« En prenant le généreux parti de se retirer du cercle officiel des affaires, disait-il, Votre Majesté mettra fin à une situation dangereuse pour elle, dangereuse pour l’Empereur et pour son fils. » Franchement il eût fallu que l’Impératrice fût une sainte pour ne pas se sentir blessée par une semblable insistance ; elle le fut et le duc eut bien des fois l’occasion de le constater.
Cette séance fit éclater le nom d’Hokousaï comme un coup de tonnerre, et pendant quelque temps, dans toute la ville, on ne vit dessiné sur les châssis, sur les paravents, sur les murs, et même sur le sable par des enfants, rien que des Darma, rien que l’image de ce saint qui s’était imposé la privation du sommeil et dont la légende raconte qu’indigné de s’être endormi une nuit il se coupa les paupières, les jeta loin de lui comme de misérables pécheresses et que, par suite d’un miracle, ces paupières prirent racine où elles étaient tombées, et qu’un arbrisseau, qui est le thé, poussa donnant la boisson parfumée qui chasse le sommeil. […] Une noyade d’encre de Chine où, dans le flou du lavis, les traits du saint apparaissent avec quelque chose de la solidité d’une sculpture qu’on apercevrait au fond de l’eau.
Jules Lemaître, en dépit de toutes sortes de réserves prudentes, n’en croyait pas moins devoir comparer Verlaine à l’auteur de l’Imitation, à sainte Catherine de Sienne et à sainte Thérèse.
Si l’architecture me paraît heureusement appropriée, je ne saurais en dire autant de la toile du fond, qui, en définitive, représente l’acropole d’Athènes, ou une colline sainte qui lui ressemble à s’y méprendre. […] Cette figuration manque de grandeur et n’est pas de nature à faire sentir au public le poids dont la sainte armée devrait peser sur l’orgueil et sur la colère d’Athalie.
L’imagination, vers les murs élancée, Chercha leur saint repos, leur long recueillement ; Mais mon âme a besoin d’un plus doux, sentiment.
Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde, etc.
C’est l’abomination de la désolation, dont l’Écriture nous menace…… Sainte Grippe, ayez pitié de moi !
Daigne protéger notre chasse, Châsse De Monseigneur saint Godefroi Roi !
Et pour nous prêter ici à des idées particulieres, pour ne point toucher à des objets délicats & que le tems & le lieu où nous imprimons, ne nous permettent pas de traiter, pour donner un exemple simple, plus naturel & plus facile, que ne feroit-on pas de la Poèsie Dramatique, si le Législateur savoit l’employer : s’il livroit au Poète ses loix, en lui disant : colore ces saintes effigies de la vertu & fais que tout le monde se prosterne devant elles ; emploie l’énergie de ton Art, pour imprimer la majesté à tout ce que doit révérer un peuple.
Bien né, d’une bonne famille bourgeoise ; bien élevé, dans cette austère et sainte maison de Port-Royal, dont il était l’enfant prodigue après en avoir été jadis l’enfant gâté ; bien fait de sa personne, agréable à voir, ayant quelque chose en lui du charme simple et de l’élégante noblesse de sa poésie ; chrétien au fond du cœur ; païen par tous ses sens : je doute s’il y a jamais eu de génie plus ouvert à toutes les influences, plus capable, selon l’énergique expression d’un autre poète, de se les convertir « en sang et en nourriture », plus semblable à son temps, et cependant plus original.
Vous serez des friponneaux ; car il n’y a guère de bandits ; et vertueux avec sobriété ; car il n’y a guère de saints dans le monde. […] Et lui seul peut servir à la comédie de l’amour ; lui seul est piquant, tandis que l’autre, force simple, est redoutable comme les armées qui marchent en bataille, ainsi qu’il est dit aux Livres saints. — Lui seul, par le conflit et le va-et-vient des sentiments dont il se mêle, ou dont il naît, ou qu’il fait naître, car tout cela s’entrelace, et est plaisant pour cette raison même, forme un petit drame à lui tout seul, et c’est le point ; et un petit drame divertissant et tendre parce qu’il a pour dénouement, « après beaucoup de mystère », comme dit La Rochefoucauld, l’éclosion de l’amour même. […] Laissez donc : ce sont des coquilles de saint Jacques jetées là par-des pèlerins revenant de Terre Sainte. — Et cet autre, avec sa génération spontanée et ses anguilles nées sans procréateurs !
On a continué à juger Flaubert comme un romantique chevelu et anti-bourgeois, et Chateaubriand comme un vieux saint de cathédrale, pieusement enfermé dans sa châsse néo-classique. […] La scène des miraculés dans l’église des Saintes est une chose inoubliable ; certains rendez-vous sataniques sont digues de Shakespeare ; Il y a partout une énergie de style qui tord et qui fouette, du très bon style de race, sans excès et sans maniérisme, tirant sa force de sa propre sève, et sur tout cela une perpétuelle plainte apitoyée où l’on reconnaît les battements d’un cœur de poète.
