Moréas, qui frise la cinquantaine, qui a traversé outre des mers et des nations, les marais du Décadentisme, du Symbolisme et du Romanisme, pour venir jusqu’à nous, qui a fait se méprendre sur son compte tant de monde et lui-même, nous apporte-t-il ces Stances si humaines, si pures, si élevées, qu’elles en sont divines ?
Il confirme ce que les orientalistes intelligents de l’Europe ont souvent dit : c’est que l’Afghanistan est de toute l’Asie, le Japon excepté, le pays qui présente le plus d’éléments constitutifs de ce que nous appelons une nation.
Diderot dans les esprits frivoles de la Nation, & dans les esprits trop crédules des Etrangers.
Parmi le petit nombre d’hommes de génie de notre Nation, qui ont cultivé la Philosophie, il a la gloire de n’avoir à se reprocher que les erreurs attachées à la foiblesse de l’esprit humain.
Je ne sçai par quelle fatalité tous les grands poëtes des nations modernes s’accordent à mettre ce que les anciens ont composé si fort au-dessus de ce qu’ils composent eux-mêmes.
∾ « Commune, Département, Église, École, ce sont-là, dans une nation, à côté de l’État, les principales sociétés qui peuvent grouper des hommes autour d’un intérêt commun et les conduire vers un but marqué : d’après ces quatre exemples, on voit déjà de quelle façon, à la fin du xviiie siècle et à la fin du xixe , nos politiques et nos législateurs ont compris l’association humaine.
Le roi se considérerait comme le successeur de ses aïeux, le maître légitime de son peuple ; les nobles se pavaneraient de leur noblesse, et seraient privilégiés ouvertement ou en secret ; les prêtres entretiendraient la nation dans l’ignorance ; un pacte s’établirait entre tous ces vieux débris de l’ancien régime et l’aristocratie de la richesse ; et cependant le peuple, le peuple immense, travaillerait pour nourrir l’oisiveté, livré lui-même héréditairement à l’immoralité, à l’abrutissement, à la misère. […] Mais vous n’avez pas réalisé l’égalité proclamée ; donc je n’ai pas même ce souverain abstrait que vous appelez, tantôt, par un mensonge, la nation ou le peuple, et tantôt, par une autre fiction, la loi. […] Il est évident qu’en un siècle et demi le mal a été sans cesse croissant ; il semble aujourd’hui envahir la nation tout entière. […] Mais ce n’est pas seulement la situation des masses profondes et obscures de la nation qui frappera alors d’étonnement et de pitié : la triste situation de cette petite couche d’aristocratie bourgeoise qui couvre et cache tout le reste, n’inspirera pas moins d’étonnement et de commisération. […] on en est arrivé à croire qu’il est utile à une nation, et même qu’il serait utile au genre humain tout entier d’employer un système uniforme de poids et de mesures, et en même temps à ne pas sentir qu’il y ait besoin pour une nation, que dis-je ?
Je crois fermement qu’il vit, dans les profondeurs de la nation, plus vivace et plus fort que jamais. […] Cette nation, longtemps accablée, saturée de prose mauvaise et qui, sous l’amoncellement des vilaines paperasses, semblait ne plus remuer, cette nation a vécu par miracle, sans littérature nationale. […] On éprouve à peu près ce même sentiment, très troublant et composite, en voyant fleurir les gentillesses littéraires du dilettantisme sur les ruines d’une nation. […] Yourghi se disait que, de tous les peuples, la nation albanaise est la plus noble et qu’il n’y a pas au monde de montagne plus haute que les cimes neigeuses du Planina Wrida. […] n’y aura-t-il donc jamais un temps béni où l’on pourra s’aimer et être heureux, sans savoir à quelle nation on appartient, et s’il faut se haïr au nom de l’histoire !
interea patitar justus : la pauvre nation, victime innocente, est livrée, comme Prométhée, au bec éternel des vautours. » Ces phrases contrarient en un point ce qu’a dit M.
. — Comme les héros des chansons de gestes voyaient le monde divisé en deux camps : les chrétiens, qui sont les bons, et les païens, qui sont les méchants ; ou comme saint Ignace, dans un de ses « exercices », partage l’humanité en deux armées : celle du bien et celle du mal, ou celle des amis des Jésuites et celle de leurs ennemis, ainsi pour l’esprit révolutionnaire la nation se divise exactement en prolétaires et en bourgeois.
