Soit bizarrerie de caractère, soit passions prématurées de la part de ce génie sombrement passionné, des dissentiments sur la nature desquels on n’a que des notions incertaines et confuses séparèrent, à deux reprises, Edgar Poe de son bienfaiteur, et il dut s’arracher, non sans déchirement, de la maison où il avait été recueilli et où il avait reçu une éducation intellectuelle assez forte pour armer son génie contre la société qu’il allait trouver devant lui, et qui devait le vaincre dans le terrible combat d’un seul contre tous… Ce fut à ce moment qu’il entra dans cette vie littéraire qu’on pourrait bien appeler la mort littéraire.
Voilà les dernières ruines de l’ancien romantisme — voilà ce que c’est que de venir dans un temps où il est reçu de croire que l’inspiration suffit et remplace le reste ; — voilà l’abîme où mène la course désordonnée de Mazeppa. — C’est M.
J’ai donc repris le livre où Constantin Christomanos consigna ses souvenirs de la Hofburg, et qui se rencontre aujourd’hui sur ma table avec celui de la princesse de Saxe1, que je viens de recevoir. […] Le Mystère, trop longtemps méconnu, retrouvait des fidèles, et, sur les bas-côtés du temple, l’Indéterminé, l’Inachevé, et d’autres divinités accessoires, recevaient leur tribut de dévotions particulières. […] Ce sont les deux phases de son développement où l’art rend à la vie l’étincelle qu’il en a reçue.
Or l’esprit scientifique a presque entièrement détruit les bases des diverses religions ; il s’attaque aujourd’hui aux principes reçus de la morale ; — il n’est pas porté à respecter davantage l’art, ce dernier refuge du « sentimentalisme. » Les grands artistes avaient cru de tout temps au caractère sérieux et profond de l’art ; ils l’estimaient plus vrai et plus important que la réalité même : ils lui vouaient leur vie, se dépensaient pour lui sans compter. […] Nous avons tous un certain besoin de nous battre, qui se traduit dans les salons par des traits bien aiguisés, comme ailleurs par des jeux de mains, comme chez les animaux par de petits coups de dents ou de griffes donnés et reçus sans fâcherie. […] Les mots simples, primitifs, concrets, qui seuls conviennent à ce langage, sont le plus souvent vieux comme le monde ; le poète les force à recevoir et à rendre nos idées modernes, et malgré nous ils résonnent à nos oreilles d’un accent profond comme le passé, doux comme ces vieux refrains auxquels sont associés des souvenirs de jeunesse : nous sentons en les entendant se réveiller en nous l’antique nature humaine, tout instinctive et passionnée. […] Non, quand leur âme immense entra dans la nature, Les dieux n’ont pas tout dit à la matière impure Qui reçut dans ses flancs leur forme et leur beauté.
Dans maint cas douteux, pour cette branche de l’épopée, il a mis l’invention trop absolument du côté de ses troubadours, qui ont déjà pour eux la palme lyrique ; et, comme l’a dit Guillaume Schlegel, « il veut que la France méridionale, féconde en créations poétiques, ait toujours donné à ses voisins et qu’elle n’en ait jamais rien reçu. » Mais que de sagesse d’ailleurs !
Supposons que, après avoir répété plusieurs fois cette expérience, nous ayons tout d’un coup une expérience différente ; la série des sensations qui accompagnent le mouvement reçoit, sans intention ni attente de notre part, une terminaison abrupte.
C’est dans une de ces familles (peut-être dans cette famille même où je découvris l’étranger de la Chaux-de-Fonds) que Léopold Robert avait reçu le jour.
Annecy et Mme de Warens attirent Rousseau, et il lâche son compagnon : il est reçu cordialement, et l’on essaie de lui ouvrir une carrière.
Elle représente toute une doctrine, à développement philosophique, sociologique, et d’éthique, et supporte une métaphysique… C’est en 1885, que, autour de Mallarmé, dans le petit salon de la rue de Rome où il recevait dès lors le mardi soir, le premier groupement s’opéra, avant toutes Ecoles.
Il fallut que, se soustrayant en réfractaire à tout ce qu’enseignent de seconde main sur notre entourage les livres et les on-dit, il reçut par des sens naturellement aigus des impressions vraiment personnelles et propres à lui, de l’immense spectacle ambiant, que, coordonnées par une mémoire étonnamment continue, les diverses images des objets et des hommes, non pas agglomérées en idées générales, mais mises bout à bout en séries, lui apparussent en leur évolution aussi bien qu’en leur nature.
Il s’agit bien ici de contester l’idée de « crise de l’esprit » brandie contre les avant-gardes qui ont érigé en valeurs l’émotion et la sensation, non sans se réserver le droit de libre examen des vérités reçues .
