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1737. (1925) Comment on devient écrivain

Vous êtes peut-être né pour être un écrivain de troisième ordre, comme tel autre est peut-être né pour être un écrivain de premier ordre. […] Avec du travail il eût fait une œuvre de premier ordre ; faute d’effort et de labeur, son Axel, par exemple, quoique plus dramatique, n’a pas dépassé l’Ahasvérus de Quinet. […] On n’est ni un critique ni un savant parce qu’on a secoué la poussière des vieux livres, commenté des choses insignifiantes, ressuscité des auteurs de cinquième ordre. […] On ne peut, même dans une traduction littérale, avoir la prétention de rendre les tours do phrases et l’ordre des mots de son modèle. […] L’article ne souleva pos une protestation ; pas une rectification n’en détruisit l’heureux effet et, pour que la honte fût complète, trois mois après, je recevais l’ordre du Christ du Brésil !

1738. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Il était aussitôt allé au ministère, demandant qu’on lui permît d’afficher par ordre. Mais le ministère n’avait pas eu le courage de la décision qu’il avait prise sur la demande de Carnot, et on lui refusait le « par ordre ». […] Vers ce temps-là, Dugué de la Fauconnerie fonde l’Ordre, et l’appelle au journal, et il a le souvenir — lui qui vient d’écrire la notice de l’exposition de Monnet — que son premier article, fut un article lyrique sur Manet, Monnet, Cézanne, avec force injures pour les académiques : article qui lui fit retirer la critique picturale. […] Hefner, un paysagiste de premier ordre, avec les blondeurs couleur de glaise de ses futaies, avec le roux brûlé de ses terrains, avec le gris perle de ses eaux et de ses ciels. […] Mais ce que je trouve de tout à fait remarquable dans l’ordre de l’imagination théâtrale, c’est la trouvaille de la façon dont le poison vient naturellement dans la poche de Paul Astier, et comme l’auteur fait d’une manière, pour ainsi dire explicable, de ce flacon presque un agent provocateur.

1739. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il n’a eu à souffrir ni de la vie ni de l’ordre social. […] Mais l’ordre le veut ainsi, et les intérêts généraux de conservation sociale. […] La Révolution a eu pour résultat immédiat de détruire un certain ordre de choses. […] Or, de ce que le mot de « morale » n’a pas de sens dans l’ordre scientifique, il ne s’ensuit pas qu’il ne reprenne pas un sens quand il s’agit de spéculations d’un autre ordre. […] Toutes les rhétoriques se ressemblent, en ce qu’elles dérangent et altèrent l’ordre réel des choses.

1740. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

« Mais suffit-il de les écrire à la suite, sans autre ordre que la succession des jours et des lectures ? […] Voici notre conclusion : Pour former son goût, pour acquérir du jugement, de l’impartialité critique, un discernement sûr, il faut lire beaucoup d’auteurs, ceux de premier, de deuxième et de troisième ordre. […] Vous étiez greffier, vous attendiez les ordres, vous transcriviez les copies. […] « La description, dit Blair dans son très beau Cours de Rhétorique, est la grande épreuve de l’imagination d’un poète : c’est elle qui distingue un génie original d’un esprit du second ordre. […] Mais, le fond mis à part, le style de l’Émile et des Confessions est de premier ordre.

1741. (1888) Études sur le XIXe siècle

On sait qu’il n’est pas donné aux génies de résister aux ordres des dieux… » L’amour n’est jamais descendu dans le cœur de Leopardi, qui l’appelait de tous ses vœux : son ennemie, la Vérité, y régnait en souveraine, assez puissante dans cette forteresse pour résister aux ordres même des dieux, et il savait bien qu’elle aurait détruit tous ses enchantements. […] Ce ne furent cependant point ces différences qui amenèrent la rupture de la « confrérie », mais des considérations d’un autre ordre. […] Au bout de trois mois, son amoureux reçoit un ordre de départ, la quitte en lui promettant de revenir, — et ne revient pas. […] Pourtant, dans sa nouvelle intitulée : Fortezza (Bravoure), il a raconté avec puissance l’héroïsme d’un soldat qui, porteur d’un ordre écrit, et pris par les brigands, supporte silencieusement, en gardant l’ordre dans sa bouche, les épouvantables tortures auxquelles il est soumis. […] Quand elle fut morte, il classa et numérota sa correspondance en homme d’ordre qu’il était.

