Quand on descend de la Papauté au xive siècle, de l’altière figure de Boniface VIII et des grandes contentions du schisme d’Occident et du Concile de Constance1 au Triumvirat littéraire 2 de Charles Nisard, on manque d’air et il semble que tout se rapetisse. […] Cela rappelle, malgré soi, la tirade de Molière : Il semble à trois gredins que l’on relie en veau, etc.
Plus mes oiseaux étaient mal dessinés et mal peints, plus les originaux me semblaient admirables. […] Je m’ennuyais ; toute cette sculpture que l’on me faisait copier me semblait froide et dénuée d’intérêt. […] Je remontai le large courant de l’Hudson ; ma barque glissa de nouveau sur ces lacs qui semblent des océans, je m’enfonçai de nouveau dans mes solitudes chéries. […] Il me semble qu’il s’irrite de n’être pas compris. […] Il parut d’abord grandement alarmé : il nageait d’un côté, puis de l’autre, sans s’arrêter, et semblait comprendre tout le danger de s’attaquer, cette fois, à un objet aussi suspect.
La Bruyère me semble le modèle excellent du moraliste ainsi conçu. […] Ce début me semble caractéristique, étant d’un auteur si jeune et femme. […] La situation, qui semble d’abord piquante, se prolonge beaucoup trop et devient froide. […] Suard avait suffi, et qui semblait avoir atteint sa maturité naturelle dans une originalité piquante. […] Dans ces sortes d’actions réciproques, chacun même tour à tour semble avoir triomphé, selon qu’on examine l’autre.
L’impiété leur semble une indiscrétion ; ils considèrent la religion comme le ciment de l’ordre public. […] Les conditions contraires se rencontrent en France. — Désœuvrement de la haute classe. — La philosophie semble un exercice d’esprit. — De plus, elle est l’aliment de la conversation. — La conversation philosophique au XVIIIe siècle […] Elle semble bien lourde à des hommes de plaisir, aux compagnons de Richelieu, Lauzun et Tilly, aux héros de Crébillon fils, à tout ce monde galant et libertin pour qui l’irrégularité est devenue la règle. […] Ils adoptent aisément des maximes qui semblent conformes à leurs secrets désirs ; du moins ils les adoptent en théorie et en paroles. […] La nuit du 4 août 1789 semble prédite ici.
Depuis la Renaissance, les écrivains supérieurs semblent à quelques égards procéder les uns des autres et, selon la belle image de Lucrèce, se passer de main en main le flambeau de la vie, qui brille de plus en plus à mesure qu’on approche de l’époque de perfection. […] La Bruyère, qui l’a bien senti, ajoute à l’excellent portrait qu’il en a tracé : « Corneille élève, étonne, maîtrise. » Quand Descartes définit l’admiration « une subite surprise de l’âme qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires34 », ne semble-t-il pas définir l’impression que nous recevons, soit de la représentation, soit de la lecture des pièces de Corneille ? […] Le précepte d’Horace semble fait pour ces pièces : « Où les beautés l’emportent en nombre, je ne me blesse pas de certains défauts échappés à la négligence ou à la faiblesse humaine. » Mais ce précepte ne convient qu’aux quatre chefs-d’œuvre que je viens de nommer. […] Quand la situation lui manque, il semble que tout lui manque à la fois. […] Quand on y compare les beaux endroits avec le reste, il semble que le génie de Corneille, délivré des entraves de sa théorie, se retrouve tout entier, tant il a d’élan, de vigueur et de netteté.
Les préventions qui ont retardé de dix années cet événement théâtral sont, il me semble, aussi honorables qu’irréfléchies. […] Tout d’abord, laissez-moi vous dire combien je suis flatté du cas que vous semblez faire de mon opinion, après celles de mes illustres confrères Gounod, Reyer et Léo Delibes. […] Ses sujets légendaires me semblent puérils, et son génie, enserré dans les liens étroits du leitmotiv, me paraît moins fécond que lorsque, sans esprit de système, il écrivait Lohengrin, qui, à mon avis, restera son chef-d’œuvre devant la postérité. […] L’instrumentation me semble aussi quelque peu à désirer : mais on pourra remédier à cet inconvénient, les membres de la Ligue de Patriotes et ceux de Jockey-club n’auront qu’à apporter les fifres et les tambours qui manquent. — Quant à la mise en scène, peut-être ne nous semblera-t-elle pas suffisante. […] Voici sa conclusion : « Berlioz, nous émerveille parfois et nous touche souvent ; nous sommes fiers de sa gloire, mais il semble qu’il soit loin de nous et tourmenté de préoccupations qui ne sont plus les nôtres.
