Elle s’accoutuma naturellement à se considérer comme née d’un tout autre sang que le reste des hommes, même des gentilshommes, et comme n’allant de pair qu’avec les reines et les rois. […] Il semblait qu’elle n’eût qu’à choisir, et l’on ne peut montrer son travers altier avec plus de naïveté qu’elle ne le fait elle-même à propos d’une grande fête qui eut lieu au Palais-Royal sur la fin de l’hiver de 1646, et pour laquelle la reine mère voulut la parer : L’on fut trois jours entiers à accommoder ma parure ; ma robe était toute chamarrée de diamants avec des houppes incarnat, blanc et noir ; j’avais sur moi toutes les pierreries de la Couronne et de la reine d’Angleterre, qui en avait encore en ce temps-là quelques-unes de reste. […] Mademoiselle imagine donc, en une prairie, près d’une forêt, en vue de la mer, une société des deux sexes, toute composée de gens aimables et parfaits, délicats et simples, qui gardent les moutons les jours de soleil et pour leur plaisir, qui se visitent le reste du temps d’un ermitage à l’autre, en chaise, en calèche, en carrosse ; qui jouent du luth et du clavecin, lisent les vers et les ouvrages nouveaux ; qui unissent les avantages de la vie civilisée et les facilités de la vie champêtre, sans oublier les vertus de la vie chrétienne ; qui, tous célibataires ou veufs, polis sans galanterie ou du moins sans amour, vivent honnêtement entre eux, et n’ont nul besoin de recourir au remède vulgaire du mariage. […] On sait le reste.
Necker, et qui l’accueillit avec un mélange de cordialité et de malice : Je ne sais, Madame, écrivait Mme Necker à l’une de ses amies de Lausanne (novembre 1765), si je vous ai dit que j’ai vu Gibbon ; j’ai été sensible à ce plaisir au-delà de toute expression ; non qu’il me reste aucun sentiment pour un homme qui, je crois, n’en mérite guère, mais ma vanité féminine n’a jamais eu un triomphe plus complet et plus honnête. […] Dans une lettre où elle s’excuse de ne pouvoir leur présenter deux jeunes Zurichois, elle nous les montre ne pouvant se contraindre dans leurs propos, travaillant le matin dans leur cabinet, puis causant tout le reste du jour : Le matin est consacré à l’étude, et ils ont une si grande liberté de penser, qu’ils ne peuvent se résoudre à rencontrer un visage inconnu dans les maisons qu’ils fréquentent ; car qui dit liberté de penser, sous-entend un désir violent de parler ; j’en vois quelques-uns, et heureusement leurs mœurs, qui sont très honnêtes, corrigent l’impression de leurs principes, sans quoi il vaudrait mieux renoncer à ce genre de société. […] En matière de goût, Mme Necker, peu sûre d’elle-même et ne jugeant que par réflexion, ainsi qu’il est ordinaire aux personnes qui ont passé leur jeunesse loin de Paris, crut, en y arrivant, qu’il n’y avait sur ce point qu’à prendre des leçons comme pour tout le reste : « Le seul avantage de ce pays, écrivait-elle après un an de séjour, est de former le goût, mais c’est aux dépens du génie ; on tourne une phrase en mille manières, on compare l’idée par tous ses rapports… » Et elle crut atteindre elle-même au goût en faisant subir à ses idées cette sorte d’épreuve et presque de tourment. […] La France lui doit Mme de Staël, et ce magnifique présent a trop fait oublier le reste.
Orry vient d’être disgracié (décembre 1745) : il reste au jeune homme sa plume et son courage. […] Collé, juge sévère, écrivait en 1758 ce mot dont, au reste, il s’est repenti plus tard : « Je lui crois un talent décidé pour la tragédie. » Les deux premières tragédies de Marmontel, Denys le Tyran, joué en février 1748, et Aristomène, joué en avril 1749, firent fureur. […] La critique, au reste, n’a pas épargné Marmontel. […] Mais, là, sa modération lui manqua subitement ; il se mit en avant tout entier, il brisa des lances envers et contre tous pour Piccinni, pour la musique italienne, avec une ardeur démesurée et avec une passion où l’amour de la mélodie se sent moins encore que le besoin de dépenser un reste de jeunesse.
