Cet asile propice, que la ville éternelle n’a cessé d’offrir depuis trois siècles aux fervents artistes, voués à leur œuvre dans un religieux silence, il en savait le prix et en jouissait à sa manière pour promener sa curiosité. […] Il avait alors un ouvrage en portefeuille, un ouvrage de métaphysique, ou du moins de psychologie ; car il s’était remis à ce genre d’études dont il devait le goût à Bonnet, et qui était assez à la mode au commencement de ce siècle. […] Voltaire a été l’homme le plus éminemment spirituel de son siècle. […] L’esprit du siècle, dégagé des débris du vieux âge, s’était montré tellement supérieur aux institutions tombées, que déjà, l’absence de ces institutions était un bien. Le despote sut tirer parti des lumières d’un siècle nouveau, et comme il était lui-même une lumière, il épargna à ses subordonnés les fausses mesures et les vues étroites de la médiocrité, qui, en faisant le mal du temps présent, préparent encore des maux à la postérité.
Il semble approuver complètement une brochure de M. de Bonald, de la Royauté en France, laquelle ne concluait à rien moins qu’au rétablissement de l’ancien régime autant que faire se pouvait : « Point de Constitution écrite, point de Chambres, le rétablissement des Parlements tels qu’ils existaient autrefois, sans quoi la France tombera rapidement au dernier degré de la faiblesse et du malheur et sera, avant un siècle, le théâtre d’une nouvelle révolution, semblable à la révolution d’Angleterre de 1688. […] Je ne me mettrai pas de cet Ordre-là, j’aurais affaire à de trop dures têtes. » « (19 février 1815)… Je n’ai courage à rien, le siècle est trop sot. […] Toutes les vertus que possède l’abbé Carron ravissent son cœur, et les qualités même qu’il n’a pas, ses limites du côté des idées du siècle et dans l’ordre de l’intelligence philosophique, lui semblent une vertu de plus, un signe de perfection et d’avancement dans la ligne évangélique. […] « Nous sommes dans un siècle qui lasse le mépris. » Après avoir dit et redit ce mot sur tous les tons pendant près de vingt ans à ses adversaires de gauche, il le répéta sur tous les tons pendant vingt autres années à ses anciens auditeurs de droite, devenus à leur tour ses adversaires. […] Le siècle et le prochain payaient les frais de son secret et intime discontentment.
Notre littérature des trois derniers siècles y est tout entière traitée, plusieurs même des grands noms assez en détail. […] Il n’avait donc plus, hors cela, qu’à tâcher d’être le critique sensé, général, de cette tradition qu’on avait tant attaquée, et à laquelle on n’avait rien substitué ; il avait à faire réaction, enfin, pour la littérature française contre les littératures étrangères, pour les grands siècles et les gloires établies contre les usurpations récentes, pour la prose non poétique contre les vers et la forme vivement exaltés. […] Il s’est si bien créé l’avocat des grands siècles et si fermement posé sur le terrain de la tradition, qu’il vous convie à lui et à ses clients illustres d’un seul et même appel. […] Aussi ne faut-il pas lui demander du neuf ou même du juste avant les trois derniers siècles. […] L’objet naturel, le devoir d’un tel ouvrage ne serait-il pas d’indiquer dans l’auteur négligé ce qui est à lire par échantillon, ce qui mérite d’en survivre, et ce qu’on en peut sauver d’agréable après des siècles ?
Sarcey en mange volontiers, toujours comme ses pères du dernier siècle. […] Car, bien qu’ils soient contemporains, il y a un siècle entre les deux. […] Encore une fois il relève du siècle dernier par son esprit, par son style, par ses goûts littéraires, même par sa philosophie, qui, autant que j’en puis juger, serait celle de Condillac ou de Cabanis et de Destutt de Tracy. […] Rien n’empêche d’ailleurs qu’un drame parfait soit par surcroît une œuvre de belle littérature : on en a vu des exemples aux deux derniers siècles et de nos jours. […] Au premier coup d’archet qui sur la scène mettait en branle les dieux de l’Olympe et des Enfers, il semblait que la foule fût secouée d’un grand choc et que le siècle tout entier, gouvernements, institutions, mœurs et lois, tournât dans une prodigieuse et universelle sarabande.
