Et les héros de Troie, et Ulysse lui-même qui a tant erré parmi les hommes, et le bon porcher Eumée, et le bouvier Philœtius, et le sensible Laërte aux entrailles de père, en dirait-on mot aujourd’hui si les chants du vieillard d’Ionie n’étaient venus à leur secours ?
Mais, s’il était au fond indifférent, nous ne disons pas incrédule, il sauvait toutes les formes de l’orthodoxie, et lorsqu’une de ses tragédies avait réussi, il expliquait très bien son succès par les règles : « Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d’Euripide, et qu’il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu’il a toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de la tragédie.
V Le poète que Mozart s’était associé, pour lui donner les thèmes de ces compositions dramatiques pour le théâtre, était lui-même une espèce de Don Juan subalterne qui voulait écrire et faire chanter sa propre histoire dans l’histoire de son héros, immoral, séducteur, impénitent, et puni par le ciel de ses amoureux forfaits.
« Cependant l’été, l’hiver, le printemps, l’automne recommencent et finissent ainsi chaque année ; le soleil reparaît chaque matin où nous le vîmes se lever hier ; de nouvelles ondes remplacent sans cesse celles qui viennent de s’écouler ; mais le héros qui fit construire ce monument sur cette colline où est-il ?
Le peuple allemand est rêveur et mystique comme l’enfant dépaysé du Gange ; il s’enivre de sa propre imagination, il aime le surnaturel, il se délecte dans les traditions populaires, il ressasse éternellement les vieilles légendes, il a la pensée pleine de héros qui n’ont jamais existé ; le monde visible occupe moins de place pour lui que le monde invisible ; il converse la moitié de sa vie avec des fantômes : l’Allemagne est la terre des hallucinations.
Un chant militaire, une campagne navale du héros de la Provence, le bailli de Suffren, dans l’Inde.
morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
Le titre de Macédonien fut un crime et une injure quand Athènes sentit que la mort d’Alexandre, à Babylone, délivrait la Grèce de ce héros devenu son tyran.
C’est un héros et un tyran.
Que lui disent les héros de Louis XIV, Condé, Turenne ?
Dans la Goetterdæmmerung on remarquera les scènes des Nornes, de Waltraute et Brunnhilde, d’Alberich et Hagen, qui existaient dans le texte de La Mort de Siegfried, mais n’y servaient qu’à raconter des incidents passés, tandis qu’aujourd’hui — entièrement refondues — elles sont tout entières consacrées au seul vrai héros du drame, au Wotan invisible. — Parmi les changements qui ne touchent pas directement l’âme de Wotan, le plus important est celui-ci : que le fait matériel du vol de For devient tout à fait secondaire, puisque « celui seul qui maudira l’amour saura forger l’anneau magique ».
4 mars La princesse disait ce soir : « Je n’aime que les romans dont j’aimerais à être l’héroïne !
Il est dans Werther, quand Goethe dit par la bouche de son héros : « Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir uniquement à la nature. » Et il ajoute : « Toute règle, quoi qu’on dise, étouffera le sentiment de sa nature et sa véritable expression. » Mardi 28 mai On cherchait aujourd’hui les raisons de la puissance de résistance des hommes, nés autour de l’année 1800.
C’est ainsi que, peu à peu, en élargissant sans cesse ses relations, l’art en est venu à nous mettre en société avec tels et tels héros de Zola.
Livre qui tendrait à démontrer que les « guerriers » anarchistes sont de mauvais littérateurs, et dont le héros est finalement guillotiné, après boire, ainsi qu’il convient.
Certes, si les grands esprits, au lieu de s’arrêter à la surface, de se scandaliser de l’apparence ou de se décourager de la souffrance, avaient été plus logiques et plus courageux, ils n’auraient pas ri comme des fous dans leurs loges : ils auraient prié comme des sages ou combattu comme des héros ; ils ne se seraient pas faits les bouffons de leur espèce : ils se seraient faits ses consolateurs.
