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2872. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

On voyait fréquemment dans le monde des hommes de lettres du deuxième et troisième rang être accueillis et traités avec des égards que n’obtenaient pas les nobles de province… Les institutions restaient monarchiques, mais les mœurs devenaient républicaines.

2873. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Car ne nous faisons pas d’illusion sur l’éternelle reconnaissance et sur l’indissoluble alliance entre la France et la monarchie piémontaise de l’Italie une : les rois hommes d’honneur, les ministres qui se respectent, peuvent être reconnaissants par honneur, par pudeur, par intérêt momentané ; mais les rois meurent, les ministres passent, les cabinets restent avec l’esprit de leur situation géographique en Europe.

2874. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Si de telles législations étaient adoptées sur parole par les prolétaires du socialisme, il ne resterait aux veuves, aux orphelins, aux pères et aux mères survivants qu’à adopter le suicide en masse après la mort du propriétaire, et de se coucher sur le bûcher du chef de la famille pour périr au moins ensemble sur les cendres du même foyer !

2875. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Sans accorder à ses contradicteurs qu’il était aussi instruit en toutes choses qu’homme de son siècle, et de beaucoup le plus instruit dans les matières de science et de philosophie, on peut dire que l’antiquité, qu’il avait arrachée de sa mémoire, comme corps de doctrines, y était restée comme méthode générale ; et c’est par l’effet d’une illusion qu’il crut inventer beaucoup de choses qu’il retrouvait.

2876. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Si vous êtes curieux d’apprendre comment, au milieu de cet ébranlement général, les Divinités majeures du Monde Philosophique ont vu les atteintes portées à leur culte & à leurs Adorateurs, vous saurez qu’elles sont restées muettes pendant quelque temps.

2877. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La France littéraire eût dû, ce semble, saluer respectueusement une telle date, car plus que jamais il nous faut aujourd’hui honorer, respecter, mettre en lumière les véritables gloires qui nous restent. […] « Y seraient-ils restés jusqu’à présent, disait encore Beffara, sans que personne les fît connaître ?  […] On eût bien étonné ses compagnons en assurant que sa Comédie humaine restera comme la plus puissante des œuvres.

2878. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Mais lorsqu’en 843, au congrès de Verdun, sous Charles le Chauve, la Germanie & la Gaule furent séparées ; le nom de Francs resta aux peuples de la France occidentale, qui retint seule le nom de France. […] Si deux ou trois historiens seulement avoient écrit l’avanture du roi Charles XII. qui s’obstinant à rester dans les états du sultan son bienfaiteur, malgré lui, se battit avec ses domestiques contre une armée de janissaires & de Tartares, j’aurois suspendu mon jugement ; mais ayant parlé à plusieurs témoins oculaires, & n’ayant jamais entendu révoquer cette action en doute, il a bien fallu la croire, parce qu’après tout, si elle n’est ni sage, ni ordinaire, elle n’est contraire ni aux loix de la nature, ni au caractere du héros. […] Au reste, c’est une des grandes erreurs du Dictionnaire de Moréri, de dire que du tems de Théodose le jeune, il ne resta plus d’idolâtres que dans les pays reculés de l’Asie & de l’Afrique.

2879. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

D’après lui, l’énergie du sentiment, quelle qu’en soit la nature, se manifeste toujours par une énergie de mouvement : on danse de joie, dit Spencer, comme on piétine de colère ; on ne peut pas plus rester en place dans la détresse morale que dans l’exaltation délicieuse ; il y a des cris d’angoisse comme il y a des cris de volupté ; souvent les bruits que font les enfants au milieu de leurs jeux laissent les parents dans le doute si c’est le chagrin ou le plaisir qui en est la cause. — Soit, mais toutes ces manifestations d’activité ne se ressemblent que pour un spectateur lointain ou superficiel ; il est difficile d’admettre que le plaisir et la douleur, dès le début, se manifestent l’un comme l’autre par un même accroissement général d’activité.

2880. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — À cette distance prodigieuse, les astres restent pesants comme notre terre ; on s’en est assuré par les mouvements des étoiles doubles.

