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1709. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

» XXI « Je réponds : Votre question n’est qu’une nouvelle violation de la nature réelle des choses.

1710. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Quatre hommes en un, dont le moindre est égal aux plus grands d’un siècle où tout était grand ; un homme réel, et cependant un homme fabuleux, voilà Michel-Ange.

1711. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Ils serrent l’étude du réel de plus près qu’on ne l’a jamais fait ; ils y paraissent confinés ; et néanmoins ils méditent sur l’invisible ; par-delà les choses connues qu’ils décrivent exactement, ils accordent une secrète attention aux choses inconnues qu’ils soupçonnent.

1712. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Toutefois, le plaisir bas, mais réel, de rendre autrui ridicule, ou de l’épouvanter, ou simplement de le faire souffrir, expliquait en quelque manière la peine que prenaient ces bizarres spécialistes, et leurs feintes prolongées, et leurs attentes, et leur endurance de Peaux-Rouges.

1713. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Jaurès, tantôt il ricanait, tantôt il haussait ses larges épaules, mais avec plus d’ostentation que d’hostilité réelle, et surtout comme quelqu’un qui se sait regardé.

1714. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

L’attribution du Pentateuque à Moise est insoutenable, et nier que plusieurs parties de la Genèse aient le caractère mythique, c’est obliger à expliquer comme réels des récits tels que celui du paradis terrestre, du fruit défendu, de l’arche de Noé.

1715. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

C’est une courtisane, dans la plus réelle acception du mot, que M. 

1716. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Si je n’avais pas de bibelots, j’achèterais ce moulage, et n’aurais que cela dans mon salon : ce serait la présence réelle d’une belle réalité.

1717. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Mais jamais mon amitié réelle, constante et tendre ne souffrit de cette réserve ; et quand nous nous retrouverons dans la sphère des sentiments sans ombre et des amitiés éternelles, elle reconnaîtra qu’elle n’a laissé à personne, en quittant cette boue, une plus vive image de ses perfections dans le souvenir, une plus pure estime de son caractère dans l’esprit, un vide plus senti dans le cœur, une larme plus chaude et plus intarissable dans les yeux.

1718. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Leur défiance durait encore quand les poètes réels sont arrivés, et cette défiance invétérée sera longue peut-être à se guérir entièrement.

1719. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Elle ne dérive pas d’un arrangement conventionnel que la volonté humaine a surajouté de toutes pièces au réel ; elle sort des entrailles mêmes de la réalité ; elle est le produit nécessaire de causes données.

1720. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Tout n’aurait sans doute pas été susceptible d’une démonstration rigoureuse, mais on serait parvenu à prouver que la difficulté de réunir tous les faits nécessaires est le seul obstacle réel à cette démonstration : ils auraient pu tirer de là l’induction que la parole est le sens intellectuel et moral, le sixième sens de l’homme.

1721. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Les chefs réels, ceux qu’on suit, c’est Jourdan coupe-tête… c’est le premier coupe-tête venu, qui en a une au bout d’une pique !

1722. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Avec beaucoup de génie, beaucoup de lumières, beaucoup d’entrailles même, avec tout ce qui rend la gloire facile et la grandeur réelle, l’Europe du xviiie  siècle est la plus petite des Europes qui viennent séculairement comparaître au tribunal de l’histoire.

1723. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Tout le monde moral de l’art y passait dans la simple représentation physique, et plus tard, dans Salammbô, ce fut bien pis… Mais si déjà Flaubert abusait alors de son unique procédé, la description, la plus minutieuse description, le calque à la vitre de toute réalité, qui, pour faire trop réel, supprime la vie, il l’appliquait du moins encore comme un être raisonnable ; il était encore maître de son procédé ; mais, à présent, c’est son procédé qui est son maître.

1724. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Où veut-on que le moraliste et le romancier prennent leurs modèles, si ce n’est pas dans des êtres réels qui ont passé devant leurs yeux, surtout quand ils peignent les mœurs de leur temps ?

1725. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

C’est ce qui peut faire comprendre, pourquoi tous les arts de nécessité, d’utilité, de commodité, et même la plupart des arts d’agrément, furent trouvés dans les siècles poétiques, avant qu’il se formât des philosophes : les arts ne sont qu’autant d’imitations de la nature, une poésie réelle, si je l’ose dire.

1726. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Sans doute, ils savaient bien que, dans la vie réelle, on ne chante pas en parlant, qu’on ne parle pas en vers, etc… Mais ils savaient aussi que, le théâtre ne pouvant jamais donner l’illusion complète de la réalité, il est puéril de trop rechercher cette illusion. […] L’Epreuve est une fantaisie charmante et légère ; les personnages, qui sont vrais, ne sont cependant pas trop réels, et l’action ne se passe pas très loin du pays bleu. […] Il y a, du reste, des métamorphoses de sentiments qui exigent, dans la vie réelle, un temps trop considérable pour qu’il soit possible de les transporter heureusement au théâtre. […] Si vous le rencontriez dans le monde réel, qui de vous, même sachant ce qu’il est, lui refuserait la main ? […] Il faut dire aussi que l’idée de péché nous préoccupe peu dans la vie réelle.

