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719. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

J’ai aimé la physique tant qu’elle n’a point voulu dominer sur la poésie ; à présent qu’elle a écrasé tous les arts, je ne veux plus la regarder que comme un tyran de mauvaise compagnie. […] Ce système est fort mauvais dans le physique et dans le moral. […] Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom. 

720. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Le Dictionnaire de Furetiere, moins mauvais que celui de Richelet, ne parut pas pourtant un ouvrage parfait, lorsqu’il vit le jour en 1690. en trois vol. […] Il paroît que ceux qui parlent ainsi, ont reçu eux-mêmes une fort mauvaise éducation. […] Un autre service qu’on pourroit rendre aux Provinciaux, ce seroit de composer un ouvrage où l’on ramasseroit toutes les mauvaises expressions, les tours vicieux, les phrases singulieres qu’on se permet dans les différentes provinces de France.

721. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

L’exemple, dira-t-on peut-être, est mal choisi ; cette strophe presque toute entière est mauvaise en elle-même, et indigne d’être comparée à son modèle. […] Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre. […] Faut-il s’étonner après cela que l’éloquence de la chaire soit regardée comme un mauvais genre par un grand nombre de gens d’esprit, qui confondent le genre avec l’abus ?

722. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

La poésie transporte dans un monde idéal, c’est-à-dire dans un monde où les limites de la liberté de l’homme, de ses facultés, de ses prérogatives, de son intelligence, sont moins restreintes par l’état de déchéance ; dans un ordre de choses où la pureté des formes et de l’expression a moins été altérée par les passions et les sentiments mauvais. […] Milton peignit l’homme dans son état d’innocence, puis déchu de cet état primitif par le mauvais usage de sa liberté. […] Les hommes isolés peuvent obéir à mille mauvais penchants ; réunis, une révérentielle honte, comme disait Montaigne, vient les saisir, tant il est vrai que Dieu a placé un instinct moral dans la société.

723. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

et subtils, économes de la vie du patient, plus barbares que les bourreaux qui rompent ses os. » N’est-ce pas là une impertinente et impudente mauvaise plaisanterie, et le bourreau subtil, mais qui de cette fois n’exécute personne, n’est-il pas le sophiste qui veut meurtrir l’Église avec de telles subtilités ? […] Ils disent de nous, MΜ. les philosophes, quand de mauvais sujets nous redevenons chrétiens à la mort, que nous finissons par une capucinade. […] Et comme l’attendrissement, qui est une mauvaise disposition critique, brouille la vue et mouille les lunettes, et empêche de voir ce qu’on regarde, je vais montrer, seulement sur le terrain littéraire, ce que Philarète Chasles a vu.

724. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Je suis persuadé qu’il y avait en lui, malgré les mauvais conseils et les mauvaises habitudes qu’on lui donnait, un magnifique désir du beau poétique et des élévations intellectuelles. […] Par exemple, si personne ne faisait de beaux vers, on peut dire que tout le monde en faisait de mauvais ! […] Mais laissons-les : il n’est resté d’eux qu’un mauvais souvenir. […] J’étais ainsi depuis une heure, croyant à une mauvaise plaisanterie. […] Je l’ai choisie un peu au hasard ; elle n’est ni la pire, ni la moins mauvaise.

725. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

C’est bien mauvais aussi, les Vespérales, presque jusqu’à la fin. […] Parmi ce mauvais trop travaillé signalerai-je des négligences ? […] Si vous n’étiez averti, ne croiriez-vous pas lire du mauvais Sully Prudhomme ? […] J’y ai rencontré une seule fois la signature de Bentzon, et Georges de Peyrebrune s’est bientôt sauvée de ce mauvais lieu littéraire. […] Mais ces herbes mauvaises s’agitent sous un grand vent de passion, parmi d’admirables fleurs.

726. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Seulement, ces mauvaises raisons sont souvent instructives. […] Léon Daudet, et les Mauvais Maîtres, de M.  […] Il s’appelle les Mauvais Maîtres. […] Il n’entend pas par « mauvais maîtres » de faux maîtres, mais des maîtres dangereux. […] Daudet, au contraire, Hugo est le type du mauvais maître, Zola représente le romantisme de l’égout.

727. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ce mauvais procédé me touchant de dépit, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas, et de leur donner mille écus de mon argent plutôt que de leur manquer de parole. […] Il fut même, dit-on, surpris en tendre conversation, et obligé, pour échapper à de mauvais traitements, de sauter par une fenêtre. […] Loret, qui n’était pas une mauvaise tête, s’exécuta largement avant tous les autres. […] Le mauvais état de la poitrine de Molière le rendait sur ce point plus circonspect encore que Boileau. […] On serait assez malin pour lui donner un mauvais jour si nous nous noyions à l’heure qu’il est.

728. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

De deux de ces formes nous avons d’imparfaits représentants dans un roman latin (la chronique attribuée à l’archevêque Turpin) et un poème latin en mauvais vers. […] Ce « mauvais petit château » (c’est le sens propre de Castelluccio), jadis forteresse papale, est aujourd’hui un pauvre village. […] On a cependant fait remarquer qu’Urbain IV, Français de naissance, avait été un adversaire passionné des Staufen et avait pu laisser une mauvaise réputation en Allemagne. […] La traduction donne : « Je ne puis l’égaler », ce qui est certainement mauvais. […] « Méchant vilain de mauvaise race. » 295.

729. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

Loret dit dans sa Gazette, en assez mauvais langage, en parlant de ce jeune Poëte : Je crois, quand Apollon eût épousé Minerve, Qu’ils n’eussent pu tous deux faire un si bel Esprit.

730. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

Ce trait suffit seul pour faire connoître que les talens sont toujours dangereux pour les mauvais caracteres.

731. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Il a composé plus de vingt Ouvrages plus mauvais les uns que les autres, dont la liste occuperoit ici une douzaine de pages, si l'on vouloit en copier fidélement les titres*, tant ils sont étendus.

732. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Les deux de la mythologie chrétienne mauvais ; les deux de la mythologie païenne excellents.

733. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Dans la petite bataille et son pendant, la tête n’est pas mauvaise ?

734. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Vassé » pp. 323-324

Mauvais signe.

735. (1894) Critique de combat

Gréard rencontre devant lui, cachée sous de mauvais prétextes, la mauvaise volonté de ceux qui ne veulent rien changer à rien. […] Le plus mauvais signe, c’est qu’on déshabille l’empereur. […] Les voyez-vous, les fées mauvaises, les mangeuses d’hommes ? […] Non, ce serait lui jouer un mauvais tour que de l’ensevelir sous les fleurs. […] Est-ce à dire que cette disparition momentanée n’aurait eu que de mauvaises conséquences ?

736. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

« Il ne faut disséquer que les morts : cette manière de chercher à ouvrir le cerveau d’un vivant est fausse et mauvaise. […] « 14 juillet 1829. » La lettre suivante a plus d’importance, puisqu’elle roule tout entière sur cette méthode même de critique que j’essayais alors pour la première fois avec quelque étendue dans mes articles de la Revue de Paris : De Vigny qui en parlait de la sorte au début, et avec une complaisance infiniment trop marquée pour être mise sur le compte de la simple politesse, était certes bien loin d’estimer cette façon d’analyse fausse et mauvaise en soi, et, peu s’en faut, impie dans son application aux poëtes : il a attendu pour cela qu’elle le prît lui-même au vif pour sujet et qu’elle n’entrât pas absolument dans le joint de son amour-propre : « 29 décembre 1829. […] — Je veux que vous ayez des remords comme j’en ai lorsque me prend cette mauvaise pensée. […] Longtemps harcelé et raillé pour cette pièce de vers bonne ou mauvaise, mais sincère, qui a paru à quelques-uns une laideur et une énormité, il ne me déplaît pas que De Vigny, le noble et le pur, l’art précisément choisie exprès pour la distinguer.

737. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Les choses prenaient un vilain tour : l’évêque n’était pas disposé à lâcher le mauvais garçon, quand Louis XI, récemment sacré, passa près de Meung, donnant des lettres de rémission aux prisonniers dans toutes les villes où il s’arrêtait. […] Il plaint sa misère, issue de son vice ; s’il n’eût fait le mauvais garçon, il aurait « maison et couche molle ». […] Le sentiment patriotique, nous le savons, n’est pas le privilège de l’innocence, et plus d’un mauvais gars a bien donné sa peau pour la patrie. […] Ce fut une joie pour lui de servir un homme avec qui la politique était une science, avec qui nulle intervention de sentimentalité, d’honneur, de passion même mauvaise, toutes choses gênantes pour un bon joueur, ne venait brouiller l’échiquier avant les beaux coups longuement médités.

738. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Mais puisque le mal est fait, il n’est pas mauvais que la postérité connaisse aussi le nom de celui qui récompensa par le plus lâche des abandons l’amour le plus pur et le plus désintéressé. […] … Et ne dites point : « Le gaillard était peut-être un inconnu, qui n’avait de talent qu’aux yeux de Marceline, ou dont le talent était ignoré des contemporains ; un obscur amateur dont l’histoire n’a pas gardé le souvenir. » Non, c’était un homme qui eut quelque notoriété en son temps, et dont le nom a été presque sûrement enregistré par les Bouillet, les Dezobry et les Vapereau ; témoin ces mauvais vers de sa triste maîtresse : Je le lisais partout, ce nom rempli de charmes… D’un éloge enchanteur toujours environné, À mes yeux éblouis il s’offrait couronné… … C’est bête, tout de même, de se donner tant de mal pour découvrir le mot d’une énigme qu’il importe si peu de débrouiller. […] (J’ai reçu d’un « vieux lecteur des Débats » ce renseignement : « L’acteur Valmore a créé le rôle du geôlier dans Marie Tudor en 1832 ou 1833 ; il disait d’une voix pâteuse, exécrable, les quelques lignes de ce rôle ; il était très mauvais artiste. ») Elle perd sa première fille, Junie. […] le peuple de Lyon, que l’on peint orageux et mauvais, est un peuple sublime !

739. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Il entendit aussi la voix de ceux qui, par des preuves indubitables, avaient acquis la connaissance de l’être suprême, de ceux qui possédaient la grammaire, la poésie et la logique, et étaient versés dans la chronologie ; qui avaient pénétré l’essence de la matière, du mouvement et de la qualité ; qui connaissaient les causes et les effets ; qui avaient étudié le langage des oiseaux et celui des abeilles (les bons et les mauvais présages) ; qui faisaient reposer leur croyance sur les ouvrages de Vyasa, qui offraient des modèles de l’étude des livres d’origine sacrée et des principaux personnages qui recherchent les peines et les troubles du monde 204 ». » L’Inde me représente, du reste, la forme la plus vraie et la plus objective de la vie humaine, celle ou l’homme, épris de la beauté des choses, les poursuit sans retour personnel, et par la seule fascination qu’elles exercent sur sa nature. […] On trouve mauvais que nous autres civilisés nous touchions au dogme que des barbares ont créé. […] Ces bonnes gens n’étant pas du XIXe siècle, il ne faut pas trouver mauvais qu’ils soient de la religion du passé. […] pour ne pas les croire, il faut être bien savant ou bien mauvais cœur !

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