Quand la destinée d’une nation est dans la chambre à coucher d’une maîtresse, la meilleure place pour l’historien est dans le cabinet. […] Mais déjà la nation élevait la voix, les questions les plus sérieuses de l’ordre social étaient soulevées, et les réformes réclamées hautement.
Si, en passant à leur tour par cette route lente et difficultueuse qu’elle a glorieusement parcourue la première, les pays voisins nous offrent une répétition affaiblie du spectacle consommé chez nous ; si, dans les moyens, dans les arguments, il y a de leur part emprunts et redites, nous devons leur en savoir gré et redoubler envers eux de faveur, laissant de côté la prétention puérile d’auteurs originaux, et heureux, comme nation, de voir nos principes se répandre et triompher. […] Bœrne, quoique moins considérables, sont plus aimables assurément et plus faits pour servir de lien libéral entre les deux nations.
Il est plus essentiel de remarquer que ce ne fut qu’après vingt années d’étude & de réflexions des voyages dans presque toutes les parties de l’Europe, que M. de Montesquieu osa prendre sur lui d’instruire les Hommes, & de s’ériger en Législateur des Nations. […] Autant l’esprit lumineux, méthodique & profond est au dessus de l’esprit superficiel, inconséquent & badin, autant le Législateur des Nations paroîtra au dessus du Peintre Historien de leurs mœurs, qui semble n’en avoir tracé le tableau, que pour amuser & tromper le Lecteur, au lieu de l’instruire.
Ces figures du langage, ces créations de la poésie, ne sont point, comme on l’a cru, l’ingénieuse invention des écrivains, mais des formes nécessaires dont toutes les nations se sont servies à leur premier âge, pour exprimer leurs pensées. […] Corollaires relatifs aux caractères poétiques employés comme signes du langage par les premières nations.
Cette Nation Suédoise, jadis si célèbre par ses exploits, et qui conserve encore les grandes qualités que ses ancêtres ont manifestées, chérit en Vous le présage de sa gloire. Vous respectez les droits de cette Nation, Monseigneur, par penchant et par conscience, et l’on Vous a vu, dans plusieurs circonstances difficiles, aussi fier des barrières constitutionnelles, que d’autres en seraient impatients. […] Aucune nation n’aime à se hasarder autant que les Anglais, et d’un bout du monde à l’autre, de la chute du Rhin aux cataractes du Nil, si quelque chose de singulier et de dangereux a été tenté ; c’est par un Anglais. […] Il y a des exemples de Suicide chez la nation Française, mais ce n’est d’ordinaire, ni à la mélancolie du caractère ni à l’exaltation des idées, qu’on peut les attribuer. […] Quelle patrie ne verrions-nous pas renaître si c’était la nation qui disposât d’elle ?
Le respect de la nation pour la loi avait soutenu Jacques II trois années malgré lui-même, et l’Angleterre, poussée à bout, l’avait moins renversé qu’elle ne l’avait laissé tomber. […] Il y a dans chaque nation une portion d’enthousiasme qui a besoin de s’épancher quelque part ou de mettre tout en feu22. […] Mais la nation qui maintenait l’équilibre entre les deux partis, et qui leur prêtait tour à tour sa force, ne voulait ni de l’un ni de l’autre excès, et renversait à temps ceux qui prétendaient l’y conduire. […] There is a portion of enthusiasm assigned to every nation which if it has not proper objects to work on, will burst out and set all in a flame. […] Travels into several remote nations of the world by Lemuel Gulliver, first a surgeon and then a captain of several ships, in four parts.
Dans une grande nation, des communes peuvent être administrées à la satisfaction générale ; mais quel est le gouvernement que les gouvernés se décideront à déclarer bon ? […] Celui qui connaît à fond la langue et la littérature d’un peuple ne peut pas être tout à fait son ennemi. on devrait y penser quand on demande à l’éducation de préparer une entente entre nations. […] Plus de délégation à un nombre restreint de soldats chargés de représenter la nation. […] Si l’on veut une figuration schématique, simplifiée et stylisée, des conflits d’aujourd’hui, on devra d’abord se représenter les nations comme des populations purement agricoles. […] Nous venons de voir qu’à ce problème est suspendu celui de la paix entre nations.
