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371. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Avait-il, comme l’indique un rhéteur du quatrième siècle, composé des hymnes en l’honneur de la nature, ὕμνους φυσιολογικούς, c’est-à-dire des chants de louange et d’admiration sur les éléments et les principes des choses, tels que la science novice les concevait alors ? […] Ou plutôt de la contemplation de la nature n’avait-il pas détaché le principe d’un Dieu tout spirituel, d’une intelligence absolue et suprême ? […] Dans son explication des forces vives de la nature, dans son double principe d’affinité et d’antipathie, de réunion et de séparation, d’où il fait sortir l’harmonie et la durée de l’univers, il paraît avoir affecté de combattre ceux qu’on appelait dès lors les athées, et qui réduisaient tout à la matière. […] Elle donne à la vertu l’intérêt propre pour principe ; elle prescrit à l’homme de ne pas se blesser lui-même, bien plus que de travailler au salut d’autrui.

372. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Nous avons foi, nous Français, dans l’un et dans l’autre de ces principes, et armés de ce double instrument de critique, nous ouvrons le premier théâtre comique venu, le théâtre d’Alfred de Musset, je suppose, et nous raisonnons ainsi : un poète comique peut paraître derrière ses personnages de deux manières : soit en faisant une allusion complaisante à lui-même, à sa vie, à son caractère, à ses goûts, soit en déployant avec coquetterie les grâces de son imagination et de son esprit. […] Alexandre Vinet croit ressaisir dans les idées de la morale et même de la religion les principes absolu ? […] ; 3º le moment historique (nous retrouvons une croyance, des principes, une méthode : mais cette nouvelle doctrine n’est pas encore une synthèse ; elle n’est évidemment qu’un dernier fragment de la vérité totale, de cette inconnue que nous cherchons).

373. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Ils partent de ce principe que tout texte qui est compris du premier coup par n’importe qui n’est pas de la littérature. Et ce principe n’est point tout à fait faux. […] Il y a donc quelque chose de juste dans le principe des amateurs d’auteurs difficiles.

374. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Si, dans la littérature et les arts, le génie pittoresque a succédé au génie statuaire ; dans la société, l’énergie du sentiment moral et la force d’expansion du principe intellectuel sont devenues deux puissances tout à fait distinctes. […] La société a été imprégnée des principes qui doivent la conserver quoiqu’ils ne soient plus textuellement exprimés dans les actes de notre législation. […] L’Europe luttera en vain contre l’ascendant d’un tel principe, elle doit renoncer à retenir ses colonies dans les liens d’une obéissance filiale, qui serait regardée comme une servitude.

375. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

En même principe, l’inspiration, telle d’un Hugo, s’élargit aussi aux sentiments généraux, et aux idées générales qui ne sont encore qu’un mode de sentir d’une époque. […] Je m’en sentais trop peu en possession pour en parler alors, et ce n’est qu’en la troisième édition du Traité du verbecomplètement remanié, en 1888, que trouvèrent place ses premiers principes. […] Je résumerai le principe, en quelques lignes… Le concept est matérialiste. […] René Ghil, d’où découle le principe de philosophie qui soutient de sa charpente toute l’Œuvre, s’échafaude avec la splendeur et le charme délicat d’une théogonie Indoue. […] Faut-il voir là peut-être le principe encore vague des tendances de Mallarmé à vouloir s’exprimer par le Théâtre ?

376. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VII. Le Bovarysme essentiel de l’existence phénoménale »

Il reste à montrer que cette conception chimérique de soi-même et des choses ne peut être évitée, qu’elle reconnaît à son principe une nécessité absolue et qu’il existe un antagonisme irréductible entre ces deux faits : existence et connaissance. […] Ainsi peut se formuler, selon son caractère universel, cet antagonisme essentiel entre deux états, qui pourtant se conditionnent l’un l’autre, et cette énonciation tire son évidence de ce principe qu’il n’est de connaissance que d’un objet pour un sujet.

377. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ce que nous rechercherons particulièrement dans ces œuvres, ce sont les principes erronés qui y sont répandus. […] C’est en Dieu seul que la loi du devoir trouve logiquement son principe et sa fin, sa source et sa sanction. […] Elle la proclame radicalement vicieuse dans ses principes, et dès lors bonne à raser par le pied pour être reconstruite à neuf et sur un autre plan. […] Nous sommes en face de ces grands principes sur lesquels repose l’ordre humain, par lesquels vit et se développe la civilisation. […] Voici quel est le principe caractéristique de sa morale, et où l’on peut dire que gît son originalité.

378. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il a cessé d’avoir foi dans les principes de la Révolution qui a menti à toutes ses promesses. […] Quand ces deux principes se trouvent en présence, il faut que l’un chasse l’autre. […] C’est uniquement faute de deux ou trois principes de beylisme qu’il a été si malheureux. […] Elle fait état de respecter des principes où Beyle n’a jamais voulu voir que des préjugés. […] Il a toujours vécu dans un milieu honnête : il a reçu l’éducation des principes et celle de l’exemple.

379. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Selon quel principe ? […] Comme il est privé de toute jouissance matérielle, les grands principes le laissent froid. […] Du nouveau, encore du nouveau, toujours du nouveau : voilà le principe premier de l’art. […] Sa foi n’est pas l’espérance imprécise d’un hédoniste inconscient ; elle est absolue dans son principe comme dans son but, et ce principe et ce but sont uns ; parti de la vérité, il va vers la vérité. […] N’ayant de principes que des principes extérieurs à lui-même, il ne juge pas, il accepte et il explique.

380. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Diaz de la Pena, qui est en petit l’expression hyperbolique de cette petite école, part de ce principe qu’une palette est un tableau. […] Que Lavater se soit trompé dans le détail, c’est possible ; mais il avait l’idée du principe. […] Si la nature le veut, l’artiste idéaliste, qui veut être fidèle à ses principes, n’y doit pas consentir. […] Pour avoir de plus amples renseignements sur les principes de cette école folâtre et papillonnante, il faudrait s’adresser à M.  […] Il y avait des élèves unis par des principes communs, obéissant à la règle d’un chef puissant, et l’aidant dans tous ses travaux.

381. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

L’école dictatoriale et impérialiste (je la suppose éclairée) a pour principe de tout prendre sur soi et de se croire suffisamment justifiée à faire administrativement ce qui est de l’intérêt d’État, dans le sens de l’ordre et de la société. […] Le principe électif qui a été jusqu’à faire un roi par des députés, n’a pas été alors jusqu’à refaire des députés, des mandataires directs de la nation. […] La Fayette n’a cessé de croire et à l’excellence de certaines idées et à leur triomphe ; il n’a, en aucun moment, pris le deuil de ses principes ; il n’a jamais désespéré. […] Pourtant si ç’a été, avant tout, chez La Fayette, une supériorité de caractère et de cœur de croire à l’avénement invincible de certains principes utiles et généreux, ce n’a pas été une si grande infériorité de point de vue ; car si ses principes n’ont pas obtenu toute la part de triomphe qu’il augurait, ils ont eu une part de triomphe infiniment supérieure (au moins à l’heure de l’explosion) à ce que les autres esprits réputés surtout sagaces auraient osé leur prédire. […] Dans les mariages de hasard qu’on fait à Paris, la fidélité des femmes répugne souvent à la nature, à la raison, on pourrait presque dire aux principes de la justice. » Ces principes de la justice qui viennent là tout d’un coup pour auxiliaires aux mille et une infidèles liaisons du beau monde d’alors, datent le siècle à ce moment autant que ces jolies tendresses conjugales qui traversent l’Atlantique, comme en zéphyrs, d’un air si dégagé.

382. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

L’Abbé Mallet, qui a fondu la plus grande partie de ces Réflexions dans les Principes pour la lecture des Orateurs, & dans les Principes pour la lecture des Poëtes, auroit dû, par reconnoissance, en faire hommage à l’Auteur.

383. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

. — Rejet des principes étymologiques. — L’orthographe et le « fonétisme ». […] Le premier remède sera de rejeter tous les principes de l’orthographe étymologique et de soulager les mots empruntés au grec de leurs vaines lettres parasites .

384. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Il ne manque à cette comédie que la simplicité dans le principe de l’action : celui des Ménechmes est encore plus vicieux. […] Mais c’est en traitant de la Comédie chez les Modernes, que l’on donnera une connaissance plus étendue des principes de ce bel art, et des moyens imaginés pour varier l’instruction et les amusements que la bonne comédie doit offrir à la société chez une nation policée.

385. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Posons d’abord quelques principes. […] Or, c’est un autre principe de toute vérité, qu’il faut travailler sur un fonds antique, ou, si l’on choisit une histoire moderne, qu’il faut chanter sa nation.

386. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Mais, dans le catholicisme, — à quelque monstrueux abus que la doctrine des indulgences et des œuvres ait pu donner lieu quelquefois, — il suffit de la ramener à son premier principe pour en apercevoir clairement la fécondité sociale. […] Ici ou ailleurs, j’ai tâché plusieurs fois de montrer ce qu’un sceptique tel que Bayle, qu’on n’accusera pas de timidité d’esprit, appelait « la nécessité d’un principe réprimant ». […] C’est un homme qui, si peu qu’il ait fait, ne l’a fait qu’après eux, sur leurs traces, en leur empruntant leurs principes et leurs méthodes !  […] Ce principe est si général et si naturel qu’il se montre à tout moment dans les moindres actes de la justice humaine. […] auquel cas j’ai donc eu raison de dire qu’il y avait dans le principe catholique plus de « fécondité sociale » que dans le principe protestant.

387. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Une préface, non-seulement érudite, mais philosophique, d’un ordre élevé, y met en lumière les divers systèmes des anciens sur le principe du droit, et témoigne d’un esprit devenu maître en ces questions, et qui s’entend avec Chrysippe comme avec Kant. […] Aussi, en même temps qu’il n’hésitait pas à mettre ses principes au-dessus des dynasties et des gouvernements, le jeune démocrate philosophe savait s’interdire l’espérance de rien renverser pour la pure satisfaction de ses principes, et il ne rejetait pas le vœu honorable qu’on pût ramener peu à peu le fait , comme on disait, sous l’empire du droit . […] L’article intitulé Du choix d’une opinion, qui contient une véritable profession de principes, s’adressait aux salons bien plus qu’au public. […] On essaya un moment de voir si l’on ne pourrait pas réunir les deux entreprises ; mais, sans parler des questions de personnes, il y avait des divergences de principes sur quelques points, notamment en économie politique. […] Aujourd’hui on étale moins ses vrais principes ; au besoin on en a même de solennels pour les jours de montre ; l’époque est à la fois épicurienne de fait et ampoulée de langage.

388. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

« Sortis des malheurs attachés à la caducité des rois par des événements que nous n’avons pas provoqués, on nous a offert les malheurs d’une minorité que l’instinct du peuple ne comprendrait pas ; et c’est sérieusement que des hommes d’honneur, de bon sens, qui se sont montrés capables de combinaisons politiques, trouvent des paroles qu’ils appellent des principes, et des phrases qui ressemblent à du sentiment, pour nous dire que ce terme moyen entre le passé et l’avenir pouvait suffire à toutes les exigences ! […] Toutes ces fictions de notre ordre politique s’appuyaient sur ce qu’on appelait le principe monarchique, la prérogative royale. […] Fiévée, le principe monarchique a été conduit à nous montrer que sa dernière conséquence se tirait à coups de canon, et il a disparu au milieu de la fumée.

389. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Dans la dévotion, l’on peut être vertueux sans le secours de l’inspiration de la bonté, et même, il est plusieurs circonstances où la sévérité de certains principes vous défend de vous y livrer. […] Les qualités naturelles, développées par les principes, par les sentiments de la moralité, sont de beaucoup supérieures aux vertus de la dévotion ; celui qui n’a jamais besoin de consulter ses devoirs, parce qu’il peut se fier à tous ses mouvements, celui qu’on pourrait trouver, pour ainsi dire, une créature moins rationnelle, tant il paraît agir involontairement et comme forcé par sa nature ; celui qui exerce toutes les vertus véritables, sans se les être nommées à l’avance, et se prise d’autant moins, que ne faisant jamais d’effort, il n’a pas l’idée d’un triomphe, celui-là est l’homme vraiment vertueux. […] Enfin, les affections du cœur qui sont inséparables du vrai, sont nécessairement dénaturées par les erreurs, de quelque genre qu’elles soient ; l’esprit ne se fausse pas seul, et quoiqu’il reste de bons mouvements qu’il ne peut pas détruire, ce qui dans le sentiment appartient à la réflexion est absolument égaré par toutes les exagérations, et plus particulièrement encore par celle de la dévotion ; elle isole en soi-même, et soumet jusqu’à la bonté à de certains principes qui en restreignent beaucoup l’application.

390. (1890) L’avenir de la science « I »

Je le regarde comme le principe de toute noble vie, comme la formule expressive, quoique dangereuse en sa brièveté, de la nature humaine, au point de vue de la moralité et du devoir. […] L’ascétisme chrétien, en proclamant cette grande simplification de la vie, entendit d’une façon si étroite la seule chose nécessaire que son principe devint avec le temps pour l’esprit humain une chaîne intolérable. […] Le profane, grâce aux instincts de la nature plus forts que les principes d’un ascétisme artificiel, ne fut pas entièrement banni ; on le tolérait, quoique vanité ; quelquefois, on s’adoucissait jusqu’à l’appeler la moins vaine des vanités ; mais, si l’on eût été conséquent, on l’eût proscrit sans pitié ; c’était une faiblesse à laquelle les parfaits renonçaient.

391. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Cette assertion seroit juste, si le premier principe étoit vrai, & si les inconvéniens qui résultent de la nécessité de faire entrer les termes techniques, tournoient à exclure le Poëme didactique de notre Littérature. […] On fait qu’Empedocle fut généralement estimé dans la Grece, pour avoir mis en Vers les principes de la Physique, & que son Poëme fut appelé Divin ; cependant les esprits qui composoient les différentes classes des Grecs de son temps, n’étoient certainement pas de grands Physiciens. […] Le bon sens avoit dicté ce principe à Horace, Et quæ Desperat tractata nitescere posse relinquit.

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