/ 2192
786. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Tandis que la poésie antique ne connaissait que la passion physique, et, pour rendre raison de la force de l’amour, regardait le désir allumé par Vénus dans la nature entière à la saison nouvelle, la poésie moderne, par une orientation toute contraire, assimilera l’amour humain à l’amour divin et en fondera la puissance sur l’infinie disproportion du mérite au désir Même quand le terme réel de l’amour appartiendra à l’ordre le plus matériel et terrestre, la pensée et la parole s’en détourneront, et c’est à peine si, comme indice de ses antiques et traditionnelles attaches au monde de la sensation physique, il gardera ces descriptions du printemps, saison du réveil de la vie universelle ; encore ces descriptions seront-elles de moins en moins sincères et vivantes, et ne subsisteront-elles chez la plupart des poètes que comme une forme vide de sens, un organe inutile et atrophié. […] Aussi, à l’ordinaire, nos amants resteront bien loin des ardeurs qui échauffent chaque ligne de l’Imitation : leur dame ne sera que l’idée de la dame, leur passion ne sera que l’idée de la passion ; tout se passera dans leur tête, en constructions abstraites, non dans leurs cœurs en vivantes émotions.

787. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort se le figurerait volontiers vivant à peu près de la même façon que M.  […] Il a gardé, dans la société contemporaine, quelque chose de la fière allure de ces aventuriers d’autrefois qui, vivant dans des sociétés moins munies de police et de gendarmes, payaient de beaucoup de courage le droit de faire à leur guise et de n’être point jugés tout haut.

788. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Il est vrai que les rois vivants savent aussi emprunter, pour se défendre, le concours de la Providence. […] René Martineau : Un vivant et deux morts (Biblioth. des Lettres françaises), Paris, 1914.

789. (1890) L’avenir de la science « XII »

Telle religieuse qui vit oubliée au fond de son couvent semble bien perdue pour le tableau vivant de l’humanité. […] Tel insecte, qui n’a eu d’autre vocation que de grouper sous une forme vivante un certain nombre de molécules et de manger une feuille, a fait une œuvre qui aura des conséquences dans la série éternelle des causes.

790. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

  Et si son nom rayonne, à jamais triomphant, C’est qu’il comprit la loi de vivante harmonie : « Sois fier comme un héros et pur comme un enfant. » Fourcaudbv Chronique du mois La Walküre ne sera peut-être pas représentée cette année à Bruxelles, et c’est une histoire qui vaut d’être expliquée. […] Pasteur devraient avoir déjà convertis ; la science de l’hygiène dédaigne les expériences faites sur des animaux vivants.

791. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Pourtant le poète a beau faire, il a beau vouloir nous composer un don Juan unique, contradictoire et vivant, presque innocent dans ses crimes ; ce candide corrupteur n’existe pas. […] Mais le temps marche si vite de nos jours, qu’on peut, dès à présent, apercevoir ses effets divers sur des œuvres qui, à leur naissance, paraissaient également vivantes.

792. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Elle a tout cela aussi, Mme Louise Colet, — mais elle a de plus l’insolence et la provocation — la provocation lâche et fanfaronne d’une femme qui sait bien qu’en cette terre de France, une jupe peut se permettre tout, sans aucun danger… De son vivant, elle l’avait appris et elle dut le savoir mieux que personne. […] Ils sont et doivent être la peinture vivante d’une classe disparue, selon l’auteur, ou qui est sur le point de disparaître, et dont ils sont les derniers débris ou les dernières épaves ».

793. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

« Était-elle vivante ou rôtie ?  […] Enfin, dans ce livre de critique sur Sterne, Tristram Shandy voile trop, selon moi, s’il ne l’écrase pas, le Voyage sentimental, aussi vivant, aussi dramatique, aussi pénétrant, aussi piquant pour le moins que Tristram Shandy, et sans l’encadrure de plomb, sans ces pages de Tristram Shandy qui semblent des partis pris de bouffonnerie presque insolente, des mystifications au lecteur.

794. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

L’air manque, la vue se trouble ; on n’est plus en pays humain, on n’aperçoit d’abord qu’un entassement d’abstractions formidables, solitude métaphysique où il ne semble pas qu’un esprit vivant puisse habiter ; à travers l’Être et le Néant, le Devenir, la Limite et l’Essence, on roule, la poitrine oppressée, ne sachant si jamais on retrouvera le sol uni et la terre. […] Concevez une espèce vivante, par exemple, celle des bluets.

795. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Il savait à fond les deux langues classiques et savantes, et il y joignait la connaissance exacte de presque toutes les langues vivantes, l’allemand, l’anglais, l’espagnol, etc.

796. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

Je conseillais plus haut de décomposer le groupe en ses individus : il s’agit ici de réaliser l’idée même du groupe en une forme personnelle, vivante, individuelle.

797. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

De son vivant, l’Aventurière et le Gendre de Monsieur Poirier sont devenus classiques.

798. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Depuis le jour où j’ai serré sa main sur son lit d’agonie, sans qu’elle m’ait répondu, il me semble que nos études ont été atteintes dans quelque organe vivant, près du cœur.

799. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

L’hôtel de Rambouillet est tout à fait hors de ces débats : l’ombre encore vivante de la marquise octogénaire plane fort au-dessus ; et la duchesse de Montausier est habituellement retenue à la cour par sa place de gouvernante.

800. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XII. Demain »

Nous savons bien qu’elle ne serait avec nous qu’en apparence et il nous est indifférent, à nous les seuls vivants, que notre patrie morale se peuple ou non de fantômes et d’échos.

801. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Transplantés à Rome, les jeunes dieux de l’Hellade s’immobilisent et se glacent : avec la sève de la terre natale, toute poésie vivante s’est retirée d’eux.

802. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

les grandes Chasses et le Turf, les deux choses que Chapus sait si bien et qui passionnent tant sa pensée, disparaîtraient de ce monde que les deux livres qui en traitent ne s’en liraient pas moins avec avidité et avec plaisir, parce qu’ils sont émus, colorés, vivants !

803. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

En effet, cette manière d’écrire l’histoire d’une époque, en la tournant autour d’un livre considérable ou d’une œuvre justement exhumée, nous semble plus intéressante, plus concentrée et plus vivante que l’histoire qui se déploie d’elle-même, dans son ordre chronologique et dans le mouvement général de ses événements.

804. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Ce n’était donc point alors une cérémonie vaine, où un orateur que personne ne croyait, venait parler de vertus qu’il ne croyait pas davantage, tâchait de se passionner un instant pour ce qui était quelquefois l’objet du mépris public et du sien, et entassant avec harmonie des mensonges mercenaires, flattait longuement les morts, pour être loué lui-même ou récompensé par les vivants.

805. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

De là, sans doute, le peu de succès qu’il obtint de son vivant. […] Comparez sa prose aux divers textes dont il s’inspire, et vous verrez que, tout ce qu’il a pris aux autres, il l’a fait plus clair, plus simple, plus rapide, plus vivant. […] Leur visage vivant nous échappera toujours. […] C’est que, plus nous « inventons » une créature vivante ou morte, plus nous mettons du nôtre dans l’image que nous nous formons d’elle, et plus nous l’aimons. […] L’étrange soudaineté de leur transformation m’empêche de les sentir vivants comme personnages de drame ; et, d’autre part, cette transformation momentanée ayant rompu l’harmonie de leurs mouvements de fantoches, ils auront beau revenir à leur première allure, je ne les sentirai même plus vivants en tant que personnages de vaudeville.

806. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Son théâtre, quoique astreint aux rigoureuses unités grecques, n’en a pas moins porté les leçons pathétiques de la vertu et de la philosophie chez toutes les nations vivantes. […] La sagesse naturelle lui expliquera-t-elle l’effusion d’un sang divin, et versé pour le salut des races expirées, des races vivantes, et des races à naître ? […] Tant de traverses et de courses pénibles lui apprennent à explorer les terres, les mers, et les côtes de l’Afrique et de l’Asie : de là ses descriptions géographiques, si exactes, si riches et si vivantes. […] Ainsi périt, en 1579, dans le dernier abandon, celui qu’on surnomma le Prince des poètes, après l’avoir abreuvé d’amertume, et couvert d’opprobre de son vivant. […] Mais l’autre : « Et l’image d’un père est vivante à ses yeux.

/ 2192