1742. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

On lavait partout le sang des échafauds ; on cherchait, en tâtonnant parmi les débris, l’ordre à l’intérieur, la réconciliation avec l’étranger. […] Avant même que le jeune général d’Italie et d’Égypte eût déclaré son ambition de dictateur civil et militaire à ses confidents, M. de Talleyrand s’était insinué résolument dans sa pensée, et lui avait montré en perspective un coup d’État facile, un abandon certain de la France à toute usurpation de puissance qui lui promettrait la paix, la réconciliation avec l’Europe, la reconstruction d’un ordre civil personnifié dans un héros. […] XXV On voit, on sent, on respire, on lit le génie restaurateur de M. de Talleyrand dans toutes les transactions diplomatiques du Consulat, seule époque où il y eut une diplomatie dans les conseils de Bonaparte ; plus tard, il n’y eut que des ordres du jour à son armée, des injonctions au Moniteur, des proclamations dictatoriales à l’univers, et de temps en temps, dans le Moniteur, des insultes aux ministres, et des apostrophes outrageuses aux rois et aux reines qui disputaient leurs trônes ou leurs peuples à l’absolutisme de la victoire et de l’usurpation. […] M. de Talleyrand, interrompu dans son travail de reconstitution de l’ordre européen, n’eut qu’à pallier, à gémir ou à se taire.

1743. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

» À un ordre d’Offenbach les rats se changent en dames de ballet. […] Nous comprendrons l’ordre, d’abord inexplicable, de chapitres, où les transitions ne sont point ce que nous les aurions faites. Nous détruirons, ailleurs, l’ordre suivi, afin d’avoir plus nôtre, et plus exacte, l’Idée de l’auteur. […] Mais non un compromis d’élégante prose plus exacte : l’entière concordance du mot sous le mot, de l’archaïsme sous l’archaïsme, du néologisme sous le néologisme, de l’expression contournée, obscure, bizarre, sous l’expression contournée et obscure et bizarre, d’une phraséologie françaisement allemande sous la phraséologie du langage allemand ; chaque mot allemand scruté dans ses primitives racines et rendu par l’équivalent français également scruté, — oui, la traduction des mots suivant leur originelle et étymologique signification, rigoureuse ; et, nettement délimité, amené en son ordre, chaque vers, portant son accent propre, une vie et une puissance spéciales, spéciales à lui ; et, encore, — si cela est possible, — l’allitération et le rhythme des syllabes reproduits, l’aspect sonore du vers51 ; le décalque, en mots français, des mots Wagnériens… C’est l’œuvre qu’il faut essayer, l’œuvre modeste après les grandes, populaires et célèbres traductions vulgarisatrices ; l’œuvre intéressante à quelques rares curieux de l’œuvre Wagnérienne ; l’œuvre de petite renommée ; parmi les multiples éditions promises aux poèmes de M. 

1744. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Ils agissent en tant que contribuant à déterminer : 1° les constituants actuels, 2° l’ordre de groupement actuel du champ de la conscience à un moment donné. Les sensations mêmes, et à plus forte raison les représentations et idées, sont intensifiées ou affaiblies par nos sentiments et volitions ; de plus, leur ordre et leurs relations sont modifiés par les mêmes causes. […] Richet, transformée par suggestion en archevêque de Paris, croit voir le président de la république, lui présente ses compliments de nouvel an et écoute la réponse du président en disant à voix basse : « Eau bénite de cour. » Une autre, transformée par suggestion en général d’armée, voit des chevaux, des aides de camp, donne des ordres, se sert d’une longue-vue. […] L’enfant, avons-nous dit, voit une raison pour être brûlé une seconde fois : à savoir l’identité apparente de la seconde flamme avec la première ; il ne voit pas de raison (y en eût-il d’ailleurs) pour n’être point brûlé ; donc, à moins d’être inconséquent, il doit admettre jusqu’à nouvel ordre que les mêmes principes ne se contrediront pas par des conséquences différentes.

1745. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Le second de mes oncles par ordre de naissance avait eu pour son lot un domaine riche en forêts et en pâturages, à quelque distance de Dijon. […] Cet oncle était destiné à l’Église avant la Révolution ; il était entré contre son gré dans cet ordre, avec la perspective toute mondaine d’un évêché ou d’une abbaye. […] Reconnaissez dans la description de son petit domaine champêtre les vergers de votre grand-père, vieux et féconds en fruits comme l’âge avancé. » Elle lut alors : « C’est là qu’était la maison de Laërte ; tout autour régnait une galerie où mangeaient, se reposaient et dormaient les domestiques attentifs à travailler sous ses ordres et à lui complaire. […] Quant à moi, aucune langue ne rendra jamais mon admiration et ma piété pour Homère, et, s’il y avait sur la terre quelque ordre de créature intermédiaire entre la divinité et l’humanité, je dirais : Homère est de cette race divine.