Cette troupe ne réussit pas dans sa première représentation au gré de Mme de Calvimont, ni par conséquent au gré de M. le prince de Conti, quoique, au jugement de tout le reste des auditeurs, elle surpassât infiniment la troupe de Cormier, soit par la bonté des acteurs, soit par la magnificence des habits. […] Quand il eût eu dans le cœur quelques restes de tendresse pour cette femme, elle se serait évanouie par le récit que je lui fis de l’inégalité de son humeur et de la légèreté de son esprit ; mais cette idée était déjà tellement effacée, qu’il ne lui en restait aucun souvenir, et depuis ce temps je ne me souviens point de lui avoir ouï nommer son nom. […] Cosnac, qui a gagné, au mariage du prince avec une nièce de Mazarin, d’être évêque de Valence, et qui a donné une dernière fois la chemise à son maître avec larmes, reste quelque temps encore attaché à sa maison comme chargé de ses affaires ; il le sert et le mécontente à la fois par son trop de zèle, et se retire enfin de cette petite cour où il éclate trop souvent par des impétuosités et des brusqueries hors de saison. […] Cosnac, qui n’était jamais en reste, riposta : « À tel évêque ce maréchal se serait adressé, qu’on peut dire que de sa vie il n’eût vu une occasion si chaude. » Cela fit rire, et aux dépens de Villeroi.
Il ne se dit jamais avec la douce sagesse que devrait avoir un homme qui a médité sur la montagne et qui a vécu au désert : « Les vieilles religions sont comme les vieux arbres : il y a des milliers de familles innocentes d’oiseaux qui y font leurs nids47. » Au reste, il y a dans tout ceci à faire la part du siècle et du moment ; elle est immense. […] Je le laisse parler lui-même le plus que je peux ; c’est le meilleur moyen de le faire connaître, car on le lit bien peu aujourd’hui : Lorsqu’en 1783, écrit-il, je partais de Marseille, c’était de plein gré, avec cette alacrité, cette confiance en autrui et en soi qu’inspire la jeunesse : je quittais gaiement un pays d’abondance et de paix pour aller vivre dans un pays de barbarie et de misère, sans autre motif que d’employer le temps d’une jeunesse inquiète et active à me procurer des connaissances d’un genre neuf, et à embellir, par elles, le reste de ma vie d’une auréole de considération et d’estime. […] Ces détails, s’ajoutant au reste, peignent l’homme. […] C’est ici la pierre philosophale ; tandis qu’à la campagne il reste de la moralité, et qu’en faisant un bon sort de son vivant, on peut trouver serviteur d’attache… On pourrait arrêter ici le philosophe et lui demander pourquoi il y a à la campagne un fonds restant de moralité plutôt qu’à la ville, et si cela ne tient pas précisément à ce qu’il a voulu détruire.
Il nous reste à remplir un agréable devoir et à satisfaire notre reconnaissance sans nous délier d’elle. […] Pour une pareille histoire, pour cette reconstitution entière d’une société, il faudra que la patience et le courage de l’historien demandent des lumières, des documents, des secours à tous les signes, à toutes les traces, à tous les restes de l’époque. […] * * * Il nous reste à dire quelques mots du présent livre : Les Maîtresses de Louis XV, pour en définir la moralité et l’enseignement. […] Fossé d’Arcosse, etc., de nous avoir donné, d’avoir offert au public les restes et les reliques de ce rare et charmant esprit.
J’ai vu mes tristes journées Décliner vers leur penchant ; Au midi de mes années Je touchais à mon couchant La mort déployant ses ailes, Couvrait d’ombres éternelles La clarté dont je jouis ; Et dans cette nuit funeste Je cherchais en vain le reste De mes jours évanouis. […] J’ai dit au milieu de mes jours, je vais mourir ; et j’ai cherché le reste de mes ans. […] Au reste, l’affectation et la contrainte, ennemies des beautés en tout genre, ne le sont pas moins dans celui-ci. […] Le reste de la pièce est à peu près semblable à ce début.