Il est de son siècle, tout en le combattant ; il ne sait pas voir les bornes de la raison, et il s’y trompe d’autant plus souvent, qu’il donne à sa raison l’étendue de son imagination, et qu’il croit raisonner encore quand il rêve. […] En écrivant René, Chateaubriand avait cru, dit-il, « n’exposer qu’une infirmité de son siècle, et décrire seulement cet état de l’âme qui précède les grandes passions, le désabusement du jeune homme qui n’a encore usé de rien. » René ne fût-il que cela, ce ne serait déjà pas si peu. […] Si cet idéal a été pour beaucoup de poètes de ce siècle au-delà de leur portée, une élite du moins y a touché. […] Il était bien digne de retrouver la langue de ce siècle, alors qu’il gardait encore de ses mœurs littéraires la docilité aux conseils du « censeur solide et salutaire », et qu’il aimait la gloire à la façon des grands écrivains d’alors, non comme une affaire à laquelle on travaille de sa personne, mais comme une fortune qu’on laisse faire à ses œuvres. […] En revanche, il y aura toujours une place d’honneur pour la belle et poétique intelligence qui s’inspira, au commencement de ce siècle, de tout ce qui voulait revivre du passé, de tout ce qui commençait à vivre de l’avenir.
N’est-ce pas Guizot, le protestant rigide, qui applique à ce siècle si peu chrétien les paroles mêmes du Christ : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’il a beaucoup aimé ». […] Ainsi, pour peu qu’on suive dans sa marche ce qu’on a nommé de nos jours « le mal du siècle », cette espèce de petite vérole noire qui a sévi durant bon nombre d’années, on voit, pour ainsi dire, la contagion passer de certains écrivains fameux à leurs lecteurs ; on voit le suicide parfois, plus souvent l’aveulissement de la volonté dériver des œuvres pessimistes et déprimantes composées par les hommes de talent qui furent atteints de cette maladie. […] Quand d’Holbach et ses amis, au siècle dernier, devenant des fanatiques à rebours, voulurent imposer autour d’eux une sorte d’athéisme obligatoire, Duclos, le philosophe, qui n’était guère chrétien, s’écriait avec humeur : « Ils en diront tant, qu’ils me feront aller à la messe. » On raconte qu’un avare, voyant l’Harpagon de Molière souffler une chandelle inutile, laissa échapper ce cri de joie : « Voilà une leçon dont je profiterai. » Leçon d’avarice tirée d’une pièce contre l’avarice ! […] On peut utilement suivre de siècle en siècle les variations d’une légende.
Obscur Israélite, j’apporte aujourd’hui mon grain de sable. » C’est ainsi qu’à l’âge de trente-trois ans s’exprimait le brillant écrivain qui allait inaugurer le siècle. […] après une révolution qui nous a fait parcourir en quelques années les événements de plusieurs siècles, on interdira à l’écrivain toute considération morale élevée ! […] Les chevaliers eux-mêmes, s’ils sortaient aujourd’hui de leurs tombeaux, suivraient la lumière de notre siècle. […] Mais l’embarras de M. de Chateaubriand tient à ceci : il veut la popularité, il veut être l’idole du siècle et de l’avenir, et il s’aperçoit trop tard qu’il a heurté et insulté la grande idole populaire, Napoléon. […] Buonaparte l’aurait pu dompter en l’écrasant, en l’envoyant mourir sur les champs de bataille, en présentant à son ardeur le fantôme de la gloire, afin de l’empêcher de poursuivre celui de la liberté ; mais nous, nous n’avons que deux choses à opposer aux folies de cette jeunesse : la Légitimité escortée de tous ses souvenirs, environnée de la majesté des siècles ; la Monarchie représentative assise sur les bases de la grande propriété, défendue par une vigoureuse aristocratie, fortifiée de toutes les puissances morales et religieuses.
