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738. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

J’ai quelquefois écrit suivant l’art, que très peu de gens connaissent ; mais quand je vois les monstruosités auxquelles accourent le vulgaire et les femmes, je me fais barbare à leur usage. […] Si la tragédie est la représentation d’une action importante où figurent des personnages illustres, animés de passions dont la lutte doit produire un événement funeste ; si la comédie est une action où le contraste des caractères et des mœurs, chez des gens de condition privée, produit le ridicule, ou seulement des images frappantes de la vie commune ; s’il n’y a ni tragédie ni comédie sans la convenance suprême d’une langue durable, on ne peut contester à Corneille l’invention du poème dramatique. […] Le trop d’esprit est le trait de gens qui ont besoin de justifier leur passion ou de s’exagérer leur devoir. […] Je veux que la passion plaide sa cause, qu’elle soit abondante, ingénieuse ; que les personnages de la tragédie soient à la fois passionnés et gens d’esprit. […] Ce jugement eût été vrai du haut d’une chaire ; d’une compagnie de gens d’esprit, il était excessif.

739. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Mais il est patent que bien des gens se disent et se croient chrétiens, qui non seulement ne pratiquent guère la morale chrétienne, mais professent même des principes niant directement les idées morales qu’ils acceptent et invoquent à l’occasion. […] Il résulte de tout cela des compromis bizarres, des amalgames étranges et incohérents et des déviations nouvelles, depuis le point d’honneur qui force à régler par les armes un différend littéraire ou politique, jusqu’à celui qui provoque le suicide de Vatel, jusqu’à celui qui pousse des gens naïfs à avaler, pendant que sonnent les douze coups de midi, un nombre indigeste d’œufs durs. […] D’autre part, il y a quelque avantage social — avec bien des inconvénients — à laisser croire aux gens qu’un effort est un signe de supériorité morale. […] Et je ne sais point d’ailleurs où l’ont connue les gens qui en médisent, ni comment ils ont pu arriver si vite à s’en dégoûter ! […] On en a quelques aperçus en considérant les gens développés partiellement, et en somme déformés par l’abus de certains sports, comme la bicyclette ou quelques formes de gymnastique.

740. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

existe-t-il encore des gens assez emperruqués pour aimer, après Wagner, l’art de Mozart, de Weber, de Rossini et de Beethoven ? […] Il y a parmi ces gens des enthousiastes inouïs, presque des martyrs, et il y a aussi des « snobs », — comme dans toutes les assemblées d’excentriques, — de ces personnages qui se croiraient perdus s’ils n’étaient avec les plus avancés sur un point quelconque de l’art. […] L’annonce de cette solennité avait attiré à Munich une affluence énorme de tous les points de l’Allemagne et de l’Europe ; mais l’auteur, en homme ayant profité de l’insuccès de Tannhaeuser, avait pris ses précautions pour interdire l’entrée à tous les gens suspects d’opposition. […] A quoi bon, objectent alors certains critiques, des œuvres qui réclament tant d’efforts et qui, d’ailleurs, sont comprises par si peu de gens ? A cela on peut répondre : tout ce qui est grand est difficile et rare ; ou mieux encore, pour parler avec Berlioz : « Il serait vraiment déplorable que certaines œuvres fussent admirées par certaines gens. » Ces critiques-là ne sont plus nombreux aujourd’hui ; mais comme ils font tout ce qu’il faut pour justifier le mot si cruel de Berlioz !

741. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Ségalas, Anaïs (1819-1895) »

. — Les Jeunes Gens à marier (1886).

742. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 171

Son Ovide en belle humeur ne trouve plus des gens d’assez mauvais goût pour le lire ; aussi ce Poëte, si on peut l’appeler ainsi, avoit-il choisi le plus pitoyable de tous les genres, sans avoir les mêmes talens que Scarron, pour se le faire pardonner.

743. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 255

Il a bien pu prendre sur lui de continuer l’Histoire Ecclésiastique de Fleuri, mais peu de gens osent prendre sur eux de lire sa continuation.

744. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 513

Les Gens de Lettres lui doivent l’édition très-correcte de plusieurs Historiens Latins, qu’il a d’ailleurs enrichie de Notes & de Préfaces aussi instructives que bien écrites.

745. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 413-414

Ses Ouvrages en Prose, aussi en Latin, sont plus estimés, & ses deux Traités, l'un de l'Epigramme, l'autre de ludricâ dictione, c'est-à-dire, du style burlesque, ont mérité le suffrage des Gens de goût.

746. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Collin de Vermont et Jeaurat » p. 94

S’il y a peu de gens qui sachent regarder un tableau, y a-t-il bien des peintres qui sachent regarder la nature ?

747. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 449

Les Gens de l’Art font cas des Mémoires, des Traités, des Dissertations & des Ouvrages qu’il a composés pour leur instruction.

748. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 272-273

Gens sages, en qui je me fie, M’ont dit que c’est fait prudemment Que d’y penser toute sa vie.

749. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Préface »

Eh bien, dans ce dernier volume, je vais tâcher, autant qu’il m’est possible, de servir seulement aux gens, saisis par mes instantanés, la vérité agréable, l’autre vérité qui fera la vérité absolue, viendra vingt ans après ma mort.

750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 438

La maniere obligeante avec laquelle il communiquoit ses lumieres à ceux qui le consultoient, & son honnêteté lorsqu’il s’agissoit de procurer le secours des Livres aux Gens de Lettres qui en avoient besoin, sont des titres assurés pour mériter la reconnoissance de son siecle, & les louanges de la postérité.

751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 220

Son Homme aimable n’auroit pu être critiqué que par les gens qui ne le sont pas.

752. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Prologue » pp. 213-214

Prologue Nous, par la grâce du Figaro et notre propre volonté, secrétaire d’État au département de la Fantaisie, Vu l’internement du peuple turc en Asie Mineure ; Vu la cherté des loyers et l’exiguïté des logements parisiens ; Vu l’endurcissement des propriétaires ; Considérant que, par suite de l’internement du peuple turc en Asie Mineure, les appartements de Constantinople sont inoccupés ; Que la magnificence et la somptuosité orientales règnent avec profusion dans ces appartements ; Que les littérateurs, en leur qualité de gens d’imagination, ont évidemment droit à tout le luxe possible ; — Arrêtons : Article premier. — À partir du 15 janvier 1864, les hommes de lettres seront transportés à Constantinople sur des galères richement décorées.

753. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Vous méprisez en la personne de ces gens-là ce que vous serez dans trente ans après beaucoup d’efforts. […] Il abonde en anecdotes amusantes sur tous ces gens-là. […] Il ignorait qu’en novembre-décembre 1788, Volney s’était lancé très vivement et même à corps perdu dans le mouvement populaire et, à Rennes, avait été le centre d’une agitation politique, dans laquelle il avait fait entrer très habilement Bretagne, Anjou et Touraine, s’occupant des gens de Quimper, des gens d’Angers, des gens de Rennes et des gens de Tours, rapportant leurs anciennes querelles, rééditant par allusions ou par récits les incidents locaux, relevant les plaintes et doléances anciennes et nouvelles, etc. […] Je vous aurai toujours fait relire Les Pauvres Gens. […] Il est digne de l’attention des gens sérieux, et il sera divertissant pour tout le monde.

754. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Tous ces gens qui voulaient parler à ma place m’impatientaient. […] J’ai fait connaissance, aujourd’hui 10, avec quelques gens de lettres, et je compte profiter de leurs bibliothèques beaucoup plus que de leur conversation. […] Votre idée me rend toujours une partie de la vivacité que m’ont ôtée les malheurs, la faiblesse physique, et mon long commerce avec des gens dont je me défie. […] Croiriez-vous que les gens les plus violents dans l’Assemblée nationale, ceux qui affichent le républicanisme le plus outré, sont de fait vendus à l’Autriche ? […] Benjamin Constant, comme bien des gens, se trompait sur la date précise de sa naissance.

755. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Des gens qui se font appeler fils de Dieu, œil de Dieu (voyez les inscriptions d’Hamaker) ne sont pas simples comme vous l’entendez ! […] C’est d’ailleurs le ressouvenir d’une anecdote, rapportée dans Polyen (Ruses de guerre), l’histoire de Théodore, l’ami de Cléon, lors de la prise de Sestos par les gens d’Abydos. […] « Pourquoi ne voulez-vous pas non plus que la disparition du Zahnph ait été pour quelque chose dans la perte de la bataille, puisque l’armée des Mercenaires contenait des gens qui croyaient au ZaïmphI J’indique les causes principales (trois mouvements militaires) de cette perte ; puis j’ajoute celle-là comme cause secondaire et dernière. […] Je regarde des Barbares tatoués comme étant moins anti-humains, moins spéciaux, moins cocasses, moins rares que des gens vivant en commun et qui s’appellent jusqu’à la mort Monsieur !

756. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

* *  * On entend d’ici les gens « pratiques » murmurer : « Mon Dieu ! […] Et voilà pourquoi nous avons lancé notre pétition, et pourquoi chacun — des industriels qui se rendent compte du danger, aussi bien que des gens de lettres et des professeurs — pourquoi chacun l’a signée. […] Je regrette de devoir quelque chose à ces gens-là. […] Certes, ces gens-là sont les irréconciliables ennemis des études classiques, et d’ailleurs de toute espèce d’études.

757. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Nous avons de beaux arts, nous produisons des effets sensitifs, nous communiquons des émotions vagues ou particularisées, mais nous ignorons l’art d’éclairer un parti, et de pousser à le prendre… Les discours qui se tiennent au Parlement d’Angleterre ont un but ; ils ne ressemblent point à notre style oratoire ; il n’y a point cette emphase, ce ton de dignité… Ce sont des gens qui ont des affaires ; nous sommes oiseux et nous nous arrêtons à faire les beaux. […] Faut-il dorer sa pensée afin d’employer une couleur de style digne de gens qui auraient honte d’avoir rien de commun avec le peuple ? […] Il en faudrait seulement conclure que le monde est plein de gens légèrement fous ou enivrés. […] Il les compare à des pièces de musique qui manquent de l’unité de mélodie : « Les gens de lettres ressemblent trop à la musique sans unité. » Pour lui, dans toute cette première partie de sa vie, et quand on le surprend comme je l’ai pu faire, grâce à cette masse de témoignages de sa main, dans l’intimité de sa méditation et de son intelligence, on le reconnaît et on le salue tout d’abord (indépendamment de ses erreurs) un grand harmoniste social, un esprit qui a sincèrement le désir d’améliorer l’humanité et d’en perfectionner le régime ; qui a en lui, sinon l’amour qui tient à l’âme et aux entrailles, du moins le haut et sévère enthousiasme qui brille au front de l’artiste philosophe pour la grande architecture politique et morale.

758. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Plus de public, mais une certaine quantité de gens qui aiment à digérer, en lisant une prose claire ressemblant à un journal, qui aiment à se faire raconter des histoires en chemin de fer par un livre qui en contient beaucoup, et qui lisent non pas un livre, mais pour vingt sous… Véron, un Mécène encensé sous le masque par la Société des gens de lettres. […] Personne même n’est mort parmi les gens que je connais. […] Puis, il la distrait par des scènes continuelles, des consignations de gens à la porte, des sacrifices de toutes sortes, et la boude, la gronde, l’insulte, fait amende honorable, puis la réinsulte, — maintenant son adorée, tout le temps, dans l’émotion fiévreuse d’une liaison toujours au bord d’une rupture ou d’une réconciliation.

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