Pour son génie, il est incontestable, mais ses inventions n’ont rien confisqué de l’idée chrétienne, qui reste à la disposition du premier venu et qui, malgré l’effort du talent très-énergique et très-fier auquel nous applaudissons aujourd’hui, attend encore, attend toujours un poète de proportion avec sa grandeur ! […] Il reste bien le Livre des sonnets et quelques caprices errants dans ce volume, comme des fils de la Vierge, entre les troncs des arbres auxquels ils vont se nouer, mais ni ces Sonnets ni ces Strophes ne peuvent donner l’idée du genre de poésie que M. […] Cet esprit qui ne biaise jamais, ce poète de résolution, cet héroïque qui n’a peur de rien, — qui n’eut pas peur un jour, dans une nation rieuse, de mettre en vers flamboyants, sonores et magnifiques de mouvement, de nombre et d’harmonie, les tableaux grotesques du petit père André, sachant et très-sûr qu’où le poète met sa griffe la marque reste et reste seule sur le ridicule effacé, lui, le poète des Crâneries, qui en fera une tant qu’il aura le crâne au-dessus des épaules, me laisse indécis sur cette poésie dont il nous donne aujourd’hui un échantillon si étrange, sur la poésie qu’après celles des Colifichets il rêve peut-être, et dans laquelle il est bien capable de se jeter à corps perdu demain !
. — Mais il reste que, dans l’histoire de la civilisation occidentale, l’augmentation de la quantité des individus groupés marche ordinairement de pair avec les aspirations égalitaires des groupes. […] Mais que la circulation, de nos jours, ait pris un développement hors proportion avec tout ce que les anciens avaient pu connaître ou imaginer, on le sait de reste. […] C’est le prestige, c’est le cortège d’honneurs dont un haut personnage reste entouré dans notre imagination qui nous empêche de l’assimiler aux autres hommes, et de les tenir, eux et lui, pour des unités comparables. […] Si, dans une société, une certaine catégorie de gens reste inconnue et comme voilée, le mystère dont elle est entourée pourra lui conserver longtemps le respect des autres classes.
Le pouvoir qu’il attaquait était odieux et suranné ; les étrangers qu’il avait à combattre, les cinq armées germaniques vaincues l’une après l’autre sur tous les points de l’Italie, semblaient un dernier reste de ces anciennes irruptions du Nord, que rejetait au-delà des monts quelque général romain revenu à la hâte de la Gaule Narbonnaise ou de la Grèce, un Marius, un Bélisaire. […] De même qu’immobile, après le dernier soupir exhalé, son corps gisait insensible, privé d’un si grand souffle ; ainsi la terre, frappée à cette nouvelle, reste dans la stupeur. […] Ainsi, à l’époque où fut délibéré en France le rappel, par transaction amiable, des restes glorieux de Napoléon, lorsque cette idée, aussi peu politique qu’elle était peu poétique, occupa le gouvernement et les assemblées législatives de notre patrie, dans le torrent de louanges et d’apothéoses qui par des modes différents ramenaient le culte toujours dangereux de la force, dona Gomez fit entendre ce noble avis d’une bouche étrangère : À la France, sur la translation des restes de Napoléon à Paris.
Il disparaît pendant ce laps de temps, et il ne nous reste à supposer qu’une chose à peu près certaine, c’est qu’il vécut dans son pays, travaillant et étudiant sans relâche. […] Peut-être au reste le bonheur est-il presque impossible, du moins à moi, puisque je ne le trouve pas auprès de la meilleure et de la plus sipirituelle des femmes. […] Cette discussion, au reste, sort assez des mesquines tracasseries d’amour-propre, et porte assez sur le fond même des choses pour mériter de trouver place ici. […] Au reste, usez-en bien à votre aise et commodité. […] Le reste, si beau que cela parût, lui tenait moins à cœur.
Baillot est mort, Paganini est mort, Chopin est mort, la Malibran expirée en plein triomphe… il en reste… quoi ? […] Il ne songeait qu’à s’amuser de chacun et de tous ; le reste à la grâce de Dieu ! Le reste (dix chefs-d’œuvre !) […] C’est, au reste, tout à fait ainsi que s’est passé le mariage du chevalier de Grammont. […] Vous savez le reste.
Au reste, Lesage avouait, tout haut, ces piquantes esquisses, dans lesquelles il se retrouvait tout entier. […] De toute la famille qui l’entourait, plus rien ne reste. […] Seulement la femme de Mégani reste un peu inférieure à son mari, ce n’est pas tout à fait un premier sujet ; tenez, M. […] Il était grand chasseur, grand mangeur, grand buveur et le reste. […] Aussi, quand une fois il a pris son domicile quelque part, il y reste gaiement, jusqu’à la fin des siècles.
