Dans ce pays, comme en Touraine, les vicissitudes de l’atmosphère dominent la vie commerciale. […] Si la lumière est le premier amour de la vie, l’amour n’est-il pas la lumière du cœur ? […] N’est-il pas avide de saisir le temps, d’avancer dans la vie ? […] Soyez donc raisonnable, monsieur, une fois dans votre vie.” […] « À trente ans, Eugénie ne connaissait encore aucune des félicités de la vie.
La Vie brutale. — 1892. […] Les cinquante et quelques chapitres qui composent la Vie brutale ont le rare mérite de n’être pas des « études de la vie parisienne », cette vie parisienne tant exploitée qu’il n’y reste rien qui ne soit devenu une insupportable redite. […] La Vie sans lutte. — 1892. […] Tu construis la mort quand Dieu sème la vie ! […] « Qu’est donc, ô Seigneur, cette vie que tu me donnes ?
Il me semble que j’ai rêvé ma vie ». […] la vie est si bête ! […] Pour beaucoup de gens, vie de bohème et vie littéraire sont synonymes. […] L’ennui a empoisonné sa vie. […] Je répondis au hasard : — N’importe où… Dans la vie… — La vie ?
En ceci, la vie sociale ressemble à la vie humaine. […] Il s’agit de la vie de la France. […] Elle est née de cerveaux fonctionnant à côté de la vie, et non en pleine vie. […] C’est donc accepter la vie. […] Elle respecte la vie au lieu de la forcer.
Il y a beaucoup d’exemples de braver la première en respectant la seconde ; alors le caractère prend une sorte d’amertume et de misanthropie, qui exclut beaucoup des bonnes actions que l’on fait pour être regardé, sans anéantir toutefois les sentiments honnêtes qui décident de l’accomplissement des principaux devoirs : mais dès qu’on a rompu tout ce qui mettait de la conséquence dans sa conduite, dès qu’on ne peut plus rattacher sa vie à aucun principe, quelque facile qu’il soit, la réflexion, le raisonnement étant alors impossible à supporter, il passe dans le sang une sorte de fièvre qui donne le besoin du crime. […] L’ordre social, qui placerait un tel criminel sur le trône du monde, ne l’apaiserait pas envers les hommes ses esclaves ; rien de restreint dans des bornes fixes, fut-ce le plus haut point de prospérité, ne peut convenir à ces êtres furieux, qui détestent les hommes comme des témoins de leur vie. […] Sans parler même du vague effroi que doit inspirer aux coupables ce qui peut suivre cette vie, il y a quelque chose de sensible ou de philosophique dans l’action de se tuer qui est tout à fait étranger à l’être dépravé. Si l’on quitte la vie pour échapper aux peines du cœur, on désire laisser quelques regrets après soi ; si l’on est conduit au suicide par un profond dégoût de l’existence qui sert à juger la destinée humaine, il faut que des réflexions profondes, de longs retours sur soi, aient précédé cette résolution ; et la haine qu’éprouve l’homme criminel contre ses ennemis, le besoin qu’il a de leur nuire, lui feraient craindre de les laisser en repos par sa mort ; la fureur dont il est agité, loin de le dégoûter de la vie, fait qu’il s’acharne davantage à tout ce qui lui a coûté si cher. […] il serait si difficile de ne pas s’intéresser à l’homme plus grand que la nature, alors qu’il rejette ce qu’il tient d’elle, alors qu’il se sert de la vie pour détruire la vie, alors qu’il sait dompter par la puissance de l’âme le plus fort mouvement de l’homme, l’instinct de sa conservation : il serait si difficile de ne pas croire à quelques mouvements de générosité dans l’homme qui, par repentir, se donnerait la mort ; qu’il est bon que les véritables scélérats soient incapables d’une telle action ; ce serait une souffrance pour une âme honnête, que de ne pas pouvoir mépriser complètement l’être qui lui inspire de l’horreur.
