Et je lis tous les deux ans, depuis trente ans, Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme. […] Le cheveu noir, façon crin de cheval. […] Elle l’est dans La Chartreuse, elle l’est dans Le Rouge et le Noir. […] Regarder ce que personne, depuis Saint-Simon, n’avait pu ni voir ni peindre — sauf, ce semble, Stendhal dans Le Rouge et le Noir. […] En sorte qu’elle devint la bête noire des « libéraux ».
Nous avons été habitués par notre expérience passée, et aussi par les théories physiques, à considérer le noir comme une absence ou tout au moins comme un minimum de sensation lumineuse, et les nuances successives du gris comme des intensités décroissantes de la lumière blanche. […] En effet, si les diverses intensités d’une couleur correspondent à autant de nuances différentes comprises entre cette couleur et le noir, les degrés de saturation sont comme des nuances intermédiaires entre cette même couleur et le blanc pur. Toute couleur, dirions-nous, peut être envisagée sous un double aspect, au point de vue du noir et au point de vue du blanc. Le noir serait à l’intensité ce que le blanc est à la saturation. […] Un dispositif ingénieux lui permet de faire passer chacun de ces anneaux par toutes les teintes intermédiaires entre le blanc et le noir.
Quant à moi, mon cheval et mon chien, compagnons de ma vie, me suffisaient pour remplir mes journées de courses vagues dans les sentiers des bois ou dans les blés noirs de la montagne. […] ……… Te le redys, amy ; jà l’entrevoy ceste heure Où, triomphant de si noirs attentatz, Charles de ses ayeulx va purgeant la demeure, Et libérer ses coulpables estatz ! […] Marche la fouldre enmyeu nuaiges noirs ; Gronde, reluict, esclate, hélaz ! […] Pourquoy, Destin, combler ce noir abysme Que désespoir entr’ouvroit soubz mes pas.
Le vent, l’éclair, la mer combattent dans la nuit noire. […] Extatique, elle ne détourne pas les yeux d’un portrait accroché à la muraille, et qui représente un homme grave et morose, vêtu de noir. […] » dit encore le noir capitaine, et laissant la foule épouvantée de son nom proclamé, il disparaît en blasphémant. […] Tel est, dans sa simplicité poignante, ce drame musical, et nous n’avons pas même tenté — connaissant l’insuffisance de notre parole — d’exprimer les beautés poétiques et musicales dont il abonde, il est enveloppé tout entier de ténèbres et de tempêtes ; il est lui-même comme un grand vaisseau battu sans fin par l’orage ; tous les vents de l’abîme soufflent, toutes les voix des profondeurs mugissent dans ses sauvages harmonies, et l’âme du spectateur se sent entraînée, roulée, dispersée dans les noires vagues de la mer.
Puisque la comédie avait besoin d’une bête noire, que ne prenait-elle cet être sordide, pétri d’avarice et de convoitise ? […] Elle est triste à faire pleurer, cette figure si humble et si résignée d’épouse subalterne : une ombre en robe noire, un portrait de famille passé de ton et retourné contre la muraille ! […] Patricienne jusqu’au bout des ongles, elle dirait volontiers, comme la jeune fille de Shakespeare : « Il n’y a que les mendiants qui comptent leur argent. » Elle a cinq cent mille livres de rente, des châteaux en France, des villas en Italie, mais un vent de désordre souffle sur cette fortune princière, que pille effrontément une bande noire d’hommes d’affaires et de fournisseurs. […] Ce n’est pas tout, la comédie, une fois en train, va poursuivre sa bête noire jusqu’aux limites des galères.
