Il n’est rien de tel pour fortifier son jugement et accroître son expérience que d’écouter les esprits supérieurs et de recueillir leurs témoignages quand ils ne s’expriment pas en vue de la foule et pour amuser la galerie, mais quand ils parlent avec netteté et simplicité pour se laisser voir tels qu’ils sont à ceux qui sont dignes de les bien voir. […] J’écoutais ces propos de parentage en rougissant, et le remerciant de sa confiance prématurée ; mais au fond de mon cœur je regardais avec étonnement son imprudence et manque de jugement sur quantité de choses. » Quand on pense au résultat final et suprême, chaque mot porte dans ce jugement : l’insensé et l’imprudent !
Mais j’étais loin du compte, et, au moment où j’estimais avoir fixé mon jugement et mes idées sur un talent et un esprit fait, cet esprit changeait de direction et allait se montrer sous un aspect tout nouveau. […] Sandeau est censé jouer un rôle dans le livre, quand il tient en un endroit le de de la conversation, quand il y exprime des jugements sur plusieurs de ses confrères et amis, et des jugements les plus malins d’intention, les plus perfides !
J’ai cru remarquer pourtant que de ces deux parties de Don Quichotte, toutes deux si agréables dans leur diversité et qui se complètent si bien, les lecteurs d’un goût difficile et d’un jugement plus froid estiment la seconde supérieure, tandis que les esprits plus poétiques ou qui accordent davantage à la fantaisie, continuent de donner la préférence à la naïveté de la première. […] L’avocat voudrait répliquer encore ; mais la Cour s’est déjà levée, le public qui a devancé le jugement se disperse et l’on n’y est plus. […] Cervantes fut frappé de la richesse que lui offrait l’idée d’un enthousiaste héroïque qui se croit appelé à ressusciter l’ancienne chevalerie : C’est là le germe de tout son ouvrage, Il sentit en poëte tout ce qu’on pouvait faire de cette idée… » Un autre critique distingué par son savoir et ses consciencieuses lectures, mais doué aussi d’une ingénuité de jugement parfois excessive, Sismondi, dans son Cours sur les littératures du Midi, professé à Genève devant un auditoire qui riait peu, se chargea de reprendre et de développer la pensée de Bouterwek.
Un danger présent a pu contraindre le peuple à retarder son injustice ; une mort prématurée en a quelquefois précédé le moment ; mais la réunion des observations, qui font le code de l’expérience y prouve que la vie si courte des hommes, est encore d’une plus longue durée que les jugements et les affections de leurs contemporains. […] Ces oscillations cessent avec les passions qui les produisent ; mais on vit au milieu d’elles, et leur choc, qui ne peut rien sur le jugement de la postérité, détruit le bonheur présent qui est exposé de tous les coups. […] Mais non, pourrait-on dire, le jugement de la multitude est impartial, puisqu’aucune passion envieuse et personnelle ne l’inspire ; son impulsion toujours vraie, doit être juste ; mais par cela même que ces mouvements sont naturels et spontanés, ils appartiennent à l’imagination ; un ridicule détruit à ses yeux l’éclat d’une vertu ; un soupçon peut la dominer par la terreur ; des promesses exagérées l’emportent sur des services prudents, les plaintes d’un seul, l’émeuvent plus fortement que la silencieuse reconnaissance du grand nombre ; enfin, mobile, parce qu’elle est passionnée ; passionnée, parce que les hommes réunis ne se communiquent qu’à l’aide de cette électricité, et ne mettent en commun que leurs sentiments ; ce ne sont pas les lumières de chacun, mais l’impulsion générale qui produit un résultat, et cette impulsion, c’est l’individu le plus exalté qui la donne.