L’homme qui a fixé ces souvenirs fut un professeur savant et modeste, qui, doué des aptitudes les plus rares de la pédagogie, dévoua sa vie à l’enseignement et ne chercha que là sa gloire. […] Pour toutes les questions de la vie ou de la pensée, c’est toujours ou la mort sans phrases, ou la mort avec des phrases et des sursis, que nous agitons ! […] Il ne nous raconte pas ses impressions et sa vie, et ses manières, longuement déduites, de penser, et ses excuses pour avoir agi. […] En créant les départements, la Révolution, tombée dans la démagogie, était impuissante à organiser la vie dans ces sortes de chefs-lieux. […] Mais le fédéralisme girondin des villes n’eut pas un quart d’heure de vie et d’honneur.
Ces premières années, cette vie de famille et d’enfance, qu’il aimait à se rappeler et qu’il a consacrée en plusieurs endroits de ses écrits, laissèrent dans sa sensibilité de profondes empreintes. […] Il essaya de se faire le précepteur particulier des fils d’un riche financier, mais cette vie d’assujettissement lui devint insupportable au bout de trois mois. […] Lui qui regretta plus tard si éloquemment sa vieille robe de chambre, combien davantage ne dut-il pas regretter cette redingote de peluche qui lui eût retracé toute sa vie de jeunesse, de misère et d’épreuves ! […] Ses mœurs, au milieu de cette vie incertaine, n’étaient pas ce qu’on pourrait imaginer ; on voit, par un aveu qu’il fait à mademoiselle Voland (t. […] » Ce fut une singulière destinée de Diderot, et bien explicable d’ailleurs par son exaltation naïve et contagieuse, d’avoir éprouvé ou inspiré dans sa vie des sentiments si disproportionnés avec le mérite véritable des personnes.
Cette souveraineté de Dieu ou de la nature a promulgué ses lois sociales par les instincts de tout homme venant à la vie. […] Aussi voyez comme cela civilise, comme cela dure, comme cela multiplie la vie et l’ordre dans l’espèce humaine ! […] Devoir de donner la vie de chacun pour la défense et le salut de tous dans cette société de familles associées devenues patries par cette loi spiritualiste du dévouement si contraire à la loi de l’égoïsme des législateurs athées ; devoir du sacrifice de la vie même à ceux de ses semblables qui ne sont pas encore nés ; devoir surnaturel que les hommes appellent héroïsme, et que Dieu appelle sainteté ! […] XV Ce pacte de la société vraie, le voici : Dieu a créé l’homme corps et âme, à la fois ; Corps, pour s’exercer ici-bas comme un apprenti de la vie terrestre à la vie céleste, qui sera dégagée des sens et des temps. […] À trente-six ans elle prit la plume et elle écrivit ses pensées sur le sujet qui occupait le plus sa vie, la religion.
Il y a là un mystère, parce que nous touchons à quelque chose de semblable à la vie et de semblable à la création. […] Quelle multitude d’êtres de fiction ont multiplié pour les passants de la terre les images et les attitudes de la vie ! […] Par un privilège de la jeunesse, la douleur est ce qui compte le plus dans toute vie humaine, et ce qui s’imagine le moins bien, quand on n’a pas souffert. […] Elle pourrait servir aux désespérés qui n’aperçoivent qu’eux-mêmes dans la vie. […] Elle gouverne la vie de Dominique.
Le livre sera reproduit ainsi comme un objet de lecture réelle sur lequel se seront fixés des yeux humains froids, souriants, émerveillés, hagards, ou à demi clos d’une douleur qui se contient, yeux d’hommes las de vrais spectacles, limpides ou cruels yeux de femme, yeux ternes des oisifs, yeux lumineux d’adolescent qui, se durcissant aux fictions, s’accoutument à la vie. […] Taine, la minutieuse enquête de Sainte-Beuve, le réalisme humain des meilleurs biographes anglais, les études anecdotiques comme celles des romantiques, seront fondus ensemble et concentrés au point de donner de l’homme, de ses contours, une apparente image : on aura ainsi les procédés qu’il faut pour pénétrer de réalité, de vérité, de vie, pour galvaniser et animer l’être dont l’âme aura paru morte et morcelée d’après le travail de l’analyseed. […] Taine reprend toute sa valeur et toute son importance ; elle est celle qu’il faut prendre pour tenter de recréer en pleine vie le groupe d’individus humains dont on aura déterminé grossièrement mais exactement le mécanisme interne par l’analyse de leurs admirations, et que l’on aura appris à considérer, non plus comme les producteurs premiers ni de l’œuvre qui les rallie, ni des œuvres de leur temps, mais au contraire comme des êtres faiblement semblables à l’auteur de ce qui les émeut, et fixés dans cette similitude par cette émotion même. […] Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré. […] C’est la raison pour laquelle la « synthèse », création seconde, création consciente d’elle-même, sera du côté de la « vie ».
