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1617. (1886) Le naturalisme

S’il n’y avait d’autre vie que celle-ci, si, dans un autre monde de vérité et de justice, chacun n’était pas récompensé selon ses mérites, la morale exigerait que dans cette vallée de larmes toutes choses fussent dans l’ordre ; mais vouloir qu’un romancier modifie et corrige les desseins de la Providence, cela me semble un souci ridicule. […] Il est indéniable que le Don Quichotte contient des passages bien peu attiques, que l’on peut avec justice appeler grossiers.

1618. (1940) Quatre études pp. -154

L’homme de sentiment, tout en rendant justice à ses qualités, trouve qu’il manque de génie. […] « On s’est plaint, et avec raison peut-être, que nous n’avions pas rendu à ce philosophe toute la justice qu’il méritait.

1619. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

C’est aux gens éclairés, aux artistes, aux disciples de l’art, qui ne voient que lignes pures et couleurs éclatantes, qui respirent une atmosphère propre à ouvrir l’âme à l’inspiration, à ce qui est puissant et beau, et à développer les ailes de l’imagination qui doivent porter vers le génie, c’est aux amis du progrès et de la justice qu’il faut faire appel. […] Il est très difficile par le temps qui court de parler avec justice d’un artiste vivant, et jeune.

1620. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Cette habitude naïvement égoïste explique que les Français attribuent au siècle leur propre sénilité et parlent de « fin de siècle » là où, en bonne justice, ils devraient dire « fin de race1 » Mais si idiot que puisse être le mot « fin de siècle », l’état d’esprit qu’il est destiné à définir existe en fait dans les groupes dirigeants. […] On leur rendra toute la justice qui leur est due, en caractérisant leur nature d’esprit par la citation de quelques-uns de leurs vers.

1621. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ni pompe, ni grandeur, ni gloire, ni puissance, Ne sauraient détourner le glaive de vengeance Pendant dessus son chef des mains de l’Eternel, De qui l’inévitable & sévere justice Fait qu’il est à toute heure, en un même supplice, Témoin, Juge & Bourreau, non moins que criminel. […] Il sacrifie souvent les droits du Poëte à ceux du Musicien ; c’est une justice que lui rendait l’illustre Rameau, qui sur cette matiere pouvait juger sans appel.

1622. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Première partie L’âme et le corps Ame et Corps : — on ne sait ce que ces mots veulent dire, et les personnes qui croient les entendre le mieux sont peut-être celles qui les entendent le moins ; mais enfin c’est une hypothèse assez généralement admise, que l’homme est composé d’âme et de corps et que la vie résulte de l’union complexe de ces deux éléments. Bossuet, qui n’est pas suspect de matérialisme, insiste sur cette complexité, et ne veut pas que le moi humain se réduise à l’âme toute seule. S’il semble d’abord se contenter de la définition idéaliste de Platon, ensuite il la dépasse. Voici en effet comment, dans le traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même, il conclut son raisonnement sur ce sujet : « Ainsi on peut dire que le corps est un instrument dont l’âme se sert à sa volonté ; et c’est pourquoi Platon définissait l’homme en cette sorte : « L’homme est une âme se servant de corps. C’est de là qu’il concluait l’extrême différence du corps et de l’âme ; parce qu’il n’y a rien de plus différent de celui qui se sert de quelque chose, que la chose même dont il se sert. » Mais Bossuet, avec son grand bon sens, ajoute : « Il y a pourtant une extrême différence entre les instruments ordinaires et le corps humain.

1623. (1802) Études sur Molière pp. -355

Antiphon, fils de Demiphon, devient amoureux d’une étrangère nommée Phanie, s’entend avec le parasite Phormion, qui le fait appeler en justice, et le force d’épouser sa maîtresse, comme étant son plus proche parent. […] On veut forcer le parasite à rendre l’argent, il l’a déjà compté Phedria, qui vient d’en acheter sa chanteuse ; enfin le parasite, menacé par Chremès d’être traduit en justice, appelle la femme du vieillard, et lui apprend que son mari a une seconde épouse ; elle accable celui-ci de reproches, et pour récompenser le dénonciateur, lui permet de venir tous les jours manger chez elle. […] Argante et Géronte sont dans la première de ces classes : l’un, quand il se jette à terre pour éviter les coups d’épée de Sylvestre ; l’autre, lorsque caché dans un sac il reçoit des coups de bâton, mais l’un et l’autre rentrent dans la seconde de ces classes ; Argante, en s’obstinant à plaider, plutôt que de donner à son adversaire un petit mulet, pas même un âne pour porter son bagage , et Géronte en proposant d’envoyer la Justice en pleine mer pour courir après la maudite galère qui lui enlève son fils ; les bons acteurs distinguent ces différentes nuances, ils trouvent le secret de les rendre et même d’adoucir celles qui en ont besoin.