Vinet de recueillir ce qu’il avait laissé d’épars, et engageons-les, malgré tout, à continuer de nous donner ce qui reste de son précieux héritage. […] Mais vous m’avez trop généreusement donné de votre temps pour que je veuille vous en dérober ; et j’aime mieux, monsieur, employer le reste de cette lettre à vous dire combien, sous d’autres rapports que ceux qui frapperont tout le monde, il m’est précieux d’avoir un moment arrêté votre attention.
La philosophie exige de la force dans le caractère, l’étude, de la suite dans l’esprit ; mais malheur à ceux qui ne pourraient pas adopter la dernière consolation, ou plutôt la sublime jouissance qu’il reste encore à tous les caractères dans toutes les situations. […] Le bonheur qui naît des passions est une distraction trop forte, le malheur qu’elles produisent cause un désespoir trop sombre pour qu’il reste à l’homme qu’elles agitent aucune faculté libre ; les peines des autres peuvent aisément émouvoir un cœur déjà ébranlé par sa situation personnelle, mais la passion n’a de suite que dans son idée ; les jouissances, que quelques actes de bienfaisance pourraient procurer, sont à peine senties par le cœur passionné qui les accomplit.
Mais la psychologie y reste analytique. […] » En somme, la France reste encore le pays de Voltaire.
Il y a sans doute le don inné, que rien ne remplace ; mais le don inné, sans l’instruction, reste stérile, improductif, comme un bloc aurifère non exploité. […] Une sentence excellente est celle-ci : « Cherchez d’abord le royaume du ciel ; tout le reste vous sera donné par surcroît. » Dans une circonstance analogue à celle d’aujourd’hui, il y a quarante-trois ans, l’illustre M.
Il lui reste à remercier les huit où dix personnes qui ont eu la bonté de lire son ouvrage en entier, comme le constate le succès vraiment prodigieux qu’il a obtenu ; il témoigne également toute sa gratitude à celles de ses jolies lectrices qui, lui assure-t-on, ont bien voulu se faire d’après son livre un certain idéal de l’auteur de Han d’Islande ; il est infiniment flatté qu’elles veuillent bien lui accorder des cheveux rouges, une barbe crépue et des yeux hagards ; il est confus qu’elles daignent lui faire l’honneur de croire qu’il ne coupe jamais ses ongles ; mais il les supplie à genoux d’être bien convaincues qu’il ne pousse pas encore la férocité jusqu’à dévorer les petits enfants vivants ; du reste, tous ces faits seront fixés lorsque sa renommée sera montée jusqu’au niveau de celles des auteurs de Lolotte et Fanfan ou de Monsieur Botte, hommes transcendants, jumeaux de génie et de goût, Arcades ambo ; et qu’on placera en tête de ses œuvres son portrait, terribiles visu formæ , et sa biographie, domestica facta . […] Au reste, il lui serait impossible de se livrer ici au plus léger badinage, ayant eu le malheur de perdre le calepin sur lequel il était dans l’usage de noter ses saillies et bons mots futurs, aux environs de la fontaine des Innocents.
L’art, et l’auteur de ce livre n’a jamais varié dans cette pensée, l’art a sa loi qu’il suit, comme le reste a la sienne. […] Il est donc tout simple, quel que soit le tumulte de la place publique, que l’art persiste, que l’art s’entête, que l’art se reste fidèle à lui-même, tenax propositi.
En s’approchant de cette statue qui devient tout à coup colossale, sans doute on est étonné, on conçoit l’édifice beaucoup plus grand qu’on ne l’avait d’abord apprécié ; mais le dos tourné à la statue, la puissance générale de toutes les autres parties de l’édifice reprend son empire, et restitue l’édifice grand en lui-même, à une apparence ordinaire et commune : en sorte que d’un côté chaque détail paraît grand, tandis que le tout reste petit et commun ; au lieu que dans le système contraire d’irrégularité, chaque détail paraît petit, tandis que le tout reste extraordinaire, imposant et grand.
Le mouvement des esprits, qui est l’opinion, peut soulever la société, mais il faut que la religion reste immobile comme Dieu même. […] Au reste, je ne dois pas négliger de le dire, qu’a-t-on encore à craindre des empiétements de la cour de Rome ?