Au premier abord, en effet, le père Poirier semble appartenir au règne végétal de la bourgeoisie lucrative : il a gagné quatre millions à vendre du drap, et il est resté Poirier comme devant. […] Son voyage en Perse semble renvoyé aux Mille et un Jours. […] Mais à peine entachée qu’elle est par des médisances anodines, la fortune de ce Roussel ne justifie ni les outrages de M. de Trélan, ni les rumeurs un peu tardives de l’opinion publique qui semblent n’éclater, au dénouement, que pour les besoins de la cause. […] Cette vie de calme et de vertu lui pèse ; ce vieux marquis et cette vieille marquise, blanchis dans l’honneur et la loyauté, lui semblent baroques et intelligibles, comme des momies égyptiennes. […] C’est alors que le pistolet du burgrave irrité serait intervenu à propos, et que son coup de feu aurait semblé la purification légitime de sa maison souillée par un abject adultère.
La souris dans le télescope semblait un monstre dans la lune. […] Esprits chauds, à ce qu’il semblait autrefois, âmes qui furent sans doute chrétiennes, ils n’ont pu toucher impunément à ces cuisines, et voilà comme ils ont fait leur Madame Gervaisais ! […] Cette Renée, qui semblait devoir être une gravure sur acier, n’est qu’un fusain, et encore inachevé. […] Selon M. de Goncourt, le Réalisme et le Naturalisme — son expression dernière — ne tiennent pas essentiellement à la vidange sociale dans laquelle ils pataugent et dans laquelle ils semblent nés. […] Cela semble misérable, cette donnée, mais pour une tête féconde, quel sujet !
Hors de l’enceinte première, au pied du rempart qu’ils semblaient s’être tracé, des essais de culture nouvelle et d’art plus libre s’étendent, d’industrieux faubourgs naissent au hasard et bientôt prennent consistance. […] Ses derniers écrits, discours ou chants, attestent cette aspiration nouvelle, quoique ses Harmonies, publiées avant Juillet 1830, en puissent également offrir bien des témoignages, et quoique ce développement semble chez lui, comme tout ce qui émane de sa nature heureuse, une inspiration facile, immédiate, une expansion sans secousse, plutôt qu’un effort impatient et une conquête. […] Par cette continuité du naturel même dans l’invraisemblable, Jocelyn me semble parfois un roman de l’abbé Prévost, écrit par un poëte disciple de Fénelon. […] La parabole de la Caravane, qui terminera heureusement cette comparaison avec Wordsworth, va nous offrir trente vers qui ne me semblent pouvoir être surpassés, pour l’image et pour l’idée, en aucune poésie : La Caravane humaine un jour était campée Dans des forêts bordant une rive escarpée. […] Le poëte, dans un célèbre épisode (la Chute d’un Ange) publié depuis, semble avoir pris soin de justifier quelques-unes de leurs craintes.
Il semblait, en un mot, pour parler le langage d’alors, que Pallas l’eût instruite en tous ses arts ingénieux et dotée de tous ses dons. […] C’est une question assez piquante et qu’il n’est pas tout à fait inutile d’agiter, quoiqu’il semble impossible de la résoudre. […] il semblera excessif, même à ceux qui savent le mieux l’admirer. […] La situation de Louise, ainsi absente loin de son ami qui porte les armes en Italie, a dû servir à imaginer celle de Clotilde de Surville, qui, par ce coin, semble modelée sur elle. […] Je le croirais d’autant plus que le reste du signalement semble indiquer la même dame au doux chant et à la belle voix αύδἠεσσϰ, comme a dit Homère de Circé.
Mes jours ne me sembleraient pas vides, inutiles comme ils sont. […] Il me semble que je vous aime, comme disait le timide Pierre, mais pas comme Jean, qui s’endormait sur votre cœur. […] Que ce serait désolant, sans la foi qui nous dit que nous devons renaître, sortir de ces cimetières où nous semblons disparus ! […] je semblais toucher à ma fin, à une sorte d’anéantissement moral. […] Il me semble que le malheur est au bout.
Je m’en tiendrai, parmi les vivants, à ceux qui, selon les lois de la nature humaine, semblent avoir accompli leur œuvre, et qui depuis longtemps en sont récompensés par l’admiration publique. […] Il semble qu’ils se soient plus étudiés à trouver les sentiments des autres qu’à exprimer les leurs. […] La pensée ne s’y joue pas autour du cœur ; elle veut y entrer de force, et il semble qu’elle y entre par les sens. […] Toute chose lui est comme un de ces portraits de maître qui, dans les musées, semblent suivre de l’œil les visiteurs, il n’y a pas dans la nature, telle qu’il la sent, d’objets inanimés ; tout a vie, et le sait ; il n’y a pas d’aspects, mais des visages. […] Le goût, sans timidité ni sécheresse, semble un tact heureux plutôt qu’un fruit de la réflexion.
