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2245. (1842) Discours sur l’esprit positif

La déplorable situation philosophique de l’élite de l’Humanité suffirait aujourd’hui pour dispenser, à cet égard, de toute discussion, puisqu’on n’y observe plus de vraie communauté d’opinions que sur les sujets déjà ramenés à des théories positives, et qui, malheureusement, ne sont pas, à beaucoup près, les plus importants, Une appréciation directe et spéciale, qui serait ici déplacée, fait d’ailleurs sentir aisément que la philosophie positive peut seule réaliser graduellement ce noble projet d’association universelle que le catholicisme avait, au Moyen Âge, prématurément ébauché, mais qui était, au fond, nécessairement incompatible, comme l’expérience l’a pleinement constaté, avec la nature théologique de sa philosophie, laquelle instituait une trop faible cohérence logique pour comporter une telle efficacité sociale. […] Érigeant ainsi la notion du progrès en dogme vraiment fondamental de la sagesse humaine, soit pratique, soit théorique, elle lui imprime le caractère le plus noble en même temps que le plus complet, en représentant toujours le second genre de perfectionnement comme supérieur au premier, D’une part, en effet, l’action de l’Humanité sur le monde extérieur dépendant surtout des dispositions de l’agent, leur amélioration doit constituer notre principale ressource : d’autre part, les phénomènes humains, individuels ou collectifs, étant de tous, les plus modifiables, c’est envers eux que notre intervention rationnelle comporte naturellement la plus vaste efficacité.

2246. (1898) La cité antique

Veille sur mes enfants qui n’auront plus de mère ; donne à mon fils une tendre épouse, à ma fille un noble époux.

2247. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

  Je le rapporte donc ici, à sa mémoire et pour l’honorer : car toute son âme, impérieusement sincère et simplement noble, est là : Le maître nous avait permis de traiter en vers un apologue, et tu avais écrit « Les deux Grands que tu lus devant la classe. […] Viélé-Griffin appuie sa revendication de la complète liberté des vers sur une phrase écrite par Théodore de Banville, vœu du noble poète des Exilés réalisé par Paul Verlaine, qui préféra pourtant au vieil alexandrin par lui délivré, le déséquilibre et le risque charmant des nombres impairs et dissonnants. […] Et il ne plut ni aux Parnassiens, ni aux Symbolistes — qui au même temps déniaient même du talent à l’auteur du noble et tendre poème Bonheur, qui venait de paraître. […] Ceci nous paraît plus noble et mieux pensé. […] Lorsque tout le Parnasse tend au soin noble et précieux du mot et de l’image, en quoi d’ailleurs il perd contact avec la réalité et la vie, Baudelaire, lui, entre avec passion dans la vie qu’il veut étrange et pantelante.

2248. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Girod de Chantrans, ancien officier du génie, forcé de quitter Besançon par suite du décret qui interdisait aux ci-devant nobles le séjour dans les places de guerre, alla habiter Novilars, château à deux lieues de là ; il emmena le jeune Nodier avec lui.

2249. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Une femme que j’ai vue à la Salpêtrière racontait, avec une précision et une conviction parfaites, une histoire d’après laquelle elle était noble et riche.

2250. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Une foule d’hommes vivants ont connu l’inventeur, dont le nom réveille constamment dans sa patrie l’idée de l’antique hospitalité, du luxe élégant et des nobles plaisirs.

2251. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Le portique, assez vaste pour contenir une foule de clients ; l’escalier de marbre blanc à rampes moulées ; la salle des gardes, presque aussi longue et aussi large que le palais lui-même ; la tribune haute qui régnait sous les corniches ; les fresques poudreuses qui décoraient le sombre plafond ; les statues de nobles Vénitiens sous leur armure, qui contemplaient les passants du fond de leurs niches autour de la salle ; le parvis négligé et humide de cette salle ; les volées de colombes qui s’y abattaient librement par les fenêtres ouvertes ; le vent de mer qui faisait tinter ces vitres, mal attachées aux châssis de plomb ; enfin le léger et mélancolique clapotement des petites vagues du canal contre les marches extérieures de l’escalier : tout cela donnait au palais de Léna une apparence et comme une odeur de sépulcre, qui imposait à tous les sens une certaine langueur molle, le caractère de la ville et des habitants.