Sa complexité croissante paraîtra laisser une latitude de plus en plus grande à l’activité de l’être vivant, la faculté d’attendre avant de réagir, et de mettre l’excitation reçue en rapport avec une variété de plus en plus riche de mécanismes moteurs.
Shakspeare n’y a pas plus échappé que Molière, et s’en est affligé comme Molière, accusant la fortune « de ses mauvaises actions ; elle ne m’a fourni pour vivre que des moyens d’homme public, qui engendrent des façons d’homme public184. » On contait à Londres185 que son camarade Burbadge, qui jouait Richard III, ayant rendez-vous avec la femme d’un bourgeois de la Cité, Shakspeare « alla devant, fut bien reçu, et était à son affaire quand arriva Burbadge auquel il fit répondre que Guillaume186 le Conquérant était avant Richard III. » Prenez ceci comme un exemple des tours de Scapin et des imbroglios fort lestes qui s’arrangent et s’entre-choquent sur ces planches. […] « Vaincre son cœur, mettre sur sa joue le sourire des coquins, dans ses yeux des larmes d’écolier, changer son courage en une lâcheté de courtisane, plier le genou comme un mendiant qui a reçu l’aumône273 » ; il aimerait mieux « mettre sous la meule le corps de Marcius et en jeter la poussière au vent. » Sa mère le blâme.
Si ce n’est pas assez de lire, d’approfondir les œuvres, d’en recevoir l’impression directe, et de n’en rien dire que l’on n’en ait pensé par soi-même, il y a un autre moyen de renouveler les sujets, qui est de les étudier dans l’histoire autant qu’en eux-mêmes, de les suivre à travers les révolutions du goût, d’en épuiser enfin la diversité d’aspects, et, par le souci du détail caractéristique, d’y introduire en quelque sorte l’animation de la vie. […] Le Dictionnaire historique de l’académie et l’Histoire littéraire de la France Maintenant que le chiffre des Quarante est accompli ; que l’auteur de Francillon, quand paraîtront ces lignes, aura fait les honneurs de l’Académie française à celui des Poèmes antiques et des Poèmes barbares, qu’il ne restera plus à y recevoir que M. le vice-recteur de l’Académie de Paris ; et qu’ainsi la docte Compagnie « n’aura plus dans son sein un seul fauteuil vacant », ne pensera-t-on pas que c’est le moment de parler un peu d’elle, c’est-à-dire de ses occupations ? […] Avant que la chose en eût reçu le nom, c’est par le moyen et c’est au profit du réalisme que la réaction s’est opérée. […] Mais, d’autre part, il est parfaitement vrai que, de cette peinture des mœurs de province, aussi fidèle qu’un tableau d’un petit Hollandais, « les exigences du réalisme » recevaient une satisfaction qu’elles n’avaient pas toujours trouvée dans les romans de Balzac, où l’effet n’est souvent obtenu que par l’altération systématique des rapports réels des choses. […] Le Code ne condamne point les crimes en idée, ceux qui n’ont pas au moins reçu, selon ses propres termes, « un commencement d’exécution » — et il semble que la critique ne saurait s’occuper des « évolutions » ou des « révolutions » auxquelles, comme à la symbolique ou symboliste, il ne manque, pour être intéressantes, que d’avoir eu lieu.
Alors Minerve, la vivante Athènes, ajoute dans la balance son vote divin, par lequel Oreste est absous, et les Euménides, ainsi qu’Apollon, reçoivent dans la cité des honneurs avec des autels189.
« Mille flots roulent contre un rocher : ainsi s’avance l’armée de Swaran ; le rocher reçoit et brise ces milliers de flots : ainsi les guerriers d’Inisfail attendent et bravent l’armée de Swaran.
Par exemple, si je reçois un coup qui me blesse, la sensation douloureuse de ce coup a un caractère contraignant qui est tel qu’il m’est impossible de ne pas croire à cette sensation et à la douleur qui en est inséparable.
Or, « la capacité de recevoir des objets par la manière dont ils nous affectent s’appelle sensibilité ».
Enfin mes compliments à Antoine, et mes plaintes sur ce que je ne l’ai pas trouvé assez applaudi au troisième acte, sont reçus par un : « Ça ne nous regarde pas, nous faisons notre petite affaire, voilà tout !
Il a reçu le contrecoup du premier coup de canon qui se soit tiré dans ce bas monde, il a lu le premier livre sorti des presses naissantes du premier imprimeur, il a mangé le premier fruit venu de l’Amérique, il s’est élevé aux écoles de René Descartes et de Despréaux ; il a vu Bossuet face à face, il a souri le premier, aux doctes murmures de Pierre Basyle, il a pleuré, le premier, aux vers du grand Corneille.
De sorte que l’abondance de nourriture et de vie que reçoit chaque organe dépend elle-même de son activité plus ou moins grande, et se trouve en corrélation intime, sinon avec les effets de la sélection naturelle, du moins, avec ses causes.