Un gouvernement dont je n’estimais pas l’origine, mais contre lequel je ne conspirais pas, venait de s’abîmer et de disparaître en trois heures, sans défense. […] Le jour où les revers de Charles-Albert furent pressentis à Paris, l’ordre de marche de l’armée des Alpes fut préparé sans hésiter par le gouvernement de la république. La fatale insurrection communiste ou démagogique de juin entraîna la retraite de ce gouvernement. Pendant que ce gouvernement combattait dans les rues de Paris pour le salut de la république et de l’assemblée ; pendant qu’il triomphait par l’armée qu’il avait préparée, par le général qu’il avait nommé, par ses propres mains, chef et soldat lui-même, offrant sa vie au feu pour défendre la représentation nationale, cette même représentation nationale le soupçonnait odieusement d’une complicité souterraine avec ses ennemis, et lui redemandait en hâte le pouvoir exécutif pour le décerner à un dictateur aussi patriote, mais pas plus dévoué que lui à la France. […] Étranger depuis ce jour au gouvernement, j’ignore quelles furent, à l’égard de l’Italie, les pensées et les nécessités des gouvernements successifs de la république.
J’en fus frappé ; je prévis un grand événement, un grand changement dans l’état des choses, et même dans la forme du gouvernement. […] On avait parlé d’exclure de la nomination ceux qui tenaient des pensions du gouvernement ; il se crut obligé de déclarer à l’Assemblée qu’il tenait, des grâces et des pensions du gouvernement, la plus grande partie de sa fortune : Je ne crois pas que l’on pense à moi pour la députation, disait-il, mais je dois cet éclaircissement, qui m’en éloigne à jamais ; je crois même devoir prévenir mes collègues que dans le cas où, malgré cette motion et les motifs d’exclusion qu’elle établit, on me ferait l’honneur de me nommer, je me ferais un devoir de refuser.
Pendant qu’une commission instituée par décret de l’empereur, sur le rapport du ministre d’État, et composée des hommes les plus autorisés et les plus compétents, travaille sans relâche et avec le sentiment de sa haute mission à recueillir non seulement les lettres, mais les ordres, les annotations, les décisions et pensées de toutes sortes de l’empereur Napoléon Ier, tout ce qui s’offre avec sa marque visible, avec son cachet personnel immédiat, et non seulement les documents relatifs à des matières de gouvernement et aux actes du souverain, mais aussi les écrits qui peuvent éclairer le caractère intime de l’homme ; pendant qu’on met à contribution les dépôts publics et les collections particulières de quelques familles considérables ; qu’à l’heure qu’il est près de vingt mille documents sont rassemblés, et que, la question de classement une fois résolue, on espère, dans un an ou quinze mois, être en mesure de livrer les premières feuilles à l’impression ; pendant ce temps-là, la publication des Œuvres de Frédéric le Grand, commencée depuis plusieurs années par ordre du gouvernement prussien sous la direction de M. […] Sachant de quelle importance est le militaire dans le gouvernement, et surtout en Prusse52, il a là-dessus des principes immuables et fixes sur lesquels aucune considération personnelle ne le saurait entamer.
Il se raillait (ce qui est un signe de légèreté) des choses même auxquelles il prenait part ; il n’entrait pas dans l’esprit de ce ferme et stable gouvernement bernois, et il ne commença à le respecter, à l’apprécier et à en reconnaître les vertus qu’au moment où il le vit s’écrouler sous le choc de la Révolution : jusque-là il n’en avait guère aperçu que les défauts. […] Comment n’en eût-il pas été, l’aimable et hospitalier bailli de Nyon (car ce fut le second gouvernement de Bonstetten) qui, aux belles années finissantes de Louis XVI et aux premières années de la Révolution (1787-1792), eut l’occasion de recevoir, d’accueillir la meilleure compagnie française, le monde élégant des émigrés, et de leur adoucir la première étape de l’exil ? […] Lorsqu’on le mettait sur ce chapitre de l’émigration française, à laquelle il fut si généreusement secourable : Ma conscience, disait-il gaiement, ne me reproche que deux méfaits pendant cette importante et difficile période de mon gouvernement.
Don Juan, bâtard reconnu du dernier roi, soutenu des vœux de la noblesse, lutta contre l’un et l’autre de ces favoris et contre la reine mère, au mauvais gouvernement desquels on imputait tous les maux de l’État et les désastres de la monarchie dans les guerres avec la France. Il était parvenu à triompher d’eux tous au moment de la majorité du jeune roi qui se déclara pour lui : devenu à son tour premier ministre (1677), maître de la personne du roi et du gouvernement de l’État, il ne sut pas justifier les espérances qu’avait fait concevoir son élévation. […] Jusqu’à ce moment le roi crut y aller, pendant que tout Madrid savait dix jours auparavant qu’il n’irait point, et que les ministres l’avaient dit à leurs amis. » Voilà où ce noble pays était tombé ; et cette dissolution graduelle du gouvernement et de la société ne dura pas moins de vingt ans encore, autant que la vie de ce morne et languissant monarque, jusqu’à ce qu’un sang dynastique nouveau vînt y apporter quelque remède et quelque rajeunissement.