Tandis que la tradition burlesque régnait presque souverainement sur la scène italienne, et que les types, inventés une fois pour toutes, y reproduisaient chaque ridicule dans son expression générale, nos bouffons ne perdaient pas l’habitude de regarder autour d’eux, de peindre sur le vif un caractère particulier, de saisir l’actualité au passage, d’exercer enfin l’esprit observateur et satirique propre à la nation.
La bienséance du langage serait une loi du goût, quand elle ne serait pas une règle de morale, et c’est par cette raison que la bienséance peut être respectée au plus haut point chez une nation où la corruption des mœurs est portée au dernier excès.
Il n’y avait là ni ces tableaux des troubles des nations, ni ces développements des affaires publiques, qui soutiennent la voix de l’orateur.
L’inondation des nations barbares qui se répandoient dans tout l’empire, ôtoit au peuple des païs désolez le moïen de faire la dépense des spectacles.
L’idée d’une organisation du travail dans le monde, qui favoriserait les ouvriers français, qui donnerait aux ouvriers des autres nations des contremaîtres et des ingénieurs français, est aussi contraire à la pensée de nos socialistes que le régime capitaliste.
Et le bilinguisme de la Belgique ne l’empêche pas d’être une nation, individuelle et originale. […] Nul n’a le droit de toucher aux nations qui tiennent à vivre. […] Je crois bien qu’à des centaines de siècles en arrière, la nature et l’homme bâtissaient déjà les assises qui portent la nation. […] Émile Verhaeren signa longtemps la chronique artistique à L’Art moderne et à La Nation. […] Son Histoire de la Belgique s’élève comme le premier monument en l’honneur de la nation belge.
Tout voisin de la Révolution, puisqu’il était né en 1799, il savait, par des témoignages directs, à quels excès destructeurs le vertige des idées peut entraîner une nation, par ailleurs policée. […] Députés, généraux, diplomates, administrateurs, tous les chefs pensent de même, ils sont en accord complet avec la nation, et les épisodes que raconte M. […] Cette obéissance dans la hiérarchie est une de ces vertus que j’appelais tout à l’heure essentielles, et que l’armée maintient dans la nation. […] La République française a prêté trop d’argent à la Turquie, le gouvernement impérial, l’Autriche et la Roumanie ne peuvent pas embrasser le parti de l’Islam contre des nations chrétiennes. […] Cette tyrannie d’une nation de proie serait une barbarie nouvelle.
Mon doigt du peuple errant a guidé les passages ; J’ai fait pleuvoir le feu sur la tête des rois ; L’avenir à genoux adorera mes lois ; Des tombes des humains j’ouvre la plus antique, La mort trouve à ma voix une voix prophétique, Je suis très grand, mes pieds sont sur les nations, Ma main fait et défait les générations. — Hélas ! […] Vous les tuez, en leur refusant le pouvoir de vivre selon les conditions de leur nature. — On croirait, à vous voir en faire si bon marché, que c’est une chose commune qu’un Poëte. — Songez donc que lorsqu’une nation en a deux en dix siècles, elle se trouve heureuse et s’enorgueillit. […] Or la multitude seule multiplie le salaire ; et, dans les plus belles des nations, la multitude ne cesse qu’à la longue d’être commune dans ses goûts et d’aimer ce qui est commun. […] les nations manquent-elles à ce point de superflu ? Ne prendrons-nous pas, sur les palais et les milliards que nous donnons, une mansarde et un pain pour ceux qui tentent sans cesse d’idéaliser leur nation malgré elle ?
Deux cents ans de ce mélange du sang caucasien avec le sang tartare ont créé la plus belle et la plus élégante nation qui soit sur le globe. […] Le roi y étant entré sur les neuf heures, et toute la cour, au nombre de plus de trois cents personnes, on vit entrer dans la place, par le coin oriental, l’ambassadeur des Lesqui: c’est une nation tributaire de la Perse, qui habite un pays de montagnes, aux confins du royaume, vers la Moscovie, proche de la mer Caspienne. […] Enfin, le conseil royal ordonna qu’on informerait la chose chez les Anglais, chez les Portugais et chez les Hollandais, et que s’il se trouvait qu’on eût jamais fait grâce de ce droit à quelque ambassadeur ou envoyé de ces nations-là, on la ferait aussi à cet envoyé. On fit venir les interprètes de ces nations, et on fit apporter les registres du receveur des présents. […] Des manières grossières et insolentes envers les étrangers et les chrétiens caractérisent les Turcs ; celles des Persans, au contraire, honoreraient toute nation civilisée, etc. » Voyage du Bengale en Perse, t.