Devoir le seul à des époques où l’animalité sensitive et sentimentale s’émerveilla d’exprimer son âme mélodique, où sur les sommets païens les divinités s’entendaient des passions et des émotions humaines les plastiques et lumineuses Apparences, — tandis que la noire et violâtre volupté de la douleur s’était étendue sous l’envergure morte de l’Homme-dieu en la vallée des larmes, — quand l’Amour qu’il apportait, lui-même entraînait le poids de la douleur et du renoncement. […] Or, au xvie siècle, nous trouvons les notations suivantes, que sont : a et o, et m, pour la grandeur, et pour la plénitude et l’amplitude, é et i, pour l’expression de délié, de rare, de menu, d’aigu et de pénétrant, et de deuil et de douleur, o et r, s et x, pour les grandes passions, et la rudesse et l’impétuosité, et l’âpreté, u et n, pour l’expression de voilé et de doute, et de noir. — Un autre note, que : e est le son le plus nué, le plus varié… Mais Socrate et plus tard Lucrèce, voient la vérité d’une dépendance naturelle entre l’idée, et le son et les lettres du mot qui l’expriment. […] Et mon dire autant que compris, doit être senti… Donc, les Mots d’expression idéographique d’idées dépendantes d’une des séries idéogéniques que nous avons généralement déterminées, devront en même temps être en valeurs de timbres-vocaux de la série phonétique correspondante, — ainsi que suit : les diverses voix instrumentales assourdies par m, n, gn (e) l’Orgue nuits mouvantes et pleines des sensations, sentiments et idées oû, ou, oui (ll), iou, oui ô, o, io, oi a, a, ai (ll), ai eû, en, ien eui (ll), eui Bruns, noirs à roux Rouges Vermillons Orangés à ors, verts F, L, M, S P, R, S H, R, S, V L, N, R, S, Z les Flûtes longues, primitives la série grave des Sax les séries hautes des Sax les Cors, Bassons et Hautbois Monotonie, doute, simplesse. […] û, a, iu, ui (ll), ai e, è, é, ei, ei (ii) ie, iè, ié, î, ï (ll), i, ii Jaunes, ors, verts Blancs à azurs pâles Bleus, à azurs noirs F, L, R, S, Z D, GH, L, P, Q, R, T, X LL, R, S, V, Z les Trompettes, Clarinettes et petites Flûtes les Violons par les pizzicati, Guitares et Harpe.
On y compare le plus naturellement du monde la blancheur de la peau des femmes avec l’amalgatolithe, et les reflets bleuâtres de leur chevelure noire avec les aciers à la trempe de Coulauxa, etc., etc. […] Nous allons au fin fond de l’hôpital, à une grande porte jaunâtre sur laquelle il y a écrit en grosses lettres noires : Amphithéâtre. […] Par une porte ouverte derrière moi, d’une petite pièce où le soleil donne en plein, il m’arrive des caquetages de sœurs et d’enfants, de jeunes joies, de bons petits éclats de rire, toutes sortes de notes et de vocalisations fraîches : un bruit de volière ensoleillée… Des sœurs en blanc, à coiffe noire, passent et repassent ; une s’arrête devant ma chaise. […] Or, après ces malhonnêtes actions involontaires, ces petits crimes arrachés à sa droite nature, elle s’enfonçait en de tels reproches, en de tels remords, en de telles tristesses, en de tels noirs de l’âme, que dans cet enfer, où elle roulait de fautes en fautes, désespérée et inassouvie, elle s’était mise à boire pour échapper à elle-même, se sauver du présent, se noyer et sombrer quelques heures dans ces sommeils, dans ces torpeurs léthargiques qui la vautraient toute une journée en travers d’un lit, sur lequel elle échouait en le faisant.