Il n’y a de justice dans les jugements qui sont relatifs au bonheur, que si on les fonde sur autant de notions particulières qu’il y a d’individus qu’on veut connaître ; on peut trouver dans les situations les plus obscures de la vie des combats et des victoires, dont l’effort est au-dessus de tout ce que les annales de l’histoire ont consacré. […] Non : loin de réprimer, à cet égard, les imprudences des hommes, on devrait plutôt les détourner de calculer autant les inconvénients des sentiments généreux, et de s’arroger ainsi un jugement que Dieu seul a droit de prononcer. […] C’est bien là certainement l’une des causes de la pitié ; mais l’inconvénient de cette définition, comme de toutes, est de resserrer la pensée que faisait naître le mot qu’on a défini : il était revêtu des idées accessoires et des impressions particulières à chaque homme qui l’entendait, et vous restreignez sa signification par une analyse toujours incomplète quand un sentiment en est l’objet ; car un sentiment est un composé de sensations et de pensées que vous ne faites jamais comprendre qu’à l’aide de l’émotion et du jugement réunis.
De là l’insuffisance de ses Considérations sur la Révolution, où l’on trouve tant de jugements pénétrants et d’idées intéressantes : elle voit très bien beaucoup de détails, elle attribue trop aux individus, à leur action bonne ou mauvaise ; mais d’où vient cette Révolution ? […] Et cela la mène aux mêmes raisonnements forcés, aux mêmes jugements arbitraires. […] Mais ce ne sont en somme que des indications sommaires : quand elle aura deux fois visité l’Allemagne, quand elle aura inventorié quelques-unes des meilleures têtes allemandes, elle nous donnera des jugements bien plus réfléchis, plus approfondis, plus lumineux.
Ceux qui l’ont le mieux connu ont signalé en lui la sagacité extraordinaire du jugement, une connaissance innée des hommes, qui lui faisait deviner ce qu’il n’avait eu ni le temps ni l’occasion d’observer. Son habile médecin Malfatti a curieusement noté en lui ce mélange de maturité et d’enfance, des jugements à la La Bruyère avec des restes d’enfant et d’adolescent. […] Il serait prématuré et peu convenable de détacher ici ces jugements, qui seraient nécessairement tronqués, et qui sembleraient intéressés sous notre plume.
Albalat, avec une érudition profonde et un esprit d’observation remarquable, aiguisés encore par la concentration d’un effort continu, s’est proposé de combler et qu’il a comblée, au jugement des critiques de valeur, qui ont pris la peine de suivre attentivement son œuvre. […] Ce monsieur estime mon jugement détestable. […] Ce que je propose, évidemment, ce sont mes jugements, mes idées, mon goût personnel.
On appelle conscience la connaissance que nous avons de nos sensations, idées, jugements, peines, plaisirs, résolutions, et autres opérations ou événements intérieurs. […] Elle ne les renferme pas, elle les constate ; elle ne forme pas de jugements universels et nécessaires ; elle atteste que nous en formons ; ces jugements ne sont pas en elle comme des parties dans un tout ; ils sont devant elle comme un spectacle devant un spectateur.
Le livre de M. de Carné, qui nous fournit l’occasion de ces remarques, met parfaitement en lumière toutes les pensées politiques, les jugements, les espérances et les doutes de cette école dont il est l’un des principaux soutiens. […] Son christianisme actif le sauve peut-être en cela de quelques-unes des tendances de son esprit ; il croit avec ferveur au progrès social, au travail ininterrompu de l’esprit divin dans l’humanité ; il énumère sans ambiguïté les résultats ou instruments acquis et déjà victorieux, la presse, le jury, le principe électif. « Je suis tellement convaincu, » s’écrie-t-il quelque part, « du triomphe définitif des principes de 89, que je ne les considérerais pas comme compromis pour longtemps, quand, par suite de vicissitudes placées en dehors de nos prévisions, je verrais les Prussiens campés de nouveau dans la cour du Louvre, et les chevaux de l’Ukraine se désaltérer aux bassins de marbre des Tuileries. » Historiquement, et en tout ce qui concerne le mouvement, les phases et les hommes de la Restauration, les jugements de M. de Carné nous semblent approfondis et satisfaisants, du moins dans leur ensemble et eu égard à son point de vue.