Toutes les sphères s’agrandissent ; la famille devient tribu, la tribu devient nation. […] Cependant les nations commencent à être trop serrées sur le globe. […] Les événements, chargés de ruiner l’ancienne Europe et d’en rebâtir une nouvelle, se heurtaient, se précipitaient sans relâche, et poussaient les nations pêle-mêle, celles-ci au jour, celles-là dans la nuit. […] Il se joue dans les rêves des nations tudesques, et en même temps vivifie de son souffle ces admirables romanceros espagnols, véritable Iliade de la chevalerie. […] Vous le deuez, et pour vostre gloire en particulier, et pour celle de nostre nation en général, qui s’y trouue intéressée : veu que les estrangers qui pourroient voir ce beau chef-d’œuure, eux qui ont eu des Tassos et des Guarinis, croyroient que nos plus grands maistres ne sont que des apprentifs. » Il y a dans ce peu de lignes instructives toute la tactique éternelle de la routine envieuse contre le talent naissant, celle qui se suit encore de nos jours, et qui a attaché, par exemple, une si curieuse page aux jeunes essais de lord Byron.
Mais s’il n’y a rien de plus juste, ils feraient bien de considérer qu’un système de pénalités, quelle qu’en soit la force, ne suffira jamais à sauver les nations : vint nullarn pœnarum futuram tantam qitæ conservare respublicas sola possit . « La crainte, comme l’enseigne excellemment saint Thomas, est un fondement infirme. » Vienne l’occasion qui permet d’espérer l’impunité, ceux que la crainte seule a soumis se soulèveront avec d’autant plus de passion contre leurs chefs que la terreur les avait jusque-là contenus avec plus de violence. […] Les pauvres, au même titre que les riches, sont de par le droit naturel des citoyens, c’est-à-dire du nombre des parties vivantes dont se compose, par l’intermédiaire des familles, le corps entier de la nation, pour ne pas dire qu’en toutes les cités ils sont le grand nombre… Comme donc il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens, et d’en négliger l’autre, il devient évident que l’autorité publique doit prendre les mesures voulues pour sauvegarder le salut et les intérêts de la classe ouvrière… Pour ce qui est des intérêts physiques et corporels, l’autorité publique doit tout d’abord les sauvegarder, en arrachant les malheureux ouvriers aux mains de ccs spéculateurs qui, ne faisant point de différence entre un homme et une machine, abusent sans mesure de leurs personnes pour satisfaire d’insatiables cupidités. […] Et d’autre part, il est évident pour tous combien serait imparfaite la protection donnée au travail des ouvriers si elle l’était par des lois différentes que chaque peuple élaborerait pour son compte, car les marchandises diverses venues de divers pays se rencontrant sur le même marché, certainement la réglementation imposée ici ou là au travail des ouvriers aurait cette conséquence que les produits de l’industrie d’une nation se développeraient au préjudice d’une autre. […] L’esprit peut à peine concevoir le souffle puissant qui saisirait soudain toutes les nations, alors que la paix et la tranquillité seraient bien assises ; que les lettres seraient favorisées dans leurs progrès ; et que, parmi les agriculteurs, les ouvriers, les industriels, il se fonderait sur les bases chrétiennes que nous avons indiquées, de nouvelles sociétés capables de réprimer l’usure, et d’élargir le champ des travaux utiles : quarum ope vorax reprimatur usura, et utilium laborum campus dilatetur . […] Je ne parle pas ici, ni pour le moment, du fond de l’article : je n’en retiens que la conclusion : « Nous voyons chaque jour comment l’application des doctrines scientifiques à l’industrie accroît continuellement la richesse et la prospérité des nations… L’application des mêmes doctrines diminue sans cesse les douleurs… et augmente la durée moyenne de la vie.