Il y avait alors dans le pays une bande noire qui achetait les grandes terres et les vieux châteaux, qui démolissait les uns et morcelait les autres. Les antiquaires, les artistes, les poètes la maudissaient et la chargeaient d’exécration : lui, il l’absout et peu s’en faut qu’il ne la bénisse : car cette bande noire qui brise et pulvérise la terre, en met les morceaux à la portée d’un chacun, et, en faisant des propriétaires, elle fait, selon lui, d’honnêtes gens, c’est-à-dire des gens intéressés à l’ordre, à la paix, à la justice.
Entreprendre la guérison des plaies sociales, amender les codes, dénoncer la loi au droit, prononcer ces hideux mots, bagne, argousin, galérien, fille publique, contrôler les registres d’inscription de la police, rétrécir les dispensaires, sonder le salaire et le chômage, goûter le pain noir du pauvre, chercher du travail à l’ouvrière, confronter aux oisifs du lorgnon les paresseux du haillon, jeter bas la cloison de l’ignorance, faire ouvrir des écoles, montrer à lire aux petits enfants, attaquer la honte, l’infamie, la faute, le vice, le crime, l’inconscience, prêcher la multiplication des abécédaires, proclamer l’égalité du soleil, améliorer la nutrition des intelligences et des cœurs, donner à boire et à manger, réclamer des solutions pour les problèmes et des souliers pour les pieds nus, ce n’est pas l’affaire de l’azur. […] Entrer en passion pour le bon, pour le vrai, pour le juste ; souffrir dans les souffrants ; tous les coups frappés par tous les bourreaux sur la chair humaine, les sentir sur son âme ; être flagellé dans le Christ et fustigé dans le nègre ; s’affermir et se lamenter ; escalader, titan, cette cime farouche où Pierre et César font fraterniser leurs glaives, gladium gladio copulemus ; entasser dans cette escalade l’Ossa de l’idéal sur le Pélion du réel ; faire une vaste répartition d’espérance ; profiter de l’ubiquité du livre pour être partout à la fois avec une pensée de consolation ; pousser pêle-mêle hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, peuples, bourreaux, tyrans, victimes, imposteurs, ignorants, prolétaires, serfs, esclaves, maîtres, vers l’avenir, précipice aux uns, délivrance aux autres ; aller, éveiller, hâter, marcher, courir, penser, vouloir, à la bonne heure, voilà qui est bien.
Un seul point noir : la Marseillaise.
Gide souffre en son âme d’une secrète et noire maladie.
Nous causons ; peu à peu il sort de sa gravité et descend de sa barbe noire, blague joliment la grosse caisse sur laquelle il bat la charge de ses ambitions, avoue l’enfant naïf qu’il est, nous tend cordialement la main.
Mais la retenue que s’imposa cet apologiste des plus noirs forfaits ne fut pas longue.
Le tabellion est vêtu de noir, culotte et bas de couleur, en manteau et en rabat, le chapeau sur la tête.
Demandez-le, dit le même philosophe, au génie d’un chacun, qui peut seul vous en rendre compte : chaque particulier a le sien qui ne ressemble pas à celui des autres ; il en est même qui sont aussi differens que le blanc et le noir.
Dessins du temps et des époques qui ont suivi, gravures noires, gravures coloriées, portraits, éclaircissements sur la géographie et le costume de la guerre en 1430, théâtre des événements, histoire littéraire où l’on passe en revue les livres et les poèmes inspirés par Jeanne d’Arc, tout est là de ce qui se rattache à sa gloire, depuis le mystère du siège d’Orléans jusqu’au drame de Jules Barbier et de Gounod.
Taine, par exemple, portait volontiers, l’après-midi, une étroite cravate noire, en satin, comme celles que l’on met le soir.
Quand la fraîcheur du matin me réveilla, je vis la fumée et les charbons ardents et les murailles toutes noires et toutes nues de la ville. […] Mais je vais vous indiquer seulement comment sont ses vêtements : un corset rouge, lacé avec souplesse, serre sa poitrine légèrement arrondie ; un jupon noir lui emboîte étroitement la taille ; le rebord plissé de sa chemise entoure son doux visage et son gracieux menton. […] Dussé-je la voir pour la dernière fois, je veux du moins rencontrer encore le regard plein de franchise de cet œil noir.
C’est quelque chose d’effrayant que la rage de ce bourgeois féroce qui se délecte à l’idée de tenir un gentilhomme, un dandy, une créature de luxe dans ses ongles noirs. […] J’aurais voulu que le bonhomme se détachât sur un fond de passé plus noir ; qu’il eût gagné ses millions, par exemple, à vendre des nègres, ou à faire l’usure dans quelque caverne sordide, pleine de frégates d’ivoire et de crocodiles empaillés. […] Aussi bien le public, laissant ces amoureux chimériques monter sur des échasses et aspirer aux mansardes, s’est-il pris de je ne sais quel intérêt sympathique pour leur ennemi, leur bête noire, l’être sacrifié de cette comédie, M.
