On a trouvé, parmi ses papiers, des observations, écrites de sa main, sur les règles les plus fines de la grammaire et sur l’usage des mots. […] Là, nul système, nul écart, nul transport ; en toutes choses, un esprit aussi prudent et circonspect à induire que hardi dans l’expression des choses évidentes ; déterminant avec rigueur, dans les opérations de l’intelligence, le rôle de la raison et de l’imagination ; traitant celle-ci en suspecte ; lui interdisant de décider ; réduisant son bon usage à rendre l’esprit attentif ; déclarant que, comme elle suit simplement le sens, elle ne peut avoir la connaissance et le discernement du vrai et du faux, et que, « s’il est clair que, pour faire un habile homme, il faut de l’imagination et de l’esprit, dans ce tempérament il faut que l’intelligence et le raisonnement prévalent. » Ce livre lui-même est le plus bel exemple de la part qu’il faut faire à l’imagination et à l’entendement dans les ouvrages de l’esprit, si l’on veut « que la raison préside toujours. » On a fait depuis, on avait fait auparavant, on fera encore une autre métaphysique, une autre logique ; on ajoutera au nombre et aux noms des facultés ; mais tout esprit assez sage pour se contenter, dans l’ignorance où nous serons éternellement des causes, de la connaissance claire et exacte des effets, trouvera dans le traité de Bossuet de quoi se mettre en paix. […] Aux remarques qu’il fait sur la nécessité de la fixer, de réprimer les bizarreries de l’usage et de tempérer « les dérèglements de cet empire trop populaire », on sent qu’il a dû se rendre le témoignage d’avoir bien mérité d’elle123. […] Ceux-ci profitaient réciproquement de leurs qualités, à peu près comme des armées ennemies se forment, en se combattant, aux usages de guerre et à la discipline qui donnent la victoire. […] Le représentant du catholicisme, c’est-à-dire de l’universel, devait repousser une doctrine à l’usage d’esprits de choix, d’âmes placées dans un certain état, laquelle corrompait l’excellence même du christianisme, qui est d’être la religion de tout le monde, des esprits de toute nature et de tout état.
Mais un fait nouveau est intervenu : la fondation d’un « théâtre clos » à l’usage de l’élite, amorcée sinon accomplie par Racine. […] Qu’on lui attribue le sens qu’on voudra, Ubu Roi de Jarry, c’est du théâtre « cent pour cent », comme nous dirions aujourd’hui, du théâtre pur, synthétique, poussant jusqu’au scandale l’usage avoué de la convention, créant, en marge du réel, une réalité avec des signes. […] Il ne les a pas inventés, mais retrouvés dans la tradition et ranimés à notre usage. […] Il les initia au jeu pur et improvisé, à l’usage du masque, à l’usage du chœur, au style et à l’acrobatie.
Thiers ; il l’introduisit le premier et en démontra vivement l’usage ; cette idée, en deux mots, la voici : « Enfermer les Bourbons dans la Charte, dans la constitution, fermer exactement les portes ; ils sauteront immanquablement par la fenêtre. » — « Tenons bon, disait encore M. […] Mêlant, selon son habitude, à ces considérations générales des données positives et techniques, et ne négligeant aucun détail matériel (tel que la coupe des pierres, leur attache, etc., etc.), il croit être arrivé à des résultats capables de satisfaire, et, par exemple, il se voit en mesure d’expliquer, de motiver en détail le passage de l’architecture grecque à la romaine, par la nécessité d’agrandir la première en l’adaptant à de certains usages déterminés du peuple-roi, et par le mélange du goût oriental. […] Le livre second tout entier est consacré au mécanisme nouveau de la réorganisation départementale, judiciaire, financière, « à cette œuvre de réorganisation, est-il dit, dont le jeune général faisait son occupation constante, dont il voulait faire sa gloire, et qui, même après ses prodigieuses victoires, est restée, en effet, sa gloire la plus solide. » Dans cet exposé multiple, l’historien a fait usage, comme on pense bien, de toutes les ressources lumineuses qu’on lui connaît, mais il les a poussées à leur dernier terme.
L’autre force, c’est-à-dire, celle qui renverse les obstacles opposés à nos désirs, a le succès pour récompense aussi bien que pour but, mais il n’est pas plus admirable de faire usage de son esprit pour asservir les autres à ses passions, que d’employer son pied pour marcher ou sa main pour prendre ; et dans l’estimation des qualités morales, c’est le motif des actions qui seul en détermine la valeur. […] — Shakespeare dit en parlant du Suicide : faisons ce qui est courageux et noble suivant le sublime usage des Romains, et que la Mort soit orgueilleuse de nous prendre 3. […] L’activité et la patience ont leur temps tour à tour ; il faut faire usage de sa volonté tant que l’on peut ainsi servir les autres, et se perfectionner soi-même ; mais lorsque la destinée est, pour ainsi dire, face à face avec nous, notre courage consiste à l’attendre, et regarder le sort est plus fier que s’en détourner.
