Neptune, soulevant les ondes, ébranle la terre immense ; l’Ida secoue ses fondements et ses cimes ; ses fontaines débordent : les vaisseaux des Grecs, la ville des Troyens, chancellent sur le sol flottant. » Pluton sort de son trône ; il pâlit, il s’écrie, etc. […] Les vers grecs sont admirables ; ils deviennent tour à tour le foudre de Jupiter, le trident de Neptune et le cri de Pluton.
Philosophie grecque. […] les Grecs nous avaient devancés dans l’invention du jeu de mots. Mais nous ne jouons sur les mots que sur les théâtres forains ou triviaux de nos capitales : les Grecs d’alors jouaient sur le mot dans la chaire des philosophes et dans l’académie présidée par Platon. […] Les supplices mêmes se ressemblent dans les deux visions du philosophe grec et du poète toscan ; on y retrouve jusqu’aux cercles inférieurs du Dante. […] Il fut l’instituteur et le conseiller politique du plus grand des Grecs en génie, en politique et en héroïsme : Alexandre.
Vous êtes Italiens, sans doute, mais vous êtes Italiens comme les Hellènes étaient Grecs, Grecs dans la communauté de famille générique et dans la vaste autonomie du Péloponnèse, des îles et de l’Ionie, mais, en réalité, Lacédémoniens, Athéniens, Thébains, Corinthiens, Samiens, branches distinctes, toujours séparées, quelquefois hostiles de cette grande et héroïque famille grecque contenue à peine entre les montagnes du Péloponnèse, les archipels et les rivages de l’Asie Mineure ; branches ayant chacune son territoire, ses flottes, ses formes de gouvernement diverses, aristocratique ici, populaire là, militaire dans les montagnes, navale dans les ports, monarchique en Asie, théocratique à Éphèse, républicaine en Europe, rivale en temps de paix, confédérée en temps de guerre, indépendante pour le gouvernement intérieur, amphictyonique pour la défense commune, forme élastique qui s’étend ou se resserre selon les besoins de la race hellénique, et qui, en faisant l’émulation au dedans, la sûreté au dehors, le mouvement et le bruit partout, fit de la Grèce en son temps l’âme, la force, la lumière et la gloire de l’humanité ! […] Or vous n’êtes pas morts, vous n’êtes pas même assoupis comme hommes : deux mille ans, la barbarie, les invasions, les conquêtes, l’anarchie, les dominations diverses étrangères, les Grecs de Byzance, qui avaient transporté à Byzance le sceptre italien, les Sarrasins, les Normands, les Lombards, les Hongrois, les Souabes, les Impériaux, les Savoyards, les Espagnols, les Suisses, les bandes de condottieri soldées par vos propres souverains pour ravager ou assujettir vos provinces, ont démembré, morcelé sous les pas de millions d’hommes votre propre nationalité ; l’Italie n’a plus été que le champ de bataille du monde moderne, la scène vide du drame politique où tout le monde a joué un rôle excepté vous. […] Sont-ce les cent et une petites républiques grecques, normandes, sarrasines, colonisées et municipalisées sur les rives méridionales de la Grande Grèce, depuis Tarente, Amalfi, Salerne, etc., jusqu’à Naples ? […] Oubliez-vous qu’une puissance de soixante millions d’hommes en Europe et en Asie, la Russie, est née depuis cette époque, prêtant au schisme grec sous les czars de Russie, sous les Constantins héréditaires, un appui qui enlève au catholicisme romain une moitié de son poids dans tout l’Orient ? […] La Grèce antique fut-elle moins la Grèce, parce que les Grecs, unis dans le nom et dans la gloire hellénique, avaient dix patries distinctes dans la patrie commune ?
