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608. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

L’art, que je considère ici comme une des facultés de l’âme individuelle, est donc, de même que l’individu lui-même, anormal, illogique et incompréhensible. » (R. de Gourmont, L’Idéalisme, « L’Art libre et l’esthétique individuelle ».) […] D’après Nietzsche, la beauté est le signe auquel se reconnaissent les nobles exemplaires humains, à un degré supérieur ces « superbes plantes tropicales, ces êtres d’élite qui pourront s’élever jusqu’à une tâche plus noble et jusqu’à une existence plus noble, semblables à cette plante grimpante d’Asie, ivre de soleil — on la nomme Sipo-matador — qui enserre un chêne de ses lianes multiples, tant qu’enfin, bien au-dessus de lui, mais appuyée sur ses branches, elle puisse développer sa couronne dans l’air libre, étalant son bonheur aux regards de tous » (Par-delà le Bien et le Mal).

609. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Il y a quelque chose de vraiment comique dans cette mauvaise humeur qui s’est tout à coup révélée contre les libres penseurs, comme si, après tout, le résultat de leurs spéculations leur était imputable, comme s’ils avaient pu faire autrement, comme s’il eût dépendu d’eux de voir les choses autrement qu’elles ne sont. […] Mais rien de ce qui contribue à donner l’éveil à l’humanité n’est perdu pour le progrès véritable de l’esprit ; jamais la pensée philosophique n’est plus libre qu’aux grands jours de l’histoire.

610. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Nulle contrainte pour les exercices du culte ; on l’a laissa libre sur ce point. […] « Quoique j’aie éprouvé de la pauvreté et passé par des états bien différents de ceux où vous me voyez, j’étais contente et bienheureuse, j’étais libre.

611. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

M. de Lamartine, dont la disposition habituelle est plutôt le contentement et la sérénité, rentre bien vite dans le vrai de sa nature, lorsqu’il nous peint sa libre et facile enfance, sa croissance heureuse sous la plus tendre et la plus distinguée des mères : « Dieu m’a fait la grâce de naître dans une de ces familles de prédilection qui sont comme un sanctuaire de piété… Si j’avais à renaître sur cette terre, c’est encore là que je voudrais renaître. » Il aurait bien tort, en effet, et il serait bien injuste s’il croyait avoir à se plaindre du sort à ses débuts dans la vie. […] Sa première éducation fut toute maternelle, toute libre, toute buissonnière.

612. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Jeune et belle veuve, à l’humeur libre et hardie, dans ce rôle d’éblouissante Célimène, eut-elle en secret quelque faible qu’elle déroba ? […] Elle prit sur elle de dissimuler pendant huit jours, eu égard à l’équipage qu’on lui faisait et aux cadeaux ; puis elle ne se contint plus : Je crus, dit-elle, qu’il y allait de ma gloire de ne point paraître entêtée d’un homme que personne n’estimait, et je donnai un si libre cours à mon aversion pour lui, qu’en un mois toute la France en fut informée.

613. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Ces prières et ces sollicitations que son intérêt mesquine ment consulté lui conseillait peut-être, son devoir de libre écrivain les lui défendait. […] Des questions de libre pensée, d’intelligence et d’art sont tranchées impérialement par les visirs du roi des barricades.

614. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Des lèvres vermeilles bien bordées, une bouche entrouverte et riante, de belles dents blanches, une démarche libre, le regard assuré, une gorge découverte, de belles grandes joues larges, un nez retroussé me faisaient galoper à dix-huit ans. […] C’est que l’hommage des hommes y était porté d’une manière plus secrète et plus libre.

615. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

D’ailleurs, il faut bien en convenir, on n’est pas libre de le passer sous silence. […] Dans cette correspondance qui n’est pas un livre, qui n’est pas une convention, qui a chance par conséquent d’être plus vraie qu’un livre, d’être moins concluante, moins combinée, moins volontaire, Stendhal ne fait pas une seule fois ce que les plus grands génies — des génies bien supérieurs à lui — ont fait si souvent dans le tête-à-tête d’une correspondance libre et amie.

616. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

D’ailleurs, il faut bien en convenir, on n’est pas libre de le passer sous silence. […] Dans cette Correspondance, qui n’est pas un livre, qui n’est pas une convention, qui a chance, par conséquent, d’être plus vraie qu’un livre, d’être moins concluante, moins combinée, moins volontaire, Stendhal ne fait pas une seule fois ce que les plus grands génies, — des génies bien supérieurs à lui, — ont fait si souvent dans le tête-à-tête d’une correspondance libre et amie.

617. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Chez un peuple qui n’est pas libre, ou ne l’est qu’à moitié, jamais le génie de l’éloquence n’a paru qu’avec l’éclat du gouvernement ; et les grands orateurs y marchent à la suite des généraux, des ministres et des grands hommes d’état. […] Enfin, la louange en général paraît à cette nation fière et libre tenir toujours un peu à l’esprit de servitude.

618. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Je ne suis pas libre de parler de ce livre dans le Constitutionnel, comme je le voudrais : c’est un livre qui ne vaut que par les documents qu’y ont envoyés les savants.

619. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre premier. Rapports de l’invention et de la disposition »

Si l’on n’avait d’abord, par une aventureuse et libre recherche, récolté de tous côtés les matériaux qu’on emploiera, si l’on n’avait poussé son exploration en tous sens, un peu au hasard, prenant sans compter, fourrant pêle-mêle dans son sac tout ce qui pourra servir, sans trop s’embarrasser de savoir comment et quand il servira, si l’on n’avait battu tous les buissons, à gauche, à droite, devant, derrière, fait mille tours, s’arrêtant, allant, revenant, s’écartant, comme le chasseur qui sait qu’il y a du gibier dans une région, sans savoir où il est, il serait prématuré de choisir l’ordre selon lequel on traitera son sujet.

620. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Pégase dompté sera maintenu dans l’abîme de la géhenne, jusqu’à ce que toute douleur ait cessé ; de son poitrail éblouissant, il écartera les bourreaux et les monstres, et alors seulement, libre enfin, il bondira vers le ciel, salué dans son assomption par le cri des foules délivrées.

621. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

Qualités et défauts de cet art se trouvent pour le mieux synthétisés, pour son point de départ, d’un vers trop martelé, aux timbres uniformes, dans l’Aventurier, et pour son point d’arrivée, au Jardin de Cassiopée, vers plus libres, plus larges, mieux disposés.

622. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

défigurée par des réflexions trop libres & trop fréquentes, par des pointes satiriques, par des digressions superflues ?

623. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.

624. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Vis, superbe ennemi ; sois libre, et te souvien Quel fut et le devoir et la mort d’un chrétien.

625. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

Ses Lettres sont le modèle d’une conversation, libre, piquante, délicate, enjouée.

626. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Siècle assez libre de tête pour se trouver fou, et cependant le plus facile à tromper qui fut jamais. […] Elle l’a fait en fille de son siècle, riche de sang, libre de tête. […] Elle n’est pas libre. […] L’illustre réalisatrice de Julie, je ne veux pas dire dans le domaine privé, mais par le libre épanouissement religieux, moral, philosophique, esthétique, de la personnalité féminine, par la libre expansion du génie féminin dans tous les ordres d’idées et de sentiments généraux, l’auteur de Delphine, de Corinne, de l’Allemagne, est d’origine germanique. […] C’est pourquoi on la rencontrera principalement à l’enseigne des libres mœurs.

627. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Même le métier de chroniqueur, si humble qu’il soit, si libre qu’il paraisse, n’est pas dépourvu de terreurs pour un débutant. […] De même que j’avais apporté « mes libres suffrages à l’urne », j’avais apporté « mon argent libre au trésor ». […] C’est un homme plus riche et plus libre que les serfs indigènes parmi lesquels il promène sa curiosité. […] On parle de « l’art libre dans une société libre », comme si ces deux choses avaient une connexité forcée. […] vous êtes libre, car vous êtes innocent !

628. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Le véritable homme libre n’avait pas disparu. […] Dès l’instant où il meurt, son esprit qui survit reste prisonnier, car être libre alors, pour lui, ce serait appartenir à la postérité. […] La liberté de pensée n’a jamais été autre chose que le droit de libre discussion. […] Je voudrais seulement rester libre. […] Ainsi, dans le cinéma, un décret tout récent favorise les fabricants français au détriment de la libre importation des meilleurs films étrangers « contingentés ».

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