Phidias était entremetteur ; Socrate était apostat et voleur, décrocheur de manteaux ; Spinosa était renégat et cherchait à capter des testaments ; Dante était concussionnaire ; Michel-Ange recevait des coups de bâton de Jules II et s’en laissait apaiser par cinq cents écus ; d’Aubigné était un courtisan couchant dans la garde-robe du roi, de mauvaise humeur quand on ne le payait pas, et pour qui Henri IV était trop bon ; Diderot était libertin ; Voltaire était avare ; Milton était vénal ; il a reçu mille livres sterling pour son apologie en latin du régicide ; Defensio pro se, etc., etc., etc., — qui dit ces choses ? […] Cela déplairait à la marquise9, si cela ne plaisait au roi. » Desfontaines, cet autre insulteur de Voltaire, lequel l’avait tiré de Bicêtre, disait à l’abbé Prévost qui l’engageait à faire sa paix avec le philosophe : — Si Alger ne faisait pas la guerre, Alger mourrait de faim.
De plus, le voilà en possession d’une faculté nouvelle : il appelle les rois, les ministres, les gouvernements à son tribunal ; il ne pense plus guère qu’à juger, à décider, à charger tout le monde de devoirs dont il s’exempte. » Voilà une critique spirituelle d’un travers que nous connaissons : mais est-ce bien là une critique de l’Esprit des Lois ? […] C’est ainsi qu’on avait vu les parlements, ces vieilles citadelles de l’honneur bourgeois s’abaisser jusqu’à légitimer les enfants adultérins du roi, tant il est vrai que sans une certaine vertu civique la vertu domestique elle-même vient à succomber.
Ils recueillent les débris de la marine et de l’armée : Pontis, le corsaire dont ils ont écrit les Mémoires, et Tréville, l’ancien capitaine des mousquetaires du roi. […] Si l’on connaît assez les premières, nous devons dire de la troisième qu’expressément composée pour le roi, et en hâte, Molière y vit sans doute un moyen de faire sa cour, de ranger de son côté le maître tout-puissant dont ses adversaires dépendaient comme lui. […] On me permettra de n’en donner qu’une : c’est que, sans courir le risque à peu près inévitable d’y perdre les bonnes grâces du roi, de voir disperser sa troupe et fermer son théâtre, de compromettre enfin son repos et sa liberté, Molière ne pouvait pas tenir un autre langage. […] Et ces vrais dévots ne s’appelaient point l’abbé de Pons, ou l’abbé Roquette, ou le sieur Charpy de Sainte-Croix, comme le répètent à satiété les annotateurs ou les commentateurs de Tartufe ; ils étaient de plus haute origine, d’un autre monde, et plus importuns, plus gênants pour le roi lui-même et pour Molière. […] Molière, soutenu par le roi, paya d’audace et riposta, comme l’on sait, en écrivant Don Juan.
Tout le prouve donc, Anacréon fît du loisir sa principale affaire ; comme Simonide son contemporain, et comme plus tard Horace et La Fontaine, il était d’avis qu’on ne peut trop louer trois sortes de personnes, les dieux, sa maîtresse et son roi.
Un bonhomme de la Vie de Bohème, afin de s’épargner l’achat des gazettes, demandait chaque matin à son portier informé les nouvelles de la santé du roi, de la pluie et du beau temps ; c’est à peu près ce que chacun se contentera d’apprendre, surtout lorsqu’il n’en coûtera rien.
On appelait ponge, à la cour du grand roi, ce que nous nommons grog.
Mme Vien. à nommer à la place de Mlle Basse-Porte au jardin du roi.
Les marquis y disent à leur valet : « Je ne me soucie pas d’être un père in partibus infidelium. » On n’y est pas « plus royaliste que le roi ».
Le principe électif qui a été jusqu’à faire un roi par des députés, n’a pas été alors jusqu’à refaire des députés, des mandataires directs de la nation. La chambre des pairs, bien qu’émondée dans son personnel et atteinte dans sa reproduction aristocratique, a subsisté, au choix du roi. […] Depuis et avant César jusqu’à Napoléon, tout ce qui a brillé et influé en tête des nations, grand roi ou grand ministre, n’a songé et n’est parvenu à réussir qu’à l’aide d’une dose de machiavélisme plus ou moins mal dissimulée, tellement qu’on est en droit de se demander si le contraire est possible et si l’entière vertu n’apporte pas son obstacle, son échec avec elle. […] Mais en rayant toute une histoire de rois, on ne raye pas aussi aisément un caractère de peuple. […] Considérez donc la manière dont il nous a traités, bénissez-le avec crainte et avec tremblement, et rendez hommage par vos œuvres au Roi de tous les siècles.
Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants. […] Notre ami l’historien Pierre Deloire me disait, — car je n’ai pas besoin d’ajouter que je n’en ai pas aux historiens personnellement, et que les historiens sérieux sont les premiers à s’émouvoir de ces graves contrariétés, — l’historien Pierre Deloire me disait un jour au bureau des cahiers : Le bon temps des historiens est passé. — Il entendait railler ainsi, doucement, les historiens antérieurs. — Le bon temps des historiens, disait-il, c’était quand le professeur d’histoire, assis devant son bureau, refaisait à loisir toutes les opérations du monde ; il parlait de tout ; il écrivait de tout ; il était ministre, et refaisait l’administration de Colbert, qui, entre nous, n’était pas fort ; il était général ou amiral, et refaisait la bataille d’Actium ; ce Marc-Antoine, hein, quelle brute ; il refaisait les plans de campagne ; il était roi, il refaisait Versailles, Paris et Saint-Denis ; il était le roi, dans son bureau ; il était l’empereur, l’empereur premier ; il refaisait Waterloo ; ce Napoléon, quel imbécile, comme le disait récemment le général Mirbeau ; demandez les mémoires du général baron Mirbeau ; quand M. Mirbeau découvrait que Napoléon était le dernier des imbéciles, ce grand romantique rentier révolutionnaire ne faisait que suivre les leçons de ses anciens professeurs d’histoire ; ainsi, continuait l’historien Pierre Deloire, ainsi le professeur d’histoire, étant le roi, l’empereur, le général, tenait le monde entier sur ses genoux, et il pouvait, dans le chef-lieu de son arrondissement, mépriser le sous-préfet et les sous-lieutenants d’artillerie, qui ne sont que les subordonnés de l’empereur et des généraux ; il se payait ainsi des idées que le sous-préfet manifestait sur la supériorité de la hiérarchie administrative, et les sous-lieutenants sur la supériorité de la hiérarchie militaire. […] Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau. […] Épuiser l’immensité, l’indéfinité, l’infinité du détail pour obtenir la connaissance de tout le réel, telle est la surhumaine ambition de la méthode discursive ; partir du plus loin possible, cheminer par la plus longue série possible ; parvenir le plus tard possible ; à peine arrivés repartir pour un voyage intérieur le plus long possible ; mais si du départ le plus éloigné possible à l’arrivée la plus retardée possible et dans cette arrivée même une série indéfinie, infinie de détail s’interpose immense, comment épuiser ce détail ; un Dieu seul y suffirait ; et dans le même temps que les professeurs d’histoire et que les historiens renonçaient à devenir des rois et des empereurs, et qu’ils s’en félicitaient, ils ne s’apercevaient point que dans le même temps cette même nouvelle méthode, cette méthode scientifique, cette méthode historique moderne exigeait qu’ils devinssent des Dieux.
je maudis dans leur cour, dans leur antre, Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu’au ventre ! […] peut-être aussi que la critique, après avoir oublié du vivant du poète qu’il n’était point un penseur pour l’adorer sans restriction, oubliera après sa mort qu’il a été le roi suprême des mots, des rythmes et des images. […] Victor-Emmanuel ne lui déplaît pas non plus : il regrette seulement que le roi galant homme soit « si mal entouré ». […] » Républicain, il sait pourtant, parce que les circonstances l’exigent, renoncer à son rêve et abdiquer sa dictature entre les mains du roi : cela, au mépris des « mazziniens », qui devaient le lui reprocher sans cesse. […] Et ceux qui prétendent le contraire, le font par cette haine de parti qu’ils ont manifestée à partir de 48, à chaque occasion, non parce qu’ils sont convaincus de ce qu’ils avancent… » Il n’abandonna pas ses convictions, il céda aux circonstances, simplement, recommanda ses compagnons au roi, et se retira.
La Grèce et Rome, en passant de l’empire des rois sous celui des archontes ou des consuls, ne virent changer ni leur culte, ni le fond de leurs usages et de leurs mœurs. […] Vite on le dénonça là-dessus dans un journal comme contre-révolutionnaire, et on l’y accusa de recevoir des rois de grosses sommes pour professer de telles doctrines. […] Un nuage l’environne Et la cache à tous les yeux : De fleurs l’Ida se couronne, Junon cède au Roi des Dieux ! […] Au sein d’un Zéphyr qui semblait sortir d’une toile de Watteau, on sent tout d’un coup une bouffée d’Homère : De fleurs l’Ida se couronne, Junon cède au Roi des Dieux ! […] Aussi le Président disputa-t-il le fauteuil au Roi, se fondant sur ce principe, que le Président de l’Assemblée de la Nation était avant les Autorités de la Nation.