Mlle de Liron est blanche comme le lait ; elle a de beaux cheveux noirs et des yeux d’un bleu de mer, genre de beauté assez commun parmi les femmes du Cantal où sa mère était née. […] Quoi qu’il en soit, la nuit de la visite et du départ d’Ernest, Mlle de Liron, pâle, en robe blanche, à demi pâmée d’effroi, ses grands cheveux noirs, que son peigne avait abandonnés, retombant sur son visage, et ses yeux éclatant de la vivacité de mille émotions, Mlle de Liron, en ce moment, était au comble de sa beauté et atteignait à l’idéal ; c’est ainsi qu’Ernest la vit, et qu’elle se grava dans son cœur. […] Or Cécile a des rapports singuliers de contraste et de ressemblance avec Mlle de Liron ; écoutons sa mère qui nous la peint : « Elle est assez grande, bien faite, agile ; elle a l’oreille parfaite : l’empêcher de danser serait empêcher un daim de courir… Figurez-vous un joli front, un joli nez, des yeux noirs un peu enfoncés ou plutôt couverts, pas bien grands, mais brillants et doux ; les lèvres un peu grosses et très-vermeilles, les dents saines, une belle peau de brune, le teint très-animé, un cou qui grossit malgré tous les soins que je me donne, une gorge qui serait belle si elle était plus blanche, le pied et la main passables ; voilà Cécile… « Eh bien !
La bergerie s’appuie perpendiculairement à cette chambre noire et se prolonge dans la direction du carrefour, terminée par un fournil aux crevasses lierrues… La barrière à claires-voies, qui donne accès du chemin dans la cour, est chargée d’un pavé massif à son extrémité fixe, de telle sorte que le battant, facilement poussé de dehors, revient tout seul à son point de départ par l’effet du contre-poids. […] Cette femme était vêtue de noir. […] Ainsi apparu, le spectre du « marinier noir » ne nous quitte plus.
J’ai les cheveux fort bruns et très avantageusement placés ; le front un peu élevé, et d’une forme régulière ; les sourcils noirs et bien arqués ; les yeux à fleur de tête, grands, d’un bleu foncé, la prunelle petite, et les paupières noires ; mon nez, ni gros, ni fin, ni court, ni long, n’est point aquilin, et cependant contribue à me donner la physionomie d’un aigle. […] Un jour, après avoir reçu d’elle la jolie page de portrait que j’ai précédemment citée, Rousseau lui écrivait : « Combien il va m’être agréable de me faire dire par une aussi jolie bouche tout ce que vous m’écrirez d’obligeant, et de lire dans des yeux d’un bleu foncé, armés d’une paupière noire, l’amitié que vous me témoignez !
On songe, le cœur serré, aux vieilles baraques paysannes de France, en bois, joyeuses et noires, avec des vignes. […] La maison, située dans la ruelle Henley-Street, était humble, la chambre où Shakespeare vint au monde était misérable ; des murs blanchis à la chaux, des solives noires s’entrecoupant en croix, au fond une assez large fenêtre avec de petites vitres où l’on peut lire aujourd’hui, parmi d’autres noms, le nom de Walter Scott. […] § III On pourrait appeler Londres la Babylone noire.
(Et il la décrit :) Région des aigles, habitacle de la foudre, inaccessibles sommets, gorges béantes et noires, crevasses titanesques descendant jusqu’aux assises de la terre, blocs erratiques, fleuves tombant des cimes inexplorées, végétations énormes, arbres prodigieux baignés par le déluge, et puis, contraste délicieux ! […] Dieu, « qui voit dans la nuit une fourmi noire sur une table noire », y voit le resplendissement des Saints dans les ténèbres de leurs vies les plus cachées ; mais le monde imbécile et distrait ne voit rien, si on ne lui montre pas tout… Voilà pourquoi il faut lui montrer les Saints dans des histoires dignes de leurs vies et de leurs âmes.
« On les verra, errant sur les chemins, demander aux passants quelques haillons pour couvrir leur nudité, un peu de pain noir pour apaiser leur faim, et je ne sais s’ils l’obtiendront. […] « Et les savants se troubleront dans leur science, elle leur apparaîtra comme un petit point noir quand se lèvera le soleil des intelligences.
