À la condition de se garder contre les dangers de la métaphore on pourra même trouver profit à en désigner les phases successives par les termes consacrés de majeure, de mineure et de conclusion. […] C’est souvent alors pour conserver un certain nombre de manières d’être, de relations sympathiques avec les autres, pour garder la considération, l’estime, l’approbation de ceux que l’on fréquente, qu’on se décide à penser et à agir comme eux. […] Sans doute il y a, entre les deux processus, des ressemblances que je me garderai de méconnaître et qui n’ont pas été toujours suffisamment aperçues. […] Au reste il est deux illusions opposées dont il faut se garder, et l’on a pu voir grandir, en ces derniers temps, une tendance marquée à restreindre beaucoup trop l’influence du raisonnement. […] Plus le développement d’une invention quelconque l’implante dans le inonde réel, et la rend vivace, plus elle a de peine à garder son harmonie primitive, à ne pas se corrompre de quelque manière.
Je me serois bien gardé de prendre le premier une pareille licence ; mais j’en avois devant moi de grands exemples ; et quand on est bien tenté de quelque chose, on se contente d’exemples, au défaut de bonnes raisons. […] Gardons-nous bien aussi de nous compter parmi les sages. […] Auguste déférant aux conseils de Maxime, alloit abandonner l’empire, si le perfide Cinna ne se jettoit à ses genoux, et si, sous l’apparence de l’amitié la plus vive, il ne le conjuroit de le garder, pour pouvoir être en état de le poignarder le lendemain. […] Je me garderai bien de faire valoir ici en détail tous les soins que j’ai donnés à la continuité et à l’accroissement de l’action ; j’aime mieux me faire justice sur un endroit où je n’ai pû me contenter moi-même. […] Au reste celui qui feroit une tragedie en prose auroit à se garder d’un piege.
Amédée Renée, il s’est arrangé si bien qu’il en a pris sept d’un seul coup de filet et qu’il les saura garder. […] Arrêté en septembre 1793, hautement dénoncé par Chaumette comme un de nos tyrans féodaux, lui le plus débonnaire des derniers seigneurs et ducs de province, et dont le Nivernais a gardé la mémoire67, il fut détenu pendant près d’un an à la prison des Carmes.
Mais l’Autriche ne serait ni assez hardie pour tenter cette conquête, ni assez forte pour la garder. […] Soyons prodigues de notre sang, mais ne soyons pas dupes de nos victoires ; donnons sa place à l’Italie, mais gardons la nôtre en Europe.
Elle ne lui gardait pas de haine dans sa chute ; mais elle haïssait l’autorité de ses exemples, la corruption funeste qu’ils avaient répandue, et cette doctrine de la fatalité, du mensonge et de la force qu’elle sentait et qu’elle prévoyait survivante après lui ; avec quelle admiration curieuse nous l’avions encore entendue remuer tant de questions naguère interdites et comme inconnues en France, les principes de l’ancien droit public de l’Europe, les causes populaires de la victoire actuelle des droits coalisés, le travail tardif et la solidarité pour longtemps indissoluble de la coalition, les instincts différents et pourtant compatibles des monarques héréditaires et des parvenus au trône, d’Alexandre et de Bernadotte ; enfin le génie collectif et pourtant inépuisable de l’Angleterre pouvant au besoin se passer du hasard d’un grand homme pour faire de grandes choses, et, forte d’une institution qui lui fournit toujours à temps des hommes résolus et capables, achevant, par la ténacité de lord Liverpool et de lord Castelreagh, ce qui avait consumé le génie et l’espérance de Pitt ! […] Je t’envoie quelques vers que j’écrivis tristement le soir, en remontant à travers une forêt de châtaigniers, au château de V***, où l’on se moqua un peu de ma ferveur et de ma déception ; mais je me suis bien gardé de les envoyer à madame de Staël, etc., etc. » LVII La rencontre que je racontais ainsi à mon ami avait lieu précisément le jour et à l’heure où le canon de Waterloo foudroyait du dernier coup la fortune de Napoléon et rendait l’air libre à madame de Staël.
Léon Cladel Si quelques lettrés parricides abhorrent ou feignent d’abhorrer Hugo, pour eux ainsi que pour tous ceux qui lui gardent une affection quasi filiale, il n’en est pas moins le grand papa ! […] Mais j’ai gardé la lettre.
J’ai tâché de dire, ici et ailleurs, quel sens précis ces notions pouvaient garder. […] Abstraitement appréciée, elle gardera une très haute valeur esthétique, mais pour le moment c’est de morale et non d’esthétique que nous nous occupons.
On ne sait trop ; on y trouve des moutons bien blancs et bien peignés, dignes d’avoir pour les garder des Alcidor, des Daphnis, des Sylvie, des Amaranthe. […] Un seigneur eut l’idée d’épouser une Philis de village et les deux époux, la houlette à la main, prirent plaisir à garder les troupeaux dans le parc de leur château.
