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1106. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Les élèves reçoivent dans l’une des leçons dont l’utilité devient de moins en moins générale ; les leçons qu’ils reçoivent dans l’autre sont d’une nature qui reste la même. […] Les leçons sur la morale, les devoirs et la vertu, les hommes, la bonne foi, la jurisprudence usuelle sont d’une tout autre nature. […] Je ne connais guère sur la connaissance de l’homme qu’elle suppose que le petit traité d’Hobbes intitulé : De la Nature humaine, que j’ai déjà recommandé.

1107. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Là du moins il n’y a d’inégalité que celle qu’il a plu à la nature de mettre entre ses enfans ; et les forêts ne retentissent pas de cette variété de plaintes, que des maux sans nombre arrachent à l’homme dans ce bienheureux état de société. — Mais quoi ! […] Tu détruis tout, et le goût et les mœurs ; tu arrêtes la pente la plus douce de la nature. […] Voilà l’arrêt immuable de la nature.

1108. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

D’où il suit que non seulement le réel est intelligible, mais encore que cela seul est réel qui est pleinement intelligible, c’est-à-dire de même nature que l’entendement. […] Il a conscience de l’écart qu’il y a entre le simplisme naturel à l’entendement et l’énorme complexité des choses, et il en conclut que des opérations purement mentales ne sauraient suffire à nous en faire pénétrer la nature. […] Pour repenser le monde dans ce qu’il a d’explicable, c’est-à-dire et tant qu’il est semblable à l’esprit, c’est assez que l’esprit se replie sur lui-même et prenne conscience de sa nature.

1109. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

la défection du duc de Raguse à Essonnes est le développement logique et dernier de tout ce qui constituait Marmont lui-même, de tout ce qui entrait dans ce métal mêlé, mais où les qualités ne surpassaient pas les vices, dans cette nature vaniteuse et jalouse, médiocre avec beaucoup d’esprit, et finalement corrompue. […] Une des plus grandes beautés de la nature humaine sur la terre, c’est de faire son devoir les yeux en larmes et pourtant de le faire d’un cœur ferme. […] Ceux qui sont aptes de nature à recevoir le contrecoup de l’émotion voilée et contenue dans un livre, par un autre côté vibrant et sonore, saisiront bien le double accent de ce livre, et ils en seront touchés comme nous l’avons été.

1110. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Rodenbach n’est pas un poète qui laisse sans examen couler les vers de sa plume, au gré de la facilité dont la nature l’a doué. […] Ils s’avanceront beaucoup dans la connaissance de Dieu et de la nature. […] Il faut admirer en cela la nature, qui ne souffre rien d’inutile. […] Émile Mas, très typiques d’expression et de facture, et tous croqués d’après nature. […] Lui, Joson (on l’appelait ainsi), s’incline devant la cruelle nature, parce qu’il voit Dieu derrière elle.

1111. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace Vernet, de nature un peu taquine et frondeuse, fait ici une petite excursion politique où nous ne le suivrons pas. […] Le choix de la nature qu’il se plaisait à représenter m’en donne l’assurance ; car, en général, ici l’espèce est belle et élégante ; l’exception se trouve au coin des rues, et c’est là qu’il cherchait sans doute ses modèles, car ils sont encore identiques avec les pouilleux, les galeux, les teigneux, dont fourmillent nos galeries. […] Quant aux femmes je ne dis pas qu’elles aient dû et qu’elles puissent inspirer des têtes de Vierges, comme on pourrait en trouer en d’autres pays ; elles sont trop brunes, le regard trop brillant pour cela ; mais elles ont une fermeté d’expression, une démarche si distinguée, une taille si souple, qu’il devait suffire de comprendre la nature dans ce qu’elle a d’élevé pour la traduire en peinture, de manière à laisser dans la pensée du regard quelque chose de noble et de généreux. […] Le beau portrait du frère Philippe, supérieur des Écoles chrétiennes, qui eut beaucoup de succès en 1815 et depuis, avait montré qu’il avait de la sympathie pour toute nature sincère. […] je ne veux pas mourir ici, je veux mourir au soleil. » Jusqu’à son dernier mot, on put voir qu’Horace n’était pas seulement un talent, mais une nature ; et c’est à ce titre que nous nous sommes fait un plaisir et un devoir sérieux de l’étudier.

