Ce « Chef d’École » — rôle ou d’ailleurs l’appelait la qualité d’aîné de sa petite bande (il a quelque 30 ans) — n’est ni le plus fécond ni le plus original de ces poètes, néanmoins l’accent tout particulier de tel de ses poèmes, les qualités de sonorité et de coloris qui distinguent son style font de ses œuvres des livres de bibliothèque.
Les uns, de l’école d’Augustin Thierry, apportaient des vues historiques, originales, paradoxales même, neuves, — plus neuves peut-être que justes dans leurs premiers résultats, — mais stimulantes, pénétrantes d’aperçus et de recherches, et vivifiantes par l’esprit et pour l’avenir. […] Aussi les amateurs ardents, les dévots au Moyen-Age comme il y en avait beaucoup alors, qui, sur la foi du magnifique programme et de l’article révélateur, allaient droit à lui comme à quelqu’un qui savait d’original les choses et qui était un maître à consulter, pouvaient être surpris et quelque peu déçus de le trouver à court et si discret ; il en savait là-dessus juste autant qu’il en avait dit, pas un iota de plus. […] quels sont les premiers indices, les premiers témoignages d’une résurrection originale ou d’une reprise ingénieuse ?
L’homme s’y peint, avec son caractère original, et comme peu d’écrivains ont été plus sincères que celui-là, on se prépare, en le regardant vivre, à mieux comprendre sa poésie et sa critique. […] C’était un mélange original de malice bourgeoise, et de mouvements littéraires, employés avec une aisance, un à-propos saisissants, et soutenus d’une mimique expressive : car Boileau jouait en perfection ses plaisanteries. […] Mais aussi ne désarma-t-il pas, et il fît défendre à Boileau par le roi d’imprimer la satire sur l’Équivoque : il fit en sorte que Louis XIV exigea qu’on lui remît l’original de la pièce entre les mains.
Les tempéraments originaux n’ont pas subi cet officiel arrosage. […] Pour venir en aide aux jeunes écrivains, je ne conçois pas d’autre moyen que d’aider personnellement ceux qu’on aime, parce qu’on les croit originaux et forts, en répandant leurs livres autour de soi, en les défendant par la parole et la plume, en les soutenant même de ses deniers, quand on le peut sans manquer à la délicatesse. […] Louis Mandin D’un article à propos de cette enquête, paru dans Paris-Journal : Bref, encourager la médiocrité, les convoitises et les platitudes, désespérer les vrais artistes, probes et fiers, consacrer l’injustice, étouffer le talent original : telle est l’œuvre des concours et des jurys littéraires.
L’imitation des anciens, dans Ronsard et son école, n’est le plus souvent qu’une traduction si éprise de son original, qu’où la langue de la traduction fait défaut, elle se borne à donner aux mots de l’original une terminaison française. […] C’est que presque aucune n’est originale, et que la langue et les idées de Ronsard, même aux meilleurs endroits, n’égalent pas ce qu’il imite.
Wagner a suivi la première partie de la légende ; mais il devait omettre l’originale façon dont Iseult se déroba au roi, et les nombreuses mésaventures du vieux Marc’h. […] Il ne s’agit pas d’imiter le compositeur dont l’œuvre est typiquement allemande, mais de s’inspirer de sa nouvelle conception de l’art pour créer une œuvre originale. […] Wagner a ouvert une voie à l’art qu’il s’agit d’explorer de façon originale.
Voici un passage du texte original : « Odin chanta devant cette tombe l’évocation des morts, regarda le Nord et traça des runes ; il demanda une réponse, Wola se leva enfin, et chanta les paroles de mort : Wola « Quel est parmi les hommes cet homme à moi inconnu qui répand la tristesse dans mon esprit ? […] Quatorze lithographies originales de M. […] L’original est un demi-pastel fait pour une dame d’origine anglaise, mariée à un français, et qui était généreusement venue à l’aide de Wagner lorsque, en 1849, il se trouva subitement sans patrie et sans moyens.
III Dire que Voltaire fut la France de son époque, c’est dire assez qu’il fut complétement original, non en vers, mais en prose. […] IV Voltaire était un écrivain original par étude ; Jean-Jacques Rousseau le fut par nature : c’est véritablement par lui que commence la complète originalité de la littérature moderne. […] On peut affirmer même sans se tromper qu’ils ont été d’autant plus originaux qu’ils ont été plus isolés et moins asservis à la routine des corps et des préceptes de leur temps.
