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1707. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Macbeth tue le sommeil, l’innocent sommeil, le sommeil qui remet en ordre l’écheveau confus de nos soucis ; le sommeil, mort tranquille de la vie de chaque jour, bain accordé à l’âpre travail, baume de l’âme malade, loi tutélaire de la nature, l’aliment principal du tutélaire festin de la vie. » LADY MACBETH. […] Il y vécut de ses travaux passés et persévérants avec sa charmante épouse, sœur de Virginie ; lui-même, digne frère de Paul. […] Dieu seul connaît ce que j’ai souffert et ce que je suis destiné à souffrir encore en disputant, par un travail forcé, l’ombre de la dernière tuile de mon toit à l’inimitié du monde.

1708. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

§ 6 Des bourrasques, des rafales, le lent travail des siècles viennent toujours démolir ou désagréger, fissurer les édifices de croyance où l’humanité se réfugie et à l’abri desquels elle n’arrive point à se trouver heureuse. […] Un boulanger a le devoir de faire un pain agréable au goût et sain pour l’estomac, il a, en revanche, le droit de recevoir de ses clients de la monnaie qui ne soit point fausse, et, d’une façon ou de l’autre, d’être mis en état de vivre et de continuer son travail tant qu’il pourra bien servir ainsi la société. […] Ceux qui parlent des « saints calus du travail honnête » ou du « geste auguste du semeur » ne sont pas ceux qui ont les mains les plus rugueuses, et l’on trouve surtout « sacré », le devoir que l’on exige des autres, ou celui qui doit servir à leur arracher quelque concession.

1709. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Donc, que chacun tâche de ses moyens, en le commun travail ; et saluons l’ouverture de cette saison, très pleine d’espérances. […] Spencer fond en une seule et énorme masse, l’infini des notions acquises par des siècles de minutieux travaux, au point d’en figer le sens en une formule de cinq lignes ; Wagner, héritier de deux siècles de musique, résumant la poésie germanique des Minnesanger à Goethe, en forme une double et simple œuvre, qui est comme la contraction d’un immense rhythme dont l’art antérieur serait l’expansion. […] Il était presque journellement dans la maison de Schiller, et, plus tard, il connut Gœthe, qui appréciait beaucoup ses travaux.

1710. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Il a montré que la moindre excitation cérébrale fait affluer le sang au cerveau, et que, pendant le travail intellectuel, cet afflux du sang est assez grand pour diminuer le volume du bras plongé dans l’eau. […] Le travail intellectuel de perception, ou celui de simple représentation, s’exprime aussi toujours par l’afflux du sang à la tête, par les signes de l’effort d’attention, qui s’irradie dans les divers organes clos sons, modifie la forme des sourcils, des ailes du nez, de la bouche, etc. […] Spencer, nous l’avons vu, l’explique par un reste des habitudes de combat ; Mosso, lui, dit que ce mouvement fut, à l’origine, un mouvement d’attention, qu’il s’est associé ensuite avec le sentiment d’effort et avec les émotions où la peine entre comme élément : ces deux explications, selon nous, n’ont rien de contradictoire : toute peine est un combat, sinon avec d’autres hommes, du moins avec des ennemis intérieurs : on comprend donc que toutes les manifestations de la lutte, et aussi du travail, accompagnent la peine.

1711. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

« Cependant la littérature sanscrite, grâce aux travaux des savants anglais dans l’Inde, acquérait de jour en jour une plus grande extension, et leurs mémoires de plus en plus intéressants, consignés dans le premier recueil des Asiatic-Researches, finirent par éveiller ma curiosité, au point que je me déterminai un beau jour (c’était vers la fin de 1806) à essayer de comprendre quelque chose à l’indigeste compilation dont je viens de parler, et je me suis mis à bégayer l’alphabet. « Quelques mois d’un travail assidu m’ayant mis à même de me former une idée telle quelle du système de déclinaison et de conjugaison sanscrites, et de la manière non moins ingénieuse que compliquée avec laquelle les mots y sont orthographiés, je cherchai aussitôt à me faire l’application de ces éléments, en m’exerçant sur quelque manuscrit ; car il n’existait pas même alors de texte imprimé, sauf celui de l’Hitopadèse, qui n’avait pas encore passé sur le continent. […] Ce n’est plus cette sauvage horreur que la nature, abandonnée à elle-même, imprime aux vastes solitudes ; ici tout se ressent de la présence et des travaux de l’homme.

1712. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

« En ce temps, un sanglier d’une grosseur extraordinaire, né dans l’Olympe Mysien et sorti de cette montagne, désolait le pays et ruinait tous les travaux champêtres. […] Quand ils eurent fini ce travail, il leur ordonna de se retrouver au même lieu le lendemain, après s’être baignés. […] Vous vous assurez alors les biens dont vous jouissez aujourd’hui, avec une infinité d’autres, et vous n’aurez plus à supporter les travaux de l’esclavage. […] Les Égyptiens adorent le bœuf, choisi par leurs prêtres : c’est un instrument actif de labourage et un symbole de la fécondité du travail.

