Mais lorsqu’ensuite se formèrent les monarchies modernes, lorsque reparut dans plusieurs cités la liberté populaire, le droit romain compris dans les livres de Justinien fut reçu généralement, en sorte que Grotius affirme que c’est un droit naturel des gens pour les Européens. […] Toutefois dans cette confusion, ils rencontrent par hasard une vérité, c’est que plusieurs coutumes anciennes des Romains reçurent le caractère de lois dans les deux dernières tables ; ce qui montre bien que Rome fut dans les premiers siècles une aristocratie.
Suivant une hypothèse du célèbre Huet, cet Orphée n’était autre qu’un souvenir lointain de Moïse, reçu et altéré par les Grecs. […] Dans la Macédoine, près du mont Olympe, s’élevait une colonne avec un cippe de marbre, qui avait reçu, disait-on, les restes d’Orphée, tué près de ce lieu par les femmes de Thrace.
On doit être peu surpris que ses rêveries aient été bien reçues, dès qu’elles furent mises au jour.
Il ne laissa pourtant pas d’être reçu à l’Académie Françoise.
Il rit, à la vérité, et bruyamment, lorsqu’Arnolphe attend à la porte de sa propre maison, s’impatiente, tempête et reçoit un coup par la maladresse d’un lourdaud, qu’il a pris à son service à cause de sa simplicité ; il rit, non parce que ce coup est comique, et qu’Arnolphe ne l’a pas volé, mais parce que c’est un coup ; du même gros rire il éclaterait, s’il voyait l’acteur chargé du rôle grave et insignifiant d’Oronte, faire un faux pas en traversant la scène. […] En lisant un drame comique ou tragique, elle ne consulte pas ce qu’il devait être et l’idée d’après laquelle les philosophes le jugeront, mais ce qu’il est et l’impression qu’elle en reçoit. […] Y a-t-il plusieurs manières différentes, opposées, d’être comique, et une pièce de théâtre est-elle une comédie avant d’avoir reçu le baptême des mains d’un philosophe, seulement parce qu’un public ignorant tout, parce qu’un poète ignorant l’Esthétique, ont eu la fantaisie de l’appeler de ce nom ? […] si ces personnes si sages et si froides n’avaient pas tant de savoir, tant d’esprit ; si, au lieu de l’orgueilleuse sommation des philosophes, Uranie recevait l’humble visite d’un pauvre maître d’école de village, avide de comprendre et de goûter le beau, elle ne serait pas embarrassée. […] C’est une flamme généreuse, qui, consumant dans notre âme tout ce qui est impur et personnel, en fait, pour ainsi dire, un temple digne de recevoir la beauté.
Cette tiare empêche de voir entièrement le front ; il paraît haut, large, sans plis et sans rides, comme celui d’un homme qui ne donne aucune tension d’effort ou de douleur à sa pensée, mais qui reçoit la sagesse et l’inspiration d’en haut, comme la lumière. […] L’impression générale qu’on reçoit de ce portrait est celle de la vénération volontaire pour cette bonté belle et pour cette jeunesse mûre et pourtant éternellement jeune. […] « S’il sent qu’il ait assez de droiture et de fermeté pour remplir les grands emplois, il ne les refuse point quand on les lui présente ; il les reçoit avec actions de grâces, et fait tous ses efforts pour les remplir dignement. […] L’amour qu’il porte à tous les hommes le met en droit de n’en craindre aucun ; l’exactitude scrupuleuse avec laquelle il pratique les cérémonies, obéit aux lois et s’astreint à l’observation des usages reçus, fait sa sûreté, même sous les tyrans. […] S’il se manque à soi-même, il manque à ses ancêtres qui sont en lui ; s’il manque à ses ancêtres, il manque au premier ancêtre, à l’homme saint d’où est sortie toute la race humaine ; s’il manque à ce premier homme, l’homme saint, il manque au Ciel (Dieu) de qui ce premier homme a reçu la vie.