La vie leur semble l’antithèse de l’action mécanique. […] Rien de plus frappant d’abord que ce fait : un corps vivant conserve sa forme et ne semble pas céder à l’action destructive des agents chimiques ; tandis que, dès que la vie est éteinte, les molécules cèdent à faction des affinités chimiques. […] Ils semblent craindre que la vie ne soit dépouillée de son sens solennel, si on essaie de l’associer même de loin, aux phénomènes inorganiques. […] Certaines monstruosités de l’ordre moral, des dépravations précoces, des goûts bizarres, ne semblent explicables que par l’hérédité. […] Ceux qui combattent l’hérédité citent des faits qui leur semblent concluants : le fréquent défaut de ressemblance des parents et des enfants, la postérité des hommes de génie si souvent médiocre.
Un trait surtout m’en semble expressif. […] Voilà le secret du célibat cupide qu’elle semble avoir embrassé. […] Cette figure, si insignifiante et si terne, semble peu faite pour personnifier la classe turbulente des émancipées du grand monde. […] Certes, cette farce macabre paraissait déjà bien invraisemblable, à travers le voile du récit : étalée sur la scène, elle semble impossible. […] Qu’ils parlent, si bon leur semble ; on leur répondra.
Mais ce fait même prouve que le réflexe n’est pas le vrai point de départ de l’évolution, comme semble pourtant l’admettre M. […] Nous avons donc, du côté mental, une représentation qui paraît immédiatement suivie de mouvement, sans intercalation d’un plaisir distinct ni d’un acte de volonté distinct : la représentation semble elle-même, indivisiblement, impulsion en tel sens déterminé, avec mouvement en ce sens. […] On connaît l’objection tirée des neutres, qui déploient des facultés que les insectes femelles, par exemple la reine des abeilles, ne semblent point avoir. […] Le premier moment, celui de la réflexion, peut être extrêmement court, si bien que la décision volontaire semble alors spontanée ; il est cependant de l’essence de la volition proprement dite d’être consciente d’elle-même et d’avoir pour condition préalable une intervention de l’intelligence, si rapide soit-elle. […] William James et Delbœuf, la volonté semble « suivre la ligne de la plus grande résistance », par exemple de la plus grande douleur : la bombe de canon qui s’enfonce dans une muraille, au lieu de se détourner, suit une ligne résistante, mais c’est que la puissance emmagasinée dans la bombe lui impose cette ligne.
À l’un, elle a ajouté l’autre jour des ailes à la gouache… il a semblé voir à la mère son enfant dans le paradis, elle a payé généreusement… et depuis, mon ancienne maîtresse leur met à tous des ailes à la gouache. […] Il demanda qui c’était, on lui répondit : « Mme Récamier. » * * * — Dans la maison en face la mienne, il me semble m’apercevoir qu’une femme regarde, regarde sans cesse du côté de nos fenêtres. […] En effet, votre vie me semble passablement ennuyeuse. […] Notre corps et notre esprit ont des lendemains d’un gris que je ne puis dire, et où la vie me semble plate comme un vin éventé. […] Il semblait vraiment ordonnancé pour les jeux d’enfants, cet ancien couvent devenu un château bourgeois, et ce jardin tout coupé de bosquets et de méandres de rivière.
Il me semble que nous connaissons déjà Froissart, cette nature vive, mobile, curieuse, amusée, toute à l’impression du dehors, toute au phénomène. […] À ce moment Froissart semble se ralentir et s’oublier un peu : il tient à ne rien omettre, et c’est difficile. […] Il semble que le narrateur est lui-même tout haletant comme ses chevaliers. […] Je ne sais si cette pensée d’un rapprochement funèbre est venue à l’esprit de Froissart ; elle semble comme négligemment touchée dans les paroles qui concluent le récit, et, qu’il l’ait eue ou non, il met le lecteur à même d’achever et de tirer toute la réflexion morale. […] Il me semble que l’honorable érudit s’est laissé en ceci dévoyer et tromper par le détail : il s’est perdu par excès de recherches et par trop de conscience.
En écrivant ainsi, il pouvait sembler y mettre de la jactance, il ne disait que vrai cependant à bien des égards ; il était l’un de ces hommes-là. […] Je lui ai bien dit les mêmes choses… Cependant Catinat semble un instant avoir une velléité d’attaquer, et il donne une espérance d’offensive. […] Je serai plus circonspect à l’avenir, et je ressens une vive douleur de m’en être écarté… Quand on lit la suite de ses lettres, il semble toutefois que les bonnes raisons pour la conduite qu’il tint alors ne lui ont pas tout à fait manqué. […] La lettre à Chamillart du 27 mars 1703, où on lit ces mots, est capitale pour la connaissance morale de Villars ; elle met à nu son cœur à ce moment, et elle nous le découvre même avec une naïveté qui, ce me semble, ne saurait manquer de plaire. […] Je ne crains pas d’insister sur cette étude de Villars, parce qu’il me semble qu’en exprimant à fond, et à l’aide de ses propres paroles, sa brillante nature si décidée et si en dehors, je dépeins peut-être plus d’un homme en sa personne et plus d’un vaillant guerrier· 9.