Le roi loua hautement ce mâle courage. […] La prévoyance du Roi leur avait assuré le passage gratuit, des vivres ; et puis, au-delà des mers, El Dorado ne les attendait-il pas ? […] La nonne prit, dans un tiroir, un sac de piécettes, que ce pédant avait économisées sur le prix de ses leçons, partit pour Valladolid, et entra, en qualité de page, au service d’un secrétaire du roi. […] Ce financier répugnant est un roi, presque un dieu. […] Au temps où l’on se battait au soleil, d’estoc et de taille, les yeux dans les yeux, le brigand cuirassé et casqué, le reître, le señor soldado fut roi de l’univers.
Pasteur ou roi, qu’aurais-je fait de ma houlette ou de ma couronne ? […] Il a aimé passionnément à être aimé de son pays, de son roi et de son Dieu. […] Des rois tu l’affrontas, des tribuns je le brave : Qui fut moins libre de nous deux ? […] En 1814, il entra comme sous-lieutenant dans la « Maison du roi » (Grandeur et servitude militaire — Laurette), et servit quatorze ans, jusqu’en 1828. […] Le roi de Naples va dîner aux Tuileries : Rêveries d’un passant à propos d’un roi ; la duchesse de Berri est arrêtée : A l’homme qui a livré une femme ; il y a un feu d’artifice : Que t’importe, mon cœur, ces naissances de rois ?
J'ai tort, peut-être, de dire assez, car c’est beaucoup avec un homme comme lui, et après tout ce qu’il m’a dit du prince ; il m’en a fait un bel éloge… C'est l’homme du temps, a-t-il dit, c’est le véritable Roi de l’époque… Il a tout ce qu’il faut pour réussir… Les obstacles sont grands ; mais s’il y a une circonstance favorable, elle est certainement pour Henri V… Maintenant, lui ai-je dit, il faudrait faire fructifier ce voyage par une publication, comme autrefois le Conservateur.
Le monde est agité par l’inquiétude de chaque homme, et ces armées innombrables qui couvrent la surface de la terre, sont l’invention cruelle des soldats, des officiers, des rois, pour chercher dans la destinée quelque chose que la nature n’y a point mis, ou tout au moins, pour obtenir cette interruption momentanée de la durée successive des idées habituelles, cette émotion qui soulage du poids de la vie.
En avènement, il choque le rempart, écolier qui, après l’inscrite borne munificente, chût derrière la colline dans un trône ; roi soudain d’un peuple tourmenté, sans espoir, par coutume d’habitacle. — Se bat avec ses sens, doux relaps ; tâche de tout voir en la plaine convoitée ; cursif avare, glisse et déplore, inscient de la distance, au ciel ciroféraire ; sans abrivent que l’angle obtus, et chante l’effroi rural en faisant souris aux calus, médian tombeau du regard, vacillant et visant la mi-côte du ciel trop parallèle au sol.
Nous avons une preuve sensible dans les capitulaires de nos rois de la seconde race, pour montrer que de leur temps il y avoit des comédiens de profession qui joüoient des pieces de théatre.
« Mon Dieu et mon Roi », « Pour Dieu et pour la France », c’est le cri de nos aïeux unanimes, quand ils marchaient à l’ennemi.
Dans cette révolution, l’autorité de domaine devint naturellement autorité de tutelle ; le peuple souverain, faible encore sous le rapport de la sagesse politique se confiait à son sénat, comme un roi dans sa minorité à un tuteur.
Le Nabab avait déjà produit cet effet, et les Rois en exil, eux aussi, le produisent. […] depuis (rois mois elle n’était pas restée inactive, la chère petite ! […] Zola ressemble à ce « Roi des halles », dont on disait qu’il savait tous les mots de la langue, mais qu’il ignorait la manière de s’en servir. […] Agir en roi, parler en médecin, ces expressions ont du sens, un sens plein et déterminé. […] On se rappellera peut-être avec quel succès et quels applaudissements l’a fait deux fois au moins déjà, — dans le Nabab et dans les Rois en exil, — M.