À coup sûr il serait facile de dessiner cet original. […] C’est une infirmité assez originale, mais enfin c’est une infirmité. […] Toussenel n’a peut-être voulu faire qu’un livre spirituel et original, et M. […] Ceux-là même qui ont dit original, spontané, individuel, préféreront le non original, le non spontané, et cela librement, se convainquant eux-mêmes de bêtise et d’irréflexion. C’est que, disent-ils, il faut faire du style original.
Cette année, commencent à paraître des sourimonos de natures mortes qui vont fournir à Hokousaï de si originales compositions et de si admirables impressions. […] Un faisan et un serpent ; une réunion de sept coqs, impression très originale ; une femme apportant une tasse de thé, — le tirage en noir de l’impression primitive ; des teinturières ; des pêcheuses de sel au bord de la mer qui moutonne et se brise autour d’elles. […] Mais celui qui se fait appeler un dessinateur doit respecter la forme originale des choses, et, ce dessinateur, quand il dessine les maisons, les palais, les temples, il est de toute nécessité qu’il sache comment les charpentes sont agencées. […] Effet original. […] Enfin, comme destination originale, le dessin d’une courtisane en train d’arracher les cheveux blancs d’un Darma dont la tête fumante est recouverte d’un mouchoir mouillé.
Le résultat de cette persistance de la barbarie a été une civilisation entièrement originale. […] Un des premiers parmi nous, il a osé faire soupçonner que la vieille littérature anglaise était la plus originale et la plus forte des littératures de l’Europe moderne. […] Émile Deschamps a très judicieusement, je le crois, adopté le dénouement que Garrick, au dernier siècle, substitua au dénouement de l’œuvre originale. […] Et voilà en miniature la physionomie très originale et très intéressante de celui des modernes écrivains de la Grande-Bretagne qui a été peut-être le plus foncièrement anglais. […] Que reste-t-il de toi, si studieux, si érudit, si curieux de toute bonne et originale littérature ?
Que sont devenus ces médaillons faits par une main glacée elle-même maintenant, d’après des originaux disparus ou dont bien peu du moins survivent ? […] Car c’est une des plus originales figures dont nous ayons gardé souvenir. […] Bouchardy, qu’on méprise trop à présent, était dans son genre une puissante individualité, une nature vraiment originale. […] C’est par cette refonte et cette création à nouveau du sujet que l’artiste sut rester si original en traitant des scènes tirées de drames, de poèmes et de romans, au lieu de scènes puisées directement dans la nature. […] Puisque son nom reparaît sur l’affiche, nous en avons profité pour dessiner quelques traits d’une physionomie originale qu’on a trop tôt oubliée et qui avait bien sa valeur.
LXVII Le style de Cousin est grand, il a grand air, il rappelle la grande époque à s’y méprendre ; mais il ne me paraît pas original, rien n’y marque l’homme, l’individu qui écrit. […] J’aime que le style se ressente davantage des qualités originales et piquantes de l’individu, en un mot qu’il sente l’homme, comme dit un poète. — Aussi quand on approche de Cousin, on trouve un tout autre homme que celui qui se donne à connaître par ses écrits, piquant, amusant, un peu comique, et l’on est tenté toujours de s’écrier en comparant : Ô le sublime farceur ! […] XCIV On a beau dire que l’esprit est impénétrable, qu’il est immatériel : une vaste mémoire trop bien meublée ne laisse pas d’y prendre la place des idées originales. […] CLXXIX Exprimer ce que nul n’avait encore exprimé et ce que nul autre que nous ne pourrait rendre, c’est là, selon moi, l’objet et la fin de tout écrivain original. […] Turquety n’a rien d’original ; il a débuté vers 1829 avec assez de douceur ; il imitait les élégies de Nodier, il y mettait de l’harmonie, — mais de la pensée et du sentiment, très peu.
Sans doute, il y a de grands obstacles aux tentatives originales. […] Le théâtre russe est impossible chez nous, parce qu’il a trop de saveur originale. […] Depuis Dickens, aucun romancier puissant et original ne s’est révélé. […] Nous avons besoin de créateurs originaux. […] Le style est l’expression logique et originale du vrai.