Le vitrail jaune des portes de brasseries, tantôt vomissant, tantôt enroulant des masses noires. […] Comiquement coiffée, assise dans une robe bleue bouillonnée de rose et fascée de noir. […] Ces deux mots formés de terne comme noirceur et noircissure de noir.
Un feutre noir blanc de vieillesse. […] Elle s’égaie en mille reflets, elle s’éteint dans les fouillis des arbres ou les dessous noirs des tables, elle se rassérène dans ces beaux ciels bleus de Titien, mouchetés de légers nuages ; ses rayons glissent sur les blanches épaules pour aller se briser dans les cristaux, chatoyer sur les tentures et les beaux tissus de Venise, échauffer les marbres des fonds d’architecture. […] Mais tout ce que nous pouvons en conclure, c’est que le réalisme ne peut proscrire tout à fait l’imagination : seulement il la domestique, et, lui retirant le droit de concevoir, borne son utilité à l’expression ; c’est une sorte de mémoire plus vive, et qui, dans le cerveau du poète comme dans une chambre noire, évoque, sans rien de plus, la vision de la réalité. […] Le réaliste enseignant retrousse ses manches jusqu’au coude, les manches de sa redingote noire, et plonge ses mains dans les chairs à disséquer. […] Dans l’armée des mercenaires, ces guerriers « masqués d’un voile noir » et « assis en arrière sur leurs cavales peintes », ce sont les Garamantes.
Honte et malédiction à l’examinateur qui lui a donné la boule noire ! […] Montrez-moi patte noire, ou je n’ouvre pas. […] Il vous faut, bons bourgeois, des teintes claires qui égayent les fonds noirs ? […] Du noir, rien que du noir ! […] mais ou ils font partie de la bande noire ou ils se sont prudemment éclipsés.
« Allons, chère amie, il faut finir ; mais ce ne sera pas sans vous embrasser tous et sans faire des amitiés à tous nos vieux et bons amis blanc, gris, noir, blond, vieux et jeunes mariés, débarrassés, embarrassés, garçons, etc. » Figaro n’a pas plus d’entrain. […] En effet, le soleil parut, et au même moment un long nez au bout duquel se trouvait un visage ; ce visage était sous un parapluie jaune et noir et surmontait un grand corps pris dans une petite redingote.
Elle était vêtue avec une sorte de recherche : elle avait une anglaise de mousseline blanche, garnie de blonde et rattachée avec une ceinture de velours noir. […] » De son côté, Riouffe, qui était présent également, a dit en quelques traits rapides, mais heureusement touchés : « Le jour où elle fut condamnée, elle s’était habillée en blanc et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu’à sa ceinture… Elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme.
Nous y avons vu aujourd’hui la Vierge noire et le petit enfant Jésus noir comme sa mère.
Une lettre encore de l’époux arrivait à de certains intervalles, et ramenait, au sein de leur certitude habituelle, une crainte, un point noir à l’horizon, que Mme de Pontivy écartait vite de sa passion, comme un soleil d’été repousse les brouillards, mais que lui, moins ardent quoique aussi sensible, ne perdait jamais entièrement de vue. […] Laissez, je veux ressusciter en vous l’Amour, cet enfant mort qui n’était qu’endormi. » Elle écoutait avec charme et silence, et, soulevant du doigt, pendant qu’il parlait, la dentelle noire qui la voilait à demi, elle ne perdait rien de ce qu’ajoutaient les regards. « Oh !
Ceux qui répondent oui ne réfléchissent pas qu’ils se représentent en réalité un point blanc fait avec la craie sur un tableau noir ou un point noir fait avec une plume sur un papier blanc, et qu’ils ne peuvent se représenter qu’un objet ou mieux les impressions que cet objet ferait sur leurs sens.
Madame Gros fait à ce sujet une réflexion que nous recommandons à ceux qui s’occupent, dans la philosophie de l’histoire, du chapitre important : « Comment le brigand devient gendarme. » « En général, dit madame Gros, ils se communiquent leurs qualités nouvelles, au besoin par des voies de fait, en faveur du bon ordre. » Walch est évidemment un des naufragés dont le sauvetage a laissé le plus profond souvenir dans le cœur de madame Gros, « Il avait quinze ans ; carrure, tournure, visage, crinière, regard, caractère, le tout représentant à merveille le lion du désert dans sa force sauvage. » Quatre années l’avaient à peine apprivoisé, lorsqu’un jour une dame vient à l’école avec une rose rouge jetée coquettement sur un chapeau de velours noir. — Voyez, Mesdames, comme il faut peu de chose pour ramener l’homme à la vertu ! […] Céline Landrin à Saint-Denis, île de la Réunion, a soutenu, de son travail, pendant plus de quinze ans, une vieille demoiselle délaissée par sa famille ; elle a soigné un noir atteint de la lèpre ; sa vie est un perpétuel exercice de suave pitié.