1727. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Sans aller jusqu’où elle va, nous sommes tous, à un moment donné, comme étonnés de la distance qu’il y a entre le réel et nos songes ; et irrités, non pas contre nos rêves, ce que nous devrions être si nous avions le sens commun, mais contre le réel, de ce qu’il se dépouille sous nos yeux des perfections que nous avions comme jetées sur lui. […] L’émotion était sincère ; mais c’était joué comme une scène de théâtre : les bras croisés, la tête haute, le regard circulaire ; puis demi-tour, la larme au coin de l’œil enlevée du bout du doigt, et reprise de la première position, tête en face, regard haut et ferme cette fois, avec piétinement du pied gauche et petit fredon contenu du bout des lèvres : « Tiens-toi, mon cœur. » Tout cela réglé, mis en scène avec une précision, un convenu… Et pourtant l’émotion était réelle. […] Les sentiments aristocratiques que pouvait avoir Bismarck à cette époque furent peut-être pour une petite part dans ses idées ; mais surtout il dut comprendre que l’intronisation de la Prusse, résultant d’un mouvement révolutionnaire, serait quelque chose de caduc et de fragile ; que l’intronisation de la Prusse avant l’abaissement réel de l’Autriche serait quelque chose de factice et d’officiel, sans essentielle réalité ; que la vraie autocratie prussienne devait être, un jour, la Prusse s’imposant à l’Allemagne et non l’Allemagne se groupant autour de la Prusse, ce qui n’était pas du tout la même chose. […] Pour en revenir au fondateur de l’Empire allemand, on peut et on doit ne pas le proposer pour modèle ; on peut et on doit faire le ferme propos de ne pas, comme lui, éliminer de la politique la morale et l’idée de droit ; on peut et on doit croire que la considération de ces deux grandes forces morales n’empêchera aucunement de faire de la politique utile, sérieuse, réelle et pratique. […] — une conception un peu générale, un peu étendue de la vie intellectuelle, morale, réelle, etc.

1728. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Pour n’en point sortir, considérez et ces hommes dont leur vanité fait des déclassés, ou des demi-déclassés, ou des inquiets et des neurasthéniques, légion qui en France est une armée ; et ces autres hommes, moins privés du sens du réel et qui, à cause de cela, se classent, mais tout aussi vains, tout aussi prétentieux, tout aussi enivrés de sens propre ; et voyez, au point de vue religieux, ce qu’ils peuvent être. […] C’est l’abandon de la politique anticléricale que l’on remplacerait par la politique antilibérale… Je suis prêt à parler du monopole, à en examiner l’utilité, l’opportunité, l’efficacité ; mais après la suppression réelle des congrégations enseignantes, le jour où la République ayant laïcisé pour tout de bon écoles publiques et écoles privées, ayant dissous les congrégations, dispersé leurs membres et fermé leurs noviciats, il sera démontré que nous nous retrouvons en présence, comme on l’assure, du même péril clérical. » On lui a répondu : mais, sans aucun doute, vous vous retrouverez en présence du même péril clérical. « M.  […] L’idée générale de l’égalité, de l’égalité « réelle », n’est pas d’un très bon rapport. […] Un anticlérical me disait : « Je ne crois pas, tout de même, que nous en ayons pour plus d’un siècle. » Il a été dit, au cours de la discussion sur la loi de la séparation, que si les socialistes donnaient dans cette loi et avec ardeur, ce n’était pas seulement par conviction ; mais parce que, la question cléricale étant résolue, les radicaux, leurs ennemis non avoués, mais réels, ne pourraient plus amuser le peuple avec la bataille anticléricale et seraient acculés aux réformes sociales et obligés enfin de se prononcer sur elles, obligés enfin à devenir socialistes pratiques ou à devenir impopulaires. […] Elle y voit surtout un intérêt local ; c’est évident ; elle veut avoir sa part efficace et réelle dans les délibérations de la grande assemblée allemande ; mais elle n’est plus aussi arrêtée qu’elle l’était par les scrupules de sa conscience traditionnelle et, pour ainsi parler, de sa conscience historique.

1729. (1923) Au service de la déesse

Victor Bérard, que chacun de nos érudits nous donnât son opinion motivée sur la valeur réelle de l’érudition allemande, sur ses procédés, ses découvertes et, particulièrement, ses relations avec les autres peuples et avec nous. […] Car le réel ne se prête point aux songes. […] Je veux dire que Flaubert ne dégage pas la science des conditions réelles dans lesquelles l’humanité la fabrique ou la reçoit. […] Les poètes et les artistes du moyen âge ont cru l’allégorie réelle. […] C’est ainsi que leur littérature, ou mondaine ou dogmatique, foisonne de ce qu’ils appelaient « senefiances » et que nous appelons images, symboles ou allégories ; mais leur mot de « senefiance » indique leur crédulité à des significations réelles et authentiques.

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