Il n’y a qu’un sujet en art : Œdipe ou Orphée ou Hamlet, c’est-à-dire un héros aux prises avec une énigme morale ou sociale. L’intérêt réside dans la lutte du héros contre lui-même ou l’antagonisme des êtres et des choses. […] Et je n’en avais que plus d’envie de le voir, cet homme qui avait incarné pour moi, quand j’avais vingt ans, l’expression la plus complète de la vérité, qui était plus près de moi, — alors, — que Flaubert lui-même, et que je me représentais, du fond de ma province, avec son nom et son prénom aristocratiques, la crânerie aisée et un peu dédaigneuse de son style, la perspicacité de sa psychologie, sa rigueur d’exactitude, sa réputation d’élève chéri de Flaubert, comme un héros de Balzac, quelque chose comme une quintessence de Rastignac et de d’Arthez mêlés… Cette forte imagination de ma prime jeunesse n’avait pu être entamée par ces propos qu’on entend à chaque instant dans les milieux lettrés sur M. de Maupassant : « C’est un snob ; ce qu’il voit de plus pratiqué au monde pour un écrivain, c’est de prendre comme éditeurs les magasins du Louvre et du Bon-Marché ; lui aussi se fait habiller et blanchir à Londres ; tous les soirs, — dit-il, mon domestique passe mes bottines dans les embauchoirs et mes pantalons sur les tendeurs. » Je voulais voir… Son avis dans cette enquête m’intéressait, d’ailleurs, particulièrement. […] je crois plutôt que ces braves héroïnes demeuraient au fond de la cour parce qu’elles n’avaient pas le moyen d’habiter sur le devant ! […] Mais Zola n’a pas en vain baptisé Jésus-Christ un héros de la Terre.
Shakspeare nous peint tels que nous sommes ; ses héros saluent, demandent aux gens de leurs nouvelles, parlent de la pluie et du beau temps, aussi souvent et aussi vulgairement que nous-mêmes, juste au moment de tomber dans les dernières misères ou de se lancer dans les résolutions extrêmes. […] Les héroïnes de notre théâtre sont presque des hommes ; celles-ci sont des femmes et dans tout le sens du mot.
Quelques traits qu’ait ajoutés la légende à la réalité du héros barbare, sa victoire apparaît d’une portée profonde. […] Lorsque les Francs pénétrèrent au cœur du pays saxon, à la poursuite des Barbares, ils trouvèrent au fond d’une forêt, dressée comme en un sanctuaire, la statue d’Hermann, le héros germain presque divinisé. Qui se fût avisé, en Gaule, d’adorer publiquement tel héros de la résistance celtique ?
Considériez, l’un après l’autre, Han d’Islande et Quasimodo, don Salluste et Jean Valjean, Antony, Caligula, Tragaldabas, les héros habituels des romans d’Eugène Sue, de Frédéric Soulié. […] Et, puisque c’était toujours ce que l’on demandait : une forme de drame ou de comédie qui ne fût pas plus aristocratique encore que la tragédie classique, mais au contraire plus semblable à la vie ; dont les héros, placés dans les mêmes conditions que nous, ne fussent pas agités de passions incommensurables, pour ainsi dire, avec les nôtres ; du moment que le romantisme ne nous la donnait pas, la tentative était à reprendre au point où l’avaient laissée les Diderot et les Sedaine. […] Mais, sans le savoir peut-être, ils aiment dans l’Éducation sentimentale une reprise d’hostilités contre le romantisme, rendu responsable de l’impuissance et de l’avortement du héros de Flaubert. […] Et, lorsque l’on compare enfin le peu de profondeur apparente de leurs compositions, de leurs symphonies ou de leurs sonates, avec ce qu’ils ont l’air entre eux d’y voir ou d’y entendre de symbolique et de mystérieux, il semble que Carlyle ait écrit pour eux cette page de ses Héros : « Pour ma part, je trouve une signification considérable dans la vieille définition vulgaire que la Poésie est métrique, a une musique en elle, est un chant…Musical !
Oui, cette passion, de toutes la plus belle, Traîne dans un esprit cent vertus après elle ; Aux nobles actions elle pousse les cœurs, Et tous les grands héros ont senti ses ardeurs. […] Lorsque vous peignez des Héros, vous faites ce que vous voulez. […] Elle s’est vue elle-même dans toutes les héroïnes des aventures d’amour, et transportant cette mentalité dans la vie réelle, elle n’a vu quoi que ce fût qui ne fût un roman dont elle était le personnage principal et homme qui ne fût amoureux d’elle.