II Toutes les formes de l’art poursuivent une fin commune, la création d’une vie supérieure au moyen de signes précis. […] Puis tels artistes créèrent des émotions qui devinrent incompréhensible aux masses : toujours, tandis que la musique s’affinait, décroissant le nombre des esprits pouvant recréer ces émotions supérieures. […] La musique nous met en pleine humanité supérieure, dans la région des absorbantes essences, à mille lieues des hasards vulgaires.
Dans la pensée de l’auteur ils sont ainsi parodiés, mutilés même par « l’Esprit de Négation » : il faut lire de quelle façon intelligente et vraiment supérieure le docteur Pohl a interprété la conception et la mise en œuvre générales de toutes ces transformations, dans sa magnifique étude de l’œuvre qui nous occupe63. […] Ils tentèrent recréer des émotions non réelles dans la vie coutumière, impuissantes donc à produire une supérieure vie. […] Elle n’a produit nulle œuvre d’une vie supérieure, jusque le jour où un maître enfin intelligent, Wagner, voulut restituer, par les moyens d’elle comme de toute musique, les émotions très subtiles de son âme.
Donc, il doit vouloir, si sa « valeur » est supérieure et tout en l’augmentant pour lui-même, persuasivement et prudemment initier autrui aux pouvoirs de sa connaissance. […] Et, toute supérieure mentalité poétique ne sera entièrement vivante et expressive qu’autant qu’elle percevra et reproduira, en même temps, toutes les images des sens associées et intermuantes qu’elle traduit en phénomènes de conscience… Or, l’instrumentation-Verbale (au point où nous en sommes et avant de la montrer tout à l’heure unie aux émotions et aux idées), prétend, en déterminant aux mots le timbre, la hauteur, l’intensité et la direction, à la réintégration de la valeur phonétique en la langue. […] Cette image est le mot. » Et, — c’est aux poésies de l’Inde pourtant, encore ainsi qu’aux sources de tout Émoi, que nous remonterons pour avoir, non plus d’hésitants et partiellement entendus et presque étonnés avisements qui ne paraissent venus que d’elles, mais la mise en œuvre, en un art supérieur aux secrètes et intenses Beautés, où, — correspondance des sons et des idées, un sens adventice suggéré en sonorités appropriées, vient en prolongement du sens des mots précisément exprimé.
Cette musique est vraiment d’une compréhension tout à fait supérieure. […] Il est presque incontestable, n’est-ce pas ; que Raphaël est supérieur à M. […] Ils soutiennent qu’il y a des animaux, comme les serpents, les tortues, les langoustes, dans les tissus desquels, les microscopes ne perçoivent aucune fatigue, aucune dégénérescence, aucuns signes de vieillesse enfin, — signes si perceptibles dans les tissus des humains et des animaux d’un ordre supérieur.
L’exposition de Bajazet paraît d’un ordre infiniment supérieur. […] Ce doit être entre eux un combat de sentiments qui se choquent, qui se repoussent, ou qui triomphent les uns des autres ; c’est surtout dans cette partie que Corneille est supérieur. […] On peut compter, parmi les manières de manquer au dialogue, un usage vicieux, familier à plusieurs poètes, et surtout à Thomas Corneille : c’est de ne point finir sa phrase, sa période, et de se laisser interrompre, surtout quand le personnage qui interrompt est subalterne et manque aux bienséances en coupant la parole à son supérieur.
Si encore les plus récentes continuaient celles qui les ont précédées, chaque type supérieur pourrait être considéré comme la simple répétition du type immédiatement inférieur avec quelque chose en plus ; on pourrait donc les mettre tous bout à bout, pour ainsi dire, en confondant ceux qui se trouvent au même degré de développement, et la série ainsi formée pourrait être regardée comme représentative de l’humanité. […] Bien loin qu’ils nous apportent des clartés supérieures aux clartés rationnelles, ils sont faits exclusivement d’états forts, il est vrai, mais troubles. […] Il en résulte que l’évolution du mariage lui paraît présenter une incompréhensible anomalie, puisqu’il croit observer la forme supérieure de l’union sexuelle dès les premières phases du développement historique, alors qu’elle semble plutôt disparaître dans la période intermédiaire pour réapparaître ensuite.
Cette idée répandue tout à coup que le théâtre allemand et celui de Shakespeare étaient supérieurs au théâtre français, il n’est pas étonnant que quelques jeunes gens aient vu dans cette découverte l’espoir de surpasser, en s’affranchissant de toute espèce de frein, nos plus grands maîtres de la scène1. […] Il faut qu’elle soit bien fanatisée, bien imbue des principes nouveaux, puisque, si supérieure dans les rôles qui exigent la finesse, la grâce et la décence, elle brigue, en grimaçant des parodies tragiques, les honneurs d’un martyre qui finira par avilir tout à fait son noble talent6. […] Si je ne vous ai point parlé des unités, quoique bien convaincu qu’elles sont nécessaires, indispensables même pour nous conduire à des beautés supérieures, c’est qu’il est des circonstances où le sujet peut forcer à en secouer le joug.
