoir fait pénétrer plus avant dans la nature intellectuelle de son auteur, en nous rendant presque évident le « lyrisme » natif, réduit par l’effort continu d’une opiniâtre volonté « au ton et à l’allure de l’analyse oratoire », M. 

888. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Et, dans la Comédie humaine tout entière, qui, d’après la volonté de son auteur, ne fait qu’un livre en vingt-cinq tomes : Henry de Marsay et Maxime de Trailles, Rastignac et La Palférine, Émile Blondet et Étienne Lousteau. […] Daniel de Foë, en pétrissant cette figure d’après ses compatriotes, a, du même coup, ramassé dans cette physionomie le drame entier de la volonté humaine aux prises avec le sort. […] Personne n’a déploré davantage la contradiction intérieure qui veut que sans cesse notre volonté se pervertisse et que nos plus nobles efforts portent en eux un élément de corruption. […] Inscrire dans une constitution des textes comme celui-ci : « La loi est l’expression de la volonté générale », représente une affirmation de la bonté et de la sagesse de la nature humaine, qui dérive de Rousseau et de son aberration initiale. […] Les gens de 1820 se sont trouvés d’accord avec ceux de 1850, et de 1900, pour affirmer la supériorité de l’âge moderne et pour l’attribuer à une loi presque indépendante de la volonté humaine, qui acheminerait l’homme vers un avenir toujours meilleur.

889. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Il est bien vrai que, durant ces années de long et sérieux travail, Mlle de Meulan avait de plus en plus appris à se vouer au vrai, à le croire utile, à le défendre, à se passionner au moins indirectement pour lui, en cherchant querelle à toute erreur, et aussi à régler chaque acte de sa vie sévère par l’empire, déjà religieux, de la volonté et de la raison. […] Les lettres xii et xiii, d’une grande beauté philosophique, démontrent les principes de conscience et de raison sur lesquels elle fonde le devoir, et expliquent comment tout son soin est de faire apparaître et se dessiner par degrés la règle à la raison de l’enfant, pour qu’il y dirige librement de bonne heure, et dans les proportions de son existence, sa jeune volonté. — Faire régner de bonne heure autour de ces jeunes esprits une atmosphère morale, où ils se dirigent par le goût du bien, les faire gens de bien le plus tôt possible, c’est là son but, son effort, et, à moins de préjugés très-contraires, on lui accorde, en l’entendant, qu’elle a et qu’elle indique les vrais moyens de réussir.

890. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Le talent, je le sais, est bien à l’origine un talent gratuit, une sorte de prédestination non méritée, une grâce en un mot dans toute la rigueur du sens augustinien et janséniste, indépendamment de la volonté et des œuvres ordinaires de la vie. […] Jean-Jacques, le maître de Bernardin, et supérieur à son disciple par tant de qualités fécondes et fortes, n’a jamais eu cette rencontre d’une œuvre si d’accord avec le talent de l’auteur que la volonté de celui-ci y disparaît, et que le génie facile et partout présent s’y fait seulement sentir, comme Dieu dans la nature, par de continuelles et attachantes images.

891. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Milton, dans son Paradis perdu, nous représente les anges déchus, dont Satan est le chef, les Esprits rebelles et précipités dans l’abîme, qui se livrent encore dans leurs tristes loisirs à leurs anciens goûts favoris ; et quelques-uns d’entre eux et des plus distingués, dit le poète, « assis à l’écart sur une colline solitaire, s’entretiennent en discours infinis de pensées élevées et subtiles, ils raisonnent à perte de vue de providence, prescience, volonté et destin : destin fixé, volonté libre, prescience absolue, et ils ne trouvent point d’issue, ajoute le poëte, perdus qu’ils sont dans ces tortueux dédales. » N’imitons pas ces anges sublimes et déchus.

892. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Seulement Gassendi ne croyait que le railler ; il voulait qu’on l’entendît d’un esprit dépourvu du sens de la réalité ; mais Descartes, aussi attentif à toutes les réalités que les plus doués de ce sens, avait sur eux l’avantage d’avoir su se dégager de leur servitude par une force de volonté extraordinaire, et par une contention d’esprit vraiment effrayante. […] On dit d’un autre qu’il est singulier, quand il rejette sans modération tout ce que l’homme à la mode adopte sans volonté, et, s’il a raison, quand il le fait trop voir, perdant ainsi, par l’orgueil qu’il y mêle, l’avantage d’être dans la raison.

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