1746. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

On connoît cet Ecrivain que l’esprit d’indépendance fit sortir d’un Ordre respectable où il s’étoit lié par des vœux, & qui après avoir secoué le joug de la Religion Catholique, ne fit presque plus d’autre usage de ses foibles talens que pour attaquer aussi vainement que lottement la foi & les bonnes mœurs. […] Ses préceptes sont presque toujours renfermés dans ses descriptions ; ce qui n’est pas de même dans le poëme de Vanniere, où il y a, à la vérité, plus d’ordre & de choix que dans les georgiques, mais moins d’un certain art, & encore moins de vraie poésie. […] Mais plusieurs Savans ont blâmé la liberté qu’il a prise de faire des changemens considérables dans l’ordre & dans la nature même des Odes. […] in-4°. sous le titre de Poésies d’Horace, disposées suivant l’ordre chronologique, avec des Remarques & des Dissertations.

1747. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle avait gardé de lui et des autres réformateurs, jusqu’à travers sa conversion, une habitude d’invectives contre les ordres religieux de tout genre ; elle a, à ce propos, des sorties qui sont moins d’une femme que de quelque savant du xvie  siècle en colère ou de quelque docteur émancipé de la rue Saint-Jacques. […] Elle aurait volontiers emprunté de l’illustre philosophe son idée d’un rapprochement et d’une fusion, d’une réconciliation entre les principales communions chrétiennes ; elle traduisait cela un peu brusquement à sa manière lorsqu’elle disait : « Si l’on suivait mon avis, tous les souverains donneraient ordre que parmi tous les chrétiens, sans distinction de religion, on eût à s’abstenir d’expressions injurieuses, et que chacun croirait et pratiquerait selon sa volonté… » Au milieu de cette cour de Louis XIV, qui allait être si unanime sur la révocation de l’édit de Nantes, elle apportait et elle conserva d’inviolables idées de tolérance : « C’est ne se montrer nullement, chrétien, disait-elle, que de tourmenter les gens pour des motifs de religion, et je trouve cela affreux ; mais lorsqu’on examine la chose au fond, on trouve que la religion n’est là que comme un prétexte ; tout se fait par politique et par intérêt.

1748. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Tout ce livre, d’une teinte morale sombre, est comme une suite d’élancements mystiques, bibliques, patriotiques, humains et fraternels : il a l’inconvénient de ressembler plus d’une fois à de la prédication en vers ; mais, par son esprit et par son ardeur, il suffirait à montrer combien Cowper s’élève au-dessus de l’ordre des poètes descriptifs et pittoresques proprement dits. […] Un jour qu’on demandait en présence de Wordsworth s’il en était nécessairement ainsi, le grave poète des lacs répondit : « Ce n’est point parce qu’ils ont du génie qu’ils font leur intérieur malheureux, mais parce qu’ils ne possèdent point assez de génie : un ordre plus élevé d’esprit et de sentiments les rendrait capables de voir et de sentir toute la beauté des liens domestiques23. » J’ai le regret de rappeler que Montaigne n’était pas de cet avis et qu’il penchait du côté du déréglement : citant les sonnets de son ami Étienne de La Boétie, il estime que ceux qui ont été faits pour la maîtresse valent mieux que ceux qui furent faits pour la femme légitime, et qui sentent déjà je ne sais quelle froideur maritale : « Et moi, je suis de ceux, dit-il, qui tiennent que la poésie ne rit point ailleurs comme elle fait en un sujet folâtre et déréglé. » Nous nous sommes trop souvenus en France de cette parole de Montaigne, et nous nous sommes laissés aller à cette idée de folâtrerie.

1749. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

La question, si sacrée pour nous, de tolérance et de respect de toutes les convictions et professions de foi sincères compatibles avec l’ordre social n’était pas dégagée alors. […] Le maréchal de Thémines commandait l’armée que le roi opposa à Rohan ; il se présenta devant Castres, où la duchesse de Rohan, qui avait laissé son mari, avec un conseil ou abrégé d’assemblée, dut prendre sur elle, dans l’embarras de ses conseillers, de donner des ordres ; et la circonstance l’élevant au-dessus d’elle-même, cette personne mondaine, mais de courage, sut pourvoir à tout.