La république envoya un de ses plus héroïques amiraux, Giustiniani, pour défendre Constantinople contre les assauts de Mahomet II : une blessure reçue à côté de l’empereur chrétien, sur les murs de la ville, lui fit quitter le champ de bataille avant la catastrophe de la ville. […] Vaincue d’un revers de nos armes, la maison de Savoie perd pièce à pièce ses États, comme elle les a reçus. […] Cette confusion était si cruelle qu’ayant appris que j’étais, en passant, dans une hôtellerie de Florence, il m’envoya son écuyer de confiance et son mentor politique, Sylvain de Costa, qui était mon ami, pour me demander si une visite que lui, roi futur du Piémont, voulait me faire, à moi jeune et obscur diplomate d’un rang subalterne alors, ne me compromettrait pas, et si je consentais à le recevoir ? […] XXXIX On sait comment Charles-Albert, sans tenir aucun compte de ces conseils, lança les Piémontais en Lombardie, fut mal reçu et plus mal secondé par les Lombards, combattit en intrépide soldat, fut vaincu, n’osa reparaître à Turin sous le coup de sa témérité et de sa déroute, abdiqua le trône, s’éloigna sous un nom d’emprunt de l’Italie, et alla mourir de sa déception et de sa douleur en Portugal. […] Dans la guerre de coalition successive de l’Espagne contre la France, la maison de Savoie trahit Louis XIV en 1703 et lui fait perdre l’Italie ; le duc de Savoie reçoit en récompense la Sardaigne.
Il y en a sur presque toutes les matières qui peuvent faire l’objet de traités, et recevoir la forme d’un enseignement. […] Le dieu d’Amour, surpris de trouver ces deux inconnus dans les rangs de son armée, escortés de Simplicité et de Franchise, veut tout d’abord les en chasser ; mais les barons intercèdent pour eux, et le dieu consent à recevoir les services de Faux-Semblant. […] Celui-ci les reçoit bien touché par un sermon de Faux-Semblant, il se met à genoux pour se confesser ; mais, tandis qu’il baisse la tête avec contrition, Faux-Semblant le saisit à la gorge, l’étrangle, et, de son rasoir, lui coupe la langue. […] Elle tenait en main copie d’une plainte intentée contre Jean de Meung par la Chasteté. » La Conscience donne lecture de cette plainte, où la Chasteté énumère, sous sept chefs principaux, les outrages qu’elle a reçus d’un « certain étourdi » qui prend le nom d’Amant. […] C’est en 1437, le 2 novembre, qu’il reçoit son congé.
Sa fébrilité a besoin d’être remontée, de recevoir une impulsion, un la. […] Ce soir, La Presse affirme que nous sommes reçus. […] Les réclames autour de notre pièce — reçue dans les journaux seulement, hélas ! […] Prévost-Paradol, j’ai reçu la lettre suivante de M. […] Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération, Ludovic Halévy.
Je recevais le 10 septembre dernier, annoncé par une lettre de vous, un extrait des délibérations du Conseil général de la Seine-Inférieure de la session d’août, où M. […] N’étant pas assez riche pour fournir à moi seul les fonds manquants, n’ayant reçu d’aucun membre de la Société la demande de compléter entre amis, la somme de 2 000 francs, répugnant à rouvrir une souscription qui depuis plusieurs années n’avait pas réuni 9 000 francs, je me rendais au vœu du Conseil général et je demandais, le mois dernier, une représentation au Théâtre-Français. […] Je la vois, le jour d’un grand dîner à Breuvannes, et où je venais de manger sur l’abricotier de la cour, le seul abricot mûr, et que mon père se faisait une fête d’offrir au dessert, je la vois soutenir, avec une belle impudence, que c’était elle qui l’avait mangé, et recevoir les quelques coups de cravache, que mon père lançait sur moi, ne la croyant pas, la chère femme ! […] Sur l’objection, que lui faisait Bertrand qu’il serait peut-être reçu. « Oh ! […] Et comme Deshayes me demande à la place de l’exemplaire sur hollande, un exemplaire sur japon, ainsi que Burty en a reçu un du premier volume, et que je lui dis que je ne sais pas, si vraiment maintenant je pourrai lui en procurer un, il m’engage à ne pas lui faire cette réponse, mais à lui faire espérer un exemplaire, comme il le désire, parce qu’il craint que dans l’état nerveux où il se trouve, ma réponse n’amène une crise.