Les jugements de Jefferson sur la France et sur la Révolution qu’il avait vue commencer, sont dignes d’être médités et portent à un haut degré l’empreinte du caractère judicieux, circonspect et persévérant que tout nous signale en lui. […] Ce qui manque tout à fait à Jefferson, dans ses jugements sur notre pays, c’est, selon l’observation de M.
Il y a six mois environ, il nous donnait ses Lettres berlinoises, coup d’œil rapide et enflammé, jugement plein de verve sur l’époque présente et les divers systèmes qui s’y agitent, qui y rendent l’âme ou s’efforcent d’y éclore. […] M. de Chateaubriand, à plus de trente années de distance, réimprimant son Essai sur les Révolutions et se jugeant çà et là dans de courtes notes comme entièrement désintéressé dans la question, a pu sembler quelquefois usurper les prérogatives de ce chatouilleux public qui se pique de classer œuvres et gens à sa guise, et de ne pas accepter un jugement tout fait d’un auteur sur lui-même.
Ce jugement des oies a donné lieu à une scène assez vive entre Marmontel et un jeune poëte appellé Chamfort, d’une figure très-aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie et la suffisance la mieux conditionnée. […] Le premier jugement de l’académie consiste à choisir entre ces esquisses celles qui sont dignes de concourir : elles se réduisent ordinairement à sept ou huit.
… S’élèvent-ils, dans leur jugement des choses littéraires, au-dessus des impressions plus ou moins piquantes de quelque individualité qui chante son air comme sur un théâtre, et qui s’en va, en faisant gros dos, quand l’air est chanté ? […] — que vous vous en déclarez satisfait, mais que vous n’avez, au lieu d’un jugement délibéré et déterminé sur une œuvre, que le contrecoup d’une sensation.
Qu’on lise par hasard, aux pandectes du ciel, Que, le temps étant mort, la voix de l’Éternel Doit, dans un coin obscur de l’obscure Judée, Traduire en jugement la terre décédée ! […] Le jugement dernier vous semble une démence !
La connaissance ainsi acquise de l’objet serait par conséquent encore complètement inutilisable pour la formation d’un jugement exact. […] Ils remplissent la conscience, qui les réunit en un jugement. […] Le jugement devient chancelant et fuyant comme les brumes au vent du matin. […] Il n’y a aucune aperception, aucune réunion d’aperceptions en notions et de notions en idées et jugements. […] Après ces jugements de ses frères du Parnasse symbolique, je pourrais en rester là avec Moréas.
Le jugement littéraire rejoint ainsi, jusqu’à s’y confondre, le jugement religieux. […] Son jugement n’est pas esthétique. Ce n’est même pas un jugement. […] Guidés par certains jugements de M. […] Kant, Critique du jugement. cité par L.
De même, le jugement renferme quelque chose d’obscur. […] Ainsi le jugement Paul est homme signifie-t-il que l’humanité est une matière dont Paul est une spécification ? […] Or, cette croyance est un jugement primitif formé en vertu de lois psychiques fondamentales, dites principes du sens commun. […] Mais la statistique n’a-t-elle pas constamment besoin d’être complétée par le jugement ? […] Le concept, le jugement et le syllogisme ont donné lieu de tout temps à des controverses.
Verdier, [Antoine du] Seigneur de Vauprivat, né à Montbrison en 1544, mort en 1600 ; laborieux Compilateur sans jugement & sans méthode, qui n'a pas laissé de se rendre utile, en son temps, par sa Bibliotheque des Auteurs François, qui n'est aujourd'hui d'aucune utilité ; mais que les Remarques de M.
On ne peut cependant lui refuser de l'érudition, de la critique, & même du jugement, excepté dans le choix d'une matiere aussi épineuse que celle qu'il avoit entreprise.
Son Traité, en latin, sur les devoirs des Evêques & des Vicaires généraux, annonce du jugement & de la facilité pour écrire.