Mais, après quelques mois de séjour dans cet Éden de poésie, il commença, selon son usage, à se lasser du repos, à soupçonner qu’il n’était pas libre, à quitter Mantoue, à se plaindre de ce que les égards dont on l’avait environné à son arrivée n’avaient plus le même caractère de vivacité et de chaleur, et à parler d’aller à Loretto pour y implorer un nouveau prodige de la Vierge. […] « Dans ce mouvement lent et tranquille, le guerrier ne reprend point encore l’usage de ses sens ; mais de faibles soupirs prouvent qu’il conserve un reste de vie. […] Mais ces cent ducats lui furent retenus par l’agent du duc de Mantoue à Rome, de peur qu’il n’en fît sans doute un autre usage.
Mais il ne sait pas d’avance comment on tient une cour de justice, quels sont les usages dans les parlements, ou au couronnement d’un empereur, et pour ne pas, en pareils sujets, blesser la vérité, il faut que le poète étudie ou voie par lui-même. […] Cela vient de ce que les poètes français ont des connaissances ; mais nos fous allemands croient qu’ils perdront leur talent s’ils se fatiguent pour acquérir du savoir ; tout talent pourtant doit se soutenir en s’instruisant toujours, et c’est seulement ainsi qu’il parviendra à l’usage complet de ses forces. […] Nous allâmes ensuite à l’observatoire, et le docteur Schrœn nous montra de beaux instruments dont il nous expliqua l’usage.
Il leur distribue des coupes d’or ; un héraut s’empresse d’y verser le vin. » — « Ne diriez-vous pas, mes enfants, reprit notre mère, que ces usages domestiques, qui existaient il y a plus de trois mille ans, sont d’hier ? […] « Que les dieux immortels me préservent de vous laisser aller loin de nous coucher dans votre barque, comme si je n’étais qu’un indigent dénué de tout, qui n’a dans sa maison ni manteaux ni couvertures à son usage, et qui ne peut offrir un lit moelleux à ses hôtes ! […] Mais ici notre mère, retrouvant toutes les naïvetés du ménage antique restées les usages du ménage moderne dans notre vie rurale, redoubla d’intérêt dans sa voix et redoubla notre attention par la sienne.
On connoît cet Ecrivain que l’esprit d’indépendance fit sortir d’un Ordre respectable où il s’étoit lié par des vœux, & qui après avoir secoué le joug de la Religion Catholique, ne fit presque plus d’autre usage de ses foibles talens que pour attaquer aussi vainement que lottement la foi & les bonnes mœurs. […] On peut donc supposer qu’il n’existoit, à l’usage des gens du monde, qu’une traduction des Métamorphoses, celle de l’Abbé Bannier : à Amsterdam 1732. […] Dans un sujet consigné partout, soit dans les monumens publics, soit dans la mémoire des Romains par une tradition presqu’orale, Lucain ne pouvoit plus faire usage des grandes machines de l’Epopée, & faire intervenir à son gré les Dieux ; mais la fiction qu’il n’avoit pas la liberté de répandre dans l’économie de son poëme, il l’a fait entrer dans les détails.
On a vu que les modifications des organes corporels apparaissent accidentellement, se développent par l’usage ou l’habitude, et diminuent ou se perdent par l’inactivité ; je ne puis douter qu’il n’en soit de même pour les modifications des instincts. […] Mais un pareil instinct chez nos poussins domestiques est maintenant sans utilité, les mères ayant perdu presque complétement l’usage de leurs ailes par l’effet de la domesticité. […] On reconnaît les membres de l’une des castes neutres des Cryptocerus à une sorte de bouclier très singulier qu’ils portent sur la tête et dont l’usage nous est complétement inconnu.
Il est sans doute le premier à déplorer l’usage étrange qu’on a fait de sa démonstration. — Précédemment (à la page 65), j’ai cité en note une protestation de Joseph Vianey contre l’erreur systématique de ceux qui se contentent de rapprocher des textes sans s’occuper des individualités dans leur ensemble. […] L’importance des chœurs, le petit nombre des personnages, leur dialogue antithétique, leur qualité sociale, l’usage même du vers, tout cela s’explique, non point par un libre choix de la volonté, mais par la genèse de la tragédie. […] Pour ne citer qu’un seul des éléments importants du problème : l’usage des vers reviendra-t-il ?
Magnin savait si bien l’usage, comblaient les interstices, et sur l’ensemble du travail brillait un vernis de netteté et comme un enduit solide et consistant. […] Je ne le plaindrai point d’avoir tant dépensé pour si peu, je l’envierai plutôt : il a joui de lui-même pendant de longues heures, il a pratiqué le précepte du sage : Cache ta vie ; il a fait d’une toute petite santé un long et ingénieux usage ; il a souri dans la solitude à d’innocentes pensées et s’est égaré à loisir dans les sentiers qu’il préférait ; enfin, lettré par vocation et qui n’était que cela, il a réalisé, selon ses forces et dans sa mesure, un rêve pacifique et doux103.