Tout le monde répéta ce cri de bonne foi, parce que la réflexion ratifia ce que l’audace inspirée avait osé proposer à la nation chancelant sur le vide et prête à y tomber. […] Pourvu que ce gouvernement du suffrage universel émane de tous les citoyens capables, et ne laisse à aucune classe l’oppression des castes sur les âmes, pourvu que ce gouvernement soit l’expression de la justice, qu’importe sa forme, si cette forme est opportune et si elle répond aux besoins de conservation ou de progrès dans la nation ? […] Je voulais faire un code en action de la république future, si, comme je n’en doutais déjà plus guère, une république, au moins temporaire, devait recevoir prochainement de la nation et de la société françaises le mandat de la nécessité, le devoir de sauver la patrie après l’écroulement de sa monarchie d’expédient sur la tête de ses auteurs ; que la prochaine république fût au moins girondine au lieu d’être jacobine. […] Louis XVI déteste la constitution et l’observe cependant, pour convaincre la nation de son impraticabilité, et pour la faire réviser par ceux mêmes qui l’ont faite. […] La république se présentait sans doute à mon esprit, mais elle s’y présentait comme une possibilité improbable plutôt que comme un but arrêté ou même désirable encore ; seulement je voulais, dans le cas où la nation se réfugierait, après le renversement du trône d’Orléans, dans la république, qu’une histoire consciencieusement sévère de la première république eût prémuni le peuple français contre les mauvaises passions, les illusions, les fanatismes, les crimes et les terreurs qui avaient perverti, férocisé et ruiné la première fois le règne du peuple.
Certes je ne crois pas qu’aucun sentiment d’envie vous ait inspiré cette mauvaise pensée ; mais je crois plutôt qu’en vous mettant en opposition avec la vieille nation, vous avez découvert un moyen pour vous rendre favorable une jeunesse vive, spirituelle, toujours prête à s’émouvoir pour le triomphe d’une idée nouvelle. […] Certes vous ne seriez point venu lui dire qu’à la faveur de l’assoupissement de la nation il vous avait escamoté votre pièce, filouté les produits, et qu’il vous avait enfin dévalisé comme dans un bois, ou si la loi vous eût accordé la liberté de lui tenir en plein tribunal un pareil langage, vous auriez pu vous vanter de jouir de la grande chose ; et le grand homme, défendu par une nation libre, ne serait point mort à Sainte-Hélène. […] Elles seraient distribuées à toutes les académies, à tous les professeurs de l’université, aux élèves de l’école polytechnique, de droit, de médecine, et enfin à tous les jeunes gens qui reçoivent une haute instruction de la générosité de la nation. […] Un tel homme se déshonorait aux yeux de sa nation, qui ne verrait en lui qu’un infâme. […] la nation a en un grand tort en te décernant un triomphe et en t’élevant des statues.
Mais les sciences ont une connexion intime avec toutes les idées dont se compose l’état moral et politique des nations. […] L’on a besoin d’un gouvernement plus éclairé, qui respecte davantage l’opinion publique au milieu des nations où les lumières s’étendent chaque jour ; et quoiqu’on puisse toujours opposer les désastres de quelques années à des raisonnements qui ont pour base les siècles, il n’en est pas moins vrai que jamais aucune contrée de l’Europe ne supporterait maintenant la longue succession de tyrannies basses et féroces qui ont accablé les Romains. […] Chaque fois qu’une nation nouvelle, telle que l’Amérique, la Russie, etc. fait des progrès vers la civilisation, l’espèce humaine s’est perfectionnée ; chaque fois qu’une classe inférieure est sortie de l’esclavage ou de l’avilissement, l’espèce humaine s’est encore perfectionnée.
En France, les personnes distinguées par leur esprit ou par leur rang, avaient, en général, beaucoup de gaieté ; mais la gaieté des premières classes de la société n’est point un signe de bonheur pour la nation. […] Les poètes anglais abusent souvent néanmoins de toutes les facilités que leur accordent, et leur langue et le génie de leur nation. […] La Nouvelle Héloïse est un écrit éloquent et passionné, qui caractérise le génie d’un homme, et non les mœurs de la nation.
Il y a un abîme entre nous et les titans, fils d’Uranus et de Ghê ; il n’y a entre les burgraves et nous qu’une série de générations ; nous, nations riveraines du Rhin, nous venons d’eux ; ils sont nos pères. […] Quelles que soient les antipathies momentanées et les jalousies de frontières, toutes les nations policées appartiennent au même centre et sont indissolublement liées entre elles par une secrète, et profonde unité. […] Un jour, espérons-le, le globe entier sera civilisé, tous les points de la demeure humaine seront éclairés, et alors sera accompli le magnifique rêve de l’intelligence ; avoir pour patrie le monde et pour nation l’humanité.