1713. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

L’illumination qu’il eut à Rome ne fut que l’achèvement d’un travail secret de plusieurs années. […] Une lueur de vérité funèbre me fit maudire, non le travail, non la pauvreté, non la peine, mais la grande iniquité sociale, l’impiété, par laquelle est ravie aux petits de ce monde la compensation que Dieu voulut attacher à l’infériorité de leur sort. […] Les hommes qui ont eu une enfance pieuse et qui se sont lentement détachés de la foi par l’insensible travail de leur esprit avec qui conspirent, quelquefois, les exigences de leurs passions de vingt ans, ceux-là ne se convertissent guère ou, s’ils se convertissent, ce n’est pas à vingt-cinq ans, c’est généralement beaucoup plus tard, et c’est par un simple réveil de sentiments qui, au surplus, n’ont jamais été, chez eux, tout à fait spontanés, mais qu’un enseignement exprès avait déposés dans leurs cœurs d’enfants. […] monsieur l’abbé, ou ne dites plus la messe et ne portez plus ce titre d’abbé, ou habillez-vous en prêtre, et vivez en prêtre… Malheur à vous, race fausse, prêtres mondains, non seulement stériles, mais qui, par votre seul aspect, frappez souvent de stérilité le travail des autres !

1714. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

On lui a de plus acheté, comme instruments de travail, pour treize mille francs de cartes, collections, livres, etc., en tout cinq cent et treize mille francs.

1715. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Tout avait été dit sur André Chénier, tout ce que le goût et une vivacité délicate et passionnée peuvent inspirer à une simple lecture ; il restait un travail à faire et d’un détail infini, qui demandait une longue patience, un savoir ingénieux et sagace : c’était de traiter André Chénier comme un ancien, comme un classique qu’il est, de fixer son texte, d’éclaircir tout ce qui se passe de voilé ou de transparent dans ses poésies, de les rattacher avec précision aux diverses circonstances connues de sa vie, de rassembler autour de lui toutes ses sources et ses origines littéraires, d’indiquer toutes les fleurs où il est allé butiner, toutes les ruches ou il est allé piller son miel.

1716. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Cet enseignement prépare des compagnes aux hommes instruits et éclairés qui aimeront à trouver avec qui causer, au logis, de leurs études et de leurs travaux.

1717. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

De retour dans sa patrie, il est revenu sur ses souvenirs : dans un temps où quiconque a vu est si empressé de dire, à un âge où l’on résiste si peu à l’épanchement d’une première impression, il a su longtemps contenir sa pensée, et l’a mûrie par de grands et consciencieux travaux.

1718. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Quand, par ces nuits d’hiver, l’homme de la campagne,   Si vigilant et soucieux, Veut connaître l’instant de quitter sa compagne   Pour le travail, alors ses yeux Cherchent le Chariot qui toujours au ciel reste    Exposant ses trains éclatants : Là sept étoiles d’or dans le livre céleste Indiquent le chiffre du temps.

1719. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux.

1720. (1890) L’avenir de la science « XI »

Enfin c’est de l’analyse du grec et du latin, soumis au travail de décomposition des siècles barbares, que sortent le grec moderne et les langues néo-latines.

1721. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Au milieu des honneurs prodigués aux recherches sur les recoins les plus cachés du monde matériel, entendrons-nous dire que l’examen exact, minutieux, pénétrant de notre nature mentale est un travail vain et superflu, sans bénéfice, sans issue qui vaille ?

1722. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Évoqué quelque paysage aux yeux de l’artiste, vibrée la symphonie de songe à ses oreilles, ou surgie l’Idée pure en son cerveau, les procédés matériels — intuitivement — doivent être choisis ; je dis intuitivement, car le travail formel que j’analyse ici est spontané chez le poète : sinon de la marqueterie.

1723. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

La stérile fécondité de son génie, la variété de ses connoissances, quoique superficielles, l’habitude du travail, cette promptitude avec laquelle il concevoit & exécutoit des plans d’ouvrages, & surtout son intelligence à tirer parti de ceux des autres, à partager le fruit de certaines productions auxquelles il n’avoit fait que présider & prêter quelquefois sa plume & son nom ; tous ces divers moyens l’empêcherent peut-être de sacrifier, comme tant d’autres à la bassesse & d’encenser les ridicules de la grandeur & de l’opulence.

1724. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

J’observerai ici qu’il n’y a aucune contrée de l’Europe plus favorable à l’étude et aux progrès de l’anatomie que la Russie, où la rigueur du froid conservera un cadavre assez longtemps pour que l’anatomiste puisse, sans interruption de son travail, suivre ses dissections quinze à vingt jours sur un même sujet.

1725. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

C’est toujours Elles d’abord, et leurs travaux, et leur envie d’être hommes, à ces singesses, — puis la négation de Dieu, — l’insulte à Jésus-Christ, — des prières hystériques au Dieu-Nature, — et par-dessus tout : le Saint Sacrement de l’amour !

1726. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Il ne pensa jamais à être de pied en cap un historien… Il est mort même sans avoir publié ces notules historiques, qu’il avait peut-être préparées pour d’autres plumes que la sienne, tout en se contentant d’initier les autres, de les renseigner, de les instruire, de venir en aide à quelque bon travail futur, et, par ce côté-là encore, éternellement professeur !

1727. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Ces milliers de plumes dont nous parlons n’ont-elles pas commencé déjà leur travail de fourmi sur cette grande mémoire ?

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