Tout au plus pour les faire rire un instant et converser entre augures sur le ton récréatif. […] qu’il faut monter le long des chemins mal pavés et qu’il faut chercher dans ce dédale sinueux où les fils conducteurs sont à tout instant interrompus !
J’ai déjà touché ceux qui en résultent par rapport aux mœurs ; mais je veux parler ici d’un autre qui n’est que trop commun, surtout dans les lieux où on élève beaucoup de jeune noblesse : on leur parle à chaque instant de leur naissance et de leur grandeur, et par là on leur inspire, sans le vouloir, des sentiments d’orgueil à l’égard des autres. […] Ainsi l’harmonie du discours oratoire consiste à n’employer que des mots d’un son agréable et doux ; à éviter le concours des syllabes rudes, celui des voyelles, sans affectation néanmoins (voyez l’article Élision) ; à ne pas mettre entre les membres des phrases trop d’inégalité, surtout à ne pas faire les derniers membres trop courts par rapport aux premiers ; à éviter également les périodes trop longues et les phrases trop courtes, ou, comme les appelle Cicéron, à demi closes, le style qui fait perdre haleine, et celui qui force à chaque instant de la reprendre et qui ressemble à une sorte de marqueterie ; à savoir entremêler les périodes soutenues et arrondies, avec d’autres qui le soient moins et qui servent comme de repos à l’oreille.
Bien au contraire, l’épithète de scientifique est revendiquée à chaque instant, par les redoutables millénaires du monde nouveau et avec une candeur touchante. […] Comment fonctionne cette pensée à cet instant ? […] La preuve en est que ce corps de nos officiers a fourni exactement les hommes qu’il fallait à l’heure qu’il fallait, — l’héroïque sang-froid d’un maréchal Joffre quand nous avons dû subir sans désordre la ruée allemande et la contenir, — la ferme et prudente sagacité d’un maréchal Pétain, quand il s’est agi de relever les courages un instant étonnés et de restaurer l’ordre troublé, — la fougue géniale d’un maréchal Foch pour frapper les coups suprêmes, et pas un moment, pas une circonstance où ces incomparables manœuvriers n’aient donné au monde civilisé, eux et leurs subordonnés, le généreux spectacle de la force contenue, maîtresse d’elle-même, humanisée, — je reprends le terme. […] Il faut produire, et l’on choisit cet instant pour protester contre toute dérogation à la loi de huit heures.
De Paimpol, le chemin qui y mène longe un instant la côte, file à travers champs, et retombe dans la mer, à l’autre bout de Pors-Aven, après avoir coupé Ploubazlanec et Perros-Hamon. […] Quand éclata, il y a quelques années, la tourmente naturaliste, on put craindre un instant pour la fragile clientèle de ce romancier. […] Il serait le premier à sourire ; il se prend si peu au sérieux qu’il sourit à chaque instant de lui-même.
Avant ce temps, il était de belle taille, mince, élégant ; il eut toujours l’air très-noble, et l’âge lui avait dessiné un profil qui rappelait, par instants, celui de Voltaire, mais un profil bien moins accusé, très-fin, et qu’Isabey a si délicatement touché de son crayon.
Je n’eus qu’un instant d’extase : c’est celui où, assis à l’angle occidental du temple, sur ses dernières marches, mes regards embrassèrent à la fois, avec la magnifique harmonie de ses formes et l’élégance majestueuse de ses colonnes, l’espace vide et plus sombre de son portique, sur sa frise intérieure les admirables bas-reliefs des combats des Centaures et des Lapithes ; et au-dessus, par l’ouverture du centre, le ciel bleu et resplendissant, répandant son jour mystique et serein sur les corniches et sur les formes saillantes des figures des bas-reliefs : elles semblaient alors vivre et se mouvoir.
On peut dire que chez Vigny le penseur crée à chaque instant l’écrivain.
Les vérités qu’il s’est proposé d’établir obligent la conscience de l’homme ; elles règlent toutes ses actions ; elles ne le quittent pas d’un instant dans cette course de la naissance à la mort qu’on appelle la vie ; elles ne peuvent pas être méprisées ni éludées impunément ; elles perdent ou elles sauvent.
à chaque instant, nous en pourrions faire l’application, les préceptes se rapportant surtout aux disputes de paroles, si fréquentes entre les hommes, et à la part qu’y prend l’amour-propre.
Les lois intimes de la vie, de la marche des produits organiques, de la dégradation des nuances, doivent être à chaque instant consultées ; car ce qu’il s’agit de retrouver ici, ce n’est pas la circonstance matérielle, impossible à contrôler, c’est l’âme même de l’histoire ; ce qu’il faut rechercher, ce n’est pas la petite certitude des minuties, c’est la justesse du sentiment général, la vérité de la couleur.