Voilà, évidemment, l’épigraphe même de la partie supérieure des œuvres de La Fontaine. […] Le parasite, pourvu qu’il soit aimable avec le maître de la maison, pourvu qu’il flatte ses goûts, ses manies, et pourvu qu’il montre à chaque instant à quel point le patron est un homme supérieur, le parasite est plus maître dans la maison que le maître de la maison lui-même, et il est ce que tu me vois être, gros et gras, frais et la mine vermeille, admirablement vêtu et faisant l’envie de tous les honnêtes gens…. » Ce passage, très amusant, est d’une philosophie historique fort curieuse. […] Il a écrit une Astrée très ordinaire quoique assez bien conduite ce n’est qu’un épisode de l’Astrée, le principal, à la vérité, les amours d’Astrée et de Céladon mais sans talent supérieur ; c’est simplement acceptable.
Si, de l’adjonction des capacités qu’il regrette, « on en est venu — dit Villemain — à ce qui lui ressemble le moins, le suffrage universel (nous croyons, nous, que c’est ce qui lui ressemble le plus), est-ce une raison pour ne plus souffrir dans le pays un degré supérieur, une aristocratie d’études destinée surtout à la classe aisée, et promettant, par l’habile emploi des premières années de la jeunesse, une recrue certaine d’esprits cultivés ? […] Impossible à nier, cette particularité dans le génie de Pindare peut seule expliquer ce que j’ose appeler la mort de ses œuvres, que les traductions les mieux faites et la connaissance plus profonde et plus répandue de la langue grecque ne parviendront pas à ranimer, Il faut en prendre son parti : Pindare, malgré des qualités nettement supérieures, est un poète dont le sens intime est perdu. […] Bon pour faire brillamment une classe, Villemain voulut un jour aborder l’histoire et il ne comprit rien à celle de Grégoire VII, sous laquelle sa minceur d’homme de lettres resta écrasée… Pas plus d’instinct que de réflexion, Villemain ne va à ce qui est supérieur et grand, et pas plus dans l’ordre de la parole, qui est son domaine, que dans l’ordre de l’action, qui ne l’est pas… Chose à remarquer !
Et cependant, malgré les défauts les plus graves que puisse avoir un livre d’histoire, écrit avec la prétention d’expliquer, par une loi supérieure, les faits qu’il retrace, c’est-à-dire, en d’autres termes, malgré le vice radical de la théorie et l’inconsistance des assertions, ce livre des Révolutions d’Italie se lit avec un intérêt singulier ; et le talent de l’auteur, qui, comme écrivain, est incontestable, et la prestidigitation d’une érudition très rusée, ne sont pas toute l’explication à donner de l’intérêt de cette lecture. […] Ferrari, à ne la considérer que comme une histoire, en dehors de toute théorie philosophique et sans le point de vue supérieur de sa conclusion. […] Je n’hésite pas à avancer que ce morceau, capital où il est, et qui serait supérieur partout, est une des choses les plus magnifiques qui aient été écrites sur Venise depuis lord Byron.
Tandis que l’expérience de l’histoire animale démontre qu’il n’y a nul signe de moralité et de religiosité chez l’animal, même considéré dans ses espèces supérieures, l’expérience de l’histoire humaine établit que ces caractères ne manquent à aucune des variétés de notre espèce, pas même aux peuplades les plus voisines de l’animalité que les voyageurs ont pu observer dans le centre de l’Afrique et dans les îles les plus sauvages de l’Océanie. […] Quelle autre science nous aurions du génie de la race nègre ou de la race jaune, si nous découvrions tout à coup des livres où tel esprit supérieur, tel philosophe, tel moraliste de ces races, eût essayé, même grossièrement, de faire l’histoire intime de ses sentiments et de ses passions, l’analyse de ses facultés ! […] S’il existe un monde dont tous les éléments ou les faits échappent à tous nos moyens d’observation extérieurs, et ne tombe que sous un sens intime ; si les faits de cet ordre, supérieurs à tout ce qui se présente à titre de phénomènes, antérieurs à tout procédé artificiel de raisonnement, sont les vrais, les seuls principes de la science, et bien spécialement de celle de l’homme intellectuel et moral ; celui qui se serait livré à cette étude extérieure, qui, travaillant à constater les faits primitifs de sens intime, à les prendre à leur source, à les distinguer de tout ce qui n’est pas eux, et de tout ce mélange du dehors qui les complique et les altère, celui-là ne serait-il pas en droit de s’écrier à son tour, et peut-être avec plus de fondement que Newton : Ô psychologie, gardez-vous de la physique, gardez-vous même de la physiologie23. » Maine de Biran était trop sévère pour une école psychologique qui a donné de précieux résultats ; mais ce sera toujours l’invincible force et l’immortel honneur de l’école dont il est le père, d’avoir rappelé les observateurs de la nature humaine aux enseignements de la conscience.
