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500. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

C’est une société bourgeoise, prudente et pacifique. […] À ces sociétés si bien civilisées que manque-t-il ? […] Il est l’envieux, le jouisseur forcené, principal danger de notre société. […] Contre les excentricités de l’amour, la société n’est ni avertie, ni armée. […] Avoir été l’oracle de la société la plus aristocratique et s’éteindre dans un cabanon !

501. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Ces contrastes sont fréquents en société. […] Voulait-il représenter les populations rurales comme des victimes de la société ? […] C’est la mort fatale de l’antique société c’est la naissance d’une société nouvelle et c’est nécessairement la poussée d’un nouvel art dans ce nouveau terrain… Oui, on verra, on verra la littérature qui va germer pour le prochain siècle de science et de démocratie ! […] Non, quelque défectueuse que soit notre société, l’ouvrier n’est pas fatalement appelé à succomber à l’ivresse. […] En ce qui regarde les mœurs des diverses classes de la société, a-t-il donné des aperçus nouveaux ?

502. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Nous pouvons tous et nous devons tous vivre en paix et en amitié dans la société civile, parce que dans la société civile nous avons tous intérêt à nous protéger les uns les autres. […] Nous vivons à une époque où le défaut des gouvernements est d’avoir moins fait la société pour l’homme que l’homme pour la société. […] La société ne doit pas se baser sur des exceptions. […] Ils sont les espèces de la société, pareilles aux espèces de la nature. […] La société reçut l’empreinte ecclésiastique.

503. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Un clergé propriétaire et constitué en pouvoir politique pouvait convenir dans la société du moyen âge, être utile alors à la civilisation ; mais il était inadmissible au dix-huitième siècle. […] « Quant à la manière de classer les hommes dans la société, il disait à ceux qui ne voulaient aucune distinction : « Pourquoi donc avez-vous créé les fusils et les sabres d’honneur ? […] Washington, au milieu d’une société démocratique, républicaine, exclusivement commerciale, et pour longtemps pacifique, Washington avait eu raison de montrer peu d’ambition. Dans une société républicaine par accident, monarchique par nature, entourée d’ennemis, dès lors militaire, ne pouvant se gouverner et se défendre sans unité d’action, le général Bonaparte avait raison d’aspirer au pouvoir suprême, n’importe sous quel titre. […] Toutefois, si, dans ce retour à la monarchie, la France obéissait aux lois immuables de la société humaine, elle allait vite, trop vite peut-être, comme il est d’usage dans les révolutions.

504. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

J’étais vulnérable par mon goût pour la société. […] Des lettres de Paris m’apprirent qu’après mon départ le premier consul s’était exprimé très-vivement contre mes rapports de société avec le général Bernadotte. […] Les sensations qui nous viennent par les combinaisons de la société sont si différentes de celles de la nature ! […] Elle séjourna quelque temps à Vienne et s’y prépara dans la société des poëtes et des hommes de lettres à illustrer la Germanie comme elle avait illustré l’Italie. […] L’esprit de société est cependant très-favorable à la poésie de la grâce et de la gaieté dont l’Arioste, La Fontaine, Voltaire sont les brillants modèles.

505. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Mais il existe aussi dans une société des institutions permanentes ou des groupements éphémères qui ont un caractère spécialement littéraire et qui, par conséquent, sont liés plus étroitement au développement de la littérature et de la langue. […] La société dans laquelle ils se trouvent lancés tout à coup n’offre rien de tout cela. […] N’aimeront-ils pas mieux essayer d’acclimater dans la société ce qu’ils y cherchent en vain ? […] Aux Parisiens elle apparaît souvent comme attardée, comme venant à la remorque de l’opinion publique, comme une chambre d’enregistrement pour des arrêts qui lui sont dictés ou imposés par la société environnante. […] Souvenirs de la Révolution (les sociétés populaires).

506. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

La rencontre qu’il fit de l’abbé de La Caille dans une société le rendit élève de ce savant homme en astronomie. […] Ces gentillesses et ces délassements de société se prolongent même après que l’observateur des satellites de Jupiter semble avoir abjuré la bagatelle en disant : Je sais priser mes rapsodies ; À Phébus j’ai fait mes adieux. […] Les passions, multipliées avec la société, s’étaient amincies comme le métal brillant et ductile étendu sur des surfaces ; il y avait moins de liberté et plus de conventions dans la société : l’esprit et le goût en étaient une, et la gaieté moins libre commençait à lui céder l’empire. […] Bailly, même en cette première et longue moitié de sa carrière, ne fut jamais homme du monde, à proprement parler ; il jouissait de la société, mais sans se dissiper ni se répandre, et, sauf dans l’intimité peut-être, il y était réfléchi et assez silencieux.

507. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot, « espérait peu en entreprenant beaucoup. » Ce sauveur de la société, comme on l’appelait dans le parti de l’ordre, était obsédé lui-même d’une idée sinistre et funèbre. […] Guizot, prenant la mesure de cet homme d’État, une mesure très juste, et le qualifiant « homme de cour et de diplomatie, non de gouvernement, et moins encore de gouvernement libre que de tout autre », énumère plusieurs des qualités qu’il estime indispensables pour ce haut emploi, le plus haut en effet qui soit dans la société, puisqu’il l’embrasse et la comprend tout entière elle-même : L’autorité du caractère ; La fécondité de l’esprit ; La promptitude de résolution ; La puissance de la parole ; L’intelligence sympathique des idées générales et des passions publiques. […] Il y a, pour parler son langage, trois éléments à considérer dans la société : les idées, les intérêts, les passions. […] Or, cependant entre les idées et les intérêts de la société, s’il fallait absolument choisir pour la conduite politique, on courrait risque encore de se moins tromper en sachant et en consultant préférablement les intérêts. […] Il a le goût des cités politiques choisies, des sociétés fermées et retranchées ; il n’aime pas à faire entrer dans le cercle, une fois défini, des citoyens, les gens du dehors, fussent-ils des natifs.

508. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Les nations du Nord, en faisant disparaître pendant quelque temps les lettres et les arts qui régnaient dans le Midi, acquirent néanmoins quelques-unes des connaissances que possédaient les vaincus ; et les habitants de plus de la moitié de l’Europe, étrangers jusqu’alors à la société civilisée, participèrent à ses avantages. […] Ils ont fait, pour ainsi dire, une invasion dans les classes supérieures de la société, et tout ce que nous avons souffert, et tout ce que nous condamnons dans la révolution, tient à la nécessité fatale qui a fait souvent confier la direction des affaires à ces conquérants de l’ordre civil. […] La religion et le bonheur domestique fixèrent la vie errante des peuples du Nord, ils s’établirent dans une contrée, ils demeurèrent en société. […] L’esprit militaire, qui doit avoir présidé à l’origine des sociétés, se fait sentir encore jusque dans la philosophie stoïcienne ; la puissance sur soi-même y est exercée, pour ainsi dire, avec une énergie guerrière. […] Quoique les passions fortes entraînent à des crimes que l’indifférence n’eût jamais causés, il est des circonstances dans l’histoire où ces passions sont nécessaires pour remonter les ressorts de la société.

509. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Il est permis de penser qu’il en est des groupes sociaux comme des organismes animaux, en sorte que l’apparition d’une conception bovaryque assume parmi les collectivités humaines une signification opposée selon qu’elle se manifeste parmi une société en formation ou parmi une société ancienne, pourvue par une longue hérédité historique d’organes religieux, moraux et politiques que coordonnent entre eux les fibres d’une sensibilité homogène et invétérée, élaborée aux sources de l’ethnicité de la langue et de l’habitat communs. Une société de ce type ancien peut bien, à vrai dire, évoluer encore, mais elle n’a pas le choix entre un grand nombre de directions. […] Celui-ci, qui ne possède encore aucun plan organique, aura tout avantage à se concevoir autre qu’il n’est, à mettre à profit les expériences des autres groupes déjà constitués, car il abrège, par cet expédient, la lente période de formation par laquelle ces groupes ont dû passer avant de parvenir à l’état organique, il s’épargne mille vains essais ; du premier coup, il use d’un système qui déjà a prouvé son efficacité à faire vivre des hommes en société. […] Le fait qu’une société est demeurée très longtemps Sans varier, durcie dans une même forme pendant des siècles, — plus que le fait de s’être écartée de ses origines par un grand nombre de transformations, — la rend impropre à des métamorphoses nouvelles.

510. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Convaincu que tout écrivain, dans quelque sphère que s’exerce son esprit, doit avoir pour objet principal d’être utile, et espérant qu’une intention honorable lui ferait pardonner la témérité de ses essais, il a tenté de solenniser quelques-uns de ceux des principaux souvenirs de notre époque qui peuvent être des leçons pour les sociétés futures. […] Il a donc pensé que si l’on plaçait le mouvement de l’Ode dans les idées plutôt que dans les mots, si de plus on en asseyait la composition sur une idée fondamentale quelconque qui fût appropriée au sujet, et dont le développement s’appuyât dans toutes ses parties sur le développement de l’événement qu’elle raconterait, en substituant aux couleurs usées et fausses de la mythologie païenne les couleurs neuves et vraies de la théogonie chrétienne, on pourrait jeter dans l’Ode quelque chose de l’intérêt du drame, et lui faire parler en outre ce langage austère, consolant et religieux, dont a besoin une vieille société qui sort, encore toute chancelante, des saturnales de l’athéisme et de l’anarchie.

511. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

La société, telle qu’elle se formait alors, toute féodale et religieuse, demandait aux constructeurs d’élever force monastères, force églises, des palais aussi, des châteaux surtout et des remparts. […] Viollet-Le-Duc est sévère pour l’art emprunté, copié, extérieur, fastueux, plus apparent que réel, pour l’art massif qui s’impose et qui ne correspond ni à un état de civilisation, ni à un besoin réel, ni à une pensée sincère, ni à un bien-être, à une habitude ou à une convenance de la société régnante et vivante. […] L’architecture, sans caractère propre, a cessé d’être ce qu’elle était au Moyen-Âge et jusqu’à la Renaissance inclusivement, l’enveloppe de la société, le vêtement qui se prêtait aux formes et aux mouvements du corps : « Ce vêtement est devenu la chose principale ; il a gêné le corps, parlant l’esprit. […] Viollet, c’est d’abord qu’on ne prenne pas l’antique pour le transporter, tel quel, chez nous, sans motif, sans égard à tout ce qui diffère profondément entre des sociétés si dissemblables ; et de notre passé à nous, de notre ancienne architecture nationale, il veut qu’on n’en prenne que ce qui s’applique à nos mœurs actuelles, à notre objet, aux matériaux dont nous nous servons, et surtout qu’on s’inspire du bon sens extraordinaire dont ces vieux architectes du XIIIe siècle ont fait preuve. […] qui donc nous rendra une architecture originale, si elle est encore possible, celle de la société présente et à venir ?

512. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Dans la société civile et politique, le même enthousiasme se manifestait par la mutation des choses antiques. […] Les premières idées qui furent modifiées par cette influence se rapportent à la vie ordinaire, à l’esprit de société, plutôt qu’à la haute spéculation. […] Dans l’art d’écrire le français de la société polie au commencement du xvie  siècle, l’auteur de l’Heptaméron n’avait rien à apprendre de personne. […] On sent que l’esprit de société, le goût des plaisirs de l’intelligence, ont pénétré dans les hautes classes en France, qu’on y réfléchit plus, qu’on se regarde et s’analyse davantage. […] Les épîtres de Marot à François Ier sont des modèles de cette flatterie, la forme la plus noble et la plus agréable que puissent prendre dans notre pays la dépendance et l’inégalité, éternelles comme les sociétés humaines.

513. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Au lieu de s’étendre avec une curiosité tranquille sur le détail de nos misères, il s’était borné à éclairer d’une lumière terrible les principaux objets de notre confiance, ce que l’on pourrait appeler les garanties des sociétés, la justice, la loi, la vertu. […] Il y avait une sorte de proportion en toutes choses, et la plus grande des sociétés modernes se laissait voir dans ce moment de repos, où il faut prendre le portrait des nations comme des personnes. […] Toutes les conditions n’ont-elles pas des points communs par où la même leçon peut les toucher ; et l’homme, tel que Dieu l’a fait, ne déborde-t-il pas toujours les cadres et les compartiments dans lesquels l’esprit de société tend à l’enfermer ? […] C’est par là que, même dans une société où règne la distinction des classes, les diverses classes ne sont pas les unes pour les autres l’objet d’une curiosité stérile qui s’amuserait des différences ; elles peuvent se donner réciproquement des leçons. […] Elle consiste en seize divisions ou têtes de chapitres, qui comprennent à peu près toute la morale pratique dans une société monarchique et chrétienne.

514. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Mais, en même temps qu’il entra si bien dans les idées et dans les goûts de la société française, il sut garder son air, sa physionomie, son geste, et aussi une indépendance de pensées qui l’empêcha d’abonder dans aucun des lieux communs du moment. […] Il fit les délices des sociétés qui se l’arrachaient ; ses amis particuliers, surtout Grimm et Diderot, appréciaient hautement la nouveauté et l’étendue de ses vues, de ses lumières : Ce petit être, né au pied du mont Vésuve, écrivait Grimm, est un vrai phénomène. […] Selon lui encore, il en est de l’illusion au moral comme au physique : elle engendre des résultats qui peuvent être beaux et bons, relativement à la société et à l’homme. […] Il a trois nièces dont il fait bon marché dans sa Correspondance (« Mes nièces sont bêtes, et je n’ai qu’une chatte pour toute société »), trois nièces qui demandent à être mariées à cor et à cri, et dont il est, comme il dit, le maquignon . […] Parlant de la conversation de l’abbé Galiani et des récits amusants qu’il faisait en société, des excellents contes qu’il jouait en quelque sorte, et rappelant que Diderot en a conservé quelques-uns dans ses lettres à Mlle Volland, le nouvel éditeur ajoute : « M. 

515. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

En ces cent années il s’est fait une assez grande révolution dans l’ordre et le gouvernement de la société, dans l’ensemble des mœurs publiques, pour que l’existence et la vie que menait cette petite reine fantasque nous semble presque comme un conte des Mille et Une Nuits, et pour qu’on se dise sérieusement : « Était-ce donc possible ?  […] Tout n’a pas fini par un mariage, et, depuis 89 jusqu’en 1850, l’équilibre, entre ce qui reste du principe de l’ancienne société et les prétentions croissantes de la société nouvelle, se cherche encore. […] Bref, il connut M. de Malezieu, qui le goûta, l’utilisa, et en fit son compère dans ses jeux et ses divertissements poétiques de société. […] À l’époque de son mariage, on avait fait pour elle un emblème et une devise : une mouche à miel, avec ces mots tirés de l’Aminte du Tasse : « Piccola si, ma fa pur gravi le ferite… Elle est petite, mais elle fait de cruelles blessures25. » On en prit occasion plus tard, dans les premiers temps de Sceaux, de former une société des personnes qui avaient le plus souvent l’honneur d’y venir, sous le titre de l’ordre de la Mouche à miel. […] Un parvenu le lendemain d’une révolution, nous connaissons, pour l’avoir vu, cet être et ce monstre caractéristique de la société moderne.

516. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Je ne prendrai en Mme de Girardin que la femme, le poète de société et de théâtre, le moraliste du monde et de salon, Delphine, Corinne, et le vicomte Charles de Launay, rien que cela. […] Elle sait le monde à fond, elle a le sentiment et l’observation de tous les travers de la société ; elle a l’art des portraits ; elle a le vers satirique, piquant et gai ; elle peut et elle ose tout dire : ce n’est pas assez encore, mais c’est beaucoup. […] La société parisienne est observée à fleur de peau ; elle est saisie dans son travers, dans son caprice d’une saison, d’un seul jour, d’une seule classe qui se dit élégante par excellence. […] Dans les romans de Mme de Girardin, on retrouverait le même genre d’esprit que dans ses feuilletons, des portraits et des scènes de société, des observations fines, force paradoxes, quelque charge, peu d’émotion, peu d’action, une grande science du monde à la mode, l’art et jusqu’au métier de l’élégance. […] Telle qu’elle est, il manquerait quelque chose d’essentiel à la société, à la poésie et au journalisme de ce temps-ci, et les trois ensemble n’auraient pas donné leur dernier mot, s’ils ne s’étaient entendus pour produire ce composé singulier, étrange, élégant, qui, dans sa forme habile et précise, se jouant du fond, associe à son gré avec malice, avec gaieté, naturel et même un reste de naïveté, la femme d’esprit, le cavalier à la mode, l’écrivain consommé, et l’amazone parfois encore et la muse.

517. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Consciencieux, travaillé, fouillé, positif comme une instruction criminelle, son livre, la Défection de Marmont en 1814 22, nous paraît d’un péremptoire affreux pour l’honneur de Marmont, et nous croyons qu’après l’avoir lu personne ne reprendra pour la plaider à nouveau la cause du coupable défectionnaire d’Essonnes, malgré la manie des circonstances atténuantes dont les sociétés sans force soutiennent leur faiblesse, et qui pour le moment s’introduisent partout, même en histoire. […] Seulement, dans une société où le sophisme et la lâcheté ont appris à tant de personnes cet art des nuances qui change tout sans faire rien crier, dans une société où la netteté de l’expression passe pour une indécence ou pour une tyrannie, appeler les choses par leur nom est une hardiesse qui doit honorer un écrivain.

518. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ce sont les insectes de la société. […] D’ailleurs la société deviendroit monotone & languissante, s’il n’y avoit des frondeurs. […] Grande question à résoudre, & qui mériteroit bien un prix de la part des sociétés littéraires. […] Il est vrai qu’on pourroit bien épargner à la société ce funeste accident. […] Chaque société a ses défauts & ses vices ; eh !

519. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

La première séance publique de l’Institut national eut lieu le 15 germinal an IV (4 avril 1796) : ce fut Daunou qui prononça le discours d’inauguration dans cette réunion solennelle en présence du Directoire, des ministres, des ambassadeurs, de l’élite de la société française. […] Gardons-nous toutefois de méconnaître ce qu’il y avait de grand, d’utile, d’applicable à une société républicaine et libre dans ce premier programme, tracé tout en vue du travail et de l’émulation des membres, du concert et du progrès des connaissances humaines. […] Ce n’est pas faire le prophète que d’avancer que l’Académie française est à la veille d’un renouvellement décisif et qu’elle va se trouver en présence d’un état intellectuel et littéraire de la société qui ne s’était pas vu encore. […] La constitution de la société a changé : l’Académie n’entend plus chaque année au mois d’août la messe de la Saint-Louis, et le panégyrique du saint. […] Oui, mais la société a marché depuis ; bien ou mal, son milieu s’est déplacé ; ce déluge qu’annonçait et prophétisait Royer-Collard, la démocratie, a débordé dans toutes les sphères ; le gémissement est inutile, et il n’est pas permis de se renfermer dans le même cercle restreint, élevé, infranchissable.

520. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

À une nuance près, on trouve chez eux la même société que chez un grand seigneur, les mêmes idées, le même ton. […] Ils s’engagent dans les tracasseries, dans les glorioles, dans les petitesses de la vie littéraire, bien pis, de la vie théâtrale, puisque, sur cent théâtres de société, ils sont acteurs et jouent avec les vrais acteurs. […] Or, à présent que la société est mêlée, de pareilles épreuves sont fréquentes et faciles. […] Comte de Vaublanc, I, 117. — Beugnot, Mémoires (premier et deuxième morceau, la société chez M. de Brienne et chez le duc de Penthièvre). […] Le Compère Mathieu, par Dulaurens (1766). « Nous ne devons nos malheurs qu’à la façon dont nous avons été élevés, c’est-à-dire à l’état de société dans lequel nous sommes nés.

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