Aussi est-ce sur le fond bleu du Lac Majeur et sous la lumière limpide du ciel florentin qu’il a dessiné les figures qui animent ses premiers romans ; mais, si vivement que l’auteur-de Sainte Marie des Fleurs et du Parfum des îles Borromées ait subi le sortilège de la terre lombarde ou toscane, cette magnifique influence ne lui a pas fait oublier longtemps la beauté plus modeste du sol natal.
Nous voyons chez ce dernier un abandon total et voluptueux aux puissances du subconscient, une renonciation aux catégories logiques de l’esprit ; l’espace et le temps s’abolissent sans reprises ni retours : la cruelle, l’impuissante lumière n’éclaire que l’irréel, et la réalité vraie s’atteint dans les abîmes de « la sainte, l’ineffable, la mystérieuse nuit » : Un jour que je versais des larmes amères, que mon espérance se fondait, dissoute dans le chagrin, et que je me tenais seul auprès du tertre dénudé qui dans un espace étroit et sombre, ensevelissait la forme de ma vie, — seul, plus seul que le plus seul, traqué par une inexprimable angoisse, — sans forces et n’étant plus qu’une pensée de misère, — comme mes yeux cherchaient de tout côté quelque secours, ne pouvant ni avancer ni reculer, et comme je m’attachais avec une invincible nostalgie à ma vie envolée, éteinte :-Alors vint du lointain bleu — des hauteurs de mon ancienne béatitude, une ondée crépusculaire — et d’un seul coup se déchira le lien de la naissance, — la chaîne de la lumière.
Ou bien Montesquieu, comme avant lui l’auteur de la Politique tirée de l’Écriture sainte, a-t-il voulu tracer l’image du meilleur des gouvernements, et, de même qu’avant lui Bossuet l’avait reconnue dans la Bible, l’a-t-il découverte, lui, selon son expression, « dans les bois » ?
D’autre part un des plaisirs les plus délicats que procurent les mystiques, Ruysbrceck, Jacob Boehme ou Sainte Thérèse, c’est de renouveler, nus, parce que seuls, en des âmes dépourvues de ce mélange d’abstraction supérieure et d’ampleur oratoire qui constitue le génie philosophique, les éléments primitifs et sincères qui forment dans le sentiment et dans la vie sa condition et sa racine. […] Une, deux, trois générations de jeunesse se sont émues de Saint-Preux, de Werther ou de Rolla ; mais je doute que rien égale en ferveur et en culte délicat, rien, pas même la science que l’étude en obtient plus tard, les premiers déchiffrements, par une intelligence bien née, du Parménide ou de l’Ethique, la boucle de cheveux coupée par le blond Novalis « sur la tombe du saint et méconnu Spinoza ». […] St clair Leur incarnat léger qu’il voltige dans l’air Assoupi de sommeils touffus.
Cette habitude n’est qu’un total affaiblissement : l’esprit n’a plus assez de force pour peser chaque chose et l’examiner sous son point de vue, pour en appeler à la sainte nature primitive, et attaquer de front les dures et injustes institutions humaines… Voilà ce que c’est que s’accoutumer à tout, même à souffrir. […] Comme le Don Juan dont il nous a fait le portrait, « le voilà jeune et beau, sous le ciel de la France », le cœur plein d’espoir, aimant, aimé de tous ; et par-dessus tout cela la sainte poésie Retourne en souriant la coupe d’ambroisie Sur ces cheveux plus doux et plus blonds que le miel.
» — « Les saints devoirs que je leur rends « Jamais dessus ma foi n’auront cet avantage. » — « Je n’ose l’espérer. » — « Tu peux t’en assurer. » C’est ainsi qu’autrefois vous me parliez, Marie. […] Tu es un saint !
Têtes couronnées (Saints d’Israël.
En tous cas, ceux-ci admirent beaucoup Teniersa sur parole ; mais je ne sache pas un versificateur, ni peut-être un littérateur, qui ait jamais rien compris à la Famille de Van Ostade. « Ce noir avec ce blanc fait mal, disent-ils, je ne sais pas ce que vous trouvez de beau là-dedans ; allez voir sainte Scholastique de Le Sueurb. » Donc cette tradition s’est amassée dans tous les écrits sur l’art ; trois cents ans d’une éducation artistique artificielle ont frappé l’école contemporaine d’impuissance ; les gens qui ont reculé devant leur propre époque, et qui s’imaginent qu’ils comprennent mieux le passé qu’ils n’ont pas vu, que le présent ou ils vivent et se meuvent, ces gens-là ne peuvent être absous de leur inintelligence ; aussi Courbet a-t-il justement mérité d’être appelé vaillant.
* Ô France de saint Louis, de Henri IV, de Louis XIV, de Napoléon Ier, toi, le seul pays qui travaille pour les autres, qui ne gardes pour toi de toutes les productions de ton heureux génie, que la plus petite part ; terre hospitalière et généreuse, où si loin que l’injustice et l’oppression fassent leur œuvre, on en ressent le contre-coup, et l’on en demande le redressement ; est-ce bien toi que foule en ce moment le pied de ces barbares savants, dressés depuis un demi-siècle à l’art de détruire, qui veulent éteindre ta lumière, pour le punir de faire ressortir leurs ténèbres ?