C’est ce que les Français de la Renaissance ont compris, et peut-être n’eussent-ils pas su les dire, mais ce sont bien là les raisons pour lesquelles, après la courte et poétique ivresse dont le grec les avait un temps transportés, ils retournent en foule à la tradition latine.
Il excelle à préciser une idée, à démêler un principe, à le retrouver sous une foule de cas différents, à réfuter, à distinguer, à argumenter.
Dans ce monde romain, à travers la foule des prélats, des courtisans, des ambassadeurs, des hommes d’affaires, au milieu de l’ambition effrénée et de la finesse sournoise, la sensibilité de notre poète se heurtait sans cesse, et le dégoût, qu’il avait prompt, l’envahissait sans plus attendre. […] Il ne cessa de travailler et il donna coup sur coup plusieurs tragédies et une foule de tragi-comédies ou simplement comédies.
Poète d’exception cependant, il le fut ; il le fut comme Hugo, car tout génie original est d’abord ignoré ou contesté par la foule de ses contemporains, en même temps qu’il est adoré dans un cénacle qui, peu à peu, devient l’Église universelle. […] Nous n’avons pas défendu avec assez d’énergie nos monstres, et c’est pour cela que, écornés par les pierres, ils paraissent encore des monstres, alors que la foule devrait les regarder comme des dieux et venir les prier, aux jours de détresse.
Kynde Conscience tho herde, and cam out of the planett, And sent forth his forreors Feveris and Fluxes, Coughes, and Cardyacles, Crampes, and Tothe-aches, Reumes and Redegoundes, and roynous Skalles, Buyles and Botches, and brennynge Agwes, Frennesyes and foule Evelis, forageris of Kynde.
Des époques glorieuses, des noms illustres, une foule d’autres très méritants seront passés sous silence, d’autres ne bénéficieront que d’une mention d’une ligne, d’une demi-ligne même, insuffisante, indigne d’eux. […] Comme Zola, il s’applique à la peinture des mouvements de foule, s’efforçant de la subtiliser, prêtant à ces mouvements de masses, d’armées, de patries, à la suite de Tolstoï, « l’émotion de la pensée », il y montre des idées-forces — qui entraînent, dirigent tout cela.
Sous l’œil divinement indifférent du grand bouddha de bronze qui, accroupi sur son lotus, dominait le vaste hall brillamment illuminé, une foule bigarrée se pressait en costumes de tous les pays et de tous les temps, car le bal que donnait le vieux patriote italien était un bal travesti.
La musique y fait le charme du merveilleux ; le merveilleux y fait la vraisemblance de la musique ; on est dans un monde nouveau ; c’est la nature dans l’enchantement, et visiblement animée par une foule d’intelligences dont les volontés sont des lois.
Il fait ressembler leurs sermons, non à l’épanchement d’un cœur pénétré des vérités qu’il doit persuader aux autres, mais à une espèce de représentation ennuyeuse et monotone, où l’acteur s’applaudit sans être écouté… Voilà l’image de la foule des prédicateurs. […] Aucun compliment, dit-on, ne fit plus de plaisir à Bourdaloue que ce qu’il entendit dire à une poissarde qui le vit sortir de Notre-Dame, au milieu d’une foule de monde qui venait l’entendre : « Ce b… là, dit-elle, remue tout Paris quand il prêche. » Je connais des écrivains qui se font gloire de leur orgueil.
Il racontait à Michel une foule de choses qu’il essayait de lui persuader, tandis que celui-ci se contentait de lui répondre de temps à autre par un monosyllabe qui, de sa part, n’indiquait encore qu’une confiance très équivoque.
Pourquoi les saints ont-ils ainsi des imitateurs, et pourquoi les grands hommes de bien ont-ils entraîné derrière eux des foules ?
Vous auriez appris de lui deux choses éternellement vraies : l’une, que « ce sont les passions seules qui gouvernent la foule, livrée sans résistance à tous les vices102 », car là-dessus le juif d’Amsterdam ne diffère pas d’opinion avec les solitaires de Port-Royal ; et l’autre, qu’il n’y a pas de métaphysique sans morale, mais surtout pas de morale sans métaphysique, et que, sous le nom d’Éthique, elles se pénètrent, se confondent et se soutiennent l’une l’autre.