2252. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il est à présumer, par son nom féodal et par l’indépendance de sa vie, qu’il appartenait à une famille noble.

2253. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

La femme, l’amour, toutes les folies nobles, galantes, y sont ramenées à la mesure étroite du ménage et de la dot.

2254. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Elle se dissoudra, cette argile légère Qu’ont émue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussière    Qui fut jadis un cœur.

2255. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Ainsi, d’un côté foi vraie dans le peuple, et liberté par conséquent, puisque le peuple croyait d’une croyance aussi libre que l’amour qui en était le principe ; d’autre part, ferme autorité dans le gouvernement, parce que cette autorité se fondait sur le libre assentiment des peuples et sur de nobles croyances.

2256. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Qui est-ce qui ne connaît pas Horace, le précepteur de tous les hommes dans la morale, de tous les littérateurs dans l’art d’écrire, mais le plus adroit corrupteur des grands ; le libertin et malheureux Ovide, ses Tristes, ses Fastes, ses Amours, ses Métamorphoses, son esprit, sa facilité, sa volupté ; les naïves saletés de Catulle, la douce mélancolie de Tibulle, la chaleur de Properce, la noble et vertueuse audace de Juvénal, la finesse, la bonne plaisanterie et les élégantes obscénités de Martial ?

2257. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Fielding naquit en 1707 d’une famille noble. […] La noble générosité de Fielding nous oblige à prendre parti pour lui. […] Le Milésien, le Jeune Irlandais, ont été plus heureux, et sont échus à l’esprit fin et délicat d’une femme du noble faubourg. […] J’ai pour les étalons arabes et turcomans de première et seconde espèce une estime très haute ; mais je trouve que cette noble conquête occupe un espace un peu trop large sur la scène où le voyageur s’est placé. […] Dallas, les minutieuses anecdotes du capitaine Medwin, les rien prolixes de Thomas Moore, les spirituels bavardages de lady Blessington, ont laissé surnager quelques vérités dures sur le compte du noble poète.

2258. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ce m’est toujours un sujet de consolation de voir que les romanciers de la jeune France mettent invariablement les prodigalités les plus incroyables de ce genre sur le compte de nobles étrangers. […] Il n’est pas donné à beaucoup d’écrivains de rendre justice à la grandeur morale, et de peindre dignement les nobles caractères ; car il ne suffit pas pour y réussir d’avoir une intelligence souple et un style facile, il faut, avant tout, pour cela comme pour autre chose, comprendre ce que l’on veut expliquer. […] Mais bien qu’il y ait, à mon avis, chez cet acteur une notion erronée du progrès, cette erreur prend sa source dans une noble aspiration. […] Ne craignez rien, il ne s’agit pas de ces chiffons féminins, légers, élégants, qui relèvent directement de Satan et de ses œuvres, mais de ces chiffons nobles et virils, quoique sales et usés, dont on fait le papier qui sert à faire les livres avec lesquels on fait tout. […] Il y a l’éclat d’un grand talent — soyons ménagers du mot de génie, — le souvenir de vaillantes luttes littéraires que le succès a couronnées, le prestige de l’exil, et, mieux encore, la reconnaissance des gens de bien pour la défense chaleureuse et sincère, quoique parfois un peu fastueuse, de plus d’une noble cause.