2881. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

On admirera la virtuosité musicale, oui, et l’on confessera l’insignifiance du drame ; mais entendre là un drame psychologique, c’est le monstrueux effet d’une éducation déviée par l’invétéré préjugé d’un Wagner resté dramaturge en 1877 comme en 1849.

2882. (1739) Vie de Molière

Son père, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez le roi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : il resta jusqu’à quatorze ans dans leur boutique, n’ayant rien appris outre son métier, qu’un peu à lire et à écrire.

2883. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Et, comme en dehors des jansénistes, il ne restait plus que les cartésiens, c’est-à-dire les plus rationalistes des hommes, ce n’était pas les Perrault ou les Fontenelle qui pouvaient songer à faire descendre la raison du rang où Boileau l’avait mise. […] Que leur restait-il donc ? Il leur restait à l’attaquer sur l’article de l’imitation des anciens, et, effectivement, c’est ce qu’ils allaient faire. […] Il s’ensuivit, selon l’usage du temps, une guerre d’épigrammes, qui peut-être en fût restée là, sans l’intervention de Fontenelle, dont les Poésies pastorales — c’est l’un de ses plus médiocres ouvrages, — avec un Discours sur l’églogue et une Digression sur les anciens et les modernes, en renouvelant le débat, le ranimèrent ; et de l’ombre de l’Académie, le portèrent en quelque sorte sur la place publique.

2884. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Bien des fois, après avoir lu des poëtes de cet âge, je suis resté penché sur les estampes contemporaines, me disant que l’homme, esprit et corps, n’était pas alors celui que nous voyons aujourd’hui. […]   —  De chaque côté ils étaient placés tout du long. —  Mais tout le sol était jonché de crânes — et d’ossements d’hommes morts épars tout à l’entour,  — dont les vies, à ce qu’il semblait, avaient été là répandues,  — et dont les vils squelettes étaient restés sans sépulture. […] Les yeux restent attachés sur la nature, non plus pour l’admirer, mais pour la comprendre.

2885. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Les hommes quelquefois sont si follement avides de gloire qu’il ne leur suffiroit pas d’être inventeurs, ils voudroient encore être uniques : mais non, sans leur attribuer un motif si odieux, j’aime mieux croire que l’exécution a emporté tout leur loisir, et qu’il ne leur en est pas resté pour les réflexions. […] Le fanfaron dit plus qu’il n’a fait, ou qu’il n’entreprendroit de faire, au lieu que le fanatique croit pouvoir encore plus qu’il ne dit : l’un proprement songe à se faire valoir, l’autre se fait valoir sans y penser ; ainsi Cesar entre les mains des corsaires qui pouvoient disposer de sa vie, ose encore se croire maître de la leur ; ainsi Alexandre abandonne avec mépris ses soldats lassés de la guerre, et croit avec les estropiés qui lui restent pouvoir achever ses conquêtes : s’ils le pensoient, rien n’étoit plus déraisonnable ; et c’est pourtant parce qu’ils le pensoient, qu’ils intimidoient ou regagnoient les esprits. […] C’est encore, ce me semble, une maniere indirecte de manquer au dialogue, que de faire sortir des personnages qui devroient attendre qu’on leur répondît, ou de faire rester ceux qui devroient répondre.

2886. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Mais, quand nous n’en aurions pas la preuve, il resterait qu’en achevant de purifier l’atmosphère littéraire du temps, et d’en balayer les derniers nuages qui l’obscurcissaient encore, les Provinciales ont au moins, en le rendant possible, préparé tout ce que nous allons voir leur succéder maintenant de chefs-d’œuvre. […] Mais il resterait à montrer comment ou pourquoi la France s’est trouvée investie de cette « prérogative » ; et, sans entreprendre ici cette recherche un peu longue, n’est-il pas permis de penser que le caractère de notre littérature, celui de la civilisation française du temps de Louis XIV, et l’influence enfin de Louis XIV lui-même ne sont pas tant à ce point de vue même des effets que des causes ? […] Il n’a voulu que flatter son prince ; et, content d’avoir fait acte de bon courtisan, il en fût resté là, si les partisans des anciens ne l’avaient comme obligé de voir clair dans son paradoxe. […] C’est La Bruyère qui a essuyé le premier les attaques ou les railleries des modernes ; et, pour Fénelon, jusqu’à son dernier jour, il restera fidèle aux anciens.