Collombet, mais débarrassée d’ailleurs de toute surcharge de notes qui ne sont bonnes qu’une fois, et qu’il faut laisser en leur lieu à l’usage des érudits. […] Mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui estre agréables et s’adonne aux complexions contraires à soi-mesme, comme celui qui porte le bouquet en main… » Tout ce passage du plaidoyer d’Apollon est comme un traité de la bonne compagnie et du bel usage.
VIII À l’exception d’un vieux portique de colonnettes accouplées en faisceaux, qui déborde le seuil de la galerie extérieure portée par des arcades massives, et d’une tourelle à flèche aiguë qui fend le ciel à un angle occidental du vieux château, rien n’y rappelle à l’œil une construction de luxe : c’est l’aspect d’une large ferme creusée pour des usages rustiques dans le bloc épais d’un manoir abandonné. […] On voit, dès les premiers vers de cette éloquente inspiration contre son siècle, que le grand poète partage au fond notre répugnance à employer la grande poésie aux petits usages de la vie civile.
Le discours qu’il adresse à Vespasien pour le décider à briguer l’empire, est un cours de politique à l’usage des ambitieux, aussi habile en séductions du pouvoir que le discours d’Othon est magnanime de désintéressement et de philosophie. […] D’ailleurs elle-même, par l’usage du contrepoison, avait prémuni sa vie contre ce genre de mort.
Donc, cette croyance à la liberté illimitée de la presse était, en lui, ou une fiction à l’usage d’un imbécile, ou un crime contre l’ordre social. […] On la lui laissa, et il n’en fit usage que pour flatter les républicains par ses injures à Louis-Philippe et par ses caresses officielles à la monarchie exilée : sans dignité dans son style, sans sincérité dans ses démonstrations ; ami de Carrel et de Béranger en France, et ami des Bourbons exilés en Allemagne, flairant la popularité sur les débris du trône légitime et sur les pressentiments de la démocratie prochaine, faux des deux côtés.
D’abord sa liberté ne l’enivra pas : content de se sentir maître de sa volonté et de l’usage de son esprit, il continua de résider dans la maison de la cour du Palais qui avait passé à son frère Jérôme ; ce fut sans doute alors que, selon son expression, il « descendit au grenier », de l’étroite guérite sous le faîte du toit, où il avait logé jusque-là. […] On trouvait au fond des pots les idées hardies ou plaisantes ; d’insolentes facéties, comme le Chapelain décoiffé, et la Métamorphose de la perruque de Chapelain en astre, naissaient comme d’elles-mêmes après boire ; et si l’on examinait souvent quelque point de doctrine, la raison d’un usage ou d’une règle, si ce fut vraisemblablement dans ces conversations autour de la table que nos écrivains prirent conscience de leur rôle, et que Boileau exerça sur leur génie une sorte de direction salutaire par la droiture de son sens critique, il ne faut pas oublier que ces bons compagnons faisaient une besogne sérieuse très peu sérieusement, sans morgue dogmatique, sans tapage et sans pose, n’ayant l’air de songer et ne songeant en effet qu’à se divertir.
Oui, le Midi eut pu fournir en tout temps de très grands poètes, si, pervertis et contraints par l’esprit niveleur de l’unitarisme français, ceux que tentait le chant, n’eussent dédaigné l’usage de leur propre langue. L’usage retrouvé ne nous a-t-il pas aussitôt donné un Mistral et un Aubanel ?
Je ne veux même pas parler des ravages du bas-bleuisme déchaînés par l’usage des prix côté des dames. […] Robert Scheffer Voici mon opinion féroce et sincère : Ce vampire de lettres, le vieux et ridicule Goncourt, qui institua le fameux prix par vanité et pour sauver son nom d’un oubli certain, on devrait, selon l’usage rituel, lui percer le cœur d’un pieu bien aigu afin qu’il cesse ses exploits.
Ils commencent par établir sur chaque branche de littérature les préceptes que l’usage a consacrés, puis ils passent en revue les divers ouvrages qui en font partie, et le jugement qu’ils en portent se formule d’après les principes qu’ils ont posés, comme étant sous ce rapport la législation souveraine et absolue. […] L’instrument est de création divine, l’usage est d’invention humaine.
S’agit-il, par exemple, de l’usage des passions dans le drame, elle recueille dans les auteurs dramatiques les plus divers et les plus inégaux les traits vrais ou spécieux dont ils ont peint une passion ; elle compare les morceaux, non pour donner des rangs, mais pour faire profiter de ces rapprochements la vérité et le goût ; elle y ajoute ses propres pensées, et de ce travail de comparaison et de critique elle fait ressortir quelque vérité de l’ordre moral. […] L’esprit se sent élevé par ces pures créations de l’art, alors même que le bon sens s’étonne de ce qui s’y mêle de critiques spécieuses contre des usages et des croyances que respectent tous les honnêtes gens.
On entrait dans la cour par une grande porte cintrée, surmontée d’un abri d’ardoises, à côté de laquelle se trouvait une porte plus petite pour l’usage de tous les jours. […] Ils seraient près de lui, le toucheraient, serviraient à ses usages ; ils seraient elle-même près de lui.