Sabbatier, comme faisant éclair dans ce noir tableau, les seuls écrivains orthodoxes qui trouvent grâce à ses yeux, ce sont MM. […] Sabbatier ne soient que celles de l’auteur même, traduites par un disciple et plutôt grossies que dénaturées, il n’est pas moins à regretter que le biographe se soit donné ainsi pleine carrière, et que sa misanthropie, en s’ajoutant aux humeurs noires d’Auguste Fabre et de Victorin, vienne aujourd’hui compromettre, sous une teinte aussi fâcheuse et trois fois morose, une publication qui, présentée sous un meilleur jour et ne réclamant que d’équitables éloges, eût mérité de tous indulgence et sympathie.
Toute cette voûte semblait incrustée d’écailles de cuivre ; des bosselures innombrables, les unes presque ardentes, les autres presque sombres, s’étageaient par rangées avec un étrange éclat métallique jusqu’au plus haut du ciel, et, tout en bas, une longue bande verdâtre qui touchait l’horizon était rayée et déchiquetée par le treillis noir des branches. […] Au second, l’adjectif n’évoque que la silhouette, qui se découpe en noir et fantastiquement agrandie, le geste, le mouvement, la cognée qui se lève et s’abat, le groupe s’agitant entre les troncs sveltes et droits sous la haute futaie.
Il n’est pas ami des moines et des nonnes, et il faut l’entendre dénombrer, avec une indignation qui s’échappe en mordantes épigrammes, tous les ordres que la protection royale a installés dans la bonne ville de Paris, dotés de privilèges et de riches revenus : Barrés, Béguines, Frères du sac, Quinze-Vingts, Filles-Dieu, la Trinité, le Val des Écoliers, Chartreux, Frères prêcheurs, Frères mineurs, Frères Guillemins, moines blancs, moines noirs, chaussés et deschanx, avec ou sans chemise, dont les uns assiègent les mourants, pour leur arracher des testaments, et les autres s’en vont criant par les rues : Donnez, pour Dieu, du pain aux frères ! […] Regardons comment ce poète voit Marie l’Égyptienne au désert, toute nue, la chair noire, la poitrine moussue : Cheveux épars sur ses épaules.
Ce beau guerrier vêtu de lames et de plaques, Sous le bronze, la soie et les brillantes laques, Semble un crustacé noir, gigantesque et vermeil. […] Certe, aux champs de l’azur, dans ces combats étranges Que les noirs Séraphins livrèrent aux Archanges, Cet écu fut gagné par un baron du ciel.
« Couvert d’un manteau noir, tenant en l’air une longue épée espagnole, au bout de laquelle brille une lanterne, Arlequin se présente et dit : “Si tous les couteaux n’étaient qu’un couteau, ah ! […] Arlequin, voyant que tout est sombre, dit : “Il faut que la blanchisseuse de la maison soit morte ; car tout est bien noir ici.”
Chaque fois en effet que le vieillard se penche, l’eau fuit et tarit, et la terre noire, desséchée par un Démon, s’élargit autour de ses pieds. […] Le noir essaim voltige autour d’eux, aiguillonnant leurs fureurs ; et il semble qu’on le voit entrer et ressortir par leurs bouches, comme les démons d’une possession.
Visa le noir, tua le blanc. Visa le noir, tua le blanc, fils du roi, qu’tu es méchant, Ô fils du roi, qu’tu es méchant, D’avoir tué mon canard blanc.
Que ce soit le grand soleil ineffable de Dieu ou le grand soleil noir du néant, je saurai le regarder en face, sans être aveuglé par la lumière, sans être ébloui par l’ombre. […] Vous y ferez l’impossible, vous les catéchiserez et elles se croiront convaincues ; seulement, lorsqu’elles se seront jetées, se mentant à elles-mêmes, dans votre réalisme, dans votre humanisme, comme un désespéré se jette du haut d’un pont dans le flot noir qui tourbillonne à ses pieds, l’instinct de la conservation, le besoin de survie reprendra le dessus et vous verrez vos néophytes nager vigoureusement vers ces rives inconnues que vous prétendiez leur interdire.