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1660. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Les guerres qui se faisoient alors semblables à la grêle, ne venoient que par bouffées, et comme ce fleau, elles ne ravagoient qu’une langue de païs.

1661. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

un chansonnier du Caveau dans la langue lyrique du xixe  siècle, cet esprit profondément honnête (sa seule profondeur, du moins je le pensais !)

1662. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Jules Janin et Théophile Gautier, très différents et très inégaux de talent, l’un écrivant comme on peint au pastel, l’autre, le Benvenuto Cellini de la langue, comme on grave sur l’acier, régnaient sur le feuilleton dramatique qu’ils avaient transformé en y introduisant une imagination inconnue, quand, tout à coup, entre eux surgit et apparut un jeune homme dont le talent semblait fait de l’éclat de l’un et de l’autre, ralliés et concentrés dans le sien.

1663. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

À part les taches légères qu’on ne remarquerait pas dans un homme d’un langage moins net, c’est un esprit très sain que celui-là, très positif, très unitaire, parlant une langue nerveuse, qui a parfois de la saillie et qui a toujours, dans l’accent, de l’autocratie.

1664. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

« Il fallait — dit beaucoup trop vite Chateaubriand — qu’elle eût beaucoup d’esprit, pour que mesdames de la Suze, de Castelnau, de la Ferlé, de Sully, de Fiesque, de Lafayette, ne fissent aucune difficulté de la voir. » Le bel-esprit, qui n’est pas l’esprit, était le lien de ces compagnies qui parfilaient la langue et la galanterie à l’hôtel de Rambouillet.

1665. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Nous n’avons pas lu son livre dans sa langue, mais dans la traduction élégante et pure que Porchat nous en a donnée, et même dans cette traduction écrite avec soin, nous n’avons jamais vu, sur un sujet plus opulent et plus ample, livre plus pauvre et plus étriqué que cette histoire, — bien moins une histoire qu’une dissertation historique comme on doit en lire beaucoup par année à l’Académie de Berlin.

1666. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Un jour, j’écrivais de Camille qu’il était l’André Chénier du journalisme, qu’il en avait l’iambe en prose, la langue souple, la pureté de camée… Mais, ce jour-là, je lisais Carrel !

1667. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Ci-devant jeune homme qui met du rouge, marquis de Bois-Sec qui, à soixante-dix ans, s’enflamme pour Madame d’Albany, et, comme dit ce dandy superbe de Taillandier, dans sa langue élégante… et prud’hommes que, comptant au premier rang de ses adorateurs, Bonstetten, espèce de dilettante littéraire, qui a fait un Voyage au pays du Latium, compte bien plus par ses camaraderies que par ses ouvrages.

1668. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

couronner l’auteur d’un livre pareil, en toute circonstance c’est montrer à quel point les respectables auteurs du dictionnaire de la langue française peuvent être dupes des mots et des formes limpides que la pensée sait parfois revêtir.

1669. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Il a pu rendre cette grâce fluide et rayonnante dans la précision de la langue française : chose difficile !

1670. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

On n’avait pas encore entendu cette voix-là, en français, dans cette langue baptisée avec Clovis et débaptisée avec Voltaire.

1671. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Il doit porter en lui leur accent spontané et profond auquel il doit joindre l’expression du poète de langue et de société avancée.

1672. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

… Le Normand a été attiré par la plus grande gloire littéraire normande ; car lord Byron, qui se disait Normand avec orgueil, est une gloire anglaise, — mais à travers laquelle, comme à travers la langue dans laquelle il écrivit, se reconnaît l’identité de race, de cette forte race, de poésie profonde, qui va de Rollon à Corneille.

1673. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

La passion y parle encore une langue brûlante, mais purifiée.

1674. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Il a, — nous le reconnaissons, — une langue correcte et nette, du moins quand il parle en son nom, car il est parfois incorrect, nous dit-il, pour être plus réel, lorsqu’il fait parler ses personnages.

1675. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Son grand traité Sur le droit de la paix et de la guerre (1625), traduit dans toutes langues, apparaît comme le premier « code du droit international ».

1676. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Avouons-le humblement : le peuple, le vieux peuple des campagnes est l’artisan de notre langue et notre maître en poésie. […] Il y prit quelque connaissance de la langue grecque. […] Ces artifices de langue et de pensée, ces subtilités violentes, il les a voulus. […] Le docteur Miracle nous présenta une vieille dame qu’il appelait, je ne sais pourquoi, une pythonisse et qui, disait-il, parlait la langue primitive de l’humanité. […] Je citerai le morceau, non point dans son entier, mais en supprimant quelques formes trop particulières à la langue de M. 

1677. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Plus fausse que tout ce que le rêve peut sonder, plus fausse que tout ce que les chansons ont chanté, —  poupée sous la menace d’un père, esclave d’une langue de mégère. […] Non, quand tout l’or qui gît dans les veines de la terre serait entassé pour faire votre couronne, et quand toute langue parlante vous appellerait seigneur […] Sans doute son esprit est cultivé et occupé ; il est instruit, il sait plusieurs langues, il a voyagé, il est curieux de tous les renseignements précis, il est tenu au courant par ses journaux de toutes les idées et de toutes les découvertes nouvelles.

1678. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

VI Le premier effet de cette littérature morale et politique a été, d’après le témoignage des mêmes religieux, initiés pendant un siècle à la langue, à la législation, au gouvernement même de l’empire, de résumer toute la civilisation et toute la législation dans un livre. […] Ce résumé encyclopédique est lui-même le résumé de deux cent mille volumes qui se multiplient tous les jours sur toutes les connaissances humaines, et cela dans une langue triple, tellement riche en mots et tellement parfaite en construction logique qu’elle est à elle seule une science dépassant presque la portée d’une vie d’étude. […] Nous ne sommes pas du nombre de ceux qui désirent que l’Europe armée fasse invasion dans cette ruche de quatre cents millions d’hommes ; quoi qu’en dise notre orgueil européen, cette invasion amènerait la plus grande destruction de traditions, d’antiquités, d’institutions, de législation, d’administration, de sagesse, de langue, de livres, de mœurs, de travail industriel dans la Chine, cette fourmi du monde, dont jamais le globe ait été témoin !

1679. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

mon fils, recueille tes pensées, gouverne sagement ta langue, et garde ta voix au fond de ton cœur. […] Ne me méprisez pas, j’ai besoin de prier, ou bien donnez-moi une autre langue que celle de ma mère ou de l’Évangile ! […] Lui-même avait commencé aussi, dans la langue provençale, à chanter avec ces Mélibées de son cher pays.

1680. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Elle rassemblait toutes les races, depuis l’Aryen supérieur jusqu’au nègre infime ; elle parlait toutes les langues, depuis le Zend sacré des mages jusqu’à l’idiome inarticulé des sauvages. […] Les Grecs étant du même sang, parlant la même langue, ayant les mêmes dieux et les mêmes temples, quelle bonté ce serait pour nous de trahir leur cause ! […] Elle personnifiait cette télégraphie divine qui propage parfois les grands événements par-dessus le temps et l’espace, le message transmis, non point par une bouche humaine, mais par la voix sans langue de l’air.

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