Je ne pense pas que Jouffroy ait échappé à la contagion commune ; sa foi devait être bien ébranlée avant la fameuse nuit qui décida de sa conversion. […] Voilà, monsieur, ce que j’avais à vous dire sur Jouffroy, et ce qui ne fait que confirmer ce que vous en pensiez.
Si, en cette circonstance, le poëte a bien compris son rôle, comme nous pensons qu’il l’a fait, il a dû, dès les premiers mots, et profitant de la faveur d’un auguste accueil, amener la question de ce qu’elle pouvait avoir de trop personnel à des termes plus généraux, plus raisonnés, et dans lesquels il se sentait plus à l’aise pour en appeler à l’esprit éclairé et bienveillant de son royal interlocuteur. […] Et d’ailleurs, si le poète avait rappelé au roi qu’en l’état actuel des esprits, une pièce de théâtre, composée avec conscience et venue d’un certain côté littéraire, ne devait produire, par sa chute ou son succès, qu’un résultat bien étranger assurément à toute passion politique, le roi aurait bien pu, sans doute, à demi-voix et avec un sourire, prononcer ce terrible mot de romantisme ; mais il eût été facile de démontrer à sa bienveillante attention, que ces débats sont au fond bien moins frivoles, même sous le rapport politique, qu’on ne pourrait le penser.
Quand il pensait à tant de belles choses qui seraient à faire, quand il voyait la moisson si belle et les ouvriers si peu nombreux, il était pris d’une sorte de fièvre ; il assumait pour lui la tâche de dix autres. […] Vivre sans penser, sans chercher, lui parut un supplice.
Section 20, de la difference des moeurs et des inclinations du même peuple en des siecles differens Il arrive encore des temps dont les évenemens font penser qu’il étoit arrivé quelque altération physique dans la constitution des hommes. […] Les sçavans médiocres et les personnes qui professent les arts liberaux avec un talent chetif, sont même devenus si communs, qu’il est des gens assez bizarres pour penser qu’on devroit aujourd’hui avoir autant d’attention à limiter le nombre de ceux qui pourroient professer les arts liberaux, qu’on en apportoit autrefois à l’augmenter.
Quand on a parlé du livre retrouvé de Balzac sur la vie élégante5, comment ne pas penser à un esprit charmant qui a écrit aussi autrefois une Théorie de l’élégance, véritable travail de fée que n’ont point oublié ceux qui aiment toute cette dentelle métaphysique ? […] Avec tout ce que nous savions de l’auteur, nous pouvions craindre que ces livres, d’une spécialité si restreinte et d’une technologie presque savante, pensés par un talent très fin, très particulier, très genuine, — comme ils disent si bien en Angleterre, — lequel ajoutait son originalité native à tous les schibboleth d’une société très élevée qui a aussi son genre de langage, ne franchît pas les limites de cette société et y concentrât son succès.
Nous l’avouerons, avant d’ouvrir ce livre d’un titre qui nous fit rêver, nous pensions que c’était aussi, comme le livre de Michelet, un livre d’histoire ; dans notre pensée, nous l’opposions au livre de Michelet, et nous faisions de tous les deux une grande et frappante antithèse. […] Ne sachant trop que penser, lancé dans un sens par sa passion politique ou philosophique, relancé dans la voie contraire par ce que l’Histoire, dont on n’éteint pas complètement la lueur en soi, lui a pendant si longtemps enseigné, il ne sait à quoi se résoudre.
Je m’arrête, mon cher Bélugou, parce que j’exprime mal ce que je crois penser avec force. […] quel bonheur de penser longuement, lentement à cet homme d’honneur de la pensée française !
Ce sont là des idées bien tristes ; bien consolantes aussi pourtant ; car la plus douloureuse de toutes serait de penser que nous ne sommes plus rien pour ceux que nous pleurons toujours… « Je cherche quelque soulagement dans le travail. […] Et tout cela me rend l’étude de l’espagnol plus intéressante qu’une autre, parce que je pense que tu as parlé cette langue dans ta jeunesse guerrière. » Elle ennoblit tant qu’elle peut le passé de ce cher frère pour le relever lui-même à ses propres yeux ; elle y verse de la poésie comme sur toute chose, en croyant n’y mettre que du souvenir. […] Je t’aime bien, mon bon frère, et je l’ai beaucoup éprouvé depuis que je suis au monde. — Juge si je suis contente et fière aujourd’hui de penser que tu consoles notre bien-aimé père de tout ce qu’il a enduré par un grand concours d’événements désastreux. […] C’est grand de penser que nous sommes les maîtres, même dans notre pauvreté, de diriger toutes nos actions du moins pour le mériter. […] On dit ma petite pension supprimée, mais je n’ai pas le temps de penser à cela : ce Serait interrompre la plus tendre admiration qu’il soit permis à une âme de ressentir.