Au fond de nous, la pensée de dépouiller notre qualité de Français, d’aller à l’étranger recommencer la Hollande libre parleuse des xviie et xviiie siècles, de faire un journal contre ce qui est, de s’ouvrir, de briser le sceau sur sa bouche, de répandre ses dégoûts dans un cri de colère… Il y a depuis un mois une veine de malheur sur nous. […] 8 mai On a beaucoup écrit sur la tragédie, sur la grande tragédie du grand siècle. […] 22 juin Notre siècle, un siècle d’à peu près. […] * * * — Dans les troubles de l’art, à la fin des vieux siècles, quand les nobles doctrines sont mourantes, et que l’art se trouve entre une tradition perdue et quelque chose qui va naître, il apparaît des décadents libres, charmants, prodigieux, des aventuriers de la ligne et de la couleur qui risquent tout, et apportent en leurs imaginations, avec une corruption suave, une délicieuse témérité.
* * * — Un des caractères particuliers de nos romans, ce sera d’être les romans les plus historiques de ce temps-ci, les romans qui fourniront le plus de faits et de vérités vraies à l’histoire morale de ce siècle. […] Dimanche 31 mars Déjeuner chez Flaubert avec Sari et Lagier, et conversation toute spéciale sur le théâtre… Ce n’est que depuis ce siècle que les acteurs cherchent en leurs silhouettes l’effet tableau : ainsi Paulin Ménier montrera au public des effets de dos pris aux dessins de Gavarni ; ainsi Rouvière apportera à la scène les poses tordues et les épilepsies de mains, des lithographies du Faust de Delacroix. […] De Sœur Philomène, il passe aux femmes, aux vieilles femmes, comme Mme de Boigne, auprès desquelles il a pu retrouver l’accent du xviiie siècle, et nous félicite de vivre un peu, ainsi que nous le faisons, dans un siècle passé, de vivre une double existence. […] » De là, la parole de Sainte-Beuve saute à Flaubert : « On ne doit pas être si longtemps à faire un livre… Alors on arrive trop tard pour son temps… Pour des œuvres comme Virgile, ça se comprend… Et puis après Madame Bovary, il devait donner des œuvres vivantes… des œuvres, où l’on sente l’auteur touché personnellement… tandis qu’il n’a fait que recommencer Les Martyrs de Chateaubriand… S’il avait fait cela, son nom serait resté à la bataille, à la grande bataille du roman, au lieu que j’ai été forcé de porter la lutte sur un moins bon terrain, sur Fanny… Alors, Sainte-Beuve s’étend sur l’ennui de sauter de sujet en sujet, de siècle en siècle… On n’a pas le temps d’aimer… Il ne faut pas s’attacher… Cela brise la tête : c’est comme les chevaux dont on casse la bouche en les faisant tourner à gauche, à droite, — et il fait le geste d’un homme qui tire sur un mors. — « Tenez, me voilà engagé pour trois ans… à moins d’un accident.
C’est pour avoir éveillé cette légion d’espérances endormies que Shelley presque vieux d’un siècle, est encore, parmi nous, le plus réel, le plus proche et le meilleur des amis. […] Pour lui l’homme, au cours des longs siècles chrétiens, a subi une entorse violente du cerveau, alors que « vivre » équivalait à « végéter ». « Détournons nos regards du funeste passé ! […] Écoutons bien plutôt celle qui est un présent éternel, qui ne varie pas, la Nature. » Dix siècles d’anémie cérébrale, c’est-à-dire de spiritualisme chrétien, ont empêché la plante humaine de pousser des rameaux vigoureux dans l’espace, l’ont contrainte aux maigres efflorescences dénuées de couleurs vives. […] L’admiration muette et prosternée devant une œuvre d’art, à côté du mépris devant le plus simple fait de la vie réelle, nous paraît l’odieux héritage de siècles sans esthétique véritable et profonde. […] Mais à côté de cet attachement, nous admettons mille patries, partout où nous nous augmentons, partout où nous sommes heureux, partout où règnent la justice et la beauté, mille patries parce que nous avons mille vies, incessamment diverses, sans cesse renouvelées, parce que nous nous adaptons à tous les milieux ; partout où nous trouvons de la bonté, de l’intelligence, de la simplicité, nous sommes chez nous ; partout où des cœurs fraternels s’approchent du nôtre, partout où nous sommes entourés de compagnons et d’amis, nous disons : « Je suis au milieu des miens. » Si ma patrie m’est inclémente et qu’une autre patrie m’attire, que m’importent les longs siècles d’histoire ?