Comment un être vivant ne vibrerait-il pas tout entier à tout instant dans chacune de ses pensées ?
Ces sociétés où primitivement la coopération était de tous les instants, où les besoins et les tâches étaient les mêmes pour tous, où tous étaient de même race, où la lutte encore ardue contre tout l’ambiant absorbait toute la force vitale de l’homme, le formait et le pétrissait, peuvent être conçues comme homogènesdi, comme formées de membres presque semblables en tout, de corps et d’âme, et s’il y fût né quelque individu original, différent, doué d’inclinations et de pensées qui n’étaient qu’à lui, cet individu, par la force même des choses, par l’oppression de ses compatriotes, aurait été assurément contraint de revenir au module commun.
Je restai un instant stupéfait de surprise sur le seuil, ne sachant où poser le pied pour y entrer à la suite de mon guide.
Pour offrir un verre d’eau à quelqu’un, ils diraient volontiers : Le suc délicieux exprimé du roseau Qui fond, en un instant, dans le cristal de l’eau, Et qu’on mêle au parfum du fruit des Hespérides, Peut-il porter le baume à vos lèvres arides ?
Mais si nous avons ce glorieux héritage à cœur, si nous ne voulons pas le laisser dépérir, si nous considérons enfin comme un devoir de probité intellectuelle de le transmettre à notre tour tel que nous l’avons reçu, revenons à nos traditions, ne nous flattons pas d’acquérir les qualités de l’esprit allemand ; à pareil jeu, nous ne pourrions risquer que de perdre les nôtres ; et, si nous pouvions hésiter un instant, souvenons-nous que nous suivons le conseil du plus grand et du plus illustre orateur de la langue « en résistant à cette critique importune, qui, faisant la docte et la curieuse par de bizarres raffinements, ne laisserait à la fin aucun lieu à l’art et nous ferait retomber dans la barbarie53 ». […] C’est-à-dire : si les avis se partagent et que les sentiments s’opposent quand il s’agit de juger Bossuet, ses doctrines, sa politique, son rôle d’évêque dans l’Église et de prélat à la Cour, pouvons-nous un seul instant nous méprendre sur ses intentions, et ne voyons-nous pas bien tout d’abord ce qu’il nous veut et où il nous mène ? […] Mais il avait tant de soumission, il maniait si bien le langage de la flatterie, son repentir amoureux se traduisait par tant de caresses et de câlineries, que le roi s’apaisa, se laissa reprendre, et que la concorde parut un instant rétablie. […] On n’a sur ses derniers instants que peu de renseignements, assez précis pourtant et assez authentiques pour qu’il soit inutile de discuter les légendes grotesques qui courent encore une certaine littérature, et pour pouvoir affirmer que, si dans sa longue existence il trembla plus d’une fois devant le danger, cependant il fut calme, digne et brave envers la mort.
Sainte-Beuve me disait : « A tel endroit, voyez ce que je vais mettre… » Il entrait dans mes fonctions de secrétaire de me rappeler en un instant, dès le matin, au pied levé, avant même de nous être mis au travail, l’article qu’on écrivait depuis deux jours ; mais le maître m’avait mis vite au fait, et dès longtemps j’étais habitué à ces vivacités de son esprit.
Une sensibilité extrême et pleine de larmes reparaissait par instants tout à coup à travers cette raison continue, comme une source qui jaillit d’une terre unie.
« Quoi de plus indiqué, de plus nécessaire en 1800 que de relever cet autel de saint Louis, de Charlemagne et de Clovis, un instant renversé ?
La duchesse se leva pour la retenir par une douce violence de politesse ; elles causèrent un instant debout, à pied levé et à demi voix, dans la pénombre du rideau, entre la fenêtre et la porte.
c’est bien cela, s’écria la charmante enfant, en applaudissant à ma critique ; il me semblait à chaque instant que le poète, en se moquant de lui et de moi, me jetait de l’eau tiède et de l’eau glacée dans le cœur !
Le livre tombe des mains avant d’avoir dit son dernier mot, tant on a perdu de mots oiseux à l’attendre ; l’esprit est saisi à chaque instant d’une de ces impatiences fébriles qui bouillonnent en nous jusqu’à un véritable accès de colère, croyant toujours toucher à un but qu’on lui dérobe toujours ; or, irriter et impatienter l’esprit, ce n’est pas un bon procédé pour le convaincre.