Personnalité profondément troublée, et qui l’est sans doute pour le reste de sa vie, par le souvenir de sa fonction grandiose, M. Enfantin publia, il y a quelques années, une autre brochure (son souffle ne va pas jusqu’au livre) dans laquelle il se comparait, si nous nous en souvenons bien, à Nicolas, empereur de Russie, et nous apprenait que lui, M.
Hugo, dont le souvenir vous obsède jusqu’à la persécution, quand vous lisez les Festons et Astragales. […] Ils font plaisir comme de vieux souvenirs.
On voit combien ce nom et le souvenir d’une ancienne grandeur en imposaient encore : « L’orateur, dit-il, craint de faire entendre devant les héritiers de l’éloquence romaine, ce langage inculte et sauvage d’au-delà des Alpes, et son œil effrayé croit voir dans le sénat les Cicéron, les Hortensius et les Caton assis auprès de leur postérité pour l’entendre. » Il y a trop d’occasions où il faut prendre la modestie au mot, et convenir de bonne foi avec elle qu’elle a raison ; mais ici il y aurait de l’injustice : l’orateur vaut mieux qu’il ne dit ; s’il n’a point cet agrément que donnent le goût et la pureté du style, il a souvent de l’imagination et de la force, espèce de mérite qui, ce semble, aurait dû être moins rare dans un temps où le choc des peuples, les intérêts de l’empire et le mouvement de l’univers, qui s’agitait pour prendre une face nouvelle, offraient un grand spectacle et paraissaient devoir donner du ressort à l’éloquence : la sienne, en général, ne manque ni de précision, ni de rapidité. […] Je sais bien qu’il y a, dans Cicéron même, de ces petits détails de vanité ; mais, dans l’orateur romain, ces faiblesses d’amour-propre sont relevées par la beauté du style, par une éloquence harmonieuse et douce, par une certaine fierté de sentiment républicain qui s’y mêle, enfin par le souvenir de ses grandes actions, et le parallèle qu’il fait souvent de lui-même et de ses travaux, avec ces grands de Rome, endormis sous les images de leurs ancêtres, fiers d’un nom qu’ils déshonoraient, inutiles à l’État et prétendant à le gouverner, rejetant tous les travaux et aspirant à toutes les récompenses.
à la mémoire de HENRI-CHARLES READ ce livre est dédié Fleur de souvenir sur la tombe d’un poète mort lui-même en sa fleur J.
Tout le monde s’est mis à publier des souvenirs. […] Souvenirs de tartines… Souvenirs de bahut… Souvenirs de bachot… Souvenirs de cousines… Ces jeunes gens, on le sent, n’ont pas d’autre souci que de s’admirer. » Il y a abus, évidemment. […] On vous conseille d’écrire des choses qui plaisent : « Souvenez-nous, dit Hector Malot, que vous écrivez pour le public. […] Et qui se souvient de Timothée Trimm ? […] Anecdotes et souvenirs, par Th.
Elle est princesse, et elle s’en souvient. […] J’aurais voulu retrouver les fables de Florian pour raviver et préciser un peu mes souvenirs. […] Mais, en outre, elle m’a semblé délicieusement ironique par les souvenirs qu’elle éveille. […] Plus tard, dans quelques heures, le souvenir de ce cri l’épouvantera peut-être elle-même, ou plutôt elle l’aura oublié. […] ou souvenir de sa mère ?
Si loin de sa jeunesse, il la revoyait à son gré et ordonnait magnifiquement ses souvenirs. […] Tous ces souvenirs ont été rédigés de longues années après les événements. […] Je me souviens d’une anecdote que contait Ernest Bersot. […] Deschanel a parfaitement raison de se souvenir qu’il fut professeur de rhétorique. […] Ce n’est point un prêtre romantique hanté par des souvenirs charnels.
Paul Maryllis sont fraîches comme tels bouquets de terroir qu’on eût aimé respirer avec des souvenirs d’enfance retrouvés, et leur franche allure agreste vaut par la simplicité.
Rocha, Ida [Bibliographie] Rêves et souvenirs (1896).
Les qualités maîtresses du poète sont une énergie poussée parfois jusqu’à la violence, une sincérité passionnée et, aussi, une très particulière puissance d’imagination avec laquelle il sait évoquer les souvenirs terribles et grandioses de sa vie maritime.
Mais son ami le reconnaît à ce petit coin du sourire, à ce son argenté de la voix, au feu du regard ; surtout il les reconnaît, parce qu’il a conservé le souvenir, le respect et la fidélité des jeunes années. […] L’oubli c’est la règle, et le souvenir c’est l’exception. […] Cependant Mazarin n’avait pas tellement remplacé le cardinal de Richelieu, qu’on ne se souvînt de Richelieu, mais pour le haïr, mais pour le maudire ; on ne se souvenait que de ses cruautés et de ses froides passions ; quant aux grandes choses qu’il avait faites, on en était trop près pour les voir. […] » Précepte excellent dont nos peintres de portraits se devraient souvenir un peu plus. […] ô souvenirs !