Gærtner a gardé pendant plusieurs années l’une près de l’autre, dans son jardin, une variété naine de Maïs à graines jaunes, et une variété de grande taille à graines rouges ; et quoique ces plantes aient des sexes séparés, elles ne croisèrent jamais naturellement. […] Quand les métis et les hybrides les plus féconds se reproduisent pendant plusieurs générations, on constate dans leur postérité une variabilité excessive ; mais on pourrait citer quelques exemples, soit d’hybrides, soit de métis, qui ont gardé pendant longtemps l’uniformité de caractères.
Il écrit à des amis de jeunesse qu’il a gardés jusqu’à sa dernière heure, mais il ne leur écrit jamais en dehors des préoccupations de son cerveau. […] Et cette place a été tellement bien faite que partout où la femme l’a acceptée et gardée les Sociétés ont été aussi morales qu’elles puissent être, et qu’elles doivent devenir d’autant plus immorales dans l’avenir que les femmes voudront sortir de cette place et se croiront le droit de la répudier.
Hugo, quoique la vie du talent y déborde et couvre de son flot brillant le mal même ; mais il est certain nonobstant que le poète s’est séparé, non de conviction absolue, mais de préoccupation volontaire et fréquente, dans ce livre spécial de poésies, des idées auxquelles il a gardé une foi que dans l’intérêt de son génie nous eussions voulu lui arracher. […] Les uns, comme M. de Vigny, gardent sur un front qui pourrait rayonner encore, le désespoir serein d’un temps indifférent aux vers.
Quand on se rappelle la tempête d’éloges ou de blâmes que soulevèrent les Misérables, on trouve bien froid et même indifférent l’accueil fait au livre d’un homme qui, de toutes ses puissances à peu près perdues, n’avait jusqu’ici gardé intégrale que celle de passionner l’opinion. […] elle ne l’y gardera pas longtemps sans crier.
. — Général, il faut vous garder pour la campagne qui commence en Allemagne.
Ce n’est pas qu’il n’ait gardé jusqu’à la fin de ces tons purs, de ces touches gracieuses, et il serait aisé d’en relever des exemples heureux, des applications variées dans ses divers poèmes : mais il ne se renouvela pas, et il est resté pour la postérité le poète des élégies. — « Voyez-vous, ma petite, passé vingt-cinq ans, cela ne vaut plus la peine d’en parler » ; ce mot d’Horace Walpole à Mme du Deffand est la devise des élégiaques sincères et de celui-ci en particulier.
Elle en mangea donc une douzaine, mais se garda bien d’en accepter davantage, car « c’était encore lui faire la cour que de n’en pas trop manger, parce qu’il en restait plus pour lui, qui était infiniment goulu en fait d’huîtres. » Tel était l’homme de qui elle dépendait, dont elle avait à manier l’humeur fantasque et brutale, et dont elle s’efforça assez longtemps de cacher le mieuxqu’elle put les folies et les turpitudes aux yeux de tous.
Il fit encore dans l’école, pour les divers exercices et les épreuves qui solennisaient la fin des études, d’autres actions célèbres dont la Faculté garda le souvenir.
Il y plonge par ses racines, il en a gardé le fond ; et parmi ceux qui sont habitués à reconnaître et à démêler ce qui subsiste d’essentiel à travers les transformations morales, je n’étonnerai personne en disant que, sous sa formephilosophique la plus consommée, il a encore de sa race première certains traits que lui-même a notés comme les plus profonds et les plus durables, « la foi, le sérieux, l’antipathie pour ce qui est vulgaire, le mépris de la légèreté » ; — oui, la foi, — une sorte de foi, non au surnaturel, mais au divin ; et l’on peut dire en effet que, dans sa manière d’envisager la nature, l’histoire et l’humanité, M.
Et pourtant il faut bien dire un mot de ce que nous pensons : c’est le propre et, si l’on veut, le faible de l’esprit critique, quand il a quelque chose (ne fût-ce qu’un petit mot) à dire, de ne pouvoir le garder ni sur le cœur ni sur la langue : il faut absolument que le grain de sel sorte, si grain de sel il y a.
Il se compare tour à tour à Job sur son fumier, au lépreux dans sa tour, à Philoctète dans son île de Lemnos, — à Philoctète qui a gardé l’arc d’Hercule et qui pourrait s’en servir pour se venger : lui aussi, armé qu’il est du carquois sonore, il s’abstient pourtant de lancer à ses ennemis aucune flèche.
Les rapports naturels des sexes, exprimés dans leur franchise, dans leur nudité même, gardent quelque chose de grave et, si l’on ose dire, de sacré.
si vous tenez tant à mettre des contradictions en présence, je suis homme à vous proposer, moi aussi, mon amendement, et cet amendement, je le formule en ces termes : « Les ministres ne dépendent que de l’empereur, mais ils gardent en présence de l’empereur leur entière indépendance de jugement, de caractère et de langage. » Que si, encore une fois, on tient tant à faire antithèse et à mettre des contradictions aux prises, je propose celle-là.