2259. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Ou bien enfin, la tragédie produit en nous quelque impression de dignité, de noblesse et de poésie : c’est que le langage n’en est pas celui de la conversation familière, mais un langage choisi, recherché, noble, et poétique par sa rareté même, — oratio gravis, cuit a, a vulgi dictione aversa. […] Aux yeux de Boileau, Malherbe a surtout excellé dans l’art de faire le vers ; et, si l’on eût un peu pressé « le législateur du Parnasse », je crois qu’il eût volontiers ajouté que l’instrument que Malherbe avait ainsi perfectionné, rendu capable de traduire et de porter la pensée, ce sont d’autres que lui qui ont su s’en servir, et l’appliquer à de plus nobles usages. […] Et la conclusion n’est pas non plus difficile à tirer : il faut retourner à la nature ; et sans prétendre à faire mieux, plus noble ou plus plaisant qu’elle, il faut l’imiter. […] L’impossibilité de concilier la raison et la foi, ce qui avait été la noble illusion du xviie  siècle, c’est Bayle qui l’a dénoncée le premier ; la tolérance, ou le droit pour tout homme, selon le mot de la Palatine, « de se faire son petit religion à part soi », c’est Bayle qui l’a enseignée le premier ; et le pouvoir enfin que la raison possède contre elle-même, ce qu’elle a de ressources, en quelque sorte, pour se détruire, c’est encore lui, dans l’histoire de la pensée moderne, qui s’en est avisé le premier. […] Thiers, sur le Charles-Quint de Mignet, sur les Évangiles, sur les Entretiens de Goethe et d’Eckermann, sur le Mystère du siège d’Orléans… Enfin, vous connaissez l’intérêt, le charme et la séduction de cette critique… Peut-être tiennent-ils surtout à ce que Sainte-Beuve a aimé passionnément son art, et qu’au lieu de se faire de la littérature, comme tant d’autres, comme Cousin ou comme Villemain, un moyen de fortune, un titre aux ministères, il l’a, jusqu’à son dernier jour, cultivée pour elle-même, comme le plus noble emploi de l’intelligence et de l’activité… Mais avant d’essayer de définir et de caractériser cette critique par des traits plus précis — ce qui sera aujourd’hui le principal objet de cette leçon, — je voudrais dire quelques mots de deux hommes qui n’ont pas fait profession de critiques, mais qui n’en ont pas moins, à mon avis, exercé quelque influence — et sur la direction générale de la critique contemporaine, et sur celle des idées de Sainte-Beuve lui-même, — en complétant ou en resserrant cette union intime de l’histoire et de la critique dont nous avons vu les commencements en parlant l’autre jour de Villemain.

2260. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Les querelles du parlement, la chasse et les combats de coqs épuisent toutes les passions de ces nobles citoyens. […] Autrefois, les jeux du théâtre comptaient parmi les plus nobles délassements ; l’admiration était courageuse et n’avait pas cette avidité de caprice que nous lui voyons aujourd’hui. […] Cette belle et noble tragédie, si simple et si sévère, si pareille dans ses majestueuses draperies, dans son attitude contenue, aux premiers âges de la sculpture Éginétique, demi-divine, demi-humaine, qu’est-elle devenue entre les mains ignorantes de ces prêtres obstinés ?

2261. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Cette mort est honorable quand la peine a un noble but.

2262. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

D’ailleurs mes sentiments pour elle sont nobles et purs, et, quand ils auront plus de calme, ils me feront trouver un bien dans ce qui m’a tant agité… » Il cherchait ce bien et cet apaisement dans la religion et dans la prière ; la Bible de sa mère était sans cesse dans ses mains ; il y trouvait des souvenirs ; il n’y puisa pas assez la résignation et la force ; il ne trouva pas non plus en lui-même la mâle et tendre impassibilité de Michel-Ange, qui, voyant dans son cercueil, couvert de fleurs, passer le visage adoré de Vittoria Colonna, s’écria : Que ne l’ai-je du moins baisée au front !

2263. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

La sérénité de son esprit, la noble gravité de sa parole, la profondeur de ses connaissances historiques et la chaleur tempérée de son enthousiasme nous ont donné une idée du caractère de Goethe, son ami.

2264. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Le plus grand monarque reconnaît son empire, et tous, autour de lui, depuis ses plus humbles serviteurs jusqu’aux nobles orgueilleux qui environnent son trône, subissent à certains moments la toute-puissance de ce sentiment.

2265. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Là où le noble, le chef vivent de la même vie, ont les mêmes idées, la même âme que le vilain ou le sujet, le problème de l’inégalité ne se pose pas.

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