Presque toujours cruelle pour les hommes supérieurs, elle n’a pas fait expier à celui-là sa supériorité par les malheurs de sa vie. […] Travailleur et viveur, il menait, de front, le travail et la vie, comme on mène une voiture à deux chevaux ardents, que l’on contient par la force du poignet et encore plus par sa souplesse. […] il en bénéficia, puisqu’il lui succéda dans sa charge… Cependant la voiture aux deux chevaux de feu qu’il mena toute sa vie à bride abattue, et qui devait le tuer, le tua. […] L’auteur de ce livre intitulé Hugues de Lionne 50 l’a pensé, mais la vie qu’il en a écrite ne le prouve pas. […] II Ainsi, c’est la vie qui manque dans cette Vie.
… Il faut être au courant de la vie que lui firent les philosophes, qui pouvaient tout dans le temps où la France était au pillage de leurs idées et de leurs ambitions, pour savoir à quel point sublime Fréron poussa l’invulnérabilité. […] Après vingt-trois ans de luttes, on finit par supprimer à Fréron son journal, son Année littéraire, l’illustration de toute sa vie, son mérite devant Dieu ! […] C’était une espèce de Boileau en prose, élargi et vaste, avec plus de chaleur au cœur que Boileau et plus heureux, car les dindons auxquels il eut affaire toute sa vie ne purent jamais l’émasculer… Il a même jugé Boileau, qu’il respectait, de manière à faire croire qu’il le dominait par le sens critique. […] Le remords de la médiocrité le déchire. — Le grand poète est un Dieu qui secoue sur tout le flambeau de la vie. » Quelle grandeur dans la simplicité ! […] M. de Barthélemy a mêlé aux citations qu’il fait de Fréron la vie de ce Stator de la Critique, qui résista et combattit jusqu’au brisement de sa plume et de son cœur, et cette vie de Fréron, chaudement racontée, est de la même unité que ses écrits.
… d’originalité, — ce diadème futur de leur talent et de leur vie, — mais pour la plupart des hommes la pousse de l’originalité a son heure, comme la pousse des ongles et de la crinière, et Cantel attend encore la sienne, comme un lionceau. […] Sommeil, ouvre-moi tes bras, et prends ma vie ! […] Le monde, le monde sur lequel le poète opère, existait et avait son prix (et son prix éternel) avant d’être pétri par la main du poète, avant d’être animé de son souffle : il vivait, et vivait si bien que le poète n’a qu’augmenté sa vie en lui donnant la sienne, en lui versant, comme une vie nouvelle, sa propre individualité. […] La forme chrétienne a seule la vie. Si nous ne l’avons pas démontré, c’est qu’on ne démontre pas plus la vie que le mouvement, et que le christianisme est toute la vie moderne, — que nous le sentions tous plus ou moins dans nos têtes et dans nos poitrines, — et qu’il est impossible, même à ceux-là qui le maudissent, de vivre deux secondes avec profondeur et puissance hors de l’étreinte de ce christianisme, notre vainqueur et notre maître à tous !