L’ovale des traits était sans inflexion irrégulière du moule ; la nature, sûre de ses lignes, avait modelé cette tête : le nez grec d’une statue de Phidias, la bouche aux lèvres gracieuses, mais un peu saillantes, comme celles des bustes éthiopiens dans le musée du Vatican à Rome ; le menton ferme et proéminent d’un des élèves studieux de Platon dans le tableau de l’École d’Athènes, de Raphaël. […] » Non, je n’aurai jamais, comme les Romains et les Grecs, assez de mépris pour cette mutilation de l’homme, pour cette castration de mon pays, la spécialité. […] La poésie grecque des temps intermédiaires entre l’épopée et le chant klephte populaire a-t-elle rien de plus domestique, de plus gracieux, de plus paysannesque, de plus terre à terre et de plus aérien à la fois que ce petit poème ? […] Joseph Autran est un Grec mal francisé (heureusement pour lui et pour nous), qui, ayant abordé sur quelques débris de l’antique Phocée aux bords de la Provence, comme Reboul, Mistral, Méry, Barthélemy et cent autres, n’a pas pu se défaire encore de l’accent natal : il est de cette colonie grecque qui, avec des images grecques et une harmonie ionienne, reconstruit une poésie française plus colorée, plus harmonieuse et plus chaude surtout que la poésie du Nord ! […] Elle écrivait avec la même facilité en anglais, en allemand, en français, en italien, en grec, en hébreu, éloquente et poète sur dix instruments antiques ou modernes, sans distinction et presque sans préférence ; musicienne qui joue avec tous les claviers.
On exclut du discours la plupart des mots qui servent à l’érudition spéciale et à l’expérience technique, les expressions trop latines ou trop grecques, les termes propres d’école, de science, de métier, de ménage, tout ce qui sent de trop près une occupation ou profession particulière et n’est pas de mise dans la conversation générale. […] Grecs, Romains, chevaliers du moyen âge, Turcs, Arabes, Péruviens, Guèbres, Byzantins, ils sont tous la même mécanique à tirades. […] Le Grec ancien, le chrétien des premiers siècles, le conquérant germain, l’homme féodal, l’Arabe de Mahomet, l’Allemand, l’Anglais de la Renaissance, le puritain apparaissent dans leurs livres à peu près comme dans leurs estampes et leurs frontispices, avec quelques différences de costume, mais avec les mêmes corps, les mêmes visages et la même physionomie, atténués, effacés, décents, accommodés aux bienséances. […] Descartes déprime « les simples connaissances qui s’acquièrent sans le secours du raisonnement, telles que les langues, l’histoire, la géographie, et en général tout ce qui ne dépend que de l’expérience… Il n’est pas plus du devoir d’un honnête homme de savoir le grec et le latin que le langage suisse et le bas-breton, ni l’histoire de l’empire romano-germanique que celle du plus petit État qui se trouve en Europe ». […] Dans le plus beau roman du dix-septième siècle, la Princesse de Clèves, le nombre des mots est réduit au minimum Le Dictionnaire de l’ancienne Académie française contient 29 712 mots ; le Thesaurus grec de H.
Les Védas chez les Indiens, les Kings chez les Chinois, le Zend-Avesta chez les Persans, les Chants orphéiques chez les Grecs, les feuilles même de la Sybille chez les Romains, la Bible et les Psaumes chez les Hébreux, sont les principaux monuments sacrés de ces différentes zones de la terre. […] Cette harpe hébraïque était sans doute un instrument à deux ou trois cordes, semblable à celui que les Grecs appelaient lyre, et dont Achille s’accompagne pour pleurer Briséis sous sa tente ou au bord des flots de la mer, au ravissement de son ami Patrocle. […] Avaient-ils l’hémistiche, les pieds, la rime de ce langage nombreux et musical que les Grecs, les Latins et nous, nous appelons aujourd’hui des vers ? […] XXVII Le premier des poètes lyriques profanes est le poète grec Pindare. […] XXVIII Mais Pindare était tout simplement un barde hellénique, un poète lauréat à la solde de toutes les villes grecques ou de tous les vainqueurs qui se disputaient le prix aux jeux olympiques.