1112. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

C’est là sa note de prédilection ; poète toujours, père avant tout, c’est sa nature. […] Vient ensuite une dissertation savante, avec dates et notes, sur la nature, l’origine d’un couvent de filles, dissertation tantôt édifiante, tantôt burlesque, intitulée Picpus. […] Ce n’est pas de l’art, c’est de la nature ; mais choisir ce trait est d’un suprême artiste. […] Mais Goethe a exagéré la note ; Chateaubriand y mêle trop de lamentations mélancoliques ; Bernardin de Saint-Pierre, quoique parfait et modeste, a été obligé d’aller chercher la source des larmes dans les îles de l’océan Indien, et d’emprunter leur émotion aux plus grandes tragédies de la nature : les tonnerres, les tempêtes, les naufrages, agents de ce drame qui n’avait eu jusqu’à lui aucun modèle dans l’antiquité. […] Le jardinage était parti, et la nature était revenue.

1113. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Combien, au contraire, ne le vois-je pas attaché à la mobilité de sa nature individuelle ? […] Peut-être même Charron est-il le seul de nos moralistes : qui, nous ayant montré les diverses faiblesses de notre nature, nous ait indiqué pour chacune les moyens d’y remédier. […] Mais après la gloire de guérir qui est donnée a si peu, la plus belle consiste à nous faire connaître notre mal et les ressources de notre nature, et par ce compte de nos faiblesses et de nos forces, à entretenir jusqu’à la mort le désir et l’espoir de la guérison. […] Les ressources que Charron veut tirer de notre nature pour résister à ses imperfections, saint François de Sales les tire de la foi. […] Né parmi les grands spectacles de la nature alpestre, élevé en Italie, saint François de Sales avait la mémoire remplie de toutes ces images de la grandeur et de la bonté de la Providence.

1114. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

La distinction fondamentale entre la métaphysique et la science est donc dans leur méthode et non dans la nature de leur objet. […] Telle est la nature de notre esprit, que nous pensons comme successif ce qui dans la nature est simultané : la condition de la pensée c’est le changement. […] La nature, dans son insensible solitude, est ténèbres éternelles, et éternel silence208. […] « Quand Berkeley niait l’existence de la matière, il entendait par matière ce substratum inconnu, que Locke déclarait être une inférence nécessaire de notre connaissance des qualités, mais dont la nature doit nous rester toujours cachée. […] Sans doute nous ne pouvons penser un objet, sans le faire rentrer sous les lois de la nature, sous les conditions de notre pensée ; mais il est tout différent de dire : « Je ne puis concevoir les choses autrement, donc elles ne peuvent exister autrement. » L’idéalisme assume ici que la connaissance humaine est absolue, non relative ; que l’homme est la mesure de toute chose.

1115. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Guizot et celle de l’école positiviste à propos de la nature et des limites de la philosophie. […] Ces raisons après tout ne sont que des raisons humaines, tirées de la nature de notre intelligence et fondées sur des raisonnements tout humains. […] Le domaine de la religion est d’une tout autre nature ; c’est la vérité absolue. […] Socrate disait : « Sachez quelle est la nature et la grandeur de la divinité, qui peut à la fois tout voir, tout entendre, être présente partout et prendre soin de tout ce qui existe !  […] Dès lors, si le mal dans la nature est le résultat de certaines lois physiques nécessaires, pourquoi n’en serait-il pas de même dans l’humanité, et que devient la responsabilité héréditaire ?

1116. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

… Individuel comme les plus individuels de ce temps romantique, pour parler comme parlera l’histoire, bien plus près, par sa nature de talent, de Crabbe et de Wordsworth que d’André Chénier, Sainte-Beuve ne semblait pas alors avoir été créé pour faire étude de la muse antique, car c’est à elle qu’il devait revenir un jour, avec une intelligence qui est un hommage. […] Homère est l’homme et Virgile est la femme… Idée bien simple, mais que, pour cette raison sans doute, tous les parallèles entre Virgile et Homère ont oubliée… Sainte-Beuve lui-même, qui darde si bien sa lancette dans la veine des sujets dont il veut nous faire voir le sang, Sainte-Beuve a omis comme les autres cette différence de sexe, dans la même nature de génie, qui pose d’un trait le rapport à établir entre Homère et Virgile et que la Critique a toujours manqué ! […] Pour être toujours prêt à faire le décompte des misères de position et des faiblesses de toute nature qui se mêlent à nos œuvres comme des pailles à l’acier, pour avoir été casuiste à ses heures et avoir entendu les formulaires de Port-Royal, Sainte-Beuve méritait-il pour cela d’être accablé, par des ours aux regrets, de cet immense pavé qu’on lui jette à la tête d’une faculté inouïe qui fut la gloire spéciale de Shakespeare, de Walter Scott et de Balzac ? […] Chose même particulière à sa nature, c’est ce que nous avons de plus petit en nous qui était le plus grand en lui : l’amour-propre. […] mais c’est un Trissotin ; et de fait, Sainte-Beuve l’était de nature, à travers son esprit et son goût, et il l’était tellement qu’un jour il disait devant moi à une pâtissière, chez laquelle il était entré pour manger des gâteaux : « Madame, aimez-vous les vers ?