Il est revenu à vingt reprises sur le dédain où il tenait ces injustices de l’opinion contemporaine. « Il faut marcher avec son siècle, disent ceux qui prennent pour un siècle les courts moments où ils ont vécu… Ce n’est pas avec un siècle, c’est avec tous les siècles qu’il faut marcher, et c’est aux hommes, quelquefois à un homme seul, qu’il appartient de ramener le siècle à ces lois éternelles, qui ont précédé les hommes et les siècles, et que les bons esprits de tous les temps ont reconnues. » Fort d’une pareille conviction, comment n’eût-il pas méprisé cet outrage, aussi bien qu’il devait mépriser plus tard les diffamations des libéraux ? […] Elle consiste à vouloir, après des centaines de siècles, recommencer la société. […] Tout d’abord est-il exact que la mélancolie découragée soit la caractéristique profonde de tous ces enfants du siècle ? […] De là résulte — l’expérience des siècles le démontre — la bienfaisance, la nécessité des petites patries dans la grande. […] Conçu dans l’anxiété civique, il continue de représenter ce sentiment à travers les différences de siècles et de patries.
Vous quittez le pays à demi allemand qui n’est à nous que depuis un siècle. […] Mon seul déplaisir est que ce siècle soit si bas qu’il ne sache plus jouir. […] Plus il pénètre dans son art, plus il a pénétré dans le génie de son siècle et de sa race. […] Par cette correspondance Entre l’œuvre, le pays et le siècle, un grand artiste est un homme public. […] Si cet esprit est le fond même de la race et reparaît à chaque siècle, l’écrivain est un La Fontaine.
Malheur aux hommes dont le nom devient synonyme de crime : il faut des siècles pour laver ce nom ! […] Machiavel, toujours par l’intermédiaire de son ami Vettori, qui résidait auprès du pape, transmettait à Léon X des chefs-d’œuvre de vues en chefs-d’œuvre de style, émanés de cette pauvre métairie où languissait le génie du siècle. […] Rousseau, mais nous n’allons pas si loin non plus que le préjugé des siècles. […] L’Italie ne se doutait pas que des gorges de la Savoie, domaine sauvage des peuplades allobroges, sortirait une puissance envahissante, militaire et politique, qui aspirerait, quelques siècles plus tard, à concentrer et à posséder l’héritage de Rome dans la main d’un roi des Alpes héritier des barbares dont Rome ne savait même pas le nom. […] Florence disparaît sous cette forte main, digne de manier l’histoire de tous les empires et de tous les siècles.
Bientôt les mausolées de l’amiral vénitien Emo, et les mausolées plus mémorables de deux papes, avaient élevé ce nom au-dessus des noms rivaux de son siècle. […] J’ignore si la sculpture reverra jamais le siècle de Périclès, ou la peinture celui de Léon X. « Ce que je sais, c’est que le concours le plus extraordinaire de circonstances favorables, et, en quelque sorte, la plus admirable conjonction d’étoiles propices, était nécessaire pour créer, sous sa constellation passagère, la fécondité merveilleuse et la prodigieuse beauté de ces grands siècles de l’art. […] Ce n’est pas un monument pour les dieux, pour les hommes, pour les siècles. […] Leurs flancs sont dorés de cette croûte de soleil que les siècles étendent sur le marbre ; leurs brisures sont blanches comme l’ivoire travaillé d’hier.
chaque siècle vit de ses idées : ils avaient les leurs, nous avons les nôtres ; dans cinquante ans ne serons-nous pas des aïeux ? […] Le matérialisme, cette maladie du dernier siècle, est, à leur insu, au fond de toutes ces illusions de la chair, excepté chez Victor Hugo, trop divin pour se matérialiser. […] Athènes et Rome ont et gardent, même à travers toute l’épaisseur nocturne des siècles, des auréoles de civilisation. […] On peut y pousser son siècle de deux manières : soit par la violence et par le levier de la loi agraire, comme Catilina à Rome et Babeuf à Paris ; soit par l’excès des tendances égalitaires et par la magie séductrice d’un idéal plus beau que nature, comme Victor Hugo et les utopistes. […] Il lui faut attendre une autre occasion pendant des années ou des siècles ; c’est à recommencer !