Rodrigue, qui semble avoir été le personnage principal de l’armée, se trouva chargé, par suite de ce meurtre, de stipuler pour les Castillans avec Alphonse, qui redevenait roi. […] Dès les premiers temps de son bannissement, Rodrigue, après avoir passé quelques semaines à la Cour du comte de Barcelone, qui ne semble pas l’avoir accueilli, se rend à Saragosse, où il entre au service d’un roi maure, Moctadir, de la famille des Beni-Houd, prince ambitieux et perfide, que les scrupules de croyance ne gênaient pas ; et, à sa mort, dans les guerres qui suivirent entre ses fils, il se déclare pour l’aîné, Moutamin, qui avait obtenu Saragosse. […] Le comte don Ossorio, gouverneur du roi, prend vite don Fernand par la main et le tire à part en lui disant : « Seigneur, que vous semble ? […] » Dans une autre romance, c’est le roi lui-même qui a l’idée de ce mariage et qui le propose à Chimène ; il semble que les convenances soient ainsi plus ménagées. […] Lorsque l’on commence les lectures sur le Cid par les Romances, elles paraissent bien rudes et de l’époque toute héroïque ; lorsqu’on a commencé par la Chronique rimée, elles semblent au contraire d’une époque déjà avancée et plus mûre.
Mais comme nous croyons aussi que, dans l’inventaire posthume, si les contemporains les plus immédiats et les mieux informés ne s’en mêlent promptement pour y mettre ordre, il s’introduit bien du faux qui s’enregistre et finit par s’accréditer, il nous semble qu’il y a lieu à l’avance, et sous les regards mêmes de l’objet, dans l’observation secrète et l’atmosphère intelligente de sa vie, d’exprimer la pensée générale qui l’anime, de saisir la loi de sa course et de la tracer dès l’origine, ne fût-ce que par une ligne non colorée, avec ses inflexions fidèles toutefois et les accidents précis de son développement. […] Les père et mère de Béranger comptèrent peu dans sa vie, à ce qu’il semble, du moins comme aide et comme source d’éducation. […] La chanson de Panard, de Collé, Gouffé, Desaugiers, et du Caveau, venait habituellement par le refrain ; un refrain semblait heureux, chantant : vite des couplets là-dessus. […] Car Béranger, ce qui semblerait inutile à rappeler ici, se chante dans les campagnes, au cabaret, à la guinguette, partout, quoi qu’en aient prétendu d’ingénieux contradicteurs, qui auraient voulu faire de M. de Béranger un bel esprit de salon et d’étude comme eux-mêmes. […] À partir du Dieu des Bonnes Gens, toutes ses facultés, toutes ses passions tendres ou généreuses, se versèrent dans ce genre unique, qui ne lui avait semblé d’abord qu’une diversion et presque une dérogation à son talent.
Notre siècle, à nous, en débutant par la volonté gigantesque de l’homme dans lequel il s’identifia, semble avoir dépensé tout d’un coup sa faculté de vouloir, l’avoir usée dans ce premier excès de force matérielle, et depuis lors il ne l’a plus retrouvée. […] Quant aux philosophes qui s’inquiétaient des théories nouvelles, M. de La Mennais ne réussit qu’avec peine à conduire leur orgueil cartésien au delà de son second volume ; ils se prêtèrent difficilement à rien entendre davantage : cette infaillible certitude, appuyée au témoignage universel, leur semblait une énormité trop inouïe. […] jusqu’à sembler suranné avec charme, progressif jusqu’à devenir alors téméraire, si l’humilité ne le rappelait. […] Ils semblent avoir ignoré que le monde aujourd’hui est travaillé de l’insurmontable besoin d’un ordre nouveau qu’il s’efforce de réaliser sans le connaître ; qu’on n’arrête point le mouvement progressif de la société, qu’on le dirige tout au plus, et que dès lors il faut, sous peine de mort, que le Gouvernement se décide entre les principes qui s’excluent. […] « Il y en avait aussi qui semblaient, dans un recueillement profond, écouter une parole secrète, et puis, l’œil fixé sur le couchant, tout à coup ils chantaient une aurore invisible et un jour qui ne finit jamais.