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1968. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Ogier écrivait pour la tragi-comédie de Schelandre, Tyr et Sidon 312, la plus vigoureuse défense qu’on ait faite du théâtre irrégulier : au nom de la vérité, il maintient le mélange des genres, du tragique et du comique ; au nom du plaisir, il autorise la dispersion de l’action dans le temps et dans l’espace. […] C’est dire que l’intérêt du Cid n’est pas dans la couleur historique, mais dans la vérité humaine.

1969. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il réclame plus de vérité : il demande la continuité de l’action et du mouvement scénique, la suppression des tirades, des mots d’auteur, le développement minutieux et progressif des sentiments, l’exactitude du décor, et le naturel de la déclamation. […] Sur ces deux points, les idées de Diderot ont été fort attaquées : on ne met pas en général assez en lumière les vérités qu’elles contiennent.

1970. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Hugo, au siècle de Comte et de Darwin, le répète avec aisance : le mythe est la forme essentielle de son intelligence Sa volonté candide de penser ne laisse dans la nature aucun phénomène où il n’aperçoive la transcription sensible de quelque redoutable énigme ou d’une auguste vérité : toute sensation tend à devenir symbole, tout symbole à se développer en mythe. […] Sully Prudhomme a réussi plus constamment dans la courte méditation qui réalise par une image gracieuse ou touchante quelque vérité philosophique, un fait de notre vie morale, une loi de la vie universelle.

1971. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

C’est sans doute ma faute ; et lorsque, ensuite, je l’ai vu si digne dans l’affaire des faux autographes, si décidé à braver le ridicule, à sacrifier sa réputation et toute sa vie à la justice et à la vérité, je n’ai plus eu d’étonnement. […] Cet artifice détonne étrangement dans des livres où le souci de la vérité est, partout ailleurs, si évident.

1972. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Mais nous avons trouvé peu de vérité dans l’explication qu’il donne des causes qui auraient amené cette révolution dans le style et par suite dans la langue. […] Newton se comparant dans ses Mémoires à un enfant qui ramasse des coquillages au bord du grand océan de la vérité n’est pas différent de Newton écrivant dans une formule algébrique les mouvements des corps célestes ou les lois de la lumière.

1973. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Écoutons, sur ce passage du Saint-Bernard, Napoléon lui-même : « Le Premier consul montait, dans les plus mauvais pas, le mulet d’un habitant de Saint-Pierre, désigné par le prieur du couvent comme le mulet le plus sûr de tout le pays. » Voilà bien la différence de la réalité au tableau, ou plutôt de la déclamation à la vérité. […] L’analogie et la vérité des descriptions étaient frappantes ; elles conviennent encore à ce pays, après tant de siècles et de vicissitudes. » Il y eut là un moment où cette grande destinée faillit se détourner à jamais ; une victoire de plus pouvait la faire verser du côté de l’Asie.

1974. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Des faits récents ont mis cette dernière vérité en lumière. […] » C’est le même moraliste, contemporain de Cromwell, qui a dit cet autre mot si vrai et qu’oublient trop les historiens systématiques : « La fortune et l’humeur gouvernent le monde. » Entendez par humeur le tempérament et le caractère des hommes, l’entêtement des princes, la complaisance et la présomption des ministres, l’irritation et le dépit des chefs de parti, la disposition turbulente des populations, et dites, vous qui avez passé par les affaires, et qui ne parlez plus sur le devant de la scène, si ce n’est pas là en très grande partie la vérité.

1975. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Placé entre une convenance et une vérité, il eût craint également de manquer à l’une ou à l’autre. […] La vérité seule nous a obligé de noter ce point douloureux que tout le monde taira.

1976. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Le trait distinctif de son esprit était de saisir la vérité, la réalité des choses et des personnes, sans illusion d’aucun genre. « N’est-il pas insupportable, disait-elle de son monde factice, de n’entendre jamais la vérité ? 

1977. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Au fond, il aime mieux (et elle le sait bien) donner jour à sa Métaphysique et la produire en lumière, que de la sacrifier sans bruit à l’amour et au bon sens : c’est bien là l’homme de lettres dans sa vérité de nature. […] Elle parle de l’amour avec vérité, avec justesse, mais sans ce tact délicat qui le respecte.