On en a conclu qu’on pouvait, d’après les monuments littéraires, retrouver la façon dont les hommes avaient senti et pensé il y a plusieurs siècles. […] On a réfléchi sur ces façons de sentir et de penser, et on a jugé que c’étaient là des faits de premier ordre. […] Vous considérez ses écrits, ses œuvres d’art, ses entreprises d’argent ou de politique ; c’est pour mesurer la portée et les limites de son intelligence, de son invention et de son sang-froid, pour découvrir quel est l’ordre, l’espèce et la puissance habituelle de ses idées, de quelle façon il pense et se résout. […] Les états et les opérations de l’homme intérieur et invisible ont pour causes certaines façons générales de penser et de sentir. […] Il fallait trouver un peuple qui eût une grande littérature complète, et cela est rare ; il y a peu de nations qui aient, pendant toute leur vie, vraiment pensé et vraiment écrit.
Il a commencé, je pense, voilà une douzaine d’années, en haine des brutalités et des prétentions « naturalistes », par le culte, aujourd’hui peut-être un peu oublié, de Georges Eliot. […] Il garde le souvenir et le nom de Karatief comme un talisman ; depuis lors il lui suffit de penser à l’humble moujick pour se sentir apaisé, heureux, disposé à tout comprendre et à tout aimer dans la création. […] Cela, je pense, n’arrive guère. […] Ils peuvent bien nous montrer le monde infiniment triste et pitoyable : ils hésitent à le montrer simplement dégoûtant, ce qu’il est pourtant aussi, ne le pensez-vous pas ? […] Quant à l’idée de la mort, je ne pense pas que jamais écrivain en ait été plus intimement pénétré que Pierre Loti.
Soumis pour une part aux suggestions de la publicité, de l’autre captivés outre mesure par la personnalité des acteurs, ils témoignent un éclectisme qui donne fort à penser sur leur discernement. […] Encore Diderot qui, plus que nos modernes, possédait le sens et la mesure des choses, disait-il que « le grand comédien est un pantin merveilleux dont le poète tient la ficelle » ; tandis que, s’il vivait de nos jours, il lui faudrait penser que c’est, maintenant, dans beaucoup de cas, tout le contraire qui arrive, le comédien tenant le plus souvent la ficelle du poète. […] J’inclinerais à penser que le théâtre — très noble forme d’art, en soi — est entré et devait entrer en décadence à partir du moment où se perfectionnèrent la mise en scène et la machinerie. […] Il doit se garder de faire penser les spectateurs qui ne désirent que s’amuser ou s’émouvoir. […] Les jours se suivent… « Que pensez-vous du goût de la société contemporaine pour le théâtre ?
Ce qu’il pense, il l’applique. […] pense-t-il, ce que je dis est juste, pourtant ! […] Il est d’autant plus facile à un Chapelle ou à un Regnard de penser librement qu’ils sont à peu près incapables de penser. […] Que penserait-il s’il pensait sans faire de mots ? […] … » — « Quand on y pense !
On ne pensait à personne plus qu’à Washington. […] Mais nous le pensons aujourd’hui avec plus de froideur que ne le pensait Sainte-Beuve. […] Bonald pense en paterfamilias romain. […] « Je ne pense jamais, disait-il, mes idées pensent pour moi. » Dans Jocelyn il a senti pour une idée, et une idée a pensé pour lui. […] Mais le poète et l’orateur ne l’ont pas pensé au sujet de Lamartine, l’homme de théâtre ne l’a pas pensé au sujet de Dumas.