Une poétique du temps d’Élisabeth et de Philippe II se serait mal appliquée aux événements fabuleux ou historiques de l’antiquité ; il y aurait eu une sorte de disconvenance et presque d’anachronisme à traiter des sujets grecs autrement que ne les auraient traités les Grecs eux-mêmes. […] Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir. […] Il nous semble que Cinna et Horace, Phèdre et Iphigénie, Mithridate et Britannicus, Œdipe et Mérope, Brutus et Rome sauvée, tragédies puisées, les unes dans le théâtre grec, les autres dans les annales de l’ancien Univers, et toutes imitées ou créées avec un égal génie, sont des œuvres modernes et françaises, en dépit de leur origine ; qu’elles ne sont ni des calques, ni des copies, ni des pastiches ; qu’il y a de la sève et de la vie, et qu’enfin ce ne sont pas là tout-à-fait, comme on l’a dit, les productions d’un art pétrifié. […] Dit-on que les sujets grecs ou romains sont épuisés ?
S’ils ignorent le grec et le latin, qu’ils n’en prennent pas prétexte pour s’endormir dans l’incuriosité et l’ignorance. […] Je ne voudrais point qu’on négligeât la littérature chrétienne, grecque et latine. […] On y joindra quelques homélies des Pères grecs, et la Cité de Dieu de saint Augustin avec ses admirables Confessions. […] Taine sur l’art grec, que si l’on a feuilleté, extrait, appris un manuel exact et complet, où il y a tout, mais où l’on ne voit rien.
L’explication des textes est identique en son essence à l’exégèse pratiquée dans les sciences religieuses et dans la philologie grecque et latine. […] Les professeurs n’eurent qu’à faire parler leurs élèves ; et ils constatèrent aisément que les contresens étaient aussi faciles à faire, et n’étaient guère moins nombreux sur une page de français que sur une page de latin ou de grec. […] On n’expliquera pas non plus tout à fait de même certains ouvrages et certains auteurs avec des auditeurs qui n’ont pas fait de grec et de latin, et avec des auditeurs qui savent ces langues. […] Je n’en conclus pas du tout qu’on soit moins capable de comprendre et de sentir les œuvres françaises quand on ne sait pas le grec et le latin.
Tout le monde sçait que les fables des Egyptiens, des Grecs & des Romains, composoient la religion de ces peuples les plus éclairés de la terre. […] Les imaginations fabuleuses, ce merveilleux répandu dans la poësie Grecque & Romaine, ne trouvèrent pas plus de grace auprès de M. […] Ce poëte Grec, Latin, Italien & François, avoit encore plus de zèle que de talent pour l’art des vers, quoiqu’il en ait fait d’assez heureux. […] Cependant il prétendoit à l’érudition ; il se disoit très-habile dans le Grec, quoiqu’il n’en sçût pas un mot.
Piccolos, Grec de mérite, avec qui j’ai été vous visiter à la Force en 1829, a traduit grand nombre de vos chansons en grec moderne (il est à Bucharest actuellement, où il a rendu de grands services comme médecin et dans l’instruction publique) ; il voudrait publier son recueil de traductions avec toutes les notes d’un érudit minutieux. […] Tout à Bucharest qu’il est, il tient à ces détails comme un commentateur du Bas-Empire, et avec cela c’est un patriote grec de la Renaissance.
III Ce serait presque une anthologie avec un seul poète, — une anthologie non pas grecque de sentiment, car l’auteur du Roitelet n’a dans l’inspiration aucun archaïsme, mais grecque par cette brièveté pleine qui, en quelques vers, enferme ou concentre toute une perspective et fait un poème comme un disque, car, chez les Grecs, rondeur voulait dire perfection !
Boileau a très-bien jugé ce Poëte ; quand il a dit après avoir parlé de Marot : Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode, Réglant tout, brouillant tout, fit un Art à sa mode, Et toutefois long-temps eut un heureux destin ; Mais sa Muse, en François, parlant Grec & Latin, Vit dans l'âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque. […] De là cette fureur de mettre à contribution toutes les Langues, de farcir ses Poésies de vocables Grecs, Latins, Italiens, Languedociens, Normands, Picards.