Le dévouement à quelques-uns est une forme supérieure de l’égoïsme ; n’atteindrons-nous pas aux joies désintéressées de l’altruisme ? […] Dans cette morale complète, le bien doit être un moyen pour développer plus pleinement les êtres supérieurs. […] Il se sentait différent et supérieur. […] Tout notre effort ne doit tendre qu’à mériter dans une existence supérieure des joies qui ne sont pas de celle-ci. […] Le pardon n’est qu’un mot vide de sens si on n’entend pas dire que le pardon est décerné au nom d’une vertu supérieure.
Barrès, de meilleure race et de cerveau supérieur, n’a joué sur cette carte, le Pouvoir, que la moitié de sa fortune ; l’autre moitié, jusqu’ici plus fructueuse, fut placée par lui, et dès la première heure, dans la littérature. […] Est-il naturel qu’un homme supérieur soit toujours inquiété des mêmes inquiétudes que la foule ? Peut-être, car il ne faut pas oublier qu’un homme, même supérieur, s’il demande toujours les faveurs du peuple, finit par penser en même temps que le peuple. […] Pierre Quillard, avec un mysticisme supérieur, « la vanité de la joie et de la douleur », et il devait goûter également la vie et la philosophie nirvâniennes du philosophe de sa race. […] Il se donne à croire des choses dont la stupidité ferait rire une gardeuse d’oies ; il se salit l’esprit et les mains des contacts où hésiteraient des manouvriers, mais c’est, pour dire : Voyez comme je suis supérieur aux gentils.
En écrivant de tels livres sur l’amour, on dote d’une qualité supérieure la sensibilité des amants. […] Chez les âmes supérieures, l’idylle presque toujours prélude à l’épopée. […] Il en est de même de l’Humanité, que les auteurs, si supérieurs qu’ils soient, doivent toujours traiter en jolie femme avec des fleurs et même des coquetteries. […] Montfort, seront tous ceux dont l’âme a été belle. » Ainsi, il ne s’agit pas seulement pour être beau, pour être grand, pour mériter le sacrement des lyres poétiques et l’admiration populaire de posséder des vertus rares, insolites et supérieures ; il s’agit de remplir purement son destin, d’avoir une vie conforme aux prévisions de la Nature. […] Ce boulanger du voisinage, qui a vécu avec amour, et procréa dans la santé toute une famille de jeunes garçons blonds et de belles filles roses, peut-être est-il supérieur, dans son obscure conscience des lois éternelles, au super-Homme de Nietzsche, puisqu’il atteignit au bonheur et il présente, pour le moins, autant d’intérêt que l’Homme Libre de Barrès.
La Fontaine, si supérieur dans les fables qu’il avait faites difficilement, d’après la nouvelle discipline, pouvait s’en tenir au genre facile et aimable, dans lequel il donnait quittance à Fouquet des quartiers de sa pension, et continuer de haïr le travail. […] Il faut songer à l’influence qu’un esprit excellent, ferme, sans complaisance, supérieur par la raison, peut exercer même sur des hommes qui le surpassent par l’étendue et la fécondité du génie. […] Outre la difficulté, même pour un esprit supérieur, de voir toute la portée de ses pensées, et, pour un réformateur, de connaître et d’exprimer d’avance toutes les conséquences de sa réforme, Malherbe n’était-il pas sous l’empire de l’ancien préjugé qui faisait de la poésie un art agréable plutôt qu’utile ? […] L’Art poétique est quelque chose de plus que l’ouvrage d’un homme supérieur : c’est la déclaration de foi littéraire d’un grand siècle. […] N’ôtons à aucun la part qu’il a eue, comme juge supérieur, comme conseiller sincère, dans les œuvres de ses amis.