André Lefèvre pense, M. […] Pour penser, il faut et il suffit qu’on se mette sous son rayon. […] Sa parole était grave et donnait à penser. […] Penser, c’est parler tout bas ; parler, c’est penser tout haut. […] » On se contente de le penser.
ces tiédeurs voluptueuses : voilà bien ce que je pensais en écrivant, mais est-ce que je pensais, est-ce que j’écrivais ! […] Pense à ma bouche. Pense à mes cheveux blonds. Pense à nos caresses. […] Pensaient-elles ?
Il pense pour tous. […] Ils pensent par eux-mêmes. On a cru remarquer que le fonctionnaire ne pense point, et que même on ne serait pas très satisfait qu’il pensât […] Et, si l’on veut jouir de la liberté de penser, faut-il insulter à la croyance établie ? […] Ma mère m’a crue digne de penser de moi-même et de choisir un jour un époux moi-même.
Penser davantage et chanter moins, that is the question ! […] Je ne puis le penser. […] Je ne le pense pas ; car qu’est-ce que le réalisme, sinon l’interprétation exacte de la nature ? […] , de critiques, il ne sort que des mots. » Vous pensez que M. […] Courbet pense qu’il a déjà assez fait pour l’art et que son but est en grande partie rempli.
La voici : « Si je ne vous ai pas confié la cause de mon départ avant de quitter la ville, ce n’est pas sans doute par oubli du respect qui vous est dû, mais parce que j’ai pensé que, dans les circonstances critiques où se trouve notre patrie, il était plus nécessaire d’agir que de délibérer. […] pense au faux éclat dont nous éblouissent les honneurs, les richesses et les plaisirs qu’on croit les plus propres à nous rendre heureux. Pense à la dignité de ton intelligence, qui ne t’a pas été donnée pour l’employer à la poursuite d’un bien mortel et périssable, mais au moyen de laquelle le ciel même peut devenir l’objet de ton ambition. […] Un usage que je vous recommande surtout d’observer avec la plus scrupuleuse exactitude, c’est de vous lever chaque jour de bonne heure, parce qu’indépendamment de l’avantage qui en résulte pour la santé, on a le temps de penser à toutes les affaires de la journée et de les expédier ; vous trouverez cette pratique extrêmement utile dans votre profession, ayant à dire l’office, à étudier, à donner audience, etc. Une autre pratique encore extrêmement nécessaire dans la situation où vous vous trouvez, c’est de penser chaque soir, surtout dans les premiers temps, à ce que vous aurez à faire le jour suivant, afin qu’il ne vous survienne aucune chose imprévue.
Veuillez y penser un instant. […] Car nous demandons à une œuvre de roman qu’elle nous fasse penser, mais bien plus encore qu’elle nous fasse aimer, souffrir, espérer. […] Que pense Madeleine de Nièvres ? […] Le peintre pensait et sentait en peintre. […] Vous ne le pensez pas.
Et puis l’Impératrice avait désormais son œuvre d’Etat à accomplir ; elle pensait à la grandeur, à l’éclat, à se faire le plus grand empereur qui eût régné en Russie depuis Pierre Ier. […] Sa plus grande dissimulation en causant était de ne pas dire tout ce qu’elle pensait et ce qu’elle savait, mais elle ne s’abaissait jamais au mensonge ; elle aimait par goût la vérité, et « à s’approcher d’elle le plus qu’elle pouvait toujours. » Sa littérature nous est connue ; elle nous a dit elle-même ses lectures ; elle était devenue plus difficile avec les années : « Elle aimait (c’est le prince de Ligne qui parle) les romans de Le Sage, Molière et Corneille. — “Racine n’est pas mon homme, disait-elle, excepté dans Mithridate.” […] Voltaire eût pensé comme elle, s’il avait vu la Révolution.
Quelque temps après, l’imprimeur-auteur fit un voyage en Italie ; il alla voir son ami Bodoni : « Que pensez-vous de ma tragédie de Josué ? […] Maclou de Beaubuisson, fort bien joué par Bernard-Léon, je pensais que j’avais senti, confusément peut-être, que cet être ridicule avait pu inspirer de l’amour à de jolies femmes de province, qui, à leur peu de goût près, auraient pu faire mon bonheur. […] Notre qualité d’hommes de collège en littérature, fait qu’en voyant ses comédies, au lieu de nous livrer à sa gaîté vraiment folle, nous pensons uniquement aux arrêts terribles qui le jettent au second rang.