L’on dirait : — pour administrer telle population, il faut exiger tel sacrifice de la liberté individuelle : — donc telles lois, tel gouvernement conviennent à tel empire. — Pour telle richesse, telle étendue de pays, il faut tel degré de force dans le pouvoir exécutif : — donc telle autorité est nécessaire dans telle contrée, et tyrannique dans telle autre. — Tel équilibre est nécessaire entre les pouvoirs, pour qu’ils puissent se défendre mutuellement : — donc telle constitution ne peut se maintenir, et telle autre est nécessairement despotique. — On pourrait prolonger ces exemples ; mais comme la véritable difficulté de cette idée n’est pas de la concevoir abstraitement, mais de l’appliquer avec précision, il suffit de l’indiquer. […] On peut encore moins présenter comme une preuve des progrès de l’esprit humain en politique, la longue durée et la stabilité presque indestructible de quelques gouvernements de l’Europe, qui, se soutenant par leur puissance et maintenant chez eux la paix et le calme, garantissent aux hommes quelques avantages de l’association. […] Si une expérience physique peut manquer, parce qu’on ne s’est pas rendu compte d’une légère différence dans les procédés, d’un léger degré de plus ou de moins dans le froid ou la chaleur, quelle étude du cœur humain ne faut-il pas pour déterminer la considération qu’on doit donner au gouvernement, afin qu’il soit obéi sans pouvoir être injuste, et l’action nécessaire aux législateurs pour réunir la nation dans un même esprit, sans entraver l’essor individuel ?
On peut rattacher encore à l’éloquence politique ce que l’on pourrait appeler l’éloquence administrative : les discours, les rapports, par lesquels des avocats généraux ou présidents de Parlement, des intendants, des ministres indiquent des abus, tracent des plans de gouvernement, s’associent selon le caractère de leurs emplois à la direction des affaires publiques. […] Il a vu que la Révolution ne pouvait se sauver que par une translation de propriété qui intéresserait des milliers d’individus à garantir l’ordre nouveau : mais les biens du clergé vendus, les privilèges de la noblesse supprimés, l’égalité civile et politique établie, la liberté assurée, la royauté devenue constitutionnelle, Mirabeau fut content ; il ne s’occupa plus que de conserver cet ordre qu’il estimait conforme au gouvernement idéal ; et comme pour le fonder il avait fallu vaincre la royauté, tout son soin tendit à fortifier la royauté. […] L’éloquence était un moyen de gouvernement, presque une nécessité pour ce parvenu qui, régnant par l’admiration et la confiance, devait entretenir la foi en son infaillible génie : il fallait que dans chacune de ses paroles il fit sentir la supériorité dont il tenait son droit.
« Les pouvoirs qui imposent la sanction obligatoire sont la loi et la société, c’est-à-dire la communauté agissant, ou bien par les actes judiciaires publics émanant du gouvernement, ou bien indépendamment du gouvernement par l’expression non officielle d’une désapprobation, par l’exclusion des offices sociaux. […] « Je maintiens, au contraire, que la conscience est une imitation au dedans de nous-mêmes du gouvernement qui est en dehors. » Elle se forme et se développe par l’éducation182.
Il n’eut qu’à montrer d’abord que les Français naufragés étaient embarqués pour les Grandes-Indes, et qu’il avait été stipulé par les chefs avec le gouvernement anglais qu’ils ne seraient point employés contre la France. […] Les naufragés de Calais ne furent point traités en ennemis déclarés, ni en étrangers innocents : le Directoire les retint en prison ; ils ne furent mis en liberté qu’à l’avènement du gouvernement consulaire. […] Montlosier, à cheval sur le droit féodal et sur la coutume, sur le gouvernement domestique et l’autorité paternelle, accusait les rédacteurs du Code civil d’avoir isolé le législateur d’avec la nation (ce que précisément ils s’étaient bien gardés de faire).
Paris, de tout temps, qu’on vive sous l’Ancien Régime, ou sous une époque impériale, ou sous un gouvernement constitutionnel, Paris a besoin d’un nouvel entretien tous les quinze jours ou tous les mois : que ce soit un discours d’orateur, une question Pritchard, l’arrivée d’une troupe de danseuses espagnoles ou hongroises, cela revient presque au même pour la dose de l’intérêt. […] C’était pour beaucoup une manière indirecte de fronder le gouvernement dont M. […] Étienne, en 1812, s’était vu tout à coup impopulaire comme homme du pouvoir, comme instrument du gouvernement et organe de la censure officielle : la Restauration le voua à un rôle tout différent.
L'idée générale du Gouvernement Chinois, les Réflexions politiques sur les plus grands Princes, la Lettre sur les transactions du Regne d'Elisabeth, & sur-tout ses Traductions des Essais de Pope sur l'Homme & sur la Critique, ne peuvent être que des Productions d'un esprit pénétrant, étendu, lumineux, & cultivé.
