Devions-nous au roi de Piémont le droit impuni d’aller, à la tête d’une armée royale, poursuivre, assièger, bombarder dans son dernier asile, à Gaëte, un jeune roi à qui sa jeunesse, innocente du despotisme de son père, n’avait pas même permis de commettre des fautes qui motivent l’animadversion d’un ennemi ou le jugement d’un peuple ?
Il pensait, certes, bien autrement quand il écrivait, dans sa verte et pure jeunesse, l’ode sur Louis XVII, ou celle sur les filles de Verdun !
Le Pastor fido, de Guarini, fut peu de temps après la plus heureuse imitation de l’Aminta du Tasse ; mais le Tasse lui-même ne parut pas attacher à cette œuvre de sa jeunesse l’importance qui s’y attacha dans le goût du temps ; il aspirait avant tout à la gloire épique, ce sommet de l’art selon son siècle ; il ne voulut pas donner la mesure de son génie dans un monument inférieur à l’épopée.
Mais elle atteste, par le fanatisme de la curiosité dont elle est pleine, l’enthousiasme et l’éblouissement que le nom de l’auteur de Corinne inspirait à la jeunesse de son temps.
« Je me sentais vivre, dit-il, — il avait alors quarante ans, — et, me tâtant avec autant de soin qu’un riche vieillard, je m’imaginais presque être plus loin de la mort que je n’avais été en ma jeunesse. » Il mourait pourtant-moins de quinze ans après, ne causant pas moins de surprise que de deuil à ses amis, qui ne pouvaient comprendre qu’il fût mort sans l’avoir prédit.
Les appels douloureux de Tristan, son retour attendri sur sa jeunesse, alors que le chalumeau du pâtre fait entendre le même chant plaintif qu’au jour où mourut son père ; et les rudes consolations de Kurwenal, et l’affolement d’amour, les sursauts terribles de passion qui secouent le malheureux dès qu’on signale en merle vaisseau qui ramène Iseult ; et son dernier cri d’amour en la voyant, et la transfiguration d’Iseult, « se fondant dans les grandes ondes de l’océan de délices, dans la sonore harmonie des vagues de parfums, dans l’haleine infinie de l’âme universelle » ; de ces divers éléments réunis, Wagner a su former un tout poétique et musical d’une profondeur d’accent et d’une force d’étreinte incomparables.
Fait essentiel, qui ne s’était point vu au théâtre, avec une netteté pareille, depuis les pieux mystères du moyen âge………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………… Peut-être, après des catastrophes qui semblent inévitables, un apaisement se fera-t-il, et notre pauvre humanité aura-t-elle le renouveau de cette jeunesse qui lui fut donnée il y a près de deux mille ans, en ce matin de Pâques où mourut le vieux monde.
On pleurait en lui les fleurs fanées, les délices finies, les jeunesses brisées, les amours éteints avant l’heure.
La Vénus du Titien & celle du Corrège, qui sont toutes nues, offensent-elles moins notre jeunesse modeste, que le jeu de nos acteurs ?
« Le Brun tentait l’œuvre d’après Buffon ; Fontanes, dans sa première jeunesse, s’y essayait sérieusement, comme l’attestent deux fragments dont l’un surtout est d’une réelle beauté.
Ils ont eu une jeunesse littéraire exubérante, comme tous ceux qui sont assez riches pour avoir à gagner en perdant.
Ajoutez-y la drôlerie comique et l’élan de jeunesse ; il y a telle phrase dans le procès des ducs qui court avec une prestesse de gamin.