Cette lettre est d’un tour original et distingué. […] Peu connu du grand et du gros public, ignoré même entièrement de la foule (ce qui est un charme), apprécie seulement d’une noble et chère élite, il occupait dans la jeune école de poésie, entre Lamartine, déjà régnant, et Victor Hugo, qu’on voyait grandir, une position élevée, originale, à laquelle son épaulette, qu’il ne quitta que l’année suivante, ajoutait une distinction de plus. […] Sans doute il ignore l’excès de cette préférence, mais il en sait assez pour regretter un jour d’avoir sacrifié le plus divin sentiment qu’on puisse inspirer, aux méprisables intérêts du grand monde72. » M. de Vigny ne se maria qu’en quittant le service : il n’épousa pas sa riche parente, mais une Anglaise qu’il avait rencontrée dans le midi et dont le père, grand original, assure-t-on, avait parfois quelque peine à se rappeler le nom du poète son gendre. […] C’était, dans sa pensée, un simple prélude pour des œuvres originales ; mais de plus hardis, de plus puissants le devancèrent et livrèrent les premiers le grand combat.
Je pourrais vous les donner ici dans leur belle langue originale, mais j’aime mieux vous les traduire en m’aidant de la naïve traduction en pur français classique faite par le poète lui-même. […] Tout est original dans le poème, parce que tout est né de la nature dans le poète. […] Mais, si la situation est analogue, les détails sont tous originaux ; la nature forme des ressemblances, jamais de copies. […] Pourquoi chez nous (et je comprends dans ce mot nous les plus grands poètes métaphysiques français, anglais ou allemands du siècle, Byron, Goethe, Klopstock, Schiller, et leurs émules), pourquoi, dans les œuvres de ces grands écrivains consommés, la sève est-elle moins limpide, le style moins naïf, les images moins primitives, les couleurs moins printanières, les clartés moins sereines, les impressions enfin qu’on reçoit à la lecture de leurs œuvres méditées moins inattendues, moins fraîches, moins originales, moins personnelles, que les impressions qui jaillissent des pages incultes de ces poètes des veillées de la Provence ?
Jamais la littérature française n’a été plus riche, plus belle, plus originale qu’entre les années 1820 et 1880 : voilà ce que disent les étrangers, qui nous jugent et qui nous goûtent avec plus d’impartialité et d’indépendance que nous ne pouvons le faire nous-mêmes. […] Jamais la littérature française n’a été plus riche, plus belle, plus originale , écrit M. […] Paul Souday les a corroborées d’une façon singulière dans l’article du Temps qu’il a publié en réponse à notre enquête : « Le moins qu’on puisse dire est que ce dernier venu des grands siècles n’a pas dégénéré et qu’il soutient n’importe quelle comparaison (le suprême ve siècle athénien étant comme toujours mis à part) pour l’intrépidité de l’esprit critique et la variété des talents originaux. » Afin de donner à cette enquête plus d’ampleur et de poids nous avons tenu, à côté d’écrivains et de critiques représentatifs des générations présentes, à consulter quelques maîtres de l’enseignement supérieur. […] À ceux qui reprochent au xixe siècle d’être anarchique ou trop original, je conseillerai de relire et de méditer la page si belle, que Maurice Barrès nous a adressée.
Montesquieu n’est pas à la recherche et comme à l’affût des originaux ; il crayonne ceux qu’il rencontre chemin faisant, tout en poursuivant un autre objet ; c’est comme une manière de se distraire de son travail principal. […] C’est du côté de la finesse et du tour que la langue des Lettres persanes a gagné, en même temps que de nouveaux originaux ont pris place dans cette galerie de La Bruyère, qu’on peut bien dire nationale. […] Si Lesage avait eu le dessein de peindre son temps, l’original aurait trop souvent changé d’attitude. […] Si le livre de Rollin n’est pas original par un plan d’études nouveau, il l’est par l’explication de celui que Rollin a vu pratiquer, qu’il a pratiqué lui-même ; il l’est par sa méthode, la meilleure qu’on ait imaginée pour cultiver, par les deux antiquités, l’homme et le chrétien.