1117. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

En ta pensée Se dresse tout d’abord son image glacée : Tu vois d’avance au loin les bois découronnés, Dans chaque arbre un squelette aux longs bras décharnés ; Plus de fleurs dont l’éclat au jour s’épanouisse ; Plus d’amoureux oiseaux dont le chant réjouisse ; La Nature au linceul épand un vaste effroi. —  Pour toi quand tout est mort, ami, tout vit pour moi : Ce déclin que l’Automne étale avec richesse Me parle, à moi, d’un temps de fête et d’allégresse, Du meilleur des saints jours, — alors qu’heureux enfants, Sur les bancs de la classe, en nos vœux innocents, Les feuilles qui tombaient ne nous disaient encore Que le très-doux Noël et sa prochaine aurore. […] Pour moi, ces douces pentes Me peignent le retour des natures contentes, L’heureux soir de la vie, — un esprit calme et sûr Qui, pour la fin des ans, réserve un fruit plus mûr ; Dans un œil languissant je crois voir l’étincelle, Un céleste rayon d’espérance fidèle, La jeunesse du cœur et la paix du vieillard. —  Tout, pour toi, dans ce monde est ténèbres, hasard : Un grand principe aveugle, un mouvement sans cause Anime tour à tour et détruit chaque chose ; Par tous les éléments, sous les eaux, dans les airs, Chaque être en tue un autre : ainsi vit l’Univers ; Et dans ce grand chaos, bien plus chaos lui-même, L’homme, insondable sphinx, ajoute son problème, Crime et misère, en lui, qui se donnent la main ; La douleur ici-bas, et point de lendemain. —  Oh !

1118. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

On fait table rase de tout ce qu’on avait dans l’âme, et on la présente blanche et nette de toute empreinte, à la main mystérieuse de la nature qui y gravera son caractère. […] C’est là vraiment l’état de paralysie volontaire où l’on se met par le désir de laisser parler en soi la nature, et, loin de s’inquiéter de produire si peu, il faudrait plutôt s’émerveiller de produire encore quelque chose.

1119. (1897) Aspects pp. -215

Combattez chaque jour votre mère la nature ; arrachez lui ses forces. […] Puis il se veut tout recueilli parmi la nature. […] Il sent la nature. […] … Le retour à la nature. « Rien n’est admirable hors de la nature ! 

1120. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Ce n’est que la nature même de l’accusation qui nous interdit de reproduire ici les textes. […] Qu’est-ce, en effet, que la nature dans des civilisations raffinées comme la nôtre ? […] Marivaux est à la recherche de la nature et travaille d’après le modèle vivant. […] Mon cœur s’épanouit en voyant en vous un ami que la nature me donnait. […] Peut-être savez-vous sa façon d’admirer la nature : « Ma Sophie !

1121. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

En sorte qu’à chaque moment on peut considérer le caractère d’un peuple comme le résumé de toutes ses actions et de toutes ses sensations précédentes, c’est-à-dire comme une quantité et comme un poids, non pas infini2, puisque toute chose dans la nature est bornée, mais disproportionné au reste et presque impossible à soulever, puisque chaque minute d’un passé presque infini a contribué à l’alourdir, et que, pour emporter la balance, il faudrait accumuler dans l’autre plateau un nombre d’actions et de sensations encore plus grand. […] Car l’homme n’est pas seul dans le monde ; la nature l’enveloppe et les autres hommes l’entourent ; sur le pli primitif et permanent viennent s’étaler les plis accidentels et secondaires, et les circonstances physiques ou sociales dérangent ou complètent le naturel qui leur est livré. […] Qu’est-ce qu’une philosophie sinon une conception de la nature et de ses causes primordiales, sous forme d’abstractions et de formules ? Qu’y a-t-il au fond d’une religion et d’un art sinon une conception de cette même nature et de ces mêmes causes primordiales, sous forme de symboles plus ou moins arrêtés et de personnages plus ou moins précis, avec cette différence que dans le premier cas on croit qu’ils existent, et dans le second qu’ils n’existent pas ? […] D’ailleurs, il y a cela de particulier dans cette civilisation, qu’outre son développement spontané, elle offre une déviation forcée, qu’elle a subi la dernière et la plus efficace de toutes les conquêtes, et que les trois données d’où elle est sortie, la race, le climat, l’invasion normande, peuvent être observées dans les monuments avec une précision parfaite ; si bien, qu’on étudie dans cette histoire les deux plus puissants moteurs des transformations humaines, je veux dire la nature et la contrainte, et qu’on peut les étudier sans incertitude ni lacune, dans une suite de monuments authentiques et entiers.