Peut-être est-ce une erreur de prétendre que la comédie dirige les mœurs ; elle les suit, elle en reçoit l’influence, et devient en quelque sorte l’histoire morale, des nations. […] Si, chez une nation, la satire de tout mérite personnel est une des règles du théâtre, l’ostracisme doit être un des articles de la législation, et les hommes qui se plaisent à voir outrager Euripide, parce qu’il est trop grand, sont les mêmes qui exilent Aristide, parce qu’il est trop juste. […] Les comédies sont les portraits de famille d’une nation.
Je voyais les révolutions successives des empires ; les âges de l’esprit humain m’apparaissaient ; j’assistais, en quelque sorte, à ces grandes crises qui viennent, de loin en loin, saisir toutes les nations à la fois. […] La religion, qui est éminemment conservatrice, qui ne détruit rien de ce qu’elle a fondé, a pris en vain sous sa protection sacrée ces médailles des temps qui nous ont précédés : nous n’en avons plus voulu ; et la proscription a enveloppé même les ordres militaires qui furent si longtemps, et qui auraient pu être encore, le boulevard des peuples chrétiens ; la prescription a enveloppé aussi ces ordres si dévoués qui allaient racheter les captifs dans les bagnes odieux de Tunis et d’Alger, et ceux qui allaient porter chez les nations barbares les lumières de la foi en même temps que les bienfaits de la civilisation. […] Ils nièrent, contre l’attestation de tous nos monuments historiques, que notre nation, si grande et si noble depuis tant de siècles, eût des libertés avant 1789.
Entre le tabac, qui narcotise l’esprit des modernes dans des proportions que la science et l’histoire constateront plus tard, et le théâtre, cette passion de gens fatigués et de nation en décadence, l’esprit meurt, la conversation s’éteint. […] Quand les Barbares arrivaient sur l’Empire et que de tous côtés, dans les batailles, dans les compétitions pour le sceptre, dans les discordes intestines, le sang coulait et montait pour les étouffer jusqu’à la bouche des nations mourantes, il fallait encore à l’Antiquité persistante et incorrigible ses cochers, ses gladiateurs, ses histrions et ses cirques. […] Elle devait pousser, après beaucoup de siècles, il est vrai, dans le cerveau des nations chrétiennes, et nous devions la réaliser avec cette légèreté charmante « qui ne voit pas grand mal à ça », comme nous avons le droit de le dire, tant notre vieillesse, ainsi qu’on le sait, a le cœur pur !
La malheureuse et brillante nation en eut l’ambition, mais elle n’en eut point la puissance. […] Manquant, comme les démocrates grecs, du véritable instinct politique, méconnaissant la réalité de leur temps comme les Grecs méconnaissaient la réalité du leur, ils établissent entre les gouvernements et les nations modernes, et les gouvernements et les nations de l’antiquité, un rapport qui n’a jamais existé que d’eux seuls à cette partie de l’antiquité, morte !
Il est impossible à celui dont la main peut gouverner les nations de quitter sa sphère céleste pour devenir un moine comme Charles-Quint — âme petite ! […] Si le politique Charles-Quint, mi-parti d’Autrichien, de Flamand, de Bourguignon, et dont le génie, mêlé au génie de plusieurs races, était écartelé comme son blason impérial, si ce Charles-Quint ne fut pas un moine et ne songea jamais à l’être, malgré la piété très profonde de toute sa vie, l’Espagne était, elle, qu’on nous passe le mot, une nation moine (una monja), et tellement moine d’éducation, d’habitude et de préjugés, que c’est à l’influence de cette nation cloîtrée dans des mœurs religieuses comme il n’en avait peut-être existé nulle part, que Charles-Quint dut ces impulsions monastiques dont la philosophie a été la dupe, et qui étaient parfaitement contraires à la nature positive et tout humaine de son génie.