Sainte-Beuve Comment ne pas donner un souvenir amical et reconnaissant à un ancien et fidèle amateur, contemporain de nos jeunes années, M.
Quel souvenir peut-il nous rester de ces générations qui ne nous ont pas laissé un seul texte écrit ? […] Le souvenir d’un de ces morts sacrés était toujours attaché au foyer. […] Il a pu disparaître et le souvenir même s’en effacer. […] Son souvenir se perpétuait comme le feu du foyer qu’il avait allumé. […] Elles avaient besoin de se souvenir, car c’était sur des souvenirs et des traditions que tout leur culte reposait.
Je me souviens de deux bas-reliefs d’Oudri sur lesquels on portait la main.
J’ai là devant moi quantité de numéros de la Presse, renfermant des articles de lui, dont je voulais me souvenir, et sur l’un de ces numéros j’ai écrit : « Voici de ces jolies choses, dites en courant, que je crains que Saint-Victor ne conserve pas et ne recueille pas dans les volumes d’articles revus qu’il prépare ; il s’agit de je ne sais quelle petite pièce à couplets : « Ces chansons du vieux temps, Mlle Déjazet les dit de sa petite voix grêle et fine de cigale anacréontique ivre de rosée. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime. […] Le jeune Saint-Victor, élevé pendant ses premières années hors de France, en Suisse, puis en Italie, à Rome et en d’autres lieux peuplés de vivants souvenirs, y put comparer de bonne heure les chefs-d’œuvre des Écoles rivales ; il grandit et se forma à l’idée, du beau parmi les marbres et les tableaux des maîtres ; il lui fut donné, comme à Roméo, de voir à temps la beauté véritable, et depuis ce jour il ne put jamais s’en déprendre.
Quoi qu’il en soit, ce genre en vogue, qui contribue à défrayer bien des théâtres, ne s’était pas élevé jusqu’ici à une certaine hauteur, et on n’avait souvenir d’aucune pièce saillante. […] Faisons comme Richelieu dans cette partie de dés qu’il joue avec d’Aubigny ; ne nous souvenons que du coup que l’aventureux joueur a gagné.
Éviter le souvenir de ces impressions, ce serait perdre le plus grand des avantages, celui de peindre ce qu’on a soi-même éprouvé. […] Les ombres penchées sur les nuages ne sont que des souvenirs animés par des images sensibles39.
Un vers de Pindare vient aussi caresser le souvenir : la vie est le songe d’une ombre . […] Le monde sensible lui apporte des images d’elle-même, car elle ne saisit des choses que ce qui peut l’affecter ; le raisonnement, rapport de plusieurs souvenirs, n’est que la comparaison de divers états de son développement ; tout songe, toute idée, lui révèlent quelqu’un de ses aspects.
Et quel temps choisit-on pour le décrier ; le temps où il devoit être à l’abri de toute médisance ; où il avoit souffert le dernier outrage pour un amant ; où le chanoine Fulbert avoir épuisé les rafinemens de sa vengeance ; où la tendre Héloïse, ce modèle des amantes, désespérée, & brûlant de plus de feux que jamais, avoir porté dans un cloître, avec tous les agrémens de sa jeunesse & de son esprit orné de mille connoissances, les charmes d’une figure adorable ; où ces amans n’avoient, contre leur fatale destinée, d’autre ressource que l’illusion, l’image de leur ivresse passée, le souvenir de ces transports dont ils étoient pénétrés, lorsque le prétexte de l’étude favorisoit l’intelligence du maître amoureux & de l’écolière passionnée*. […] « Je ne me souviens point, disoit l’abbé de Cluni dans sa lettre, d’avoir vu son semblable en humilité, soit pour l’habit ou pour la contenance.
De tous les poëtes qui se sont acquis un grand nom, Lucain est le seul, autant qu’il m’en souvient, qui dès sa jeunesse ait pû vivre dans l’abondance. […] Il me souvient de ce que dit Monsieur Despreaux à M.
Dante a dit, avec sa science de la vie et de sa misère, que le souvenir du bonheur passé était plus triste que celui du malheur lui-même, et il en est quelquefois ainsi du soleil Qui n’a pas éprouvé qu’il est des jours où il nous tombe d’autant plus lourdement sur le cœur, qu’il est plus pur et plus splendide ? […] Aucun procédé, aucun effort de volonté, aucune de ces comédies intérieures que l’homme se joue et qu’il appelle de l’art, n’a pu donner à l’auteur, de ces souvenirs d’Asie l’accent brisé et doux de bonheur impossible qu’on entend, mais qui ne gémit pas, sous ses phrases écrites, dirait-on, par une signora Pococurante, dans le calme et l’indifférence, ni lui faire composer à loisir ce parfum subtil qui s’en échappe et vous enveloppe bientôt tout entier… Mme de Belgiojoso a-t-elle jamais été une femme littéraire ?