La patrie n’est pas seulement celle où l’on a sucé le lait de sa mère, c’est aussi celle où l’on a reçu de la nature, des monuments, des hommes, des choses, ses premières impressions et ses premières images. […] Je suis l’instrument, bon ou mauvais, qui a reçu le premier souffle du siècle à travers ses cordes, et qui rend le son juste ou faux, mais sincère, et qui le rend, non pour que les autres s’accordent à sa note, mais pour qu’ils la jugent et la rectifient s’ils ont un autre diapason dans leur âme. […] Elle recevait une pension de l’Angleterre, elle ne pouvait quitter son nom ; mais elle était maîtresse de sa main ; elle la donna au poète qui possédait depuis longtemps son cœur. […] XXXI Le lendemain à mon réveil, je reçus un billet très poli et très empressé de la comtesse d’Albany (billet que je garde encore, quoique j’aie reçu depuis d’autres lettres d’elle). […] Je frappai avec plus d’assurance ; trois domestiques en deuil me reçurent dans le corridor.
Il y fit cette harangue célèbre si adroite, si brusque, si militaire, et qui réussit tant auprès de ceux qui l’entendirent, sans avoir d’ailleurs d’autre effet : Je ne vous ai point appelés comme faisaient mes prédécesseurs, pour vous faire approuver mes volontés : je vous ai fait assembler pour recevoir vos conseils, pour les croire, pour les suivre ; bref, pour me mettre en tutelle entre vos mains : envie qui ne prend guère aux rois, aux barbes grises et aux victorieux. […] Tant qu’il ne fut question pour le roi que d’avoir près de lui une amie, « une personne confidente pour lui pouvoir communiquer ses secrets et ses ennuis, et recevoir d’elle une familière et douce consolation », il n’eut aucune objection à faire. […] Le roi, qui venait d’être assez gravement malade à Montceaux, avait reçu d’elle des preuves d’affection entière.
Spinoza, peu lu, peu compris, était resté dans l’ombre : mais d’autres incrédules moindres et plus éloquents avaient tracé ouvertement leur sillon sous le soleil et propagé en tous sens leurs germes : bien des âmes, bon gré mal gré, les avaient reçus ; on avait beau faire, chacun se ressentait plus ou moins à son jour d’être venu au monde depuis Voltaire et depuis Rousseau. […] Ce n’est pas que le malin n’y reçût de temps en temps sa leçon au passage : dans ce même Petit Carême, Massillon, comme s’il eût présagé à l’avance l’auteur de La Pucelle, a dit : Ces beaux-esprits si vantés, et qui, par des talents heureux, ont rapproché leur siècle du goût et de la politesse des anciens ; dès que leur cœur s’est corrompu, ils n’ont laissé au monde que des ouvrages lascifs et pernicieux, où le poison, préparé par des mains habiles, infecte tous les jours les mœurs publiques, et où les siècles qui nous suivront viendront encore puiser la licence et la corruption du nôtre. […] Massillon fut reçu à l’Académie française le 23 février 1719, en remplacement de ce même ami, l’abbé de Louvois, qui lui avait déjà valu l’évêché de Clermont13.
La Motte était un excellent académicien, le mieux disposé de tous à payer son tribut dans les assemblées publiques ou particulières : il lut à ses confrères plusieurs de ses chants en vers, imités et raccourcis, et il reçut beaucoup d’éloges. […] On ajoute « qu’elle était d’une assiduité opiniâtre au travail et ne sortait pas six fois l’an de chez elle, ou du moins de son quartier : mais, après avoir passé toute la matinée à l’étude, elle recevait le soir des visites de tout ce qu’il y avait de gens de lettres en France ». L’aimable et spirituel abbé Fraguier, le même qui, à l’apparition du premier manifeste de La Motte, avait fait en latin ce vœu public aux Muses de lire chaque jour de l’année 1714, avec son ami Rémond, mille vers d’Homère pour détourner loin de soi la contagion du sacrilège ; l’abbé Fraguier, dans une élégie également latine sur la mort de Mme Dacier, nous la représente arrivant aux champs Élysées et reçue par sa fille d’abord, cette jeune enfant qui court à elle les cheveux épars et en pleurant ; puis l’Ombre d’Homère, pareille à Jupiter apaisé, sort d’un bosquet voisin et la salue comme celle à qui il doit d’avoir vaincu et de régner encore (« Quod vici regnoque tuum est… »).