Nous sommes les sujets de ces peintures, les originaux de ces portraits. […] Et quel intérêt ai-je à chercher sous ce portrait immortel l’original qui n’est plus ? […] On en veut beaucoup à la Rochefoucauld, c’est tout simple ; ce sont en grande partie ses originaux qui réclament ; ils ont leurs raisons pour croire qu’à vouloir expliquer toutes les conduites des hommes par l’intérêt, on les calomnie. […] Vauvenargues me paraît plus original comme critique que comme moraliste.
Tolstoï est au nombre des plus grands créateurs d’hommes littéraires, et par les dons mêmes d’observation véridique qui le font représenter la vie intérieure et extérieure de ses personnages avec une exactitude plus originale, plus minutieuse que ses devanciers, et par l’intuition peut-être inconsciente, mais profonde et marquée de deux des principaux caractères de toute vie organique et de toute existence : l’abondance des manifestations, le maintien d’un équilibre défini entre sa variabilité et sa permanence. […] Si haut qu’il dresse ses figures, que leur conduite soit significative et enseignante, que l’on considère même le prince Pierre Lévine, le soldat Karataïef, dans lesquels se marque le mieux le biais moralisateur de l’écrivain, toujours les personnages restent des personnes ayant en eux une essence constante irréductible à autrui, composite et originale. […] Ceux qui l’ont suivi, que cette création d’art a saisis par son aspect aussi original que le vrai, par sa cohérence intérieure, par l’abondance, la variabilité et la constance des êtres, par sa complexité, et ce caractère de présentation immédiate et illogique qui la rend égale et aussi incontestable que ce qui existe, séduits ainsi au point de transposer en ces livres quelques instants de leur vie, hésitent déconcertés devant ce dédain et ce souci d’autres choses. […] Cet écrivain, l’un des plus grands parmi les réalistes, perçoit et décrit le monde extérieur avec une vision originale immédiate, avec une pénétration dans ses détails et son intimité qui donnent la vérité même comme fraîchement découverte et saisie sur le fait.
De là ce qu’ont de séduisant pour l’imagination les pays exotiques, les temps antiques et disparus que l’on voit si mal et si beaux ; dans l’ordre moral, les passions mystérieuses et fatales, les conception bizarres, tout ce qui dans l’âme est extrême, contradictoire, illimité ; de là, la beauté éternelle des lieux communs idéaux de la poésie, le couchant, le printemps, l’amour, dont la description peut être écourtée à plaisir, et dont le contenu émotionnel demeure dans l’ordre physique ; l’attrait des paysages nocturnes, brumeux, des physionomies à demi voilées, du clair-obscur, la grandeur des arts du nord ; de là, malgré tant de tentatives, l’impossibilité d’une vraie poésie scientifique, didactique, réaliste qui constituerait, si elle existait, la contradiction d’une description précise et d’une idéalisation indéfinie ; de là le fait que la musique est le plus poétique des arts parce qu’il en est le plus vague ; de là encore là demi-synonymie des termes « poétique » et « idéal » ; de là enfin l’impossibilité constante de traduire la poésie d’une langue dans une autre, soit parce qu’il faut commencer par la comprendre exactement avant de l’interpréter, soit parce qu’il est malaisé de trouver des mots qui soient vagues tout à fait de même que dans l’original, sans le déflorer ou le laisser inintelligible. […] Il connaît dans la description prosaïque d’objets et d’âmes fictifs, imaginés tels qu’ils soient par eux-mêmes saisissants, le prix du détaillement minutieux qui eu fait apparaître l’image dans l’intelligence par le procédé même de la vision la valeur d’une composition déduite et cohérente qui ne laisse aucun échappatoire au doute, la brièveté qu’il convient de donner à une œuvre pour qu’elle ait tout son effet, les inventions originales dont il faut l’historier pour mieux piquer la curiosité, l’avantage qu’il y a à faire sourdre dans l’âme du lecteur de puissantes émotions, sans l’y solliciter expressément, mais en lui laissant la surprise de les sentir jaillir d’un récit impassible. […] Bien qu’il soit impossible de savoir de quel tirage sont les édifions de la bibliothèque à 1 fr. de la maison Calmann-Lévy, il paraît douteux qu’elle ait écoulé de nombreux milliers de cet ouvrage et quant aux Nouvelles histoires extraordinaires, au Voyage d’Arthur Gordon Pym, la vente a dû en être moindre encore, puisqu’on trouve parfois leurs éditions originales. […] François Coppée, quand il n’est pas purement original, s’inspire volontiers de la muse populaire allemande.