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Jeune veuve, elle prit un parti courageux : pour assurer l’avenir de son fils et remettre en ordre la fortune que la mort du marquis laissait assez embrouillée, elle se retira à la communauté de la Doctrine ou de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer, et y demeura tout le temps qu’il fallut pour ses desseins d’économie. […] [NdA] Lettres inédites de la marquise de Créqui, adressées à Senac de Meilhan de 1782 à 1789, mises en ordre et annotées par M. 

1751. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Son esprit vif, aiguisé, subtil, sa fermeté et son élévation de caractère, un certain art suivi de serrer les liens et de rattacher sans cesse les relations de société à des convictions et à des espérances d’un ordre supérieur, créèrent son ascendant sur tout ce qui l’entourait et l’approchait : son influence peu à peu s’organisa. […] De tels sentiments sont de l’ordre le plus respectable et des plus faits pour honorer la nature humaine : sans eux qu’est la vie, même la plus aimable ?

1752. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Les trois ordres de la société, selon lui, « la société chrétienne au nom de sa foi, le monde aristocratique au nom de son honneur et de son orgueil, la classe bourgeoise au nom de ses intérêts, tous s’accordent dans un sentiment de répulsion et d’alarme à l’endroit de la littérature. » Recherchant les causes de cet abaissement général, de ce désaccord de la littérature avec la société, il en demande compte à la critique ; il partage celle-ci en trois catégories, et toutes les trois également impuissantes ou stériles, sous lesquelles il ne tient qu’à nous de mettre des noms : la critique dogmatique et immobile (Gustave Planche, probablement) ; la critique qui se joue en de fantasques arabesques (apparemment Janin, ou Gautier, ou Saint-Victor) ; et celle qui se réfugie dans le passé pour n’avoir pas à se déjuger et à se contredire dans le présent (c’est moi-même, je le crois). […] Aristote, je le pense, était un grand critique, et Lessing, et Schlegel, et Gœthe et Schiller lui-même : dites-leur donc d’appliquer dans l’art pour règle et pour mesure le principe du spiritualisme chrétien, c’est-à-dire un principe ascétique et qui appartient à un ordre tout différent !

1753. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

La seconde, en effet, eût été Mlle Marquise, maîtresse du duc d’Orléans, et par ordre de rang ou de préséance, Mme de Boufflers venait la troisième. […] Hume a désormais à consoler son amie, et, pour y mieux réussir, dans une lettre nouvelle du 10 décembre, il remet en ordre et par écrit, à tête reposée, tout ce qu’il a dû dire de vive voix déjà dans l’intervalle ; il commence par récapituler et analyser la situation, voulant bien montrer qu’il la comprend tout entière dans ce qu’elle a de pénible, de douloureux, de poignant : c’est afin de donner plus d’autorité ensuite à son conseil.

1754. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Mais il n’y a pas de pays où chaque ordre soit plus classé qu’en Angleterre. […] Elle s’occupait de sa correspondance très étendue et la tenait dans un ordre parfait.

1755. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il voulut, comme on dit, mettre ordre à ses affaires ; avec l’art et le calme qui le distinguaient, il disposa le dernier acte de sa vie en deux scènes qu’on ne trouvera pas mauvais que je présente comme il convient et que je développe. […] Il y avait, de plus, gagné une décoration de l’ordre de Saint-Ferdinand, qui se portait au cou.

1756. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Qu’il ait pu y avoir, durant ces derniers temps, en d’autres branches d’étude et de culture, d’autres productions qui fassent honneur à l’époque et qui lui seront comptées un jour, je suis loin de le vouloir contester ; mais, à ne consulter que l’époque elle-même et son impression purement présente, ces deux accidents sont les seuls qui, dans l’ordre de poésie, aient mis les imaginations en émoi et qui aient vivement piqué l’attention publique. […] L’influence de cet ordre de causes secrètes et intestines sur les idées et sur les œuvres est incalculable.

1757. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Tandis que dans les ordres d’idées différents, en politique, en religion, en philosophie, chaque homme, chaque œuvre tient son rang, et que tout fait bruit et nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté de l’excellent, dans l’art il n’y a que l’excellent qui compte ; et notez que l’excellent ici peut toujours être une exception, un jeu de la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu. […] Celui-ci représente très-bien le côté tendre et passionné de Louis XIV et de sa cour ; Boileau en représente non moins parfaitement la gravité soutenue, le bon sens probe relevé de noblesse, l’ordre décent.

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