1978. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Les plus sincères sont vrais tout au plus dans ce qu’ils disent, mais ils mentent par leurs réticences, et ce qu’ils taisent change tellement ce qu’ils feignent d’avouer, qu’en ne disant qu’une partie de la vérité, ils ne disent rien. […] Et il continue, avec ce sentiment de bonhomie, d’observation et de vérité naïve, à développer un tableau où tout est parfait, où tout enchante, et où il n’y a que le nom de Maman appliqué à Mme de Warens qui froisse moralement et qui fasse peine.

1979. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Pourtant, dans une lettre toute voisine de celle-là, la vérité perce, et je saisis un aveu qui prouve que la revanche n’est jamais complète, même aux yeux des héroïnes qui s’en donnent le plaisir. […] Elle y revient trop fréquemment ensuite et entre trop particulièrement dans le détail de ce qu’elle découvrit en lui, pour qu’on n’y voie pas de sa part une vérité plus forte que la flatterie.

1980. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

D’Antin, qui saisissait par l’esprit et même par le cœur bien des lueurs de sagesse et de vérité, avait l’âme muable, facile, ouverte et abandonnée à toutes les choses qui passent, et y reprenant sans cesse. […] La chose du monde que je comprends le moins, c’est qu’un homme se conduise comme je fais, et qu’il soit aussi convaincu que je le suis de toutes les vérités que je mets sur le papier.

1981. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

… Et encore, parlant de la vérité dans la satire : C’est elle qui, m’ouvrant le chemin qu’il faut suivre, M’inspira, dès quinze ans, la haine d’un sot livre… ; la haine des sots livres, et aussi l’amour, le culte des bons ouvrages et des beaux. […] Et pourtant il y a la race encore de ceux qui, voyant ce faux et ce convenu hypocrite, n’ont pas de cesse que, sous une forme ou sous une autre, la vérité, comme ils la sentent, ne soit sortie et proférée.

1982. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Ô erreurs sacrées, mères lentes, aveugles et saintes de la vérité ! […] La science est l’asymptote de la vérité.

1983. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Il cherchait la vérité générale, non l’exception, et, au milieu des fantaisies d’une brillante imagination, son esprit fixait un type réel. […] La vérité était qu’il gênait les romantiques, car ils sentaient en lui un adversaire redoutable, un auteur dramatique qui renouait la tradition française par-dessus l’insurrection de 1830.

1984. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

* * * Outre les génies de différentes sortes que nous venons de passer en revue et les hommes de toutes professions, y compris celles de voleur, de griot, d’apiculteur et d’éleveur de poules, les personnages ci-après jouent leur rôle dans les contes : goules, vampires, sorciers et contre-sorciers, végétaux, minéraux, objets divers et abstractions variées : la faim, la mort, le mensonge et la vérité, etc, etc. […] La mort créancière, —L’intrus dans l’Aldiana 95, la Faim, Le choix d’un lanmdo, l’Humanité [Adina] , le Mensonge et la Vérité)96.

1985. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

« La vérité doit parfois être atténuée ou même cachée » (Hammat et Maudiay. […] Ils prônent la discrétion, parfois même aux dépens de la franchise, car la vérité n’est pas toujours bonne à dire et mieux vaut la taire quand elle est trop désagréable à entendre.

1986. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Enfin, nous devons aussi à Mme Stern un Essai sur la liberté dont les Esquisses morales ne sont qu’un corollaire : « Car, — dit-elle dans la préface de ses Esquisses, — elles sont l’effort d’un esprit consciencieux qui, pour rappeler une formule célèbre, a cherché de tout temps et ne cessera jamais de chercher la vérité par la liberté et la liberté par la vérité. » Or, ce qu’elle a trouvé, nous allons le voir.

1987. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Mais ce qu’on croit la vérité ne change pas, et c’est pour cela qu’il ne faut pas craindre de la répéter. […] Ici au moins, dans Brizeux, si la vérité n’est pas intense, elle n’est que diminuée.

1988. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Si le fait n’est pas vrai d’une vérité historique, il l’est d’une vérité psychologique.

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