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822. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

On remarquera pourtant dans son poëme En Médoc une veine poétique amoureuse assez délicate, un talent de description harmonieux et nuancé ; voulez-vous, par exemple, une charmante aurore ? […] Mais ces accidents plus ou moins bucoliques ne sont pas essentiels chez lui ni dans son talent : là même, dans cette pièce toute bordelaise, le bachique l’emporte, et quand il en vient à la saison des vendanges, il ne se tient pas ; il se donne la joie toute rabelaisienne de nous décrire le formidable cuvier : C’est une cave immense, ou plutôt c’est un antre Où le vin en courroux monte au nez dès qu’on entre, Courant des piliers noirs au cintre surbaissé, — Un temple de Bacchus dans le sable enfoncé. —  Comme un chœur de Titans, là sont d’énormes cuves Où la liqueur mugit comme dans des étuves. […] Il n’eut, dans toute sa vie littéraire, qu’une heure de vrai talent ; c’est le jour où, piqué au jeu et piqué jusqu’au sang, traduit en personne sur le théâtre par Voltaire, et gêné d’ailleurs ou du moins contenu dans ses représailles par M. de Malesherbes, alors directeur de la Librairie, il rendit compte, après maint essai infructueux et maint remaniement obligé, de la première représentation de l’Écossaise. […] Je ne ferai pas la petite bouche, je ne dirai pas que c’est chez lui un faible : c’est un de ses talents.

823. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Dès ces années de classes, Veyrat se fit remarquer de ses maîtres par son talent ou sa prodigieuse facilité de versification. […] Ceux qui ont ressenti quelque étincelle de la même ardeur contre ce qu’on appelait alors le système du 13 mars ne sauraient s’étonner de leur indignation juvénile : le pire est que le talent n’y répond pas. […] Si je voulais chercher quelques traces ou indices du talent de Veyrat à cet âge de vingt-deux ans, je les trouverais plutôt dans ses Italiennes, poésies politiques dont il ne se donnait que comme l’éditeur52. […] Il ne se peut de plus frappant contraste ; le talent de Veyrat, dans la seconde moitié de sa carrière, n’est pas indigne qu’on établisse le rapport.

824. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

La prose tenait une grande place dans le talent de Charles Loyson. […] On me crée une réputation dont je me passerais bien volontiers : je ne sais que faire de cela. » Cet article de Loyson, dans lequel il saluait avec joie l’avénement d’un esprit éminent, d’un talent nouveau du premier ordre, comme il le fera plus tard pour Lamartine, contenait plus d’une réserve prévoyante et se terminait par une véritable profession de foi de christianisme libéral et de libéralisme chrétien. […] La pointe finale est purement fortuite et due au hasard du nom ; elle porte à faux et n’atteint pas le faible du talent, car si Loyson a un défaut, ce n’est pas la lourdeur, c’est la pâleur. […] Esprit amer et coquet qui distillait douloureusement des vers érotiques ; qui, en politique, passait aisément à l’extrême ; qui combinait les lascivetés de boudoir avec la haine des rois, et insinuait à plaisir un coin de priapée dans le républicanisme, il n’était pas fait pour comprendre le sentiment libéral, sincère et modéré, le sentiment religieux, également sincère et philosophique, le talent simple, élevé, et toute l’âme morale de celui qu’il croyait avoir suffisamment accablé en l’appelant un doctrinaire, et en faisant une pointe digne de Brunnet sur son nom.

825. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

On sait la part immense des dons naturels dans le talent d’un comédien ou, si vous voulez, dans l’effet total qu’il produit. […] Je sais bien qu’il y a d’autres éléments encore dans le talent de Mme Sarah Bernhardt ; mais ce n’est point le talent que j’ai voulu expliquer, c’est l’attrait, et je n’en parle, bien entendu, que pour ceux qui le sentent. […] Vous allez vous montrer là-bas à des hommes de peu d’art et de peu de littérature, qui vous comprendront mal, qui vous regarderont du même œil qu’on regarde un veau à cinq pattes, qui verront en vous l’être extravagant et bruyant, non l’artiste infiniment séduisante, et qui ne reconnaîtront que vous avez du talent que parce qu’ils payeront fort cher pour vous entendre.

826. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Ajoutez que son talent est en effet d’une composition assez riche pour que des esprits très divers y puissent trouver leur compte. […] C’est pour cela que son talent me paraît plus difficile à bien caractériser que celui de MM. de Goncourt ou de M.  […] Ce qui distingue son talent, ce n’est donc pas la prédominance démesurée d’une qualité, d’un sentiment, d’un point de vue, d’une habitude : c’est plutôt un accord de qualités diverses ou opposées, et, si je puis dire, un dosage secret dont il n’est pas trop commode de fixer la formule. « Si l’on examine les divers écrivains, dit Montesquieu101 on verra peut-être que les meilleurs et ceux qui ont plu davantage sont ceux qui ont excité dans l’âme plus de sensations en même temps. » Cette remarque peut s’appliquer sûrement à M. Alphonse Daudet ; mais il faut ajouter qu’une autre marque et plus particulière de son talent, c’est sans doute cette aisance avec laquelle il passe et nous fait passer d’une impression à l’autre et ébranle à la fois toutes les cordes de la lyre intérieure.

827. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Ce talent énergique et brillant commence d’abord, et à tout hasard, par donner des coups d’épée à travers son sujet, et de cette épée jaillissent des éclairs. Il semble qu’il faille que tout talent, tout génie nouveau entre ainsi dans les sujets l’épée à la main, comme Renaud dans la forêt enchantée, et qu’il doive frapper hardiment jusqu’à ce qu’il ait rompu le charme : la conquête du vrai et du beau est à ce prix. […] André Chénier y atteindra à la fois par la race, par l’étude et le talent, et il nous y ramènera jusque dans les moindres sentiers. […] La conclusion à tirer pour moi de cette longue suite d’essais où l’on a été tour à tour dans les extrêmes et où l’on a si rarement atteint le point précis, c’est qu’on ne transporte pas une littérature dans une autre, ni le génie d’une race et d’une langue dans le génie d’un peuple différent ; que, pour bien connaître la Grèce et les Grecs, il faut beaucoup les lire et en très peu parler, si ce n’est avec ceux qui les lisent aussi, et que, pour en tirer quelque chose dans l’usage courant et moderne, le plus sûr encore est d’avoir du talent et de l’imagination en français.

828. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Par leur talent et leur autorité ils provoquent tous les deux l’étude et la critique ; par leur œuvre et leur ascendant, ils appartiennent tous les deux à l’histoire et à la science. […] Le talent de M.  […] De ce monument, que subsiste-t-il, sinon un exemple d’éloquence, un modèle de composition, une preuve que son talent consiste, non à découvrir des vérités durables, mais à exposer des idées probables, et qu’il est moins philosophes qu’orateur ? […] Ce passage subit à un ton si différent montre que l’orateur est dans son naturel, qu’il a trouvé son genre, et que son sujet est d’accord avec son talent.

829. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Tel talent, tel goût. […] Or, en quoi consiste le talent de M.  […] Cousin a forcé son talent en se faisant historien, il l’a violenté en se faisant biographe et peintre de portraits. […] Donnons-nous le spectacle d’un talent dépaysé.

830. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Les tragédies grecques sont donc, je le crois, très inférieures à nos tragédies modernes, parce que le talent dramatique ne se compose pas seulement de l’art de la poésie, mais consiste aussi dans la profonde connaissance des passions ; et sous ce rapport la tragédie a dû suivre les progrès de l’esprit humain. […] On voit dans ces trois auteurs et leur talent personnel, et le développement de leur siècle ; mais aucun d’eux n’atteint à la peinture déchirante et mélancolique que les tragiques anglais, que les écrivains modernes nous ont donnée de la douleur ; aucun d’eux ne présente une philosophie sensible, aussi profondément analogue aux souffrances de l’âme. […] Les récompenses sans nombre qu’on accordait au génie dramatique parmi les Grecs encourageaient, sous beaucoup de rapports, les progrès de l’art ; mais les délices mêmes de la louange nuisaient, à quelques égards, au talent tragique.

831. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

On desire de connoître, d’après lui, Tacite, cet historien qui a si bien peint l’ame fausse, impérieuse, dissimulée & cruelle de Tibère, exécrable imposteur, modèle de Cromwel pour les grandes qualités & les grands vices ; cet historien, qui a si bien nuancé le caractère des Romains, qui veut prouver que tout, dans le sénat & chez Tibère, se faisoit par une combinaison de crimes ; cet historien dans qui l’on remarque un esprit d’ordre & de suite, des réflexions & des vues profondes & lumineuses, un talent merveilleux pour faire des tableaux. […] Si nous en croyons certaines personnes judicieuses, il n’est point de poëte qu’on ne puisse traduire également bien en prose & en vers : tout dépend du talent du traducteur. […] En Italie, en Angleterre, les peintres & les gens de lettres, excellens copistes, sont mis à côté des originaux : mais, en France, un copiste en peinture, comme en toute autre chose, seroit réputé n’avoir aucun talent.

832. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

C’est ainsi qu’on voudrait faire passer pour un sot doux Bernardin de Saint-Pierre, qui fut un peintre de grand talent. […] On leur pardonnerait ces boutades de mauvais goût, s’ils étaient bons critiques : le talent excuse tout ; mais il suffit de les lire pour voir qu’ils sont sans excuse.‌ […] On ne peut pas dire : le style de Fénelon… Ses qualités sont de second ordre. » Pas de relief, pas d’originalité, pas de tour personnel, pas de style personnel, descriptions trop générales, aucun sentiment caractérisé de la nature… Talent de second ordre… Voilà ce que dit M. 

833. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Seulement, il faut que les cheveux soient très blonds et que le talent ait l’éclat de l’or, dans son ombre. Le talent de l’auteur de Robert Emmet a-t-il cet éclat ? […] Je connais un homme du talent le plus pénétrant et le plus robuste qui, de désespoir, y a renoncé.

834. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Nous qui croyons que la vie des hommes fait leur pensée et que les livres sont, pour qui sait les entendre, la confession forcée de toute conscience, nous voulons marquer aujourd’hui les influences de la naissance sur le talent réel d’un homme qui, même comme talent, a péri par son origine. Enfin nous voulons montrer, dans ce parangon des bâtards, que toutes les bâtardises sont solidaires et que, quand on n’a pas travaillé à être un ancêtre, on n’est jamais qu’un bâtard d’homme ou qu’un bâtard de talent !

835. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et si ce n’était encore qu’un vieux républicain de la première heure, sur lequel Lamartine aurait laissé son rêve, comme Lekain laissa son talent sur La Rive, certainement ce ne serait pas très imposant d’intelligence, mais ce serait touchant, comme une folie de sentiment, que cette fidélité obstinée aux illusions de ses beaux jours. […] Il y a du talent dans ce livre passionné, entêté, ulcéré, aveugle de parti pris et gardé… Mais le fond de cela n’est vraiment pas digne de la forme. […] Et, cependant, cette biographie de Béranger, malgré sa justesse exceptionnelle, est infectée comme les trois autres de ces déclamations haineuses qui ne vont ni à l’âme, ni au talent de Pelletan.

836. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Spirituel et du talent le plus vif quand il écrivait sous le nom des autres, il était plat et sans talent quand il écrivait sous le sien. […] Le critique qui va, tout à l’heure, tuer la Critique sous une indulgence que ne connaissait pas Madame de Créqui, admirable critique d’instinct sur place et dans la causerie, n’ajoute-t-il pas cet incroyable précepte : « Le mieux est de ne pas désespérer, même en causant, les talents incomplets qui ont un coin d’infirmité ? 

837. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Et ces trois mots caractérisent très bien, je vous assuré, le genre de talent de M.  […] Il est perpétuel de talent, en son propre nom, ce qui vaut bien mieux ! […] Flourens, rapportée avec beaucoup de détails dans le livre de la Vie et de l’Intelligence, et avec cette clarté qui est le don de son talent.

838. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Esprit médiocre, n’ayant pour tout talent que la gravité de son état, âme de rhéteur, doctrine trop souvent erronée, le cardinal de Bausset pouvait nous raconter Bossuet, mais le montrer vivant ou le juger, cela lui était impossible. […] Cependant, la Vie de l’Aigle de Meaux, tout oppressive qu’elle fût pour le faible talent de Bausset, eut un succès réel quand elle parut, et ce succès s’immobilisa dans l’espèce de considération qu’elle a gardée, mais dont les causes ne sauraient échapper qu’à une critique sans pénétration et sans regard. […] Il ne s’est pas contenté de répondre par d’admirables citations à l’opinion qui rapetisse Bossuet en ne faisant tenir son talent d’orateur que dans les Oraisons funèbres (c’était l’opinion de cet ignorant et fat xviiie  siècle, qui estimait aussi que tout Massillon était dans son Petit Carême) ; l’auteur des Études est allé plus loin.

839. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Délicieux et piquant contraste entre la naïveté charmante du chroniqueur et la pompe de l’homme qui, dans sa traduction, à respecté cette naïveté divine ; et qui nous apparaît ; à côté, avec un talent fulgurant de l’éclat damasquiné d’une armure ! […] Quand il arrive à la jeunesse de Cortez, d’ailleurs peu connue, de ce grand homme qui commença par le ribaud, de ce mauvais sujet obscur dont le visage physique, « couleur de cendre, — dit-il, — mais aux yeux de braise », n’a été illuminé plus tard que par la gloire, José-Maria de Heredia a moins l’aisance de son talent, trop large pour s’étrangler dans une biographie qui tourne au portrait. […] Il a conquis la naïveté qu’on ne conquiert pas d’ordinaire, ce verre d’eau de source que le plus brillant ou le plus charmant talent n’a pas toujours à nous offrir, et qui est le meilleur breuvage, pour nos esprits et pour nos âmes, que le génie lui-même puisse nous donner !

840. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Il aurait fait l’horrible pied de grue du talent devant l’opinion. […] Il y a des talents qui s’élèvent et qui tombent, mais qui mettent du temps et des efforts à s’élever et à tomber ; qui, en raison de la force qui les éleva, se retiennent dans leur chute et planent encore à différentes hauteurs, avant de définitivement sombrer. […] Par respect pour les égarements d’un talent immense, je me tus sur ces incroyables Odelettes, quoiqu’elles m’inquiétassent pour l’avenir du poète ; car si je conçois jusqu’à un certain point qu’Hercule, imbécillisé par l’amour, file aux genoux d’Omphale, je ne le conçois plus si, en filant, il ne casse pas tous ses fuseaux.

841. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Gallien, qui fut à la fois voluptueux et brave, et qui se rendit célèbre par des victoires et des bons mots, avait le talent de bien écrire, et fit des vers pleins de volupté et de goût. […] Julien, dont nous n’examinons ici que les talents littéraires, fut en même temps philosophe, orateur, écrivain satirique et plaisant ; et il paraît tour à tour, dans ses ouvrages, l’élève de Platon, de Démosthène et de Lucien. […] Mais plus près du trône, il n’en était que plus exposé au danger, dans une cour où la faiblesse barbare s’effrayait des talents, et où le meurtre était toujours près des soupçons.

842. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Il fut lié avec les plus grands hommes de son siècle, ce qui prouve qu’il n’était pas au-dessous d’eux ; car l’ignorance et la médiocrité, toujours insolentes ou timides, se hâtent de repousser les talents qu’elles redoutent et qui les humilient. […] Je passe rapidement sur tous les discours, pour venir à celui qui a, et qui mérite en effet le plus de réputation ; c’est l’éloge funèbre de Turenne, de cet homme si célèbre, si regretté par nos aïeux, et dont nous ne prononçons pas encore le nom sans respect ; qui, dans le siècle le plus fécond en grands hommes, n’eut point de supérieur, et ne compta qu’un rival ; qui fut aussi simple qu’il était grand, aussi estimé pour sa probité que pour ses victoires ; à qui on pardonna ses fautes, parce qu’il n’eut jamais ni l’affectation de ses vertus, ni celle de ses talents ; qui, en servant Louis XIV et la France, eut souvent à combattre le ministre de Louis XIV, et fut haï de Louvois comme admiré de l’Europe ; le seul homme, depuis Henri IV, dont la mort ait été regardée comme une calamité publique par le peuple ; le seul, depuis Du Guesclin, dont la cendre ait été jugée digne d’être mêlée à la cendre des rois, et dont le mausolée attire plus nos regards que celui de beaucoup de souverains dont il est entouré, parce que la renommée suit les vertus et non les rangs, et que l’idée de la gloire est toujours supérieure à celle de la puissance. […] Les deux premières parties peignent avec noblesse les talents d’un général et les vertus d’un sage ; mais, à mesure que l’orateur avance vers la fin, il semble acquérir de nouvelles forces.

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