1624. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Au regard de la justice absolue, Morgex est coupable, il doit expier. […] C’est en vain que nous nous révoltons, que nous parlons de justice et de charité, et que nous tissons nos rêves immatériels et charmants. […] Il y apporte un dévouement qu’il est de la plus élémentaire justice de saluer.

1625. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il s’arrête à ce moment, change de ton, regarde autour de lui, pour qu’on le comprenne :     Je pense Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi Car on doit souhaiter, selon toute justice,     Que le plus coupable périsse.

1626. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

C’est cette force providentielle et divine qui vient en aide aux bons sentiments des princes assez justes pour vouloir la justice, assez audacieux pour oser la faire, qui a préservé des catastrophes prédites l’immense empire de Russie.

1627. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Je laisse au temps à faire justice, de ce qu’il y a de vrai ou de faux, de juste ou d’injuste, dans les attaques dirigées contre ma littérature et ma personne. » Dimanche 3 février Ce soir, on disait que la gauche poignée de main, qui se donne en tierce, avec le coude retourné contre le corps, vient des poignées de main, données par le prince de Galles, pendant un rhumatisme qu’il avait à l’épaule.

1628. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Renan nous raconte cela, chez Brébant, où le dîner est aujourd’hui réduit à quatre convives, et il se plaint, avec justice et éloquence, du manque de courage des députés de Paris. […] De l’autre côté du quai, le Palais de Justice a le toit de sa tour ronde décapité.

1629. (1893) Alfred de Musset

. — C’est le lion du jour ; on ne parle que de lui, et c’est justice. » Bénis soient donc les sifflets qui accueillirent si brutalement « La Nuit vénitienne ». […] Alors ; pour lui, ce ne sera pas l’heure de l’oubli ; ce sera l’heure de la justice sereine.

1630. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

C’était le moyen de lui rendre une justice supérieure et de le faire rentrer dans un ordre. […] Évidemment on ne saurait y demander beaucoup de justice. […] Londres dédie son roman à ses camarades de métier, au premier rang desquels il met avec justice M. 

1631. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

On peut observer si un mot est simple ou s’il est composé ; juste, justice, sont des mors simples : injuste, injustice, sont composés.

1632. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

C’est le chef des voiles du roi ; — c’est le chef de la maison de lumière, le chef de l’équipement des jeunes soldats ; — c’est le chef des conseils du roi et le commandant des portes ; — c’est le « chef du secret pour proférer les paroles du roi » ; — c’est « les yeux du roi dans toutes les demeures » (sans doute le ministre de la police) ; — c’est « le chef des mystères du ciel, de la terre et des enfers, l’écrivain de la vérité dans la demeure de la justice » ; — c’est l’intendant des constructions du roi ; — c’est le chef de la grande écurie ; — c’est le basilicogrammate de la table du roi (le sommelier) ; — c’est le chef du gynécée royal ; — c’est « le scribe de l’oreille du roi » ; — c’est le flabellifère à la gauche du roi ; — c’est le porte-chasse-mouche à la droite du roi ; — c’est « le favorisé du roi et le cher à son cœur » ; — c’est le compagnon des jambes royales du seigneur des deux Pays.

1633. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Mercredi 13 avril Après dîner, on cause de l’élection de Loti, et le commandant Brunet, qui est venu s’asseoir à côté de moi, rendant complètement justice à l’évocateur des climats, qu’est Loti, trouve, comme moi, ses marins un peu conventionnels, et manquant d’un certain nombre de choses, faisant leur caractère, et de l’orgueil de leur profession.

1634. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Dans ce court chapitre, l’éminent psychologue a fait justice des théories nécessitaires sans cesse rééditées par les écoles les plus diverses ; dans l’union intime du langage et de la pensée, dans la suppléance de la parole extérieure par la parole intérieure, il ne voit qu’une « habitude invétérée, acquise » parce qu’elle était « commode ».

1635. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il vient de faire paraître, en 1920, un nouveau volume intitulé Le jour de la justice, qui restera comme une des manifestations les plus grandioses de la littérature allemande.

1636. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

D’abord provoquée par un sentiment de justice, son humiliation lui procure bientôt une sorte de volupté ; au dernier acte, dans sa folle douleur, il puise une folle jouissance : sa confession devient une orgie. […] Le Cloître, nous l’avons dit, est une humanité réduite ; elle a sa morale à elle, sa justice à elle.

1637. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Nul soin de la vérité dans les pensées, de la justice dans les sentiments, de la justesse dans le discours. […] Mais ce qui était évidemment un défaut chez le chef de la justice, rappellerons-nous un défaut aussi grave chez le critique ?

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