Les grosses fleurs de l’admiration s’épanouiront-elles sur celle mémoire, comme elles s’épanouirent sur sa vie ? […] Il ne le fut pas plus dans la vie que dans la littérature, car voici ce qu’il fut dans la vie. […] Organisé pour la vie matérielle, sensualiste bruyant et ardent qui se souciait fort peu des choses de la pensée, quoiqu’il en parle dans ses livres, surtout dans les derniers, M. […] Il y eut deux parts dans sa vie, et la critique doit bien les marquer. […] Encore une fois, nous le savons, c’était là une pose, la pose d’un esprit qui n’eut qu’un souci dans sa vie, — ce qu’on penserait et surtout ce qu’on dirait de lui.
Il a commencé par contempler la vie, et ne s’est ingénié que tard à apprendre les moyens d’exprimer la vie. […] Toute la vie en miniature ne s’y trouve-t-elle pas, et beaucoup plus colorée, nettoyée et luisante que la vie réelle ? […] La vie merveilleuse s’arrête. […] C’est celui qui dérange les conditions de la vie. […] En tout il met la palpitation de la vie.
Ce qui les lance dans la vie, c’est le pétard. […] La course à la vie, en littérature, est un sauve-qui-peut général. […] C’est une vie en puissance, si vous voulez ; mais ce n’est point la vie effective et réelle. […] Partout où cette possibilité manque, la vie éternelle de l’œuvre est en péril. […] Il donne à la parole une vie permanente, en lui laissant perdre, sans dommage essentiel, tout ce qui constitue sa vie éphémère.
Qu’est-ce donc alors que la vie ? […] ……………………………………… Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie. […] Que la vie soit une, se répète indéfiniment, voilà un lieu commun aussi vieux que la vie même. […] Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une… Hélas ! […] Les Contemplations (La vie aux champs).
Hypéracuité d’une part, plus grande intensité de vie de l’autre, ces deux qualités communes à toute introspection s’exaspèrent ici du fait qu’il s’agit d’introspection douloureuse. […] On peut souffrir toute une vie sans avoir — fût-ce une minute — fait œuvre d’artiste. […] ⁂ Les qualités de vie, de puissance, signalées plus haut comme spéciales à l’auto-observation rendirent jaloux ceux qui n’en pouvaient disposer. […] Claretie, La vie à Paris, 1880, p. 445-446, in Chronique médicale, 15 février 1896. […] Claretie, Vie à Paris, 1889, 445-446.
Il faut prendre garde aussi que certains traits de leur vie, qui nous laisseraient indifférents si nous les rencontrions dans une vie d’homme, ne nous disposent à la rigueur ou à trop d’indulgence et que nous ne soyons induits à trop bien traiter celles qui ont été vertueuses et trop mal celles qui ne l’ont pas été — à moins que ce ne soit tout juste le contraire. […] Et c’est le premier monument de vie intérieure que nous rencontrions sur notre chemin. […] On a vu quelle vie et quelle variété. […] Elles ont joué un rôle considérable dans la vie de tous les grands écrivains, presque sans exception. […] Leur charme contribue autant à la beauté de la vie que la littérature et est, chez certaines femmes, un produit aussi voulu et aussi préparé.
Elle substitue au monde réel et à la vie pratique ou nous devons déployer notre activité utile et remplir notre tâche d’êtres moraux, une image de rêve, un mirage qui nous abuse et nous égare. […] Il est le serviteur de la vie, c’est-à-dire de l’altruisme. […] Nietzsche condamne dans le réalisme cette objectivité, cette impersonnalité, cette impassibilité voulue (à la Flaubert) qui sont en contradiction avec sa propre apothéose de la vie. Le pessimisme est antiesthétique en ce qu’il nie la vie. […] Il y a bien des formes de vie et bien des degrés de vitalité.
C’est que la loi morale, en même temps qu’elle fait tout l’honneur de l’homme, est aussi la règle de sa vie. […] Il voudrait juger sa propre vie avec la plus stricte impartialité qu’il ne le pourrait point. […] Elle est d’abord la condition essentielle de la vertu, le prix dernier de la vie morale et son trésor. […] Il connaît profondément la vie, et les tableaux qu’il en trace sont de la plus rare exactitude. […] La conscience l’inspirera toujours mieux que la pratique la plus consommée de la vie.