/ 2363
693. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

Ces cruelles et sacrilèges Poésies, qui insultent Dieu et le nient et le bravent, rappellent involontairement les plus grandes douleurs de l’orgueil humain, et on y retrouve comme un grandiose souvenir des yeux convulsés de la Niobé antique, des poignets rompus du Crotoniate et de la cécité de Samson dans l’entre-deux de ses piliers, — cette terrible cécité, qui renverse quand elle tâtonne ! 

694. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

Elle a défendu âprement et avec des rires la cause du petit et du faible ; elle a prononcé les paroles d’espoir et de consolation ; elle s’est attendrie au souvenir du village natal dont elle a retrouvé, tant de fois la parole familière et sonore ; elle s’est élevée jusqu’à l’ode et à la tragédie ; et lyrique, et magnifique, et bien française, elle vient de chanter l’épopée héroïque de notre Jeanne d’Arc… [La Cigale (mars-juin 1900).]

695. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »

Eugène Lintilhac Parmi les lyriques, nous retrouvons l’inévitable Lebrun-Pindare qui se survit ; son homonyme Pierre Lebrun, beaucoup plus sincère, qui, dans ses odes (Au Vaisseau de l’Angleterre, Sur la Grande Armée, À Jeanne d’Arc, Sur la Grèce, etc…), se montre un précurseur direct, quoique trop sage de Béranger et de Victor Hugo… Mais quels émules il eut en son temps !

696. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

Alphonse Lemerre A publié, en 1880, les Médaillons, recueil en vers, dont les meilleures pièces se recommandent par un mélange de sensibilité et d’ironie, que l’on retrouve avec plus de sûreté d’exécution dans les Petites Orientales (1882).

697. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Payen, Louis (1875-1927) »

Je ne serais pas étonné qu’il allât très loin dans une voie qui malheureusement est trop connue et qui n’est vraiment glorieuse que pour ceux qui 1 ont ouverte ou qui l’ont retrouvée après un long oubli.

698. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

Lorsqu’en 1902 on m’envoya à Salatouk dans la Mellacorée je m’y retrouvai encore avec Ali Bangoura.

699. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

C’est là qu’il faut chercher et retrouver la Chine littéraire et législative, et non dans les fables ignares ou ridicules publiées depuis que la Chine est fermée à leurs successeurs ; aussi peut-on affirmer sans crainte que les notions sur la littérature et sur la politique de la Chine antique ont rétrogradé immensément depuis l’expulsion des premiers jésuites de la capitale de l’empire. […] Pour bien juger la littérature politique d’un peuple, ce n’est pas à la renaissance, c’est à la pleine maturité de ce peuple qu’il faut l’étudier ; c’est donc dans les écrits littéraires et philosophiques du plus grand littérateur, du plus grand philosophe et du plus grand politique de la Chine que nous allons retrouver ces livres sacrés commentés, réformés et élucidés sous sa main. […] Lorsque la première famille humaine trop nombreuse se subdivise en familles secondaires, le même principe se retrouve dans le père et dans le fils de chaque famille, puis de chaque tribu, puis, quand la tribu s’agrandit, dans le chef paternel et dans les sujets filiaux de chaque empire. […] XXVII Ce principe d’autorité trouvé ou retrouvé, on conçoit quelle sainteté naturelle et originelle Confucius et ses disciples impriment au pouvoir monarchique confondu avec le pouvoir paternel ; on conçoit aussi quelle dignité, quelle moralité, quelle solidité ce même principe donne à l’obéissance filiale des peuples. […] Je retrouve avec orgueil, en propres termes, dans la bouche de ce prétendu barbare ce que j’ai dit moi-même en commençant cet entretien : « Le chef-d’œuvre de l’humanité, c’est un gouvernement ! 

700. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Continuons. » Le professeur nous lut alors, sans l’interrompre, tout le premier chant ; on y voit avec plus de charme que de clarté comment Charlemagne, à la tête de l’armée d’Occident, attendait au pied des Pyrénées l’armée des Sarrasins commandée par Agramant ; comment le paladin Roland, neveu de Charlemagne et revenant des Indes avec Angélique, reine du Cathay, dont il était amoureux jusqu’au délire, arriva au camp de Charlemagne pour lui prêter son invincible épée ; comment Charlemagne, craignant que la passion de Roland pour Angélique ne lui fît oublier ses devoirs de chevalier et de chrétien, lui enleva Angélique, dont Renaud de Montauban, son autre neveu, était également épris ; comment Angélique fut confiée par Charlemagne au vieux duc de Bavière, afin de la donner comme prix de la valeur à celui de ses deux neveux qui aurait combattu avec le plus d’héroïsme ; comment les chrétiens sont défaits par les Sarrasins ; comment Angélique s’évade pendant la bataille à travers la forêt ; comment elle y aperçoit Renaud courant à pied après son cheval Bayard, qui s’était échappé ; comment Angélique, qui a Renaud en aversion alors, s’éloigne de lui à toute bride ; comment, arrivée au bord d’une rivière, elle est aperçue par le chevalier sarrasin Ferragus qui a laissé tomber son casque au fond de l’eau en buvant au courant du fleuve ; comment Ferragus, enflammé à l’instant par la merveilleuse beauté d’Angélique, tire l’épée pour la défendre contre Renaud ; comment Angélique profite de leur combat pour échapper à l’un et à l’autre ; comment Renaud et Ferragus, s’apercevant trop tard de sa fuite, montent sur le même cheval pour la poursuivre, l’un en selle, l’autre en croupe ; comment ils se séparent à un carrefour de la forêt pour chercher chacun de leur côté la trace d’Angélique ; comment Renaud retrouve son bon cheval ; comment Angélique, après une course effrénée de trois jours, descend de cheval dans une clairière obscure de la forêt. […] Une fille de roi, aimée d’un paladin de la cour de son père ; une amitié tendre entre cette princesse et sa suivante, devenue en grandissant avec elle son amie ; la séduction de cette Olinde par un débauché qui abuse de son innocence, cette ruse infernale de l’échange des vêtements sur le balcon, qui donne l’apparence du crime à l’innocence endormie ; le désespoir de ce fidèle amant, témoin de la fausse infidélité de celle qu’il respecte et qu’il adore, le silence qu’il s’impose, et la mort qu’il essaye de se donner pour ne pas flétrir celle qui lui perce le cœur ; ce Renaud, étranger à tous ces intérêts d’innocence, d’amour ou de crime, qui vient, par le pieux culte de la femme et de la justice, se jeter l’épée à la main dans cette mêlée comme la Providence ; ce vieux roi, qui pleure sa fille et qui la livre à sa condamnation à mort par respect pour les mœurs féroces de son peuple ; cet Ariodant, qui se revêt chez l’ermite de son armure de deuil, et qui va combattre masqué contre son propre frère pour le salut de celle dont le crime apparent le fait mourir deux fois ; ce repentir et cette confidence de la suivante Olinde dans la forêt, retrouvée comme la vérité au fond du sépulcre ; ce Renaud, qui interrompt heureusement le combat fratricide entre Ariodant et Lurcin, qui tue Polinesso et qui lui arrache la confession de l’amour de Ginevra ; ces deux amants qui se retrouvent, l’une dans son innocence, l’autre dans son dévouement, et qui s’unissent dans les bras du vieux roi aux acclamations du peuple ! […] comment êtes-vous resté vivant et immortel, et comme adhérent à ces vieilles pages jaunies, où je vous retrouve comme une fleur entre deux feuillets ? […] je vous retrouve pour pleurer : car, peu de jours après que j’eus quitté les collines euganéennes pour retraverser les Alpes, une maladie rapide comme celles des enfants, un vent glacé, tombant des Alpes sur la villa, emporta Thérésina au séjour des plus beaux fantômes, et il y a peu de jours qu’une lettre d’un inconnu, à cachet noir, m’apprit la mort de la comtesse Léna, qui s’était souvenue jusqu’au tombeau de nos belles jeunesses.

701. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« Il dit, Minerve l’entend ; mais elle ne se manifeste pas aux regards du héros, car elle redoute le frère de son père Neptune, dont le courroux violent persécutait le divin Ulysse jusqu’à ce qu’il eût retrouvé son pays. » Je n’oublierai jamais quelle noblesse et quels accents M.  […] « J’aime à vous voir évoquer sous nos yeux la grande figure du poète créateur qui enchanta ma jeunesse, et me guida dans l’Orient au vif éclat de sa lumière ; j’aime également à retrouver dans son dernier historien la voix du chantre de ces Méditations qui, dès leur berceau, m’apparurent sous le même ciel, et m’apportèrent, aux rives de Scio et de Smyrne, de douces et mélancoliques jouissances. […] Nous nous retrouvâmes toujours amis après les orages et les revers. […] Il se plongea dans les Pères de l’Église, et devint mystique comme eux ; il retrouva la paix dans le mysticisme. […] prie pour les amis que tu as laissés ici-bas, et entre dans ta vraie place, dans le ciel des poètes, des martyrs, pour chanter et combattre avec eux ; et entre aussi dans le ciel des colombes, où tu as retrouvé la tienne qui t’attendait ; symbole de tendresse et d’inspiration, pour t’aider à aimer ton Dieu dans l’éternité, communion de ceux qui s’aimèrent dans la région des larmes !

702. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

À pareille heure, je l’aurai ; elle sera là, ou plutôt nous reposerons sur le même oreiller, elle me parlant de Gaillac, et moi du Cayla. » XIX Le 28, sa sœur retrouvée, elle va avec elle à l’église du village faire ses dévotions. […] Je n’en trouvais pas et allais retrouver mon lit, lorsqu’un petit charbon que j’ai rencontré du bout du doigt m’a fait voir du feu : voilà ma lampe allumée. […] J’y mets aussi ce qui se passe dans l’âme et dans la maison, et de la sorte nous retrouverons jour par jour tout le passé. […] Quelques lettres où l’on retrouve un peu de l’âme de sa sœur, et un Essai intitulé le Centaure, déclamation de rhétorique qui ne mérite pas le bruit qu’on en a fait, et qui est tombée vite de ce piédestal de complaisance dans le juste oubli qui lui était dû : voilà tout, quant au prodigieux talent qu’on attribuait à ce jeune homme. […] XXXVIII C’est là que nous la retrouvons, vieillie seulement de deux années, mais en réalité vieillie de mille espérances ensevelies avant elle.

703. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le juge du parterre ne se retrouvera donc pas dans le juge qui est en scène, et je le vois quittant la salle, soit en hochant la tête, si le portrait n’est pas beau, soit en se l’appliquant, s’il est flatté, dans l’alternative de ne pas se reconnaître du tout, ou de s’ignorer un peu plus qu’auparavant. […] Beaumarchais tenta l’entreprise, et retrouva le parterre fidèle ; mais il le lassa en lui présentant, dans la Mère coupable, les mêmes personnages une troisième fois. […] C’est cette comédie que retrouvaient en commun, dans leur admiration pour les modèles du dix-septième siècle, et dans un juste sentiment de leurs forces, Andrieux et Collin d’Harleville, deux amis qui se disaient la vérité. […] Sur les traces de Colin, il courait au hasard après l’ombre de la comédie ; avec Molière, il en retrouve le corps et il se retrouve lui-même.

704. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Pour ne parler que de la France, elle se retrouve toujours dans le drame et dans la chanson. […] Elles ne retrouveront faveur qu’à l’époque où la France, se retournant avec sympathie vers ce passé lointain, se reprendra d’amour pour la poésie des trouvères, c’est-à-dire au commencement de notre siècle. […] Pour peu qu’on parcoure un musée ou qu’on feuillette une collection d’estampes, on voit se dresser en pied devant soi des êtres qu’on retrouve dans les pièces ou les romans contemporains. […] Ces derniers ont abondé au xvie  siècle ; ils ont retrouvé un éclat éphémère sous la minorité de Louis XIV ; puis ils ont reparu avec le romantisme et plus encore avec les écoles qui l’ont suivi. […] David et ses élèves ne se contentent pas d’être les conseillers ordinaires des femmes du monde qui veulent être drapées en statues ; ils ont adopté pour eux-mêmes une espèce de tunique dont la coupe se retrouverait sur les bas-reliefs de la colonne Trajane.

705. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

. *** — et elle nomme son mari — a une jalousie contre vous que je ne m’explique pas… » Elle reprend : « Ça le rend tout à fait malheureux… Entre moi et lui, ça n’a jamais été formulé d’une manière bien nette… mais cela a amené pourtant des scènes dans notre intérieur… Oui, il faut que nous renoncions à ce plaisir tous… Concevez-vous qu’il m’empêche de vous lire… Que voulez-vous, nous nous retrouverons, une fois par an, comme cela par hasard… Cela me pesait depuis longtemps, j’ai mieux aimé que vous le sachiez. » Et mon frère la quitte, persuadé, comme moi, que cette femme qui vient presque de lui avouer la tendresse de sa pensée, ne ferait jamais pour lui, s’il en devenait vraiment amoureux, le sacrifice de son orgueil d’honnête femme. […] Il le retrouve avec une cravate à pois roses, en un costume ébouriffant, le costume qu’on peut imaginer d’un savant allemand, travesti en gandin : « Vous me trouvez un peu changé, n’est-ce pas ? […] L’Empereur ayant entendu parler à l’architecte des Tuileries, Lefuel, d’une somnambule qui l’avait étonné, en retrouvant, dans une promenade où elle était endormie, des pièces de monnaie perdues, des pièces de quarante sous, a voulu qu’à mesure qu’on démolissait, on fît tout voir à cette femme, espérant par elle retrouver des trésors, surtout le trésor, indiqué dans un récit venant d’un des domestiques de Louis XVII, comme enfoui devant lui, par Louis XVI, dans une salle à colonnes, où, sous une des colonnes déplacées, le Roi avait caché le sceptre, la main de justice, etc. […] Il a un chapeau de paille comme lui, et peut-être le sien qu’il aura retrouvé dans le jardin — qu’il vend, lopin par lopin, pour le fils de Gavarni. […] 24 décembre Nous avons plaisir à retrouver Flaubert, et dans notre trio d’ours et de solitaires ensauvagés, nous soulageons nos mépris, nos indignations, sur tous les abaissements présents, les misères des caractères, la déchéance et la domesticité des lettrés, nos camarades.

706. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Heureux les hommes qui croient l’avoir retrouvé ! […] garde-nous longtemps, veuve des nations, Garde au pieux respect des générations Ces titres mutilés de la grandeur de l’homme, Qu’on retrouve à tes pieds dans la cendre de Rome ! […] On se scandalisera peut-être de ce qu’à cette période grave de ma vie, je retrouve en moi de tels regrets et de tels amours pour l’Italie de mes premières années ; mais, si mon âme est universelle, si mon berceau est français, mes sens sont italiens. […] Il y avait là, sous les plis lourds des étoffes rouges et vertes des vêtements de ces villageoises, des beautés, des majestés, des grâces sévères que je n’ai jamais retrouvées qu’en parcourant les montagnes de la Sabine et du Vulturne, ou dans l’incomparable tableau des Moissonneurs de Léopold Robert, ce Virgile du pinceau, qui a égalé le Virgile des Géorgiques. […] La rougeur me monta au visage, et mon cœur battit d’émotion à l’idée de voir cette femme célèbre, dont cette inscription sur le tombeau venait de me faire retrouver le nom et la renommée dans ma mémoire.

707. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

L’âme de Dante quitta en quelque sorte la terre avec elle, et on ne peut douter que ce ne fut pour suivre et pour retrouver l’âme de Béatrice qu’il entreprit plus tard ce triple voyage à travers les trois mondes surnaturels, enfer, purgatoire, paradis, où, sous le nom de théologie, il ne cherche et ne divinise au fond que son amante. […] Cette scène a dû m’impressionner cependant avec une certaine force, puisqu’elle se retrouve si complète et si vive après trente ans dans mon imagination ; mais je ne la percevais que par mes sens et par le seul instinct, car mon esprit était absorbé par la contemplation intérieure d’une tout autre nature. […] Je possédais dans ma pensée le fil conducteur à travers ces ébauches, et je comptais les relier à la fin les unes aux autres par cette unité des deux mêmes âmes, toujours égarées, toujours retrouvées, toujours suivies de l’œil et de l’intérêt, dans leur Divine Comédie, à travers la vie, la mort, jusqu’à l’éternelle vie ! […] Le fleuve poétique remonte à sa source pour y retrouver ces eaux qui coulent des hauts lieux. […] Il nous suffit d’avoir donné au lecteur, qui voudra lire les trois poèmes tout entiers, la clef de ces interprétations retrouvées et présentées par un judicieux et savant esprit.

708. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Dante ne pouvait manquer de retrouver dans l’autre monde ceux dont la triste aventure l’avait si fortement ému dans celui-ci. […] « Quand un peu de clarté eut pénétré dans le cachot de douleur, je parcourus de l’œil les quatre visages de mes fils ; j’y retrouvai avec horreur l’image du mien. […] » XIX Béatrice parle d’abord dans une langue mystique, semblable à celle des anges, et avec un accent qui rappelle l’impassibilité des purs esprits ; puis insensiblement la femme et l’amante se retrouvent dans l’immortelle, et elle reproche sévèrement à son amant les distractions amoureuses qu’il a laissées empiéter dans son cœur sur le souvenir sacré de leur premier amour. […] La sainteté de l’âme béatifiée, le ressentiment amoureux de la femme, la honte silencieuse de l’amant infidèle, la foi du chrétien repentant, la joie du poète qui retrouve sa jeunesse, son innocence et sa vertu dans la première créature qu’il a aimée, y sont fondus dans une telle harmonie de couleurs, de sentiments, de remords, de joie, de larmes, d’adoration, qu’ils rendent à la fois le drame aussi divin qu’humain dans l’âme des deux amants sur les confins des deux mondes. […] Il retrouve tout à coup sa palette d’amant en revoyant Béatrice.

709. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Pour peu qu’on revienne aux belles et saines traditions de l’époque où l’on saluait l’apparition du Bouscassié et de la Fête Votive de saint Bartholomée-Porte-Glaive de Cladel, où l’on aimait véritablement le sol que l’on décrivait, le roman retrouvera une beauté simple, sans procédés et pourra éveiller en nous la curiosité de notre France que nous connaissons mal. […] Nous voulons retrouver sous la khlamyde dorienne ou l’armure espagnole, des âmes et des cœurs d’aujourd’hui. […] En dehors d’un cercle de villes où il a coutume de retrouver ses habitudes, il lui déplaît de s’aventurer. […] « Mon vieil ami Edmond de Goncourt, à la mémoire duquel je garde tant d’affectueux respect, aurait aimé se retrouver physiquement dans le plus grand des frères Leblond et retrouver son frère dans le plus jeune. » Charles-Henry Hirsch : Nous avons vu M. 

710. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Alors nous avons cru voir l’action sortir de ses antécédents par une évolution sui generis, de telle sorte qu’on retrouve dans cette action les antécédents qui l’expliquent, et qu’elle y ajoute pourtant quelque chose d’absolument nouveau, étant en progrès sur eux comme le fruit sur la fleur. […] Ce n’est pas là une donnée de l’intuition immédiate ; mais ce n’est pas davantage une exigence de la science, car la science, au contraire, se propose de retrouver les articulations naturelles d’un univers que nous avons découpé artificiellement. […] Mais puisqu’une théorie de la matière se propose justement de retrouver la réalité sous ces images usuelles, toutes relatives à nos besoins, c’est de ces images qu’elle doit s’abstraire d’abord. […] Nous voyons la force se matérialiser, l’atome s’idéaliser, ces deux termes converger vers une limite commune, l’univers retrouver ainsi sa continuité. […] Ce prétendu temps homogène, comme nous avons essayé de le démontrer ailleurs, est une idole du langage, une fiction dont on retrouve aisément l’origine.

711. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

C’est un garçon de vingt ans qui retrouve son père, et un père qui lui ouvre les bras tout grands. […] non. — Si vous la retrouviez, seriez-vous homme à lui pardonner, même ce qu’elle aurait fait pour vous ? […] — Tout, pourvu que je la retrouve. — Ramassez-moi mon gant, je vous prie… Thank you, sir. […] Dans un jardin, une clé se retrouve. » Et celle-là se retrouve en effet. […] Or, elle vient de retrouver un camarade d’enfance, André Laroque, qui est d’un an plus jeune qu’elle.

712. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il semblait qu’on vînt de retrouver le grand secret perdu, et cela était vrai, on avait retrouvé la poésie. […] On pourrait dire que l’on retrouve dans son œuvre écrite les noirs profonds de la gravure anglaise. […] Le caractère qu’on retrouve dans tous les débuts de ce temps-là est le débordement du lyrisme et la recherche de la passion. […] On retrouve les traits principaux de ce caractère dans la plupart des pièces du temps. […] Chaque heure consacrée à ces besognes est peut-être une heure d’immortalité qu’on se vole ; ce temps perdu, le retrouvera-t-on ?

713. (1890) Nouvelles questions de critique

Sous le bénéfice de ces observations et de ces distinction, nous nous retrouvons d’accord avec M.  […] Ou en retrouverait la trace encore jusque dans la Petite Fadette et dans la Mare au Diable. […] Mêmes effets, et même cause, opérant par des moyens à peine différents, je les retrouve encore dans l’histoire ou dans l’évolution de la poésie proprement dite. […] Ceux qui ne reconnaissent pas, qui ne retrouvent pas leur humanité dans le Néron de Racine, comment la retrouveraient-ils dans le Caligula de Dumas ? […] Historien et philosophe, — il a représenté, contre ce matérialisme grossier, dont on retrouverait l’origine dans le positivisme étroit d’Auguste Comte, — l’un des hommes qu’en toute occasion, M. 

/ 2363