2887. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Restent les lois relatives aux qualités des objets, non plus aux quantités, comme quand le contact de la même flamme nous fait attendre la même brûlure.

2888. (1909) De la poésie scientifique

Francis Viélé-Griffin est la grande et âpre figure du « Symbolisme »  demeurant en puissance, disons-nous, alors que l’action créatrice de cette Ecole à divers modes est virtuellement terminée, alors que la plupart de ceux qui œuvrent encore poétiquement, se répètent, d’aucuns même étant en voie de régression… Outre les noms de capitale action dont nous avons marqué l’évolution Symboliste, rappelons-en simplement d’autres qui resteront en l’histoire de ce temps : de Stuart Merrill, E.

2889. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

La malignité de Boileau, qui ne rougit pas dans cette satire d’attaquer les mauvais poètes jusque dans leur mauvaise fortune, lui fera reprocher éternellement cette insulte à l’indigence, restée proverbiale aussi, mais proverbiale contre son cœur : Tandis que Colletet, crotté jusqu’à l’échine, S’en va chercher son pain de cuisine en cuisine.

2890. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

On en reconnoît la figurative dans patri-monium, patro-cinium, fronti-spicium, juri-stitium ; & on la retrouve encore dans homi-cidium malgré l’altération ; hom-o, c’est le nominatif ; hom-in-is, c’est le génitif dont la figurative est in ; & la consonne n de cette figurative est retranchée pour éviter le choc trop rude des deux consonnes n c, mais i est resté. […] La question paroîtra singuliere au premier coup-d’oeil ; tout le monde répondra que c’est l’amour de Dieu : mais c’est en françois la même équivoque ; car il restera toûjours à savoir si c’est amor Dei amantis ou amor Dei amati.

2891. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

L’honneur de la réaliser devait appartenir à l’homme que l’on considère encore quelquefois comme le plus intransigeant des romantiques, qui l’a été en 1830, mais qui ne l’est pas resté, et qui, au contraire, rien que de la manière dont il a transformé l’art de décrire, aurait pu lui tout seul dégager du romantisme ce que les doctrines en contenaient de naturalisme encore inconscient : « Je suis allé à Constantinople, disait Théophile Gautier, pour être musulman à mon aise ; en Grèce, pour le Parthénon et Phidias ; en Russie, pour la neige et l’art byzantin ; à Venise, pour Saint-Marc et le palais des Doges » [Cf.  […] Restons donc rivière, et faisons tourner le moulin » [Cf. t.  […] Les premiers travaux de Renan ; — Averroès et l’averroïsme, 1852 ; — Histoire générale des langues sémitiques, 1857 ; — Études d’histoire religieuse, 1848-1857 ; — Essai sur l’origine du langage, 1858 ; — et que ces travaux ne sont pas les moins remarquables qui nous restent de lui. — Le caractère commun en est d’avoir voulu sauver de la « religion » tout ce qu’on en peut sauver sans croire à cette religion même ; — ce qui serait tout simplement du Voltaire ; — si ce n’était plutôt encore du Chateaubriand ; — à cause de la sincérité sentimentale dont Renan a fait preuve dans cette partie de son œuvre ; — et du charme infini de style dont il a enveloppé ce que son entreprise avait de contradictoire. — Un autre caractère de ces premiers travaux en est la solidité scientifique [Cf. le Livre de Job, 1858 ; le Cantique des Cantiques, 1860 ; et surtout le Discours sur l’état des beaux-arts au xive  siècle]. — Collaboration de Renan à l’Histoire littéraire de la France. — Comment tous ces travaux ont contribué à étendre sensiblement le domaine de la littérature, — en y faisant entrer, par l’intermédiaire du style, — les résultats de l’érudition, de la philosophie, et de l’exégèse.

2892. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Ceux qui ne parviennent pas à se réaliser, restent à l’état de simples tendances, c’est-à-dire de mouvements simplement conçus ; et ces impressions internes en suscitant d’autres, ainsi se forme cette succession d’idées régulière ou irrégulière que nous appelons mémoire.

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