Alexandre Hardy Il y a, dans la Poétique d’Aristote, une petite phrase que je me garderais bien de citer en son texte grec, si ce n’était qu’on en a proposé — comme de toutes les phrases de ce livre célèbre et obscur — cinq ou six traductions différentes. C’est quand, après avoir exposé sommairement les origines de la tragédie, Aristote arrive à parler d’Eschyle, et il s’exprime ainsi : Πολλὰς μεταβολὰς μεταβαλοῦσα ἣ τραγῳδία ἐπαύσατο ἐπεὶ ἔσχε τὴν αὑτῆς φύσιν. Ce que je traduis, ou plutôt ce que je paraphrase de la manière suivante : « Après s’être essayée dans bien des directions, la tragédie se fixa, quand elle eut enfin reconnu sa nature. » Tout aussi bien et même mieux que l’histoire de la tragédie grecque, dont encore aujourd’hui trop de parties nous échappent, l’histoire de la tragédie française peut servir à la fois de commentaire, d’illustration, et de preuve à cette phrase de la Poétique. Avant d’atteindre sa perfection, la tragédie française classique, celle de Corneille et de Racine, a essayé, comme la grecque, de plusieurs moyens d’y atteindre, et, quand elle y a eu touché, ἐπαύσατο, comme dit. Aristote, elle s’est reposée, ou fixée ; — pour bien peu de temps, il est vrai, puisque son histoire au xviiie siècle n’est que celle de sa décadence.
si de la foule autrefois séparé, Illustre dans les camps ou sublime au théâtre, Son nom charmait encor l’univers idolâtre, Aujourd’hui son sommeil en serait-il plus doux ?
Les appels du libéralisme au sentiment du pittoresque, les pétitions en faveur des monuments historiques, les lois pour la conservation desdits monuments — pour la conservation tout court, sans plus, faudrait-il dire — on sait ce qui se cache sous ces précautions oratoires, et, comment, dans la tanière préservée, reviendront rôder ces êtres en dehors du temps et de l’espace créés par les clergés et nourris par l’imagination des foules ignorantes et opprimées, dont, Engels déclare qu’ils ne sont que les produits d’une fantaisie maladive, les subterfuges de l’idéalisme philosophique, les mauvais produits d’un mauvais régime social af.
On ne voyait et on n’entendait dans les rues ni jurons profanes, ni ivrognerie, ni aucune sorte de débauche… Les soldats du Parlement accouraient en foule aux sermons, parlaient de religion, priaient et chantaient des psaumes ensemble en montant la garde. » En 1644, le Parlement défendit de vendre des denrées le dimanche, « de voyager, de transporter des fardeaux, de faire aucun travail mondain, sous peine de dix schillings d’amende pour le voyageur, et de cinq schillings pour chaque charge », de « prendre part ou d’assister à aucune lutte, sonnerie de cloches, tir, marché, buvette, danse, jeu, sous peine d’une amende de cinq schillings pour chaque personne au-dessus de quatorze ans.
De la foule des esprits on verra surgir une divinité locale, d’abord modeste, qui grandira avec la cité et sera finalement adoptée par la nation entière.
Elle allègue : 1° que ce sont les évolutionnistes qui introduisent la métaphysique dans la science ; 2° que scientifiquement le système n’est qu’une hypothèse ; 3° que, en fait, les intermédiaires que l’on cherche manquent dans une foule de cas ; 4° que la seule preuve expérimentale qui serait convaincante, l’inter-fécondité convertie en inter-stérilité ou réciproquement, fait complètement défaut.
Aujourd’hui il semble qu’il ait pressenti son destin ; et lorsqu’on se représente l’esquif tel qu’il fut aperçu pour la dernière fois sur la mer de pourpre avant que l’orage ne le dérobât à la vue, et dont, la tempête dissipée, nulle trace ne réapparut, — qui pourrait s’empêcher de voir une prophétie dans la dernière stance d’Adonais : « Le souffle dont en mon chant j’ai invoqué le pouvoir descend sur moi ; la barque de mon esprit est chassée loin du rivage, loin de la foule tremblante des navires dont les voiles jamais ne furent à la tempête offertes ; la masse terrestre, les sphères célestes s’entrouvrent. […] « Comme toutes les vérités sont tirées les unes des autres, c’était assez qu’il fût appliqué à une, les autres lui venaient comme à la foule, et se démêlaient à son esprit d’une manière qui l’enlevait lui-même, à ce qu’il nous a dit souvent ».
Il jugeait un usage comme un tableau, une foule comme un paysage, un esprit comme un cristal, car la pensée a ses réfractions.
C’est donc par l’ellipse qu’il faut expliquer ces passages, & non par la prétendue antiptose de Despautere & de la foule des Grammatistes.