1122. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Ils trouvent la société souvent inverse de la nature ; ils se vengent en la méprisant. […] Machiavel ne l’eût pas mieux conseillé que sa nature. […] Ce n’était pas leur faute, c’était leur nature. […] Les natures se combattaient en dépit des volontés. […] L’esprit et le cœur, la logique et la nature y ont chacune leur rétribution.

1123. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Ainsi tous les raisonnements que l’on peut faire sur un état antérieur à la société sont inadmissibles, puisque cet état serait contraire à la nature et à la destination de l’homme. Nous n’avons pas besoin d’hypothèse là où il y a un fait constant et historique, là où la nature et la force des choses s’expliqueraient encore au défaut des faits, si les faits n’existaient pas. […] Un philosophe matérialiste a prétendu que la nature avait procédé par ébauches successivement perfectionnées. […] Depuis que la nature est observée nous ne voyons pas qu’aucune espèce ait franchi la barrière qui a été fixée dès l’origine ; car, dès l’origine, Dieu avait vu que cela était bien, comme s’exprime le plus ancien historien, Moïse. […] Là, il est à la fois ingénieux, éloquent, parfait coloriste ; et ses hypothèses, il les puise dans la nature même des choses.

1124. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Matérialiste, il est vrai, à l’œil borné, de cela seul qu’il est matérialiste, — car s’il ne l’était pas, il aurait, de nature, le regard étendu : il est très capable de voir grand, — matérialiste, M.  […] … Ces lettrés, ces phraseurs, ces beaux-fils de l’Histoire politique qui s’imaginent que tout est dans la politique, se soucient peu de la nature humaine que leurs théories méconnaissent. Aussi doivent-ils être cruellement démoralisés par cet anatomiste inattendu, qui, lui, dans une histoire si nouvelle, vient combler l’épouvantable lacune qu’a laissée, dans les leurs, la nature humaine oubliée. […] La Bête humaine, que des siècles de Christianisme avaient apprivoisée et adoucie, a repris sa nature de bête. […] Et, au fait, c’est si bien là une loi de la lâche nature humaine que la majorité se laisse toujours tuer, même sans se défendre, et qu’elle tend toujours passivement la gorge au bourreau qui va l’égorger !

1125. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Balzac, qui est devenu si sérieux, qui s’est épuré en montant, qui est devenu le calme et l’impartial observateur de La Comédie humaine et cette grande tête d’ordre et d’autorité que les désordonnés d’esprit nient encore comme ils nient l’ordre dans la nature, Balzac avait dans le sang, et plus que personne puisqu’il était un génie français, cette goutte de lait maternel, cette propension au rire, à la comédie, à la gaîté qui touche aux larmes, tant sa force épuise vite la nature humaine ! […] Balzac a dit suprêmement bien que, pour lire son livre, il fallait de la pureté de cœur, et c’est peut-être ce qu’il y a de mieux à dire de tous les livres où la passion est vivement montrée, cette passion d’ailleurs inévitable, car sans elle l’art, qui prend son point d’appui et son assise dans la nature humaine, n’existerait plus. […] Si nous voulons nous rendre compte de nos différents ordres d’impressions, le drolatique n’est pas le fantastique, mais il y touche par le côté heureux et dilaté de la nature humaine. […] Qu’était l’oripeau historique quand il s’agissait de faire voir, comme Balzac la voyait sous la loupe grossissante de son observation drolatique, cette nature humaine à deux masques, comique et tragique tout ensemble, mais plus comique que tragique encore, comme toujours ? […] Le sentiment chrétien pénètre cette généreuse nature, apte à recevoir dans son giron tout ce qui est noble, chaste et grand, ce bon génie aussi chaud et aussi délicat qu’un bon cœur !

1126. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Ainsi, jamais lasse, la nature travaille. […] … Tu voudrais me détourner vers l’obscène nature. […] — Pendant mon sommeil, j’ai ouï une voix aigre maudire la nature. […] Toute la sainte nature me raconte sa magnificence. […] Tout ce qui était selon ma propre nature, il l’a développé, fortifié.

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