En cela, on leur oppose les Grecs. […] Hors de l’Attique, le paysage grec est plus accommodant. […] … Aujourd’hui les Romains parlent italien, mais les Grecs parlent toujours grec. […] J’appris qu’elle portait le nom d’Hélène, qui est celui d’une princesse grecque célèbre par sa beauté et ses dérèglements, mais aussi d’une Sainte grecque, mère du grand Constantin. […] Elle n’est pas tout à fait grecque.
Balzac ne doit rien à l’antiquité pour lui il n’y a ni Grecs ni Romains, et il n’a pas besoin de crier qu’on l’en délivre. […] Il lisait d’un œil négligent les blanches strophes de marbre où l’art grec chanta la perfection de la forme humaine. […] Il n’eut dans ce genre, qui rappelle les exercices des sophistes grecs, d’autre rival que Méry. […] Hase ; Bélise l’eût embrassé pour l’amour du grec. […] Il saluait en passant les dieux étrangers qu’il trouvait peut-être un peu barbares, comme faisaient les Athéniens de tout ce qui n’était pas grec.
Dans un autre livre qu’il publie concurremment, il chante la beauté grecque avec une certitude d’érudition qui, moins stricte, serait des plus intéressantes. […] Jacques Madeleine a pu, sans téméraire vanité, inscrire au-dessous du titre les paroles grecques du poète inconnu et entrelacer à ses strophes les textes mêmes qui les ont inspirées.
Le chœur, chez les Grecs, était une des parties de quantité de la tragédie ; il se partageait en trois parties, qu’on appelait parodos, strasimon et commoï. […] Le grand Corneille répond à ces objections, que cet usage a été établi pour donner du repos à l’esprit, dont l’attention ne pourrait se soutenir pendant cinq actes, et n’est point assez relâchée par les chants du chœur, dont le spectateur est obligé d’entendre les moralités ; que, de plus, il est bien plus facile à l’imagination de se figurer un long terme écoulé dans nos entr’actes, que dans les entr’actes des Grecs, dont la mesure était plus présente à l’esprit ; qu’enfin la constitution de la tragédie moderne est de ne point avoir de chœur sur le théâtre, au moins pendant toute la pièce.
Alors la comédie prit pour modèle la tragédie, inventée par Eschyle ; et ce fut là proprement l’origine grossière de la comédie grecque, dont on distingue trois époques remarquables, qui la divisent en ancienne, moyenne et nouvelle. […] Telle fut la comédie dite ancienne, dont le trop fameux Aristophane, poète grec, vivant vers l’an du monde 3680, est regardé comme le fondateur, ne respectant ni les mœurs, ni les lois, ni les vertus, ni la société.
Ce vers si simple et si aimable : Je ne l’ai point encor embrassé d’aujourd’hui, est le mot d’une femme chrétienne : cela n’est point dans le goût des Grecs, et encore moins des Romains. […] Rama hébreu (d’où le mot ῤάδαμνος des Grecs), se dit d’une branche d’arbre, d’un bras de mer, d’une chaîne de montagnes.
Manéthon, grand pontife d’Égypte, avait donné à l’histoire des premiers âges de sa nation, écrite en hiéroglyphes, l’interprétation d’une sublime théologie naturelle ; les philosophes grecs donnèrent une explication philosophique aux fables qui contenaient l’histoire des âges les plus anciens de la Grèce. […] Les chronologistes ont donc pris un soin puéril en le plaçant trente ans avant Homère, tandis qu’il dut venir après les Pisistratides.On pourrait cependant attaquer cette opinion en considérant Hésiode comme un de ces poètes cycliques, qui chantèrent toute l’histoire fabuleuse des Grecs, depuis l’origine de leur théogonie jusqu’au retour d’Ulysse à Itaque, et en les plaçant dans la même classe que les rapsodes homériques.
Le mot aristocrates répond en latin à optimates, pris pour les plus forts (ops, puissance) ; il répond en grec à Héraclides, c’est-à-dire, issus d’une race d’Hercule pour dire une race noble. […] Il en est de même des curètes que les Grecs retrouvèrent dans l’ancienne Italie ou Saturnie, dans la Crète et dans l’Asie.