L’égalité devant la loi, et la liberté devant la foi solidement constituée, il importait peu à cette révolution que le pouvoir exécutif ou le ressort actif du gouvernement politique s’appelât roi ou président, monarque ou dictateur, qu’il fût héréditaire, ou qu’il fût électif ; mais il importait infiniment que ce grand ressort actif du gouvernement fût affranchi de toute aristocratie privilégiée et de toute théocratie prédominante. […] LV Coppet fut comme toujours son asile, mais cet asile cette fois était à l’abri de la violence de son persécuteur ; il n’était pas autant à l’abri de ses séductions : tout semble indiquer que les plus chers et les plus habiles intermédiaires entre madame de Staël et Napoléon furent employés pour assurer une réconciliation dont les deux millions toujours en suspens dans la main du gouvernement français seraient le gage. […] LVI On croit que madame de Staël, tout en gémissant sur la versatilité de son ancien ami, eut, sinon quelque faiblesse, au moins quelques ménagements pour Napoléon pendant les cent jours, soit qu’elle eût une généreuse pitié pour le tyran luttant avec l’adversité qu’il supportait moins bien que les victoires ; soit qu’elle espérât mieux de la liberté sous un second règne obligé de mendier du républicanisme le pardon du premier ; soit qu’elle se défiât de la fortune et que, dans l’intérêt de ses enfants, elle crût devoir laisser une porte entr’ouverte à la restitution des deux millions dont le gouvernement marchandait son silence. […] La seconde restauration lui rendait Paris, le gouvernement représentatif, la liberté de la pensée, l’influence de la parole, la faveur de Louis XVIII, la fortune de M.
Parole qui caractérise l’esprit d’un Gouvernement vraiment sage, & que les Princes ne sauroient trop répéter, pour l’encouragement de ceux qui ne craignent pas de s’élever contre l’erreur & l’iniquité, les plus redoutables ennemis des Rois & des Nations.
De là il passa en Angleterre, où il put assister à la marche régulière et puissante d’un vrai gouvernement représentatif qui savait toutefois se défendre énergiquement alors contre le contrecoup venu de France et contre toute tentative d’anarchie. […] J’ai parcouru leurs honorables rangs, j’ai recueilli leurs libres sentiments, je n’en suis que l’organe, et c’est en leur nom que j’offre à la nation et au gouvernement des vérités qui seront à la fois un hommage pour l’une et une instruction pour l’autre. […] Nous voici délivrés à la fois des habitudes serviles de l’ancien ordre et des exagérations passionnées du nouveau, appelés par notre gouvernement à délibérer sur de grands intérêts, reconnus par lui-même assez sages pour les bien déterminer ; eh ! […] Duvergier de Hauranne l’a bien senti, et il n’a eu garde d’en omettre la mention dans son Histoire du gouvernement parlementaire, à l’endroit où il signale le vote du consulat à vie. […] Son rôle pendant ces quatre années peut se diviser en deux temps fort distincts : dans toute la première période, il est avec le ministère ; il appuie le gouvernement, car le gouvernement à cette époque avait à lutter contre un parti et contre une faction.
Il y donne une idée assez étendue de l’Histoire Naturelle de ce pays, des Moeurs, de la Religion, du Gouvernement, & du Commerce de ses Habitans.
Le Gouvernement se crut obligé d’éloigner de la Capitale un Sujet aussi turbulent.
De la science dans le gouvernement de l’humanité réfléchie. […] Idée d’un gouvernement scientifique.
Cette langue était peu répandue en Judée hors des classes qui participaient au gouvernement et des villes habitées par les païens, comme Césarée 127. […] Encore moins connut-il l’idée nouvelle, créée par la science grecque, base de toute philosophie et que la science moderne a hautement confirmée, l’exclusion des dieux capricieux auxquels la naïve croyance des vieux âges attribuait le gouvernement de l’univers.
Les gouvernements et les hommes ont ordinairement de plus lâches coutumes. […] Lionne était, lui, de la race des susceptibles et des bouillants ; et c’est pourquoi, à part ces grandes manières qu’il avait et qui sont d’un immense emploi dans toutes les situations, il fut moins distingué et moins utile comme ambassadeur et ministre plénipotentiaire que comme secrétaire d’État et rédacteur éclatant de la pensée de son gouvernement.
Et, en effet, pour Charles Weiss, comme pour le siècle dont il est le fils, le mal produit par la révocation de l’Édit de Nantes a été le plus grand mal qui puisse arriver à un gouvernement ou à un peuple ; et savez-vous pourquoi ? […] Mais, pour eux, il y avait une question plus haute que la question de ce dommage : c’était la question posée et reposée depuis des siècles, cette question de l’unité dans l’État, qui n’a perdu de son importance que depuis que les gouvernements se sont affaiblis.
… Ce diplomate est vraiment le Job de la diplomatie, sur le fumier des gouvernements. […] Il avait propagé dans les plus hautes sphères de l’Europe les doctrines égoïstes d’une philosophie destructrice de ce qui fait la force des gouvernements et leur foi religieuse en eux-mêmes.