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385. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il raconte tout cela dans de petites notes fort piquantes et fort bien tournées qu’il entremêle à ses lettres. […] La lettre dans laquelle il raconte comment se fit à Plaisance la proclamation de l’Empire dans le régiment de d’Anthouard est célèbre : c’est la plus spirituelle parodie, la plus méprisante et la plus frondeuse, et qui a dû être fort retravaillée à loisir. […] qui saura la raconter et la peindre ?

386. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Montesquieu, parlant de la Relation du voyage entrepris et raconté par l’amiral carthaginois Hannon, a dit : C’est un beau morceau de l’Antiquité que la Relation d’Hannon : le même homme qui a exécuté a écrit ; il ne met aucune ostentation dans ses récits. […] Dans un admirable portrait de Wallenstein, ce glorieux généralissime de l’Empire assassiné par ordre de son maître, Richelieu, qui se reporte à sa propre situation de ministre calomnié et sans cesse menacé de ruine, trouve de magnifiques paroles pour caractériser l’infidélité et l’ingratitude des hommes ; et, après avoir raconté la vie de ce grand guerrier, après nous l’avoir montré avec vérité dans sa personne et dans son habitude ordinaire, il ajoute en une langue que Bossuet ne surpassera point : Tel le blâma après sa mort, qui l’eût loué s’il eût vécu : on accuse facilement ceux qui ne sont pas en état de se défendre. […] Et il y a mieux : quand on lit les Mémoires de Richelieu, on s’aperçoit à tout moment qu’au milieu des choses les plus éloignées et les plus anciennes qu’il raconte, il parle tout à coup au temps présent ; il est à croire que, de très bonne heure, il avait pris des notes sur les choses et sur les événements, et ces notes, tantôt vives, tantôt un peu longues, passèrent ensuite à peu près intégralement dans le corps de son ouvrage.

387. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Il ne seroit pas moins témeraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne font point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois : suivant les apparences, les récits des écrivains qui nous racontent ces effets sont exagerez, et nous ne sçavons pas même ce qu’il en faudroit rabattre pour les réduire à l’exacte verité. […] Cet auteur raconte comme un point d’histoire important, que ce fut un thébain, nommé Aristide, qui fit voir le premier qu’on pouvoit peindre les mouvemens de l’ame, et qu’il étoit possible aux hommes d’exprimer avec des traits et des couleurs les sentimens d’une figure muette, en un mot, qu’on pouvoit parler aux yeux. […] quis mediocris gladiator… etc. dit Ciceron, dans l’endroit où il nous raconte tant de choses merveilleuses sur la fermeté de ces malheureux.

388. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Puérilité et platitude, relève-t-il tout cela, du moins, par la manière de le raconter ? […] Dans ces Lettres, qu’on pourrait intituler : « Lettres d’un homme maussade à une femme maussade », quand il renvoie sa cuisinière et qu’il nous raconte cette intéressante chose, qu’il l’a renvoyée, il nous le dit comme le premier bourgeois venu, comme M.  […] L’auteur avait eu sous l’Empire une position unique et superbe pour nous raconter ce qu’il avait vu, si ce myope avait vu quelque chose !

389. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 272-273

Dans ce dessein, il laisse à part les traits qui appartiennent à l’Histoire profane, & se contente d’indiquer ceux qui ont des rapports nécessaires avec les événemens qu’il raconte.

390. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 76-77

D'après de tels sentimens, il ne faut plus s'étonner de la franchise avec laquelle il raconte des événemens si opposés à l'esprit de son état & à sa propre gloire ; il semble qu'il n'ait écrit que pour médire de lui-même.

391. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

Lemercier (Népomucène) racontait l’avoir vu, après un dîner chez Bonaparte, et tandis que celui-ci causait, l’arrêter par le bras au moment où il allait boire son café trop chaud, prendre la tasse, la poser sur un guéridon, et de temps en temps, quitter la conversation pour s’assurer du degré de chaleur de la tasse, puis la rapporter au général qui avait continué de causer avec feu sans trop s’apercevoir de ce manége. — La lettre publiée rentre bien dans le sens de cette anecdote.

392. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebey, André (1877-1938) »

Ces colonnes, de styles variés, soutiennent les différentes parties de l’édifice ; elles s’ornent d’images, de souvenirs, d’ex-voto, qui racontent l’histoire d’une âme et son voyage du Rêve à la Vie ; car les premiers vers du recueil sont destinés au Piédestal d’une statue du Rêve, les derniers au Piédestal d’une statue de la Vie, et les vers intermédiaires iront décorer les autres colonnes du sanctuaire.

393. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

On aime à y voir les événemens racontés sans enthousiasme, & développés avec impartialité.

394. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Le travail de roué naïf auquel il se livre, et qu’il nous raconte jour par jour, est impayable. […] Ce que nous raconte le journal, c’est peut-être l’aventure d’un grand homme d’action paralysé peu à peu par un incomparable analyste, — lequel a gardé d’ailleurs, dans ses œuvres écrites, le goût le plus décidé pour l’énergie humaine.

395. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Pline le jeune qui avoit été disciple de Quintilien, écrit à un de ses amis qu’il a honte de lui raconter ce qu’avoient dit les orateurs qu’il venoit d’entendre, et de l’entretenir des diminutions de voix efféminées, dont leur déclamation étoit remplie. […] Cet auteur raconte encore que Domitius Afer, orateur célebre dans l’histoire romaine, et qui pouvoit avoir commencé de plaider environ trente ans après la mort de Ciceron, appelloit la nouvelle mode de déclamer la perte de l’éloquence.

396. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

À ne le prendre que pour ce qu’il est, un anecdotier, moitié perroquet et moitié pie, un caquet-bonbec historique qui fit toute sa vie métier et marchandise de propos libertins et de sales nouvelles, il n’y a trace ni d’imagination ni de goût dans sa façon de raconter l’anecdote. […] Orgon ou madame Pernelle, — tout platement, comme on la lui a racontée.

397. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Seulement, cet agrément qui vient des circonstances du voyage, celui qui les raconte ne le gâte point par sa manière de les raconter.

398. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Dans cette société de dandys qui ont six pieds de haut et qu’il nous peint, Georges Lawrence nuance la force ; mais une seule fois, exceptionnellement, il a opposé à toutes les riches nuances de la force, à toutes ces exaspérations ou extinctions de l’écarlate sur de l’écarlate, une faiblesse et le contraste d’une pâleur, et c’est quand il a fait raconter toute cette vie de Guy Livingstone à un pauvre camarade de collège, chétif et souffrant, qui la regarde et l’admire du fond de la sienne et de sa faiblesse. […] qui en augmente l’idéal par la situation de celui qui le raconte : car l’idéal, c’est le plus souvent l’impossible.

399. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

L’abbé Maynard nous a raconté chacune de ces missions et de ces œuvres, et vous pouvez voir dans son livre si Vincent de Paul n’emplissait pas tout, n’éclairait et ne réchauffait pas tout de son âme, de sa vigilance et de son coup d’œil. […] C’est un livre d’autant plus beau qu’il est un livre le moins possible… L’auteur moins sincère, moins la proie des choses ineffables qu’il raconte, l’eût probablement mieux composé et plus habilement construit.

400. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

On dirait que l’idolâtre damné se raconte lui-même, et c’est l’auteur qui raconte un autre que lui !

401. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

la nature est plus indépendante et plus sauvage, et, dans les passions qui ressemblent à celle dont Elle et Lui et Lui et Elle nous racontent l’histoire, les torts appellent les torts, les abîmes invoquent les abîmes, et, puisqu’on a voulu le partage, on partage tout, jusqu’aux forfaits, s’il y en a ! […] À la fin du sien, qui est très net, très aiguisé, très ajusté à la poitrine et dans lequel il ne dit pas de son Olympe ce que madame Sand dit de son Laurent : « il avait le cœur admirablement bon », Paul de Musset raconte, avec un accent qui n’est pas celui de l’invention romanesque, « qu’en faisant ce récit il n’est que l’exécuteur testamentaire d’une volonté respectée », et l’accent est tel qu’on le croit.

402. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

la nature est plus indépendante et plus sauvage, et, dans les passions qui ressemblent à celle dont Elle et Lui et Lui et Elle nous racontent l’histoire, les torts appellent les torts, les abîmes invoquent les abîmes, et, puisqu’on a voulu le partage, on partage tout, jusqu’aux forfaits, s’il y en a ! […] Paul de Musset raconte avec un accent qui n’est pas celui de l’invention romanesque, « qu’en faisant ce récit, il n’est que l’exécuteur testamentaire d’une volonté respectée », et l’accent est tel qu’on le croit.

403. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Georges Lawrence nuance la force, mais une seule fois, exceptionnellement, il a opposé à toutes les riches nuances de la force, à toutes ces exaspérations ou extinctions de l’écarlate sur de l’écarlate, une faiblesse et le contraste d’une pâleur, et c’est quand il a fait raconter toute cette vie de Guy Livingstone à un pauvre camarade de collège, chétif et souffrant, qui la regarde et l’admire du fond de la sienne et de sa faiblesse. […] qui en augmente l’idéal par la situation de celui qui le raconte : car l’idéal, c’est le plus souvent l’impossible.

404. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

L’épître suivante, où André Chénier raconte sa répugnance pour la satire, peut passer à bon droit pour une satire excellente. […] Les images que l’auteur appelle à son aide pour éclairer sa pensée, manquent d’élévation, de sévérité, et font de la douleur qu’il veut raconter une sorte d’enfantillage. […] Tout cela est raconté dans le livre de M.  […] Pour moi, je pense qu’il a dû assister aux misères qu’il nous raconte. […] En écoutant l’épisode raconté par Tite-Live, et versifié par M. 

405. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Son livre vivra éternellement, il vivra d’abord dans ma mémoire comme souvenir d’une farce de la hauteur immense de Tragaldabas, et je raconterai ses orgies de mots à mes petits-enfants quand ils seront sages. […] « Quant à lui personnellement, il doit se contempler et s’admirer à pied et à cheval ; tous ses désirs, ses pensées, tous les événements de sa vie doivent lui être merveilles et prodiges à raconter. […] Racontez-nous le passé, les habitants de la lune, etc. […] Habans en conclut que je voudrais faire passer la rue sur la scène et prier les passants d’y raconter leurs petites affaires. […] Défiez-vous des gens qui vous racontent leur histoire par force, tout autant que de ceux qui vous la racontent à propos de rien.

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