Une telle morale, laissant aux misérables lois humaines le soin des jugements inutiles, arrache à la vie l’essence même de la vie et la transporte en des régions supérieures où elle fructifie à l’abri des contingences, et des plus humiliantes, qui sont les contingences sociales. […] Maeterlinck, disciple de Ruysbroeck, de Novalis, d’Emerson et d’Hello, ne demandant à ces supérieurs esprits (dont les deux moindres eurent des intuitions de génie) que le signe de la main qui encourage aux voyages obscurs ! […] Villiers de l’Isle-Adam On s’est plu, témoignage maladroit d’une admiration pieusement troublée, à dire et même à baser sur ce dit une paradoxale étude : « Villiers de l’Isle-Adam ne fut ni de son pays, ni de son temps. » Cela paraît énorme, car enfin un homme supérieur, un grand écrivain est fatalement, par son génie même, une des synthèses de sa race et de son époque, le représentant d’une humanité momentanée ou fragmentaire, le cerveau et la bouche de toute une tribu et non un fugace monstre. […] Il arrive qu’une œuvre soit, et soit supérieure à l’homme et à son intelligence même, mais de peu ; si peu et mensonge innocent, c’est un spectacle humiliant et qui incite au mépris plus que l’aveu écrit de la médiocrité la plus hideuse et la plus adéquate au cerveau qui l’enfanta : l’homme de valeur est toujours supérieur à son œuvre, car son désir est trop vaste pour qu’il le remplisse jamais, et son amour trop miraculeux pour qu’il le rencontre jamais. […] Avec une semblable nature il faudrait à une femme, pour se mettre au premier rang des hommes, un génie plus haut que le génie même des hommes les plus surélevés : c’est pourquoi si les œuvres marquantes des hommes sont assez souvent supérieures à l’homme, les œuvres les plus belles des femmes sont toujours inférieures à la valeur de la femme qui les a produites.
Chose étrange, et qui n’était point mauvaise, que cette corporation ouverte se recrutant incessamment dans le peuple et gouvernant le monde par l’ascendant d’une science supérieure, d’une éducation supérieure, et d’une discipline supérieure, inventant et maintenant un pouvoir particulier à côté et au-dessus de celui de la force. — C’est le modèle des vraies aristocraties. […] Lui, anciennement pouvoir supérieur, il est à peu près au niveau de la noblesse, de la bourgeoisie, et de la magistrature. […] Il n’est plus le seul savant, il n’est plus le seul intelligent, il n’est plus le seul attaché à des préoccupations supérieures ; il possède, simplement, comme la noblesse, comme la magistrature, comme le tiers : il est à leur rang. […] Partout vous retrouvez l’être supérieur qui subit la mort, un autre être supérieur cherchant çà et là et recueillant les membres dispersés de cette victime (mythes de l’Inde, mythes égyptiens, mythe orphique, mythes chrétiens). […] On n’est pas hérétique pour parler ainsi ; car à des hommes bornés Dieu ne peut donner sa parole que successivement, selon leur capacité de comprendre et selon leur progrès dans l’intelligence des choses supérieures.
Émile Augier, ce qui le rend supérieur, c’est qu’il est plus humain que M. […] Il leur envoie des coups de chapeau, il a du respect et se met à son rang, en les reconnaissant supérieurs. […] Je ne les trouve vraiment grands et supérieurs que dans les passages où ils ont eu le sens du réel. […] C’est une peinture supérieure. […] Et, à côté de Boileau, que de poètes oubliés, connus des seuls lettrés, et qui lui sont supérieurs !
Personne ne conteste qu’un blanc soit supérieur à un boschiman ou à un papou. […] Sans mépriser Cherbuliez, il me semble que Gobineau, même comme romancier, est d’une classe supérieure. […] Quelle puissance lui est supérieure ? […] Mais je crois que leur moralité est d’une moyenne très supérieure à celle de leur temps. […] Magnifique stoïcisme intellectuel, d’une qualité morale bien supérieure aux fameux « orages désirés » de René.
Elle ne trouvait rien sur la terre de supérieur à ce qu’il méritait. […] Il n’y a, selon nous, rien de supérieur, rien même de digne d’une sérieuse attention dans tout cela. […] Quant à elle, elle était morte à ce bas monde ; mais le monde supérieur, le monde céleste, celui où tout est éternel, lui apparaissait plus visible que jamais. […] Il en a besoin ; ce besoin, qui ne justifie pas l’homme, justifie la bête, qui n’a pas reçu de loi supérieure à l’instinct.
Quand j’entrai chez lui, son lit de mort était, pour ainsi dire, encore chaud, et il venait d’être emporté sous son pesant mausolée à Santa-Croce, dans une société de morts très supérieurs à lui : Michel-Ange, Machiavel, et, je crois, Galilée ! […] Si, au contraire, je ne retrouvais pas cet enthousiasme, égal ou même supérieur à ce qu’il était quand j’écrivais cette esquisse, je la changeais ou la brûlais. […] On choisissait les abbesses, les supérieures, parmi les princesses des maisons souveraines, et pour mériter le titre de chanoinesse il fallait montrer dans sa famille, tant en ligne maternelle que paternelle, au moins huit générations de nobles. […] Élevée d’abord dans un couvent, Louise de Stolberg fut bientôt chanoinesse comme ses sœurs, et chanoinesse de l’abbaye de Sainte-Vandru, dont la supérieure était la princesse de Lorraine Anne-Charlotte, sœur de l’empereur d’Allemagne François Ier, belle-sœur de l’impératrice Marie-Thérèse.