Tel est le génie de la nation, ou, si vous voulez, sa faiblesse ! […] C’est le sentiment qui les anime et surtout, surtout, le fond d’âme auquel il correspond… Et que m’importent, à moi, l’impuissante royauté de Poniatowski et les orages de la Pologne, de cette nation qui ne fut jamais qu’un sublime régiment contre les Turcs, mais qui ne fut jamais non plus un peuple dans l’unité de ce magnifique sentiment qui fait les peuples dignes et forts, et qui est plus haut que l’amour, très souvent anarchique, de la patrie ! Que me fait, à moi, si ce n’est une affreuse pitié parce qu’elle est mêlée de mépris, la nation qui avait trop tout pour être capable de rien, et qui s’est fait couper en deux par des races inférieures à elle, mais qui, du moins, avaient la cohésion de l’obéissance sous des chefs.
IV Aristote n’a fait que l’analyse des formes de gouvernement usitées de son temps parmi les nations asiatiques ou grecques auxquelles les institutions et le nom même de la Chine étaient inconnus. […] Vous vous répondrez : C’est celui qui a réuni la plus grande multitude d’hommes sous les mêmes lois et sous la même administration, qui les a fait multiplier davantage en nombre, en agriculture, en arts, en industrie, qui a émoussé le plus chez eux l’instinct sauvage et brutal de la guerre, et qui enfin a fait subsister le plus longtemps en société et en nation un peuple de quatre cent millions de sujets et de quarante siècles ! […] Les savants de l’Europe ont beau élever la voix pour célébrer ces anciennes nations, ils ne peuvent presque en parler que d’imagination, puisqu’ils ne les connaissent que par des étrangers qui, les ayant connues trop tard, n’en ont parlé que par occasion, et ont laissé beaucoup d’obscurités dans les fragments disparates qu’ils ont recueillis de leur histoire. […] Si l’idolâtrie a été ridiculisée tant de fois par nos gens de lettres, si elle n’a jamais pu devenir la religion du gouvernement, quoiqu’elle fût celle des empereurs (depuis les conquêtes des Tartares et l’introduction des superstitions des Indous), nous le devons à ces livres… « Comme ils font aussi toute notre histoire, ajoute l’écrivain chinois, il est clair qu’on y doit trouver des détails uniques pour la connaissance des mœurs dans cette longue suite de siècles, détails d’autant plus intéressants que les poésies qu’on y voit sont plus variées et embrassent toute la nation depuis le sceptre jusqu’à la houlette. […] Les peuples libres des temps modernes la trouvent dans la volonté de la nation tout entière, délibérant sur ses droits et sur ses devoirs, étant à elle-même sa propre autorité, et en confiant l’exercice à des corps et à des magistrats, à des dictateurs révocables et responsables sous le régime des républiques ; Les peuples théocratiques, dans des pontifes souverains à qui ils attribuent une mission et comme une vice-royauté divine.
Mais l’esprit de nation, l’esprit de corps, l’esprit d’Église et l’esprit d’aristocratie, héréditaires et obligés dans leur caste, leur défendent la liberté de penser autrement qu’on ne pense à la cour de Turin, dans le palais de l’évêque ou dans le château du gouverneur de Savoie. […] « Il y a eu, dit-il, des nations condamnées à mort, comme des individus coupables, et nous savons pourquoi. » Tout à coup il se tourne inopinément contre les royalistes qui demandent la contre-révolution, la conquête de la France, sa division, son anéantissement politique. […] Je ne connais point de nation plus véritablement nation et qui ait plus d’unité nationale que la piémontaise ; mais cette unité tourne contre la nation, ou, pour mieux dire, contre la maison régnante, en s’opposant à tout amalgame politique. Ne perdez jamais de vue cet axiome : Aucune nation n’obéit volontairement à une autre. […] Je pourrais donner beaucoup plus de développement à ces idées ; mais, pour abréger, j’arrêterai seulement votre pensée sur un phénomène remarquable : c’est que nulle nation n’a le talent d’en gouverner une autre.
Si ces deux biens nous manquaient, ce serait par l’effet de nos agitations intérieures, et seuls nous en souffririons : mais les nations étrangères seraient tranquilles et dans la prospérité. […] qu’il soit grand, magnanime, qu’il se porte en médiateur, qu’il attache son nom, sa force, sa gloire, à dire à toutes les nations : Je veux la paix, et vous resterez en paix ! […] Puisque le Prince-Régent ne peut marcher à la tête des Anglais, il ne peut commander aux nations qu’en leur dictant à tous la paix. […] C’est aussi la paix reçue par la nation française, et dont elle se contentera.