Dès 1672, dans les Femmes savantes, on voit se substituer à la préciosité un pédantisme scientifique et philosophique qui ne se développe visiblement qu’à la fin du siècle et s’épanouit au siècle suivant. […] C’est que le vice d’Harpagon se prêtait à cette expression abstraite, et la tradition littéraire depuis des siècles préparait le type classique, universel, de l’avare : l’avare qui enterre son or. […] Jusqu’à notre siècle, l’idée de la comédie de caractères, abstraite et sérieuse, hantera le cerveau d’excellents écrivains. […] Regnard n’a jamais songé à peindre les mœurs : s’il est le témoin, malgré tout, des mauvaises mœurs de la fin du grand siècle et du commencement de cette joyeuse corruption à laquelle la Régence attachera son nom, c’est sans le vouloir, parce que sa fantaisie est bien forcée d’aller prendre des matériaux dans la réalité. […] Fournier, le Théâtre français aux xvie et xviie siècles, Paris, in-8.
On dirait que toutes les races et tous les siècles ont compris Dieu, l’âme, le monde, la morale d’une manière identique 94. […] Le second volume du Cosmos de M. de Humboldt (histoire d’un sentiment de l’humanité poursuivie dans toutes les races et à travers tous les siècles, dans ses variétés et ses nuances) peut être considéré comme un exemple de cette psychologie historique. […] Ce sont des compositions bien insipides que les œuvres des poètes latins des bas siècles, et pourtant, si on ne les a pas lues, il est impossible de se bien caractériser une décadence, de se figurer la cou-leur exacte des époques où la sève intellectuelle est épuisée. […] Infâme, tant qu’il vous plaira ; c’est le siècle, c’est l’homme. […] Il faut laisser chaque siècle se créer sa forme et son expression originales.
Et le cas est des plus ordinaires en notre siècle. […] Autant lui reprocher de n’être pas né un siècle ou deux plus tard ! […] Ce sera donc le grand siècle, le siècle modèle, idéal. […] Brunetière retarde de trente ans, quand ce n’est pas de deux siècles ! […] C’est qu’il a beau habiter en idée un siècle passé ; il est quand même de son temps.
René est bien le fils d’un siècle qui a tout examiné, tout mis en question ; mais le fils ne s’en tient pas au testament du père, il veut recommencer la vie et ne sait comment ; une intelligence avancée, consommée, qui a tout décomposé de bonne heure et tout analysé, se trouve chez lui en désaccord flagrant avec une imagination réveillée et puissante, avec un cœur avide, désenchanté et inassouvi. […] La religion de René, qui n’est que dans l’imagination et qui ne régénère pas le cœur, ressemble fort aussi à celle qui a régné dans le premier tiers de ce siècle ; on en était aux regrets du passé et à ne plus le maudire ; on n’avait plus pourtant la force ou la faiblesse de croire, on aspirait à un avenir incertain dont on ne se formait pas l’idée, et l’on se berçait ainsi, avec soupirs et gémissements, sur un nuage de sentiments contradictoires qui ne donnaient aucun fonds à la vie, aucun point d’appui à l’action.
Les natures violentes, batailleuses et particulièrement douées d’énergie physique, les hommes qui, il y a trois ou quatre siècles, eussent été mercenaires dans les armées d’Europe, seront voyageurs au service des grandes nations commerciales. […] Je ne dis point cela pour rabaisser les voyageurs de commerce du siècle prochain.
Elle procède de l’ennui du siècle. […] Ce sujet qui, on le voit, est bien de ce siècle, M. […] Il est du siècle précédent par la qualité de l’esprit. […] il a raillé les Grecs modernes avec une finesse et une élégance dignes du siècle de Périclès. […] Il ne s’est cantonné dans aucun siècle, ni immobilisé dans aucune région particulière.