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356. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Mais ils se persuadaient qu’il continuait à vivre sous terre, qu’il demeurait uni au corps avec lequel il était né, et que l’homme après la mort continuait d’être animé des mêmes besoins qu’il avait ressentis durant la vie. « Pour que l’âme fût fixée dans cette demeure souterraine qui lui convenait pour sa seconde vie, il fallait que le corps auquel elle restait attachée fut recouvert de terre. […] Il leur fallut pourvoir au besoin de cette vie souterraine qui devait être la leur durant un temps beaucoup plus long que celui de leur existence à la surface de la terre. […] La propriété fut inaliénable, parce qu’elle n’était à l’origine autre chose que la terre même où était le tombeau ou celle qui l’entourait. […] Le foyer et le tombeau furent à vrai dire les véritables possesseurs de la terre.

357. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Le Dante n’avait pas épuisé la richesse du sol italien rajeuni ; ou du moins, lorsqu’il eut enlevé sa triple moisson, si la terre, comme brûlée de ses feux, dut reposer deux siècles, à côté de lui, au souffle de son génie, une autre flamme était née, brillante et légère. […] je prie que la pitié, qui t’a conduit sur la terre, te fasse prendre en gré cette fertile contrée. […] Voici gisant à terre l’orgueil de ses redoutés remparts ; et il n’y a plus qu’une lamentable relique de son peuple invincible. […] « Ici naquit ce foudre de guerre, père de la patrie, honneur de l’Espagne, le pieux, l’heureux, le triomphateur Trajan, devant qui se prosternèrent dans le silence et la terre qui voit le lever du soleil et celle que baignent les flots, vaincus aussi, de la mer de Cadix. […] » Dans ce dégoût de la terre, dans cette soif d’agonie et de bonheur céleste, les pensées de la sainte, ses stations forcées ici-bas, ses ardeurs d’espérance, sont des hymnes d’amour divin, comme n’en rêva jamais la poésie profane.

358. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Il est de 8 pieds de haut, sur 5 de large.C’est bien pis, quand on cherche le sujet, et qu’après l’avoir appris ou deviné, on s’en tient à dire, comme de la Guérison miraculeuse de St Roch ; c’est un pauvre assis à terre, vis-à-vis d’un ange qui lui dit je ne sais quoi. […] Est-ce que l’idée de ce tonneau percé par l’autre satyre ; ces jets de vin qui tombent dans la bouche de ses petits enfants étendus à terre sur la paille ; ces enfants gras et potelés ; cette femme qui se tient les côtés de rire de la manière dont son mari allaite ses enfants pendant son absence, ne vous plaît pas [?]

359. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

On apercevait au-dessus du mur d’enceinte de ce couvent les cimes vertes de quelques orangers qui contrastaient avec la teinte sale et grisâtre des pierres, et qui faisaient imaginer entre les murs du cloître un petit pan de terre végétale, une oasis de prière, une ombre, une fraîcheur, peut-être une fontaine, peut-être un jardin, peut-être le cimetière du couvent. […] Le choix qu’elle fit d’un autre époux l’attrista sans décourager son admiration pour elle ; il lui demande dans ses odes désintéressées de lui permettre seulement de l’adorer de loin jusqu’à la mort et de lui promettre dans une autre vie le retour platonique de la passion qu’il lui a vouée sur la terre. […] L’infortuné Bernardo, consolé au moins par la présence de son fils, n’avait témoigné à sa dernière heure que la joie d’aller rejoindre, dans le sein de Dieu, cette Porcia qu’il avait tant aimée, et de laisser sur la terre, pour perpétuer son nom, un fils dont la tendresse et la gloire naissante le récompensaient de ses longues adversités. […] Un second départ du cardinal d’Este pour la France, où il possédait d’immenses terres de l’Église appelées bénéfices, interrompit encore cette félicité. […] Ronsard était une sorte de Pétrarque français, qui tentait de donner à la poésie naissante de son pays les ailes de l’imagination italienne et la sphère élevée du platonisme attique ; mais le génie gaulois, prosaïque et trivial, rabaissa bientôt cette poésie au niveau de terre.

360. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Quand la terre devient noble et pure, elle se fait roman, odelette, drame, musique, symphonie et marbre. […] Grâce à leurs saintes révélations, tour à tour la belle lune et les étoiles dansantes, la substance des prairies et les bonds de la mer, la pluie sur les feuilles rauques et le concave azur, la tempête ébranlant la nue horrible et noire, les grandes aubes, les feux balancés, la terre pivotant sur les pôles, les brumes, les molles saisons, l’aurore, l’air, la lumière, tout nous apparaît dans un état pur, comme si Dieu pénétrait encore les formes du monde. […] Et n’est-ce pas par leur entremise qu’il nous est aussi arrivé de faire oraison sur la terre à tout instant ? […] Ce que les physiciens observent sous le nom de polarité et d’attraction, les esthéticiens ont à l’étudier sous le nom de destin et de fatalité ; il est impossible de nier la morale, comme il est impossible de nier les sciences pratiques : « Il peut arriver, a écrit quelqu’un, que nous oubliions les lois de la terre, mais celles-ci ne nous perdent jamais vraiment de vue.

361. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Parsifal, ému d’un nouveau genre d’émotion, brise son arc en deux et le jette par terre. […] Parsifal est toujours là, cloué en terre, d’un air stupide. […] Mais Klingsor, versé dans les sciences occultes, était un grand magicien, il fit sortir de terre un château de perdition rempli de filles charmantes qui attirèrent les chevaliers dans leurs filets. […] Sur un signe de Klingsor, la tour s’enfonce sous terre avec le magicien. […] Aussitôt jardin, castel et magicien s’effondrent avec un immense fracas comme par un tremblement de terre.

362. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 2-5

Voici comme il décrit le Colosse de Rhodes : Que l’Isle où le Soleil chaque jour se récrée, Ne vante plus l’image à ce Dieu consacrée, Ce superbe Colosse en qui l’art des humains Consomma tant de jours, & lassa tant de mains, Dont la tête élevée au delà du tonnerre, Et les pieds embrassant & la mer & la terre, Sembloient, en leur stature épouvantable aux yeux, Joindre ensemble la mer, & la terre & les cieux.

363. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il fut canonnier de marine pendant des années et, dans ce service borné où l’on n’a pas chance d’avancement comme sur terre, il parvint au grade de sergent-major57. […] Quand, après onze ans d’absence, il revint à terre, ayant quitté le service, le 18 Brumaire avait sonné ou allait sonner : la lutte des principes expirait. […] Littré, qui invoque ce passage, répéter les paroles de la femme de l’Écriture au sujet de l’apparition de l’homme sur la terre, des races animales, du plus humble des insectes, du moindre des végétaux, de la plus petite chose vivante. […] Voyez dans le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, avec quelle fierté le Grec triomphe du barbare, l’homme libre du sujet soumis à un maître, l’Européen vainqueur de l’Asiatique partout vaincu sur terre et sur mer. […] Ils enterrent tant qu’ils peuvent leur mérite, et quand, à la fin, par la force des choses, il sort de terre, ils n’y mettent aucune enseigne et jamais une lanterne, ni un bec de gaz à côté, ni le moindre transparent.

364. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Au reste, c’est une nécessité que je m’attache à vous de plus en plus, à mesure que tous mes autres liens se rompent sur la terre. […] Je vous avais mal cité le titre de l’ouvrage, le voici : Des beautés poétiques et morales de la religion chrétienne, et de sa supériorité sur tous les autres cultes de la terre. […] Mais enfin ils ont bien renié le Dieu qui a fait le ciel et la terre, pourquoi ne renieraient-ils pas les hommes en qui ils voient reluire, comme en vous, les plus beaux attributs de cet Être puissant ? […] Il est le premier à nous l’avouer, et il y aurait mauvaise grâce à le trop presser là-dessus : Quand les semences de la religion, dit-il en un endroit de ses Mémoires, germèrent la première fois dans mon âme, je m’épanouissais comme une terre vierge qui, délivrée de ses ronces, porte sa première moisson. Survint une bise aride et glacée, et la terre se dessécha.

365. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Le Parlement de Besançon, le Parlement ou Conseil souverain pour l’Alsace siégeant à Brisach, le Parlement de Metz avec adjonction d’une Chambre spéciale dite de réunion, se virent chargés de connaître de l’état des terres comprises dans l’étendue de leur juridiction, et d’en connaître au point de vue de la souveraineté. […] Que celui qui aurait osé, s’il avait été Romain, reprocher à l’antique Sénat sa politique persévérante, conquérante et assimilatrice à tout prix, cette politique qui agissait et opérait uniquement en vue de la grandeur et des destinées de Rome, que celui-là jette la pierre à Louvois, tout occupé de former et de remparer d’une enceinte infranchissable ce vaste quartier de terre, ce pré carré, comme l’appelait Vauban, ce beau gâteau compacte qui constitua depuis lors l’unité de notre territoire ! […] On sait comment les Étoliens, qui s’étaient abandonnés à leur foi, furent trompés ; les Romains prétendirent que la signification de ces mots, s’abandonner à la foi d’un ennemi, emportait la perte de toutes sortes de choses, des personnes, des terres, des villes, des temples et des sépultures même. […] Rousset dans une page excellente, il y a, pour les productions de la terre, des procédés artificiels qui peuvent hâter ou même suppléer le travail de la nature. […] La foudre, pour être tombée sans bruit et sans éclair, n’en parut que plus prodigieuse. « Tout le monde, écrivait-on de Wurizbourg quelques jours après au baron de Montclar, ne peut revenir de la consternation où l’on est de ce que les Français ont pris Strasbourg sans tirer un seul coup ; et tout le monde dit que c’est une roue du chariot sur lequel on doit entrer dans l’Empire, et que la porte de l’Alsace est fermée présentement. » Cette roue de chariot peut paraître un peu hardie et hasardée : mais ce qui est certain, c’est que la porte, hier encore ouverte sur la terre française, se fermait pour ne se rouvrir désormais que dans le sens opposé.

366. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Et d’abord : comment l’Homme est-il venu sur la terre, et d’où ? Les savants cherchent, observent, conçoivent, conjecturent, induisent ; le chrétien tranche, et, en vertu du livre révélé, il répond que Dieu un jour a créé la terre, et puis l’homme. […] Il est bien clair que Dieu, ayant créé la terre et l’homme tout exprès, et l’un pour l’autre, n’a point dû laisser ce dernier à l’aventure ni dans l’embarras. […] et par quelle suite laborieuse et lente d’inventions, de hasards heureux, d’industrie et de luttes, par quelles horribles scènes d’entre-mangeries et de massacres, il a dû commencer à se frayer la route, à déblayer et à marquer sa place sur cette terre humide encore et à peine habitable, dont il sera un jour le roi ! […] Tant qu’il y aura des hommes sur la terre, on cherchera ainsi toujours, et le dernier mot, reculant sans cesse, ne se trouvera jamais.

367. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il faut voir Rossetti, italien d’origine et fortement incliné vers le catholicisme, s’abîmer dans le mysticisme dantesque, Holman Hunt ne vivre que par le Christ et passer en Terre Sainte de longues années, tel autre membre de la « Confrérie », Collinson, se réfugier au cloître, pour comprendre qu’elles pouvaient être les espérances et la vie intime de ce petit groupe.‌ […] Pour lui le retour en arrière à des âges abolis, c’est le progrès, le seul bonheur que l’on doive souhaiter à la terre ; et il déploie pour soutenir la plus insoutenable des thèses la même énergie avec laquelle nous l’avons vu pénétrer le monde extérieur. […] Je le demande à tous les mystiques de la terre, ou plutôt à tous ceux pour qui la terre n’est que l’antichambre du ciel. […] Leur peinture de rêve, privée de muscles, de chaleur et de sang, de soleil et d’air, dévorée de langueur, ne s’adaptera jamais aux conditions de la terre.

368. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il ne restera peut-être plus trace du vaincu sur la terre. […] Elles vivent des produits de leurs terres. […] Elles s’accroîtront dans la mesure où elles obtiendront de la terre un meilleur rendement. […] On allègue que la terre manque de bras. […] L’homme ne se soulèvera au-dessus de terre que si un outillage puissant lui fournit le point d’appui.

369. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Les rois mages, guidés par l’étoile, vont porter au Dieu de la terre leurs hommages et leurs présents. […] La terre est le cercueil suspendu dans la nef. […] La terre a été votre temps de fiançailles. […] La terre sera le corps plus vil, et plus pesant pour ramper. […] Ce n’est pas le ciel, mais ce n’est plus la terre. » Mais hors de la vérité, où est la sainteté de l’art ?

370. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

De même, par suite de changements survenus dans la configuration des terres et dans le climat, des stations maritimes, maintenant très vastes, doivent avoir existé récemment en des conditions beaucoup moins uniformes qu’aujourd’hui. […] Or, ceux qui regardent le climat et les conditions physiques de la vie comme les causes dont l’action est le plus importante dans la distribution géographique des espèces, doivent s’étonner de semblables effets, puisque le climat, l’altitude des terres ou la profondeur des mers changent et croissent ou décroissent graduellement. […] Cependant lorsqu’on a dit pour la première fois que le soleil était immobile et que la terre tournait, le sens commun de l’humanité déclara de même la théorie fausse. […] Le poisson reptiloïde terrestre rencontra sur la terre, soit comme ennemis, soit comme pâture, des mollusques et des articulés de divers ordres, dont il put se nourrir, mais contre lesquels il dut aussi lutter en se transformant et s’adaptant de mieux en mieux. Plus tard, enfin, le reptile terrestre devenu parfait entra en lutte avec ses congénères ailés, transformés par d’autres moyens et probablement très différents, qui, dépossédés du royaume de l’air, vinrent lui disputer la domination de la terre, sur laquelle l’oiseau étendit en planant sa suprématie jusque-là souveraine.

371. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre III. Des Ruines en général. — Qu’il y en a de deux espèces. »

Nous nous promenâmes longtemps au milieu des pierres sépulcrales de marbre noir, semées çà et là sur la terre ; les unes étaient totalement brisées, les autres offraient encore quelques restes d’épitaphes. […] Nous nous précipitâmes sur la terre, au milieu d’eux ; nos larmes coulaient ; nous dîmes, dans le secret de notre cœur : Pardonne, ô Seigneur, si nous avons murmuré en voyant la désolation de ton temple ; pardonne à notre raison ébranlée !

372. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre V. Ruines des monuments chrétiens. »

Derrière ces ouvertures, on voit fuir la nue et planer l’oiseau des terres boréales. […] S’il est parmi les anges, comme parmi les hommes, des campagnes habitées et des lieux déserts, de même que vous ensevelîtes vos vertus dans les solitudes de la terre, vous aurez sans doute choisi les solitudes célestes pour y cacher votre bonheur !

373. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

À droite, sur le devant, Aglaure est renversée à terre. […] Pour l’Aglaure ; c’est en charbon de terre que Mercure la change ; je m’en rapporte à M. de Jussieu.

374. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

« Ce livre, dit Laforgue, sera intitulé : le Sanglot de la terre. Première partie : ce seront les sanglots de la pensée, du cerveau, de la conscience de la terre. […] La vanité de tout, le déchirement de l’illusion, l’angoisse des temps, le renoncement, l’inutilité de l’univers, la misère et l’ordure de la terre perdue dans les vertiges d’apothéoses éternelles de soleils7. » Et Laforgue se met à l’œuvre et il accouche d’un chaos fulgurant d’éclairs.

375. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Un esprit ordinaire n’aurait pas manqué de renverser le monde, au moment où Ève porte à sa bouche le fruit fatal ; Milton s’est contenté de faire pousser un soupir à la terre qui vient d’enfanter la mort : on est beaucoup plus surpris, parce que cela est beaucoup moins surprenant. […] Adam confesse son crime ; Dieu prononce la sentence : « Homme, tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ; tu déchireras péniblement le sein de la terre ; sorti de la poudre, tu retourneras en poudre. — Femme, tu enfanteras avec douleur. » Voilà l’histoire du genre humain en quelques mots. […] Adam tombe dans le désespoir ; il désire de rentrer dans le sein de la terre.

376. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Nous voici à l’époque de Constantin, c’est-à-dire, un des princes qui ont eu le malheur d’être le plus loués de leur vivant, et celui de tous les hommes qui peut-être a causé les plus grands changements sur la terre. […] Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes. […] On compare l’empire qu’il a sur la terre avec l’empire éternel que Dieu a sur le monde ; on le peint comme ayant un commerce immédiat avec la divinité, et on l’invite à faire part aux fidèles (quand il en aura le temps) de cette foule infinie d’apparitions, de visions, de songes célestes où Jésus-Christ s’est manifesté à ses regards, et de beaucoup d’autres mystères inconnus à tout le monde, excepté à lui, et qui restent déposés dans sa mémoire impériale comme dans un trésor ; enfin, on le loue, on le trompe, on l’instruit ; et le zèle adroit, mêlant le style de la chaire et celui de la cour, lui prodigue à la fois les flatteries et les leçons.

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