En dépit des nombreux examens que j’ai passés dans ma jeunesse, je ne sais plus rien que ma croix de par Dieu. […] Si elles n’ont plus la fleur ineffable de la jeunesse toute neuve et du prime épanouissement, elles ont dans leurs yeux une flamme plus profonde et qui vient de plus loin. […] Ce grand comédien n’est plus dans la fleur de la prime jeunesse ; il est puissamment comique, mais il sait traduire aussi les sentiments tendres ou douloureux ; il s’en est toujours piqué et il s’y complaît de plus en plus… Quel âge peut-il bien avoir ? […] Je le fais riche et cultivé pour qu’il ait mieux le loisir et la faculté de penser ; bon, parce que je veux l’aimer et que les bons sont, après tout, aussi intéressants que les autres ; célibataire à soixante ans, — cela entre dans sa définition même, — non pas, toutefois, célibataire par égoïsme et calcul (puisque je le veux bon), mais à cause d’un amour de jeunesse malheureux. […] C’est que l’affection de ce vieil homme pour sa nièce est de celles qui, — très chastes, mais profondément jalouses, — font que certains pères meurent de langueur, ou se suicident (cela s’est vu) pour avoir marié leurs filles. — Mais, parce qu’ils sont la jeunesse, la nature et l’amour, Jeanne et Pierre, en dépit de l’oncle, finiront par se rencontrer, s’expliquer, se découvrir mutuellement, se pardonner.
Certes, la femelle de l’homme est généralement, dans sa jeunesse du moins, plus présentable que le mâle, mais outre que cela est bien fugitif, il ne faut pas douter que cette beauté ne soit en grande partie la créature de notre désir, tandis que la beauté de certains animaux frappe directement notre sens esthétique. […] Mais, comme j’ai trempé, au temps de ma jeunesse dans ladite Renaissance, il ne m’a jamais été possible de m’en désintéresser complètement et il me plaît de voir considérer comme de grands artistes et même de grands penseurs catholiques des écrivains auxquels des œuvres d’un moment n’ont pas toujours été inutiles ; j’ai découvert la littérature latine du moyen âge, ou du moins sa valeur esthétique, et j’ai vu en même temps que ce qui fait encore sa beauté, c’est la naïveté de la foi qui y est incluse.
Elle garda aussi les chansons, les musiques (et les danses qui s’y joignent) dont l’homme se détache à l’âge même où il quitte la jeunesse. […] Les vieilles femmes maintiennent ainsi la jeunesse de leur cœur. […] Si peu, cela prouve la force de résistance de la race et sa jeunesse. […] Qu’on enseigne donc de singulières choses à la jeunesse !
la dernière personne aimante de ma famille, la femme à la jeunesse, à la vieillesse mêlées à mon enfance, à mon âge mûr, va-t-elle mourir ; et le dernier refuge ami et familial, où j’aimais à entendre parler, rabâcher de ma mère, de mon père, de mon frère, va-t-il devenir vide ? […] Cette nouvelle me renfonce, toute la soirée, dans le passé de la famille, dans le souvenir de notre jeunesse, écoulée ensemble. […] Théo se plaint drolatiquement de n’avoir plus les privilèges de la jeunesse près des femmes, et de se voir en même temps refuser le privilège des vieux.
Après y avoir apaisé une première curiosité de jeunesse par des découvertes admirables, il en sentit le côté aride, et il l’abandonna.
Chaque individu parcourt à son tour la ligne qu’a suivie l’humanité tout entière, et la série des développements de l’esprit humain est exactement parallèle au progrès de la raison individuelle, à la vieillesse près, qu’ignorera toujours l’humanité, destinée à refleurir à jamais d’une éternelle jeunesse.
Laisser tous les renseignements fournis par les évangiles dans le désordre où la tradition nous les donne, ce ne serait pas plus écrire l’histoire de Jésus qu’on n’écrirait l’histoire d’un homme célèbre en donnant pêle-mêle les lettres et les anecdotes de sa jeunesse, de sa vieillesse, de son âge mûr.
Dans le cénacle de ces vieillards bourgeois, austères ou ratatinés, vêtus de tuniques noires, son pourpoint de velours violet, son collier d’or luisant, son épée de franc baron, sa verte jeunesse patricienne, font de lui comme une apparition radieuse.
Involontairement nous songeons à une autre œuvre du même auteur, qui se rapporte au même cycle de légendes, mais conçue dans la force de la jeunesse, comme un rêve de poésie et comme une véritable inspiration.