Et nous aussi, nous voyons le libre concert et l’union de l’Église et de l’État ; et, à ce point de vue plus particulier du Génie du christianisme qui nous occupe, n’est-ce donc rien comme signe charmant de douce influence regagnée et socialement établie, que cette image de la Vierge envoyée hier par l’Empereur à nos flottes, et qui y est reçue avec reconnaissance en protectrice et en patronne ? […] Je reçois votre lettre en date du 17 septembre. […] Et après cette première citation : Dans un autre endroit, continue Chateaubriand, je peins ainsi les tombeaux de Saint-Denis avant leur destruction : « On frissonne en voyant ces vastes ruines où sont mêlées également la grandeur et la petitesse, les mémoires fameuses et les mémoires ignorées, etc. » Je supprime encore ce second morceau, inséré à la suite du premier, et qui prêterait aux mêmes observations comparatives ; mais je vais donner toute la fin de la lettre avec son détail mélangé, afin que le lecteur en reçoive l’impression entière, telle qu’elle ressort dans son désordre et son abandon : Je n’ai pas besoin de vous dire qu’auprès de ces couleurs sombres on trouve de riantes sépultures, telles que nos cimetières de campagne, les tombeaux chez les sauvages de l’Amérique (où se trouve le tombeau dans l’arbre), etc.
Mon témoignage sera sans doute suspect, mais l’abbé de Montesquiou me parut sous la figure d’un ange descendu du ciel pour disposer les esprits à l’union, pour prêcher l’humanité sur la terre… Quelques mois plus tard, et le lendemain du 14 Juillet, quand les mêmes électeurs de Paris vont recevoir une députation de l’Assemblée nationale dont était Bailly, M. Duveyrier portant la parole pour les électeurs se félicitait également en leur nom de recevoir les anges de paix que l’Assemblée leur envoyait. […] Le lendemain même de cette fête rurale, craignant d’après un avis reçu de Versailles d’avoir à soutenir une lutte au sujet de la présidence de l’Assemblée avec les présidents ou doyens particuliers des deux autres ordres, et résolu de ne rien céder des droits du tiers état, c’est-à-dire de la nation qui, en définitive, les absorbait tous, il cherche quelqu’un à consulter pour se fortifier dans ses résolutions : et tous les députés étant dispersés, il ne voit rien de mieux que d’aller faire part de ses honnêtes pensées au duc d’Orléans, qui était alors au Roule : J’avoue ici avec simplicité mon ignorance.
Bien des années après en être sorti et dans son dernier séjour à Venise, Léopold Robert à qui il était arrivé une fois par exception de recevoir d’avance d’un ami le prix d’un tableau qui n’était pas commencé, en ressentait presque un remords : Rien ne me tourmente plus que l’idée de faire un travail dû ; elle est toujours là… Jamais je ne consentirais avec personne d’être payé avant d’avoir livré un tableau qui me serait demandé. […] Ce fut pour lui que le peintre se hâta de terminer une tête, de grandeur naturelle, d’une jeune fille en costume de l’île de Procida : « Comme le costume était assez pittoresque et la figure jolie, elle a plu au roi, et il me l’a prise. » Malgré ces premiers succès et les éloges qu’il recevait, malgré ceux qu’il espérait surtout de la France, qui fut toujours sa vraie patrie, il écrivait à Navez : Mais, mon cher, je suis quelquefois réellement à plaindre quand je me classe parmi les peintres, et je sens que je ne puis faire de grands progrès en traitant toujours les mêmes sujets et en ne faisant que de petites bamboches. […] Marcotte, et l’assurant que son amitié et les tendres preuves continuelles qu’il en recevait étaient pour lui le plus puissant des motifs, il disait : Tous les avantages que les autres recherchent, je les comprends, mais ils ne sont pas capables d’agir sur moi, ils ne sont pas un stimulant assez fort ; il me faut une autre chose que vous avez trouvée : c’est votre affection, cette amitié qui m’émeut et qui me fera continuer ma carrière avec la même persévérance et le même désir.
