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451. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

On avait pour moi de l’affection et des bontés touchantes ; ma douleur intéressa, et je réussis à ramener le calme. » Aussi, lorsque le lundi 25 mai, après un mois de séance et de secrétariat à l’Archevêché, Bailly se rendit dans la salle des États généraux à Versailles avec les autres députés de Paris, il sentit qu’il changeait de milieu et comme de climat : J’entrai dans cette salle avec un sentiment de respect et de vénération pour cette nation que je voyais réunie et assemblée pour la première fois ; j’éprouvai peut-être un sentiment de peine de m’y sentir étranger et inconnu. […] Le lendemain même de cette fête rurale, craignant d’après un avis reçu de Versailles d’avoir à soutenir une lutte au sujet de la présidence de l’Assemblée avec les présidents ou doyens particuliers des deux autres ordres, et résolu de ne rien céder des droits du tiers état, c’est-à-dire de la nation qui, en définitive, les absorbait tous, il cherche quelqu’un à consulter pour se fortifier dans ses résolutions : et tous les députés étant dispersés, il ne voit rien de mieux que d’aller faire part de ses honnêtes pensées au duc d’Orléans, qui était alors au Roule : J’avoue ici avec simplicité mon ignorance. Bien neuf à toute intrigue, bien peu instruit des manœuvres qui devaient incessamment éclater, je l’étais encore moins de la part qu’on lui en a attribuée : j’avais admiré, quand il passa avec la minorité de son ordre, et sa popularité qui trouvait la nation dans les Communes, et son zèle pour la chose publique qui le portait à la réunion ; je voyais alors en lui le premier de la noblesse des États, et je le jugeai le plus propre à m’éclairer et à me dire jusqu’à quel point je pouvais soutenir les droits contre les prétentions.

452. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Frédéric était un grand homme, de ceux en qui réside et se personnifie la force et la destinée d’une nation ; le prince Henri, tel qu’il ressort à nos yeux de la correspondance qu’on vient de publier et des divers témoignagnes, me paraît un prince raisonneur, réfléchi, méthodique, quelquefois jusqu’au bizarre et au minutieux, ombrageux, susceptible, capable d’envie, fastueux, aimant la montre, ne haïssant pas d’être trompé, ayant une forte teinte de la sensibilité et de la philanthropie de son siècle ; avec cela de la justesse par places, de la mesure habile, de la combinaison, de l’adresse, des parties ingénieuses ; mais grand homme, c’est beaucoup dire : il n’est grand en rien, il n’a rien d’héroïque ; c’est un esprit distingué et un guerrier de mérite. […] Il contribue bientôt après au gain de Rosbach (5 novembre), et dans cette journée de triste renom, blessé lui-même, il a pour les vaincus et pour les blessés ennemis de ces attentions et de ces égards délicats qui lui seront comptés avec usure par une nation qui n’est jamais plus reconnaissante que quand elle a à s’acquitter envers de généreux adversaires. Le prince Henri regrettait que la Prusse eût renoncé à l’alliance avec la France ; il pensait que la politique de sa nation et son salut en cette crise étaient de revenir au plus tôt à cette paix avec nous.

453. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Elle est de la religion politique de Burke qui ne concevait pas que dans une nation de galants hommes, dans une nation d’hommes d’honneur et de chevaliers, dix mille épées ne sortissent pas de leurs fourreaux à l’instant, pour venger une noble reine de l’insulte, ne fût-ce que de l’insulte d’un seul regard. […] Le roi en a mal usé toute sa vie avec lui ; mais il est son cousin, et il feindra une maladie pour rester chez lui, samedi, jour de l’appel nominal qui doit décider du sort du roi. » — « Alors, monseigneur, dis-je, je suis sûre que vous n’irez pas à la Convention mercredi ; je vous en prie, n’y allez pas. » Il répondit qu’il n’irait certainement pas, qu’il n’en avait jamais eu le projet, et il me donna sa parole d’honneur qu’il ne s’y rendrait pas ce jour-là, ajoutant que, quoique, selon lui, le roi eût été coupable en manquant de parole à la nation, rien ne pourrait le contraindre, lui, son parent, à voter contre Louis XVI.

454. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

C’est à la nation tout entière à rougir des malheurs qui n’ont cessé d’accabler l’auteur de la Marseillaise. […] L’homme qui a fait la Marseillaise, envers qui la nation est ingrate, et dont la vieillesse n’est secourue et (qui mieux est) consolée que par celui qui possède toute la faveur de la popularité, n’est-ce pas bien ? […] Nous serions, en vérité, la plus légère et la plus ingrate des nations, si Béranger était un sujet qu’il ne fallût désormais aborder qu’en hésitant, et pour lequel on eût à demander grâce.

455. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il s’adressa dans sa haute et froide impartialité à toutes les nuances, à toutes les couleurs d’opinions qui s’étaient dessinées depuis 1789 jusqu’au 18 brumaire, sans en exclure aucune, au côté droit comme au côté gauche des diverses Assemblées qui s’étaient succédé : il convenait pourtant que les Constituants lui donnaient plus de mal que d’autres à réduire et à employer ; les Conventionnels lui en donnèrent moins : ils avaient été amenés à comprendre mieux que les premiers que la liberté n’est pas tout, que le salut public doit passer même avant les principes, et que dans la vie des nations il y a telle chose qu’on ne saurait supprimer, le gouvernement avec ses nécessités à certaines heures. […] si les circonstances n’ont pas permis au Gouvernement de guérir entièrement les plaies de la nation qui saignent encore, bien loin de l’en blâmer, c’est à nous de louer sa profonde sagesse qui ne met des bornes à ses bienfaits que pour nous en assurer la jouissance. […] Les Anglais vainqueurs reconnurent qu’ils avaient rencontré sur cet élément des adversaires et une nation.

456. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

La France le lui eût-elle pardonné alors, et ne fut-elle pas sa complice dans cette paix, grosse de périls futurs, qu’il dicta moins encore en son propre nom qu’au nom de la nation personnifiée tout entière en lui ? […] Et pour ne parler que de la paix de Lunéville et de ce qui a suivi, n’est-ce donc rien que d’avoir si efficacement préludé à la délivrance de l’Italie, d’avoir préparé, à l’abri d’une royauté hasardée, mais provisoirement tutélaire, cette unité, cette résurrection politique d’une nation ? […] La nation française est fibreuse, disait Napoléon.

457. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Toute la vie suprasensible, toute l’âme d’une nation. […] La religion, le livre sacré des peuples primitifs, est l’amas syncrétique de tous les éléments humains de la nation. […] La France est la première des nations, parce qu’elle est le concert unique résultant d’une infinité de sons divers.

458. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Mais si la société a changé et s’est améliorée dans quelques-unes de ses conditions réelles, le caractère de la nation n’a point changé, et ce caractère a été parfaitement connu et décrit par Mallet du Pan, qui, en sa qualité d’étranger, était plus sensible qu’un autre aux légèretés, aux imprévoyances et aux inconstances françaises. […] La paix, comme qu’elle fût donnée (c’est une locution genevoise, mais la pensée est bonne), comblerait de joie la nation. […] Lorsque Genève fut annexée à la France (avril 1798), trois Genevois furent, par le traité de réunion, déclarés à jamais privés et exclus de l’honneur d’appartenir à la nation française, et nommément à leur tête Mallet du Pan.

459. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 325

On lui doit un Recueil précieux de Livres Chinois, & la premiere Traduction des principaux Ouvrages de Confucius, qu'il fit faire sous ses yeux, par un homme de cette Nation, qu'il attira à Paris dans cette vûe.

460. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Chaque nation possède une âme générale qui se dégage des individus composant cette nation, qui circule et plane invisible, intangible, et qui cependant dénote sa présence par des actes matériels. […] Le caractère d’une nation est une chose que l’on sent plutôt qu’on ne la voit, une chose qui tient le milieu entre une conception de l’esprit et une réalité matérielle, qui est impersonnelle et qui agit cependant par les individus, qui n’existerait pas sans la nation et qui en est pour ainsi dire indépendante. […] Elle dormait tout entière chez ces barbares, cette Angleterre moderne, objet d’étonnement pour toutes les nations. […] Le sentiment de la dépendance à laquelle la pauvreté soumet l’homme augmente encore chez cette indépendante nation l’admiration de la richesse. […] Voilà le vrai caractère de la nation, l’unité qui réunit en un faisceau toutes ses contradictions.

461. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 227

Les Ouvrages de celui-ci annoncent le Citoyen jaloux de la gloire de sa Nation, autant qu’un Littérateur formé par l’étude des bons modeles.

462. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Challe » p. 254

Cet artiste, Hessois de nation, est le premier graveur de l’Académie.

463. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ils eurent la témérité d’afficher hautement la prétention de la France à l’hérédité de la couronne d’Écosse, en confondant les armoiries des deux nations sur les écussons de la jeune reine. […] Les lords qui gouvernaient le royaume en son absence et le parti presbytérien de la nation la virent arriver avec répugnance. […] Elle fit insinuer à Marie Stuart qu’un tel mariage cimenterait entre elles une éternelle amitié et serait agréable à la fois aux deux nations. […] Il se retira dans l’estime des nobles et dans la sévère popularité de la nation. […] Réconciliée avec Darnley qu’elle méprisait de plus en plus, servie par Murray qui lui ramenait la nation, elle accoucha, le 17 juin suivant, du fils qui devait un jour régner sur l’Angleterre.

464. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Voltaire, dans le roman de l’Ingénu, fait dire à son héros, à propos de l’histoire ancienne : « Je m’imagine que les nations ont été longtemps comme moi, qu’elles ne se sont instruites que fort tard, qu’elles n’ont été occupées pendant des siècles que du moment présent qui coulait, très peu du passé, et jamais de l’avenir. » Rien n’est plus vrai de notre littérature, et en particulier de notre théâtre, jusque vers le milieu du seizième siècle. […] Cette singulière beauté du théâtre ne se forme que lentement : c’est le dernier, c’est peut-être le plus beau développement littéraire d’une grande nation. […] Le jour où le grand Corneille cesserait d’être populaire sur notre théâtre, ce jour-là nous aurions cessé d’être une grande nation. […] De même que rien ne plaît plus à notre nation que l’idéal d’héroïsme qui brille dans ces pièces, rien n’effarouche plus sa délicatesse et son goût que l’inégalité dans les ouvrages de l’esprit. Quelques réflexions, qui n’ôteront rien à la gloire de Corneille, sont nécessaires sur ce point, soit pour justifier le goût de la nation, soit pour apprécier l’espèce d’autorité que voudraient tirer des défauts do Corneille certaines innovations téméraires dans le poème dramatique.

465. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 178

Parole qui caractérise l’esprit d’un Gouvernement vraiment sage, & que les Princes ne sauroient trop répéter, pour l’encouragement de ceux qui ne craignent pas de s’élever contre l’erreur & l’iniquité, les plus redoutables ennemis des Rois & des Nations.

466. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 464

Quelques-unes de ses petites Pieces respirent un enjouement & une gaieté bien plus analogues au génie & au goût de la Nation, que tant de dolantes Jérémiades ou de vaporeuses Epîtres philosophiques, dépourvues même du mérite de la versification.

467. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 306

Cet Ouvrage, dont le style a vieilli, annonce un Critique consommé dans l’étude des Auteurs Grecs & Latins, & donne à l’Auteur le droit de figurer à la tête de tous les Mythologues qu’a produits notre Nation, sans en excepter le savant Abbé Bannier.

468. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 341

Sa Littérature étoit des plus étendues ; il possédoit les Auteurs de toutes les Nations, & ses Ouvrages sont un répertoire d’Anecdotes aussi piquantes qu’instructives.

469. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 449

Ils le regardent comme un des plus habiles Physiologistes qu’ait produits notre Nation, malgré son penchant aux idées paradoxales, malgré ses satires & ses injustices contre le célebre Frere Côme, qui ne lui a répondu qu’avec honnêteté & par de nouveaux succès.

470. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 54

A ce dernier égard, on le place parmi les premiers Astronomes de notre Nation.

471. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 305

Nous avons de lui un Traité sur l’Origine des François, où tous les Historiens, ses successeurs, ont puisé la plus grande partie de ce qu’ils nous ont donné sur les Antiquités de la Nation.

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