Lisez ces quelques lignes jetées après le récit si animé de la bataille d’Austerlitz sur l’entrevue des deux empereurs ; voyez comme le style se détend, ainsi que l’âme, le lendemain des événements qui ont tendu l’esprit jusqu’au délire de la victoire ou jusqu’au désespoir de la défaite !
Saint Augustin, qui a commenté le livre de la République de Cicéron, n’est pas plus spiritualiste ; le ciel théologique de Fénelon ne s’ouvre pas plus avant aux pas des bienfaiteurs des peuples ; la foi des deux grands évêques n’est pas plus ferme ni plus tendre dans l’immortalité de l’âme.
Voilà comment s’y prend le pêcheur à la ligne qui veut procéder méthodiquement et dans les règles ; et certes, il y a du plaisir à le voir, lorsqu’avec aisance et grâce il tend l’appât à l’objet de ses désirs, soit au milieu même des flots turbulents, soit à l’abri sous les basses branches du rivage, partout enfin où s’ébat une multitude de ces petits êtres jouissant en paix de leur trompeuse sécurité.
Mais quand elle essaie de formuler des conclusions générales d’ordre éthique, quand elle essaie d’établir une échelle des valeurs individuelles et des valeurs sociales, la sociologie scientifique se transforme en métaphysique sociale ; elle tend, comme vers sa limite, à ce monisme sociologique dont nous avons trouvé l’expression chez M.
Si l’humanité est ainsi faite qu’il y ait pour elle des illusions nécessaires, que trop de raffinement amène la dissolution et la faiblesse, que trop bien savoir la réalité des choses lui devienne nuisible, s’il lui faut des superstitions et des vues incomplètes, si le légitime et nécessaire développement de son être est sa propre dégradation, l’humanité est mal faite, elle est fondée sur le faux, elle ne tend qu’à sa propre destruction, puisque ceux qui ont vaincu grâce à leurs illusions sont ensuite entraînés forcément à se désillu-sionner par la civilisation et le rationalisme.
La physiologie admet, comme un axiome, que chez les hommes génie, doit être un grand cerveau, enfermé dans une boîte crânienne mince et tendre, comme pour rendre aisée la perception immédiate, par la pensée, des choses extérieures.
— L’être tend à croître dans son être ; et cette tendance, tantôt elle se nomme tendance à la perfection, tantôt désir du salut, tantôt progrès ; c’est la montée vers l’idéal, la recherche de l’absolu, le besoin de l’assouvissement, la complétude des fonctions ; encore, l’entrée en Dieu, l’absorption en l’infini, l’effacement en le néant ; encore, la suprême sagesse, l’ataraxie ; et cet éternel formulement, l’aspiration à l’idéal ; la nommerons-nous encore le désir de l’accomplissement.
Les préparatifs connus, terminés, le condamné lisait une poésie, dans laquelle il disait avoir commencé à délivrer le peuple de son fléau, puis il tendit la main, prit le petit sabre, l’enveloppa de papier jusqu’à un pouce de l’extrémité de la lame, et seulement lorsqu’il se fut véritablement ouvert le ventre, dit à son maître d’escrime, qu’il avait choisi pour exécuteur : « Allez, maintenant !
Il importe aux philosophes de ne pas laisser certains littérateurs duper le public en lui faisant croire que la science actuelle, ou même que la philosophie naturaliste à laquelle elle semble tendre, ait les conséquences immorales et antisociales que les Veuillot ou les Richepin veulent en tirer.
XIII] ; — et si la poésie courtoise elle-même, tout en se trompant de route, — n’avait, pas moins tendu à libérer de toute contrainte l’expression de la personnalité du poète ; — c’est encore ce qu’a réalisé Villon.
Mais pourtant, quelle dignité dans ce langage encore, quelle simplicité douce et tendre !
L’auteur de Cinna fit à l’âge de 67 ans cette déclaration de Psyché à l’Amour qui passe encore pour un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre.
On sermonne la vieille Mme du Deffand, qui est trop vive et qu’on nomme « la petite fille » ; la jeune duchesse, tendre et sensée, est « sa grand’maman ».
Le diplomate piémontais a tendu un piège au congrès, et le congrès de 1856 y est tombé.
Non, il lui fallait un tragique, un tragique digne d’elle, un tragique aussi riche d’imagination que Shakespeare, aussi grandiose et aussi forcené que Corneille, aussi surnaturel que Goethe, aussi tendre que Schiller, et de plus il fallait que toutes ces supériorités de poète se rencontrassent confondues avec une supériorité de caractère et de volonté, que cet homme à la fois littéraire et politique allumât la torche de ses actions à l’étincelle de son génie, et fît glorieusement agir l’Italie après l’avoir fascinée !
Tout état social est forcément illégal, en tant qu’imparfait, et tend toujours à plus de légalité, c’est-à-dire à plus de perfection.
L’Événement prenait cette devise, qui, après juin, était de saison : « Haine à l’anarchie — tendre et profond amour du peuple. » Et pour qu’on ne se méprît pas sur le sens de la deuxième sentence, le numéro spécimen disait que L’Événement « vient parler au pauvre des droits du riche, à chacun de ses devoirs.
Son squelette tend mal ses muscles.
Il tend la main à Pénélope, et il reçoit la sienne.
Si, à mesure que nous nous éloignons des couches profondes du moi, nos états de conscience tendent de plus en plus à prendre la forme d’une multiplicité numérique et à se déployer dans un espace homogène, c’est précisément parce que ces états de conscience affectent une nature de plus en plus inerte, une forme de plus en plus impersonnelle.
Fille du peuple par sa mère, fille de l’aristocratie par son père, elle devait, dit-elle, la plupart de ses instincts à la singularité de sa position, à sa naissance à cheval, comme elle le disait, sur deux classes, à son amour pour sa mère, contrarié et brisé par des préjugés qui l’ont fait souffrir ayant qu’elle pût les comprendre, à son affection non raisonnée pour son père, esprit frondeur et romanesque, qui, dans un intervalle de sa vie militaire, ne sachant que faire de sa jeunesse, de sa passion, de son idéal, se donne tout entier à un amour exclusif et disproportionné qui le met en lutte, dans sa propre famille, contre les principes d’aristocratie, contre le monde du passé ; enfin à une éducation qui fut tour à tour philosophique et religieuse, et à tous les contrastes que sa propre vie lui a présentés dès l’âge le plus tendre. […] Dans les temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent, la mission de l’artiste est de célébrer la douceur, la confiance, l’amitié, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis ou découragés que les mœurs pures, les sentiments tendres et l’équité primitive sont ou peuvent être encore de ce monde. […] Et quand elle regardait autour d’elle, c’était avec un regard de tendre et profonde sympathie.