Voiture s’y fait un peu trop le commentateur enthousiaste de ce qu’ils s’écrivent mutuellement : Ma lettre, lui dit-il, et les deux que j’ai reçues de vous, me font souvenir de ces trois lignes que Protogène et Appelle firent à l’envi l’un de l’autre. […] Voiture regimbait vivement à ce chiffre malhonnête ; il était trop tard pour lui de recevoir et de pratiquer de si utiles conseils. […] Mlle de Scudéry nous le peint capable, en matière galante, de petites noirceurs et de fourberies : par exemple, faisant un mystère affecté de lettres qu’il recevait de la princesse pour qu’on crut qu’elles disaient plus qu’il n’y en avait ; faisant de grands apprêts de voyage pour donner à croire qu’il allait passer chez la princesse, à la campagne, un temps d’amoureuse retraite, tandis qu’il se cachait à 205 quelque distance de là chez un de ses amis.
Quelques vieux papiers retrouvés, et qui souvent, si on les lit bien (mais rien n’est plus difficile que de bien lire, surtout ce qui n’est pas imprimé), n’en apprennent pas plus que ce qui est connu déjà ; quelques documents inédits qui, dans tous les cas, doivent se combiner avec les notions déjà certaines et acquises, sont des prétextes à bouleversement ; on casse les jugements reçus, on refait des réputations à neuf ; chacun embouche des trompettes pour la découverte qu’il veut avoir faite, et, dans l’empressement de réussir, volontiers on accorde tout à son voisin pour qu’en retour il vous accorde tout à vous-même. […] En un mot, il reçut des soins de son excellente mère une éducation hardie et mâle, que la nature en lui favorisait, et que l’austérité de sa communion religieuse confirma : il eut la jeunesse ardente, frugale et grave. […] Il termine ses voyages par l’Angleterre et par l’Écosse, et plus encore qu’ailleurs il y est reçu avec distinction et hospitalité par les souverains des deux pays.
Fils d’un ancien aide-chirurgien-major assez mauvais sujet, il n’a rien de la crânerie ni des vices de son père ; les épargnes de sa mère l’ont mis à même de faire à Rouen de chétives études qui l’ont mené à se faire recevoir officier de santé. […] Cette soirée où Emma est reçue avec la politesse qui attend partout une jeune et jolie femme, et où elle respire en entrant ce parfum de vie élégante, aristocratique, qui est sa chimère et pour laquelle elle se croit née, cette soirée où elle danse, où elle valse sans l’avoir appris, où elle devine tout ce qu’il faut, et où elle réussit très convenablement, l’enivre et contribuera à la perdre : elle s’est comme empoisonnée dans le parfum. […] Au moment même où le père Rouault, arrivé tout exprès, vient d’enterrer sa fille, au milieu de sa douleur désespérée il a un mot de paysan, grotesque et sublime de naturel : chaque année il envoyait à Charles Bovary une dinde en souvenir de sa jambe remise ; en le quittant les larmes aux yeux, il lui dit pour dernier mot de sentiment : « N’ayez peur, vous recevrez toujours votre dinde. » Tout en me rendant bien compte du parti pris qui est la méthode même et qui constitue l’art poétique de l’auteur, un reproche que je fais à son livre, c’est que le bien est trop absent ; pas un personnage ne le représente.
C’est à cette date que l’Académie, fut réintégrée dans son privilège d’avoir pour protecteur spécial et perpétuel monarque, de correspondre directement avec lui pour l’approbation de ses choix et la présentation de ses nouveaux membres, sans avoir affaire à un ministre amovible et aux bureaux, comme cela a lieu pour les autres Académies, Ce fut par le premier gentilhomme de la Chambre (ou par le grand chambellan, selon les régimes), que l’Académie reprit l’habitude et l’usage de faire et de recevoir ces sortes de communications qui tiennent à son essence ; c’est par son canal qu’elle obtint les audiences du prince. […] Lacordaire fut mort depuis près d’une semaine, et que la première émotion de cette triste nouvelle fût passée, l’Académie, assemblée un jeudi, — le premier jeudi depuis qu’on avait reçu la lettre de faire part, — leva incontinent sa séance, après cette lettre entendue. […] Il a reçu un esprit distingué, délicat, tout fait, un esprit héréditaire.